Auteur : Cette fic est saori bashing je préviens de suite. Les couples sont à découvrir.(je sens qu'on va me hair bouhahah)

Genre : Shonen Ai/romance/Angst

Ha oui, bon on va dire que les chevaliers ont ressuscité après Hadès et blablabla. Bref, vous connaissez la musique !

Edit du 8/04/2013 : Chapitres corrigés (et il y en avait du boulot !)


Chapitre I : La lettre

Une épaisse couche de neige avait envahi la Grèce depuis quelques semaines. Le sanctuaire n'y échappait pas, neige et verglas dominant les entrées de chaque temple, de chaque recoin mythologique. La délicatesse du vent glacial n'arrangeait rien. Les habitants n'osaient pas trop sortir de chez eux de peur de contracter un mauvais rhume. Les chevaliers d'Athéna allaient et venaient d'un côté et de l'autre du territoire sacré, essayant en vain de faire leur ronde. Seuls les chevaliers habitués au grand froid du nord n'avaient aucune difficulté à rester des heures à courir d'un bout à l'autre de l'île. Bien que la paix fût retrouvée entre les peuples, les dieux et…Le monde tout entier, il n'était pas rare que ces mêmes chevaliers restassent sur leur garde.

Hadès vaincu, les chevaliers ressuscités pour la gloire de la déesse Athéna, tout était tranquille. Seiya et ses quatre autres compagnons venaient de temps à autre au sanctuaire prendre des nouvelles des Saints d'ors – chevaliers d'or pour être exact – et de leur déesse de la guerre. Cette dernière les rappelait à l'ordre en les obligeant à profiter de la vie calme et paisible qu'ils avaient enfin réussi à installer sur Terre. Il était de notoriété publique que les chevaliers sacrés étaient quelque peu en mal de batailles. Malgré cela, ils ne désiraient pas provoquer la colère d'un dieu uniquement, car ils « s'ennuyaient ». Athéna avait réfléchi au problème et avait proposé de réorganiser un tournoi galactique…ce que les chevaliers d'or refusèrent presque immédiatement, car jugé comme « trop simple » et que combat inter chevaliers d'or durera selon la légende « mille jours et mille nuits ».

À court d'idées et voyant la fête nommée « Noël » arriver à grands pas, la jeune fille eut une idée intéressante. Il était évident que la paix pouvait à tout moment s'estomper, laissant place à une autre bataille. Il était aussi tout évident que cela ne serait pas facile de les convaincre, mais après tout : pourquoi pas ? Ce fut pourquoi, en ce jeudi vingt et un décembre, la déesse Athéna écrivait sur du papier blanc nacré, assis derrière son bureau. Elle ramena une de ses mèches brunes[1] derrière son oreille droite avant de plier chacune des lettres et de les placer délicatement dans une enveloppe séparée. Elle sortit son plus beau stylo à bille et rédigea les destinateurs de chaque lettre. Satisfaite, elle reposa le même stylo avant de jeter un regard à sa fenêtre. Il neigeait à gros flocons. Cela ne sera pas évident, mais tout de même possible. La déesse de la guerre sourit malgré cela.

Au sanctuaire…

« Bon sang, il fait « froiiiiiiiiiid » ! déclarait pour la dixième fois de la journée le jumeau du chevalier des Gémeaux, les bras croisés sur la poitrine, tremblant de tous ses membres. »

Il gravissait les marches vers le temple du Taureau afin de se rendre dans la maison des Gémeaux. Il se dépêchait, ne voulant pas se faire transformer en « bonhomme » de neige vivant. Il passa en trombe dans la maison du chevalier Aldébaran qui le salua avec un grand sourire. Kânon des Gémeaux grogna un « salut » et continua son chemin en redoublant de vitesse. À mi-chemin de la maison de son frère, Kânon rencontra son voisin du dessus : Deathmask. Ce dernier portait son armure d'or, le visage plutôt terne. Il n'adressa aucun regard au Marina et continua son chemin en marmonnant quelque chose comme « Stupide temps ». Kânon le suivit du regard quelques instants, se demandant ce qui pouvait « une fois de plus » mettre de mauvaise humeur le crustacé géant comme il l'appelait « affectueusement ». Et où allait-il encore… ? Peut-être prendre Aldébaran comme punching-ball… ? Kânon secoua la tête, mit ses mains derrière celle-ci et entra dans le temple des Gémeaux. Son frère jumeau Saga se tenait au milieu revêtu de son armure d'or. Il était mis de côté par rapport à Kanon et lisant quelque chose, le front plissé. Intrigué, son jumeau le rejoignit avant de frissonner pour la centième fois de la journée au moins.

