Je vous offre ce dernier chapitre, en espérant qu'il vous fera passer un bon moment.
Merci à tous de m'avoir suivi, de vous être attaché à mes héros... Et d'avoir été là ^^ De votre patience aussi, de votre amour. Ca fait toujours quelque chose d'achever une histoire, mais je crois que il est temps pour celle-ci et j'espère ne pas trop m'être plantée.
Bonne lecture et d'énormes bisous et remerciements à tous...
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+ Chapitre 14 +
Epilogue
Dans un lointain royaume, connu pour son froid légendaire, deux loups y vivaient en paix, la solitude ayant déserté leur cœur, remplacée par l'amour et la confiance mutuelle qu'ils se portaient. C'était un grand pas en avant pour les deux frères... Le début d'une relation solide. La fin de toute cette haine inutile, douloureuse.
Ils avaient trouvé un repos bien mérité en terre Hufflepuff. Drago se souvenait que dès son plus jeune âge, il avait désiré voir ces montagnes légendaires, et connaître leurs autochtones pacifiques. Il était connu que la guerre n'avait jamais ravagé ces précieuses terres drapées de manteaux blancs.
Enfant, il trouvait cela fascinant... Mais très vite, Asthar lui imposa des objectifs, lui apprit des choses qui ne ressemblaient en rien à ces promesses de bonheur, de paix. La gentillesse n'était que hypocrisie, et il s'était persuadé que Harry, comme tous les autres, jouait un jeu...
Il ne pouvait être aussi parfait qu'il se l'était imaginé. Et pourtant... Pourtant il l'avait trouvé si attirant en haut de cet escalier, si envoûtant. A cet instant-là, il était tombé amoureux. A six ans.
D'un simple regard.
Une telle chose – un coup de foudre ? - ne pouvait tout simplement pas être crédible pour le jeune garçon. C'était contraire à tout. C'était trop.
Ou pas assez...
Au fond, lorsqu'une étincelle naît, on a envie qu'elle devienne une flamme. On a envie qu'elle nous réchauffe, pour ne plus jamais avoir peur du froid...
C'est ce qu'il avait désiré. Le remède contre ce terrible sentiment de solitude, d'abandon. Il avait désiré Harry. Son nouveau grand frère, l'héritier du trône qu'il devait voler. Un garçon. Il s'était senti mal, avec son désir sale, d'aimer l'interdit.
De vouloir ce qui était trop grand, trop beau pour lui. Quelqu'un qui ne le regarderait jamais comme un amoureux, qui ne verrait jamais sa valeur ; ou qui la verrait trop bien, si faible, si nulle... Drago n'avait rien à offrir à cet héritier de sang, à ce véritable prince.
Il devait se protéger de ses désirs.
C'est ainsi qu'il refoula, par devoir. Pas de l'amour. Pas de l'amour.
Parfois, il se le répétait sans cesse, ses petites mains plaquées sur ses oreilles, pour que son esprit assimile bien. Il devait se conditionner lui-même, et tant pis si cela le faisait pleurer dans son lit, s'il suppliait les esprits de la forêt d'effacer ses sentiments jusqu'à en avoir la gorge nouée et le cœur serré...
Sa condition d'humain (bien qu'il se demandait s'il l'était réellement) le poussait à faire des erreurs, encore trop jeune pour ne pas faillir.
Les premières blessures qu'il infligea à son aîné furent probablement les plus dures. Blesser son Griffindor n'était pas une partie de plaisir. A cette époque, ses yeux glacés ne pouvaient supporter d'affronter le regard voilé, déçu de Harry. Ses yeux verts avaient toujours été si expressifs...
Il y avait d'ailleurs des moments où Drago pensait ne plus pouvoir se retenir. Des moments où cette chaude lueur dans les perles vertes réveillait en lui des envies animales. Primitives.
Leur premier baiser arriva dans un de ces moments, alors qu'ils allaient vers leur treizième été. Une fraction de seconde incontrôlable, et tout son self contrôle s'était envolé.
Ce goût de première fois... Seul Drago le détenait encore, quelque part dans sa bouche, dans toutes ses zones sensorielles qui se trouvaient stimulées dès lors qu'il y repensait un peu trop.
Contrairement aux souvenirs du brun, l'ambiguïté fraternelle s'était immiscée bien avant la fin de leur adolescence. Dès le tout début, à partir de l'instant où le blond avait commencé à découvrir son corps et celui des autres ; leur relation s'était heurtée à un nouveau tournant.
C'était un secret que l'héritier d'Asthar gardait bien au chaud depuis des années. Il s'était souvent caressé à ce souvenir, se mordant le poignet pour étouffer ses gémissements, pour faire taire la honte qui le consumait tout entier. Il était déjà empli de contradictions, l'âme torturée... Il était comme un petit morceau de plomb nageant au milieu d'une mer dorée, bien trop lourd pour ne pas être submergé.
Ce n'était pas lui qui avait baissé son pantalon. Pas ses doigts, pas sa peau, pas ses gestes. C'était l'amour. Le déshabillant, juste avec quelques regards... Le laissant nu avec son désir, la peau brûlante, le mal-être de briser l'interdit. La peur, des conséquences.
De trop aimer.
OoO
Au château Hogwarts, vivait une personne que le jeune blond haïssait presque autant que son frère : Albus Dumbledore. Il y mettait moins de hargne, néanmoins la vérité était là : ce type était à mettre dans le panier des hypocrites. Un conseiller et prêtre complètement disjoncté, qui pensait qu'à l'aide de prières et de beaux discours, le Roi James cesserait d'être violent.
Sa trop grande gentillesse ne pouvait qu'être un masque, c'est pourquoi Drago ne lui accordait pas la moindre confiance. Qui pouvait réellement sourire à un adolescent teigneux qui vous jetait des regards glacials ? Ça n'était pas vrai, de la pure comédie.
Et dire que, par tous les esprits, c'était ce vieux fou qui avait proposé l'idée des coupes de sang. En boire une chaque année, pour se lier « fraternellement » à Harry. Drago était visiblement le seul à trouver l'idée répugnante quand ils avaient commencé à tout juste sept ans. Le brun, lui, n'avait pas fait de caprices : ses parents ne lui auraient jamais permis de contester l'autorité.
Lily et James auraient pu céder au petit Drago, après tout il avait usé de ses charmes et de sa mine la plus innocente, toutefois le vieux fou ne trouva rien de mieux à faire que de fourrer son nez dans cette histoire et d'insister sur sa requête. Pour la première fois de sa jeune existence, le blond sentit quelque chose bouillonner en lui, comme une colère et une violence inexplicable, qui lui donnait des envies de meurtre.
Il ne voulait pas que le moindre lien de sang le rattache à son frère adoptif. Bien qu'il devait le haïr ; Drago se permettait toujours de le désirer, en secret. Toujours en secret. Et en silence, bien sûr. Et des soit disant liens fraternels, ça le répugnait. Que le vieux fou aille se faire voir avec son idée tordue et ses yeux brillants.
Oui, parce que le jour où Drago but dans la première coupe, il aperçut bien la lueur malicieuse dans le regard de Dumbledore. Comme s'il pouvait lire en lui. Qu'il voulait protéger Harry de sa malveillance, avec cette union sordide, difficilement transgréssable. Ah, il pouvait prendre l'amitié entres les différents peuples comme valeur de leitmotiv, ce vieux salaud...
Sa haine ne faisait que grandir lorsqu'il prenait conscience d'à quel point Harry était attaché au vieux fou. Son grand frère n'avait pas d'amis, alors il s'attachait au premier adulte venu qui se montrait sympathique avec lui. Et, bon sang, Drago était terriblement jaloux.
C'était dingue. Malgré le temps qui filait à la vitesse d'une étoile filante, ses sentiments, eux, ne s'évanouissaient pas dans la nuit. Ils continuaient à briller de mille feux, leur flamme consumant tout sur son passage.
Un jour, alors que Drago, caché derrière une statue, s'entraînait à la bouger par la force de sa pensée ; Albus le surprit en train d'utiliser sa magie. Un petit sourire bienveillant avait étiré ses lèvres avant qu'il ne chuchote d'un air énigmatique : « J'avais raison de ne pas douter en Harry. »
Les yeux affolés du Slytherin arrachèrent un petit rire à Albus, et Drago serra les poings. Cet imbécile se moquait de sa peur ! « Ne t'en fais pas, je ne dirai rien à tes parents. Ce n'est pas parce que je suis un adulte qu'ils me croiront. Ils t'admirent trop pour ça. Ah, autrefois ils n'étaient pas autant aveuglés », soupira t-il. « Fais simplement gaffe à ne pas te faire prendre. »
Suite à ces sages avertissements, il s'était détourné, la démarche pas bien droite. Alors que Drago lui faisait un geste un peu déplacé dans le dos, le vieux fou se figea et se retourna à nouveau vers lui. Son regard pétillant ne présageait rien de bon...
