Titre : Une histoire d'amour
Note : Cette fic portait avant le nom de "Quand tu serres mon corps tout contre ton corps" et a été labellisée par de nombreuses personnes "la fic la plus choupi du monde"... je l'ai rebaptisée par un titre à mi-chemin entre les deux
Disclaimer : la plupart des personnages appartiennent à Takeshi Konomi !
Pairing : Tezuka x Oishi (et Oishi x Tezuka) principalement, avec un peu d'Inui x Tezuka et Oishi x Kikumaru par la suite...
Petite note de l'auteur : Cette fic est la première que j'ai écrite sur Prince of Tennis, sur cette pairing ("ma" pairing) et de loin le texte le plus long que j'ai jamais écrit, aussi. Paradoxalement, c'est aussi une de celles que j'aime le moins montrer, vu comme je me rends compte des erreurs commises dedans ! Je me suis permis ici des choses que j'ai essayer au mieux de contraindre dans mes autres fics, ce qui fait que la caractérisation n'est pas vraiment au poil. J'ai écrit ce nombre incroyable de pages avant de réaliser comment je devais "écrire" Tezuka et Oishi. Je vous demande donc d'être indulgents envers les passages OOC et d'apprécier cette fic plus comme une jolie histoire d'amour. Si vous cherchez une bonne caractérisation des personnages, je vous assure que toutes mes autres fics sont au moins un cran au-dessus.

PARTIE 1 : Là-haaaaaaaut, dans la montaaaaagneuh, y'aaavait un vieuuuuux chaaaaleeeet

- Qu'est-ce que tu fais ?

Un peu curieux, Tezuka Kunimitsu, douze ans et demi, s'approcha de son camarade de classe, regardant par-dessus son épaule ce qu'Oishi semblait faire de si intéressant...

- C'est une brochure pour un camp de vacances où mes parents veulent m'envoyer.

Tezuka prit une chaise et s'assit à côté de celui qui était devenu son meilleur ami au cours de l'année scolaire.

- Tu pars pour les vacances, Oishi-kun ?
- Mes parents ont proposé... Mais Yamato-buchô avait dit qu'il y aurait peut-être un stage de tennis au sein du club... Tu en sais plus ?

Tezuka remonta ses lunettes sur son nez.

- Pas vraiment... Il m'a demandé si je serai là, mais il n'a pas confirmé que ça se ferait...

Oishi sembla réfléchir quelques instants.

- Je ne sais pas trop quoi faire, j'aimerais bien faire du tennis pendant mes vacances !
- A mon avis Yamato-buchô n'arrivera jamais à convaincre un adulte de laisser un accès libre aux terrains...
- Hmmm...

Un petit silence prit place alors qu'Oishi fixait de plus près ses dépliants.

- Et toi, Tezuka-kun, tu fais quoi pendant les vacances ?

Tezuka cligna des yeux à la question.

- Je vais grimper.
- Hein ?
- En montagne. Ces vacances je fais l'Asama-san.
- Tu fais de l'escalade ??
- De la marche, plutôt.

Après tout, ce n'était pas si étonnant de la part de Tezuka...

- Ca doit être chouette...

De nouveau un silence s'installa, de courte durée.

- Tu as déjà vu le lever du soleil depuis une montagne, Oishi-kun ?


Oishi préparait son sac alors que sa mère parcourait sa chambre en long et en large.

- Tu es sûr que ça ira ?
- Oui, maman.
- Mais on m'a dit que c'était pour des garçons un peu plus âgés que toi...
- Mais Tezuka-kun y va, maman.
- "Tezuka-kun, Tezuka-kun... " Je parle de toi, pas de lui...
- J'ai juste envie de faire pareil...
- Je sais, je sais, c'est juste que je m'inquiète...
- Je te promets que je serai sage ! Et ce ne sont que 3 jours...
- Surtout, tu écoutes l'accompagnateur et tu restes avec le groupe !

Oishi poussa un petit soupir.


Tezuka était le plus jeune du groupe, composé de 5 adolescents de quatorze ou quinze ans, d'eux deux et de deux accompagnateurs.

- Nous avons un petit nouveau.

Oishi rougit une seconde.

- Je m'appelle Oishi Shûichirô. Je suis un camarade de classe de Tezuka-kun.

Les autres personnes lui sourirent et se présentèrent.
Apparemment, ils étaient tous passionnés de montagne et étaient heureux d'avoir un petit plus "amical" que Tezuka à chouchouter.
Oishi était un peu anxieux... N'allait-il pas ralentir le groupe ? Il n'était pas ausi sportif que Tezuka et il n'avait jamais fait d'escalade dans sa vie...

