Voici la suite... qui ne s'est pas trop fait attendre, j'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

Bonne lecture
Lyana

Anniversaire, partie 2

Lorsqu'il arriva au bas de l'escalier, Gibbs ne vit pas Ally tout de suite. Finalement, il trouva la petite fille cachée sous la coque renversé du bateau qui encombrait son sous-sol. Les larmes qui couvraient ses joues rougies et la détresse sur son visage lui brisèrent le cœur et sans attendre, il la rejoignit dans son refuge.

« Oncle Gibbs, est-ce que tu es fâché contre moi ? lui demanda-t-elle d'une voix tremblante. »

Sans attendre, il attira la fillette dans ses bras et la serra fermement contre son cœur en lui répondant doucement :

« Mais non, chérie. Pourquoi je serais fâchée contre toi ?

- Je… j'ai été méchante, j'ai dû être méchante, j'ai fait de la peine à papa et tu es toujours fâché contre ceux qui font de la peine à Papa.

- Tu n'as rien fait de mal, petit ange, qu'est-ce qui te fait croire une chose pareille ?

- Papa ne m'aime plus, il… il est triste quand il me regarde et ce matin…je…il parlait à Maman et il lui disait qu'il ne savait pas s'il pourrait s'occuper de moi encore, que c'était difficile et il pleurait, mais mon Papa, il ne pleure jamais. J'ai dû faire quelque chose de vraiment très mal, non ? lui répondit-elle d'une voix saccadée, entrecoupée de reniflement.

- Ce n'est pas ta faute, Ally, ce n'est pas ta faute, la rassura-t-il tendrement, la berçant doucement »

Son regard bleu se voilà lorsque le murmure de la fillette atteignit ses oreilles :

" Mais, pourquoi Papa m'aime plus alors ?

- Oh, Petit Ange….ne dit pas des choses pareilles, lui répondit-il en resserrant son étreinte sur le petit corps secoué à nouveau par les pleurs. Ton papa t'aime beaucoup, Ally. Tu es ce qui compte le plus pour lui et ce n'est pas ta faute s'il est triste en ce moment.

- Mais quand il me regarde il a ce drôle de regard et l'air tout triste.

- Tu sais que ton papa aimait beaucoup ta maman, n'est-ce pas ?

- Hun-hum, acquiesça la petite fille en hochant la tête. Mais Maman est partie au paradis.

- Oui, ta maman est partie au paradis et ton papa a eu beaucoup de peine. On en a tous eu, mais pour ton papa, c'était différent, c'était encore bien pire. Encore aujourd'hui, il a du mal à accepter que ta maman ne soit pas avec vous et lorsque quelque chose lui rappelle Ziva, cela le rend parfois un peu triste.

- Mais mon papa ne pleure jamais, c'est le plus fort !

- Je vais te dire un secret, Petit Ange, même les gens les plus forts pleurent parfois. Ton papa, oncle McGee, Jenny et Abby, même moi, nous avons tous pleuré lorsque ta maman est partie au ciel. Lorsque ton papa te regarde, il se souvient combien ta maman lui manque parce qu'en grandissant, tu lui ressembles de plus en plus. Elle était très belle, tu sais.

- Je sais, sur les photos elle est tellement jolie et elle et papa ont l'air heureux. Comment je peux faire pour que Papa ne soit plus triste alors ?

- Je crois qu'il va toujours être un peu triste, mais ce n'est pas ta faute, tu ne dois jamais oublier qu'il t'aime, plus que tu ne peux l'imaginer. Tu sais ce qui fait toujours du bien lorsqu'on a de la peine ? Un gros câlin et plein de bisous ! répondit-il en couvrant le visage de la petite fille de baisers sonores."

La fillette éclata d'un rire cristallin qui réchauffa le cœur de son parrain. Ils restèrent sous le bateau encore un moment, la conversation s'étant faite plus légère, Ally lui relatant maintenant à quel point elle avait aimé son anniversaire. Puis soudainement, la petite fille se tut lorsque son estomac émit un gargouillis sonore. Elle leva les yeux vers Gibbs et annonça alors :

« Je crois que j'ai faim !

- J'ai entendu ça ! De la pizza, ça te plairait ?

