Chapitre 1: Fangiale

Au fin fond d'un cachot suintant la pourriture, une jeune femme était assise contre le mur graisseux. La tête enfouie entre ses mains, elle écoutait l'incessant bruit de métronome que produisaient les gouttes d'eaux se fracassant sur le sol de sa cellule. Elle ne préférait pas penser, plus penser à toutes les horreurs qu'elle avait vues, toutes les atrocités qu'elle avait vécues ces dernières années. Elle soupira…

Ca faisait bientôt deux semaines qu'elle était à Fangiale, dans cette pièce atrocement vide, qui n'était éclairée que par la faible lueur qui émanait du couloir. Deux semaines enfermée nuits et jours dans cet endroit froid, glacé où l'on pouvait sentir en permanence l'odeur âcre de la décomposition et de la saleté. On pouvait voir sur ses murs au milieu de la mousse infiltrée et des traces laissées par d'humidité, des traces de sangs, derniers souvenirs de ses précédents occupants.

La jeune femme avait froid, certes, mais elle n'avait pas peur… Après tout que pouvait-on lui faire de pire maintenant ? Elle avait tout perdu…

Ces dernières semaines, enfermée dans cette prison, l'avait énormément affaiblie. En effet, dans cet endroit réservé aux « sangs de bourbes » en attente de nouveaux maîtres, aucune sortie n'était organisée, les repas se réduisaient à une espèce de bouillie brunâtre regroupant quelques aliments de bases. ainsi qu'un peu d'eau. Les seuls divertissements, étaient si on peu dire, les rouages de coups assez fréquents et qui étaient sensés maintenir la soumission permanente des sangs sales.

Elle se remémora alors le monde tel qu'il était il y a à peine 4 ans. Certes, imparfait et en guerre mais la majorité n'avait pas encore accepté l'infériorité des enfants-nés-de-parents-moldus, aujourd'hui appelés communément et sans réprobation des « sangs de bourbe ».

Maintenant que Voldemort et ses partisans s'étaient emparés du pouvoir, tous ceux qui comme la jeune femme ne venaient pas de famille de sorciers étaient réduits à l'esclavage et mis au service des « sang-purs », quand ils n'étaient pas tués pour leur « plaisir ». Les sangs mêlés, eux, avaient échappés à ce sort mais étaient soumis à de nombreuses restrictions. Ils ne pouvaient, par exemple, entrer que dans des magasins réservés à leur conditions, ne possédaient que des baguettes magiques volontairement limitées en puissance ou ne pouvaient exercer que des travaux accrédités à leur sang. Ils ne pouvaient pas se marier avec les plus grandes familles de sangs-purs et ne pouvaient posséder d'esclaves. Les sangs-purs, eux, étaient l'élite de la société. Ils possédaient presque toutes les richesses et pouvaient participer à la politique qui se résumait bien entendu à appliquer les décrets du nouvel empereur. Seule une règle restait incontournable ; ils ne devaient sous aucun prétexte se « mélanger » aux sangs sales, ils pouvaient les battre, les humilier, les violer et même les tuer dans certaines conditions mais ne pouvaient en aucun cas engendrer un enfant. Si c'était le cas, le sang sale était torturé puis tué, le sang-purs démis de ses privilèges de maître et l'enfant noyé.

Elle attendait patiemment terrée au fond de sa cage mais plus elle voyait les jours passer plus elle sentait la mort approcher. Les faibles et les inutiles ne subsistent jamais longtemps dans ce nouveau monde, surtout à Fangiale.

Soudain un bruit métallique lui fit lever la tête. Encore ces maudits gardiens ! Qui allaient-ils torturer cette fois ? Les hurlements de la nuit précédente résonnaient encore dans ses oreilles. Elle s'était habituée aux pleurs des prisonniers, à leurs cris de folie mais pas à ça. Ces cris de douleur, ceux du doloris, jamais elle ne s'y ferait…

Après le bruit métallique de la porte, elle entendit les bruits de pas, ceux des gardiens… Ils se rapprochaient, chaque prisonnier retenait son souffle dans l'espoir de ne pas être leur prochaine victime. L'échos de leur pas dans le couloir faisait l'effet d'une marche funèbre. Et soudain ils s'arrêtèrent. Les ombres de leur corps étaient visibles sous la porte, un murmure et la porte s'ouvrit. La jeune femme ne tourna même pas la tête vers ses visiteurs, c'était donc son tour…

- Numéro 549… commença l'un d'entre eux… debout immédiatement !

