Coucou tout le monde. Voici la suite des aventures de Remus et Harry. Petit rappel des faits : Harry continue son harcèlement envers son professeur qui n'est pas insensible au charme vénéneux du garçon. Comment Remus va réagie à présent qu'il sait qu'Harry 'sort' avec Drago, jeune avocat arrogant.

J'espère que cette suite vous plaira…

Même si c'est en avance, je souhaite une 'Bonne année 2011' à tous(tes) ceux (celles) qui me lisent. Que cette année vous apporte tout ce que vous désirez !

A bientôt pour le Harry/Dresseur de dragon pour les personnes qui liraient 'l'homme qui murmurait', j'ai en effet commencé le futur chapitre qui j'espère ne tardera pas trop.

Chapitre 9 : Renvoi ?

Remus marchait à pas rapides, dans le vent froid qui marquait le début de l'hiver. Il venait de déposer chez Mrs Figg, Teddy. Le garçon très fatigué avait fait preuve de beaucoup de mauvaise volonté. Remus avait été obligé de le lever, de le laver, de le préparer sans la moindre aide et au moment de laisser l'enfant, Teddy lui avait enserré la jambe durant de longues minutes, refusant de le laisser partir. Et, à présent, il était franchement en retard. Alors qu'il devinait tout juste le bâtiment dans le lointain, il entendit l'écho d'une sonnerie signalant le début des cours. Il grinça des dents et échappa un 'Merde !' sonore. Même s'il savait d'ores et déjà qu'il n'avait aucune chance d'arriver à l'heure, il remonta le col de sa veste contre son visage et accéléra encore le pas. Plus il avançait, plus il prêtait attention à une voiture garée devant l'établissement et qu'il connaissait déjà, pour l'avoir croisée à l'occasion, lors de la fin des cours. La voiture de sport noire, probablement une corvette - Remus ne s'était jamais vraiment intéressé aux marques de voitures auparavant - était garée sur une place de stationnement réservée aux handicapés et cela ne semblait guère embarrasser le propriétaire. Après avoir longuement hésité, la curiosité l'emporta sur le devoir et finalement Remus se dirigea en direction de la voiture même si, au fond de lui, l'homme savait qu'il n'avait aucun droit d'agir de la sorte. Comme il s'en doutait, lorsqu'il arriva à proximité, il vit deux personnes –deux hommes- s'embrasser à l'avant de la voiture. L'un des deux portait l'uniforme de Poudlard et l'autre, assis à la place conducteur, était vêtu d'un costume qui à lui tout seul, devait coûter sans nul doute plus qu'un mois de salaire en tant que professeur à Poudlard. Remus frappa assez fortement contre le pare-brise, signalant sa présence aux deux autres qui s'arrêtèrent aussitôt. Même au travers de la vitre, Remus pouvait lire dans le regard du gamin toute la satisfaction qu'il éprouvait. Drago remit le contact et baissa la vitre électrique.

« M. Lupin, bonjour.

- M. Malefoy, répondit Remus hochant légèrement la tête. »

Aucun des deux hommes pris en faute ne semblait ressentir le moindre remords. Au contraire, le sourire narquois de Potter démontrait un certain plaisir pervers.

« M. Potter, il me semble que vous devriez être en cours, prononça Lupin le plus calmement possible.

- Bonjour, à vous, Professeur. »

L'insistance d'Harry sur le mot 'professeur' comme lors de cette fameuse nuit dans les bois fit grogner Lupin mais cela n'empêcha pas à l'insupportable gamin de poursuivre :

« Vous aussi, il me semble.

- Potter, je ne crois pas que vous soyez en mesure de me dire quoi que ce soit.

- C'est la vérité pourtant.

- Eh bien, soit, je le reconnais, je suis effectivement en retard mais j'ai au moins la décence de faire tout ce qui m'est possible pour ne pas arriver encore plus en retard. Contrairement, à vous, je ne reste pas à faire je-ne-sais-quoi dans une voiture, sans me préoccuper du reste. »

Harry cacha difficilement le début d'un fou rire.

« Vraiment, vous n'avez pas la moindre idée sur ce que nous faisions ?