- Oh oui ! Merci oncle Gibbs. Est-ce qu'on peu avoir celle avec de la saucisse, du pepperoni et plein de fromage s'il-te-plait, c'est la meilleure ! plaida-t-elle avec ce regard auquel l'ex-marine de pouvait rien refuser.

- J'aurais du me douter que c'était ta préférée, répondit-il en riant. Bien sûr, chérie, après tout, c'est encore toi la reine de la journée."

C'est en souriant qu'il émergea de sous la structure de bois, en quête du téléphone et il ne pu s'empêcher d'ajouter pour lui-même : Ziva, elle te ressemble peut-être de plus en plus, mais il n'y a aucun doute que c'est la fille de DiNozzo.

***

Tony était allongé sur le sofa, un verre de tequila dans une main, la télécommande du lecteur DVD dans l'autre et il hésitait à démarrer ou non la vidéo qu'il avait placée à l'intérieur un peu plus de quinze minutes plus tôt, cette vidéo qui avait passé les cinq dernières années précieusement enfouie dans le tiroir de sa table de nuit. Finalement, il appuya sur le bouton de mise en marche et les larmes qu'il avait retenu toute la journée glissèrent finalement sur son visage, laissant des trainées luisantes sur leur passage. Il ne pouvait détacher son regard du visage familier qui le regardait maintenant à travers l'écran.

La plupart des enregistrements sur ce DVD avaient été pris pendant l'année qui avait précédé la mort de Ziva et majoritairement par Abby, qui les avait harcelés avec cette caméra vidéo. Ils étaient si heureux à ce moment-là. Il regarda les images se succéder, bercé par la voix qui lui manquait tant. Il ne put s'empêcher de sourire en se remémorant ses souvenirs heureux, leurs querelles amicales, leurs diners à la chandelle, les leçons de piano, leurs soirées passé sur ce même sofa à regarder des films, le moment où ils avaient appris qu'elle attendait un enfant, leur enfant et celui, capté à leur insu par Abby, où il lui avait demandé d'unir sa vie à la sienne après une affaire particulièrement longue où il avait eu tellement peur de la perdre. À l'écran, on voyait maintenant une Ziva radieuse, qui lui montrait le travail qu'elle avait accomplit dans la chambre du bébé, la petite pièce décorée avec goût dans des tons de vert pomme, de lavande et de bleu pâle avec des touches de roses, des motifs de libellules et de papillons sur les rideaux et le petit édredon. Cette même chambre était toujours celle de sa fille à la différence que la couchette d'enfant et la berceuse avaient cédé la place à un lit superposé et une maison de poupée. Le désordre y était également beaucoup plus important. Finalement, le dernier extrait apparut et c'est secoué par les sanglots, le regard embrouillé, qu'il se rappela cet instant exact. Il était rentré plus tôt du boulot. Il avait tellement hâte de rejoindre Ziva. Lorsqu'il était entré dans la maison, il l'avait entendu avant de la voir et s'était approché en silence. Elle était assise dans la berceuse de la chambre qui accueillerait bientôt leur petite fille et elle chantait d'une voix douce une berceuse Yiddish en caressant son ventre arrondi. Elle était magnifique. Il se souvenait avoir capté ce moment magique sur la caméra de son portable. Ils avaient passé la soirée à échanger des souvenirs d'enfance par la suite, Ziva lui racontant comment sa mère avait l'habitude de chanter cette berceuse pour elle et Tali lorsqu'elles étaient enfants.

L'écran revint finalement au noir, plus de deux heures plus tard. Il se sentait complètement épuisé mais étrangement plus calme. Il se reversa un verre, réalisant que la bouteille était déjà bien entamée et une vague de culpabilité l'envahit. Il se leva, se dirigea vers la cuisine et en vida le contenu dans l'évier, jeta la bouteille vide et rangea le verre dans le lave-vaisselle. Sa fille était confuse à cause de lui et de la façon dont il avait agi ces derniers jours et il n'en était pas fier. Il se dirigea vers sa chambre à coucher, fouilla dans son armoire et en ressorti une petite boîte qu'il posa sur sa commode près du DVD et d'un album photo. Demain, il rectifierait les choses.