« Qu'est ce qu'elle a inventé encore…, marmonna Saga des Gémeaux en se grattant la tête, tenant la lettre de la main gauche. »

Kânon se mit derrière son frère et commença la lecture de la lettre. Au fur et à mesure de sa lecture, il fronça les sourcils avant de les lever et de jeter un regard interrogateur à son jumeau :

« Qu'est ce qu'elle a inventé encore…, répéta exactement Kânon en adoptant la même tête perplexe que le gémeau.

- Je me demande comment les autres vont le prendre, fit Saga avant de lever les yeux au ciel.

- On va se marrer, je le sens… »

Peut-être était-ce cette lettre qui avait mis Deathmask de si mauvaise humeur…

Un peu plus loin, dans la maison du Lion, son gardien rangeait ses appartements. Il portait son amure d'or ainsi que son casque. Quand il eut fini de ranger sa chambre, il remarqua qu'on lui avait déposé une lettre officielle sur le pas de son temple. Le lion d'or se baissa pour ramasser l'enveloppe blanchâtre et lut d'une écriture bouclée et féminine en encre mauve foncée :

« Au chevalier d'or Aiolia »

Ce dernier fit quelques pas dans son temple, se grattant mécaniquement le menton, se demandant qui pouvait lui envoyer une lettre pareille et surtout ici, au sanctuaire. Il ouvrit la lettre délicatement et en sortit du papier blanc où cette même écriture bouclée avait rempli le centre :

« Cher chevalier d'or des Lions »

Aiolia soupira. Cela commençait bien. La personne qui lui avait écrit ne connaissait pas son titre comme il se devait. C'était : chevalier d'or du Lion, pas des Lions. N'importe quoi. Il continua la lettre malgré ce petit « problème » de titre.

« Nous avons le plaisir de vous accorder trois semaines de vacances à l'Hôtel de la Fondation Graad. »

Des quoi ? Aiolia relut deux fois la phrase pour être sûr de ne pas avoir rêvé. Non, il était bien écrit : des semaines de vacances. Et pourquoi ? Un chevalier ne se reposait jamais ! ...Et en plus en période de paix, ils étaient logiquement « au chômage technique ».

« Vous y serez convié avec vos homologues d'or et les chevaliers de Bronze qui vous ont combattus par le passé. Nous parlons bien évidemment des chevaliers de Pégase, du Cygne, du Dragon, du phénix et d'Andromède. »

Aiolia compta sur ses doigts : dix chevaliers d'or, Kânon et cinq chevaliers de Bronze. Cela faisait seize personnes en tout. En admettant que l'ancien Marina fît partie du lot.

« Nous espérons que ces jours de repos vous seront favorables physiquement, mentalement et socialement. »

Le Lion pensa que s'ils arrivaient à se supporter sans qu'une bagarre éclate, ce serait déjà un exploit. Même s'ils étaient des chevaliers d'or et qu'ils ne devaient pas s'entretuer, il n'était pas certain que les autres voient d'un bon œil cette invitation.

« Il serait futile de préciser que vous ne devez pas vous vêtir de vos armures d'or durant votre séjour à l'Hôtel.»

« Et si on nous attaque, on fait comment ? On les appelle par téléphone pour qu'elles viennent nous retrouver à quarante mille kilomètres du sanctuaire ? maugréa à voix haute Aiolia avant de s'appuyer contre un des piliers de sa maison. »

« Vous partirez le vingt-deux décembre à dix heures du matin . Nous nous occuperons du reste des opérations. Nous vous souhaitons un agréable séjour dans notre hôtel et nous espérons que vous en reviendrez satisfait et ressourcé.

Veuillez agréer mes sentiments distingués,

Princesse Saori Kido. »

« Plutôt insatisfait et remboursé, chuchota Aiolia en froissant la lettre. »

Il bâilla et s'étira. Il était crevé. Certes, il avait bien besoin de « vacances », mais il était depuis la mort d'Hadès en quelque sorte. Prendre un peu l'air ? Il pouvait le faire en se baladant dans l'enceinte du sanctuaire. De plus, ce même sanctuaire sera sans protection durant les trois semaines. La déesse Athéna avait-elle perdu la raison ?

Attendez une seconde. Le vingt-deux ?!

Aiolia accourut dans ses appartements et chercha le calendrier. Il devait partir demain. De toute manière, rien ne l'obligeait à partir. Ce n'était pas un « ordre », mais plutôt une invitation comme une autre. Hors de question qu'il s'en aille. Il était bien là où il était.

Il se laissa tomber dans son lit, les jambes et bras écartés. Il fixa quelques instants le plafond nacré au-dessus de lui. Après avoir bâillé, il ferma les yeux et s'endormit.