La dénommé 549 ne bougea pas, elle ne leur ferait pas ce plaisir, quitte à mourir autant le faire dans la dignité.

- Par Salazar tu vas remuer saleté ! s'écria alors un homme dont la voix criarde ne lui était pas inconnue.

C'était le chef de la prison, un sang-mêlé assez petit et légèrement bossu. Ses cheveux, crasseux, étaient bruns, parsemés de gris. Son sang à moitié sale l'avait peu à peu imprégné d'une rancune envers l'élite du nouvel empire, rancune qui s'était transformée en une espèce de complexe d'infériorité qu'il comblait alors en méprisant les personnes qui lui étaient théoriquement inférieurs.

Voyant qu'elle ne réagissait toujours pas il l'attrapa par les cheveux et lui renversa la tête en arrière afin de la forcer à les regarder.

Tu vas nous suivre sans résistance et tout de suite, continua t'il, on a des choses à régler avant ton départ.

Son départ ? Avait-elle bien compris ? Enfin elle partait de ce trou à rat ! Mais son soulagement fut de courte durée… Qui serait son nouveau maître ? Que devrait-elle encore subir ?

Le chef la leva de force, la fit sortir de sa cellule et avancer dans le dédale de couloirs. Elle passa devant des dizaines de portes où parfois certains prisonniers pleuraient de peur, suppliaient, criaient… Ils arrivèrent enfin à un escalier qui les menait à la surface. La pièce était tout aussi sale que les cachots et était encombrées d'objets de tortures et de papiers. Cependant elle était munie d'une fenêtre. Ca faisait maintenant deux semaines qu'elle n'avait plus vu la lumière du jour ! Elle ouvrit tellement grands ses yeux, comme pour s'imprégner à nouveau des rayons du soleil, qu'elle du immédiatement les refermer, ceux-ci n'étant plus habitués à une si forte luminosité.

Le chef la fit asseoir face à son bureau sur une chaise aux accoudoirs munis de chaînes qu'il lui passa immédiatement autour des poignets. Elle pu alors détailler un peu plus les trois autres personnes présentes dans la pièce dont une qu'elle ne connaissait pas. Deux étaient habillés avec des vêtements assez miteux et affichait un air stupide mais cruel dessiné sur le visage. Ils n'étaient que les gardiens de la prison et elle ne les connaissait que trop bien. L'autre était un peu mieux habillé et arborait une posture hautaine, celle d'un sang-mêlé ayant assez bien réussi à se faire accepter par la noblesse des sangs-purs. Celui-là ne pouvait assurément faire partie du personnel de Fangiale.

- Monsieur Stanford est ici car, apparemment, tu aurais pu intéresser un maître, et il doit donc vérifier quelques petites choses sur ton compte. Tu as intérêt à coopérer si tu vois ce que je veux dire…

La jeune femme resta muette, attachée à son siège alors que le dénommé Stanford déroulait son parchemin.

- Etes- vous bien le numéro 549 anciennement nommée Granger Hermione ?

Elle ne répondit rien, ne fit pas un geste.

- Tu vas parler saleté de sang-de-bourbe !! s'écria le chef de la prison.

Il joignit alors le geste à la parole en la frappant au visage.

- Répond !

Encore sonnée sous le coup magistrale qu'elle venait de recevoir, elle ne bougea pas.

- Laissez ! Dit alors Stanford, je vais la convaincre.

Il pointa sa baguette sur elle.

- Endoloris !

Elle se recroquevilla sur elle même, elle sentait chacune de ses veines comme embrasée, elle avait l'impression que des centaines de lames lui traversaient le corps de part en part. Le sortilège impardonnable, même atténué par la baguette de faible puissance du sang-mêlé, fut tout de même fort redoutable pour la jeune femme affaiblie après des semaines d'emprisonnement.

