Disclaimer : Harry Potter et son univers appartiennent à J., je ne gagne aucun argent en m'appuyant sur ses œuvres.

Merci à mon amie Sploutch pour son aide et ses corrections.

Chapitre 12 - Amitiés

Ces derniers temps, les élèves de Poudlard ne savaient pas trop quoi penser de leur héros national. Le Survivant paraissait n'accorder que peu d'importance à ce qui se passait dans l'école. Il avait tout d'abord fait gagner à son équipe le match contre Serdaigle, attrapant le vif d'or comme s'il s'agissait d'une formalité, puis il s'était promené dans les couloirs la nuit avec ses amis, faisant perdre à Gryffondor 150 points. Il avait paru ensuite complètement indifférent à son isolement, et maintenant, alors que tout le monde révisait, il continuait de faire comme si de rien n'était, et continuait à disparaître pendant des heures sans que quiconque sache où il allait.

Certains disaient de lui qu'il les prenait de haut, qu'il s'estimait plus important que les autres et pensait sûrement que les règles ne s'appliquaient pas à lui. D'autres chuchotaient qu'il préparait un mauvais coup et était en passe de devenir le prochain mage noir. D'autres encore racontaient qu'il suivait une formation privilégiée pour devenir un super-auror ou prendre la succession de Dumbledore en tant que plus grand sorcier vivant et directeur de Poudlard. Mais tous s'accordaient pour dire qu'il ne manquait pas de classe et beaucoup pensaient en secret qu'il ne faisait pas partie du même univers qu'eux.

Bien sûr, Harry était au courant de ce que l'on racontait sur lui. Mais si certaines rumeurs l'amusaient, cela ne suffisait pas à le distraire de ses recherches en joaillerie. Comme prévu, le livre qu'il avait déniché dans la salle sur demande était une vraie mine de renseignements, et il avait bien vite abandonné l'idée de détruire la pierre philosophale. Les usages des pierres précieuses étaient multiples. Que ce soit des amulettes de protection, des ornements destinés à conférer à un objet des propriétés magiques ou une composante d'un golem, chaque idée intéressait Harry, et plus il avançait dans la théorie, plus il prenait conscience de la puissance que pourrait déployer la pierre de vie, si elle était bien employée.

En fait, la seule chose qui le distrayait vraiment de ce sujet était les séances d'occlumancie. Le professeur Rogue semblait avoir décidé qu'il avait acquis les connaissances suffisantes pour mériter un cours théorique. Bien entendu, celui-ci n'avait pas du tout présenté les choses comme ça.

- Il semblerait que vous ne faites aucun effort pour progresser sans mon aide. Comme je n'ai pas envie de perdre mon temps avec un fainéant, nous arrêterons ces séances si vous n'êtes pas capable de composer un mensonge crédible d'ici la semaine prochaine. Si vous continuez de vous moquer de moi avec les souvenirs irréalistes que vous inventez de toutes pièces, vous vous débrouillerez seul.

Harry avait bien compris le message et s'était entraîné à créer un souvenir à partir de bribes d'autres souvenirs. Inventer un mensonge crédible étant un exercice auquel il était habitué depuis longtemps déjà. Cet exercice lui avait appris que tous ses souvenirs étaient reliés entre eux, et qu'en plus de pouvoir créer de nouvelles connexions, il pouvait retrouver facilement les détails d'un souvenir en suivant ces liens. Les révisions venaient de perdre définitivement tout intérêt.

Rogue, de son coté, se demandait jusqu'où il pouvait aller dans la formation du Survivant. Ne contribuait-il pas à le rendre hors contrôle ? Comment s'assurer de ses desseins s'il en faisait un maître du mensonge et de la dissimulation ?

Mais à la réflexion, le gamin Potter continuerait à apprendre, avec ou sans lui. D'ailleurs, il n'avait pas eu besoin de son aide pour commencer. Mieux valait s'assurer d'un travail bien fait que de risquer un légume. Après tout, le gamin était important. Dumbledore veillerait à ce qu'il ne s'écarte pas du droit chemin. Et ce ne serait pas des compétences en occlumancie qui y changeraient quoi que ce soit.

Son élève ne manquait pas de ressources par ailleurs. Et Rogue se demandait encore comment il s'y était pris pour cacher aussi efficacement l'œil de l'atoskr. A l'heure qu'il était, il aurait déjà dû étendre son pouvoir d'attraction à tout le château, parc compris. La magie qui le camouflait devait être puissante. Il faudrait là aussi s'assurer que le Survivant ne jouait pas avec des forces trop dangereuses.

