Voilà l'épilogue…

Ce chapitre est dédié à Aurélie, ma « petite sœur »…

EPILOGUE

POV Albus

Venise.

- Tu vas arrêter de le regarder, ce gondolier, oui ?

- Quoi ? Mais je ne le regarde même pas. C'est lui qui me regarde. Qu'est ce que tu veux que j'y fasse ?

- Arrête d'être aussi beau. Ca m'énerve. C'est à cause de tes cheveux blonds.

- Tu veux que je les rase ? Je le ferai, pour toi. Mais tu ne pourras plus d'y accrocher, mon ange, murmures-tu d'un ton moqueur.

Je fais la moue, me détournant temporairement de toi. Le gondolier a l'air perplexe.

On se rapproche de l'île de Torcello, désertée par ses habitants. Venise et ses clichés. Les canaux, les vaporettos. On débarque et on se dirige vers la Cathédrale Santa Maria Assunta, semblant perdue au milieu de nulle part. Tu es passionné par les mosaïques et notre séjour mêle découverte artistique et tendres siestes, à l'hôtel.

Ce bonheur me parait presque miraculeux, incroyable.

Toutes ces heures passées ensemble, à s'aimer, à apprendre le plaisir, l'addiction à ton corps puis l'abandon, c'est un cadeau du ciel inespéré. Comment ai-je pu passer à côté de ça, pendant ces mois ?

Comment ai-je pu tellement douter de toi, toi qui as tout quitté pour moi, qui m'as donné toutes les preuves de ton amour, depuis ?

Comment ai-je pu vivre sans ton souffle dans mon cou, la nuit, sans tes baisers tendres, le matin, sans la passion de ton corps, parfois, qui m'arrache l'âme et m'expédie dans les nuages ?

Je n'ai plus peur, depuis toi. Plus mal.

Mon cœur bat, je suis vivant.

Parfois la communion entre nous est tellement parfaite que je voudrais mourir tout de suite, entre tes bras, pour ne jamais redescendre. Mais on ne redescend jamais tout à fait. C'est juste comme une vague chaude, qui se retire à peine pour mieux revenir.



Il fait presque frais à l'intérieur de la Cathédrale, et je frissonne. Le soleil à travers les vitraux me rappelle le mariage de James, quand on s'est revus, après tout ce temps. Tu étais si beau, dans cette nef. Si loin de moi. Ta fine silhouette me déchirait les yeux et le cœur.

Maintenant tu es avec moi, dans cette cathédrale, et j'ai parfois besoin de glisser ma main dans la tienne pour être sûr que tout cela est réel.

Et c'est réel.

Tu restes longtemps immobile devant les mosaïques du Jugement dernier, et je regarde ton fin profil, et ton œil d'artiste. Je n'ai toujours pas compris les mystères des vitraux, mais je sais que tu m'initieras, un jour.

A notre retour sur le vaporetto, tu sembles rêveur. Je pose ma tête contre épaule, faisant fi des regards choqués. Ton portable sonne, pour la 3ème fois de la journée. Tu l'éteins, excédé.

- Tu ne réponds pas ?

- Non, ça doit être la galerie. Ca m'énerve.

- Ca va, Scorpius ?

- Oui, oui…

- Hmmmm…ça veut dire non, ça.

- Mais si, ça va.

- C'est ta peinture, hein ? Ca t'inquiète ?

- Oui, peut-être. J'ai plus trop d'inspiration, en ce moment, car je n'ai plus de manque à combler. Je pense que je suis trop heureux, avec toi…

Tu souris gentiment mais mon cœur se serre. Je ne réponds pas tout de suite.

Scorpius Malfoy est mon amant, mais Scorpius Malfoy est aussi un grand peintre. Une marque déposée, presque. Que suis-je, face à son œuvre ??

A contrecoeur, je murmure :

- Tu crois qu'il vaudrait mieux qu'on…se sépare ? Qu'on ne vive plus ensemble ? Enfin, du moins, pas tout le temps ?

Tes yeux s'agrandissent sous le coup de la surprise :

- Tu ferais ça ? Pour ma peinture ?

Je te regarde. Je vois ton visage mince, tes yeux tendres, ta bouche que j'ai embrassée ce matin, ton cou que j'ai léché cette nuit, et je ne veux pas perdre tout ça. Est-ce que je t'aime assez pour renoncer à tout ça ? C'est quoi l'amour, déjà ?

Tu attends ma réponse, angoissé.

Il y a des moments comme ça, où on joue sa vie à pile ou face.

En quelques secondes. Sans vraiment réfléchir, je réponds :

- Non

… ?

- Non, je ne ferais pas ça pour ta peinture. Je veux vivre avec toi, tout le temps. Tous les jours, toutes les nuits. Je m'en fiche de ta peinture, Scorpius, tant pis si on n'est pas riches. Je viderai des poubelles, pour toi. Je ferai la manche, s'il le faut, pour vivre avec toi. Mais je ne te laisserai pas repartir. Jamais.