- Potter !

- Si on ne peut plus plaisanter, à présent ! Et puis, vous avez beau vouloir les M. Parfait-qui-fait-tout-pour-arriver-à-l'heure, cela ne vous a quand même pas empêché de nous déranger inutilement, pour me rappeler à l'ordre.

- Malheureusement, je suis votre enseignant et cela rentre dans mes fonctions.

- Si ça vous arrange de croire que sous prétexte que vous êtes mon professeur, il était de votre devoir de venir me chercher et de me séparer de mon petit-ami et bien soit. Je n'ai plus qu'à m'incliner et à vous suivre bien gentiment. »

Remus grimaça légèrement devant l'air victorieux du gamin. Harry avait déjà ouvert sa portière mais le blond posa assez fortement sa main sur le poignet droit du garçon qui était resté sur le tableau de bord. Apparemment, l'avocat jugeait que c'était à lui de décider du moment opportun pour que le garçon descende de sa voiture. Le professeur de littérature n'apprécia pas ce geste trop direct mais il n'osa rien dire et à la place, il préféra se reculer de quelques pas de la voiture pour permettre aux deux hommes de se séparer tranquillement. Il ne perçut que quelques bribes de paroles prononcées par un Harry visiblement contrarié… « Non, mais ça va pas… » « Ca suffit, n'en parlons plus ! » « A ce soir ! ».

Les derniers mots laissèrent un arrière-goût amer dans la bouche de Remus mais il fit tout pour garder le même visage impassible devant le brun qui claquait assez bruyamment la portière de la voiture. Le garçon jeta avec désinvolture son sac de cours sur son épaule et se posta sur le trottoir, en face de son enseignant tandis que la voiture démarra à vive allure et vrombissait déjà dans les rues de Londres.

Le garçon se tenait tout à côté du professeur, il tapait légèrement le sol du pied, aussi insolent qu'à l'accoutumée. Sa respiration était rapide et il était clair qu'il n'appréciait pas du tout de s'être fait rappeler à l'ordre par Lupin :

« Vous êtes content, je vais enfin pouvoir rejoindre ma salle de classe.

- Je suis sûr que les autres élèves n'attendent plus que vous.

- Vous donnez dans la mesquinerie, à présent, Professeur. Ce n'est pas digne de votre rang ! »

Remus ne préféra ne rien répondre et à la place, il commença à marcher vers la cour du lycée. Harry était resté à la même place, n'ayant visiblement aucune intention de le suivre gentiment. L'homme aux cheveux châtains s'arrêta et commença à s'énerver :

« Trêve de plaisanterie ! Je n'ai pas le temps de jouer !

- Ah bon ? demanda Harry, levant un sourcil sarcastique. Pourtant, vous adorez tellement ça, d'habitude !

- Il me semble que j'ai dit qu'il fallait rejoindre nos classes respectives, nous sommes EN RETARD, répliqua le professeur, ayant encore le vain espoir d'être, pour une fois, écouté par son élève ou du moins entendu.

- Un peu plus, un peu moins… répondit le garçon dans un haussement d'épaule. »

Harry s'était refusé à faire le moindre pas. Il restait obstinément là, simplement à dévisager son professeur.

« Qu'attendez-vous donc ? Avancez !

- Venez donc me chercher, si vous voulez vraiment que je bouge… »

Remus resta face au garçon, interdit. Il n'aimait pas le ton qu'avait pris le garçon. L'insolence habituelle avait légèrement laissé la place à un ton plus chaud, d'autant plus menaçant. Il le mettait au défi mais Remus n'avait aucune envie de le relever. Il se contenta de souffler d'impatience et d'exaspération.

« Vous croyez quoi, Potter, je ne vais pas vous pousser pour que vous franchissiez les grilles de Poudlard.

- Non, je me contenterai que vous me portiez. Ca ne serait pas génial que vous me portiez dans vos bras, comme une jeune mariée…

- POTTER !

- Oui ? susurra un Potter toujours plus démoniaque, son maudit sourire plaqué sur ses lèvres.

- Vous avez gagné !

- Vous acceptez ? demanda Harry, visiblement surpris.