« Au fait, Drago. On a tous droit à une seconde chance, tu sais ? J'espère que tu en prendras conscience avant qu'un autre ne prenne ta place. Harry ne t'appartient certainement pas de droit. Tout repose entre tes mains. »
Cette scène étrange se déroula au moment où Drago découvrait toute l'étendue de ses pouvoirs, s'éclipsant souvent à la tombée de la nuit pour rejoindre sa meute. Ces derniers étaient donc incontrôlables, c'est pourquoi le verre d'alcool qu'Albus Dumbledore tenait à la main explosa. Le vieux fou n'y prêta guère attention, délirant sur le clair de lune et Drago, la mâchoire et les poings serrés, supplia mentalement pour qu'il y ait du poison dans son verre et qu'il s'étouffe avec.
Cet homme se pensait devin... Non mais qui était-il pour lui donner de tels conseils ? Pour présager qu'un autre type mettrait le grappin sur Harry ? Malgré les apparences, le jeune blond ne se fichait pas des relations amoureuses de son frère. Quand elles viendraient ; Drago s'était juré de les faire échouer, de tout saboter.
Harry le haïrait d'autant plus – c'est ce qui était prévu, après tout – et ainsi le blond garderait sa virginité pour lui, rien que pour lui. Il avait bien conscience que sa haine et son amour combinés lui faisaient faire des choses irréfléchies, complètement stupides mais c'était comme ça. Il n'avait que douze ans.
Le lendemain, Albus Dumbledore fut retrouvé dans son bureau, gisant sur ses papiers.
Harry ne descendit pas pour manger, pas plus que les jours suivants, isolé dans sa chambre, sans personne pour le réconforter. Seule sa mère passa quelques instants, moins cruelle que son père qui qualifiait Harry de capricieux et d'enfantin. Il avait suffisamment pleuré selon lui, et il voulait son futur héritier à sa table, au prochain repas. Il voulait un homme devant lui ; pas un gamin pleurnichard et encombrant.
Lily le serra un peu dans ses bras, lui conseillant d'obéir au Roi James sinon il allait être encore puni. Harry hocha faiblement la tête, ne se sentant toutefois pas le cœur à s'exécuter. Tant pis pour le châtiment. Ce n'était pas comme s'il n'était pas habitué, à prendre toujours les coups à la place de son jeune frère.
Ce dernier n'était d'ailleurs pas passé le voir... Harry n'arrivait même plus à espérer un geste tendre de sa part, trop vide, épuisé de lutter.
Confronté à un dilemme, les pensées de Drago vagabondaient dans tous les sens. Une part en lui se réjouissait de la souffrance de son frère et de la mort du vieux fou. Tandis que l'autre part...
Le blond remua dans son lit, en sueur. Un sentiment de malaise l'avait travaillé toute la journée et cette nuit, fermer l'œil s'avérait tout bonnement impossible.
La culpabilité le rongeait. Ses pouvoirs pouvaient être si démesurés qu'il se demandait si, inconsciemment, Drago ne venait pas de commettre un meurtre. Il ne put jamais vérifier la véracité de son hypothèse, toutefois une certitude s'imposa à lui.
S'il avait tué la seule attache de son frère, alors c'était son devoir d'aller le réconforter. Ça serait une bonne façon d'obtenir le pardon, de racheter sa faute. Le blond était peut-être une ordure, mais il ne voulait pas être un meurtrier. Fier de cette excuse, il s'était emparé d'une cape d'invisibilité et s'était glissé dans la chambre du brun... Et il avait craqué. Complètement.
Il se souvenait des draps et de leur chaleur étouffante lorsqu'il s'y faufila, une sensation délicieusement agréable en plein hiver... Harry se trouvait recroquevillé près du mur, et Drago avait nettement vu son dos se tendre dès qu'il était entré dans le lit. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça, se glisser dans ces draps-là.
Parfois il lui arrivait de le faire, étant enfant, quand il venait réconforter le brun de l'orage. Avec un tel comportement paradoxal, Drago comprenait très bien pourquoi Harry se méfiait, pourquoi il était toujours sur la défensive. Peut-être croyait-il qu'il allait lui faire du mal ? Qu'il allait profiter de son deuil pour le blesser ?
Quand il le retourna face à lui, le brun demeura étrangement silencieux, confirmant les réflexions de l'adolescent. A vrai dire, son aîné semblait dans l'expectative, ses yeux verts un peu écarquillés laissant couler de temps à autres quelques larmes.
Drago lut un peu de peur dans ce regard ; mais par dessus tout, il y lut l'attente.
D'un simple réconfort ? D'un amour fraternel ? ... Ou d'un peu plus ?
L'expression de Harry paraissait confuse, troublée. Ses joues rougirent légèrement et cette image fit gronder quelque chose dans le ventre du jeune blond. Il replia ses jambes comme pour faire taire le démon en lui mais cela ne suffit pas. Reniant tout, Drago glissa une de ses mains sur la joue de son frère, tandis que l'autre se faufilait sous sa taille, le tirant jusqu'à le coller à lui.
Il y eut un bruit de draps froissés, de souffles retenus.
Dans la pénombre, légèrement éclairée par la lune au-dehors, le Slytherin vit la peau mate de Harry se foncer davantage au niveau des joues et des oreilles. Il semblait profondément mal à l'aise, pourtant rien ne l'arrêta dans son entreprise. Même les yeux verts l'encourageaient, un peu hésitants mais désireux d'en avoir plus.
Drago leva lentement sa main, essuyant à l'aide de son pouce le nez du brun, qui coulait un peu à force de sangloter. Puis, toujours aussi doucement, il se pencha pour capturer ses lèvres dans un baiser empli de tendresse.
La faiblesse avec laquelle Harry lui répondit, fit naître un brusque sentiment de possession dans le cœur de Drago. Cette fragilité chez cet être habituellement si fort, encaissant toujours les coups, l'émut au plus haut point. Leurs deux cœurs étaient juste en train de saturer.
Celui de Harry battait si vite... Qu'était-il en train de faire ? Pourquoi ses bras se nouaient d'eux-même autour du cou de Drago, au lieu de le repousser ? Pourquoi Drago allait-il si loin ? Non, la langue c'était trop... Harry n'était encore jamais allé jusque là et ses joues prirent littéralement feu.
« Drago », chuchota t-il, mais sa voix sonnait comme une supplique.
Probablement la mauvaise, car le blond y vit un signe supplémentaire d'encouragement, nichant son nez au creux de son cou, comme s'il s'imprégnait de son odeur. Puis juste après, il retourna à sa bouche, la capturant avec force. Il le faisait avec une puissance qui laissait le brun pantois, anesthésié, les jambes tremblantes et le cœur en coton.
Merlin, le corps de son « petit frère » respirait l'envie. Quelque chose de surréaliste, qui peut vous entraîner dans sa chute, si on se penche trop. Alors, lorsque Harry sentit des mains caresser délicatement son ventre, se glisser sous ses vêtements, il l'arrêta à mi-chemin, les yeux hagards.
Plus tard, quand il aura un peu grandi, le prince des Griffindor traitera le blond de pervers pour bien moins que ce geste. Mais là... malgré sa méchanceté, ce n'était pas ça qui le dérangeait...
Il était juste très jeune, n'y connaissait rien et se sentait complètement paumé. Il en avait envie, bien sûr, mais il était terrorisé. Ce qu'ils faisaient n'était pas « mal » à ses yeux, parce qu'à ce moment-là, Harry avait juste besoin d'amour, sous n'importe quelle forme. Et la tendresse de Drago, tendresse qu'il avait toujours souhaitée, lui faisait tellement de bien...
Mais ça n'était pas bien. Si leur père l'apprenait, il allait encore le punir. Parce que Drago était son frère, et... et ça ne se faisait pas, ce genre de choses...
Percevant le trouble dans le regard du brun, Drago réfréna ses ardeurs, fermant les yeux et laissant ses lèvres s'égarer sur le crâne de Harry, dans ses cheveux décoiffés. Il le garda un long moment contre lui, juste dans ses bras, l'esprit bouillonnant de réflexions toutes plus irrationnelles les unes que les autres.