Ta bouche s'écrase sur la mienne et tu me prends dans tes bras, avec fougue. Le gondolier nous fusille du regard. Au bord de l'asphyxie, tu reprends enfin ton souffle :

- C'est exactement la réponse que j'attendais, tu sais. Tant pis pour la peinture. Partons tous les deux, installons nous quelque part où il fait bon vivre, et vivons.

POV Lily

The ballad of Melody Nelson (Placebo)

Je referme mon téléphone portable, d'un coup sec. Trois fois que je te laisse des messages, en vain. Je range mon portable, en vidant mon verre, et en avalant une autre pilule bleue.

Je jette un coup d'œil au bar bondé. Mon jean qui découvre le haut de mon string hypnotise pas mal de mecs, mais il n'y en a qu'un seul qui me plaît. A peu près. Son tee-shirt laisse apparaître des tatouages et il se dégage une animalité presque inquiétante de lui.

Sa copine ne s'en doute pas, mais il va tomber dans mes bras. Bientôt. Je passe ma langue sur mes lèvres et je lui envoie un petit clin d'œil. Il sourit à peine.

Comme je m'y attendais il me suit aux toilettes et me demande mon numéro de portable. Que je lui donne, avec un sourire aguicheur.

N'hésites pas à m'appeler, chéri, j'ai rien prévu, pour le reste de la nuit. De la semaine. De ma vie.

Il me demande qui je suis.

Qui je suis ?

Pas besoin de te fatiguer, je suis celle qui dit oui à tout. Tout de suite.

Celle qui assouvira tous tes désirs, même les plus violents, surtout les plus violents.

Celle qui te jettera comme un kleenex, dans trois semaines, ou dans trois jours, quand l'adrénaline retombera.



Qui je suis ?

Je suis la dernière d'une famille de trois. Enfin, je l'étais. Parce que je me suis perdue dans la numérotation, depuis.

Je suis une fille amoureuse dans une famille où les amours masculines sont sacrées.

Je suis le vilain petit canard.

Je suis l'instrument de la vengeance de ma mère.

Je suis l'incendie qui ravage les tableaux.

Je suis une junkie qui ne se repend pas.

Je suis une salope, selon l'homme que j'aime.

Je suis celle par qui le scandale est arrivé.

Quatorze automnes, et quinze étés.

Je suis celle qui t'a coincé dans la salle de bain.

Celle que tu as violée, celle qui te l'a demandé.

Je suis la seule fille que tu as touchée.

La seule fille qui t'ait fait souffrir.

La seule fille qui t'ait fait jouir.

Je suis celle qui t'a tout pris.

Je suis celle qui t'a tout donné.

Je suis la première à avoir porté un bébé

Un petit Malfoy /Potter, désolée

Celui que ma mère a fait passer

Celui dont je ne t'ai jamais parlé

Parce que tu ne l'aurais jamais aimé.

Quatorze automnes, et quinze étés.

Je suis l'héroïne de ton histoire.

Je suis celle qui t'a empoisonné

Enfin non, c'est toi qui as voulu m'empoisonner.

Je suis la fille que tu as baisée et que tu as voulu tuer.

Je suis celle qui accomplira ta volonté

Celle que tu n'oublieras jamais

POV Albus

Léo

Deux ans plus tard

A la frontière de l'Italie, le temps s'écoule au ralenti. Il y a tant de douceur de vivre ici qu'on ne peut qu'y être heureux. D'ailleurs nous y sommes heureux, depuis deux ans déjà.

Quand on a déniché cette vieille bâtisse, j'ai cru changer de siècle. Mais il n'y a pas de siècle pour être heureux, et maintenant j'ai l'impression d'y vivre depuis toujours. D'éternelles vacances, avec un puits au milieu du jardin.

L'impression d'avoir toujours entendu les oiseaux, à mon réveil, d'avoir toujours vécu sous ce doux soleil, cette brume rosée matinale, d'avoir toujours pris mon petit déjeuner sous les glycines. J'aime les bruits du matin, quand l'air est pur et un peu piquant. J'aime te faire un café, j'aime ton air un peu absent, les traces de l'oreiller sur ta joue.

J'aime le moment où tu retournes dans ton atelier, dans la vieille grange, et où les grillons commencent leur chant obsédant. C'est le moment où je me penche sur les mails de la galerie, et sur les propositions des marchands d'art. Les expositions à organiser, les demandes diverses et variées. J'ai abandonné l'alchimie et mon sous sol sans trop de regret. Le seul mystère que je cherche à élucider maintenant c'est le bonheur. A quoi il tient ?

A cette maison où on s'est cachés, à l'argent de tes tableaux, à tes jambes sur mes épaules ? A ces voyages qu'on accomplit tous les deux, de ville en ville, selon le rythme de tes expos ?

Tu ne pars jamais seul, je suis toujours là. L'ombre discrète qui t'accompagne, qui te rassure. Tu m'appelles encore la nuit, alors que je suis dans tes bras.

Ta peinture a évolué en deux ans mais le succès est toujours là, et parfois on voit des touristes rôder autour de la maison.

Il est dix heures. J'entends un clocher au loin. Je me lève et je regarde par delà les orangers et les cyprès, la campagne lombarde.

