- Titre : Yours Ever

- Auteur : Shinigami's Bride

- Genre : Romance, yaoï

- Couple : Shun/?, Aphrodite/Shura, Kanon/ (surprise)

- Disclaimer : Les personnages de Saint Seiya ne m'appartiennent pas ( malheureusement pour moi T_T ), l'histoire appartient à l'auteur Shinigami's Bride ( c'est-à-dire moi si vous avez pas encore tilté xD ).

Encore merci de votre fidélité et vos reviews qui sont le sel de ma vie de fanfikeuse.

Bonne lecture !


Chapitre 4

Dés que le Saint du Capricorne eut disparu, Aphrodite délaissa ses outils et ses précieuses roses pour rentrer dans son Temple, suivi par Shun avec son matériel à dessin sous le bras. Le Suédois invita le jeune homme à rejoindre Shura au salon pendant qu'il allait dans sa chambre endosser sa tenue pour sortir.

Bien que surpris par cette demande, s'attendant plus à être congédié maintenant que le maître des lieux allait sortir, Shun obtempéra et alla rejoindre l'Espagnol qui avait pris place sur l'un des somptueux canapés de cuir blanc du salon. Le jeune Chevalier adressa un timide bonjour à son aîné avant de prendre place sur le fauteuil à son opposé. Shura lui rendit la politesse d'un simple hochement de tête puis se mit à observer suspicieusement le jeune homme.

Pour une raison qu'il ignorait, l'idée de savoir son ami en compagnie de ce jeune éphèbe lui avait fortement déplu. Pourtant à le voir devant lui, il se demanda une fois de plus la raison de son dégoût. Peut-être s'était-il inquiété à cause de la réputation de Don Juan que l'on attribuait à son compagnon d'armes et avait eu peur que le jeune Shun n'eut à subir les avances du Suédois. Il était vrai que si cela était arrivé, il en connaissait un qui n'aurait pas du tout apprécié de l'apprendre. Et il préférait éviter à son ami la vengeance d'un Phoenix au comble de la rage.

Mais visiblement, ce n'était pas le cas. Shun semblait tout à fait normal et, malgré la position de proximité où il les avait trouvé, rien ne trahissait une quelconque tactique de séduction dans les gestes qu'il avait aperçu pendant qu'il les avait observé en cachette. Les deux androgynes du Sanctuaire n'avaient eu que des rapports purement amicaux durant tout le temps de son observation et ce fut, avec un soulagement suspect, qu'il s'était fait entendre et avait interrompu l'échange des deux Chevaliers.

- Mon pauvre Shura, tu t'es encore fait des idées et tu as foncé tête baissée comme un idiot. Jamais Aphro n'oserait s'en prendre à un gamin comme Shun, qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? Reprends-toi ou sinon tu donneras raison à ce stupide Crabe : " les bêtes à cornes foncent toujours sans réfléchir, normal pour des cervelles de piafs ! ". Grrr... je lui en donnerai moi de la cervelle de piaf !

Tout à sa réflexion, Shura ne remarqua pas les fréquents coups d'oeil que lui jetait le jeune Andromède. En effet, depuis qu'il s'était installé face à l'Espagnol, Shun ne pouvait s'empêcher de l'observer en catimini. Il le détailla des pieds à la tête, de ses épaules larges à son torse bien dessiné, ses longues jambes fines et musclées, ses cheveux en bataille couleur de jais et son regard onyx perçant.

A tout point de vue, Shura était indéniablement un homme séduisant, irradiant de puissance, l'homme virile dans toute sa splendeur comparé à un être aussi efféminé qu'Aphrodite ou lui. Et curieusement, ce constat l'amena à penser que lui et le Saint des Poissons feraient un très beau couple. A l'image de celui que formait Milo et Camus qui étaient le Feu et la Glace, les deux protagonistes créaient un tout. L'alliance de la fragile beauté de l'Apollon des Poissons à la force brute du Capricorne, la Belle et la Bête. L'aspect délicat du Suédois trouvait sa complémentarité dans la carrure athlétique de son compagnon d'armes et confortait Shun dans son idée.

Chacun réfléchissant de son côté, ils n'entendirent pas Aphrodite revenir de sa chambre et ce dernier fut surpris de les trouver aussi distant et du silence qui règnait dans la pièce.

- Et bien, je vois qu'on s'amuse bien ici ! J'espère que je ne vous dérange pas, ironisa le Suédois avec un sourire narquois.

Aussitôt, les deux Chevaliers prostrés se tournèrent dans sa direction et purent constater le changement chez le maître des lieux. Celui-ci avait revêtit un pantalon en toile blanc taille basse d'une coupe parfaite, resseré au niveau de ses hanches fines dessinant ainsi sa silhouette svelte, et une chemise sans manches bleu azur dont les deux derniers boutons avaient été laisser ouvert, laissant apercevoir son torse fin. Ses bras n'étaient pas exagérément musclés, les biceps légèrement bombés. Autour de son cou, un petit foulard blanc était noué en cravate, ajoutant à sa délicatesse et méprenant quiconque ne le connaissant pas sur son véritable sexe.

Shun aussi bien que Shura fut complètement sous le charme. On avait beau médire sur la réputation de coureur de ce cher Aphrodite, il n'en était pas moins un homme à la beauté délicate et au charme ravageur. Le Suédois eut un sourire ravi à la vue de la réaction de ses homologues qui pour lui fut le plus beau des compliments.