- Ne soyez pas ridicule, voulez-vous. Faites comme bon vous plaira, restez ici et ne revenez plus jamais à Poudlard, si c'est votre souhait. Cela ne me concerne aucunement. Bousillez donc votre vie ! »

Remus continua son chemin. Il ne savait pas trop ce qu'il espérait, qu'Harry reste là où il était et qu'il en soit ainsi débarrassé ou au contraire que le gamin s'oppose et se bouge. Alors qu'il marchait vers le portail, il entendit des pas précipités derrière lui, juste avant qu'une furie ne lui barre le passage. Il avait réagi. Bien ! Un sourire naquit sur les lèvres de Remus.

« Vous vous foutez de moi, en plus ! hurla le brun, en colère. Connard !

- Je suis encore votre professeur, il me semble, alors ne m'insultez pas.

- Je vous parle comme je veux d'abord.

- Non, vous ne pouvez pas.

- Vous croyez pouvoir m'en empêcher !

- Parfaitement ! Vous me devez le respect.

- Le respect ? Foutaises ! Epargnez-moi vos leçons de morale de petit professeur coincé, elles ne convainquent personne et certainement pas moi. J'en ai assez de vos 'je suis votre professeur, vous me devez le respect, blabla, vous ne pouvez pas me désirer blabla et je ne peux pas vous désirer, blabla.' »

Potter avait presque hurlé les derniers mots et Remus, inquiet, regarda tout autour de lui, il voulait être sûr que personne n'ait pu entendre les paroles.

« Harry, vous vous imaginez des choses qui n'existent pas.

- Je… Je quoi ? Je m'imagine des choses, c'est bien ce que vous venez de me dire. Désolé de vous décevoir mais je n'imagine rien du tout ! C'EST UN FAIT ! Osez me dire que lorsque vous m'avez vu cette voiture, vous n'avez pas éprouvé une once de jalousie, rien, que dalle ! Je sens le poids de votre regard sur moi, dès que vous me croisez !

- Harry ! l'interrompit Remus. »

Son ton était beaucoup plus suppliant que ce que ce qu'il aurait souhaité. Lupin aurait voulu poursuivre et le raisonner mais le brun poursuivit, furieux

« Epargnez votre salive. Je sais pertinemment que je ne m'imagine rien du tout et que je ne suis pas fou. »

Le gamin était posté devant son professeur, les bras croisés, il le défiait de le contredire et d'engager le combat mais Remus ne s'en sentait pas le courage. Il savait que s'il entrait dans le piège que lui tendait Potter, il le regretterait des jours durant. Il s'était déjà assez laissé distraire par le garçon, les autres élèves n'allaient pas tarder à se poser des questions quant à son absence

« Je n'ai pas le temps, ni la patience de poursuivre cette discussion. Je dois retourner enseigner ce que je suis sensé faire depuis presque dix minutes. »

Remus s'était décalé, il passa à côté du garçon sans lui jeter un regard de plus. Au moment, où il allait enfin passer les barrières de l'établissement, Potter hurla à son intention :

« Fuyez ! Apparemment, c'est la seule chose dont vous êtes capable. Je plains cette pauvre Fleur, elle va galérer un moment avec un tel pisse-froid. Mais, bon, vu que vous avez déjà rendu folle cette malheureuse Nymphadora, on ne peut s'attendre à rien d'autre. »

Remus s'arrêta net, interdit. Il se retourna et en moins de deux pas, il se retrouva face à Harry. Il leva sa main droite mais avant qu'il ne puisse finir son geste et qu'il ne gifle son élève, le brun le stoppa.