Quand la douleur s'arrêta, Stanford se remit à parler :

- Alors je répète une dernière fois… Etes- vous bien le numéro 549 anciennement nommée Granger Hermione ?

- Oui… murmura t'elle encore secouée par la douleur

- Etes-vous bien née le 13 Septembre ? Continua-t-il.

- …

- Voulez vous que je vous force à nouveau à répondre sale insecte ? Cracha-t-il. Êtes-vous bien née le 13 Septembre ?

La dénommée Hermione soupira à bout de force. Elle savait que subir un nouveau sort la mettrait dans un état plus que critique.

- Oui…

- Vous avez bien 22 ans ?

- Oui…

Stanford replia alors son parchemin après il avoir inscrit quelques notations et reprit :

- Bon, vous êtes celle que je cherche. Vous êtes affectée à un nouveau maître, vous lui devrez obéissance, respect et dévouement. Vous aller d'abord passer au contrôle sanitaire, nous devons vérifier le bon état de votre marque d'identification ainsi que votre santé. Nous ne voudrions pas que votre maître attrape une maladie ou des parasites à votre contact… ajouta t'il avec un rictus.

Hermione ne sentait plus bas que terre , elle savait parfaitement ce que cette dernière remarque signifiait. Elle était partagée entre deux sentiments : d'un coté elle espérait ne rien n'avoir sous peine de mort et de l'autre être atteinte d'une infection pour ne pas subir ce qui l'attendait peut-être…

Sur ces mots Stanford parti du bureau. Le chef bossu de la prison la détacha et a fit emmener par les deux gardiens à travers un couloir pour arriver après quelques mètres dans une salle carrelée ou l'attendait une femme, elle aussi semblait la mépriser.

- « Encore une frustrée » se dit Hermione.

- Déshabillez vous vite, ordonna la vieille femme, je n'ai pas que ça à faire.

Hermione se déshabilla sans prendre soin de plier son vêtement ou même de les ramasser. Après tout pouvait-on encore appeler ça des vêtements ? Elle s'assit ensuite sur la table, prête à subir l'examen.

La médicomage l'ausculta rapidement, ne la palpant que du bout des doigts, comme dégoûtée par le contact avec une sang-de-bourbe. Elle marmonna quelques sorts qui devaient certainement servir à la vérification de l'absence de maladie. Elle semblait presque déçue de ne pas trouver de réponses positives.

- Mmh, étonnant qu'un individu de votre espèce ne soit pas infecté…

Hermione ne répondit rien, elle savait pertinemment que ce n'était qu'une provocation. Et si elle répondait, elle se ferait battre à nouveau. De plus, elle commençait à être habituée à ce genre de remarque sur ses origines. Comme elle ne réagissait pas, la médicomage continua sur le même ton :

- Eh bien ! Vous allez vous rhabiller, oui ! Si vous croyez que nous autres, les personnes respectables n'avons a que ça à faire ! De s'occuper de dégénérés dans votre genre !

La jeune femme s'habilla donc mais, bien décidée de pousser sa tortionnaire à bout, elle prit tout son temps pour enfiler chacun de ses vêtements.

- Salazar tout puissant ! Dépêchez vous donc immonde cafard et quittez cette pièce ! Cracha-t-elle.

Et comme pour appuyer ses paroles, elle envoya avec son pied les vêtements restés à terre de l'autre coté de la pièce, plus près de la porte.

Hermione finit d'enfiler sa « jupe » et sa « chemise », quoique le mot loque aurait mieux convenu. Ils étaient déchirés et bruns de saleté. A sa sortie, deux gardiens lui repassèrent des chaînes et en profitèrent pour lui glisser quelques mots :

- Quel dommage que tu partes déjà ma douce, on aurait pu bien s'amuser, encore deux semaines et tu étais à nous...

Lorsqu'il lui prit le menton pour qu'elle le regarde lui parler, la jeune femme eut un haut-le-cœur à ce contact que ne manqua pas de remarquer l'autre gardien.

- Oh ne fait pas ta dégoutée ma jolie, après tout, au troisième renvoi ici tu ne peux plus servir à un maître.

- Et là on pourra passer une semaine entière avec toi avant ton exécution, tu te rends compte ? Continua le premier.

