Le mois de décembre était arrivé sur le domaine enneigé de Poudlard, et même la guerre qui se déroulait à l'extérieur ne pouvait empêcher l'atmosphère de Noël s'installer dans le château. Les décorations annuelles avaient été particulièrement bien soignées pour permettre aux plus jeunes élèves d'oublier un peu les graves nouvelles qui arrivaient chaque matin par le courrier.

Depuis la première attaque sur Pré-au-Lard, Voldemort s'était fait beaucoup plus pressant, et une ombre de peur régnait sur le monde sorcier. Gringott's avait déclaré l'état d'alerte maximale en raison de leur refus de combattre pour le Seigneur des Ténèbres, et les rares visiteurs qui osaient encore visiter le Chemin de Traverse pouvaient assister aux rondes régulières des bataillons de Gobelins armés.

Cependant, les gens n'avaient pas perdu espoir car depuis quelques semaines, les forces du Ministère, de l'Ordre du Phoenix, de l'AD ainsi que celles de tous les alliés recrutés par Harry et Hermione avaient réussi à contrecarrer les plans du Seigneur des Ténèbres. Les stratégies de défenses, qui avaient été établies lors de longues réunions secrètes à Poudlard entre toutes les forces en présence, s'étaient révélées très efficaces et les forces de Voldemort avaient été repoussées à de nombreuses reprises avec un minimum de pertes grâce aux armures de bronze qu'Harry avait fait sculpter par les Gobelins et aux Portoloins d'urgence développés par Harry et Hermione qui parvenait à traverser les sorts et enchantements anti-transport dont tous leurs combattants étaient maintenant équipés.

A chaque nouvelle attaque, leur temps de réaction, leur coordination et leurs performances s'amélioraient grâce aux miroirs communicants que leur avaient fournis Harry et Hermione, si bien que les Mangemorts et autres créatures au service de Voldemort étaient maintenant souvent obligés de fuir avant d'avoir infligé des dégâts signifiants devant l'avantage stratégique que possédait l'Armée de Potter, comme l'avait surnommée la Gazette du Sorcier lorsqu'Harry était apparu pour la première fois à la tête de ces forces regroupées. Même le ministère avait accepté de le suivre en voyant l'engouement du peuple qui reprenait espoir grâce à ce nouveau leader.

Hermione s'était également peu à peu remise de son agression avec l'aide de Harry, Tonks et Ginny, et elle avait cessé de regarder au-dessus de son épaule en permanence lorsqu'elle marchait seule dans les couloirs sombres du château. Comme ils s'y étaient attendus, l'enquête menée au sujet de l'Imperium dont Smith avait été victime n'avait rien donné, et Harry avait dû se contenter de subir en silence les regards narquois de Malefoy et certains Serpentard sans pouvoir prouver leur implication dans l'agression d'Hermione. Pourtant, avec l'autorisation de Mac Gonnagall, ils avaient continué leurs recherches d'indices ou de preuves qui les mèneraient à l'espion de Voldemort infiltré dans Poudlard.

Cependant, ce jour-là, c'était le match de Quidditch entre Griffondor et Poufsouffle qui occupait les esprits, et les quatorze joueurs étaient regroupés sur le terrain blanchi par la neige alors que la foule des élèves excités s'était regroupée dans les gradins, en aucun cas découragé par le froid glacial de cette fin d'année. Quand Madame Bibine siffla le coup d'envoi, les supporters des deux camps rugirent de plaisir et les joueurs se mirent en mouvement. Le trio de poursuiveurs de Griffondor était clairement le plus talentueux sur le terrain, malgré l'expérience supérieure que possédait l'équipe de Poufsouffle, et elles se mirent tout de suite en action.

Ginny récupéra le Souaffle lancé par madame Bibine et elle partit à l'attaque, appuyée par la formation du faucon de ses coéquipières. Quelques secondes plus tard, les supporters rouge et or acclamèrent le premier but de Griffondor, marqué par Aurore après une succession de passes rapides et précises qui avaient débordé la défense de Poufsouffle, puis un tir de volée remarquable qui avait laissé le gardien adverse à plusieurs mètres de la balle. Le jeu repartait déjà dans l'autre sens et Ron venait de faire un arrêt spectaculaire quand Harry se mit à chercher le Vif, tournant son dos à l'action. Après tout, le commentateur le tiendrait au courant du score s'il n'arrivait pas déjà à distinguer quelle tribune était en train de crier.

Malgré le froid, ce matin-là, le ciel était dégagé et le soleil se reflétait sur la neige, gênant la vision des joueurs. Aussi, avant le match, Hermione avait lancé un sort d'obscurcissement sur les joueurs de Griffondor pour les protéger de l'éblouissement sur le terrain, leur donnant ainsi un avantage certain. Harry fut certainement heureux qu'elle connaisse autant de petits sorts qui facilitaient la vie quand il vit l'attrapeur de Poufsouffle chercher le vif avec une main sur le front et les yeux plissés.

Après vingt minutes de jeux, Griffondor menait par 110 à 20 grâce au jeu d'équipe de leurs trois chasseurs, mais le score aurait pu être beaucoup plus large sans le talent de la paire de batteurs de Poufsouffle qui arrivaient à contrecarrer nombres de leurs formations d'attaque et de défense. Ce fut à cet instant qu'Harry aperçut pour la première fois le vif qui flottait à quelques mètres du poteau droit de Griffondor. Voyant que l'attrapeur de Poufsouffle, Thomas Gordon, était plus proche que lui, et ne voulant pas prendre de risques malgré la supériorité de son balai, il ne fit pas de geste brusque et se dirigea lentement dans cette direction en gardant un œil sur l'attrapeur adverse et une autre sur le Vif.

Cependant, le Vif ne resta pas immobile et se déplaça, ce qui attira l'attention de Gordon, et la course fut lancée. Harry ne perdit pas de temps et se pencha sur son balai, atteignant la vitesse maximale en quelques secondes et en commençant à gagner du terrain sur son vis-à-vis, alors que la foule des supporters se levait et que leurs cris d'encouragement retentissaient dans le stade.