Drago s'en voulait d'avoir craquer ainsi, il ne comprenait plus lui-même ses attitudes. Il se jura que ce genre de dérapages ne se reproduirait plus jamais... Pas avant longtemps. Il avait une mission et il comptait bien la réussir.
Alors qu'il pensait avoir atténuer le chagrin de son frère ; ce dernier se mit à remuer, semblant gêné, et ses yeux dégoulinant de larmes évitèrent son regard.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? », murmura t-il doucement.
L'entendre parler sur ce ton, dans l'intimité de cette chambre, blottis sous les draps comme deux jeunes amoureux, renforça le sentiment de douleur de Harry. De nouvelles larmes coulèrent et les mains de l'héritier se posèrent sur son t-shirt afin de le repousser, de s'extirper de l'étreinte.
Levant les yeux au ciel, Drago se força à pardonner son frère pour ses tendances mélodramatiques. Il mit la faiblesse du futur guerrier sur le compte de la mort du vieux fou, qui devait sacrément l'affecter.
« Arrête de geindre », soupira t-il un peu plus durement, bien qu'il savait très bien pourquoi le Griffindor pleurait.
Il ne comprenait tout simplement pas le nouvel intérêt de Drago. Ca lui faisait mal de le sentir contre lui, de l'embrasser, de l'entendre lui parler si gentiment... Parce que Harry savait de quoi serait fait le lendemain.
De haine.
Oui, demain, la haine. Mais pour l'instant, c'était plutôt l'aine... la main du blond s'étant glissée sous son pyjama, effleurant la hanche de Harry sans trop s'y attarder.
« Tu sais », susurra t-il en déposant un petit baiser sur son oreille, « j'ai envie de te donner une idée du plaisir que tu peux ressentir avec un garçon. Je veux que quand tu auras oublier, des traces de ce désir continuent d'exister, que ton inconscient parle pour tout le reste. Pas de filles, d'accord ? Sinon j'aurai jamais le champ libre... »
Ses doigts se refermèrent autour de l'objet de ses désirs, et Harry haleta sous la caresse, mais ne protesta pas. Il avait l'air envoûté, ne lâchant jamais son regard. Sa bouche, légèrement entrouverte, tremblait.
« C'est trop tôt, on n'est pas encore prêts à ça... Et j'ai pas envie de profiter de toi dans cet état. J'attendrais tes seize ans, et l'arrivée de tes premiers prétendants avant de tenter quelque chose. Et quand je recommencerai à te détester », ajouta t-il en caressant de son autre main les joues rougies, « tu pourras me haïr aussi. Mais pour l'instant, j'ai... » Les paupières du blond s'abaissèrent, abandonnant. « ... envie de t'aimer. »
Très vite, alors que sa bouche étouffait des gémissements, ses doigts devinrent poisseux. Harry lui fit la même chose, timidement, même si les paroles de son jeune frère lui avaient encore plus brouillé l'esprit. Drago le guidait dans ses mouvements, et à ce moment-là, quelque chose comme des sentiments profonds naquirent en Harry ; dévastant son cœur pour y rester en dépit de tout.
Des sentiments comme de la colère, contre ce qu'il lui faisait faire, contre cet être trop tordu et une sorte d'affection puissante qu'il développait en réponse au sevrage de sentiments qu'il avait subi dans son enfance...
OoO
Seulement quelques minutes après être sorti de la chambre, les remords affluèrent en lui par centaines. Il s'était... trop laissé aller. Et si ça s'ébruitait ? Si Harry, trop troublé, en parlait à quelqu'un ? A priori, personne ne le croirait, toutefois Drago ne se sentait à l'abri de rien. Et il n'osait imaginer la déception de sa famille.
La peur lui comprima l'estomac et un nœud l'empêcha d'avancer. Drago ferma les yeux. Demi-tour. Il devait réaliser son intention première : ne laisser aucune trace de cette étreinte. Et tant pis si ça n'était pas très moral... Ce qu'ils avaient fait juste avant l'était encore moins.
Murmurant le mot de passe afin de ne pas déranger son frère probablement endormi, le jeune blond se faufila à nouveau dans la chambre qu'il commençait à connaître par cœur. La pensée qu'un jour, qui sait, il ferait l'amour à Harry dans ces draps-là lui arracha un frisson de plaisir. Paradoxalement, il serait obligé de le rejeter ensuite, alors...
Soupirant de dépit, toujours bien caché sous sa cape, Drago pénétra un peu plus en avant dans l'antre sombre, réalisant que Harry n'y était plus. Cela lui fit un choc. Pour que le brun se permette une telle liberté de sortir pendant la nuit - lui qui se comportait comme une ermite ces derniers jours – il fallait qu'il soit vraiment dans un sale état.
Déglutissant bruyamment, la peur au ventre – celle d'avoir fait une énorme connerie – Drago enleva sa cape et dévala les escaliers, pour se rendre au seul lieu que Harry connaissait comme sa poche : le dôjo. Drago l'avait déjà espionné en train de s'entraîner, et il était aisé de comprendre l'usage de ce cachot pour le jeune Griffindor : un lieu d'entraînement, mais surtout un véritable exutoire.
Quand il allait mal, Harry frappait. C'est ainsi qu'il faisait passer sa rage, l'injustice que son regard vert affrontait bien trop souvent, droit dans les yeux. Il n'avait cependant jamais frappé Drago. Avec lui, c'était la lassitude – l'espoir ? Drago ne savait plus trop – qui primait. C'était une des raisons qui faisait préférer au blond sa haine : voir son ennemi dans un tel état n'avait rien de réjouissant.
Effectivement, Harry y était bien, semblant s'être dispensé de l'échauffement habituel. Il se déplaçait et envoyait ses poings en l'air, respirant bruyamment. Drago admira un moment ses muscles saillants, la fureur et la tristesse déformant ses traits. Jamais il n'aurait cru que son acte aurait une telle conséquence sur le brun.
Ce dernier essuyait d'ailleurs régulièrement ses pleurs, s'en voulant visiblement de ne pouvoir les arrêter. Quand Harry croisa son regard argenté, il recula d'un pas, grimaçant.
« Qu'est-ce que tu fiches ici ? », l'agressa t-il immédiatement, sur ses gardes. « Tu viens finir ce que t'as commencé ? »
« J'avais peur pour toi », bredouilla le blond, se sentant soudain stupide d'être revenu et d'en rajouter une couche – mais c'était pour la bonne cause, pour le bien de Harry aussi, même s'il en doutait. D'ailleurs, le brun paraissait soudain impressionnant ainsi, et ça lui rappelait que si Drago dominait dans leur relation ; il n'était certainement pas le plus fort. Physiquement, comme psychologiquement.
« Ah ? Tu te fais du souci pour moi maintenant ? C'est ce que j'ai cru tout à l'heure, mais faut croire que je suis sacrément con et naïf », ragea Harry en lui jetant un regard noir.
Visiblement, il avait eu le temps de se remettre de ses émotions et de réaliser la chose. Dire qu'il y a quelques instants, c'était un tout autre garçon qu'il embrassait, une boule de chiffon entre ses bras...
« Tu m'as fait faire ces... trucs, et t'es parti comme ça, sans un mot. C'est ça qui m'a fait réaliser. Tu ne voulais soit disant pas profiter de moi, de ma peine, mais c'est ce que t'as fait Drago. T'es vraiment une ordure, hein ! Dis-moi, qu'est-ce que je peux attendre de toi ? Rien ! Strictement rien ! »
Drago absorba tous les reproches crachés par Harry ; et se félicita mentalement – non sans ironie - pour son coup de Maître : il avait réussi l'exploit d'attiser encore plus son mépris, tout en l'enflammant, en lui donnant envie de lui. Envie de... l'aimer un peu ? Drago secoua la tête, se ressaisissant. Voilà une idée stupide et pour le moins contradictoire.
Ignorant les poings que son frère tendaient vers lui, comme s'il le défiait d'approcher, Drago s'avança jusqu'à ce que son front touche celui en sueur de Harry, et que ses paumes se posent de part et d'autre de celui-ci, enveloppant son visage entre ses mains. Harry abaissa les paupières, cessant l'affrontement. Une expression de douloureuse compréhension venait de changer ses traits.
« Tu vas utiliser tes pouvoirs ? », chuchota t-il très bas.
