When our hearts are fragile
Edit 10/09/10 : Hello à tous! Cette fic n'est pas morte et en plus je l'ai rééditée, elle devrait être toute propre et toute belle (il peut y rester des oublis de point-virgules, parce que document manager s'obstine à me les enlever lorsque je charge le document...grrr!).
Bonne lecture à tous !
Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont tous à vous-savez-qui, duh.
Résumé : fic AU. Sakura est étudiante en fac de médecine, Naruto travaille chez Ichiraku. Ils étaient les meilleurs amis d'enfance de Sasuke, mais pourtant celui-ci s'est écarté d'eux aujourd'hui. Histoires de familles et anciennes rancoeurs vont se mêler étroitement pour brouiller les vie de nos rookies. Et quand l'amour vient s'insinuer dans les cœurs, vont-ils pouvoir s'en sortir sans blessures ? SakuraSasori, NejiTenten, GaaraMatsuri, NarutoHinata, InoKimimaro, ShikamaruTemari et peut-être d'autres encore…
Prologue : Discussions autour d'une tasse de thé
Tout avait commencé ce jour-là, elles en étaient sûres, lorsqu'Ino avait invité ses trois amies Sakura, Hinata et Tenten chez elle, dans la jardinerie Yamanaka, pour prendre le thé. Elles avaient discuté de choses et d'autres, ravies de se revoir malgré les différents chemins qu'elles empruntaient aujourd'hui; Ino tenait la boutique familiale, Sakura était étudiante en fac de médecine, Hinata à l'Académie des beaux-arts et Tenten travaillait dans une forge très prisée de Konoha.
- Comment va Naruto, gros front ? Je ne l'ai pas vu depuis une éternité !
- C'est normal, il n'est pas là, Ino-truie !
- Il est vraiment parti vadrouiller avec Sasuke ? demanda Tenten, surprise.
Sakura secoua la tête, un peu attristée à la pensée du Uchiwa.
- Non, il est allé faire le tour du monde avec Gaara, ça fait déjà plusieurs mois qu'ils sont partis.
- C'est vrai ! Maintenant que j'y pense, Shikamaru m'avait dit que Temari-san pestait à propos de son petit frère, car elle et Kankuro doivent maintenant diriger le théâtre Shukaku tous seuls ! s'écria Ino.
Sakura prit une gorgée de son thé à la menthe.
- Shikamaru est toujours avec Temari ? s'enquit Tenten avec un peu de raideur, car elle n'avait jamais aimé la grande sœur de Gaara.
- Oui, bien sûr ! Mais dis-moi, gros front, Naruto et Gaara n'ont pas un rond ! Comment ont-ils fait ?
- Je ne sais pas, ils se sont débrouillés. Kiba leur avait trouvé deux motos à des prix intéressants, et ils ont aidé à charger le bateau. Ils vont revenir avec de sacrées belles photos !
- J-je suis sûre que Naruto-kun fait un grand aventurier, glissa Hinata d'une petite voix.
- tss, Hinata ! Tu es toujours à fond sur lui, à ce que je vois ! la taquina Ino.
Tenten pouffa doucement.
- Connaissant Gaara, dit-elle, je crois plutôt que Naruto va finir au fond d'un canyon ! Je ne connais personne d'aussi casse-pieds qu'un Naruto en cavale !
- Et Lee alors ? protesta Sakura
- Oh, Lee ! Il était question qu'il parte avec eux, non ? Mais lorsque Sasuke nous a tous plaqués, je croyais le voyage annulé, car Lee est parti avec Gai-sensei faire de la haute compétition.
Il y eut un petit silence, car les quatre amies songeaient au tournant que prenaient leurs vies depuis qu'elles avaient quitté le lycée, voilà deçà trois ans pour les trois plus jeunes, et quatre pour Tenten. Depuis, elles se voyaient rarement, car si Sakura et Ino habitaient dans le même quartier, Hinata, elle, habitait du côté du lac, dans les quartiers riches à l'autre bout de la ville, et Tenten errait un peu partout, changeant souvent de domicile au gré des fluctuations de prix des appartements, cependant son lieu de travail n'était pas très éloigné de la Grande Ecole où étudiait Neji, ce qui lui permettait de voir Hinata de temps à autres.