- Oh et devine quoi, tu es déjà passée deux fois ici… La prochaine fois qu'un maître ne voudra plus de toi, ça sera nous tes derniers maîtres… Railla son collègue

Hermione ne préféra pas répondre, elle savait parfaitement ce qui l'attendait si elle manquait encore une fois de soumission. Mais comment pouvait-elle accepter de servir d'esclave, de subir toutes les coups, les humiliations sans répondre ? Ah ça non elle préférait encore mourir que de s'abaisser à cette condition.

Ils retrouvèrent le chef et Stanford dans le bureau. Ce fut ce dernier qui prit la parole.

- Bien, maintenant il est temps de vous livrer chez votre nouveau maître. Vous autres, dit-il en regardant les deux gardiens, amenez la dans la diligence.

Le nouvel empereur avait décrété que seuls les sangs nobles pouvaient utiliser le transplanage, une faculté si puissante si puissant pourrait être dangereux pour le pouvoir. Après tout il ne fallait pas qu'un être inférieur puisse s'échapper de l'empire et rejoindre une quelconque forme de résistance si faible soit elle.

De la diligence, Hermione n'eut le temps que d'apercevoir que les chevaux bruns dans un état assez lamentable. Décidément, même eux menaient une vie misérable… L'intérieur était lui aussi assez miteux, il était recouvert de vieux velours bleu à certains endroit rongé par les mites. Elle s'assit face à la fenêtre et commença à observer le paysage du dehors, toute végétation avait été retirée afin de facilité la surveillance de la prison et de mieux repérer les éventuels évadés. Cependant sa contemplation ne dura guère longtemps, Stanford ferma les rideaux opaques. Puis il la regarda avec un air hautain et affichait un sourire vainqueur sur le visage.

Hermione était assise à coté des deux gardiens. En face se trouvait le chef et Stanford. Elle s'étonna que même le chef soit venu pour la « livrer », la dernière fois il ne l'avait pas accompagné. Le nouveau maître devait être un homme important…

Le trajet dura de longues heures et puis finalement la diligence stoppa.

- Nous sommes arrivés dit Stanford en descendant.

Il fut vite suivit par le chef et enfin par Hermione et les deux gardiens. Ils se trouvaient dans une superbe propriété, elle pouvait voir un lac, un bois au loin et devant elle un immense manoir teinté de dominances rouges. Hermione observa sa nouvelle demeure, elle n'aurait su dire combien il y avait de fenêtre tellement elles étaient nombreuses. Et dire qu'elle devrait sûrement toutes les nettoyer…

Ils commencèrent à avancer le long de l'allée menant au manoir. Elle était bordée d'arbustes et parfois de statues ou fontaines. Hermione se demanda quel mangemort pouvait bien vivre dans un endroit pareil… C'était magnifique…

Ils arrivèrent enfin à la porte, Stanford frappa et quelques secondes plus tard un elfe de maison vint ouvrir.

- Oh bonjour Monsieur Stanford, bonjour messieurs et bonjour miss. Dit-il pour les accueillir le tout accompagné de plusieurs courbettes

- Cesse ce manège et va chercher ton maître, dis lui qu'on vient lui livrer l'esclave ! Cracha le premier.

L'elfe, habitué au mépris des hommes, refit une courbette et disparu à l'intérieur du manoir.

- Tu as intérêt à te tenir tranquille si tu ne veux pas recevoir encore un doloris, sale sang-de-bourbe ! dit Stanford après le départ de l'elfe.

Les deux gardiens la tenaient fermement par ses chaînes aux pieds et aux poignets. Les deux autres se tenaient sur le coté et étaient visiblement assez inquiet.

- « Ils doivent craindre pour eux, si je me tiens mal eux aussi seront en faute » se dit la jeune femme.

Enfin la porte se rouvrît, dévoilant enfin le visage de son prochain maître. Cette vision la laissa sans voix, ses yeux et sa bouche s'ouvrirent de stupéfaction mais qui fut vite remplacée par de la colère.

- Ah non, tout mais pas lui…

- Content aussi de te revoir Granger… Salua le nouveau venu avec une voix traînante.


Chapitre corrigé par Lilas666, merci ;)