Shura finit par sortir de sa léthargie à la vue de ce sourire et se leva en tapant joyeusement des mains.

- Bien, maintenant que Miss Monde a daigné sortir de sa tour d'ivoire, pouvons-nous y aller ?

Aphrodite ne parut en rien offusquer par la remarque de son ami et acquiesça de la tête. Après tout, il était habitué à l'humour particulier de son ami, une des choses qu'il aimait chez lui.

- Bon ben, je vais vous laisser, fit timidement Shun en rassemblant ses affaires, se sentant maintenant de trop.

Une fois son matériel en main, il fila vers la sortie sans un regard pour ses hôtes. Mais alors qu'il allait franchir la porte du salon, la voix du Suédois l'arrêta.

- Attends Shun ! Ca te dirait de venir avec nous ?

Le jeune homme se retourna vivement et fixa le maître des lieux avec ses yeux brillant de surprise et d'incompréhension. L'amoureux des roses récolta un regard similaire de la part du Capricorne. Le genre de regard voulant dire "qu'est-ce que tu prépares encore ?", et il y répondit par un autre que l'Espagnol traduit par un "je t'expliquerai plus tard, fais-moi confiance !".

De son côté, Shun ne vit rien de cet étrange échange et dit d'une voix incertaine :

- Euh... Je sais pas trop... Vous aviez prévu de sortir tous les deux, je ne voudrais pas déranger vos projets.

- Ne t'en fais pas, nous allons dans un Pub tenu par des amis donc ça ne pose aucun problème. Et puis, cela nous fait plaisir de t'avoir avec nous, n'est-ce pas Shura ? fit Aphrodite en dédiant à son compagnon un sourire de connivence.

- Ouais, grogna ce dernier, essayant de ne pas trop montrer son désaccord.

- Donc tout va bien ! s'exclama Aphrodite, ravi.

Shun l'observa longuement, indécis sur ce qu'il devait faire. D'un côté, il ne voulait pas être une gêne pour les deux Chevaliers et préférait retourner dans sa chambre, mais de l'autre, il mourrait d'envie d'accepter, voyant ici la chance de mieux connaître les deux hommes et, peut-être, trouver un moyen pour qu'ils se rapprochent.

Sa nature généreuse et son côté entremetteur eurent raison de ses réticences et il opina de la tête, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres.

- Parfait ! Alors, allons-y ! fit le Suédois en rejoignant le jeune homme.

Sans se faire prier, Aphrodite se saisit de ses affaires, les posa sur un meuble à côté de la porte d'entrée et lui prit le bras pour l'emmener dehors manu militari, ne laissant aucune échappatoire au jeune Andromède qui n'eut pas la force de protester.

Shura n'émit aucune objection et, faisant mauvaise fortune bon coeur, il suivit docilement les deux androgynes du Sanctuaire.

Choisissant de prendre leur temps, les trois hommes descendirent tranquillement les escaliers du Sanctuaire. Ils passèrent un à un chaque Temple, faisant signe à son occupant lorsque celui-ci était en vue. Ils eurent le loisir de saluer Camus qui interrompit sa lecture de l'un de ses ouvrages pour leur répondre. Ensuite, ils traversèrent les Maisons du Capricorne et du Sagittaire vide de leurs propriétaires, le premier faisant parti du groupe et le second rarement chez lui. Ils croisèrent Milo en train de monter les marches pour rejoindre son bien-aimé. Celui-ci les arrêta un instant pour échanger quelques mots puis les quitta en leur souhaitant une bonne journée.

Ensuite, ils dépassèrent la Maison de la Balance sans rencontrer le maître des lieux, ce dernier se trouvant auprès de Shion dans la palais du Grand Pope. Quand ils s'engagèrent dans le Temple de la Vierge, le cosmos de l'Indien les informa que celui-ci était en pleine méditation et ils traversèrent sa maison le plus discrètement possible pour ne pas le déranger. Arrivés chez Aiolia, ils virent le fringant Lion se faire coursé par son frère le menaçant des pires tortures s'il ne lui rendait pas le livre que lui avait prêté Saga. Le tandem passa devant eux sans les voir et, après un haussement d'épaules général, ils continuèrent leur route.

Lorsque le Temple du Cancer fut en vue, Shun nota le frémissement qui avait parcouru Shura à l'approche de la demeure de son ami. Apparamment, celui-ci craignait toujours les représailles de leur petite joûte verbale de ce matin. Il esquissa un petit sourire amusé à cette constation et ne s'étonna pas de l'entendre les prier de presser le pas, traversant la Quatrième Maison du Zodiaque presque au pas de course sous les regards rieurs de Aphrodite et Shun. Heureusement pour le Saint du Capricorne, la propriétaire de la dite demeure était aux abonnés absents.

A leur étonnement, ils ne trouvèrent personne non plus dans le Temple des Gémeaux. D'ordinaire, il y avait toujours l'un des jumeaux présent que ce soit Saga en train de lire un livre de sa bibliothèque personnel ou Kanon paressant dans le divan du salon tout en regardant la télé. Il était rare que les jumeaux soit absent en même temps. Suite à cette découverte, ils reprirent leur route. Ils arrivaient à mi-chemin du Deuxième Temple d'or quand ils croisèrent la fratrie des Gémeaux remontant vers leur domaine, les bras chargés de paquets remplis de victuailles. Et vu la quantité, il devait y en avoir pour un régiment.