Pour seule réponse, Drago emprisonna brièvement sa lèvre tandis qu'un sanglot étranglé s'échappait de la gorge du brun. Il savait. De toute façon, c'était mieux pour eux, n'est-ce pas ? Même si...
La lueur blanche qui s'échappa des mains du blond lui fit cesser toute réflexion, et s'évanouit. Lorsque Drago parvint enfin à le déposer sur son lit, il fit appeler la servante Molly pour lui demander de lui faire prendre une douche. Celle-ci le regarda suspicieusement, mais acquiesça.
Demain, Harry aurait tout oublier. Sauf que, sans le savoir, Drago venait de graver des sentiments au plus profond de son frère que ni le temps ni l'oubli ne pourraient dégrader...
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Les deux loups en étaient à la fin de leur périple. Leur condition d'animal leur permettait de se ressourcer, de guérir de leurs blessures, autant physiques que morales. Ils se sentaient sereins, amoureux, légers. Le respect envers la nature et la magie se révélait être tout à fait différent que dans la perspective humaine. Vivre en communion avec tous ces éléments était essentiel, et après avoir été maudit, Drago en prenait violemment conscience.
Il prêta serment devant la Fée du Lac. De ne plus recommencer. De devenir un simple être humain, mortel, sans pouvoirs, sans aura. D'être lui, pour la première fois de sa vie. En échange, la Fée accepta de lui rendre son état d'homme dès lors qu'il se serait remis de ses blessures.
Et Harry... Harry l'attendait. Harry s'était transformé en loup pour lui, en avait fait le vœu. Pour rester à ses côtés, pour l'aimer. Chaque fois que le loup aux yeux de glace et au pelage d'hiver y pensait ; cela faisait fondre la boule de neige dans son cœur, le réchauffait. Il lui suffisait de peu de choses pour se sentir heureux. L'autre animal se blottissant contre lui dans leur petite grotte en était un parfait exemple.
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« Harry Griffindor, ou devrais-je plutôt dire, Harry Potter... Tu es le bienvenue en ces lieux. »
Émergeant difficilement après sa chute volontaire dans les eaux du lac, le jeune guerrier se redressa et put admirer la Fée dans toute sa splendeur.
La première chose qu'il remarqua, fut l'étrange vêtement qu'elle endossait : une robe constituée d'une eau légèrement bleutée, entourant sa taille, sa poitrine et ses jambes de façon magique. Sa longue chevelure bouclée ne manquait pas d'attirer le regard, lui conférant un air enfantin. Un doux sourire étirait ses lèvres et par ce simple fait, Harry sut qu'il était en sécurité.
Son sentiment se confirma lorsque, aussitôt, ses vêtements séchèrent en un clin d'oeil.
« Je me nomme Hermione. Mon rôle est d'apporter la paix et la sagesse dans le cœur des hommes, bien que cette dernière te soit visiblement déjà acquise. J'admire cela, à un si jeune âge... »
« Vous... vous nous avez entendu ? », hésita le brun, stupéfait.
« Bien sûr », répondit la Fée en créant un petit nuage d'eau et en s'asseyant dessus. « J'entends et je vois énormément de choses, Harry. D'autant plus si elles se passent tout près de mon lac. »
« Oh. »
Il fallut un certain temps pour que Harry se remette du choc de cette révélation, suite à toutes les émotions qu'il venait de subir. Il y avait quelques heures seulement, il affrontait un dragon maudit et il avait cru perdre Drago à jamais. Et maintenant, on lui annonçait que la plupart de ses gestes avaient probablement été espionnés depuis le début...
« Ne croyez pas tout ce que l'on entend », ricana t-il nerveusement. « Draco pense que je suis sage, mais, sincèrement, je ne suis pas sûr de l'être. »
« Et pourquoi cela ? »
La Fée paraissait réellement intriguée par ses réflexions. Son regard avait le don de l'apaiser ; c'était comme si elle cherchait à le comprendre sans pénétrer la barrière de ses pensées. Ce que le brun apprécia grandement. Il était pourtant sûr qu'elle en possédait le pouvoir.
« Eh bien, parce que si je l'étais, j'aurais fait les bons choix et ne l'aurais jamais fait souffrir. Nous nous sommes quittés définitivement, et il a dit me pardonner. Je lui ait pardonné aussi, mais... Je me sens coupable. »
Harry baissa les yeux, mal à l'aise. Voilà qu'à présent, il se confiait à cette femme, une parfaite inconnue. Pourtant, il sentait qu'elle était comme un prolongement de son cœur : il pouvait tout lui dire, et trouverait ses réponses en ce lieu sain.
« Ce sentiment s'effacera petit à petit, Harry. Il faut toujours du temps. Draco Slytherin va prendre du recul par rapport à tout cela. Même s'il l'aurait voulu, il n'aurait pu, dans l'état actuel, satisfaire ton bonheur. A présent, son principal objectif demeure la reconquête de sa terre. Il ne sera plus jamais un rebelle, mais va devenir le futur Roi. Quand cela arrivera, tu seras aussi Roi de Griffindor et vous pourrez créer une alliance entre les deux nations. Tu vois, il ne faut pas t'en vouloir pour ces sentiments qu'il te porte. Ils ne sont que les prémisses d'un futur solide et prometteur. »
Hochant perceptiblement la tête, Harry prit le temps de digérer les paroles de la Fée.
« Un aussi bel homme ne pourra rester seul indéfiniment. Quelqu'un l'attend forcément. » Après un long instant de pause, la Fée eut un sourire amusé : « Je l'attendais, d'ailleurs, tu sais ? Il n'est pas venu. »
« Non... » Les joues du brun s'enflammèrent quelque peu sous la gêne. « Je lui ait dit de ne pas le faire. Je ne voulais pas qu'il soit condamné à vivre pour l'éternité avec vous, ni lui ni Drago. Ils ne méritent pas de payer pour le crime de leur père. »
« Tu as parfaitement raison, Harry », souffla Hermione en le fixant intensément. « Mais tout est une question d'équilibre. Qu'as-tu à m'offrir en échange ? »
« Eh bien », murmura t-il, plutôt mal à l'aise. « J'ai cru comprendre qu'il vous fallait un compagnon pour vos longs jours de solitude. »
Harry se détourna et fouilla dans son sac pour en extirper un pantin tout mouillé. Il fut séché en un instant et Harry remercia Hermione mentalement.
« Prince Harry ? », fit la peluche, apparemment ravie de retrouver son Maître. « Vous allez bien ? Pendant mon sommeil, Dobby a fait un affreux cauchemar... Dobby a rêvé de dragons sanguinaires, et d'épées de cristal... C'était terrible ! »
« Ne t'inquiètes pas, je vais bien. J'ai besoin d'un petit service, un dernier. »
« Dites-moi, prince Harry ! Il vous reste un dernier souhait à exaucer ! En quoi désirez-vous que je me transforme ? »
La joie de la peluche qui l'avait réconfortée dans son enfance lui arracha un pincement au coeur. Dire qu'il ne la verrait plus...
« Peux-tu te transformer en humain ? », murmura t-il en tenant le pantin sous les aisselles. « Prendre l'apparence de Draco Slytherin, et rester auprès de la Fée du Lac ? »
« Bien sûr ! »
Le pantin lui sourit à travers ses dents décousues et Harry l'embrassa sur le front, pour le remercier. Quelques secondes plus tard, il avait sous les yeux une imitation parfaite du frère jumeau de Drago.
La fée semblait quelque peu impressionnée. « Ton pantin possède de sacrés pouvoirs... L'âme de Draco a également été copiée. Ce n'est pas qu'une simple apparence physique. C'était bien joué comme idée, Harry. Souhaites-tu autre chose à présent, ou désires-tu retourner auprès des tiens ? »
Avalant difficilement sa salive, Harry prit son courage à deux mains et leva ses yeux verts flamboyants de détermination. « Oui. J'aspire à être maudit. Condamnez-moi à être un loup, comme Asthar et Drago. »
L'expression de surprise chez la Fée laissa rapidement place à la compréhension, puis à un doux sourire. « Ah, l'amour », semblaient dire ses yeux malicieux.
« Tu ne peux plus l'attendre, n'est-ce pas ? »
« Non », réussit-il à répondre, empli de honte.
« Je l'ai trop attendu », songea t-il pour lui-même.