« Vous êtes prêt à sacrifier votre carrière d'enseignant pour moi, en me giflant. C'est gentil de votre part mais cela n'en vaut pas la peine, vraiment pas. Je n'ai tout simplement, aucune envie de vous voir vous morfondre un peu plus dans le rôle du professeur incompris, martyrisé par l'un de ses élèves. »

Les deux se défiaient du regard. La main du jeune homme enserrait le poignet de son professeur. Le silence qui les entourait à présent était lourd et chargé de tension. Remus regrettait amèrement d'avoir séparé Potter de son 'petit-ami'. Il aurait dû les laisser ensemble et comme cela, Harry Potter se serait fait disputer et peut-être même renvoyer par l'administration et il n'aurait pas eu à intervenir. Alors qu'il était encore en colère, il se demanda si le gamin n'en profitait pas pour légèrement caresser son poignet. Cette sensation redoubla lorsqu'il vit le sourire narquois de Potter s'agrandir. C'en était trop :

« Potter, chez le directeur !

- Pardon ? demanda Harry interloqué.

- Vous m'avez très bien compris. Suivez-moi, tout de suite, dans le bureau du Professeur Dumbledore !

- Et pour quel motif ?

- Je ne crois pas que cela va manquer : retard, insubordination, impolitesse… Vous voulez que je continue la liste ou cela vous suffira ! »

L'adolescent lâcha le poignet de Lupin, visiblement surpris. Remus eut même le temps de lire juste un instant, dans ce regard si habité, une pointe de déception mal cachée, comme si le garçon s'attendait à ce que Remus règle les problèmes entre eux deux, sans faire appel à une autorité plus haute. Au fond de lui, l'homme lui donnait raison, il savait que faire intervenir l'administration ne servirait à rien, si ce n'est d'éloigner encore un peu plus le gamin du lycée et cette fois, peut-être définitivement.

« Vraiment, vous voulez renoncer à votre statut de professeur parfait et conciliant ? Vous savez probablement que si je n'ai pas été encore renvoyé, c'est uniquement grâce à votre volonté farouche de me garder. Vous allez vous en vouloir éternellement, si on me renvoie définitivement de Poudlard. Au moins, j'aurai ma vengeance, finit par reprendre Harry qui essayait de retrouver sa morgue habituelle. »

Lupin hésita à la vue d'Harry. Il voulait aider ce gamin, en tout premier lieu et avant tout. Il soupira profondément, Harry fit une moue d'impatience.

« Alors ? Choisissez à la fin, professeur conciliant ou connard de première !

- Potter !

- Je peux reformuler, si vous préférez. Vous m'aidez ou vous m'enfoncez un peu plus !

- Même si je souhaite vous aider, je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous voulez vraiment !

- Vous lisez dans les pensées, à présent ! Alors, M. le Devin, dites-moi à quoi je peux bien penser !

- Potter, restez sérieux !

- Mais, je suis on ne peut plus sérieux. Vous venez bien de me dire que D'APRES VOUS, je ne voulais pas vraiment de votre aide, alors qu'est-ce que je veux ? Vous serez peut-être meilleur à ce jeu qu'au fait de savoir ce que vous voulez en réalité ?

- Potter, vous montrez agressif, à mon égard, ne vous apportera rien du tout.

- Oh que si, vous ne pouvez pas imaginer le bien que cela me procure, je pourrai en jouir. »

Les yeux d'Harry se dirigèrent droit, vers son entrejambe, dans un regard non équivoque et il poursuivit sur sa lancée :

« Et puis, le soir, lorsque je suis seul, je n'aurai qu'à me remémorer votre tête à l'instant et je pourrais me soulager autant de fois que nécessaire et passer la plus merveilleuse des nuits ! Enfin, bien sûr, à moins que vous ne vous décidiez à y mettre du vôtre et à payer de votre personne. »

Le gamin s'était légèrement mais assez nettement rapproché, il le frôlait à présent. Même, avec la meilleure volonté du monde, Remus ne pouvait faire comme s'il ne voyait pas Harry s'avancer et se frotter contre lui. Il prit les poignets du garçon pour le repousser au-delà de la limite qu'autorise la décence.

« Ca suffit ! »

Et sans laisser au gamin encore une occasion de faire une énième scène, il le traîna dans la cour du lycée :

« Eh ! Vous me faites mal.