- Ne t'inquiète pas, Oishi-kun, nous ne tenterons pas de battre un record de vitesse... Pense à t'amuser avant tout...

Oishi fut surpris d'entendre ces paroles sortir de la bouche de Tezuka qui s'asseyait à côté de lui dans le train.
Le silence reprit place, mais pas pour longtemps, vu que les autres membres du groupe discutaient gaiement.
Une des filles taquinait Tezuka, lui demandant entre autres s'il avait enfin une petite amie.
Oishi ne put s'empêcher de rire et la jeune fille s'adressa à lui.

- Tu le connais bien ?
- Assez.
- Il est toujours aussi grognon ?
- Oh ça oui.
- Comment tu peux supporter ça ?

Oishi rougit.
Elle ne se souciait donc pas que Tezuka soit juste à côté ?

- Tezuka-kun a d'autres qualités...

Oishi ne savait pas trop quoi dire, en fait...

- Ah bon ? Comme quoi ?

Oishi rougit un peu plus, jetant un regard en coin vers Tezuka qui ne bronchait pas.

- Euh... et bien... Il sait ce qu'il veut, il est très intelligent, il sait prendre soin de ce à quoi il tient, il est responsable, ...
- Oishi-kun.

Oishi se tut en entendant la voix de Tezuka sèche et ferme à côté de lui.
Il se renfonça dans son siège, ne sachant plus vraiment où se mettre.

- Tu n'es pas obligé de répondre à ses questions, elle ne cherche qu'à t'embarasser... N'est-ce pas, Sanako-san ?
- Mais non, je cherche juste à faire connaissance... Et puis je ne pensais pas que tu avais des amis, Ku-ni-mi-tsu-kuuun.

Tezuka préféra l'ignorer et tourna son regard vers la fenêtre.
Sanako soupira de façon plus que théâtrale, puis proposa des biscuits à Oishi.
Au bout de quelques minutes, elle se rassit à sa place et commença à bavarder avec son voisin.

- Tu n'as pas été très gentil, Tezuka-kun...
- Elle non plus.

Tezuka marqua une courte pause, semblant réfléchir à comment il devait formuler ses pensées.

- Oishi-kun, je suis désolé que tu te sois retrouvé impliqué là-dedans...
- Oh, ce n'est rien, je m'amuse beaucoup ! Euh, enfin, je veux dire, ça me fait plaisir de savoir ce que tu fais en-dehors des cours et du tennis !

Tezuka sembla étonné par la remarque mais ne dit rien.

- Tu es toujours tellement discret...
- ... Pardon.
- Non, non, ne t'excuse pas !! Je... c'est juste que ce n'est pas habituel ! Mais ce n'est pas un tort !
- ...
- Euh... et je ne te dérange pas à parler autant ?
- Non, ne t'inquiète pas Oishi-kun.
- Alors je peux te poser des questions ?
- Si tu veux.
- Parce que je ne sais rien sur toi ! Ca fait un an qu'on est dans la même classe et je ne sais pas plein de choses !
- Comme quoi ?
- Et bien, je ne savais pas que tu aimais la montagne ! Je pensais que le tennis était ton unique passion !
- J'aime la pêche, aussi.
- C'est vrai ??
- Oui, je pêche tous les dimanches.
- Je ne savais pas ! Je pensais que tu travaillais et que tu t'entraînais, le dimanche, tu es tellement fort en cours et puis tu tiens une de ces formes, au club !
- Tu es très bon pour ton âge, Oishi-kun.
- Tu es plus jeune que moi.
- J'ai commencé plus tôt.
- ...
- Tu sais, Oishi-kun, tu étais à "ça" de passer régulier au dernier tournoi. Je suis sûr que la prochaine fois sera la bonne.

Oishi crut déceler un sourire sur les lèvres de Tezuka... mais même si celles-ci ne semblaient pas plus incurvées que d'habitude, le jeune garçon avait une lueur dans son regard et une intonation dans sa voix qui semblaient encourager Oishi. Il avait subitement l'impression que Tezuka avait 'envie' qu'il passe régulier et Oishi en était bêtement heureux...
Après tout, Tezuka n'était-il pas le plus fort de tout le club ?


Tezuka l'aida à enfiler son sac-à-dos plus que volumineux et les deux garçons se mirent en route avec le reste du groupe.
Un des garçons proposa à Oishi de porter une partie de ses affaires, mais celui-ci décida que si Tezuka le faisait, il devait faire de même. Il remercia donc poliment et rattrapa vite Tezuka en allongeant le pas.

