La nuit l'encerclait malgré les lueurs que les étoiles projetaient, le vent lui semblait froid malgré le mois d'août. En fait tout lui semblait froid, tout lui semblait vide et sans intérêt, tout lui semblait fade….Sa respiration était calme, trop calme, comme résignée mais aucune larme ne coulait de ses yeux….Il ne pleurait plus, il ne voulait pleurer, il ne savait plus pleurer.

Les larmes s'étaient asséchées, laissant des yeux secs et pourtant empreint d'une terrible douleur, d'une tristesse qui vous enserre le cœur, le presse et l'étouffe mais encore et toujours, les larmes ne coulait pas. Il avait trop pleuré durant ses jeunes années, pas qu'il était vieux, en fait, il était même plutôt jeune, même pas la vingtaine….

Pourtant….

Pourtant la douleur de son regard le vieillissait incontestablement, la douleur sourde de quelqu'un qui a trop vu trop tôt, la rébellion muette d'une âme qui n'en peut plus….

Il lève doucement la tête pour observer la lune pleine et un sourire se dessine sur son visage halé. Le genre de sourire qui n'exprime que regrets et remords….Amertume….Une légère brise vient soulever ses mèches éparses, les laissant retomber doucement. Sa mèche verte retombe devant ses yeux et un autre sourire se forme lorsqu'il la repousse…..

Deux mois….Deux mois que le monde chante et festoie, qu'il rigole allègrement, faisant cas des sacrifices et des morts…..Les morts…..Ses morts…..

Deux mois qu'il l'adule et le félicite, l'honore et le glorifie….Lui, le héros, le Survivant devenu Vainqueur, Celui-qui-a-vaincu…..CONNERIE !!!!!!!!! C'est le seul mot qui lui vient à l'esprit quand il pense à cela…..Deux mois que le tyran est mort et le monde semble avoir oublié ses pertes, comme relégués en dommages collatéraux, soldats pour la victoire dans une guerre sanglante,…..

Bien sur, le ministre leur a rendu hommage, un monument fut dressé, les mangemorts condamnés au baiser du détraqueurs et leur nom ainsi que leurs actes seront inscrits dans les livres d'histoire relatant la seconde guerre…..Mais est-ce bien suffisant ?!

Lui, il n'y arrive pas, il n'arrive pas à oublier…..Il ne veut pas les oublier…..La pluie commence à tomber, drue, et avec un dernier regard sur la lune, il rentre à l'intérieur de la tour d'astronomie….

Poudlard est devenu bien plus qu'une maison ou qu'une école, il est devenu un symbole, le symbole de la liberté….Et même si chaque recoin du château détient un souvenirs, même si chaque pièces à son lot de rire oublié pour rien au monde, il serait parti ailleurs après la bataille……Il rentre donc dans la tour, plus décidé que jamais….Il ne saurait plus vivre dans ce monde où il n'a plus sa place…..

Cela faisait un moment qu'il y réfléchissait….La prophétie accomplie, les siens morts….Que lui restait-il pour construire sa vie ? Sur quelles bases pourrait-il construire son avenir ? Comment avancer dans un monde qui vous voie seulement comme le héros qui a tué le tyran ?? Ils lui avaient proposé la direction de Poudlard mais c'était le rôle de Minerva, jamais il ne pourrait diriger une école….Ils lui avaient même proposé celui de ministre dans la ferveur du moment mais la politique n'était pas dans ses cordes…..Il l'avait élevé au rang de Merlin vivant et, il ne se faisait pas d'illusion, une fois l'allégresse de la victoire passée, une fois que les esprits auraient retrouvé leur sérénité, ils lui trouveraient des tords, au moindre faux pas, ils l'immolerait vivant…..Le ministre voulait l'avoir de son côté, les journalistes voulaient une interview, les fans voulaient le toucher, lui ne demandait qu'à oublier ce que tout ces badaux ne cessaient de lui rappeler…..

Non, il ne pouvait plus vivre ici. Il en avait parler avec Minerva et Molly et elles avaient compris sans vraiment accepter. Molly était réellement devenue une seconde mère mais la peine était trop forte, les souvenirs trop douloureux, la culpabilité trop cuisante….Oui, il avait gagné mais combien était mort avant ? Combien de morts avaient été nécessaires pour que, lui, puisse tuer Voldemort ??

Trop.

Beaucoup trop.

Il avait fait diverses recherches et avait fini par trouver son bonheur. La magie traditionnelle ne contenait rien de bien précis sur les voyages interdimenssionelles mais, par contre, la magie runique, elle, contenait bien un charme, l'Espacis tempus. Celui-ci permettait d'accéder à une réalité parallèle à la sienne, rien ne pouvait laisser présager quelles sortes de réalité. Ce qui revenait à dire qu'il pouvait très bien atterrir dans un monde où Voldemort n'avait jamais exister, tout comme dans un monde où il régnait d'une main de fer, Minerva l'avait d'ailleurs mis en garde mais qu'importait…..S'il devait se battre, il le ferait, il n'avait jamais fait que ça….Rien ne le retenait ici….

La magie runique était une magie ancestrale, assez peu connue des sorciers contemporains. Elle se basait sur le pouvoir des runes, un langage ancien permettant d'accéder à l'essence même de l'élément en question et non pas juste à son appellation. Par exemple, le feu en langage runique signifiait l'essence même du feu, ce que le compose et le construit, toute l'énergie nécessaire à sa réalisation et pas seulement le nom donné au phénomène engendré par ces énergies. Le temps et l'espace en magie runique étaient donc à manié avec une extrême précaution. La magie nécessitait un apport d'énergie assez important qui augmentait suivant la nature du sort, celui-ci demandait une quantité impressionnante, heureusement que ce n'est pas cela qui le gênerait….

Le garçon marcha doucement jusque dans le parc de Poudlard, ne s'arrêtant même pas devant la stèle « Des victimes de la seconde guerre », et s'installa dans l'herbe. Il plaça, comme indiqué dans le livre, cinq bougies aux pic des cinq branches de l'étoile qu'il avait préalablement dessinée. L'étoile à cinq branches était un symbole très ancien contenant à lui seul une très grande puissance. Les moldus la reliant, à tord, avec la magie noire, le pentacle était tout simplement largement utilisé dans la magie noire ou blanche pour sa puissance impressionnante. Il écrivit des runes symboliques dans l'étoile et s'installa en son centre, où il avait déjà mis ses affaires ( Pas moyen de partir pour un monde inconnu sans le minimum, non ?). Il s'assit en tailleur, focalisant ses pensées sur son objectif ce qui s'avéra plus difficile que prévu étant donné ses pensées actuelles….

Doucement, d'une voix calme et posée, presque chantante, il commença à psalmodier la formule, la répétant comme un leitmotiv béni, avec autant d'espoir qu'il le pouvait encore…..

Après quelques minutes, il sentit une étrange sensation au niveau de son nombril ainsi que dans sa nuque. Ses muscles se raidirent et son rythme cardiaque s'accéléra brusquement…..

Et c'est dans un flash de lumière aveuglante que Harry Potter disparut.