Titre : Des Fleurs pour Luna

Auteur : Meish Kaos

Bêta-lectrice : Floralege

Rating : PG

Genre : Humour/Drame

Pairing : Ce qui devait être au départ un Ollivander/Nagini est vite devenu un Luna/Voldemort…

Disclaimer : Tout à JKR. Rien à moi. Aucun gallion avec ça.

Commentaires : Je dédie cet OS à deux personnes qui rendent ce monde meilleur. Donc, à JazzyJo pour tous les fous rires et les défis lancés depuis mars dernier, celui-ci en fait partie. Et aussi à ma bêta Floralege, pour le support et l'entraide mutuelle depuis un an maintenant, et aussi pour fêter ces trois mois bien spéciaux :)

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Bonne Année !

Ollivander détestait le serpent géant.

Ce n'était pas une colère brûlante, ni une crainte haineuse ; non, c'était un sentiment froid, visqueux, comme les dalles de pierre sur lesquelles il dormait.

Sa baguette avait été confisquée de nombreuses fois auparavant. Sans elle, il lui était impossible de se défendre, d'empêcher la progression lente du reptile qui en profitait pour terrifier sa proie.

Nagini savait que l'homme lui servirait de repas un jour, et elle n'aimait rien tant que d'assaisonner ses victimes à son goût.

Rien ne valait l'arôme subtil de la terreur et de la stupéfaction lorsque son Maître lui permettait de mordre dans la chair vivante, palpitante, des ennemis à sa cause. Et si elle devait les dévorer morts, eh bien, soit. Au moins aurait-elle le loisir de les effrayer pendant qu'il en était encore temps.

Ainsi ne se privait-elle pas de ramper autour du fabriquant de baguettes et de faire claquer ses mâchoires près de ses chevilles. Ollivander en venait à craindre le crépuscule, moment de chasse préféré du familier de Voldemort. Le fabriquant de baguettes était à sa merci, elle le savait, les Mangemorts le savaient, et lui-même le savait aussi. D'ailleurs, tous les prisonniers finiraient, tôt ou tard, dans son estomac ; son Maître le lui avait promis et elle n'avait aucune raison de douter de sa parole.

Mais il était une prisonnière que Nagini n'arrivait pas à terrifier. Et rien ne déplaisait plus au serpent qu'une proie qui refusait de jouer son rôle de proie.

- Oh, tenez, Mr Ollivander ! C'est Nagini qui revient ! Bonjour ma beauté, comment vas-tu ce matin ?

Pourquoi, par Merlin et le Grand Basilic, semblait-elle si heureuse de la revoir ?!

Sur ce point, Nagini et Ollivander s'entendaient parfaitement. Malheureusement, avec si peu en commun, aucune chance de nouer une relation durable.

- Regardez comme ses écailles brillent ! On voit qu'elle est bien traitée. Croyez-vous que Vous-Savez-Qui s'en occupe lui-même ?

- Probablement, murmura l'homme qui ne quittait pas le serpent des yeux.

- Ooooh ! Ça signifierait qu'il est capable d'amour envers les animaux ?

Nagini quitta la pièce en sifflant. Le souffle d'Ollivander redevint normal.

- Ne dis pas de bêtises, ma fille, rétorqua-t-il. Le Seigneur des Ténèbres ignore l'amour.

- Si vous le dites, sourit paisiblement Luna.

La porte du donjon grinça sur ses mots. Une grande ombre se profila contre les murs, camouflant les fissures du ciment. Mais la figure pâle qui apparut entre les barreaux n'avait rien de terrifiant. Au contraire, les traits délicats de Draco Malfoy paraissaient eux-mêmes déformés par la crainte et la haine.

Sans un mot, il défit les chaînes aux pieds de Luna et l'empoigna par le bras.

- Ah, nous partons ? demanda-t-elle, surprise.

Il ne répondit pas, et bientôt, Ollivander fut seul. Tentation irrésistible pour Nagini. D'ailleurs, elle n'y résista pas plus de quelques secondes. Les cachots furent rapidement emplis des cris de l'homme et, pour qui savait les comprendre, des sifflements satisfaits du serpent.

Ce qui était le cas de la silhouette encapuchonnée, nonchalamment installée dans le fauteuil du Maître de maison.

Draco s'agenouilla devant Lord Voldemort.

- C'est elle, Maître.

- Très bien, Draco, siffla-t-il.

Il retourna son faciès de cauchemar vers la petite blonde qui se tenait en retrait, retenue par deux Mangemorts.

- Nagini me dit que tu refuses d'avoir peur d'elle, dit-il.

Était-ce une illusion, ou les coins de sa bouche s'étaient légèrement relevés, comme s'il était amusé par ce caprice reptilien ?

- Oh non ! Je n'ai pas peur d'elle, elle est tellement jolie !

Dans son dos, les Mangemorts échangèrent des regards stupéfaits. Mais Luna ne plaisantait pas, comme le prouvait ses yeux et son sourire pétillant. Le Seigneur des Ténèbres leva la main. En silence, ses fidèles quittèrent la pièce, laissant la jeune fille face à leur Maître.

Voldemort se leva. D'un pas leste, il vint examiner le visage rêveur de plus près. Non seulement ne craignait-elle pas le reptile, mais elle ne semblait pas être frappée de terreur à sa vue non plus, ce qui était loin de lui plaire.

Après tout, de méchantes langues avaient fait courir une rumeur selon laquelle il souhaitait prétendre au titre de « Mage Noir le Plus Terrifiant de l'Histoire ».

Ce qui, soit dit entre nous, ne lui aurait sûrement pas déplu, en réalité.