« Ce voeu de malédiction peut-il être temporaire ? », déglutit-il. « Comme celui de Drago, quand il sera guéri ? »
« Bien sûr. C'est à moi de décider des conditions lorsque j'impose une punition. Mais comme tu n'as rien fait de répréhensible – bien au contraire, puisque tu as sauvé ton royaume – je vais considérer ton vœu non comme une malédiction, mais comme un souhait. Un souhait d'être un animal. Que m'offres-tu en échange ? »
Pour la première fois depuis le début de leur entretien, le jeune prince parvint à déstabiliser la jeune femme. Celle-ci, pourtant si impassible, sursauta lorsqu'elle vit son présent, dans le creux de sa main.
« L'anneau... », murmura t-elle. « Draco ne se trompait pas sur ta sagesse. Elle est démesurée, Harry. Personne... Personne jusqu'à présent n'est venu me l'apporter ; pourtant il est passé de mains en mains. »
« Vu l'influence maléfique qu'il exerçait sur mon père depuis des années, je ne me sentais pas de le garder. Je... déteste cet objet... »
Détournant les yeux, pour ne pas qu'elle lise en lui, Harry songea à tout le mal que cette simple bague avait causé. C'était parce qu'il la désirait que Drago avait été ignoble dans son enfance. Sans elle, ils auraient probablement pu s'aimer, sans se détruire.
« Je me souviens, je n'étais qu'une jeune paysanne quand tout a commencé. », murmura la Fée, d'un filet de voix. « Je vivais en terre Griffindor, et étais la plus instruite de mon village. Dès l'adolescence, les bouquins filaient entre mes mains, j'étais réellement avide de savoir. Pour ces raisons-là, et parce que ma famille croyait en la sorcellerie depuis des générations ; je fus choisie pour lutter contre notre nouveau fléau : le mal. Ce dernier a toujours subsisté en toutes choses, toutefois à cette époque, il prenait une ampleur démesurée, notamment à cause... d'Asthar. »
A ce nom, Hermione eut un triste petit soupir.
« A l'origine, il n'était qu'un simple fermier dans notre village, âgé de cinq ans de plus que moi. Nous nous côtoyons et je me souviens qu'enfants, nos parents nous voyaient bien mariés dans l'avenir. On s'aimait bien. Beaucoup, même... Je lui ai beaucoup donné, jusqu'au jour où il a commencé à s'intéresser de trop près à la magie, aux pouvoirs qu'elle pouvait lui conférer. Parfois, je me demandais s'il ne me fréquentait pas uniquement pour ma famille et pour ses dons. Il a toujours été tordu, tu sais - probablement que le fait de retrouver son père mort sur la paille à l'âge de cinq ans y était pour quelque chose. Ce qui est certain, c'est qu'il haïssait sa condition de fermier. Il en voulait plus... Et dès que l'anneau est tombé entre ses mains, c'en fut fini de lui. Asthar tua beaucoup de gens pour conquérir des terres. Je dûs l'arrêter, même si je l'aimais. Je l'ai maudit, lui et ses fidèles. Des membres de mon village. J'ai perdu beaucoup à cette époque, c'est pourquoi mon isolement dans cette grotte m'a permis de faire le point sur moi-même. Depuis lors, je n'ai jamais connu l'amour et je ne le regrette pas. Apporter la paix me semble une mission bien plus importante ; surtout quand on s'aperçoit des effets néfastes que peuvent engendrer les sentiments amoureux. »
La jeune femme baissa les yeux, l'air incapable de soutenir le regard perçant du Griffindor. Car désormais il ne pourrait plus la voir comme un être incarnant la perfection, mais plutôt comme une adolescente privée de sa vie avant même qu'elle n'ait commencée. C'était triste comme histoire, et Harry vit la sienne d'un tout autre point de vue.
Il y avait des tas de gens qui souffraient, et sa vie n'avait pas été si misérable. Dans le fond, financièrement, le jeune prince n'avait manqué de rien. Qui plus est, les choses semblaient enfin s'arranger. Souriant doucement à Hermione, il l'encouragea à poursuivre.
« Une centaine d'années plus tard, un jeune Slytherin, nommé Tom Jedusor devenait un des mages noirs les plus puissants de tous les temps. Il effrayait même ses fidèles, un groupe qu'on appelait les Mangemorts. Une secte à laquelle Lucius Malfoy prêta allégeance. Tom se fit appeler Voldemort et sa puissance devint telle qu'il trouva un moyen d'être immortel : déchirer son âme en sept. Ses opposants réussirent à exterminer Voldemort, mais six morceaux de son âme demeurent encore intacts, regorgeant de magie noire. On savait seulement que Voldemort avait choisi des objets précieux, ayant une forte signification symbolique. Dans une vielle légende Huppefluf, je me souviens qu'on parlait d'une coupe en or, celle de Helga Poufsouffle, la première princesse de notre royaume. La coupe a été retrouvée dans une caverne remplie d'or par un groupe de voyageurs, et ceux-ci, trop heureux, se partagèrent le butin sans réfléchir aux conséquences. Celui qui hérita de la coupe s'aperçut qu'elle détenait de grands pouvoirs, et il ne tarda pas à en abuser. Toutefois, afin de protéger chaque morceau de son âme éparpillés, Voldemort mit en place des sortilèges. Dès lors qu'on utilisait un de ses objets - un Horcruxe, comme il les appelait - un dragon pourrait se réveiller, anéantissant son possesseur. Le voyageur décéda peu de temps après et la coupe fut fondue et transformée en un anneau, un anneau maudit, que l'on appela « l'anneau du dragon ». On raconta que le simple fait de le porter ne vous transformait pas en une créature vile et affreuse. Non, c'était le fait de désirer ardemment ses pouvoirs ; de le vouloir pour sa puissance magique, qui était l'élément déclencheur de la malédiction. Tant que l'anneau passait de doigts en doigts sans être réellement utilisé, la malédiction n'avait aucune chance de frapper à nouveau. Après cela, ton père, le Roi des Griffindor, tomba malencontreusement sur un nomade du peuple ayant transformer la coupe en bague. Ton père fut immédiatement attiré par son aura et l'acheta à un bon prix. Comme il ne croyait pas en la magie, James ne désira jamais les pouvoirs de l'anneau et ne fut jamais maudit. Bien sûr, comme il s'agissait d'un fragment de l'âme de Voldemort, une pièce terriblement noire de sa collection ; le bijoux marqua profondément la chair et le cœur de ton père. Sa violence coutumière et sa tendance à se tourner vers Drago - celui qui l'attirait le plus en terme de potentiel magique - furent essentiellement guidées par l'anneau. »
Petit à petit, Harry avait écarquillé les yeux face à cette histoire surréaliste. Jamais, jamais, il ne se serait douté de tout cela. S'il avait su...
Le pire fut probablement la référence à son père. Cela le chamboula, complètement. Il avait fini par le considérer comme un ennemi alors qu'en réalité... En réalité, toutes ces années il aurait pu l'appeler « Papa ». Recevoir son amour, à la place des coups. Les larmes lui montèrent aux yeux. Quel gâchis...
Troublé, Harry se mit soudain à rêver. Des félicitations de James. D'un sourire. D'une consolation. D'un : « c'est bien mon fils, je suis fier de toi ». Peut-être que sa mère aussi lui dirait tout cela ; le serrant dans ses bras maternels comme avant l'arrivée de Drago. Au souvenir de ses parents, un autre flash s'interposa, lui arrachant un brusque sentiment d'inquiétude. Les gens du palais... Qu'étaient-ils devenus ? Étaient-ils encore prisonniers de la glace, telles des statues de cristal ?
Harry n'avait pas attendu de rentrer chez lui pour s'entretenir avec la Fée du Lac. Ce qu'il souhaitait, c'était rejoindre son amoureux au plus vite, sous sa nouvelle forme de loup... Prêt à changer d'existence, à se ressourcer. A vivre pleinement, enfin.
« Ils sont en vie », le rassura Hermione comme si elle lisait dans ses pensées. « Ne t'en fais pas, jeune prince. Lorsque les pouvoirs du dragon ont été anéantis par l'épée de cristal ; tout est redevenu normal. Le château Hogwarts s'est remis de la tempête. Bien que ses habitants en garderont probablement une trace indélébile. »
Harry hocha la tête, réellement soulagé. Un jour, il pourra aller les voir à nouveau, leur pardonner...