Heureusement, la réputation de meilleur attrapeur que Poudlard n'ait jamais connu n'avait pas été attribuée par hasard à Harry, et, lancé à pleine vitesse dans des manœuvres périlleuses, il réussit rapidement à rattraper son retard sur Gordon, puis à le dépasser lors d'un nouveau changement brutal de direction du Vif. Concentré sur la petite balle dorée qui brillait sous le soleil, entouré par les bruits de fond du stade qui s'enflammait, Harry se pencha un peu plus et un sourire de bonheur apparut sur son visage alors que l'adrénaline commençait à envahir son corps sous l'effet de la vitesse et de l'excitation. Il continua ainsi pendant quelques secondes son duel avec le Vif, en oubliant presque l'autre attrapeur relayé à l'arrière-plan, puis dans un dernier effort, il réussit à l'attraper le saisir dans un dernier looping téméraire à travers l'un des anneaux de Poufsouffle.

Il fut alors de nouveau capable d'entendre les acclamations de la foule, et se posa, le poing renfermant le Vif d'Or levé vers le ciel, et ses coéquipiers qui le félicitaient regroupés autour de lui. Après avoir fait un tour d'honneur, portant une Aurore extatique sur ses épaules, il parvint enfin à rejoindre la prote des vestiaires, où Hermione l'attendait, un grand sourire sur le visage.

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Hermione descendait les marches qui menaient aux gradins de Griffondor, les joues rougies par le froid et le cœur battant encore la chamade après avoir assisté, angoissée, à la poursuite infernale d'Harry. Elle n'arriverait sans doute jamais à s'habituer à le voir ainsi, et les acrobaties les plus audacieuses qu'il tentait la faisaient souvent fermer les yeux de peur du danger qu'il encourrait sur son balai. Pourtant, elle savait qu'il était heureux en vol, et voir son sourire quand il jouait lui suffisait pour oublier ses soucis.

Arrivant au niveau du sol, elle décida d'éviter la foule des fans qui essayait de rejoindre les joueurs sur le terrain, et elle préféra attendre le retour de Harry devant les vestiaires, où elle était sûre de pouvoir lui parler et le féliciter à son tour. Au bout de quelques minutes, elle vit l'équipe de Griffondor se diriger dans sa direction, se frayant un chemin au milieu des supporters surexcités, et après avoir fait un signe à Ginny, son regard se posa sur Harry qui fermait la marche avec Aurore. Quand il l'aperçut, elle lui fit son meilleur sourire, et courut vers lui, l'embrassant avec passion en faisant attention de ne pas faire tomber Aurore de ses épaules. Elle ignora les sifflets des gens tout autour d'eux, ferma les yeux et se perdit dans son baiser avec Harry. Elle fut cependant sortie de cet état par la voix d'Aurore, qui s'était penchée en avant, regardant Harry et Hermione de sa place privilégiée et un air curieux sur le visage.

-Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-elle une fois qu'ils se furent séparés.

Hermione rougit alors, cherchant le meilleur moyen de répondre à cette question innocente et si embarrassante.

-Elle était en train de me dire bravo pour le match, expliqua Harry, dont la couleur du visage n'était pas tant due à l'effort qu'à la gêne.

-Mais tous les autres supporters ne t'ont pas félicité comme ça, remarqua Aurore avec un froncement de sourcil.

-C'est parce qu'Hermione est une personne spéciale pour moi, précisa Harry.

-Tu veux dire comme ton amoureuse ? interrogea Aurore.

Des rires retentirent autour d'eux de la part des autres joueurs et des élèves qui avaient assisté à la scène, et Hermione, le visage enflammé, essayait de se souvenir d'une fois dans sa vie où elle avait été plus embarrassée. Harry n'était pas moins mal à l'aise, et ce fut Ginny, un sourire sur le visage, qui répondit à Aurore tout en l'aidant à descendre de son perchoir.

-Oui, c'est ce qu'il voulait dire, dit-elle en riant. Maintenant, laissons les deux amoureux seuls et allons nous changer, ajouta-t-elle en menant la jeune fille vers le vestiaire féminin. Après tout, nous avons une fête en notre honneur qui nous attend dans la Salle Commune.

Quand les autres membres de l'équipe furent entrés dans les vestiaires et les supporters se furent dispersés, Hermione posa sa tête sur l'épaule de Harry qui la serra contre lui.

-C'était plutôt embarrassant, avoua-t-elle le visage encore rougi et un petit sourire sur le visage.

-Oui, répondit Harry, et beaucoup trop tôt pour subir la période des pourquoi de la part d'un enfant.

Hermione sourit, son cœur se réchauffant en remarquant qu'Harry n'excluait pas la possibilité de fonder un jour leur propre famille.

-Tu as très bien joué aujourd'hui Harry.

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Le lendemain, la performance de l'équipe des Griffondor était encore le centre de la majorité des discussions, mais Harry et Hermione n'eurent pas le temps de profiter de leur dimanche, car ils durent travailler avec Tonks sur les progrès de l'AD, ainsi qu'apprendre aux élèves les sorts les plus utiles qu'ils avaient trouvés et créés.

Le lundi suivant, alors qu'Harry assistait au dernier entraînement de Quidditch avant les vacances, Hermione se retrouva seule dans la réserve de la bibliothèque, en train de travailler sur un projet d'Arithmancie qui compterait pour ses ASPIC.

Elle était au beau milieu d'un calcul difficile lorsqu'elle entendit quelqu'un marcher discrètement dans l'allée voisine. Ayant retenu la leçon de son agression, elle dégaina sa baguette et attendit en silence, les yeux sur son livre, mais son attention tournée vers l'intrus. Après quelques secondes de tension, une voix fit sursauter Hermione qui s'était plutôt attendue à un mouvement soudain. Le fait que cette voix était féminine la rassura quelque peu.

-Nous pouvons te parler quelques minutes Granger ?

Elle se retourna et vit trois Serpentard qui se tenaient à quelques mètres d'elles. La fille qui lui avait parlé était Daphnée Greengrass, une élève mystérieuse de son année, et elle était accompagnée par Tracey Davis et Blaise Zabini, tous deux des membres également énigmatiques et silencieux de la Maison des Serpents. Le fait qu'ils n'aient jamais rien tenté contre elle ou Harry, contrairement à Malefoy et sa bande, ne la fit pas desserrer sa main d'autour de sa baguette.

-Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle enfin en se forçant à garder son calme.

Elle hésita à faire appel à Nora, mais elle résista à cette pulsion, se disant que les Serpentard n'avaient toujours pas montré d'hostilité.

-Est-ce que ça serait possible de parler dans un lieu plus privé ? demanda Zabini en regardant discrètement autour de lui les quelques élèves des années supérieures qui se trouvaient dans la réserve.

Hermione les scruta du regard pendant quelques secondes, et ne décelant toujours pas de mauvaises intentions sur leur visage, elle donna un signe de la tête et commença à ranger ses affaires. Juste avant de se lever, toutefois, elle appela Nora qui apparut dans un flash blanc et se posa gracieusement sur son épaule avec un petit cri mélodieux.

-Vous m'excuserez, dit-elle d'un ton neutre, mais je préfère prendre mes précautions. Nora nous suivra là où vous voulez discuter.

-C'est compréhensible avec ton expérience récente. J'aurais fait la même chose à ta place, acquiesça Davis alors que ses deux camarades approuvaient également d'un signe de la tête.

Dix minutes plus tard, Hermione se retrouva assise dans une salle de classe déserte, tous les sorts de sécurité jetés sur la porte, et en face des trois Serpentard. Ils paraissaient plutôt nerveux, et Hermione, même si elle faisait de son mieux pour le cacher, était curieuse de savoir ce qu'ils avaient de si intéressant à dire pour lui demander toute cette discrétion.

-Bon, voilà nous sommes venus te parler aujourd'hui pour te faire une proposition, annonça Greengrass qui semblait être le porte-parole de leur petit groupe. Nous, c'est-à-dire Tracey, Blaise, moi, ainsi qu'un certain nombre de Serpentard qui ont notre confiance, voudrions rejoindre le combat contre le Seigneur des Ténèbres. Et nous sommes venus te demander de nous accorder la possibilité d'intégrer les forces de l'AD…

Hermione, qui s'était attendue à une révélation intéressante, ne fut pas déçue, et, voyant le manque d'agitation de la part de Nora qui se tenait calmement sur son épaule, elle était presque certaine que la proposition des Serpentard était honnête et réelle, non pas qu'elle ne le vérifierait pas plus tard par des moyens plus fiables. Cependant, elle ne montra rien de sa surprise et se contenta de les regarder tout à tour, un soulèvement de sourcil comme seule réaction.

-En admettant que vous disiez la vérité et que vous puissiez nous apporter réellement quelque chose dans la guerre, dit-elle, qu'est-ce qui vous fait penser que j'ai le pouvoir de faire ce que vous me demandez ?

-S'il te plaît ne nous prend pas pour des naïfs, répondit Greengrass, nous savons très bien que le leader des forces anti-Voldemort est maintenant Potter, que les alliés non humains combattent pour lui et qu'il possède donc le commandement de son armée. Et même si la décision finale lui appartient, nous savons qu'il en discutera au moins avec toi et quelques autres personnes proches avant de la prendre.

-Pourquoi ne pas être allé le voir alors ? questionna Hermione qui avait déjà une idée de la réponse.

-Parler à Hermione Granger est beaucoup plus discret que de parler à Harry Potter qui est toujours observé ces derniers temps, et par les deux camps.

Hermione accepta cet argument avec un hochement de tête.

-Il reste les questions les plus importantes des raisons pour lesquelles vous voulez combattre à nos côtés et qu'est-ce que vous êtes prêts à faire dans la guerre, reprit-elle en observant leur réaction.

D'après l'expression de leurs visages, ils s'étaient attendus à de telles questions et avaient bien préparé leur plaidoirie.

-Pour ma part, avoua Greengrass, ma famille, même si elle a une ascendance de sang pur a toujours gardé ses distances avec les familles les plus puissantes comme les Malefoy, les Lestrange ou les Black de peur de se transformer en famille vassale comme les Crabbe, Goyle ou les Parkinson. Si le Seigneur des Ténèbres remporte cette guerre, nous ne pourrons plus résister, et même s'il ne nous tue pas pour ne pas avoir combattu pour lui, je deviendrai un trophée pour l'un de ses Mangemorts, et je me vois mal finir ma vie emprisonnée dans un manoir sombre aux ordres d'un meurtrier pervers…

-Les Zabini ont toujours été mal vus par les autres familles de sang pur, continua Blaise. Notre opinion sur les sorciers d'origine moldu et les moldus est très modérée, et nous avons même beaucoup d'investissements dans le Monde Moldu. La seule chose qui nous a protégés jusqu'à maintenant est notre réputation et notre grande richesse… Mais comme l'a dit Daphnée, si Voldemort gagne cette guerre, nous tomberons aussi…

-Quant à moi, poursuivit Davis, je me suis retrouvée à Serpentard par erreur. Mes parents sont tous les deux des sorciers d'origine moldue et je suis dans cette maison uniquement parce que je suis rusée et ambitieuse… Les Mangemorts n'hésiteraient pas à tuer ma famille dans une de leurs attaques si nous nous trouvions sur leur chemin. Je n'ai aucune envie de les voir gagner, comme tu peux t'en douter…

-Tous les autres élèves qui sont prêts à se battre sont tous plus ou moins dans les mêmes cas que nous, conclut Greengrass, et certains ont même perdu des membres de leur famille à cause de Voldemort. Nous voulons nous battre pour prouver que nous ne sommes pas tous des monstres et pour nous faire une place dans le monde de l'après-guerre du côté du camp que nous espérons qu'il sera le vainqueur. Quant à ce que nous pouvons apporter, ajouta-t-elle, en plus d'être des soldats de plus dans vos forces, nous pourrions vous servir d'espions à l'intérieur de Poudlard pour surveiller les actions des enfants de Mangemorts et leurs amis à Serpentard. Nous sommes restés très discrets au fil des ans, car il n'est pas très prudent de défier Malefoy, et donc ils ne suspectent pas nos plans et parlent sans trop de précaution en notre présence.