- Au fait, Hinata, as-tu des nouvelles de Kiba et Shino ?
- ano…j-je crois que Kiba-kun organise des randonnées…m-mais j'ai perdu la trace de Shino, j-je pense qu'il voulait faire fac de bio et se spécialiser dans les insectes.
- Iiik ! fit Ino, puis, sautant du coq à l'âne, elle soupira les filles, c'est terrible. Je viens de me rendre compte que nous sommes toutes célibataires !
- Toi, célibataire ? s'écria Tenten, incrédule. Impossible ! Si même moi ai réussi à me trouver un petit ami, tu ne peux pas être restée…
- Bien sûr que non ! la coupa Ino, vexée. Mais j'en ai marre de tous ces nazes ! Je veux le grand amour, moi !
Tenten éclata de rire.
- Tu auras du mal à le trouver ! Moi je n'y crois plus. J'ai essayé de bâtir de nouvelles relations mais Neji entrave tout. C'est le seul que j'aime vraiment, et c'est le seul que je ne pourrai jamais avoir !
- a-ano, Tenten-chan…Neji-nii-san t'aime beaucoup…
- évidemment ! Nous sommes les meilleurs amis du monde, fit Tenten, amère, et c'est justement ça le problème ! Neji voit en moi sa meilleure amie, il ne peut pas penser autrement. Je me déteste parfois de continuer à espérer !
- N'abandonne pas, Ten ! Et si tu avais raison ? Et si Neji est vraiment celui qu'il te faut ? Ce serait dommage d'avoir laissé tomber si vite ! N'oublie pas que Neji a fait deux ans de prépa, il n'avait pas le temps de penser à autre chose, dit Sakura, compréhensive.
- Oh oui, bien sûr, il n'avait pas le temps ! Mais il avait assez de temps pour aller traîner dans un bar et de se prendre une balle perdue ! grinça Tenten, tendue tout à coup et les larmes aux yeux.
- Tenten-chan ! s'écria Hinata, la voix tremblante, coupant court la jeune fille dans sa détresse, Tenten-chan, j-je t'en prie n-ne p-parle de ça…
Tenten s'essuya les yeux, et Sakura lui tendit un mouchoir avec un petit sourire de compassion. Pour elle aussi, cette période avait été pénible. Elle était alors en stage à l'hôpital de Oto, dans le centre-ville, lorsque Neji avait été pris au milieu d'une fusillade alors qu'il retrouvait, pour la première fois depuis un certain temps, ses amis Naruto, Lee, Shikamaru, Kiba et Chouji. Ceux-ci avaient eu des blessures superficielles, mais Chouji et Neji avaient bien failli mourir. Cela avait été un choc de voir Neji aux urgences, et de devoir réconforter une Hinata bouleversée et une Tenten hystérique, ainsi que de calmer un Naruto en furie. Elle avait encore en tête le sourire méprisant de Sasuke lorsque Naruto, les larmes aux yeux, lui avait fait part de la nouvelle. Avec tact, Gaara avait détendu l'atmosphère pour éviter la bataille inévitable qui aurait eu lieu si Naruto avait proprement analysé la signification de ce sourire. Les yeux verts de Sakura s'assombrirent.
- Sasuke…il a tellement changé…
- Que fait-il en ce moment ? fit Ino, pressée de changer de sujet.
Tenten se moucha et se concentra sur son thé. Hinata avait passé un bras autour de ses épaules pour la consoler. Sakura soupira.