« Et mon frè... Drago », déglutit-il, « est-ce qu'il était réellement avide de la puissance de l'anneau ou bien... ? »
« Je pense qu'au stade où en est votre relation, tu peux employer le terme d' « amant » pour le désigner. » Alors que Harry rougissait violemment, la Fée reprit, un brin amusée : « Pour répondre à ta question, ton amoureux ne sait rien de toutes ces histoires. Comme tu le sais, Asthar l'a adopté et son violent désir de voler l'anneau des mains de ton père était uniquement motivé par son besoin de reconnaissance. Tu sais, un enfant abandonné est prêt à tout pour trouver une vraie famille et la garder. Après ça, tu n'ignores pas à quel point les pouvoirs qu'Asthar lui a confiés sont devenus hors de son contrôle - pouvoirs que j'avais pourtant enfermés dans une boîte avec la stricte interdiction d'y toucher. Ah... si ce satané loup n'avait pas entendu parler de l'Horcruxe, il n'aurait jamais placé tous ses espoirs en l'anneau, afin de redevenir humain. Parfois, je me demande si j'ai bien fait de le laisser être animagi à l'époque. Leur donner une nouvelle chance n'a malencontreusement pas changé grand chose. »
« Vous ne pouviez pas savoir », chuchota le brun. « Et je pense qu'à présent, il ne commettra plus de nouvelle erreur. A présent qu'il... a un fils. »
Ces derniers mots lui arrachèrent une grimace. « Enfin, peut-être l'a t-il toujours considéré comme un instrument lui permettant de parvenir à ses fins ; mais j'ai eu la sensation que la peur de le perdre a fait réaliser à la meute ce qu'il représentait pour eux. »
« C'est possible », approuva songeusement la Fée. « Nous verrons bien... A présent, plus rien ne te retient ici. Au revoir, Harry... »
A peine eut-il le temps de répondre que le Griffindor fut complètement immergé, réalisant qu'il devait nager rapidement pour remonter à la surface. Toutefois, Harry mit un moment à réagir, trop hébété par ce nouveau corps qu'il n'était pas vraiment préparé à recevoir. Comment devait-il bouger ses pattes ? La Fée ne l'avait pas prévenu que la transformation serait si rapide...
Une fois la surprise passée, Harry se propulsa hors de l'eau en nageant le plus vite possible. Lorsqu'il se secoua, son pelage était aussi noir que la nuit. Avec un sourire, il songea que pour la première fois de sa vie, il aurait éprouvé un certain plaisir à se contempler dans un miroir.
Un hurlement résonna au loin et le loup laissa l'instinct animal le dominer totalement. Courant à toute vitesse dans les bois, le cœur serré et palpitant à folle allure, Harry songea qu'après tout, les yeux de Drago valaient tous les reflets du monde...
Et qu'il s'y verrait. Enfin.
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Perché au dessus de sa fenêtre, Draco Slytherin posait son doux regard sur les arbres, dont les feuilles mortes se détachaient délicatement et s'amoncelaient à leurs pieds. Le jeune héritier des Slytherin éprouvait une certaine fascination pour la nature ; particulièrement pour la saison de l'automne, où il se régalait à piétiner les feuilles, comme les enfants du royaume le faisaient.
Les couleurs chaudes, aux tons orangers, rouges et marrons l'attiraient également. Il les trouvait belles, différentes de la froideur de la neige, habitant son royaume d'un peu de vie. Il était réputé que les Slytherin étaient de tempérament relativement froids, n'offrant leurs cœurs que difficilement, il fallait ainsi beaucoup de temps et de patience. Il en était de même pour les relations charnelles, qui exigeaient une forte intimité entre les deux personnes concernées.
Draco ne put ignorer la petite chose qui se mit à rugir dans son ventre. Il ne l'aimait pas. Elle lui faisait faire des choses indignes d'un homme de son rang. Même avec Harry, elle ne grondait pas autant. La flamme du désir.
Harry. Le blond ferma doucement les yeux, tentant de se rappeler les traits de son visage. Cela faisait de longs mois qu'il l'avait quitté, au bord de ce lac. Presque une année entière s'était écoulée et il avait fallu longtemps à son cœur pour qu'il ne s'en remette. Les débuts avaient été difficiles.
Savoir que le brun sacrifiait un temps précieux de sa vie en désirant être maudit, en salissant son âme, était incompréhensible pour l'ancien rebelle, dont les sévères principes d'éducation restaient gravés en lui. Jamais Draco n'aurait pu être aussi impulsif que le Griffindor, sachant qu'il avait des responsabilités et que désormais plus aucune entrave ne l'empêchait de réclamer son trône.
Son groupe de rebelles, ceux qui l'avaient soutenu pendant toutes ces années, furent évidemment ses principaux conseillés et meilleurs soldats. Draco ressentit même une profonde affection envers Blaise, comme un sentiment fraternel, lorsqu'il le nomma en tant que bras droit.
Ce dernier ne perdit d'ailleurs pas la moindre minute pour trouver le corps chaud d'une femme accueillante. Décidément, tous les deux ne se ressemblaient vraiment pas, songea le blond en pouffant.
Blaise lui conseillait souvent de faire comme lui, cela l'empêcherait de penser à Harry. Draco trouvait qu'il faisait assez d'efforts dans ce sens, se concentrant sur son nouveau rôle et remplissant ses responsabilités. Cela lui avait pris énormément de temps et il ne s'en plaignait pas, il en avait toujours rêvé depuis que son père était mort. Le rendre fier, là-haut.
Le fait que Lucius Malfoy ait été un Mangemort et qu'il ait abandonné son frère jumeau ne lui plaisait évidemment pas mais Draco ne pouvait cesser d'aimer son père pour cela. Il l'avait chéri dans sa plus tendre enfance, et sa mort l'avait profondément blessé. C'étaient des cicatrices immuables, qu'on n'effaçait pas facilement.
Ses diverses occupations l'avaient également amené à croiser très souvent un garçon qu'il n'avait pas oublié. Sentant la chaleur envahir ses joues, le blond se pencha davantage en avant, s'imprégnant de la douce brise rafraîchissante. Il avait des principes, bien sûr, et depuis qu'il faisait son deuil amoureux, rien n'avait pu les entraver.
Jusqu'à il y a quelques jours.
Il avait accordé sa première fois, alors qu'il n'était même pas en couple, alors qu'il avait ressenti un désir bien plus violent qu'avec le prince des Griffindor. Draco éprouvait encore quelques difficultés à se dire que tout ceci était bien réel, qu'il avait fait cette... connerie. Vraiment ?
Pourtant cela avait été fort, très fort. Il se sentait un peu perdu. Sa relation avec le garçon n'avait finalement rien d'incongru, lorsqu'il y songeait réellement.
Enfant, son père lui disait que Draco ne devait pas regarder ceux qui jouaient derrière le château. Ces enfants-là ne... plaisaient pas. C'étaient les fils de puissants guerriers – ceux qui, grâce aux privilèges du sang, devaient automatiquement servir leur Roi dans l'armée plus tard.
Toutefois Lucius considérait qu'une poignée d'entre eux n'était pas tout à fait « normale ». Les malformations n'étaient pas quelque chose de rare dans les royaumes, on disait que seule la magie pouvait les guérir, mais les Slytherin s'étaient toujours refusés à l'employer, car leur Roi semblait vouer une hargne profonde à ce type de pratique, disant qu'elle n'était qu'une source de problèmes.
Aujourd'hui, Draco comprenait mieux son mépris à l'égard de la magie, puisque son père en avait été là victime, trop attiré par elle. Cela dit, voilà encore une chose qui ne le rendait pas vraiment fier de Lucius : l'injustice. Voir ces enfants être discriminés parce qu'ils étaient différents lui avait toujours serré le cœur.
Ça aurait pu être lui. Et Draco n'osait imaginer ce que Lucius aurait fait s'il avait été dans ce cas. Ah, il aurait probablement choisi Drago pour succéder au trône, et, lui, et bien, il aurait eu droit au même traitement que les autres... Exclus, à peine regardé. Seul.
Il se souvint qu'il passait régulièrement par l'arrière de la cour, pour se rendre à ses cours. Inévitablement, son regard était attiré par eux, mais il baissait rapidement les yeux, car les plus grands pensaient lire de la pitié dans les yeux du futur héritier et ils ne l'aimaient pas pour cette raison.
Théodore Nott faisait parti de ces garçons-là. Il n'avait à priori aucune malformation physique ; néanmoins il était évident que rien, dans son caractère, ne le forgeait à être un soldat. D'une timidité maladive, il était presque incapable de parler, et ses gestes tremblants trahissaient sa peur de décevoir dès lors qu'on lui demandait quelque chose. Il était très renfermé et physiquement, il n'avait rien d'un garçon.