Quelques temps plus tard, un événement inattendu parvint à distraire Harry aussi efficacement que ses cours d'occlumancie.

- Oh, mais regardez qui voilà ! Potter et ses toutous.

Malefoy venait à leur rencontre, un sourire goguenard aux lèvres.

- Qu'est ce que tu veux Malefoy ? Lança Ron, d'un ton agressif.

- Couché Weasley. Je venais renouveler la proposition que je t'avais faite dans le Poudlard Express, Potter. Même si tu es à Gryffondor, tu as les qualités suffisantes pour devenir quelqu'un, si seulement je te guidais dans tes fréquentations.

Par de curieuses associations d'idées comme il en arrive parfois, en repensant au voyage en train, Harry se souvint de son souvenir trafiqué et de sa découverte de la qualité d'alchimiste de Nicolas Flamel. Et une question lui traversa l'esprit. Pourquoi Rogue, qui n'avait certainement pas manqué de comprendre l'intérêt de Harry pour cette information, n'avait-il rien dit ? Hagrid lui avait pourtant bien dit que le maître des potions faisait partie des professeurs chargés de protéger la pierre …

Semblant prendre le silence de Harry comme un encouragement, Malefoy continua sur sa lancée.

- En plus tu serais dans ton élément, et j'ai des amis qui pourraient t'aider à améliorer tes talents …

- Ta persistance à vouloir voir en moi un camarade Serpentard est flatteuse, Malefoy, répondit Harry. Mais quand je vois qui t'accompagne, j'ai des doutes quand à ta capacité à dénicher des gens ... intéressants.

- Dis ce que tu veux, mais manipuler ceux qui t'entourent est caractéristique de ma maison, Potter. Oh, pardon. Tes amis ne savent pas que tu les manipules, peut être ?

Dans les situations critiques, Harry avait appris qu'il valait mieux sourire et observer les réactions. Pourtant, il n'était pas désespéré pour autant. Quelqu'un allait bien dire que les deux parties étaient gagnantes dans l'affaire …

Ce fut Hermione qui répondit, sûre d'elle, alors que Ron et Neville encaissaient encore la nouvelle.

- Bien sûr qu'on est au courant, Malefoy. Mais tu ne sembles pas capable de comprendre que Harry est notre ami. Si ça lui fait plaisir de nous manipuler, peu importe.

Dire que Harry fut surpris aurait été en dessous de la réalité. Non seulement il semblait clair que Hermione l'avait déjà percé à jour, mais l'avait en plus accepté et pour des raisons complètement surréalistes.

- Bien dit, Hermione. De toutes façons, avec tout ce qu'il a fait pour moi, ça ne me dérange pas de l'aider comme je peux. Renchérit Neville.

Harry était de plus en plus abasourdi. D'accord, c'était bien à cette fidélité qu'il comptait arriver, mais si vite ? Et en étant mis à jour aussi brutalement ? Qu'est-ce qui n'allait pas avec ses camarades ? Ce n'était pas une réaction normale.

Malefoy, qui avait repris ses esprits plus rapidement que Harry, éclata de rire.

- Oh ! Alors ça vous plaît de jouer les elfes de maison du Survivant ? Vous espérez que sa célébrité vous fera connaître peut-être ?

- Bien sûr que non, Malefoy, reprit Hermione. Et si Harry a de curieuses façons de demander un service, il nous respecte, et nous aide quand il le peut. Rien à voir avec la façon dont tu traites ceux qui veulent se faire bien voir de toi.

Mais l'arrivée du professeur Rogue, et le début du cours de potion vinrent mettre fin à cette discussion sur deux visions du monde complètement différentes, et Harry put réfléchir tranquillement aux implications de ces révélations.

En fait, de son point de vue, seul Ron paraissait avoir une réaction appropriée. En effet, il n'avait pas dit un mot depuis la révélation de Malefoy, confirmée par Hermione et Neville, et semblait s'être isolé, refusant de regarder Harry.

Le soir, dans la Salle sur Demande, en compagnie de Fred et George, la séance d'entraînement avait été remplacée par les explications de la psychanalyste Hermione Granger.

- Est-ce dramatique, disait-elle, si au lieu de te demander de l'aider pour son devoir sur les vampires, il te dit que l'année dernière il n'aurait jamais imaginé que de telles créatures exisent réellement, et te fait parler sur ce que tu as appris par ton éducation sorcière ?

- Mais c'est beaucoup trop compliqué comme manière de fonctionner. Et c'est tellement … Serpentard …

- C'est juste que Harry n'a jamais appris à demander simplement. Il a peur qu'on lui refuse un service. Pour lui, tout s'achète. Pourtant, il t'aide quand tu lui demandes de t'aider en Métamorphose. Un pur Serpentard ne répondrait jamais à une approche aussi directe que la tienne.

