NdA : je viens de revoir les anime de Kenshin et c'est une idée qui me taraude depuis. Je ne les ai vu qu'en japonais donc j'ignore comment la façon de parler de Kenshin a été traduite en français. Je fais ça au feeling.
Elle n'est pas prévue pour être très longue, mais aborde indirectement des thèmes difficile et est à terme un Saitô/Kenshin, si ce n'est pas votre truc….
Un horrible chantage
Du sang…Du sang sur son katana…Des cris…Des flammes…Trois cadavres autour de lui…Ils avaient essayé de s'interposer entre lui et sa proie…Les imbéciles…Il était le Battôsai, il n'éprouvait aucune pitié…L'homme se tenait debout, son visage restant étrangement flou, il savait qui était Himura, il savait qu'il allait mourir…Un instant suspendu…un pétale de fleur s'échoua sur l'onde du petit lac intérieur du jardin…l'instant suivant, l'homme était mort. Il n'avait pas crié. Mais l'onde était maintenant veinée de rouge…
Une voix perça le silence… Cette voix…Appelant son nom…
Une main sur son épaule…Il lutta pour s'éveiller, s'échapper de Kyôto…Clignement des paupières…Ses yeux d'améthyste s'entrouvrirent finalement…
Kenshin…Himura Kenshin…un Rurôni…pas un tueur…plus jamais…
-Himura !
Cette voix…Ne pourrait-il donc jamais échapper à Kyôto ? Il ouvrit les yeux pour regarder la rivière qui semblait faite d'argent dans l'air parfumé de la nuit. Il s'était assoupi en pêchant.
Kenshin releva les yeux vers Saitô Hajime, qui se tenait droit, dans son uniforme, un sourire méprisant au coin des lèvres. Après la fin du combat contre Shishio, leurs rapports s'étaient légèrement réchauffés. Cependant…
-Oro ? Qu'y a-t-il Saitô ?
…Saitô n'accepterait jamais ce qu'il était devenu. Et il y aurait toujours un autre combat…Kenshin collectionnait les ennemis « latents » comme Saitô…
-Il est tard. Ta petite amie va s'inquiéter…
-Oh…Kaoru-dono n'est pas…
Le « tss » de Saitô claqua comme un coup de sabre. Le loup de Mibu regardait Himura. Quelle tristesse ! Le Battôsai, réduit à vivre dans une telle déchéance…
Mais les yeux d'améthyste lui rendirent son attention, parfaitement sereins, avant de se concentrer sur la canne à pêche que le jeune homme rangeait.
Saitô admira, comme il l'avait fait tant de fois auparavant, le visage fin de l'ancien hitokiri, ses grands yeux limpides, la grâce inconsciente de son maintien, les longues mèches rousses qui semblaient s'être nourries du sang de ses victimes et qui contrastaient si parfaitement avec la pâle douceur de sa peau.
Oh, il le désirait. Et que ce soit mort, ensanglanté par la pointe de son sabre, ou vif et par d'autres moyens plus…inventifs, le battôsai lui appartiendrait un jour. Saitô était patient, mais ne laissait jamais une proie s'échapper. Spécialement quand elle était aussi appétissante.
Kenshin se leva finalement, son matériel de pèche sous le bras. C'est vrai qu'il était tard et que la jeune Kaoru allait s'inquiéter, sans parler de Yahiko et de Sano, qui allait râler, parce qu'à cause de son assoupissement passager, il n'avait attrapé aucun poisson. Il s'en sentait un peu coupable. Le regard dur et ambré ne l'avait pas quitté depuis que Saitô était arrivé. Mais l'esprit du rurôni n'en ressentait aucun danger. Chaque fois qu'il s'était trouvé en présence de Saitô depuis sa « résurrection », il avait toujours la pleine et entière attention du loup. Il ignorait pourquoi, mais n'en était pas inquiet. Si Saitô décidait de mettre leurs comptes à jour, il ferait ça dans les règles, et non en l'attaquant en traitre.
Il releva les yeux vers le visage taillé à la serpe du policier. Ca avait quelque chose de désagréable que Saitô lui prenne autant de centimètres. Kenshin lui adressa un gentil sourire un peu distrait…
-Je vais rentrer au Dojo, bonne soirée…
Et sur ceux, il tourna les talons et repris le chemin du Dojo Kamiya. Saitô resta quelque instant, sentant le parfum perdurant, à la fois sucré et sanglant, du jeune errant. Puis avec un sourire carnassier il partit dans la direction opposée.
Kenshin profitait de la douceur de la nuit tout en se pressant de rejoindre sa maison...Sa maison…Ca faisait si longtemps qu'il cherchait un endroit qu'il pourrait appeler ainsi…Et même si une sensation de manque perdurait, dont il ignorait la cause, il était heureux, aussi heureux que possible.
Arrivé au Dojo, il dut surpris de voir Sano et Yahiko à la porte, l'air inquiet. Il ne pouvait pas être si tard, si ? Ou était-il arrivé quelque chose ? Il accéléra le pas et s'arrêta devant Sano, ses yeux demandant une explication.
-Kenshin !
-Sano, qu'y a-t-il ?
-Kaoru n'est pas avec toi ?
Kaoru-Dono ! Kenshin sentit la rage s'infiltrer en lui et la réprima avant qu'elle ne l'ait envahi. Personne n'avait le droit de poser ses mains sur Kaoru. Personne. Il avait juré de toujours veiller sur elle et de mourir pour elle s'il le fallait. C'était une promesse dont il avait fait sa vie.