De l'autre côté de la maison j'entends un bruit inhabituel et il me faut quelques secondes pour me rappeler que la maison est remplie, aujourd'hui. Les cris des enfants et le bruit caractéristique des plongeons me fait sourire. C'est la première fois depuis notre départ précipité du Manoir que toute la famille est réunie chez nous. Enfin, presque.



Draco, mon père et Isadora, plus liés que jamais par cet incompréhensible amour. Liés par les épreuves traversées, par une absolue volonté d'être heureux. Il m'a fallu du temps pour comprendre et accepter, je crois. Pour oublier la famille unie de mon enfance, les clichés de la famille traditionnelle. Notre famille n'a rien de traditionnel.

Ysé et Léo, les enfants de James, arrosent copieusement Sirius Amadeus, dans leur petite piscine en plastique. Moïra et Isadora partent faire les courses au village. Mon père fait ses longueurs dans la piscine, infatigable, tandis que Draco lit son journal. Une odeur de café monte jusqu'à notre chambre.

Sirius est un peu frêle à côté de ses cousins, un peu craintif. Mais Narcissa veille sur lui comme une louve, et fait régner l'ordre parmi les petits. Elle est superbe, gaie, la fierté de ses parents. Ses parents qui sont aussi ses professeurs, à Poudlard. Ca ne la gêne pas. Tant mieux.

Il est dix heures et tu m'appelles, depuis le lit :

- Albus, viens.

- Maintenant ? Mais tout le monde est levé. Il faut qu'on aille les rejoindre.

- Viens, mon amour. S'il te plaît.

Une petite sensation du côté du cœur. Je souris et je me glisse dans ces draps déjà froissés, dans tes bras tendus vers moi. Tu es nu, comme toutes les nuits. Je retrouve avec bonheur cette odeur, dans ton cou. Nos lèvres s'unissent, comme souvent le matin, et mes jambes s'emmêlent aux tiennes. Tes lèvres sont tendres, avides.

Tu te dégages doucement, et tu me regardes, étendu contre toi. Je sais que tu cherches cette couleur, dans mes yeux. Ce vert parsemé de bleu, la couleur que tu as inventée, celle qui a fait ta gloire.

Chaque matin tu vérifies que l'étincelle est toujours là, dans mes yeux. Parce que la nuit est faite pour les menteurs. Parce que la nuit l'obscurité travestit tous les sentiments. Mais au matin, dans la clarté aveuglante, on ne peut rien se cacher.

Je n'ai pas peur. Tu peux me regarder autant que tu veux, tu trouveras toujours mon amour pour toi, dans mes prunelles. Le même qu'il y a 15 ans, quand notre premier baiser avait le goût de nos sangs, quand je ne savais même pas que je t'aimais.

Le même qui brillait sous les étoiles, cet été là, quand on campait.

Le même qu'il y a deux ans, à la naissance de Sirius, quand on s'est retrouvés, enfin.

Non, plus fort, je crois.

Avec tendresse, ta bouche redessine mon corps, comme un pinceau. Ma main se perd dans tes cheveux, et mes soupirs te guident, dans ce chemin que tu connais si bien, quelques soient les tendres détours. Le chemin qui mène ta bouche sur ma bouche, tes doigts dans mes doigts, et, inexorablement, ta chair dans ma chair, ou le contraire. Encore et encore. Avec douceur ou avec violence. Aves des mots d'amour ou dans le silence.

Les mêmes gestes, chaque jour, chaque nuit, et un amour sans cesse réinventé. Un amour toujours neuf, brûlant, intense. Un amour qu'on cache, qu'on préserve, farouchement.

Un amour qui nous fait vivre, qui nous fait dormir, apaisés, ta main sur mon ventre.

Notre amour, qui chasse les fantômes du passé.

oooooOOOOOOOOOOOOOOoooooooooooo

Je descends dans la cuisine, dévorer un reste de brioche, et refaire du café. Le bouquet fane doucement. Tout à l'heure j'irai cueillir d'autres fleurs dans la serre et dans les champs, avec les petits. On mélangera toutes les variétés, même celles que tu cultives pour tes pigments.

Tu râleras un peu, pour la forme.

Il y a une lettre pour toi sur le buffet, que j'ouvre.

C'est une demande d'entretien, de la part de journalistes anglais. Tu refuseras, et je te convaincrai d'accepter.

Ils viendront ici, dans notre maison, s'extasier de la décoration et de la lumière naturelle. Ils te poseront les mêmes questions que les autres, tous les curieux qui s'intéressent à toi.

Pourquoi, comment, et depuis quand.

Je sais qu'à la fin de l'entretien, pour être polis, ils feindront de s'intéresser à moi. Ils me demanderont une anecdote. Mais les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu. Je leur sourirai gentiment.

Peut-être même qu'ils me demanderont qui je suis.

Qui je suis ?

Je m'appelle Potter. Albus Severus Potter. Un prénom impossible.

Que dire d'autre ?

J'ai un grand frère, James.

J'avais une petite sœur.

Elle s'appelait Lily.

Encore merci à vous tous qui avez suivi cette fic…en particulier les anonymes…vos reviews m'ont beaucoup touchée….merci.