Se rappelant du pourquoi d'une telle abondance, Aphrodite fut le premier à les aborder sur un ton enjoué :

- Salut les frangins ! Alors, vous avez fait le plein ?!

- Il le faut bien, tu sais bien que c'est nous qui recevons cette fois, répondit Saga, le ton neutre mais avec une pointe d'agacement.

- Ouais et demain soir, on va s'éclater comme des bêtes !!! s'écria Kanon avec un grand sourire.

Shun comprit aussitôt les tenants de la conversation. Autant que le déjeuner en commun dans le palais du Grand Pope était important, le premier Samedi du mois, une fête était organisé dans l'un des Douze Temples et c'était devenu une tradition respectée scrupuleusement. Un roulement avait été mis en place et les jumeaux étaient ceux qui recevaient ce mois-ci. Cette nouvelle le frappa.

- Je suis tellement préoccupé par mes tourments ces derniers temps que j'en ai oublié la fête. Je suis encore plus atteint que je ne le croyais. Vivement que je retrouve mon inconnu pour que tout redevienne normal. Je ne veux pas les inquiéter davantage.

Sur cette pensée, il reprit le cour de la conversation et il vit Kanon les dévisager un par un avant de leur demander :

- Vous sortez tous les trois ?

- Oui, nous allons au Twilight, lui répondit Aphrodite d'une mine réjouie. Tu veux te joindre à nous ?

- Et comment que je veux ! s'exclama l'ancien général de Poséidon. J'aide mon frère à ranger tout ça, j'enfile quelque chose de propre et je vous rejoins.

- Okay, à tout à l'heure ! le salua le Suédois en reprenant la descente des marches.

Les trois hommes continuèrent leur progression. Au Temple du Taureau, ils virent Aldébaran en pleine scéance de musculation, soulevant de la fonte de taille et de poids impressionnant. Ils passèrent devant lui en lui faisant de grands sourires, amusé par la scène. Aphrodite poussa le vice au point de l'avertir d'y aller modérément s'il voulait encore pouvoir passer les portes. Le colosse accueillit la plaisanterie avec désinvolture et s'en retourna à ses exercices.

Enfin, les trois Chevaliers d'Athéna débouchèrent sur le Premier Temple placé sous le signe du Bélier. Le maître des lieux ne leur accorda que peu d'attention, se trouvant en pleine séance d'entraînement avec son disciple, le jeune Kiki. Cependant, il eut un sourire bienveillant à l'encontre du cadet du trio, sourire qui lui fut rendu par le concerné.

Une fois sorti du Temple du Bélier, ils dépassèrent la grande arche annonçant l'entrée du Sanctuaire et, d'un commun accord, ils se téléportèrent, Shura se donnant le rôle de guider Shun puisqu'il ignorait leur destination.

Ils se matérialisèrent dans une petite ruelle bordant la rue principale de la cité. Sans plus de cérémonie, Aphrodite s'empara du bras gauche de Shun et l'entraîna dans la foule, suivi par Shura qui les darda d'un regard soupçonneux. Si proche l'un de l'autre, Shun ne put s'empêcher de penser qu'ils ressemblait à un couple. Mais ce qui le mit particulièrement mal à l'aise furent les regards de convoitise qu'ils rencontrèrent sur leur chemin. Il les emputa à la présence d'Aphrodite à ses côtés et eut un petit sourire en imaginant leurs pensées.

Le Saint des Poissons le remarqua et se pencha à son oreille pour lui murmurer de façon à n'être entendu de personne d'autre :

- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça, Petit Ange ?

- Rien mais je vois que tu déchaîne toujours autant les passions, répliqua le jeune homme, passant sur le surnom donné par son vis-à-vis.

- Et à quoi tu vois ça ? s'enquit l'éphèbe à la chevelure turquoise.

- Il suffit de voir comment tous ces gens te regardent, répondit Shun. Tu ne passes pas inaperçu.

- Oh mais je ne suis pas le seul responsable de cet engouement. Tu as aussi ta part dans l'affaire, mon cher ami.

- Tu dis n'importe quoi, se rembrunit aussitôt le jeune homme.

- A ta guise, mon Chaton. Mais je te le dis, tu es tout aussi séduisant que moi, le contredit le Suédois avec un sourire sournois.

Ne voulant en entendre davantage, Shun tourna la tête dans la direction opposé à son compagnon. Contrairement à ce que l'amoureux des roses insinuait à son propos, Shun ne se trouvait en aucun cas séduisant. Il se jugeait quelconque, trop banal, ordinaire, il n'avait jamais pu se faire à son physique androgyne qui l'avait toujours fait paraître faible lors de son entraînement sur l'Île d'Andromède et qui lui avait valu d'être mis à l'écart par les autres aspirants. Résultat, son apparence était un vrai tabou pour lui. Pas comme Aphrodite qui en avait fait sa force et en semblait fier.

Son regard se perdit sur les vitrines des magasins qu'ils longeaient et il put y voir son reflet. Se voir entouré de deux hommes aussi charismatiques que Shura et Aphrodite conforta son sentiment d'infériorité.

Puis ses yeux furent attirés par le reflet du Capricorne marchant deux pas derrière eux. C'est là qu'il vit l'expression de son visage. Celui-ci semblait contrarié, un pli soucieux trônant sur son front, et fixait les deux androgynes avec un regard voilé d'amertume.