Un long silence tomba sur la pièce, alors qu'Hermione digérait toutes les informations qu'elle venait d'entendre. Si tout ce qu'ils avaient dit se révélait être vrai, l'avantage de les compter dans leur rang serait en effet très grand. Ils pourraient peut-être même prévoir les actions de Voldemort un peu mieux grâce à des espions dans Serpentard, même si cela resterait sûrement réduit à ce qui concernerait Poudlard, car le mage noir n'avait pas pour habitude de faire confiance à de simples élèves avec des plans qui ne les concernaient pas.

-Même si vous avez l'air d'être sincères et que je suis encline à vous croire, déclara-t-elle enfin aux trois Serpentard qui commençaient à montrer un peu d'agitation, vous savez sûrement que vous devrez prouver vos intentions par autre chose que des mots…

-Bien sûr, répondit immédiatement Greengrass, regagnant confiance en voyant qu'Hermione n'était pas opposée à leur idée, nous sommes tous prêts à nous soumettre à un test de Légilimancie et à signer un contrat magique qui nous obligera à respecter nos engagements.

Hermione dut alors bien reconnaître qu'ils avaient bien réfléchi à ce qu'ils venaient demander. Ils ne cédaient pas simplement à une impulsion ou une menace, mais ils avaient bien pris en compte tous les paramètres et étaient conscients qu'ils devraient faire leurs preuves avant de gagner leur confiance.

-Très bien, conclut alors Hermione avec un sourire, le premier depuis le début de leur conversation. Je préviendrai Harry et les autres personnes concernées de votre requête, mais si vous avez dit la vérité aujourd'hui, il n'y aura aucun problème. Après tout, il serait idiot de refuser des soldats volontaires lorsqu'on est en guerre.

Greengrass, Davis et Zabini se détendirent alors et des sourires apparurent sur leurs visages qui reflétaient celui d'Hermione. Ils paraissaient soulagés d'être parvenus à la convaincre.

-Merci Granger, reprit Greengrass, nous n'étions pas sûrs de ta réaction, surtout au vu de la manière dont tu as toujours été traitée par certains membres de notre Maison…

-Vous ne m'avez jamais rien fait de mal, répliqua Hermione avec un haussement d'épaules, et je n'ai jamais même parlé à la majorité des Serpentard. Je sais très bien que vous n'êtes pas tous des Mangemorts en herbe. Et puis vous pouvez m'appeler Hermione quand nous sommes en privé. Après tout, nous combattrons dans le même camp dans le futur.

Ils approuvèrent d'un signe de tête, puis ils se levèrent et se dirigèrent vers la porte, Blaise ôtant les sorts de sécurité avant de l'ouvrir.

-Très bien Hermione, répondit Daphnée après avoir vérifié que personne ne se trouvait dans les couloirs. Nous attendrons ton message qui nous précisera le rendez-vous pour le test. Prévoyez une pièce assez large, nous sommes 23 à vouloir rejoindre l'AD.

Quand ils furent partis après de derniers au revoir, Hermione attendit quelques minutes de plus dans la salle avant de sortir à son tour pour ne pas causer de suspicion.

-C'était assez inattendu, mais pas mal venu. Je me demande ce qu'en pensera Harry, murmura-t-elle alors que Nora poussait un petit cri d'approbation.

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Harry, Tonks et Mac Gonnalgall, à qui Hermione annonça la nouvelle, furent sans grande surprise du même avis qu'Hermione. Le fait que des élèves de Serpentard puissent vouloir échapper à la fatalité de la hiérarchie des sang-pur ne les surprit pas du tout, et la perspective de pouvoir bénéficier d'espions à l'intérieur de Poudlard les réjouit beaucoup.

Aussi, seulement deux jours après, les élèves Sermentards furent discrètement invités à rencontrer Harry, Hermione, Tonks et la directrice devant l'entré de la Salle sur Demande, dans le couloir du septième étage. Là, Tonks se livra à la longue tâche de vérifier par Légilimancie les intentions de tous les élèves et à leur soulagement, elle ne décela aucun traître. Ils signèrent ensuite le même formulaire que les autres membres de l'AD après avoir été prévenus des conditions, et l'AD se retrouva donc avec 23 nouveaux membres. Tonks avait déjà établi un planning de leurs séances en plus de celles communes avec les autres élèves afin de pouvoir rattraper leur retard.

-Comment allez-vous pouvoir cacher l'absence périodique de 23 élèves dans vos dortoirs ? questionna Harry lorsque toutes les choses furent organisées.

-Nous avons pensé que l'école pourrait organiser des cours de combat à main nue, proposa Daphnée qui était toujours le porte-parole des Serpentard. Personne d'autre que nous ne voudra y participer dans notre maison, et cela pourrait aussi servir d'alibi aux autres membres.

-Mais que ferons-nous si des élèves sont intéressés dans les autres Maisons ? demanda Mac Gonnagall qui avait suivi la conversation.

-Nous pourrions toujours les effrayer en leur montrant une démonstration de Sumotori ou de Lutte, puis en les prévenant que les blessures seront courantes dans ce cours, répondit un Serpentard d'origine moldue de cinquième année.

Les personnes qui savaient de quoi il parlait eurent toutes un petit sourire en imaginant la scène, et quand ils eurent expliqué les sports aux sorciers de sang pur, tout le monde reconnut que la proposition avait du mérite.

-Cela pourrait marcher, approuva Hermione avec un air pensif.

-Et si une personne a assez de courage pour ne pas se désister, elle sera sûrement digne de faire partie de l'AD, remarqua Tonks.

-J'annoncerai donc cela au dîner ce soir, annonça Mac Gonnagall avec un hochement de tête. Tonks sera le faux professeur, et nous pourrons collecter des souvenirs de ceux qui ont déjà assisté à un match dans des pensives pour la démonstration, car j'imagine que personne à Poudlard n'a jamais pratiqué ces sports…

Une fois que les préparations furent faites et que tout avait été organisé pour la communication entre Harry, Hermione, Tonks, l'AD et les Serpentard, ils commencèrent à quitter la Salle sur Demande en petits groupes pour attirer moins d'attention. Juste avant de sortir à son tour, Daphnée se retourna vers Hermione et Harry, et avec une pointe d'hésitation dans la voix, elle annonça :

-Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous. J'ai une dernière chose à vous dire… Voilà, nous savons qui a été impliqué dans ton agression.