« Mais elle est complètement barje, cette fille ! explosa une voix »

Aiolia du Lion se réveilla en sursaut,bondissant de son lit et courant le plus vite qu'il put vers la pièce principale de son temple. À ce moment, il vit cinq de ses compagnons d'armes en grande conversation. Aphrodite, Shaka, Shura, Milo et Camus portant leurs armures d'or et pour le chevalier des Poissons, la lettre de Saori dans sa main droite ferme. Shaka avait les yeux fermés et ses longs cheveux blonds lui retombaient devant ceux-ci et le long de son visage extrêmement pâle. Shura, les bras croisés, se tenait à côté de lui. En face, Camus, portant son casque, prit la parole :

« C'est un ordre d'Athéna.

- Un ordre d'Athéna ?! De quitter le sanctuaire ? fit Milo sceptique. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'on se retrouve au même endroit et qu'on fasse « connaissance ». Que je sache, on peut très bien le faire ici.

- Cette fille est barje ! répéta Aphrodite de mauvaise humeur.

- C'est d'Athéna que tu parles, quand même…,répliqua Shura, plein de reproches.

- Non, c'est signé « Saori Kido » pas « Athéna »…

- Ne joue pas sur les mots. »

Aiolia rejoignit ses compagnons, se mettant à la gauche de Shaka, en face du gardien de la douzième maison, passablement énervé.

« Je vois que vous avez tous eu la même…lettre, dit-il en croisant les bras. Je ne vois rien qu'il peut faire référence à un ordre là-dedans. Ou alors j'ai sauté des lignes sans m'en rendre compte.

- Écoutez-moi ça ! pesta Aphrodite en brandissant sa lettre d'un bras nerveux, ne voulant pas lâcher le morceau. Nous espérons que ces jours de repos vous seront favorables physiquement, mentalement et socialement. Pourquoi ? Quand on se repose ici, ce n'est pas « favorable » à notre santé « mentale » ?

- Elle veut dire qu'un peu d'air frais pourra nous faire le plus grand bien, expliqua Camus d'une voix calme.

- D'air frais ? Avec le temps qu'on se paie, on a plus que ça ! « d'air frais »…On en a aussi quand on part en mission… Je vous en ficherai moi des « favorable mentalement et gnagnagna… « »

Le chevalier du Verseau soupira d'exaspération devant l'entêtement de son voisin d'en face. Milo allait répliquer quelque chose quand le chevalier des poissons repartit à la charge :

« Le plus beau dans l'histoire c'est qu'elle n'est pas fichue de connaître le nom de mon signe ! « Cher chevalier du Poisson… »,DES POISSONS. DES POISSONS !

- Tiens…elle m'a fait pareil, avoua Milo.

- Pareil, ajouta Aiolia avec un sourire au coin. Cher chevalier des Lions….Okay…Soit.

- Encore vous c'est pas trop « grave », juste un problème de pluriel, marmonna Shura.

- Elle s'est trompée pour toi aussi ? s'enquit le lion d'or en levant un sourcil sceptique. »

Shura s'éclaircit la gorge.

« Non, ce n'est pas moi le concerné. Elle a réussi à orthographier le mot « Capricorne » sans se tromper. C'est plutôt ce cher Camus qui…

- Très drôle, coupa l'intéressé, visiblement irrité de lui rappeler ce petit « souci ».

- Enfin…phonétiquement, ça sonnait pareil. »

Camus lança un regard noir à son voisin du dessous. Celui-ci eut du mal à réprimander un fou rire. Visiblement, cette anecdote avait tiqué la curiosité de ses homologues d'or.

« Et ? Qu'a-t-elle fait de « si drôle » ? demanda doucement Milo, en n'arrivant pas à dissimuler un sourire en coin.

- Je vous le dis. Phonétiquement, on lisait : « Chevalier du Verseau », mais sur la feuille…,commença Shura en faisant un effort surhumain de ne pas rire. C'était écrit…

- V.E.R espace S.A.U.T, termina Camus en soupirant. »

Aphrodite gloussa tandis que Shura, Milo et Aiolia se tordirent de rire sous l'œil meurtrier du maître des glaces. Shaka quant à lui resta de marbre.

« Oui, j'ai cru au début que c'était une plaisanterie, raconta le Verseau d'or tandis que Milo se calma doucement alors que Shura et Aiolia redoublèrent leur fou rire. Une bien bonne plaisanterie. Mais quand j'ai vu le sceau de...

- Le sceau S.A.U.T ? demanda Aphrodite, souriant. »

Camus plissa les yeux d'un air mauvais et continua sa lancée :

« Le sceau de la famille Kido, j'ai dû admettre que ce n'était pas une plaisanterie.

