Le loup qui n'en était pas un

Auteur : Hisope

Disclaimer : le monde de Harry Potter appartient à J. K. Rowling


Épilogue

La bibliothèque du Kilchurn Castel était baignée d'une lueur orangée projetée par les virulentes flammes qui dansaient avec volupté dans la massive cheminée. Remus avait rapproché son fauteuil d'une petite fenêtre pour profiter un peu de la faible lumière naturelle de cette fin de matinée de décembre. Dehors, tout était n'était que blancheur et les flocons, bien que moins nombreux que lors des jours précédents, ne semblaient pas vouloir s'arrêter de tomber. Remus ferma le carnet qui reposait sur ses genoux et passa un doigt sur l'étiquette collée sur la couverture rouge. Notes sur l'Animaliter Vivere par R. Lupin. Le domaine était inexploré autant que passionnant. Remus se retourna vers le sujet de ses pensées.

Harry profitait de la chaleur du feu de bois. Il se prélassait sur le tapis épais devant la cheminée, complètement nu. Remus avait renoncé à lui faire porter le moindre vêtement.

Comme le sorcier l'avait anticipé, le loup du Lock Awe ne s'était pas tenu à l'écart très longtemps. Au cours de l'automne, le loup avait peu à peu accepté sa situation, redevenant Harry pour quelques heures ou quelques jours selon son humeur.

Au début, Remus avait essayé de redonner au jeune homme une baguette, des vêtements. Il avait cru qu'il pourrait aider Harry à redevenir celui qu'il avait été avant. Car Harry n'était à présent rien de plus qu'un sorcier possédant une forme animagus. Il pouvait parler, lire, faire de la magie, il se souvenait de tout, Remus le sentait. Mais rien n'y faisait. Le jeune homme refusait de se vêtir, de s'exprimer autrement qu'à travers quelques mots accolés sans souci grammatical. Il ne voulait pas se conduire comme un humain.

Un jour de novembre, Remus se décida finalement à aborder le problème de front et demanda simplement au jeune homme ce dont il retournait. Harry l'avait regardé de ses yeux verts déterminés et avait répondu d'une façon très maîtrisée, que Remus était certain de ne pas entendre à nouveau de sitôt :

« Mon existence humaine m'a apportée plus de souffrances que je n'aurait jamais pu en imaginer. La vie d'un loup est bien plus agréable malgré les dangers que cela sous-entend. Je veux bien être un bipède de temps en temps pour te faire plaisir Moony, parce que tu es mon oncle et mon dominant. Mais je refuse tout à fait de vivre suivant les obligations culturelles et morales qui s'imposent aux êtres humains. Alors n'essaie pas de me faire lire ou parler. Ou utiliser des couverts. Fais-moi la lecture, parles-moi, donne moi à manger. A présent, je suis un loup. Un homme-loup. Un loup un peu spécial, mais un loup quand même. Respecte mes désirs comme je respecte les tiens. Protège-moi de ce monde qui m'a fait souffrir. Aime-moi comme je t'aime. Et nous serons heureux. »

Remus avait acquiescé de la tête, incapable de produire le moindre mot.

Après cela, Harry avait souri et posé sa tête sur les genoux de Remus, marmonnant une chanson hypnotique dans laquelle les sons s'enchaînaient de façon imprévisible, sans jamais former de mélodie cohérente.

Depuis, Remus ne se posait plus de questions. A sa façon, le loup-garou avait lui aussi rejeté sa vie d'avant en s'installant en ermite dans ce château puis en choisissant d'embrasser sa partie animale qu'il avait jusqu'alors enfouie profondément. Harry était vivant, heureux et auprès de lui. Remus ne pouvait rien demander de plus. Et il ne pouvait pas nier que la nouvelle attitude de Harry satisfaisait profondément ses instincts possessifs et dominateurs de loup-garou.

Remus se leva, attrapa au passage un livre de contes celtiques puis s'assit aux côtés de Harry sur le tapis.

« Je crois que nous pourrons sortir après le déjeuner. La tempête s'est calmée aujourd'hui. Nous pourrons aller gambader dans la neige. »

« Lapins ? »

« Et déloger des lapins si cela te fait plaisir. »

Harry se retourna sur le dos et regarda son compagnon avec tendresse tandis que Remus commençait une lecture qui les emporta dans un monde antique et merveilleux.

Il fallait profiter du moment. Avec le printemps, lorsque la vivante forêt redeviendrait plus attirante que le sombre manoir, Harry se ferait certainement plus rare. Remus pouvait déjà imaginer le loup de Lock Awe, chassant dans les fourrés ou endormi avec volupté sous les rayons du soleil.

Dans la cheminée, les bûches continuèrent à se consumer lentement. Quelque part dans le manoir, Vili était persuadée d'être l'elfe la plus heureuse du monde.

° Fin °