- Mais on ne manipule pas ses amis, ça ne se fait pas. Ce n'est pas honnête. Après on ne saura jamais s'il n'est pas en train d'essayer de nous soutirer des informations.

- Même s'il le fait, ça n'a pas beaucoup d'importance. Je n'ai rien à lui cacher, et il n'utilisera rien de ce que je lui dirai contre moi. Pareil pour toi, tu ne crois pas ? Et puis peut-être qu'il estime qu'il ne doit pas avoir d'amis, du coup il se donne bonne conscience en camouflant cela par ses petites manipulations.

La discussion continua comme ça un petit moment, parlant de Harry comme s'il n'était pas là, alors même qu'il écoutait avec autant d'intérêt que ses camarades.

Il lui apparaissait qu'il avait grandement sous-estimé Hermione. Elle avait bien deviné qui était Harry. Et si son hypothèse comme quoi il refusait d'avoir des amis à cause de son statut de « Survivant » était erronée, il se reconnaissait dans le tableau qu'elle dépeignait de lui.

Par contre, il allait sérieusement devoir se remettre en question. Qu'étaient réellement ses camarades de Gryffondor à ses yeux ? Que signifiait avoir des amis ? Que pouvait il faire de cela ? Et Malefoy ? Qu'était il dans tout cela ? Probablement pas un « ami » et il aurait été ridicule de le considérer comme un ennemi. Pourtant, il l'aimait bien Malefoy. Différemment. Y avait-il un autre terme pour lui ?

Les garçons avaient fini par accepter les explications d'Hermione, et il avait été décrété qu'il ne s'agissait que d'une anormalité de plus qu'il faudrait guérir chez Harry. « L'anormal » n'ayant rien à dire, tout le monde partit se coucher.

Après cette soirée, les discussions avec Harry furent assez amusantes. Lorsque celui-ci essayait de savoir ou de faire faire quelque chose par un de ses camarades, ils essayaient de deviner ce qu'il voulait véritablement, afin d'y répondre directement. Les autres Gryffondors se posaient des questions quant à leur santé mentale, mais il faut admettre qu'entendre Harry dire « Rogue n'a vraiment pas peur de nous faire manipuler du venin de scorpion des roches » et d'entendre répondre « c'est trois gouttes, et après les yeux de rat » avait de quoi dérouter.

Et les garçons s'entraînaient ainsi à reconnaître les tentatives de manipulation de la part de Harry, Hermione n'ayant plus à prouver son talent en la matière. Il fallait admettre cependant qu'ils étaient grandement aidés par l'effort que faisait Harry pour essayer d'être plus direct avec eux, ce qui rendait ses contournements beaucoup moins subtils.

Les examens arrivèrent et passèrent sans inquiéter Harry le moins du monde. Il trouvait plus intéressante la situation dans laquelle il se retrouvait. Il commençait à entrevoir une conséquence imprévue à leurs dialogues décousus. Il ne faudrait pas longtemps avant qu'ils ne puissent se comprendre à demi-mot. Avec une telle équipe, c'était sûr, il atteindrait les sommets.

Quand Harry sut leur poser des questions sans préparer le terrain avec cinq phrases préalables, il en vint à la conclusion qu'au final c'était plutôt une bonne chose, et qu'il pourrait utiliser ce talent découvert chez Hermione pour des analyses plus poussées du comportement humain et des paroles prononcées.

Le premier problème qu'il lui proposa portait sur une question qui lui était restée en tête depuis leur rencontre avec Malefoy : pourquoi Rogue ne lui avait-il pas demandé des comptes à propos de son intérêt poussé pour l'alchimiste ?

Si Hermione n'avait pas de réponse à fournir, elle mit en lumière un autre comportement étrange.

- En fait, il y a définitivement quelque chose d'étrange qui se trame ici. Dès le départ, pourquoi Dumbledore a-t-il cru bon de devoir déplacer la pierre de Gringotts à Poudlard ? Savait-il que quelqu'un voulait la voler ?

- Et celui qui a essayé de me tuer veut également la pierre. Comment a-t-il pu échapper à la vigilance de Dumbledore, qui doit se douter que si Gringotts n'a pas arrêté le voleur, il y a de fortes chances que celui-ci essaie de s'infiltrer dans l'école ?

Harry reprit.

- Et je suis convaincu que c'est encore lui qui a tué la licorne. Pour quoi faire ? Et pourquoi s'est-il enfui s'il veut me tuer ?