Hermione sentit Harry se tendre à ses côtés, et elle entendit une exclamation de choc de la part de Tonks ou Mac Gonnagall derrière elle. Son cœur se mit à battre un peu plus vite, et elle frissonna alors que les souvenirs de cet événement lui revenaient en masse. Harry lui prit la main et elle se serra contre lui, sentant sa magie l'entourer et la calmer peu à peu.

-Pourquoi vous ne l'avez pas dit plus tôt, demanda-t-elle enfin. Nous vous aurions acceptés immédiatement si vous nous aviez donné des noms…

-Nous voulions garder un dernier argument au cas où quelque chose ne se passait pas comme prévu, expliqua Daphnée avec un haussement d'épaules.

-Nous sommes des Serpentard et la ruse est dans notre caractère, ajouta Tracey. Nous sommes désolés si cette épreuve a été difficile pour toi et que vous avez l'impression que nous jouons avec tes sentiments, mais notre futur était en jeu et nous ne voulions prendre aucun risque.

Hermione fit signe qu'elle avait compris et acceptait leurs raisons. Après tout, cela n'était pas vraiment important maintenant qu'ils lui diraient tout ce qu'elle avait voulu savoir depuis cette nuit.

-Qui était-ce ? Et pour quelles raisons l'ont-ils fait ? Etaient-ce les ordres de Voldemort ? demanda Tonks dont les réflexes d'ancien Auror ressortaient toujours dans les situations de crise.

-Celui qui a jeté l'Imperium sur Smith était Théodore Nott, dit Daphnée. L'idée venait de Drago Malefoy après que Pansy Parkinson et Millicent Bulstrode avaient entendu Smith se plaindre dans le Grand Hall de la réaction d'Hermione à ses avances. Il n'y avait pas d'ordre de Voldemort et je ne pense même pas qu'il ait été au courant du plan avant que tout cela n'arrive… Je pense que Malefoy était juste jaloux qu'on parle de Harry dans les journaux et pensait pouvoir briller aux yeux du Seigneur des Ténèbres en brisant son cœur.

Harry grogna et ses yeux s'illuminèrent avec la colère. Hermione se serra un peu plus contre lui à la fois pour ne pas qu'il perde son calme et pour se rassurer qu'elle était en sécurité. Derrière eux, Tonks et Mac Gonnagall ne dirent rien, mais leur tension et leur colère étaient évidentes sur leurs visages.

-Je sais que ce sera difficile pour vous, reprit Blaise après quelques secondes de silence, vous ne pourrez pas agir contre ceux qui ont pris part à l'agression.

-Quoi ? s'exclama Harry, dont l'aura commençait à apparaître. Je ne les laisserai pas s'en sortir avec ce qu'ils ont fait à Hermione.

Des expressions de peur apparurent sur les visages de Blaise, Daphnée et Tracey et ils firent tous un pas en arrière pour échapper à la pression immense de la Magie de Harry. Hermione se rapprocha de lui et posa sa main sur son épaule afin de le calmer.

-Ils ont raison Harry, déclara Tonks qui s'était aussi rapprochée de lui et qui ne flancha pas sous le regard furieux qu'il lui envoya. Si nous agissons soudainement, ils sauront qu'ils ont été dénoncés par un élève et s'ils ne sont pas tous envoyés à Azkaban, ils seront beaucoup plus prudents dans le futur et nous ne pourrons plus rien découvrir.

-Nous ne pouvons pas juste ignorer ce qu'ils ont fait, répliqua Harry en se calmant quelque peu, ils pourraient recommencer et pas seulement avec Hermione.

-Non, répondit Tracey, ils ont manqué de se faire prendre cette fois et vous auriez sans doute trouvé la baguette fautive dans la valise de Nott si vous aviez eu le droit de fouiller les dortoirs. Voldemort aurait été furieux de perdre son influence sur Poudlard et les aurait punis sévèrement. Ils ont eu très peur et ils ne recommenceront pas sans ordre direct, et dans ce cas nous pourrons vous avertir à l'avance.

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Finalement, ils avaient réussi à convaincre Harry, en grande partie grâce au soutien qu'Hermione avait apporté au plan, et les élèves de Serpentards furent invités à la session suivante de l'AD qui serait une fausse leçon de combat à main nue menée par Tonks dans le Grand Hall.

Les vacances de Noël étaient maintenant arrivées et Hermione se trouvait en compagnie de Harry sur le quai numéro neuf trois-quarts de la gare de Kingcross à l'arrivée du Poudlard-Express. Après une dernière promesse à Tonks et Ginny de les retrouver au Square Grimmaurd le jour de Noël, ils disparurent vers le Manoir Potter, contents de revenir enfin chez eux. Là, ils eurent la surprise de voir la face du manoir qui était décorée de guirlandes fleuries et de lueurs magiques qui scintillaient dans la pénombre de cette fin d'après-midi d'hiver.

-C'est magnifique ! s'exclama Hermione.

-Oui, approuva Harry, les Vélanes ont dû faire ces décorations… Je me demande si elles ont aussi décoré l'intérieur.

Il eut sa réponse quelques secondes plus tard en ouvrant la porte du manoir et en apercevant le gigantesque sapin qui se tenait fièrement dans le hall d'entrée et dont la cime atteignait presque le lustre de cristal deux étages plus haut. L'arbre était non seulement richement décoré et orné de toutes sortes de boules et lumières, mais il n'était pas coupé. Les Vélanes avaient réussi à le replanter dans un carré de terre qu'elles avaient transporté au milieu du hall. Sur la pointe du sapin, au lieu de l'étoile habituelle des arbres du Monde Moldu, se trouvait une figurine de glace enchantée sculptée sous la forme d'un phœnix, et qui tournoyait autour de l'arbre à intervalles réguliers en faisant pleuvoir des flocons de neige sur le sapin. Le reste de la pièce n'avait as été oublié, et de nombreuses guirlandes et lumières étaient placées dans les lieux les plus visibles du hall d'entrée et des grands escaliers de marbre.