- Sasuke…je ne sais pas ce qu'il fait, et je ne souhaite pas le savoir. Je sais qu'il a travaillé avec Orochimaru…
- ce savant fou ! coupa Ino avec horreur
- oui. Mais maintenant…je ne sais pas ce qu'il fait. Je crois qu'il voudrait reprendre l'entreprise familiale, mais il y a Itachi, son grand frère, qui le gêne. Alors il se balade avec des richards comme Suigetsu, Juugo et Karin…
- Mais je croyais Itachi dans l'Akatsuki ? objecta Ino, les sourcils froncés.
- Oui, c'est le cas, mais c'est l'aîné donc lui l'héritier. Oh, cette … de Karin !
- Cette quoi ? Ne marmonne pas dans ta barbe, gros front !
- C'est rien, Ino-truie ! Je déteste simplement la façon dont elle se pavane avec lui ! Et Sasuke-kun ceci, et Sasuke-kun cela…aaahh, j'ai envie de vomir !
- Est-ce que notre petite Sakura aimerait encore le super chaud Uchiwa ? se moqua Ino.
Sakura haussa les épaules.
- De toute façon, je n'ai pas le temps de fricoter avec des mecs, moi. J'étudie, et puis en plus je cherche un petit boulot, j'ai besoin d'argent. Dommage que tu n'aies pas besoin de moi, Ino.
- Je suis désolée…murmura Ino en baissant les yeux.
Ça avait été une grosse déception pour elle aussi lorsque ses parents avaient refusé d'engager Sakura. A leur surprise, Hinata sourit et, amenant son sac à elle, en tira une feuille.
- T-tiens, Sakura-chan. Peut-être que cette annonce t'intéresserait ?
Sakura déplia la feuille et la lu rapidement, Ino derrière son épaule
On recherche un modèle féminin d'âge majeur
Emploi très souple, peu d'heures de pose, anonymat garanti
S'adresser à Akasuna no Sasori
21 Avenue Shukaku, Suna
- Qu'est-ce que c'est, Hinata ? s'écrièrent les trois filles simultanément (Tenten avait elle aussi jeté un coup d'œil de derrière l'épaule de Sakura)
Hinata rougit.
- euh…en fait, j-j'avais pensé à Ino l-lorsque j'ai ramassé ce papier à l'Académie…m-mais puisque S-sakura-chan a besoin d'argent…
- Mais qu'est-ce que c'est ? répéta Ino.
- ça ne craint pas ? ajouta Sakura.
- A-Akasuna n-no Sasori est un artiste sorti de l'Académie l'an dernier, i-il a son atelier dans Suna et vit en collocation avec un autre artiste, D-Deidara. J'ai pris cette annonce parce qu'ils font partie d-des artistes avec qui il n'y a pas de problèmes…Leurs œuvres sont très connues dans notre milieu.
- Mais il s'agit de faire quoi ? Poser ? Il peint ?
- H-hai…c'était juste une idée comme ça…si tu ne veux pas…
- Mais si ! C'est une très bonne idée, Hinata ! Merci ! Merci beaucoup ! s'écria Sakura en sautant au cou de son amie qui devint rouge pivoine.
Ino soupira, jeta un regard sur sa véranda que les fleurs bariolaient de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
- Eh, Ino-chan, reprit Tenten d'un ton un peu agressif, comment sais-tu si ton mec est le grand amour ou non ?
- C'est simple : s'il n'aime pas les fleurs, c'est que c'est pas le bon, fit Ino d'un ton sérieux.
Il y eut un petit moment de silence, et les quatre filles éclatèrent de rire. Oh, c'était facile de rire lorsque l'avenir était encore à construire!
Chapitre 1 : Appels et Regards
En ce matin d'hiver, Sakura se réveilla tard et fatiguée; elle était allée la veille en boîte avec Ino et le regrettait, car elle avait mal dormi, ayant rêvé d'un Sasuke aux allures de psychopathe. Il était dix heures passées; heureusement qu'on était samedi ! Se levant, Sakura chassa ses dernières bribes de sommeil et alla s'asperger le visage d'eau, puis descendit dans la cuisine déjeuner. Son regard tomba aussitôt sur l'annonce de Hinata, qu'elle avait affichée sur le frigo.