***

C'est vers la fin de l'après-midi du lendemain que Gibbs déposa finalement la petite fille chez elle. Après avoir embrassé son parrain, elle fit irruption dans la maison et courut vers son père qui l'attendait impatiemment. Ce dernier échangea un regard entendu avec son supérieur et d'un hochement de tête lui fit comprendre qu'il allait beaucoup mieux et qu'il savait ce qu'il avait à faire. Le reste de l'après-midi fut vite passé, le père et la fille occupé à préparer des biscuits pour dessert avec les lasagnes spéciales DiNozzo qui cuisaient maintenant au four. La fillette aida son papa à installer les couverts sur la table du salon. Comme tous les week-ends, ils partageraient le repas devant un film. Cars, de Disney, fut le choix d'Ally et lorsque finalement la dernière scène du film s'acheva, le repas n'était plus qu'un souvenir. Tony embrassa sa fille sur le front et lui demanda d'attendre un instant, il avait quelque chose pour elle.

Après avoir déposé les couverts sales dans la cuisine et fait un détour par sa chambre, il revint au salon et posa une petite boite, une pochette de DVD, un album photo et le livre de McGee près de sa fille, qui le regardait, curieuse.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle intriguée.

- C'est pour toi, Princesse, répondit-il simplement.

- Mais ce n'est plus mon anniversaire, fit-elle en fronçant les sourcils.

- Non, mais je crois que tu devrais les avoirs quand même. »

Il lui tendit alors la petite boite et lui fit signe de l'ouvrir. Les yeux de la fillette s'illuminèrent lorsqu'elle en découvrit le contenu.

« Oh ! C'est joli et ça brille ! C'est vraiment pour moi ? s'exclama-t-elle.

- Oui, trésor, c'était à ta maman, mais maintenant tu es assez grande et je suis certain qu'elle aurait voulu que tu l'ais, lui répondit-il tendrement en passant la chainette argentée autour de son cou. »

En voyant l'air radieux de la fillette aux longues boucles noirs et aux grands yeux sombres, arborant maintenant fièrement le pendentif qui n'avait pratiquement jamais quitté Ziva jusqu'au jour fatidique, son regard se remplis de larmes. Le sourire sur le visage de sa fille était celui de sa mère, ce sourire sincère qui avait su gagner son cœur. Lorsque la petite fille vit la tristesse sur le visage de son père, elle se rappela les paroles de son parrain et passa ses petits bras autour du cou de son père, le serrant aussi fort qu'elle le put.

« Je t'aime tellement, Princesse, fit alors se dernier en lui rendant son étreinte. »

Il se retourna alors sur le sofa, posa les pieds sur la table basse, installa confortablement sa petite fille sur lui et saisit le livre que lui avait écrit Tim. Le Bleu avait bien grandit depuis le temps. La mort de Kate l'avait secoué, mais celle de Ziva avait été encore plus difficile pour lui. Ils étaient proches et il savait qu'il la voyait comme une sœur. Il savait que d'écrire cette histoire avait du lui demander beaucoup, et il ne lui en était que plus reconnaissant. Il commença sa lecture et fut impressionné par la justesse dont McGee avait fait preuve dans le choix de ses mots et par la beauté des illustrations réalisées par sa sœur. Lorsqu'il tourna finalement la dernière page, il vit qu'Ally avait un regard rêveur sur le visage.

« Qu'est-ce qu'il y a, Ally ? interrogea-t-il doucement.

- La Princesse guerrière de l'histoire, celle que le Chevalier rend si heureux, c'était maman hein ?

- Oui, chérie.

- Elle était courageuse, elle n'avait peur de rien ! Le Chevalier, c'est toi ?

- Je crois que oui.

- C'était une belle histoire, mais c'est triste que la Princesse doive quitter le Chevalier et sa petite fille pour aller au paradis. Elle les protège de là-haut et s'assure qu'ils sont heureux, mais elle, est-ce que tu crois qu'elle s'ennuie ? Eux, ils sont deux alors même s'ils sont un peu triste, ils sont ensemble, elle, elle est toute seule, expliqua-t-elle avec une innocence toute enfantine.