- Comme quoi déesse ne rime pas avec orthographe, fit Aphrodite de meilleure humeur. »

Il froissa la lettre avant d'ajouter :

« On fait quoi pour finir ?

- Attendre demain, je suppose, répondit Camus. Et faire nos valises. »

Aiolia jaugea son ami un moment. Il acceptait quand même l'invitation ?

« Cela peut être très enrichissant de mieux nous connaître.

- Pas besoin d'aller à quarante mille kilomètres du sanctuaire pour cela, fit remarquer pour la deuxième fois Milo.

- Pour certains, peut-être pas. »

Mû finissait de nettoyer son armure d'or, agenouillé dans la partie gauche de la maison du Bélier, vêtu d'un haut mauve et d'un pantalon noir, quand Deathmask arriva en trombe, le faisait sursauter d'au moins deux mètres :

« Deathmask ! Bon sang, on n'a pas idée de venir chez les gens comme cela ! s'exclama le Bélier. »

Le chevalier du Cancer lança un regard froid à son ami, ne faisant aucun commentaire, aucune excuse sur son entrée précipitée dans le temple du Bélier :

« Tu as eu la lettre de Kido ? s'enquit il en s'appuyant contre un des piliers du temple, près du chevalier du Bélier.

- Une lettre ? répéta Mû en clignant des yeux. »

Il avait été si pris par le nettoyage de son armure qu'il n'avait pas touché à son courrier.

« Athéna veut qu'on aille tous dans un hôtel pour faire plus connaissance. Prendre des jours de repos, selon ses dires, expliqua DM d'une voix sèche.

- Cela n'a pas l'air de te réjouir, murmura le bélier, inquiet avant de se relever. »

Il s'avança vers le Cancer avant de croiser les bras :

« C'est peut-être une bonne idée. On n'a pas trop l'occasion de passer du moment ensemble. Vous êtes tous retranchés dans vos maisons…, déclara Mû. »

DM eut un rire sans joie :

« Passer du moment ensemble…Je m'en fiche des autres chevaliers. »

Un vent de tristesse passa sur le visage du Bélier. Il baissa les yeux et s'en retourna à son armure. Il effleura des doigts les ramures dorées des cornes de l'animal représenté tandis que son hôte particulier prit place à côté de lui, agenouillé.

« Tu croyais tout de même pas que je m'en fichais de toi ? souffla le Cancer à quelques centimètres à peine de l'oreille du chevalier du Bélier. »

Ce dernier ne répondit pas, trouvant la corne droite de son armure d'une fascination sans borne.

« Allez ! souris un peu… ! »

Mû tourna son visage vers DM, faisant voler ses cheveux sur son épaule, les yeux mauve foncé remplis de reproches :

« De quoi as-tu peur, Deathmask ?! s'écria le Bélier d'or, le visage dur. Que cette initialisation à la sociabilité des autres chevaliers ne ternisse ton image de chevalier d'or sans cœur ? »

Le cancer, piqué au vif, rétorqua plus violemment qu'il ne l'aurait voulu :

« Je ne souhaite pas faire ami ami avec les autres chevaliers d'or ! Moins je les vois, mieux je me porte ! »

Mû leva les yeux au ciel, n'en croyant pas ses oreilles. Il préféra ne rien ajouter. Il savait que trop bien que cela servirait à rien. Le chevalier du Cancer restera sur ses positions. Il était peut-être le seul qu'il daignait l'approcher…et parler…Mû souhaitait tellement qu'il parlât avec les autres ne serait ce qu'une minute. De n'importe quoi ! Du temps, des étoiles, de l'éclat de son armure, du nombre de masques dans sa maison…mais il refusait toute discussion. Mû avait réussi à discuter de choses et d'autres avec le cancer. Malheureusement, chaque discussion était ponctuée de silence de plus en plus pesant. Il avait même l'impression par moment que le Cancer n'avait jamais voulu revivre…Il n'était pas comme cela avant.

Avant la bataille du sanctuaire..et du peu de temps qu'ils avaient passé ensemble, Mû se souvenait d'un homme cruel, sans pitié, mais bavard quand il s'agissait de sa propre personne ou de compter ses exploits les plus sadiques…maintenant qu'il était reconnu comme étant un fidèle chevalier d'Athéna, il était comme dégoûté de cette soudaine montée de bonté. Il ne supportait pas croiser le regard des autres chevaliers, respirer le même air qu'eux ou même les entendre prononcer son nom. Un nom qu'il portait comme une seconde peau. Mû se doutait que ce nom « Deathmask » n'était qu'un pseudonyme et il n'avait jamais vraiment cherché à découvrir le nom sans doute très italien du Cancer. Il respectait le fait qu'il ne veuille pas être appelé par son vrai nom…Même s'il se sentait très proche du gardien de la quatrième maison, il respectait son silence, son asociabilité et son caractère quelquefois très contraignant….tout en ayant un arrière-goût de tristesse. Mû ne pouvait pas s'empêcher de penser que le Cancer n'était pas l'homme qu'il voulait qu'on voie. Mais plutôt un homme rempli de gentillesse, de douceur même…