Les cris au loin se firent plus déchirants. Dans les yeux du Seigneur des Ténèbres, une petite lueur indulgente brilla fugitivement.

- Nagini joue toujours avec sa nourriture, murmura Voldemort sans s'adresser à quiconque en particulier.

- Ma mère m'a toujours dit que c'était très mal élevé.

La petite voix réprobatrice le fit sursauter. Ses pupilles ensanglantées s'enflammèrent. Après le fiasco de Godric's Hollow, une semaine auparavant, son impatience atteignait des limites encore inégalées. Il leva sa baguette.

Puis la remit dans sa poche.

Allons, il n'allait pas perdre son sang-froid à cause de l'insolence d'une gamine ! Elle était de sang-pur, il ne pouvait se permettre de la tuer. Il devait la gagner à sa cause.

Aussi fut-il très surpris de voir passer une étincelle de crainte sur son visage lorsqu'il étira douloureusement les coins de ses lèvres en un sourire crispé. Pourtant, il souhaitait la mettre en confiance !

- Nagini est un reptile, dit-il sur un ton faussement joyeux. Elle ne pense pas comme nous.

- Vous voulez dire qu'elle ne pense pas comme moi, lui assena paisiblement Luna.

Le grincement de dents qui s'ensuivit perturba le sommeil du Survivant.

- Qu'entends-tu par là ? demanda-t-il en s'exhortant au calme.

- Tout le monde sait que vous êtes un Fourchelang. Mon père dit que les gens qui savent parler aux serpents pensent aussi comme eux.

Voldemort plissa les yeux.

- Ton père ? C'est à cause de lui que tu es ici, gamine.

- Quoi ? Mais bien sûr que non !

Et Luna éclata de rire, là, devant le Mage Noir le plus redouté des cinquante dernières années. Elle riait et riait, les larmes coulaient sur ses joues et elle n'arrivait plus à reprendre son souffle. Pendant ce temps, le Seigneur des Ténèbres se demanda s'il rêvait, s'il avait perdu la raison ou si c'était la petite blonde devant lui qui était brusquement devenue folle. Il en vint rapidement à la conclusion qu'il était plus sûr de rejeter la faute sur la fille. Ça lui évitait une dangereuse remise en question.

Après quelques hoquets supplémentaires, Luna se calma enfin.

- Qu'est-ce qui était si drôle ? grinça le Mage Noir.

- Ce n'est pas de la faute de mon père du tout. C'est de la vôtre ! Voyez-vous, si vous n'existiez pas, je serais présentement chez moi, en train de fêter le Nouvel An, avec mon père. En revanche, si mon père n'existait pas, je pourrais parfaitement me retrouver ici sous un autre prétexte ! Autrement dit, n'essayez pas de nier : tout est de votre faute.

- …

Logique imparable.

S'il avait eu des cheveux, Voldemort se les seraient joyeusement arrachés un par un. Étant plus chauve que les fesses de McGonagall, il se contenta de resserrer les doigts sur sa baguette, afin d'éviter la projection malencontreuse d'un sort mortel.

Voyant que le Seigneur des Ténèbres n'avait aucune réaction, hormis sa paupière gauche qui tressautait de façon très comique, la jeune fille s'enhardit.

- Pourquoi faites-vous tout ça ? Tuer les gens, torturer, détruire… Est-ce parce qu'il vous est arrivée des malheurs quand vous étiez petit ? Au fond, vous êtes quelqu'un de très gentil qui aime porter du rose, c'est ça ? Il n'y a qu'à voir la façon dont vous gâtez Na –

DONG !

La vieille horloge grand-père des Malfoy, oubliée dans un coin de la pièce, se mit à sonner. Trois coups. Dix coups. Douze coups, et elle s'arrêta. Le silence enveloppa la maison comme une couverture bien chaude.

Pendant un court instant, les yeux rouges et les yeux bleus se dévisagèrent, interloqués. Puis, Luna sourit.

- Mon père dit qu'il faut toujours souhaiter la bonne année, sans quoi la malchance risque de nous poursuivre pour l'année à venir. Alors… eh bien… bonne année ?

Rougissant un peu, elle se haussa sur la pointe des pieds et planta un bisou sonore sur la joue du Mage Noir. Lequel semblait pétrifié par un basilic. Il ne reprit ses esprits que lorsque Luna mit les poings sur ses hanches.

- Eh bien ? Vous ne me souhaitez pas la bonne année ? Vous voulez être malchanceux ?

- MALFOY !!! hurla-t-il en retour.

Des pas empressés se firent entendre derrière la porte qui, bientôt, s'ouvrit.

- Oui, Maître ?

- Faites sortir cette gamine d'ici et ramenez-la au cachot. Ensuite, préparez mes affaires. Je pars.

- Bien, Maître.

Resté seul, le Seigneur des Ténèbres se prit à regretter, une fraction de seconde, de détester le rose.

Luna, elle, après avoir tout raconté à un Ollivander aussi horrifié par son témoignage que par le serpent qui lui léchait le nombril avec enthousiasme, prit l'air songeur.

- C'est dommage ! lança-t-elle en faisant la moue. Maintenant, c'est certain qu'Harry le vaincra sans effort. Je parie même qu'il lui fera le coup de l'expelliarmus, tiens ! Et il va gagner grâce aux erreurs de Vous-savez-qui, et non à cause de ses propres capacités. C'est dommage, vraiment. La malchance, c'est comme les Snargaluffs, il ne faut pas plaisanter avec ça…

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

En souhaitant que vous ayez apprécié :)