- Je ferais bien de régler ça tout de suite, songea t-elle.
Avec un soupir, elle quitta à regrets son tabouret pour aller chercher l'annuaire. Elle feuilleta à travers les pages fines et jaunes, jusqu'à trouver le quartier de Suna, puis la lettre A.
Akasuna no Chiyo : 7 Avenue du Kazekage, Suna, tel…
Akasuna no Sasori : 21 Avenue Shukaku, Suna, tel...
Parfait. Décrochant rapidement son téléphone, elle composa d'un mouvement fluide des doigts le numéro. Le téléphone sonna plusieurs fois dans le combiné avant qu'avec un déclic, la sonnerie s'arrête pour laisser la place à une voix mâle.
- Atelier du Sable Rouge, hello !
Sakura hésita, un peu intimidée;
- Allo…euh, puis-je parler à Akasuna no Sasori s'il vous plait ?
- Bien sûr, hmm ! DAAAAAAAAANNAAAAA ! hurla son interlocuteur.
Sakura écarta précipitamment le combiné de son oreille, lâchant un juron. Elle avait pourtant l'habitude, avec Ino !
- Il arrive, ne quitte pas minette, hmm !
Quoi ?Comment l'avait-il appelée ? Minette ? Sakura était prête à passer un savon à l'artiste lorsqu'une voix douce se glissa hors du téléphone pour caresser ses tympans;
- Moshi-moshi (Allo) ? Sasori à l'appareil.
Elle resta un moment sans voix, frappée par le contraste, et la voix répéta, légèrement impatiente;
- Moshi-moshi ?
- Ah oh ne quittez pas ! J-j'ai lu votre annonce et…si vous avez besoin d'un modèle…enfin je veux dire…
Elle s'empêtrait dans ses mots, ses joues commençaient à brûler de honte. La voix de Sasori la coupa, amusée;
- Haï, je vois. Tu n'as jamais été modèle auparavant ?
- Non, je…est-ce que ça ira quand même ?
- Si tu commençais par te présenter ? reprit Sasori, un brin moqueur.
- Je…je suis Haruno Sakura, étudiante…je…je suis normale, un peu plate et j'ai les yeux verts et les cheveux roses. V-voilà…
Oui, voila : elle bégayait comme Hinata maintenant.
- Ah…Haruno Sakura…répondit pensivement Sasori. Très bien, on va essayer. Quand es-tu libre?
- Euh…que me proposez-vous ?
- Cette après-midi à deux heures ça te va ?
- Cette après-midi ? Ah, oui, oui ça marche !
- Parfait. A bientôt alors.
- A bientôt !
Clic. Tuuuut. Tuuuut. Tuuut. Clac, Sakura raccrocha sans en croire ses oreilles. Sasori avait accepté de la rencontrer ! Oh là là, il fallait qu'elle soit parfaite pour cette après-midi. Elle jeta un coup d'œil dans le miroir à l'entrée et avala nerveusement elle avait une tête horrible ce matin, vraiment. Jamais Sasori ne l'engagerait !
Tic, tic, tic. Tenten composait rapidement le numéro qu'elle connaissait par cœur depuis des années. Elle était allongée sur le ventre dans son lit, feuilletant le programme de cinéma. De là où elle était, elle pouvait voir les passants dans la rue pavée, en contrebas, et c'était l'un de ses passe-temps favoris. Elle avait travaillé tôt ce matin, avait terminé sa journée à dix heures, s'était douchée et changée. Ses longs cheveux marron, habituellement enroulés en deux macarons, cascadaient, encore humides, ondulant sur ses épaules. Elle nota le même passant que tous les jours, un jeune homme aux cheveux gris qui déambulait lentement sous les platanes, le nez dans son bouquin. Elle se demandait s'il allait se prendre un arbre lorsqu'une voix profonde et masculine la tira de ses pensées.
- Allo ?