Quand ils se furent remis de la beauté et de la magie des illuminations, Harry et Hermione dinèrent puis ils allèrent se coucher, prévoyant de visiter le village des Vélanes le lendemain pour les remercier de cette magnifique surprise.

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La veille de Noël arriva bientôt, et Harry et Hermione se promenaient dans la forêt de domaine, appréciant les couleurs des reflets du soleil sur la nature enneigée. Ils avaient prévu de rendre visite aux Vélanes et de passer la journée avec elles avant de retourner au Manoir pour fêter Noël ensemble.

Les courses de Noël avaient été faites, et Hermione avait convaincu Harry de faire un geste d'amitié envers leurs anciens amis en leur envoyant quelque chose. Aussi, ils avaient passé une journée entière au Chemin de Traverse qui était plutôt bien fréquenté en cette période de l'année malgré la peur d'une attaque des forces de Voldemort. Ils avaient notamment acheté des sucreries et des livres pour les Weasley, les membres de la première AD, Hagrid et même Mac Gonnagall.

Sur le domaine, l'atmosphère était chaleureuse, et les Vélanes, ravies de revoir Harry et Hermione, les avaient joyeusement accueillis dans leur village le lendemain de leur arrivée alors qu'ils venaient les remercier des décorations du Manoir.

Quand ils arrivèrent enfin au village forestier, ils furent rapidement entourés par les petites Vélanes, dont Gabrielle et Flore, qui voulaient les inviter à jouer. Mais avant qu'ils ne puissent répondre, Marie arriva, accompagnée de sa fille et des Delacour, et annonça à tout le monde qu'un banquet serait organisé pour le repas de midi. Ce fut ainsi qu'Harry et Hermione prirent joyeusement part aux préparations, discutant avec les villageoises et racontant les péripéties du premier trimestre à Poudlard pour occuper les plus jeunes.

Bientôt, le soleil fit son apparition au-dessus de la cime des arbres de la forêt, et ce fut comme un signal pour le début du merveilleux banquet. Les tables furent peu à peu recouvertes par des plats plus savoureux les uns que les autres, mélanges de fruits, baies et légumes de la forêt. Harry s'étonna de voir qu'il n'y avait pas de viande au menu, mais Jade lui expliqua que les Vélanes étaient végétariennes et refusaient de chasser les animaux qui fréquentaient les environs de leurs villages, même si certains villages côtiers s'adonnaient à la pêche.

Le repas était bien entamé, et des rires résonnaient à toutes les tables, reflétant la bonne humeur des participants, quand le miroir qui était dans la poche de Harry se mit à chauffer et vibrer. Alarmé, il le sortit, attirant l'attention d'Hermione, Marie, Jeanne, Fleur et Jade qui étaient les plus proches de lui. Dans les profondeurs du miroir, le visage agité et tendu de Wilvrok apparut.

-Harry Potter, les forces du Seigneur des Ténèbres ont envahi le Chemin de Traverse et sont regroupées à notre porte, annonça-t-il rapidement, provoquant des exclamations de surprise tout autour de la table. Nous nous sommes barricadés à l'intérieur de Gringott's, mais nous ne pourrons pas tenir longtemps, nous avons besoin de renforts.

-Combien sont-ils ? demanda Harry avec urgence, l'atmosphère légère de repas soudainement oubliée.

-Environ une cinquantaine de Mangemorts et une trentaine de Loups-garous transformés, répondit le Gobelin.

-Ont-ils attaqué les passants ? questionna Harry.

-Pas ceux qui n'étaient pas sur leur route, répliqua Wilvrok. Gringott's est leur cible principale et ils n'ont pas poursuivi ceux qui s'échappaient.

-Très bien Wilvrok, conclut Harry, nous arriverons dans le dos des Mangemorts pour les surprendre. Dès qu'ils relâcheront leur attention du siège, tentez une sortie pour les attaquer sur les deux flancs avec la supériorité numérique. Avertissez aussi le ministère. Les Aurors seront plus efficaces que l'AD contre des Loups-garous et nous devrons nous passer des Centaures dans un espace aussi restreint.

-Très bien Harry Potter, reprit Wilvrok. Nous agirons ainsi, et si nous nous en sortons indemnes, les Gobelins vous en seront redevables à jamais.

La connexion coupa alors et le silence tomba sur le village des Vélanes.

-Je suis désolé de mettre fin à ce merveilleux repas, annonça Harry en se levant, mais nos alliés sont en danger et ont besoin de renforts.

-Les Vélanes combattront à vos côtés Seigneur Harry, déclara Marie fermement en se levant à son tour.

-Merci, reprit Harry avec un sourire alors que les Vélanes se préparaient et que les enfants étaient raccompagnées à l'intérieur.

Bientôt, les Vélanes furent en tenue et en formation, Nora eut amené les armures de Harry et Hermione, et cette dernière donnait les instructions du combat aux guerrières, dont le bataillon armé et vêtu de tenues aussi efficaces qu'élégantes offrait une vision impressionnante. Hermione, pendant les différentes interventions des forces alliées, s'était beaucoup rapprochée des Vélanes, surtout des deux cousines Fleur et Jade, si bien qu'elle avait été fièrement intégrée au bataillon du village de Marie, partageant avec elles sa connaissance des sorts et apprenant l'art de la stratégie guerrière. Les Vélanes, ravies que leur Dame les rejoigne au combat, l'avaient accueillie avec joie et lui avaient même offert sa propre armure de leur fabrication qu'Harry avait beaucoup de mal à quitter du regard quand elle la portait.