- Eh bien, comme ça vous pourrait évoquer les brutalités que votre professeur vous fait subir et vous échapperez ainsi à toute sanction ! »

Lorsqu'il entendit le ton sans appel de Lupin, Harry se dit qu'il valait mieux ne pas répliquer mais obéir sagement. Ils n'avaient fait que quelques pas dans la cour que déjà, Rusard affligé de son horrible animal de compagnie courut dans leur direction, il arriva essoufflé :

« Monsieur Lupin, qu'est-ce que ce garnement a encore fait ? Je l'ai déjà suspecté d'être responsable avec son copain Zabini de la détérioration de la…

- Oui, oui, l'interrompit Remus. »

Le professeur n'avait aucune envie d'entendre le vieil homme déblatérer toutes ces récriminations, la plupart n'étaient que le fruit de son imagination.

« Je vais retourner régler quelques problèmes avec ma classe. Vous n'avez qu'à amener, pendant ce temps-là, M. Potter dans le bureau du directeur. »

Lupin prononça ses paroles, sans jeter un regard vers Harry, de peur de changer une nouvelle fois d'avis. Il poursuivit sur ce même ton froid et neutre :

« Après l'y avoir laissé, vous reviendrez me retrouver dans la salle A105 et vous surveillerez la classe pour le reste de l'heure, d'accord ?

- Comme Monsieur voudra, répondit Rusard, obséquieux comme jamais.

- Très bien, Argus, merci. »

Sans laisser vraiment le temps à Harry de s'énerver ni même de répliquer, il partit enfin rejoindre sa classe. Il ne resta que quelques minutes, juste le temps de donner les copies qu'il avait fini de corriger la veille et de leur donner un travail sur l'apport du romantisme dans la littérature anglaise du XIXème siècle, ce qui devrait facilement les occuper pour le reste de l'heure. Il n'avait pas pris le temps de s'installer correctement à sa table, à la surprise de ses élèves, se contentant de poser sur le bureau son sac en cuir et de l'ouvrir. Ainsi, à peine, le concierge avait frappé contre la porte de la salle pour lui signifier la réussite de sa mission que déjà, Lupin refermait son sac et laissait au grand désarroi des élèves la classe entre les mains du vieil homme grincheux et susceptible.

Remus traversa les longs couloirs de Poudlard, à pas rapide. Il n'avait pas vraiment d'idée de la tournure que pourrait prendre une conversation entre Albus, Potter et lui. Il repassait en tête toutes les possibilités : l'emportement d'Harry, son mea culpa,… Bien vite, il se retrouva devant la porte du bureau directorial, le professeur se concentra quelques secondes et respira profondément avant de frapper deux coups secs. La voix douce du directeur résonna à travers la porte :

« Entrez, mon ami. »

La première chose que Remus vit c'était le vieil homme derrière son immense bureau qui buvait une gorgée probablement de thé. Harry était assis en face, il paraissait calme, toute marque d'agressivité avait été effacée de son visage. Remus, à cette vision, eut un mouvement de recul, d'autant plus marqué lorsqu'Harry lui sourit à son entrée. Il avait l'impression d'avoir atteint la quatrième dimension.

« Remus, mon ami, asseyez-vous. »

Le professeur de littérature, totalement perdu, ne réagit que lorsqu'il entendit son prénom. Dumbledore lui sourit à son tour et lui désigna le siège, à côté du garçon. Lupin s'assit précautionneusement, il tenait son sac devant lui, avec force, comme si c'était son ultime protection contre les mauvais sorts.

« Albus, salua le professeur respectueusement.

- Harry et moi, nous vous attendions avec impatience. »

Le vieil homme avait joint ses mains devant son visage, comme Remus l'avait vu faire un nombre incalculable de fois.

« M. Rusard m'a amené tout à l'heure, le jeune Potter, me signalant que c'était vous qui l'avez expressément demandé. D'ailleurs, Harry n'a pas démenti. Que s'est-il donc bien passé ? »

Remus se sentait gêné, il avait l'impression que c'était lui qui devait à présent rendre des comptes et son énervement lui paraissait de plus en plus disproportionné.