- Neji ?
Elle savait déjà que c'était lui. Elle connaissait chaque variation de sa voix, chaque nuance et chaque couleur, que ce fut en vrai ou au téléphone.
- Tenten ?
- Salut, ça va ? Tu fais quoi ?
- Je révisais. J'ai des partiels la semaine prochaine.
- Oh.
Sa joie mourut brusquement. C'était déjà difficile de traîner Neji au cinéma, mais si en plus il avait des examens, cela signifiait noir sur blanc qu'elle devait abandonner cet espoir.
- Et toi ? Pourquoi tu me déranges ?
Elle sentit une bouffée de colère monter en elle. Elle détestait, non, elle haïssait lorsque Neji lui donnait le sentiment qu'elle lui faisait perdre son temps. Sans répondre, elle lui raccrocha au nez. Elle avait envie de pleurer. Le téléphone sonna quelques instants plus tard, et elle décrocha à contrecœur, incapable de résister.
- Allo ?
- Qu'est-ce que t'as ?
- Qui est à l'appareil ?
- Tenten, tu sais bien que c'est moi.
- Qui ça toi ?
- Tenten, qu'est-ce qui ne va pas ?
- ça va très bien.
- Ce n'est pas vrai, je sens bien que tu as du chagrin.
Elle sourit à travers ses larmes.
- Je suis déprimée.
- Je vois ça. Dis-moi.
- Bof…des histoires de fille…dis, tu ne veux pas aller voir Princesse Fu'un avec moi ?
- Attends, tu me parle d'un film là ?
- Bravo mon cher Watson. Brillante déduction.
- Tenten, je ne sais pas si tu réalises que j'ai mes examens de fin de semestre la semaine prochaine. Je n'ai pas le temps de…
- TU N'AS JAMAIS LE TEMPS POUR MOI DE TOUTE FACON ! coupa Tenten en hurlant, la voix déformée par la colère.
- Tenten !
- ça suffit, je te déteste ! Je te déteste, Hyuuga !
Elle raccrocha avec fureur.
Je te déteste, Hyuuga. Si seulement cela avait été vrai…
Elle baissa les yeux vers le téléphone, et, d'un geste habitué, le décrocha pour le faire sonner occupé.
Se rendre à Suna n'était pas une mince à faire, constata Sakura. Elle devait prendre deux bus dont l'un ne passait que toutes les demi-heures. En fait, le trajet serait direct depuis sa fac, il fallait donc qu'elle s'arrange pour placer ses heures de pose juste après ses cours. Elle se demandait pourquoi Sasori avait choisi d'habiter à Suna, s'il était aussi connu que le disait Hinata; Suna était un quartier de béton, régulièrement battu par le vent du désert qui soulevait des quantités de poussières et amenait parfois des tempêtes de sable. Les gens qui vivaient là n'étaient pas des plus riches, ni des plus recommandables, mais c'était sûr que comparé à la banlieue de Kiri, cela pouvait sembler le paradis.
Le bus s'engagea sur l'Avenue Shukaku et passa devant le petit théâtre des Sabaku, ce qui la fit sourire et penser à Naruto et Gaara. Elle tenta de repérer les numéros des immeubles ronds mais cela s'avérait tâche impossible : comme tout à Suna, les numéros étaient effacés par le vent, la vieillesse et le sable. Elle descendit donc à l'arrêt suivant et demanda son chemin à un policier, qui fixa son œil unique sur elle d'un air sinistre mais lui indiqua un bâtiment plus reculé que les autres, protégé du regard des passants par des arbres décharnés. Sakura s'y rendit, grimpa les marches rapidement et fut accueillie par un écriteau sur la porte :
Atelier du Sable Rouge
Akasuna no Sasori ~ Deidara
Entrée côté jardin
Cela signifiait qu'elle devait faire le tour. Jetant un coup d'œil autour d'elle, Sakura aperçut un petit sentier de galets polis qui serpentait le long de la maison, et elle le suivit. Elle se retrouva alors face à l'entrée d'une serre gardée par une imposante marionnette qui tenait dans ses mains articulées cette pancarte:
Atelier du Sable Rouge
Bienvenue
Un peu impressionnée malgré tout, Sakura entra dans la serre. Elle fut éblouie d'y trouver tant de plantes rares et qui plus est médicinales ! Elle était émerveillée qu'on puisse faire pousser à Suna de tels trésors, et se penchait vers une petite fleur pourpre lorsqu'une voix exaspérée la fit sursauter.