-Non, je ne l'ai pas vu.
Yahiko se mit à bouger les mains avec animation.
-Quand la nuit est tombée et que tu n'étais toujours pas là, Kaoru a dit qu'elle allait te chercher. Ca fait presque une heure maintenant.
Un froid intense s'empara du corps de l'ex-assassin. Il serra les dents.
-Yahiko, Sano, allez à l'Akabeko, chez Gensai-sensei…Partout où Kaoru-Dono pourrait se trouver ! Je vais à la rivière !
Il ne leur laissa pas le temps de répondre. Sa course effrénée s'arrêta au bord des flots. Il savait déjà, d'instinct, que Kaoru ne s'y trouvait pas. Mais il avait éloigné ses compagnons de lui parce qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule raison derrière l'enlèvement de Kaoru. Il serra les poings. Son passé à lui ne cesserait-il donc jamais de la mettre en danger, elle ?
Douce, tendre, naïve Kaoru…Dont la force d'âme lui avait plus d'une fois apporté le salut et l'avait sauvé de lui-même.
Il s'assit en posant son sabre contre son épaule et attendit. S'il avait raison, ça ne serait pas long…
En effet, peu après, les bruits de pas d'un homme qui ne faisait rien pour se cacher troublèrent le silence de la nuit et le clapotis de l'eau.
-Ahhh…Belle soirée n'est-ce pas ?
Kenshin, tête baissée, se tendit, bandant chaque muscle de son corps, prêt à attaquer à tout moment. Son ton était aussi coupant que sa lame. Il détacha chaque mot pour contenir sa fureur.
-Où. est. t. elle ?
L'homme eut un gloussement.
-La petite Maîtresse assistante va bien. Elle dort dans une maison voisine. Il ne lui a été fait aucun mal. Comme vous vous en doutez, Kenshin, ce n'est pas elle qui intéresse mon maître.
« Kenshin » ? Cela surpris le vagabond. La plupart de ses ennemis, même ceux qui ne le connaissait pas seulement pour sa légende l'appelait « Battôsai », car c'était à la légende qu'il en voulait…
-Que veut-il? S'enquit-il en relevant les yeux pour voir à qui il avait à faire.
L'homme était grand, à peine plus petit que Saitô, son visage était couvert de cicatrice et une barbe mangeait tout le bas de ses traits. Il portait des vêtements marrons à l'occidentale, de bonne facture, mais un peu usées. Il n'avait pas d'arme.
-C'est évident, vous, bien sûr.
Le vagabond se leva.
-Il veut se battre contre moi ?
L'homme secoua la tête.
-Certes non…Il vous veut, vous.
Kenshin regarda l'homme, pour la première fois vaguement perplexe. Cette personne voulait-elle de lui comme assassin ? Les assassins prêts à faire n'importe quoi pour de l'argent ne manquaient pourtant pas, inutile d'en forcer un, même le légendaire Hitokiri. Ca serait prendre beaucoup de risque pour pas grand-chose.
-Que voulez-vous dire, finit-il par demander, confus.
L'homme eut un sourire qui amena une vague de dégout en Kenshin, le ramenant très loin dans son passé. C'était le même regard plein de convoitise et de désir malsain qu'avaient les marchands d'esclaves quand ils posaient leurs yeux infâmes sur les jeunes compagnes de malheur de l'enfant Shinta. Jamais Kenshin n'avait senti un tel regard sur lui. Le jeune homme était alors un peu trop jeune pour intéresser les hommes, ou pour s'en rendre compte si ça avait été le cas. Hiko Seijûro, son maître et ami, n'avait eu que respect et tendresse paternel à son égard, et personne n'aurait osé poser un tel regard sur le Battôsai…
En même temps, il avait sa réponse.
« JAMAIS !» hurla son esprit, tout son corps rejetant l'idée même d'une telle chose. Mais le visage tendre de Kaoru lui apparut, ses yeux sombres enamourés, emplis d'un doux sentiment qu'il se sentait plus que jamais coupable de ne pas retourner. Mais elle était si jeune…si inconsciente…
Et entre les mains de pervers en eux-mêmes bien pires que Jinei ou même Shishio. Il baissa les yeux en signe de défaite.
-Conduisez-moi.
L'homme gloussa de nouveau. « Je vais lui arracher ce gloussement et la gorge avec » Gronda le Battôsai que Kenshin croyait avoir vaincu mais qui avait réapparu maintenait au fond de lui.
-Un instant. Mon maître veut vous voir vous, pas cette chose (il désigna le sabre que Kenshin tenait toujours d'une main qui ne tremblait pas). Laissez votre arme ici.
-Qu'est ce qui me garantie que Kaoru sera libérée ? Questionna le roux, ses yeux incroyablement rétrécis.
Loin d'être impressionné, l'autre sourit, jouisseur.
-Rien. Rien du tout. Mais voici ce que je peux vous garantir, si vous ne vous pliez pas aux exigences de mon maître. Trente hommes prêts à se repaitre de sa jeune chair inexpérimentée, et un avenir de prostitué dans un des pays étrangers où les hommes raffolent de la beauté de nos femmes.
Kenshin serra les dents aux images que les mots de l'homme évoquaient. Jamais. Il ne pourrait jamais prendre le risque d'exposer Kaoru à un tel sort en pariant sur ses chances de la retrouver.
Et avec un peu de chance, Sano ou Saitô trouverait son sabre et comprendrait…
Alors que les deux hommes s'éloignaient, un éclat de lune se reflétait sur le fourreau abandonné.