« J'étais, je le reconnais, en retard mais j'ai surpris à l'entrée du lycée, parlant avec un jeune homme qui ne faisait de toute évidence pas partie des élèves de Poudlard. Après avoir fait partir la personne en question, Potter s'est rebellé, faisant tout pour me retarder, n'ayant visiblement aucune envie d'aller en cours et à bout de nerf, lorsque j'ai croisé Argus, je lui ai dit de l'amener ici. »

Remus avait veillé à ne pas regarder une seconde Harry, lorsqu'il avait donné sa version des faits quelque peu arrangée. Il ne pouvait décemment pas dire toute la vérité. Il entendit le ricanement d'Harry à côté quand il eut fini son histoire. Dumbledore garda son sérieux habituel même si, dans son regard, Lupin semblait y lire une pointe d'amusement.

« Aurai-je le droit à une défense en bonne et due forme ou vais-je être directement condamné ?

- Bien sûr que vous allez avoir droit à une défense, mon enfant. Je ne suis pas cruel, à ce point. Alors, est-ce vrai que vous avez tout fait pour retarder votre professeur, quitte si j'ai bien compris, à vous montrer insolent ?

- Il n'avait qu'à ne pas venir me déranger.

- Je suppose que je peux prendre ça comme un aveu de culpabilité.

- Si vous voulez, je plaide coupable mais avec circonstance atténuante. »

Le vieil homme partit dans un rire devant ce garçon si têtu avant de poursuivre.

« Vous n'aimez pas avoir tort.

- D'autant plus quand je sais que j'ai raison. »

Le rire du directeur devint encore plus franc. Dumbledore jeta un coup d'œil à son enseignant, le voyant clairement mal à l'aise, il jugea le moment opportun pour détendre l'atmosphère :

« Voudriez-vous du thé et des biscuits, mon cher Remus ?

- Non, merci.

- Vous êtes sûr, je suis persuadé que cela vous ferait le plus grand bien, pourtant. Vous verrez, il a un petit goût mentholé du meilleur effet.

- Je… je… D'accord, finit l'homme par céder. »

Il savait par habitude que Dumbledore ne le laisserait jamais en paix tant qu'il n'aurait pas accepté, il valait donc mieux gagner des minutes qui pourraient s'avérer précieuses plus tard. L'homme aux cheveux blancs se leva aussitôt, vers le coin du bureau où reposait la desserte à thé. Il servit à une vitesse déconcertante une tasse de thé, accompagnée d'un gâteau cuillère, à Remus. Dumbledore attendit que l'enseignant but une gorgée du délicat breuvage et se soit très légèrement détendu pour reprendre :

« Qu'attendez-vous de moi, au juste, Remus ?

- Je… Je… »

Lupin marqua un temps d'arrêt à nouveau. Il avait beaucoup hésité précédemment et là, devant ce vieil homme au regard si doux et si apaisant, tout lui paraissait encore plus confus.

« Voulez-vous qu'Harry soit renvoyé définitivement de Poudlard ? lui demanda Albus Dumbledore. Réfléchissez bien, avant de répondre. Harry s'est déjà fait remarqué un certain nombre de fois, comme vous en avez sans doute entendu parler dans la salle des professeurs.

- Oui, évidemment. Même Bill semble avoir abandonné récemment.

- Contrairement, à ce qui s'est passé, la plupart des autres professeurs ne se plaignent plus de son insolence mais de son manque total d'investissement. Vous êtes à ce jour l'un des rares, si ce n'est le dernier, à me faire part de récriminations à l'encontre du garçon. »

Lupin put voir un début de sourire mal dissimulé par Harry, il préféra ne pas s'étendre trop sur le sujet et préféra écouter ce que Dumbledore avait à lui dire.

« Vous travaillez depuis suffisamment d'années à Poudlard, pour connaître les règles de base. Vous savez que par-dessus tout, Poudlard est un établissement d'exception qui n'accepte pas le moindre échec et si tout le monde ici croit qu'Harry ne se donne pas à 100%, cela signe son renvoi définitif du lycée. Je me suis jusqu'à aujourd'hui toujours refusé à réunir le conseil d'administration pour juger du sort d'Harry, sachant par avance ce qui allait advenir mais évidemment si l'ensemble du corps professoral est d'accord sur le sujet 'Harry Potter', je n'ai plus aucune raison de retarder ce fameux conseil d'administration. Alors, je vais être assez franc et vous demandez clairement si vous souhaitez le renvoi de M. Harry Potter. »

Le vieil homme semblait sonder l'âme de Remus à travers son regard bleu perçant. Le professeur se sentait mal à l'aise et il but une nouvelle gorgée de thé. Harry ne souriait plus, il s'était tourné un peu plus vers Remus et il attendait juste avec impatience la réponse de son enseignant. Dumbledore ne pressa pas plus Lupin.