Il n'eut pas le temps de se questionner sur le destinataire de ce regard que Aphrodite les arrêta devant leur point de chute.

- Nous y voilà !

Aussitôt, Shun reporta son attention sur le bâtiment qui leur faisait face. La façade de l'établissement d'un bleu électrique semblait des plus modernes avec les néons accrochés ça et là sur les parois et le nom "Twilight" écrit en lettre manuscrite sur l'enseigne.

Aphrodite l'entraîna derechef à l'intérieur, saluant au passage d'autres clients de sa connaissance qui sortaient. Dés son entrée, le Suédois fit un salut général à l'assistance présente, salut rendu avec beaucoup d'enthousiasme.

Tétanisé par la surprise, Shun ne revint sur terre qu'une fois installé à une table un peu à l'écart et d'où l'on voyait l'ensemble de la salle. Celle-ci était très spatieuse et se composait d'un immense bar en bois juste en face de lui, un grand miroir occupant le mur juste derrière et deux étagères remplies de bouteilles en tout genre et au contenu de toutes les couleurs. Plusieurs tables étaient disposées à différents endroits, chacune à une distance raisonnable afin de conserver une certaine intimité entre les clients. Un peu plus loin dans la pièce, dans une semi pénombre, une petite piste de danse avait été installé pour les quelques couples désireux de s'y essayer. Le tout bercé dans une ambiance tamisée dû aux spots accrochés au plafond.

- Alors Shun, comment trouves-tu cet endroit ? s'enquit Aphrodite avec un ton très jovial.

- C'est très... original, admit-il après avoir cherché soigneusement le mot adéquat.

- Content que ça te plaise, sur ce, dis-moi ce que tu veux boire et ne t'en fais pas, c'est moi qui paye alors demande ce que tu veux !

Devant l'entrain visible de son compagnon, Shun ne put protester et demanda un simple jus de fruit, n'étant pas porté sur l'alcool. Shura choisit de prendre un Blue Lagoon. Le Saint des Poissons alla de ce pas jusqu'au bar et commanda les boissons au barman, propriétaire du pub et un bon ami. C'était un homme d'environ trente ans, d'origine latine, le teint halé, les cheveux bruns coiffés à la militaire, très musclés avec des tatouages tribaux sur les bras.

- Salut Beauté ! s'écria le patron en l'apercevant. Qu'est-ce que je te sers ?

- Un Blue Lagoon, un Lady Love et un jus de fruit, s'il te plaît Marcus, lui récita le Suédois.

- Ca marche !

Avec rapidité et professionalisme, le dit Marcus s'empara des bouteilles dont il avait besoin et se mit à faire les mélanges. Il enchaîna rapidement chaque préparation, se permettant de faire tourner ou voltiger les bouteilles dans ses mains, s'attirant les regards des clients assis au bar.

Alors qu'il continuait sa préparation, Marcus laissa errer son regard vers la table de ses amis et aperçut un jeune homme qu'il n'avait jamais vu auparavant et se permit d'en faire la remarque.

- Dis-moi, c'est qui le petit ange qui t'accompagne ?

- C'est un petit jeune qui travaille avec nous et tu as bien raison lorsque tu le qualifies d'ange, plus innocent que lui, tu meurs !

- Innocent peut-être mais diablement affriolant, rectifia le barman en le regardant avec envie.

- Attention, mon grand ! Si tu continue comme ça, je vais croire que tu me fais des infidélités, minauda l'Apollon du Sanctuaire avec une moue fâchée.

- Voyons, Aphro, tu me connais ! J'oserai jamais te faire ça !

- Et tu penses que je vais te croire sur parole, mon cher Marcus ?! fit-il, le ton démontrant plus une affirmation qu'une véritable question.

- Enfin bref, sinon pourquoi l'as-tu amené ? répliqua ce dernier, détournant malhabilement la conversation.

- J'ai pensé qu'il avait besoin de se sociabiliser un petit peu, voir d'autres gens que ceux qu'ils croisent au quotidien, le sortir de sa bulle, expliqua le Suédois.

- En gros, tu veux le dévergonder, résuma le latino avec un sourire complice.

- Comme quoi, tu es capable d'une synthèse juste et très précise quand tu veux, le taquina-t-il.

- Ouais et bien, si tu veux le "sociabiliser" comme tu dis, envoie-le moi, je me ferai un plaisir de parfaire son éducation, avoua Marcus avec un sourire prédateur.

Aphrodite ricana à cette proposition, attirant l'attention des autres clients sur lui, et plus particulièrement celle d'un certain Espagnol.

En effet, depuis que le Chevalier de la Douzième Maison du Zodiaque était parti chercher leurs commandes, Shura ne l'avait pas quitté des yeux. Voir Aphrodite flirté et attiré la convoitise était assez fréquent mais il en ressentait toujours une profonde amertume mêlée à un étrange sentiment qu'il n'arrivait pas à identifier. Dans son esprit, ces sentiments bataillaient sans relâche, l'amitié se heurtant à l'envie et, à son grand étonnement, un semblant de jalousie.

- Jaloux ? Pourquoi est-ce que je serai jaloux d'Aphrodite ? Ca n'a aucun sens, il est mon meilleur ami, mon confident, mon compagnon d'armes, je ne vois pas pourquoi je pourrai être jaloux de lui ou de l'attention qu'il obtient. Non, franchement, ça ne peut pas être ça, c'est impossible ! Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive ?!