- Je suis certain que le Chevalier et la petit fille lui manque, mais elle n'est pas toute seule là-haut. Tu veux savoir un secret ? Je sais des choses sur la Princesse qui ne sont pas dans le livre et c'est pour ça que je sais qu'elle n'est pas toute seule, lui répondit-il en attrapant l'album photo près de lui. »

Il lui montra les quelques photos d'enfance qu'avait conservé précieusement Ziva. Il expliqua alors doucement à sa fille que sa maman avait une petite sœur qui était allé au paradis avant elle et qu'elle l'avait sûrement retrouvé là-haut. Il posa les yeux sur une photo d'un jeune Ziva en compagnie de Tali et d'Ari qu'il ne commenta pas, tournant la page. Un peu plus loin, il lui montra une photo de Kate, lui expliquant qu'elle aussi, était une Princesse guerrière, comme sa maman et qu'elle avait été une de ses bonnes amies, comme Abby et Jenny et qu'un jour, elle était monté au ciel et il était certain que sa maman et elle étaient maintenant des amies. Ally l'avait écouté avec attention et après un moment, leva les yeux vers lui en demandant :

« Elle te manque, hein ?

- Oui, Princesse, mais même si ça me rend triste parfois, ça ne veut pas dire que je t'aime moins tu sais.

- Mais pourquoi elle est partie au paradis.

- Je n'en sais rien, mon cœur, mais ils avaient probablement besoin d'elle là-haut.

- Mais…je… qu'est-ce que je vais faire moi s'ils ont besoin de toi aussi au ciel, parce que je ne veux pas que tu meurs toi aussi, je ne veux pas me retrouver toute seule ! fit-elle sur un ton où pointait l'angoisse.

- Je n'irai nulle part, trésor, parce que tu as besoin de moi ici et quoi qu'il arrive Princesse, tu ne seras jamais toute seule je te le jure, la rassura-t-il en la serrant contre lui, caressant doucement ses boucles soyeuses. J'ai fait une promesse à ta maman avant qu'elle ne parte pour de bon. Je lui ai promis que tu saurais à quel point elle t'aimait et que tu saurais qui elle était. Abby a fait des vidéos, avant l'accident, qu'est-ce que tu dirais de les regarder avec moi »

La petite fille hocha la tête avec un entrain retrouvé. Elle était curieuse de voir sa maman autrement que sur les photos. À mesure que les scènes se succédaient à l'écran, la petite fille posait des questions et son père lui répondait patiemment du mieux qu'il le pouvait. Elle éclata de rire à la vue des frasques de son père et de sa mère qui agissait comme des gamins. Lorsqu'elle découvrit que sa maman jouait du piano elle aussi, elle fut ravie et c'est avec surprise qu'elle regarda son père jouer avec doigté, sous les encouragements de la belle israélienne qu'elle n'avait jamais connu. Ally trouva sa mère encore plus jolie à l'écran qu'en photo et sa voix avait quelque chose de rassurant. Lorsqu'ils eurent visionné l'enregistrement en entier, son père décréta qu'il était l'heure d'aller dormir. Il souleva la fillette exténuée dans ses bras et la porta jusqu'à sa chambre. Ses paupières étaient lourdes de sommeil et elle ne protesta pas. Il la borda, lui souhaita bonne nuit et l'embrassa tendrement sur le front. Il allait quitter la pièce lorsqu'il l'entendit murmurer :

« La berceuse, celle qu'elle chantait, je me souviens, tu la chantais aussi lorsque j'étais petite. Tu veux bien me la chanter encore, s'il-te-plait. »

Il se souvenait aussi. Il s'approcha et pris place sur le bord du petit lit, s'allongea près de sa fille et entama les paroles qu'il avait murmurées, d'abord avec Ziva, qui les lui avait patiemment apprises, puis seul, lors des nuits sans sommeil, alors qu'il regardait sa petite princesse dormir ou lorsque celle-ci se réveillait après un cauchemar. Il y avait bien longtemps, trop longtemps, qu'il ne l'avait pas fait et il était surpris qu'elle se rappelle ces petits moments. Rapidement, la respiration de la petite fille se fit profonde et régulière. La douce mélodie fut bientôt terminée et il caressa doucement les traits fins de sa fille avant de lui-même se diriger vers sa chambre. Cette nuit, le sommeil viendrait, et pour la première fois depuis longtemps, il ne craignait pas les cauchemars.

À suivre...