Le chevalier du Bélier soupira, se leva et revêtit son armure. Elle était éclatante comme jamais. Il dégagea une mèche mauve de son casque avant de se retourner vers Deathmask. Il ouvrit les yeux de stupeur,s'apercevant qu'il n'était plus là. Levant la tête vers la deuxième maison, Mû le vit gravir les marches des escaliers du sanctuaire, mains dans les poches. Le chevalier de la première maison secoua la tête avant d'aller consulter son courrier. Il trouva rapidement la lettre sur le seuil de la maison. L'enveloppe ancrée et l'écriture mauve comme celles des autres chevaliers. D'un geste délicat, il ouvrit la lettre et commença à la lire. Il ne pouvait s'empêcher de penser que cette histoire de vacances organisées loin du sanctuaire n'était pas une si mauvaise idée. Mais peut-être était il le seul à penser cela…

Après la lecture de la lettre, Mû entra dans ses appartements non sans avoir levé les yeux vers la quatrième maison du sanctuaire. La chambre de Mû était rudimentaire. Un lit à une place se trouvait contre le mur du fond dont la fenêtre ouverte tout l'été était hermétiquement fermée à double tour en cette saison. Le couvre-lit était grisâtre, ainsi que les oreillers. Près du lit, une table de nuit ornée d'une lampe de chevet, à côté de celle-ci reposait un réveil matin dont le tic-tac était le seul bruit ambiant. De l'autre côté du lit, sur le mur de gauche par rapport a l'entré, un bureau où étaient posés ci et là des livres de toutes les épaisseurs. Une porte menait à la cuisine et à la salle de bain au fond de celle-ci. Une bibliothèque et une armoire décoraient le mur de l'entrée de l'appartement du bélier. La pièce respirait la simplicité et la misère à la fois. Il n'en fallait pas plus pour un représentant de la justice sur terre. Les chevaliers d'or n'étaient pas là pour se la couler douce. Ce manque de confort était quelquefois mal perçu. Ils n'étaient pas là pour se plaindre non plus…

Mu déposa la lettre sur sa table de chevet avant de s'asseoir au bord du lit. Il bâilla avant de se frotter les yeux du bout des doigts. Il devait se préparer pour le lendemain matin. Il se disait qu'il allait attendre l'avis des autres chevaliers. Après tout, peut-être que le Cancer voudrait venir si tout le monde se décidait à y aller ?...Quoiqu'il serait capable de refuser, car il sera tout seul au sanctuaire pendant qu'ils feront les pitres dans un hôtel qui se trouvait il ne savait où. Le bélier d'or resta inerte un moment avant de se décider d'aller consulter ses homologues. Il retira son casque, le déposa sur son oreiller et sortit de sa chambre.

Il neigeait de nouveau. Moins qu'avant et le vent semblait s'être calmé. Mû frissonna et commença sa montée vers la deuxième maison. Il fit attention à chaque pas, à chaque marche qu'il essayait de gravir. Le terrain était devenu dangereusement glissant. Il pouvait utiliser ses pouvoirs psychiques pour se stabiliser au pire.

Il n'eut pas besoin d'en faire recours cependant. Il arriva en un seul morceau au temple du taureau. À l'intérieur, il fut surpris de voir Aldébaran en conversation avec Shaka, non pas que ce fut rare que ces deux compagnons d'armes se parlassent…Le chevalier de la Vierge semblait agité. De là où il se trouvait, Mû ne pouvait pas l'entendre. Le taureau d'or se tenait devant la Vierge, les bras croisés et sur le côté par rapport à Mu. Il écoutait son compagnon avec la plus grande attention. Shaka, dont les cheveux blonds descendaient en cascade depuis son casque, retombant sur ses yeux clos, parlait d'une voix mi-énervée mi-inquiète. Aldébaran ne serait le dire. La seule chose dont le brésilien fût sûr était que son ami avait perdu sa sérénité dont il avait pour réputation.

Après quelques minutes, Mû se rapprocha de ses deux compagnons d'or. La vierge se tourna vers lui ainsi que le taureau. Aldébaran sourit à Mû et le salua de la main avant de reprendre sa position de bras croisés. Shaka fronça les sourcils et refit face au taureau. Mû prit la parole en premier lieu, d'une voix posée :

« Bonjour vous deux.