Sur cette pensée, il serra les dents mais ne put empêcher un grognement rageur, très discret mais pas assez pour ne pas être entendu par son voisin.

En effet, Shun avait observé intensément les réactions de Shura depuis leur arrivée. Il n'avait pas manqué la façon dont les deux onyx de l'Espagnol couvaient Aphrodite complètement ignorant de ce fait. Ces deux orbes couleur de jais semblaient brûler d'une flamme intense et elles lui avaient paru s'assombrir encore plus à l'entente du rire du Suédois et la recrudécence des regards de convoitise à son encontre. Cette rage sourde au fond des yeux, cette étincelle aussi vive qu'une étoile, il n'y avait pas de doute possible. Shura était amoureux d'Aphrodite.

- Ils s'aiment et ils ne le savent pas... Quelle étrange situation... L'amour rend donc à ce point aveugle pour qu'ils ne voient pas cette lueur qui habite leur regard... Le bonheur est à portée de main et ils ne le savent même pas... N'y a-t-il aucun moyen pour leur faire ouvrir les yeux ?

Shun n'eut pas le temps d'approfondir la question qu'une main vigoureuse s'abattit sur son épaule, le faisant sursauter, et qu'une voix chantante résonna à son oreille.

- Salut la compagnie ! Je ne vous ai pas trop fait attendre ?!

Shun tourna vivement la tête et se retrouva nez à nez avec Kanon. Comme promis, celui-ci était venu les rejoindre et s'était changé. D'une tenue jogging décontractée, il était passé à quelque chose de plus habillé et plus près du corps : un jean taille basse moulant à la perfection ses cuisses fermes et musclées, des bracelets de cuir au niveau de ses poignets, un T-shirt moulant sans manche noir, soulignant agéablement son torse large et ses abdos, un tigre blanc lui traversant le tronc depuis l'épaule gauche jusqu'à la hanche droite.

- Non, pas le moins du monde, répliqua durement Shura, se renfrognant sur son siège.

- Et ben, je vois que t'es de bonne humeur. Qu'est-ce qui se passe ? Angelo t'a mis une trempe et tu l'as toujours pas encaissé ?

- Mes états d'âme ne te regardent absolument pas, Kanon.

- Ca va, vieux ! se défendit le Chevalier des Gémeaux en levant les mains en signe de paix. Je suis pas là pour me battre. Et si toi et tes états d'âme, vous alliez me chercher à boire, ce serait très gentil de votre part. Un Bloody Mary sans glaçon, merci ! conclut-il en s'installant à côté de Shun.

Shura se renfrogna encore plus face au sans-gêne de son camarade mais ne répliqua rien. Au lieu de ça, il se leva et partit vers le bar sans un mot. Shun le suivit du regard et le vit rejoindre Aphrodite et le barman. Un soupir le sortit de sa contemplation.

- Pfiou ! Ca ne s'améliore pas à ce que je vois.

Le jeune homme ne comprit pas ce qu'il voulut dire et l'interrogea du regard. Kanon s'en aperçut et lui fit un sourire d'excuse.

- Désolé mais ce sont des histoires d'ordre privé et je ne crois pas avoir le droit de t'en parler.

Shun médita sur ces paroles et la pensée que l'ancien général de Poséidon parlait justement de ce qui le tracassait fit son chemin. Kanon était-il au courant du quiproquo entre ses amis ?

Pour en être sûr, il se risqua à le demander, aussi subtilement que possible.

- Est-ce qu'il s'agirait... d'une histoire de sentiments amoureux réciproques... mais inconnus des principaux concernés ? fit-il, hésitant un peu sur les mots.

Mais une fois les mots sortis de sa bouche, il se sentit coupable. Après tout, qui était-il pour oser se mêler des affaires des autres ? Et si Kanon ne savait rien finalement, de quel droit le mettait-il au courant ?

L'expression surprise et déstablisée du Chevalier d'or eurent tôt fait de le culpabiliser encore plus. Il se morigéna intérieurement pour sa stupidité.

- Bravo Shun, t'as gagné le gros lot ! Tant qu'à faire, t'aurais aussi bien pu le crier sur tous les toits que ça aurait le même effet ! Mais qu'est-ce qui m'a prit de lui dire ?

Dans le même temps, Kanon regardait toujours Shun avec des yeux héberlués. Puis il se rasséréna et le fixa avec malice, offrant un petit sourire joueur au jeune homme assis à côté de lui.

- Alors toi aussi, tu t'en es aperçu ? lui demanda-t-il, son ton devenant narquois.

- Euh... oui, finit par admettre le jeune Chevalier avec hésitation, tout à coup gêné.

Et là, il se produisit une chose étonnante. Kanon serra les poings à hauteur de son visage et murmura un bref "YES" victorieux.

- Enfin ! Enfin quelqu'un d'autre s'en est rendu compte ! Je savais que je n'étais pas fou ! s'exclama-t-il joyeusement, un sourire goguenard peint sur son visage.

N'en croyant pas ses oreilles, Shun le dévisagea avec incrédulité, ce qui eut pour effet de calmer le débordement du Saint des Gémeaux. Ce dernier se reprit et consentit à s'expliquer.