La gare était déjà à moitié dans la nature, et après avoir marché une dizaine de minutes, Oishi ne voyait plus aucun signe d'habitation aux alentours.
La petite troupe ne marchait pas très vite, et Oishi gambadait aux côtés de Tezuka juste derrière l'accompagnateur qui ouvrait le chemin.
La forêt était vraiment belle, et Oishi ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement aux merveilles qui s'offraient à lui à chaque pas.
A chaque tournant, il contemplait la vallée en contre-bas et les autres montagnes aux alentours, regardait vers le haut pour voir ce qui l'attendait.
Ils montaient actuellement une colline de laquelle ils accèderaient à un col où ils dormiraient dans un refuge.
De là, ils monteraient l'Asama-san le lendemain en une journée, redormiraient au chalet et rentreraient par le même chemin.
Oishi ne voyait pas encore l'Asama-san. Il savait que c'était un volcan, encore actif de temps à autres, mais rien de plus...

Le chemin montait, montait, et Oishi commençait à sentir ses jambes demander du répit, et sa gorge s'asséchait lentement mais sûrement.
Il vit Tezuka accélérer le pas, rejoindre leur accompagnateur, parler avec lui et la seconde d'après, tous avaient droit à une pause.

Oishi s'assit à même l'herbe alors que Tezuka prenait place sur un rocher, sortant sa gourde.

- Merci, Tezuka-kun.
- ... Je t'en prie.

Tezuka n'avait pas pris la peine de cacher qu'il avait effectivement demandé une pause en pensant qu'Oishi en aurait besoin.
Mais c'était une des qualités que celui-ci appréciait le plus chez Tezuka, sa franchise.
Oishi avala le goûter que sa mère lui avait soigneusement emballé, le partageant avec Tezuka, avant qu'un des accompagnateurs ne s'approche.

- Alors, le petits tiennent le coup ?

Oishi répondit par un sourire, mais c'est Tezuka qui prit la parole.

- Ne vous inquiétez pas.
- Je ne m'inquiétais pas vraiment pour toi, Tezuka-kun...

Tezuka poussa un petit soupir alors qu'Oishi assurait que tout se passait bien pour lui.
La marche reprit quelques minutes plus tard et entre deux courtes conversations avec Tezuka ou l'un de ses camarades d'expédition, Oishi admirait le paysage tout en se posant des questions.
Tezuka faisait-il souvent ce genre de marche avec les mêmes personnes ?
Est-ce qu'elles le connaissaient bien... enfin, mieux que lui ?
De temps à autres, le regard d'Oishi se portait sur son camarade de classe.
Tezuka avait perpétuellement cet air sérieux, ce froncement des sourcils qui laissait entrevoir une attitude sévère. Mais ses yeux ne reflétaient pas toujours la même chose, et après une année d'entraînement acharné à déchiffrer ce qui se passait dans la tête de son ami en regardant ses yeux, Oishi pouvait affirmer que Tezuka était actuellement heureux.
Il n'avait pas de sourire sur son visage, ne semblait pas émerveillé par ce qui l'entourait, mais Oishi voyait que Tezuka était heureux de faire ce qu'il faisait.
Pourquoi ? Etait-ce pour l'action en elle-même, était-ce pour l'accomplissement final ?

- Tezuka-kun ?
- Hmmm... ?
- Pourquoi tu grimpes ?
- Tu comprendras quand on sera en haut... Sur un sommet, on a l'impression que plus rien ne peut vous atteindre, que toutes les épreuves à traverser ne seront plus rien...

Oishi se tut quelques secondes.
Que voulait-il dire par là ?
Il vit Tezuka-kun lever son bras et pointer une maison à l'horizon.

- C'est là qu'on va dormir.
- Vrai ? Ce n'est plus très loin !
- Non... Normalement on devrait faire un feu de camp ce soir, et il y aura peut-être d'autres choses à faire là-bas...

Tezuka semblait bizarrement embêté par quelque chose.

- Quelque chose ne va pas, Tezuka-kun ?
- C'est que d'habitude j'emmène un livre pour le temps qu'on passe dans les refuges... Je l'ai oublié cette fois-ci...
- Ne t'inquiète pas, je ne te laisserai pas t'ennuyer !


Le refuge était d'un confort spartiate mais suffisant, même si assez petit vu que d'autres campeurs y faisaient halte pour la nuit.
Le soleil était encore haut dans le ciel après qu'Oishi et Tezuka aient fait le tour du propriétaire, avalé un goûter et déposé leurs affaires.
Le reste du groupe s'était assis à une table de pique-nique à l'extérieur et discutait de choses et d'autres, qui n'intéressaient certainement pas les deux jeunes garçons.

- On peut aller voir un peu plus loin ?

L'accompagnatrice à qui s'était adressé Tezuka lui répondit par un sourire.