- Salut, Mû. Comment te portes-tu ? fit Aldébaran sur le ton de la discussion.

- Bien, merci. »

Shaka resta silencieux.

« Je voudrais connaître votre avis sur la lettre de la princesse Saori, murmura le Bélier, inclinant doucement la tête sur le côté. Que devons-nous faire ?

- Pour ma part, je ne sais pas trop, répondit le gardien du temple en haussant les épaules. Les jumeaux non plus. Ils sont venus me voir en me demandant s'ils n'avaient pas reçu un canular. Ils ne sont pas vraiment décidés à partir demain en tout cas. Ils ont même dit que comme ce n'était pas un ordre, ils n'allaient même pas bouger l'ombre d'un petit doigt. »

Mû se pinça les lèvres. Décidément, personne ne voyait l'opportunité que cela pouvait procurer de partir ensemble loin du sanctuaire au lieu d'être retranché dans les maisons du zodiaque.

« Pourtant, cela pourrait nous être favorable, déclara-t-il en arborant un sourire timide. Nous avons besoin de respirer un autre air que celui des batailles…

- Personnellement, si je suis chevalier, ce n'est pas pour avoir des vacances, répliqua le taureau sur le ton de la plaisanterie, chassant une mouche invisible devant son visage d'une main ferme.

- Je le sais. Cependant…enfin. Je trouve que ce serait bon pour nous de passer du moment ensemble.

- Il y en a que ça ne générait pas. Aiolia est très sociable et Shura s'entend avec presque…tout le monde par exemple. Mais ne me fais pas croire que Deathmask ne cherchera pas les ennuis avec Milo ou Aphrodite pour ne citer qu'eux. »

Mû fronça les sourcils. D'une voix presque irritée, il rétorqua au gardien :

« Deathmask ne veut même pas entendre parler de ces « vacances ».

- Tu reconnaîtras qu'il n'est pas très agréable.

- Avez-vous au moins cherché à le comprendre ? »

Mû commençait à comprendre doucement, mais sûrement la situation. Le dialogue était fermé des deux côtés. Ni les chevaliers d'or ni Deathmask ne voulaient faire d'effort pour se connaître alors forcément…

« Écoute, Mû. Je sais que tu es très proche de lui…mais il n'est pas fréquentable. Je ne mets pas ses qualités de chevalier en doute loin de là, se défendit Aldébaran en décroisant les bras. Ni même ton amitié pour lui.

- Tout le monde fait des erreurs…Et ce comportement de pure cruauté c'est qu'une façade ! s'écria Mû, le teint livide. Je suis sûr qu'il ne ferait pas mal à une mouche. Je suis même le premier surpris que depuis tout ce temps il soit resté fidèle à Athéna…mais personne au sanctuaire ne veut lui faire confiance. Et pourquoi ? Je voudrais le savoir. »

Aldébaran regarda son ami avec un air désolé. Mû continua de défendre le Cancer tandis que le gardien de la sixième maison les observait, aussi immobile qu'une statue. Il gardait les yeux irrémédiablement clos.

« Saga a fait aussi des victimes, Kânon aussi….et pourtant eux, on leur fait confiance comme ça..en claquant des doigts. Mais Deathmask, tout ça, car il préfère rester en arrière, personne ne veut aller vers lui.

- Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas aller vers lui, Mû ! s'exclama Aldébaran en levant un sourcil. Juste qu'il faut du temps aux gens…et puis Kânon, excuse-moi…Milo lui a fait passer un sale quart d'heure, il me semble hein ?... »

Mû soupira d'exaspération et secoua la tête.

« Mais pour en revenir à cette histoire de vacances, je ne dirai pas non. Mais faut-il encore que les autres acceptent. »

Le bélier remercia le taureau d'or avec un sourire crispé avant de se tourner vers la Vierge qui était restée muette.

« Quel est ton avis, Shaka ? susurra Mû. »

Le gardien de la sixième maison garda le silence. Mû se tourna vers Aldébaran pour avoir de l'aide. Ce dernier lui fit signe de ne pas faire attention.

« Il est de mauvais poil. ' Faut pas faire attention, fit Aldébaran avant de bailler à s'en décrocher la mâchoire.

- De mauvais poil ? répéta le bélier d'or comme si c'était la plaisanterie du siècle. »

Le visage de Shaka était redevenu neutre. Rien ne pouvait laisser paraître le moindre signe de colère ou de mauvaise humeur. Même son cosmos était serein. Le bélier haussa les épaules. Peut-être qu'il avait trouvé la lettre de Saori d'un mauvais goût sans précédent.