- Oui, Shun ! Je suis au courant de ce qui se passe entre Shura et Aphro, donc ne t'inquiéte pas, tu n'as pas vendu la mèche. Et avant que tu ne me demandes comment je le sais, rappelles-toi que j'étais espion pour le compte de Poséidon. Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace alors je ne pouvais pas ne rien voir.

- Oh... fit le jeune homme, convenant que son explication tenait la route.

- Mais toi, dis-moi ! Comment l'as-tu deviné ? Moi, c'est normal comme je te l'ai dit et je suis proche d'eux. Mais toi, c'est autre chose. Tu ne quittes presque jamais la compagnie de tes amis ou de ton frère, même pendant les rassemblements, alors qu'est-ce qui a pu t'amener à le savoir ? s'enquit-il en le fixant ardemment, un rictus moqueur au coin des lèvres.

Shun se sentit mal à l'aise devant cette introspection et se retint de rougir en se rappelant comment il avait découvert le secret des deux hommes. Il se voyait mal avouer qu'il avait reconnu dans leurs yeux la même lueur d'amour qui habitait le regard d'un inconnu qui le hante dans ses rêves. Cette explication ne tenant pas la route, il trouva une autre réponse à formuler qui lui paraissait plus plausible.

- Je crois que... Au même titre qu'un espion, rien n'échappe à l'oeil attentif d'un peintre suffisamment observateur, éluda-t-il, s'efforçant d'être convaincant.

Cette explication sembla suffire à son homologue qui lui adressa un sourire complice. Shun s'autorisa à lui répondre par un petit sourire léger. Puis les deux hommes se tournèrent vers leurs deux amis en pleine discution avec le barman, le sujet semblant palpitant à voir la fougue déployée par le Suédois dans la conversation. Ils ne manquèrent pas l'oeillade attendrie de l'Esoagnol envers son ami.

- Est-ce que c'est aussi désolant pour toi que ça l'est pour moi ? lui demanda Kanon.

Shun hocha affirmativement de la tête, trouvant le qualificatif tout à fait approprié. Puis il lui posa à son tour une question.

- As-tu déjà essayé de leur en parler ? Ou du moins, indirectement, lui précisa-t-il.

- Non, quand je l'ai découvert, j'avais dans l'idée de laisser les choses venir d'elles même, pensant que ce genre de situation ne devait pas être provoquer. Mais depuis le temps a passé et je commence vraiment à désespérer de les voir ouvrir les yeux sur ce qui les lie, soupira-t-il, contrarié.

- Et maintenant ?

- Maintenant j'en suis à me demander si je ne vais pas les enfermer tous les deux dans une pièce sans fenêtre et ne les laisser sortir qu'une fois l'affaire conclue, avoua-t-il.

- Je sais que Aphrodite a pleinement conscience de ses sentiments mais il ne fera jamais le premier pas, répliqua Shun, tout à coup sûr de lui. Quand à Shura, je ne pense pas qu'il soit conscient de ce qu'il ressent.

- Qu'est-ce qui te fait croire ça ? lui demanda Kanon, intrigué.

- Son regard, répondit-il simplement, la mine pensive.

Malheureusement, Kanon ne put demander plus de précision au mystérieux garçon, sa tentative étouffée dans l'oeuf par l'arrivée des deux autres Chevaliers d'or et leurs boissons.

- Voilà pour vous, fit Aphrodite en déposant les verres face à leurs destinataires. J'espère que tu n'ennuies pas trop Shun, Kanon.

- Sache pour ta gouverne, mon cher Aphrodite, qu'il n'existe rien d'ennuyeux chez moi, répliqua celui-ci, sarcastique. De plus, je ne faisais que raconter à Shun quelques anecdotes sur mon passé d'espion.

- Ah bon et est-ce que tu lui as raconté le harcèlement abusif de cette charmante Thitys à ton encontre ?

- Ne m'en parles pas ! Rien que d'y repenser, j'en ai encore des frissons, soupira le Saint des Gémeaux, ne retenant pas un frisson d'horreur à la fin de sa phrase, provoquant l'hilarité de la tablée hormis Shun.

S'en suivirent d'autres anecdotes plus rocambolesques les unes que les autres, chacun des trois aînés allant de sa petite histoire. Dans cette ambiance détendue, Shun se sentit à l'aise. Il eut l'impression d'être intégré et se permit à son tour de conter quelques unes des frasques des Chevaliers Divins.

Peu à peu, les minutes s'égrainèrent, devenant des heures, et après une énième tentative de séduction de la part de Marcus qui les avait rejoint, Shun vit par la fenêtre que le jour déclinait et fut surpris de constater qu'il était plus 19 heures.

- Oh mon Dieu ! Il est déjà si tard, j'avais promis à Ikki de rentrer pour le dîner. Il faut que j'y aille ! s'écria-t-il en se levant précipitamment.

- Tu veux qu'on te raccompagne, proposa Aphrodite.

- Non, c'est bon. Je saurais retrouver mon chemin tout seul. Marcus, ce fut un plaisir de vous connaître, fit-il à l'intention du barman.

- Et un plaisir partagé, tu peux revenir quand tu veux, lui affirma ce dernier avec un sourire ravageur.

- J'y penserai. Je vous laisse, à plus tard !

- Attends Shun ! le hella Kanon en se levant. Je rentre avec toi, j'avais promis de pas trop tarder et je ne tiens pas à terminer mes jours dans une autre dimension à cause de mon retard.