- Mais non Danna, hmm ! Tu as tout faux, comme d'habitude ! Quand comprendras-tu que l'art ne peut pas être éternel ?
- Deidara, fais-moi le plaisir d'aller voir là-bas si j'y suis, fut la réponse, grondée sur un ton impatient.
- Ano sa Danna, hmm ! Tu vas voir ! répliqua l'autre avec fierté.
Aussitôt après, Sakura vit débouler une créature blonde qui lui fit d'abord penser à Ino, mais en plus extravagant encore. L'autre s'arrêta net en l'apercevant –et aussi parce qu'elle était en plein dans le passage- et sa bouche boudeuse s'étira en un large sourire;
- Hmm ! Haruno Sakura je présume ? Deidara, artiste sculpteur et potier !
Il lui tendit une main dont la paume était tatouée d'une bouche qui tirait la langue. Elle le fixa, éberluée. Deidara avait des yeux bleus pétillants, peut-être même plus pétillants encore que ceux de Naruto, de longs cheveux blonds ramenés en une haute queue de cheval, avec une mèche qui lui tombait dans la figure tout comme Ino. Il s'était enveloppé d'un manteau noir orné de nuages rouges que Sakura était certaine d'avoir déjà vu auparavant et tenait un chapeau traditionnel conique en paille à la main; une tenue effectivement assez appropriée au vent desséchant de Suna, et aux imprévisibles tempêtes de sable, mais qui aurait pu l'efféminer terriblement. Cela avait d'ailleurs été la première pensée de Sakura, mais, maintenant qu'elle l'avait en face, ses manières vives et sportives ainsi que les traits masculins de son visage et sa voix grave ôtaient tout doute quant à son identité.
Elle lui serra la main;
- Haï, je suis Haruno Sakura. Heureuse de vous rencontrer, Deidara.
Son sourire s'élargit;
- Je sors acheter quelques petits trucs, histoire de faire tourner en bourrique Sasori no danna, hmm ! Continue tout droit et tu tomberas sur l'atelier. Tu ferais bien de te dépêcher parce que danna déteste attendre ou faire attendre les gens. Bonne chance minette, hmm !
Il fila vers la sortie avant qu'elle ait le temps d'ouvrir la bouche à nouveau. D'un pas hésitant, elle se dirigea vers l'atelier et, emportée par sa nervosité, entra vivement.
- Bonjour, il y a quelqu'un ? appela t-elle.
Elle entendit un petit rire derrière elle et, se retournant, tomba nez à nez avec un jeune homme d'une taille moyenne, qui, la tête légèrement penchée sur le côté droit, la fixait d'un regard brun rosé, esquissant un sourire paisible. Ses cheveux d'un pourpre chaud tombaient en mèches langoureuses sur ses tempes et son front, se dressaient en épis soyeux sur sa tête, et elle l'envia pendant un instant.
Mais sérieusement, comment avait-elle fait pour passer à côté de lui sans le voir ?
Il lui tendit la main et dit d'une voix un brin moqueuse;
-Bonjour, Sakura-chan. Je suis Sasori.
- Haï…bonjour…euh, pardon, je …balbutia t-elle, lui serrant brièvement la main.
- Ce n'est pas grave, viens, trancha t-il en tournant les talons.