Aiolia, Shura et Aphrodite – dont la mauvaise humeur n'avait pas baissé d'un cran – entrèrent à ce moment-là dans le temple d'Aldé ne bougea pas un muscle pour les accueillir tandis que Mû et le Taureau saluèrent leurs compagnons d'armes d'un signe de la main.

« Je vous jure que si elle se fait encore enlever, je ferais tout pour pas qu'on la retrouve, maugréa Aphrodite. Favorable mentalement…je lui en ficherai moi. Oui ce serait favorable pour elle si elle avait un cerveau….

- Aphrodite ! s'exclama Mû, choqué.

- Quoi ? Tu trouves cela normal qu'on se casse le cul pour une gamine de treize ans qui n'est même pas fichue d'orthographier les signes du zodiaque ? répliqua sèchement le chevalier des Poissons.

- Orthographier les signes ? fit le bélier, pas certain de comprendre.

- Longue histoire, assura Shura dont les traits étaient fatigués. »

Mû n'insista pas.

Aldébaran se transforma en parfait maître d'hôtel en invitant ses compagnons à boire un thé. Ils s'assirent tous autour d'une table ronde au fond de la maison du taureau. Dans l'ordre des aiguilles d'une montre : Mû, Aiolia, Shaka, Aldébaran, Shura et Aphrodite. Ce dernier faillit à plusieurs reprises renverser sa tasse en proférant les pires menaces contre sa propre déesse, mais aucun des autres chevaliers n'y fit attention. Ce fut au moment où Aphrodite parla de la pendre par les pieds qu'Aiolia démarra la conversation sur la lettre de Saori :

« Je vous signale que c'est demain le départ. 'Faudrait se décider.

- On n'a qu'à lui envoyer une lettre lui expliquant que cela ne nous intéresse pas, suggéra Shura en portant sa tasse à ses lèvres. On refuse son invitation poliment.

- Je vois le genre : « Mademoiselle Kido, nous sommes au regret de vous annoncer qu'on décline votre offre ridicule, car vous n'êtes pas fichue de nous faire honneur en nous appelant par notre titre respectif sans vous tromper comme un gosse de trois ans qui a bu deux litres de champagnes au moins », marmonna Aphrodite, la tête posée sur sa main gauche, tenant la cuillère de sa tasse de la main droite.

- Oui, enfin…bon….

- Aphrodite, pourrais-tu oublier cette histoire de signe ? Camus n'en fait pas tout un fromage pourtant, demanda Aiolia en croisant les bras. Il est plus à plaindre que toi.

- Et pourtant il devrait ! s'écria le gardien de la dernière maison en tapant du poing. »

Un silence pesant s'installa tandis que les chevaliers finirent doucement le thé préparé par le taureau. Après quelques minutes, la Vierge se leva et sans un regard pour ses compagnons – du moins sans une quelconque attention pour eux – il s'en alla vers la troisième maison. Le froid du sixième gardien n'échappa à Aiolia qui ne put s'empêcher de faire remarquer une fois que Shaka fut hors de portée :

« Mon voisin du dessus est aussi glacial que le temps… »

Mû poussa délicatement sa tasse vers le centre de la table où se trouvait le plateau d'Aldébaran.

« Ça nous change un peu, fit Shura en bâillant.

- Qu'est ce qu'il a ? demanda plus sérieusement Aphrodite qui triturait maintenant sa cuillère entre ses doigts fins.

- Je ne sais pas, avoua Aiolia en haussant les épaules. Sans doute la lettre qui le rend comme ça…du moins, je le serai si la personne qui avait écrit cela était de mon signe zodiacal. »

Aphrodite gloussa tandis que Mû leva les yeux au ciel avant de se plaquer la main droite sur le front. Aldébaran quant à lui ne fit aucun commentaire, se contentant de scruter l'horizon vers la troisième maison.

« Bon, un peu de sérieux…Murmura le capricorne en mettant ses mains derrière sa nuque.

- Je propose d'attendre ce soir pour qu'on se mette tous d'accord, suggéra Mû. De plus, les chevaliers de Bronze vont être de la partie. Ils voudront peut-être nous voir pour demander notre avis. »

Comme personne n'eut une autre idée, ils en restèrent là. Les chevaliers d'or laissèrent Aldébaran seul en regagnant leur maison. Le taureau attendit quelques minutes avant de se diriger vers la maison des gémeaux. Il gravit les marches trois par trois sans effort, la neige ayant laissé place à un vent légèrement glacial. Il passa rapidement la maison de Saga et de Kânon. Ceux-ci s'étaient installés derrière la télé et l'avaient salué sans se retourner d'une main lasse. Il ne rencontra pas le gardien de la quatrième maison. Il hâta le pas pour ne pas rester dans la maison aux sinistres murs. Arrivé chez le lion d'or, il s'étira avant de continuer sa route. Il ne sentit pas la présence d'Aiolia. Il était sans doute resté avec Aphrodite et Shura.