Bien que surpris par la décision de l'ancien Marinas, Shun acquiesça, et après avoir saluer leurs amis, ils quittèrent le Pub et remontèrent la grande rue. Une fois qu'ils se furent assez éloignés, Kanon l'aborda.

- Shun ?

- Hum... répondit celui-ci sans détacher ses yeux de la route.

- Tu m'avais dis que tu avais su que Shura n'était pas conscient de ses sentiments à cause de son regard. J'aimerai que tu me l'explique si ça ne te dérange pas.

- Oh... fit-il en le regardant, étonné. Euh non, ça ne me dérange pas. Mais, s'il te plaît, ne te moque pas, le conjura-t-il, tout à coup gêné.

- Promis, le rassura Kanon en levant la main droite pour jurer.

Shun prit quelques secondes pour réfléchir puis se lança :

- Tu n'es pas sans savoir qu'on dit que les yeux sont le reflet de l'âme, j'ai remarqué qu'ils étaient aussi un bon moyen pour connaître les sentiments des gens. Au fur et à mesure de mes observations, que ce soit avec les personnes de mon entourage ou avec des inconnus, j'ai noté différents changements dans leur regard par rapport à la personne leur faisant face. Au fil du temps, j'ai appris à reconnaître les signes et j'ai pu être en mesure d'identifier les sentiments des autres, principalement celui de l'amour. Il y a toujours une sorte d'étincelle qui réchauffe le regard et lui donne un éclat incroyable. Pour moi, il n'y a rien de plus beau que le regard d'un homme amoureux, avoua Shun avec un petit sourire rêveur.

- Oui, je comprends où tu veux en venir, concéda Kanon. Mais pour Shur, tu as dit qu'il n'était pas conscient de ses sentiments, comment l'as-tu su ?

- Et bien, comme je te l'ai dit, j'ai vu l'étincelle dans son regard mais celle-ci n'était pas constante. Plus je le regardais, plus je voyais que son regard alternait deux émotions bien distinctes chaque fois que ses yeux se posaient sur Aphrodite. Un coup, il est aussi brillant qu'une étoile et plein de tendresse, et l'autre coup, il est sombre et empli d'amertume et de doute. Donc je pense qu'il est amoureux mais qu'il n'arrive pas à mettre un nom sur ce qu'il ressent et ça le perturbe beaucoup. Alors, il se sent très frustré et c'est la raison de ses sautes d'humeurs, conclut-il alors qu'ils arrivaient en vue de la ruelle par laquelle ils étaient arrivés.

- Ca alors, je l'aurais jamais cru, s'exclama le Saint des Gémeaux. Si un jour la peinture t'ennuie, tu devrais devenir psychologue, Shun. Tu aurais beaucoup de succés.

- Je prends ça comme un compliment.

- Et s'en est un, lui assura-t-il avec un sourire sincère.

Dés qu'ils arrivèrent dans la ruelle, les deux hommes se firent face et se téléportèrent aux portes du Sanctuaire. Une fois devant l'arche, Shun proposa d'accompagner Kanon jusqu'à son Temple, que ce dernier accepta avec plaisir.

La montée se fit en silence, entrecoupée de bref salut à l'intention des occupants des Temples précédant celui des Gémeaux. Une fois le Temple du Taureau traversé, Shun décida de briser le silence.

- Kanon, est-ce que je pourrais te poser une question indiscrète ?

- Tout dépend de ta question, pose-la toujours, lui répondit celui-ci tout en continuant sa montée.

- Voilà... C'est un peu délicat... Mais je me demandais si tu avais déjà été amoureux et si tu l'était encore, avoua le jeune Chevalier, ses joues prenant une belle teinte rosée face à son audace.

A ces mots, Kanon stoppa sa montée et reporta son attention sur le jeune homme resté en retrait quelques marches plus bas. Dire qu'il était surpris par cette question était un doux euphémisme. Jamais personne ne s'était intéressé à sa vie sentimentale, même son frère ne lui avait jamais posé de question aussi personnelle. Il se demanda alors ce qui avait poussé le jeune Andromède à la lui poser.

- Euh... Ce n'est pas que ça m'embête mais pourquoi veux-tu le savoir ?

- Ben, comme tu sembles verser dans ce domaine, preuve en est que tu as découvert les sentiments de Shura et Aphrodite, et vu que tu déplores à grande peine leur situation, je me suis demandé si ça n'avait pas un rapport avec une expérience personnelle, s'expliqua-t-il en se tordant les mains dans son dos.

Un éclair de compréhension passa alors dans le regard océan du Chevalier d'or et comprit qu'il s'agissait rien de plus qu'un peu de curiosité venant d'un jeune homme encore novice de la vie. Il eut un sourire bienfaiteur et choisit d'être franc avec lui.

- Dans ce cas, je vais te répondre. Oui j'ai déjà été amoureux, oui je le suis toujours et non je ne déplore pas la situation de Shura et Aphro à cause d'une expérience personnelle puisque je suis heureux avec ma moitié depuis plus d'un an.

A cette révélation, Shun le regarda avec des yeux interloqués. Ainsi donc l'un des jumeaux du Zodiaque était en couple et ce au nez et à la barbe de tous. Voilà qui était curieux et il s'empressa de demander des précisions.

- Excuse-moi encore une fois mais, si ce que tu dis est vrai, pourquoi personne ne le sait ?

- Disons que nous ne souhaitons pas nous afficher en public et préférons de loin garder notre vie privée.