-Nous nous rendrons à l'entrée du Chemin de Traverse par Portoloin, annonça Hermione en distribuant des objets divers dans les rangs des Vélanes. L'entrée sera peut-être gardée par les forces de Voldemort, alors restez prudentes. Une fois que nous serons dans l'allée, nous nous dirigerons rapidement vers Gringott's qui se trouve à l'opposé de l'entrée. C'est là que se trouvera la majorité des Mangemorts et Loups-garous et nous passerons aussitôt à l'attaque. Si vous êtes blessée, retirez-vous dans les rangs pour vous faire soigner ou vous échapper par votre Portoloin d'urgence qui vous ramènera à l'entrée du Domaine si votre blessure est trop grave. Si nous sommes débordés, retirez-vous quand Harry, Marie ou moi-même en donnerons l'ordre, ou quand le combat vous semblera perdu si par malheur nous tombons. Bon courage et j'espère vous revoir toutes ici à notre retour.

Un murmure ferme d'approbation retentit dans les rangs des Vélanes, et bientôt, tout fut prêt pour le départ. Après un dernier baiser, Harry et Hermione disparurent du domaine Potter, suivi de près par le bataillon des Vélanes.

Traverser le Chaudron Baveur et déborder la quinzaine de Mangemorts qui montaient la garde devant l'entrée du Chemin de Traverse furent l'affaire de quelque minute grâce au formidable pouvoir de l'aura des Vélanes sur les hommes de Voldemort, et sans plus tarder, Harry et ses alliées se dirigèrent vers Gringotts, avec rapidité et discrétion.

Quelques minutes plus tard, ils tombèrent donc sur l'arrière-garde du siège de Gringotts, causant de nombreuses pertes dans les rangs des ennemis avant qu'ils puissent s'organiser et faire face à cette nouvelle menace. Dès le premier abord, il était évident que les forces de Voldemort ne possédaient aucun sens de l'ordre ou de la stratégie guerrière. Harry ne savait pas si cela était dû à l'origine non moldue des Mangemort ou aux instincts animaux des Loups-Garous, mais ils étaient disséminés aléatoirement dans l'allée, dans une mêlée chaotique et attaquaient sans coordination. Aussi, ils furent rapidement débordés par l'impitoyable efficacité des Vélanes, qui bien que moins puissantes magiquement que les Sorciers et physiquement plus faibles que les Loups-Garous, étaient remarquablement bien organisées, se partageant les tâches défensives et offensives dans un ballet aussi gracieux que mortel.

Cependant, le nombre des ennemis était beaucoup plus grand que le leur et même la redoutable puissance de Harry ne parvint pas à empêcher les Loups-Garous de se rapprocher peu à peu et entrer au corps à corps contre les Vélanes. Harry vit avec horreur quelques unes tomber à terre sous les coups de griffes terribles des Lycanthropes, et disparaître aussi tôt grâce à leurs Portoloins d'urgence.

Il redoubla ses efforts et se dirigea vers l'avant-garde pour repousser l'ennemi en attendant le renfort des Aurors, et la sortie des Gobelins qui permettrait de briser les rangs des Mangemorts qui s'étaient réfugiés à l'abris de l'aura des Vélanes et qui servaient de couverture aux Loup-Garous qui avançaient toujours, faisant de plus en plus de dégâts. Rassemblant plus de puissance magique dans sa baguette, il passa à l'offensive.

-Creparum !

Aussitôt, une gigantesque explosion de Magie blanche retentit au beau milieu des Mangemorts qui se trouvaient devant les portes de Gringotts, les faisant voler à grande vitesse dans les air et contres les murs de l'allée. Le résultat fut aussitôt évident.

Privés de leur couverture, les Loups-Garous recommencèrent à reculer devant les sorts et les boules de feu des Vélanes. De plus, l'entrée de la banque étant maintenant dégagée, les portes s'ouvrirent et une vingtaine de Gobelins en armes sortirent en chargeant les derniers Mangemorts encore debout.

Pendant ce temps, Harry rallia les Vélanes et malgré leur nombre diminué, il les mena contre les Loups-Garous.

-Gladius Argentis ! cria-t-il en pointant sa baguette vers un lycanthrope qui essayait d'attaquer le flanc droit du bataillon.

La créature fut projetée violemment par la lame d'argent produite par le sort, et elle mourut avec un cri aigu que Harry se força à ignorer.

-Tripalum Argentis ! Tripalum Argentis ! Tripalum Argentis ! lança-t-il à répétition vers les rangs avançant de Loups-Garous.

Mais malgré les renforts des Gobelins, les Loups-Garous étaient encore en supériorité numérique, et Harry commençait à s'inquiéter du nombre croissant de Vélanes blessées au combat.

Mais à peine avait il commencé à réfléchir à une solution, un cri retentit derrière eux, et il fut soulagé de voir les Aurors arriver sur le lieu du combat. Ils étaient environ une quinzaine, et Harry remarqua qu'il y avait majoritairement des femmes, ce qui pouvait se comprendre avec la nécessité de combattre efficacement aux côté des Vélanes.

Avec leur aide, les forces alliées prirent enfin l'avantage pour la première fois depuis le début du combat. Les Aurors se rendirent de suite aux avant-postes, laissant les Vélanes les couvrir, se reposer, et panser leurs plaies après leur effort prolongé. Harry, qui était loin d'avoir utilisé assez de Magie pour pouvoir vider ses immenses réserves, se joignit à eux, assez largement avantagé par les sorts anti-Loups-Garous spécialement inventés par Hermione et lui.

Cependant, alors que le nombre d'ennemis commençait enfin à diminuer et que l'issue du combat semblait être décidée, Harry entendit un son qui le rempli d'effroi. Reconnaissant immédiatement la voix d'Hermione, il se retourna et vit un Mangemort, immobile et prostré au-dessus de son corps effondré et parcouru de convulsions résultant du sortilège Cruciatus. Son sang se glaça, et remarquant à peine que le Mangemort ne semblait plus pouvoir bouger, il agit instinctivement en relâchant une énorme vague de Magie pure vers le Sorcier qui avait osé attaquer Hermione.