Sakura sourit timidement et le suivit dans l'atelier, lui lançant un regard empli de curiosité. Sasori était vêtu à l'ancienne : une tunique qui tombait jusqu'à ses cuisses, et dont le long col recouvrait ses coudes. Ce qui la frappait, c'était la délicatesse de sa silhouette, la fragilité de son aspect. Ignorant l'étrange sentiment qui s'infiltrait dans son cœur, elle détacha ses yeux de l'artiste et jeta un coup d'œil autour d'elle. Elle remarqua, pendu à un crochet, le même manteau noir à nuages rouges que celui de Deidara. Elle frémit en apercevant des armes accrochées au mur. En les examinant de plus près, elle reconnut la marque de fabrication de la forge où travaillait Tenten. Rendue plus nerveuse encore par le silence qui les enveloppaient, elle se retourna brusquement, pour se noyer dans le regard mi-ennuyé, mi-songeur de Akasuna no Sasori, qui se tenait debout à côté d'une statue inachevée, une main aux ongles vernis avec soin caressant doucement le bois lisse et sombre.
- Vous faites des sculptures sur bois ? demanda t-elle pour briser le silence et tenter de se soustraire à son regard.
- Je suis marionnettiste. Mais les sculptures et les peintures se vendent mieux.
Un oiseau en kaolin attira l'attention de Sakura sa blancheur semblait briller dans la demie pénombre de l'atelier. Elle fit un geste vers lui
- Et ceci…
- C'est de Deidara. Il manie surtout l'argile. Ses poteries sont ce qui nous fait vivre, ces temps-ci. C'est la seule chose que les pauvres peuvent acheter et qui leur soient de quelque utilité.
Elle jeta à nouveau un coup d'œil aux armes, quelque peu craintive à leur égard. La voix de Sasori s'éleva, douce;
- Suna n'est pas tellement sécurisée. J'aime mieux avoir ça sous la main, comprends-tu.
Elle frémit.
- Tu n'es pas de Suna, n'est-ce pas ? dit-il en s'asseyant sur son tabouret, prêt à retravailler le bois.
- Non, j'habite au sud de Konoha.
- Je vois.
- Est-ce que…est-ce que j'ai le profil qu'il vous faut ? fit-elle nerveusement.
Il posa son regard calme sur elle.
- Approche.
Elle obéit, et il se leva pour l'examiner. Bien que certainement plus âgé qu'elle malgré ses traits étonnamment délicats, Sasori n'était pas plus grand que la jeune fille, contrairement à Deidara qui la dominait d'une bonne tête. Sasori la parcourut lentement des yeux, et Sakura sentit un frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale. Finalement, il prononça;
- Tu seras très bien.
Elle eut un soupir de soulagement.
- Quand pourrai-je commencer ?
- Maintenant.
- Maintenant ?
Elle le fixa, incrédule. Elle ne s'y était pas du tout préparée.
- L'art n'a pas d'horaires. Je voudrais te crayonner pour m'approprier un peu tes traits.
- Ah…euh…avez-vous une préférence quant aux vêtements, Sasori-san ?
- Les vêtements, je les invente. Tout ce que je te demanderai, c'est des sous-vêtements décents parce que parfois j'ai besoin de mieux connaître les formes de mon modèle.
- Oh…vous…vous ne faites jamais de nus ?
Pourquoi avait-elle posé la question ? Elle le regrettait maintenant, car il leva des yeux surpris sur elle. Mais au ton de sa voix, elle compris qu'il se posait la même question.
- Non, pas depuis ma sortie de l'Académie des Beaux Arts. Ne t'inquiète pas, ajouta t-il en remarquant la manière dont elle se détendit.
Il sortit un carnet d'esquisses, un crayon gras et s'installa à son établi. Il fit un geste large de la main, l'invitant à s'asseoir. Elle regarda autour d'elle, trouva un tabouret et s'y assit.
Sasori l'observa relever la tête vers lui et sourire timidement. Il remarqua les étincelles dans ses magnifiques yeux verts, et ce fut eux qu'il dessina en premier, les cils courbes vites tracés à grands coups de crayon…
à suivre...