- Oh ! s'exclama-t-il, compréhensif.

- Et si tu veux tout savoir, il s'agit d'une personne que tu connais, se permit d'ajouter Kanon.

- Qui ? ne put-il s'empêcher de demander, se donnant une claque mentale juste après pour tempérer son accés de curiosité.

- Shaina, répondit simplement le Saint des Gémeaux avec un sourire aimant.

A la vue de ce sourire et à l'apparition de l'étincelle dans le regard de Kanon à la pensée de sa bien-aimée, Shun conclut que ce dernier ne pouvait pas être son inconnu, réduisant encore plus la liste de ses suspects. A la réflexion, il ne lui restait que deux possibilités : Saga et Hyoga. Préférent garder le Russe en dernier recour, Shun essaya de penser à un moyen de se rapprocher de Saga sans éveiller les soupçons. Il fut coupé dans ses réflexions par Kanon.

- Bon Shun, c'est ici qu'on se quitte, dit-il.

Tellement pris dans ses pensées, Shun ne s'était pas rendu compte qu'ils avaient repris leur montée et qu'ils étaient arrivés au Troisième Temple. Il vit Kanon soupirer tout en regardant la façade du Temple.

- A moi, le ménage et le déménagement des meubles. Je sens que Saga va encore me faire travailler jusqu'à l'épuisement et je serai tellement claqué que je ne pourrais pas profiter de la fête. Malheureusement, je n'y couperai pas, déclara-t-il, fataliste.

Pris d'une soudaine inspiration, Shun saisit l'occasion qui lui était donnée.

- Si tu veux, je peux venir te donner un coup de main.

A ces mots, Kanon tourna la tête brusquement, à s'en déloger la tête, et le regarda, les yeux plein d'espoir.

- Tu voudrais bien ? dit-il, incertain.

- Oui, je serai ravi de vous aider ton frère et toi, lui assura-t-il avec un sourire ravi.

- Mais attention, Soldat ! Le Commandant Saga peut se montrer très tyrannique lorsqu'il s'agit de préparer une fête, vous sentez-vous capable de suivre les ordres aveuglément et sans discussion ? lui asséna-t-il, le ton grave, comme pour lui attribuer une mission.

- Oui mon Capitaine ! répliqua joyeusement Shun en mimant le salut militaire.

- Très bien Soldat ! Rendez-vous au point de ralliemment demain à la première heure ! Sur ce, rompez ! conclut Kanon en lui rendant son salut.

Shun partit d'un éclat de rire et le salua vivement de la main tout en courant à travers le Temple des Gémeaux. Il se pressa dans les escaliers, traversant à la hâte chaque Maison du Zodiaque, récupérant au passage son matériel à dessin dans la Douzième Maison, jusqu'au Temple d'Athéna. Il arriva à la porte tout essoufflé et prit un moment pour se reposer. Il jeta un coup d'oeil à son montre : 19h30.

- Oula ! Ikki ne va pas être content, grimaça-t-il. Je vais passer un mauvais quart d'heure.

Et comme pour approuver ses dires, la porte du Temple s'ouvrit brusquement devant lui, laissant apparaître son frère aîné bouillant de colère. Face à ce regard de braise fixé sur lui, Shun se sentit minuscule et souhaita se trouver à mille lieux d'ici plutôt que d'encourir la fureur du Phoenix. Mais comme tout bon Chevalier d'Athéna, Shun allait faire face et subir son juste châtiment.

- Euh... Salut Nii-san !

- C'est à cette heure-ci que tu rentres, tempêta Ikki en croisant les bras.

- Oui, je suis désolé. Aphrodite et Shura m'ont invité à les accompagner en ville et j'ai pas vu le temps passer.

- Et je peux savoir ce qu'il y avait de passionnant chez ce Casanova et son Bouc-Emissaire au point de te mettre en retard.

- Ils m'ont emmené dans un Pub tenu par l'un de leurs amis et avant que tu ne le demandes, non je n'ai pas bu d'alcool et non je ne me suis pas laissé draguer par le premier venu. Ikki, j'ai plus 5 ans alors cessons ici la scène du grand frère surprotecteur et oublions ça. Tu veux bien, fit Shun avec sa petite moue angélique.

N'aimant le qualificatif de "grand frère surprotecteur", Ikki grogna pour la forme et céda le passage à son insouciant petit frère. Content de lui, Shun se permit de poser un petit bisou d'excuse sur la joue de son aîné et fila comme un flèche jusqu'à sa chambre pour se débarbouiller un peu avant de rejoindre les autres dans la salle à manger.

Il retrouva ses compagnons dans un joyeuse ambiance, Seiya taquinant gentiment Ikki sur son attitude à l'égard de son cadet. La suite de la soirée se passa dans la joie et la bonne humeur avant que le jeune homme aux cheveux d'émeraude ne retrouva la tranquilité de sa chambre pour la nuit.

Etendu sur son lit, Shun eut un petit sourire encourageant et s'endormit, confiant pour le lendemain.

- Demain est un autre jour qui me rapproche de toi, mon inconnu. Attends-moi...

Et sur cette dernière pensée, il se laissa emporter dans le royaume des songes.

Tsuzuku...


Voilà pour cette fois, pardon pour l'attente occasionnée. J'espère que ce chapitre vous a plu et je vous donne rendez-vous pour le prochain opus : Saga et la fiesta des Chevaliers. Bye !