Enfin, si, bien sûr, Draco était bien placé pour savoir qu'il avait un sexe de garçon, des tétons, toutes ces choses-là... Mais son visage était tellement doux, notamment lorsqu'il était enfant, qu'on l'avait immédiatement classé d'homosexuel.
S'aimer entre personnes du même sexe n'était pas considéré comme un mal dans les autres royaumes, parce qu'enfanter était possible, grâce à l'utilisation de la magie. Draco savait par exemple que les Griffindor n'avaient aucun tabou là-dessus, mais les Slytherin, eux, étaient un peu plus réservés.
Les homosexuels ne gênaient pas dans le peuple, mais au château, parmi les héritiers, cela était un peu différent. S'ils couchaient avec une femme quelques fois et contribuaient à la descendance, alors on ne leur faisait rien. Mais s'ils avaient des « manières », si cela leur empêchait d'être de vrais hommes, comme une petite catégorie de la population, alors là, on ne les aimait pas trop.
Au fond, Draco s'était toujours senti attiré par Théodore parce qu'il connaissait sa réputation et qu'il se sentait attiré par ce garçon. C'était à croire, que, très jeune, le rebelle savait dans les tréfonds de son corps ce qui lui plaisait. C'étaient d'ailleurs toujours les petites filles qui venaient vers lui, pas l'inverse.
Leurs regards s'étaient souvent croisés et là où Théodore baissait souvent les yeux avec les autres ; étrangement, il avait l'audace de soutenir celui de Draco, comme si ses yeux chocolats lui transmettaient un message. « Tu es comme moi, et je le sais. »
Parfois ses yeux semblaient une invitation à quelque chose et la nuit où Griffindor attaqua leur royaume, la nuit où il perdit son père ; il aperçut le jeune Théo avant de quitter le château. Ce dernier avait tendu la main vers lui au loin, mais Draco n'avait jamais su s'il s'agissait d'un adieu, ou d'une demande de revenir près de lui, de revenir vivant.
Après cela, sous sa condition de rebelle, Draco n'avait eu que peu de fois l'occasion de retourner au château, et il avait dû agir très discrètement. Vers l'âge de quinze ans, l'envie de savoir ce qu'il était devenu, s'il était toujours reclus dans cette partie maudite du château le dévora. Ainsi, il découvrit que ceux qui avaient subi des malformations n'étaient pas discriminés par les Griffindor envoyés par le Roi James.
Néanmoins, cela n'était pas forcément une bonne chose... La plupart étaient devenus des esclaves, ils les servaient au même titre que tout le monde. Et Théo... Le rebelle serra les dents lorsqu'il comprit que son physique l'avait tout de même, encore une fois, placé dans une toute autre catégorie. Savoir qu'il était homosexuel avait apparemment plu à beaucoup d'hommes et il était devenu ce que l'on appelait en langage grossier, une catin.
Sauf qu'on ne lui payait rien pour cela, on lui permettait seulement de survivre et on le traitait bien.
S'infiltrant doucement dans sa chambre, le blond avait désiré lui parler pour la première fois de sa vie. Pas parce qu'il se sentait attiré par lui ou à cause d'une stupide main tendue ; simplement parce qu'il lui devait quelque chose. Lui demander pardon, comme à tout son royaume qui attendait qu'il vienne les délivrer, qu'il reprenne enfin sa place. Lui demander pardon, pour ne rien faire pour le tirer de là.
Théo ne portait qu'un simple peignoir en fourrure et ses yeux s'étaient écarquillés lorsque le rebelle était entré. Il avait apparemment cru que Draco était rentré et qu'il reprenait son trône. Et qu'il... voulait profiter de ses services, puisque, sans la moindre hésitation, le garçon autrefois si timide avait détaché les pans de son peignoir et l'avait laissé glisser au sol. Comme ça.
Le blond se souvint que c'était cette image – voir le corps nu de Théo – ainsi que son amour plus tard pour Harry, qui avait été le déclic de sa certitude quant à ses préférences. Posant sa paume sur ses yeux, Draco avait dégluti : « Rhabille-toi, je ne suis pas là pour ça. »
Lui pour qui l'amour et les relations charnelles représentaient quelque chose de très sacré, voir des formes nues, dévoilées sans aucune pudeur le gêna profondément, beaucoup plus que Théo, visiblement. Quand il consentit enfin à passer l'habit autour de ses hanches, le blond murmura rapidement :
« Je ne reste pas, je suis désolé. Je tenais seulement à m'excuser pour... tout ça. Un jour, j'y arriverai, fais-moi confiance. Et, enfin, je suis en vie... », murmura t-il un peu maladroitement, se montrant d'un geste vague de la main.
« Oui », chuchota Théo au bout d'un long silence, les yeux brillants. « Merci... », souffla t-il.
L'émotion semblait l'avoir pris de cours, ainsi il ne parla plus. Draco annonça qu'il allait partir et le jeune homme lui attrapa délicatement la main, une main tâchée de sang que le blond trouva bien sale dans celle de Théo. Il voulut reculer, gêné par ça, par cette atmosphère trop intime ; mais le brun resserra un peu sa prise.
« Est-ce que je peux t'embrasser ? », demanda t-il, d'une voix très intimidée.
Draco ne savait pas si la gêne de Theo venait du fait qu'il craignait un rejet, ou bien parce qu'il était son prince et qu'une telle audace ne pouvait que le faire rougir...
Après un temps d'hésitation, il hocha doucement la tête, accordant son premier baiser au jeune Slytherin. Draco était certain que la boule dans son ventre était née à cet instant-là ; se faisant une joie de crépiter et de faire la fête dans ses entrailles. L'étreinte était devenu quelque chose de long, d'expérimenté, de profond. Draco l'avait toujours remercié silencieusement pour ce baiser ; qui lui avait permis d'offrir davantage que son cœur lorsqu'il avait été amoureux de Harry par la suite.
Lorsqu'il dût partir, Théo ancra son regard dans le sien et bien qu'il paraissait très faible et très ému à ce moment-là ; ses yeux et sa voix trahissaient une force hors du commun : « Reviens-moi. »
Se souvenant de tout cela, Draco se retira de sa fenêtre et alla s'asseoir sur son lit, épuisé. Il n'avait pas beaucoup appris à réfléchir, se guidant constamment à son instinct de guerrier ; c'est pourquoi la logique de la chose, le fait qu'ils allaient inévitablement se rapprocher à son retour ne lui avait pas sauté aux yeux. Il n'avait pensé qu'à Harry jusqu'à présent, toutefois s'il devait être honnête avec lui-même, cela faisait bien trois mois que d'autres sentiments étaient nés en lui...
Théodore quant à lui était bien plus réfléchi, plus intelligent. Draco l'avait immédiatement placé à un rang de stratège dès qu'il avait repris son trône. Apprendre qu'il s'était encore prostitué depuis toutes ces années l'avait mis dans une rage folle. Bref, c'était pour cette raison que dès gamin, Théo avait compris qu'ils finiraient ensemble.
Et finalement... Si le rebelle mettait de côté sa gêne, ce n'était pas si mal... Faire l'amour était quelque chose de très plaisant, au delà de ses espérances. Et être enfin aimé en retour... ça n'avait pas de prix.
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Loin, très loin du château Hogwarts, un bûcheron se promenait près d'une cascade, tout en sifflant gaiement. Il pouvait entendre le bruit de l'eau ruisseler sur les rochers et il adorait ça. Et puis, il essayait d'être heureux, car il allait pouvoir rebâtir une vie nouvelle.
Il avait toujours vécu à Hogwarts en tant que fils de servante, s'occupant des écuries. Il s'était ainsi lié d'amitié avec le prince Harry, toutefois leurs rapports restaient timides, lointains. Le jeune Weasley avait toujours manqué de confiance en lui ; parce qu'il était né pauvre, d'une famille de sept enfants qui possédaient à peine de quoi survivre. Ainsi s'adresser familièrement à l'héritier de la couronne l'avait toujours fait rougir.
De son côté, le brun avait été tout aussi distant, bien qu'ils aient partagé quelques éclats de rire. Il fallait dire que la carapace de l'aîné des deux princes était dure à percer ; inconsciemment, il se protégeait de toute personne lui apportant un peu trop d'amour.