Remus se remémora l'ensemble des cours particuliers ou non qu'il lui avait donné et à aucun moment, cela s'était bien passé, soit Harry était énervé et le lui faisait payer par l'une de ses remarques désobligeantes, soit il s'en fichait royalement mais d'un autre côté, il était de son devoir de ne pas laisser Harry ainsi. Il avait pu se rendre compte qu'il avait un talent certain pour le dessin et ce n'était pas en le renvoyant qu'il pourrait encore s'améliorer. Plus que tout, Harry avait cette rare faculté à lui faire perdre tout sens de l'à-propos, il avait pu encore le vérifier ce matin et il craignait vraiment sa réaction s'il était poussé à bout.

« Albus, n'y aurait-il pas la possibilité de ne renvoyer que temporairement Harry ?

- Oh, évidemment, comme ça, avec un peu de chance, il se sera calmé ! répondit Harry sarcastique. Comptez là-dessus !

- Harry, je ne suis pas sûr que ce que tu viens de dire, plaide en ta faveur, le reprit gentiment Dumbledore.

- En même temps, je ne pense pas que cela va changer quoi que ce soit.

- Voyons, Harry, il faut rester positif ! Après tout, Remus semble toujours hésiter quant à ton renvoi. Cela dit, en ce qui me concerne, je dois admettre que Remus a soulevé un point important.

- J'aurai dû le parier que vous prendriez parti pour lui et que vous me renverriez.

- Mais, non, ce n'est pas ça, je pensais plus à une période probatoire, mais pas uniquement pour toi, Harry. Remus me semble bien incapable de prendre une décision aujourd'hui et il est donc de mon devoir de faire preuve de patience et d'attendre qu'il soit fixé sur ton sort, sans l'ombre d'un doute. »

Harry se contenta de lever les yeux au ciel pour marquer sa désapprobation.

« Bien, donc, je laisse à partir de maintenant une semaine à Remus pour prendre sa décision quant à ton avenir. Sache mon garçon que je ne chercherai en aucune manière à lui faire changer d'idée et que tout ce qu'il me dira sera pour moi parole d'évangile. Pendant cette période, je ne veux pas que tu influences Remus et donc je vais te suspendre de cours de littérature et autres cours particuliers. Maintenant, si vous permettez, j'ai rendez-vous dans moins d'un quart d'heure avec M. Snape et j'aimerai me reposer un tant soit peu avant de l'affronter. Au revoir, mes enfants.

- Albus, répondit Remus qui se levait déjà de son siège. »

Harry ne prononça pas un mot lorsqu'il quitta lui aussi la pièce, il ne prit même pas la peine de répondre lorsque Dumbledore lui dit de garder confiance. Remus et Harry se retrouvèrent ainsi au milieu du couloir une nouvelle fois seuls. Le professeur s'attendait déjà à ce que le gamin lui hurle dessus, comme s'il était le dernier des imbéciles mais comme toujours, lorsqu'il s'agissait d'Harry, il se trompait. Le gamin resta silencieux.

« Potter, que vous arrive-t-il encore ? Vous ne devriez pas être furieux contre moi et me hurler dessus, en me traitant comme le pire des traîtres !

- Si c'est ce que vous croyez, libre à vous ! Professeur… »

Harry s'était interrompu, il n'avait pas fini sa phrase et pour la première fois, depuis des jours, il avait prononcé ce mot sans arrogance, sans second degré, sans aucune connotation sexuelle… Rien…

« Je crois que je n'ai plus le droit de vous parler.

- Potter ?

- Au revoir, Professeur. »

Et il partit…

A suivre…

Alors Harry va-t-il être renvoyé ?