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Le combat avait été difficile pour Hermione et les Vélanes, qui malgré leur coordination supérieure, avait été mises à l'épreuve contre le grand nombre de Loup-Garous qui étaient malheureusement insensibles à leur aura sous leur forme transformée. Pourtant elles avaient réussi à tenir jusqu'à l'arrivée des Aurors et Hermione se tenait maintenant sur le flanc droit du bataillon aux côtés de Jade et Fleur, alors que Marie dirigeait le flanc gauche. Elle essayait maintenant de reprendre des forces, jetant quelques sorts de temps en temps pour appuyer ou protéger les Aurors, mais ses yeux étaient constamment attirés vers Harry, qui se tenait puissant, fier et insurmontable au milieu de la mêlée, relâchant sort après sort, sans difficulté apparente et sans jamais rater sa cible. Malgré la situation, elle fut embarrassée de sentir ses joues rougir à la pensée de l'effet que l'image presque épique de Harry pouvait avoir sur elle.

Mais elle fut brutalement ramenée vers le monde réel par un sort derrière elle, et elle s'en voulut d'avoir baisser sa garde.

-Endoloris !

Même si elle s'attendait à ressentir de la douleur après avoir entendu le sortilège être jeté vers elle par un Mangemort qui avait réussi à contourner discrètement les Vélanes, rien n'aurait pu la préparer à l'infernale agonie qui la prit dès l'instant où elle fut sous l'emprise du sort. Elle n'avait jamais rien ressenti d'aussi douloureux. Tout son corps parut être traversé par des milliers de lames chauffées à blancs et retournées dans ses plaies, et elle ne put empêcher le cri suraigu qui échappa de sa bouche et qui alerta les Vélanes autour d'elle.

Ce fut à travers les larmes de douleur qui coulaient librement de ses yeux qu'elle vit Fleur et Jade se retourner, leur visage horrifié alors qu'elles crièrent son nom et accoururent à son secours. Aussitôt, la douleur stoppa, et Hermione sentit son corps se relâcher, les nerfs encore à vifs et les muscles tremblant d'épuisement. Ouvrant lentement les yeux, elle vit le Mangemort, prostré au-dessus d'elle, le regard vide et la bouche béate, totalement ensorcelé par l'aura de toutes les Vélanes qui l'entouraient. Mais avant qu'aucune d'elles ne puisse faire quoi que ce soit de plus que le tenir sous leur charme, il fut attaqué par une vague de Magie Blanche qui l'entoura totalement, et qui dégagea un sentiment de calme dans l'esprit d'Hermione et soulagea quelques peu son corps douloureux.

Cependant la Magie Blanche ne sembla pas avoir le même effet du tout sur le Mangemort. Son visage était déformé par la terreur et la douleur, sa bouche ouverte dans un hurlement silencieux, et une brume noire semblait s'échapper de son corps. Enfin, après quelques secondes, la Magie Blanche se dissipa, entraînant avec elle la brume noire, et le sorcier s'effondra au sol, les yeux vides et le visage éteint.

Hermione fut tirée de ce spectacle morbide par Harry qui apparut devant elle si soudainement qu'elle était sûre qu'il avait transplané à travers les boucliers du Chemin de Traverse pour arriver à elle. Il la prit aussitôt dans ses bras, vérifiant qu'elle allait bien, alors qu'Hermione s'autorisa à se relaxer dans ses bras, rassurée par sa chaleur et sa douleur s'effaçant peu à peu grâce au chant harmonieux de Nora qui venait d'apparaître sur l'épaule de Harry.

-Hermione ! s'exclama Harry en enfouissant son visage dans son cou. Tu vas bien ? Tu n'es pas blessée ? Allonge toi, je vais m'occuper de toi, ne t'inquiète pas. J'ai eu tellement peur…

Un sourire se dessina lentement sur les lèvres d'Hermione alors qu'elle essayait tant bien que mal de rassurer Harry, et puisant le réconfort dans son attitude surprotectrice. Elle se laissa aller quelques minutes dans ses bras, acceptant et retournant ses baisers soulagés, les battements de son cœur revenant peu à peu à la normale et son esprit se calmant après l'épreuve brutale qu'elle venait de connaître.

Maintenant que l'adrénaline commençait à baisser, elle sentait la fatigue et les courbatures envahir son corps, alors que les dernières rumeurs de la fin du combat retentissaient autour d'elle. Elle aperçut les Vélanes, tenant la garde en cercle défensif autour d'eux, et elle vit Fleur et Jade l'approcher, le soulagement visible sur leur visage.

-Dame Hermione ! s'exclama Jade les larmes aux yeux, surprenant tout le monde en la prenant dans ses bras et en sanglotant contre son épaule. Je suis désolé de ne pas avoir pu vous protéger. Pardonnez-moi je vous en prie ! Je jure que je ne vous laisserai plus jamais souffrir de cette manière.

Elle allait continuer à se confondre d'excuses, mais Hermione rassembla les dernières forces de son corps épuisé pour relever sa tête par le menton et la regarder droit dans les yeux.

-Jade, arrête tout de suite, dit elle d'un ton ferme mais avec beaucoup d'affection dans sa voix. Personne ne pouvait prévoir ce qui est arrivé, et toi et toutes les autres m'avez sauvée en ensorcelant ce Mangemort avant que le Cruciatus ne puisse faire des dégâts irréversibles. Grâce à vous, je vais bien et je serai de nouveau en pleine forme après un peu de repos. Alors je devrais plutôt te remercier, il n'y a aucune raison de t'en vouloir, finit-elle en reprenant la Vélane dans ses bras alors que les bruits autours d'eux se calmèrent enfin, signifiant la fin du combat.

Quelques minutes plus tard, des cris joyeux retentirent pour célébrer leur victoire, et même si le nombre des blessées parmi les Vélanes avait été assez conséquent, tout le monde avait beaucoup d'espoir quant à leur survie grâce aux Portoloins d'urgence qui les avaient ramenées au Manoir Potter où elles seraient rapidement soignées.

Jade et Harry refusèrent de s'éloigner d'Hermione, et Harry laissa à Wilvrok et au commandant Auror régler les derniers détails sur place, alors qu'il prit tendrement Hermione dans ses bras et transplana vers le Manoir, rapidement suivi par les Vélanes avec leurs Portoloins, où un repos bien mérité et des nouvelles des blessées les attendaient.