Le chevalier du Taureau arriva à la sixième maison d'un pas lent. Il scruta les environs à la recherche de son gardien. Il sentait sa présence. Il marcha quelques mètres dans la maison avant de l'apercevoir près d'un des piliers. Shaka était appuyé contre et ne semblait pas surpris de voir Aldébaran débarquer. Ce dernier se rapprocha de son compagnon d'armes. Il s'arrêta à un mètre de lui, les bras croisés. Shaka, tête baissée, les bras derrière le dos, le pied droit frottant le sol sans but précis. Il avait l'allure d'un petit enfant qui venait de commettre une énorme bêtise. Dans son état normal, la vierge serait en tailleur au milieu de son temple en train de méditer et non pas appuyée de la sorte contre une colonne…agissant comme un enfant.

« Shaka? Est-ce que tout va bien ? murmura Aldébaran d'une voix douce. »

Shaka ne répondit pas, se contenant de fixer de ses yeux bleus profonds un point devant lui.

« C'est la lettre qui te met comme ça ? »

Shaka secoua la tête de gauche à droite. Non. Le taureau s'enquit de nouveau :

« Si tu me disais ce qui n'allait pas. »

La vierge leva les yeux vers le gardien du deuxième temple, le visage timide, les lèvres pincées. Il ne put garder contact longtemps avec Aldébaran et se dépêcha de fermer les yeux avant de détourner la tête.

« Si les autres vont à cet hôtel, ils vont tout découvrir…murmura-t-il.

- Tu n'es pas obligé de venir, rassura Aldébaran en ne pouvant s'empêcher de lui donner une bonne claque sur l'épaule qui eut pour effet de faire perdre l'équilibre une demi-seconde le gardien du sixième temple.

- Je ne sais pas.

- De toute manière, comment veux-tu qu'ils le découvrent, hein ? À part moi, qui le sait ? »

Shaka émit un faible sourire. Il avait raison. À part lui, personne n'était au courant que…

Aiolia, Shura et Aphrodite se payaient la discussion avec Milo dans la huitième maison. Son gardien trouvait l'idée de la princesse pas si mauvaise que cela, mais qu'ils pouvaient tout aussi bien rester où ils étaient pour mieux se connaître.

« Pas besoin d'aller à quarante mille kilomètres pour se connaître, répétait-il. »

Après leur avoir souhaité une bonne fin de journée, le chevalier du lion prit congé de ses compagnons d'armes. Aphrodite, ayant décidé de penser à autre chose que d'imaginer leur déesse orthographiant mal son titre, s'était convaincu qu'il avait mieux à faire que de pousser des jérémiades par exemple s'occuper de ses plantes dans son propre temple. Il partit avec Shura laissant Milo seul chez lui. Ce dernier se cala devant la télévision, laissant cette histoire de côté pour le moment.

Le chevalier du Lion traversa la maison de la Balance – dont le gardien était aux cinq pics – les mains posées sur la nuque. Il fixait le ciel nuageux, l'air rêveur. Il faillit cependant se casser une jambe a deux marches de la maison de la Vierge. Maudissant le crétin qui avait décidé de mettre des escaliers tout le long du sanctuaire, le chevalier du Lion se remit en route vers sa propre demeure. Il sentit la présence de Shaka. Normal.

Il s'arrêta net.

Celle d'Aldébaran aussi.

Il haussa les épaules. Après tout, le chevalier du Taureau pouvait tout aussi bien rendre visite au chevalier de la Vierge qu'aux autres. Aiolia marcha une dizaine de mètres dans la maison avant de se congeler sur place…littéralement parlant. Non pas à cause du froid hivernal qui lui fouettait le visage. Non pas, car son corps avait décidé de plus lui obéir. Mais plutôt à cause de ce quoi il était témoin. La bouche à moitié ouverte, il secoua la tête pour être sûr de ne pas rêver.

Au milieu du temple, positionné de côté par rapport à Aiolia, Aldébaran tenait le visage de Shaka entre ses deux mains…délicatement. La Vierge avait ses propres mains atour du cou du gardien de la deuxième maison. Et leurs lèvres collées les unes contre les autres ajoutaient la touche finale à cette vision qui clouait sur place le chevalier d'or du Lion. Aiolia ne savait que faire. Partir en courant ou rester là à les regarder jusqu'à ce qu'ils eussent fini pour qu'il puisse passer sans les déranger…

« J'y crois pas…, murmura Aiolia malgré lui. »

[1] Ou « mauves » : Les cheveux de Saori sont bruns dans le manga.