Chapitre 1

Severus Snape grogna.

Les cris en provenance de l'infirmerie résonnaient dans le couloir, et la simple existence du bruit suffisait à le rendre fou.

« Que diable se passe t-il ici, par Merlin ? » aboya t-il en s'engouffrant dans la pièce. Dieu merci, Poppy et Minerva eurent au moins la décence de paraître confuses. Hélas, elles reprirent rapidement une contenance.

« Je présume que nous vous dérangeons, Severus ? »

Si McGonagall n'avait pas été une satanée Gryffondor, Snape aurait presque pu admirer le sarcasme dont la femme était capable. Presque.

« En effet ; aussi si vous pouviez maintenir vos cris hystériques à un niveau sonore plus acceptable... » il laissa sa phrase en suspens, s'évitant ainsi une plaisanterie inutile.

Sur ces mots, il tourna les talons pour sortir de la pièce, avant de réaliser qu'il en était incapable. Soupirant, il se retourna : « Collaporta ? Est ce que c'est une blague ? »

Poppy se renfrogna et tourna son regard vers le placard à vêtements.

« Bien sûr que non, professeur. Nous avons eu un... incident. Un élève a été attaqué et déposé là, devant ma porte. » Sa voix semblait plus menaçante à chaque mot. « Il est terrorisé et a tenté de s'échapper, c'est pourquoi j'ai du faire en sorte de l'en empêcher. »

« Un élève a été attaqué dans l'enceinte de l'école ? Le directeur en a t il été informé ? »

« L'attaque a été menée par d'autres élèves, Severus. Personne de l'extérieur n'a pu pénétrer dans l'école. Je ne vois pas l'intérêt d'impliquer Albus pour l'instant. » Intervint McGonagall.

« Quel élève? »

« Pardon ? »

« Quel élève? » répéta Snape

Le professeur McGonagall soupira. « Mr. Potter. »

« Tiens donc, quelle surprise. Il y aurait donc quelqu'un à Poudlard qui n'apprécie pas la mascotte de l'école? » ricana t-il.

Minerva leva les sourcils, dans ce qu'elle espérait être un regard sarcastique.

« Oui, n'est ce pas terriblement choquant, Professeur Snape? »

« Seriez-vous en train de sous-entendre que je pourrais souhaiter que le garçon soit physiquement blessé, Minerva? » Il ne put s'empêcher de se sentir amusé à la mention de 'physiquement'. Personne dans l'école n'oserait l'accuser de cela. Bien joué, Severus. McGonagall se contenta de reniffler.

« Maintenant, vous êtes dans le même bateau que nous, Severus. Nous ne pouvons risquer d'ouvrir une porte tant que nous n'aurons pas calmé le garçon, et j'ai vraiment tout essayé. »

« Où est-il? »

« Il se cache dans le placard » répondit Mme Pomfrey piteusement, comme si un élève terrorisé pouvait être un signe de son incompétence.

Ses robes s'enroulant autour de ses chevilles, Snape se retourna et se dirigea vers le placard en question. Ouvrant grand la porte, il ouvrit la bouche, prêt à lancer une insulte standard, mais la referma aussitôt si fort que ses dents claquèrent.

Il ne s'était pas attendu à cela… Il avait imaginé le garçon recroquevillé sur lui-même, le visage caché, pleurant. Et bien qu'il y ait effectivement des larmes, Harry se contentait de regarder droit devant lui, se balançant légèrement, mais tout à fait silencieux. Beaucoup, beaucoup trop silencieux. Quant à son visage et à sa nuque, ils étaient couverts de marques rouges et de contusions…

« Potter ? » Le mot sorti de façon bien plus calme et douce qu'il ne l'avait souhaité. Il ne lui valu pas pour autant de réponse, pas même une petite réaction, juste ce mouvement de bascule ininterrompu... Se tournant à nouveau vers les deux femmes, il ne pu s'empêcherd'exprimer son choc

« Qui a fait ça ? L'état de ce garçon est inacceptable ! …Même pour un enfant aussi insupportable que Potter! » ajouta t il à la dernière seconde.

« Nous l'ignorons. Nous n'avons pas réussi à le faire sortir de la transe dans laquelle il semble être plongé. Nous supposons que les coupables, qui qu'ils soient, ont pris peur en réalisant qu'ils avaient été trop loin, car ils l'ont déposé devant la porte de Poppy. Elle l'a trouvé devant l'infirmerie. Nous avons pu lui soutirer quelques réponses par gestes avant qu'il ne commence à hyperventiler, et qu'il ne s'enferme dans le placard. »

Il avait déjà observé ce genre de comportement avant, mais certainement pas sur ce morveux de Potter. De toute évidence, ses chers collègues étaient désemparés face à la situation. Se retournant vers le placard, il entreprit de sortir de garçon de son état de choc en l'appelant par son nom. Quand cette méthode eut, comme il s'y attendait, échoué, il saisit les mains d'Harry et les plaqua contre le fond et les parois du placard.

« Vous sentez ça, Potter? Vous êtes dans une armoire, à l'infirmerie, et pas dans l'endroit où vous vous imaginez être du fond de votre petit cerveau. » Il plaça à nouveau ses mains sur les parois. « Vous êtes à Poudlard, Potter. Vous vous êtes réfugié dans un placard. Vous pouvez le sentir sous vos paumes. »

Et sans surprise, le garçon commença à tâtonner le fond de l'armoire de son propre chef, libérant ses mains de celles du professeur. Mais il ne parla pas pour autant. Il se contenta de se tourner et de fixer Snape, clignant des yeux, puis ouvrit la bouche ; mais seul un gargouillement douloureux en sorti. Harry cessa rapidement d'essayer.

« C'est bien. En tout cas, ce n'est pas trop mal. Sortez du placard. Vous avez gâché suffisamment du temps de Mme Pomfrey. »

La femme en question protesta, avec plus de force dans la voix :

« Vraiment, professeur, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de le culpabiliser. »

« Très bien, débrouillez vous toutes seules. J'ai mieux à faire. » Avec un dernier ricanement, Snape lança un Alahamora sur la porte et se dirigea vers la sortie.

« Harry, mon grand, monte sur le lit ! Harry, non! »

Avec des réflexes aiguisés par les désastreux accidents de potions qu'il devait sans cesse prévenir, le sorcier attrapa Harry par l'arrière de sa chemise avant qu'il n'aie pu atteindre la porte de l'hôpital.

« Et où pensiez vous aller, Potter? » Harry ne répondit pas, et continua simplement à se débattre dans ses bras, tentant d'échapper à l'infirmière et aux professeur. Pour Snape, c'était tout sauf un combat : Potter ne devait pas peser plus de 35 kilos tout mouillé. Tout ce qu'il avait à faire était de rester là à tenir le garçon par le col et Potter finirait par se fatiguer de lui-même. Il mit un point d'honneur à afficher un air ennuyé.

C'est alors qu'il baissa les yeux et vit les marques sur le dos de Potter, à travers l'espace entre sa nuque et le col.

Elles étaient légères, très légères, mais elles étaient là, et Severus Snape savait exactement de quoi il s'agissait.