- Si tu es sûr que celui qui a essayé de te tuer et veut dérober la pierre est le même qui attaque les licornes, il faut prévenir Dumbledore. Peut-être cela lui permettra-t-il de découvrir le coupable. Et peut-être nous expliquera-t-il ce qui se passe ?

Harry tomba d'accord avec elle. D'autant plus qu'il avait une idée sur la façon d'utiliser la pierre. S'il pouvait convaincre le directeur …

Mais encore fallait-il le trouver. Arrivés devant la gargouille, celle-ci resta désespérément inerte et ils durent accepter que sans le mot de passe, ils n'iraient pas plus loin. Ils se décidèrent alors à chercher un professeur qui puisse les mener au directeur. Et après avoir quelque peu erré dans les couloirs, ils tombèrent sur McGonagall.

- Mr Potter ! Miss Granger ! Que vous arrive t-il ? Demanda-t-elle en les voyant fondre sur elle comme sur une proie.

- On voudrait voir le professeur Dumbledore, indiqua Hermione.

- Voir le professeur Dumbledore ? Répéta le professeur McGonagall, comme si elle trouvait l'idée particulièrement absurde. Et pourquoi donc ?

- Nous avons des indices à propos de celui qui m'a attaqué lors du match de Quidditch en début d'année, intervint Harry. J'imagine que vous n'avez toujours pas trouvé de qui il s'agissait ?

- Oh ! En effet. Mais le professeur Dumbledore est absent pour le moment. Si vous voulez, je le lui transmettrai.

- Absent ? Quand est-il parti ?

- Il y a un quart d'heure. Il a reçu un hibou urgent du ministère.

- Ah … Eh bien, vous pourrez au moins lui dire que celui qui a essayé de me tuer veut également la Pierre philosophale. Et qu'il a de bonnes chances d'y arriver.

- Mais … Comment savez-vous ? Demanda McGonagall.

- Grâce à une carte de chocogrenouille. Mais là n'est pas la question. Je crois que c'est également lui qui attaque les licornes dans la forêt. Mais j'aurais besoin d'en discuter avec le professeur Dumbledore pour en être sûr.

- Une carte de chocogrenouille … ? McGonagall leur lança un regard interdit. Puis, se reprenant :

- Le professeur sera de retour demain. Je ne sais pas comment vous avez fait pour connaître l'existence de la pierre, mais soyez rassurés, personne ne peut la dérober, elle est trop bien protégée. Quant à vos indices, j'en parlerai au directeur lorsqu'il reviendra, il vous fera demander s'il veut vous voir.

Hermione allait ajouter quelque chose, mais Harry la retint par le bras et, remerciant le professeur McGonagall, l'entraîna vers le parc.

- Il fallait lui dire que c'était certainement un piège ! N'importe qui voudrait voler quelque chose dans Poudlard éloignerait Dumbledore pour avoir plus de chance de réussite.

- Tu as raison. Mais personne ne nous croira, et personne n'ira imaginer que quelqu'un puisse passer les protections. Tu as entendu Hagrid ? Rogue, McGonagall, Flitwick, Chourave, Quirell et même Dumbledore ont participé à sa protection.

- C'est vrai que cela paraît impossible, mais …

- Mais si c'est un de ceux-là qui veut voler la Pierre, ce n'est pas complètement impossible. Et à mon avis, si il a envoyé Dumbledore à Londres, c'est qu'il sait comment faire.

Hermione parut affolée.

- Mais il faut absolument convaincre le professeur McGonagall ! La Pierre philosophale possède un grand pouvoir. Qui sait ce que cela pourrait donner entre de mauvaises mains ? Où m'emmènes-tu ?

- Voir Hagrid. C'est à lui qu'appartient Touffu. Il sait comment le neutraliser.

- Mais il ne va jamais te le dire !

- Voyons, Hermione. Si tu devais faire parler Hagrid sur les animaux dangereux, comment t'y prendrais-tu ? Surtout quand on connaît le plus grand rêve d'Hagrid …

- Ben … je … Je lui offrirais un œuf de dragon ! Réalisa Hermione. Tu … tu veux dire qu'il a vendu la mèche sur Touffu ? Je n'y crois pas !

Mais il s'avéra que Harry avait raison. Mieux encore, Hagrid avait laissé échapper qu'il suffisait de faire de la musique pour qu'il s'endorme. Ce soir là, après avoir mis au courant ses camarades, Harry s'apprêta à affronter les pièges des professeurs. Ce serait une course. Et le premier à obtenir la Pierre philosophale gagnerait.