Il s'en méfiait parce que c'étaient ces gens-là qui finissaient par le blesser. Ron le savait très bien – il voyait constamment Drago, le cadet, se pavaner sur son cheval devant son père alors que Harry, qui était pourtant un cavalier hors pair, ne recevait qu'un maigre coup d'œil.
Il avait été déçu quand il avait su que le jeune prince avait quitté le château sans même lui dire adieu. Toutefois il ne lui en voulait pas vraiment, il savait qu'Harry avait de graves problèmes au château et qu'il ne s'était jamais senti aimé.
D'ailleurs, tout l'amour était revenu à Drago et le bûcheron lui-même en avait été fou épris. Un sourire désabusé joua sur ses lèvres. Il avait même voulu coucher avec lui sur la branche d'un arbre... Il n'y avait rien de plus dégradant à ses yeux. Car le roux n'était pas attiré par les hommes et quand il y pensait, il avait été beaucoup trop attiré par cette aura magique et charmeuse pour son propre bien.
Ron se souvenait encore très bien de la façon dont les choses avaient dérapé. Il venait d'avoir seize ans et son estime de lui n'avait jamais été aussi basse. Sa mère commençait à être malade même si elle le cachait très bien, et lui pendant ce temps, continuait à nourrir les chevaux aux écuries. Il se sentait totalement impuissant. Un jeune adolescent ni fort physiquement comme ses frères aînés, ni très intelligent...
Alors, lorsque le joyaux du château, le si imposant Drago Griffindor le surprit en se penchant à son oreille, Ron crut mourir.
Il connaissait l'inimité de Harry pour son frère et la partageait également. Le blond était méprisant et il lui était difficile d'oublier que, la première fois où il n'avait pas été transparent à ses yeux, celui-ci l'avait traité de pouilleux, de miséreux. Tout ça parce que Drago avait compris qu'il parlait avec Harry et apparemment, c'était un affront pour un prince de rire avec un serviteur. Ou alors il était juste jaloux que le brun se trouve un ami...
Drago avait toujours considéré qu'ils étaient dans une sorte de compétition. Ainsi ce soir-là, après que Harry lui ait avoué qu'il était en quelque sorte son meilleur ami – son seul ami, en fait – le blond décida de lui prendre Ron. Il avait dû les espionner, le rouquin ne savait pas par quel moyen...
Et quand Drago lui enserra la taille et lui murmura de ne pas bouger, tout en déposant des baisers dans son cou, Ron sut qu'il en était fini de lui.
Tout d'abord, il s'était senti trop misérable, trop impressionné pour oser refuser quoique ce soit à son prince. Puis... les choses avaient dérapé, il ne savait comment. Drago avait eu le pouvoir de l'attirer sexuellement, physiquement, ce qu'aucun garçon n'avait su faire.
Heureusement, il savait désormais que cette attirance n'était pas naturelle et il s'en sentait rassuré. Il pouvait recommencer sur de nouvelles bases. Tout était fini maintenant. Même sa mère... Car la douce et gentille Molly avait succombé de sa maladie et en était morte.
Après ça, il avait décidé de partir voir de nouveaux horizons. Quitter le château de son enfance. Il y avait tant de royaumes à découvrir après tout.
Il était heureux d'avoir trouver un travail de bûcheron après un an de galère et d'errance. Il allait donc effectuer sagement sa tâche tout en sifflant joyeusement. Mais le chant s'arrêta et mourut dans sa gorge lorsqu'il la vit.
Une femme magnifique. Avec des cheveux bouclés et des yeux marrons pétillants qui le regardaient avec curiosité. Puis elle esquissa un sourire chaleureux et s'inclina. Le jeune homme eut envie de traverser le lac pour la rejoindre - car l'étrange jeune femme était agenouillée sur un rocher au milieu de l'eau - et il ne se fit pas prier. Il se trempa mais il n'en avait cure.
« Bienvenue jeune bûcheron. N'as-tu pas peur de venir vers moi ? Quiconque connaissant mon identité ne s'approche pas des eaux enchantées du royaume, à moins de désirer exaucer un souhait... », dit-elle en jouant avec une bulle d'eau.
Le bûcheron trouva qu'elle avait une voix magnifique, cristalline, mais il perçut en elle une détresse évidente qui lui fit mal.
« Je n'ai pas peur... Je ne sais pas qui vous êtes, c'est vrai, mais je n'ose croire que vous pouvez me faire du mal. Sinon vous l'auriez déjà fait. »
L'inconnue lui fit un nouveau sourire et il pensa que si chacune de ses phrases pouvait éclairer ainsi son si beau visage ; il pourrait parler toute une éternité.
« Il est vrai que je ne veux de mal à personne. J'ai été créée par la nature pour équilibrer les deux forces que sont le bien et le mal. Je suis Hermione, la Fée du lac. Mais les gens ont peur de moi, car je suis immortelle et hante ces eaux depuis des milliers d'années. »
Puis l'expression d'Hermione changea du tout au tout et elle s'approcha de lui, caressant sa joue tandis que le cœur du jeune homme battait de plus en plus vite.
« Il y a beaucoup de douleur en vous... », murmura t-elle en fermant les yeux.
Et toute la douleur du bucheron s'évapora. Il se sentit soudain léger et eut envie de pleurer de bonheur. Cette Fée possédait un pouvoir énorme...
« Que pourrais-je faire pour vous remercier ? », demanda t-il avec l'envie furieuse de l'embrasser et se demandant si cet acte pourrait servir de reconnaissance pour la fée.
Hermione parut soudain triste et haussa les épaules.
« Rien. Sauf si tu désires exaucer un souhait, tu pourras me donner quelque chose en échange. Mais sinon, tu ne peux rien faire. »
« Alors donnez-moi l'immortalité et en contrepartie je vous donnerai ma vie. Je resterai avec vous », déclara le rouquin avec une boule dans le ventre.
C'était une réaction impulsive. Un coup de foudre... Il était peut-être idiot, immature. Mais il avait envie d'écouter son cœur.
Les yeux de la jeune femme brillèrent de joie et il eut l'impression qu'elle allait se mettre à pleurer, avant qu'elle ne balance dans l'eau les bouts de bois que tenaient encore le bûcheron et ne se mette à l'embrasser sauvagement.
« Merci... », murmura t-elle, essoufflée. « Je t'attendais depuis si longtemps... »
O
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Le temps de la rédemption était achevé. Ils avaient attendu ça plus d'un an.
Frénétiquement, Drago et Harry firent l'amour dans la forêt, répondant à l'appel de la chaire, du désir. Les doux reflets du soleil avaient réveillé le jeune blond. Son souffle s'était alors suspendu lorsque ses doigt étaient entrés en contact avec la peau douce de son frère.
Sa peau...
Il était là, à côté de lui, nu. Il admira un instant les traits du visage de Harry, envoûté par cette beauté sauvage que le guerrier avait toujours dégagé. Cette longue année dans la peau d'un animal sauvage n'avait fait que renforcer ce côté viril chez lui. Drago eut envie de s'imprégner de la fragrance si masculine du brun, de goûter à sa sueur, de descendre plus bas, que le brun se réveille ou non...
La veille, ils s'étaient endormis en loups et le matin, ils se réveillaient en hommes, naturellement. Mais s'ils n'étaient plus des animaux, l'instinct, l'incendie dans son ventre demeurait toujours là et Drago ne put résister à l'embrasser, à caresser sa chaire dévoilée avec tant d'impudeur.
Harry se réveilla en gémissant et ses yeux verts vacillèrent en croisant le regard gris affamé que Drago posait sur lui. Lui non plus n'attendit pas. Ils firent des choses qui leur étaient inconnues mais qu'ils découvrirent ensemble, des choses qu'ils n'osèrent nommer et qui leur apportèrent un plaisir sans limites.
Il n'y avait plus d'interdit...
Cette pensée traversa l'esprit de Harry alors que les mains de Drago se cramponnaient violemment aux siennes.
Ils s'unissaient. En cette belle matinée, la solitude qui habitait leur cœur d'enfant mourut définitivement. Harry et Drago l'enterrèrent sous la couche de feuilles mortes qui jonchaient le sol. Ils le firent avec leurs corps, se firent l'amour encore et encore...
Avec la nature pour seule témoin...
FIN
Voilà... Ca, c'est une vraie Happy End ! Ca me fait très bizarre d'en écrire une autant... "joyeuse" lol !
A bientôt pour de nouvelles aventures ! XD
Bisous !