- Tu ne veux pas faire une pause ?
- Oh, c'est juste pour aller jouer un peu...

L'ensemble du groupe regarda Tezuka comme s'ils ne l'avaient jamais vu.

- JOUER ?
- Ben oui, il n'y a rien d'autre à faire...
- Bon, bon, mais n'allez pas trop loin. Tu as ta montre, Tezuka-kun ? Bien, vous devez être rentrés pour 19 heures, d'accord ?

Les deux garçons s'écartèrent du groupe alors qu'on leur parlait encore.

- Et faites attention !


A quelques dizaines de mètres du refuge, une forêt de cônifères se dressait, bordée d'un ruisseau au courant moyennement rapide. Oishi courut une seconde en voyant ça et s'accroupit au bord.

- Regarde, un poisson !!
- C'est une truite sandrée.
- Je sais que c'est une truite sandrée !
- ... tu aimes la pêche aussi, Oishi-kun ?
- Non, mais j'adore les poissons... quand j'étais petit, je demandais toujours à ce qu'on m'emmène visiter des aquarium... J'ai beaucoup de livres sur les poissons chez moi, et j'ai même quelques poissons exotiques ! Il faudra que tu viennes les voir un jour !

Tezuka remonta lentement ses lunettes.

- Ce serait un plaisir.

Les deux enfants continuèrent d'observer les poissons pendant de longs moments, puis Oishi commença à créer un petit passage pour passer sur l'autre rive, jouant avec les galets ronds transportés par la rivière, trempant les manches de son pull avec un grand sourire aux lèvres.
Tezuka ne tarda pas à l'aider, et après quelques éclaboussures, les deux garçons avaient établi un passage sûr pour aller de l'autre côté du ruisseau.
En fait, l'autre rive n'était pas bien plus intéressante, et Tezuka et Oishi suivirent tranquillement le lit du ruisseau, regardant les quelques poissons qui passaient, des fois se contredisant sur la nature des animaux qui hantaient l'eau de la petite rivière.

- Tezuka-kun, je t'assure, c'était encore une truite.
- Non, c'était une perche, j'en suis sûr.
- Une truite, j'en suis cer... Tezuka-kun.

Oishi s'était arrêté et montrait du doigt une espèce de cabane un peu plus enfoncée dans la forêt.

- C'est quoi ?
- Je crois savoir, viens.

Tezuka pressa le pas, suivit de près par Oishi.

- Ca doit être un atelier de poterie. J'ai vu une petite carrière pas loin. Le sol est composé d'une argile très bonne pour la poterie, il paraît.

La baraque semblait abandonnée. Tezuka poussa la porte.

- Tu crois qu'on peut entrer ?
- Oui, je ne pense pas que cet endroit soit encore utilisé...

Un voile de poussière semblait recouvrir la majeure partie de la pièce.
Quelques poteries confirmaient la thèse de Tezuka. Au milieu de la pièce, à un niveau un peu plus bas que le sol se trouvait un établi qu'on atteignait en s'asseyant à même le sol. A sa droite trônait une cheminée et à sa gauche un vieil égouttoir en pierre sur lequel reposait un tas d'argile sèche et craquelée.

- Tu as déjà fait de la poterie, Oishi-kun ?
- C'est pour les filles.
- C'est apaisant et assez difficile, tu sais...

Tezuka ramassa un seau qui traînait dans la baraque et alla le remplir au ruisseau à côté.
Une fois revenu, il commença à mouiller l'argile du mieux qu'il pouvait.

- L'argile doit toujours rester mouillée tant qu'on lui donne une forme... Une fois sèche, on n'arrive plus à rien... mais il suffit de la remouiller.

Tezuka malaxait maintenant une sorte de pâte à modeler qui semblait caoutchouteuse... en tout cas bien plus malléable que quelques instants auparavant.

- C'est de l'argile presque pure... Normalement, on mélange ça avec de la terre, il me semble... Sinon les poteries ne supporteraient pas l'eau...

Oishi regarda Tezuka former une sphère d'argile entre ses mains et l'aplatir.

- Tu en sais des choses !

Tezuka tendit la boule d'argile à son camarade de classe.

- Tu veux essayer ?
- Euh, je ne sais pas ce qu'il faut faire...

Tezuka plaça l'argile dans les mains d'Oishi.

- Assieds-toi ici.

Oishi prit place à l'établi, Tezuka se plaçant juste derrière lui, positionnant une coupe d'eau à côté d'eux alors qu'il plaçait une jambe de chaque côté d'Oishi.
Le garçon saisit les mains de son camarade et l'aida à malaxer l'argile encore un peu dure, la mouillant un peu plus de temps à autre.
Aucun des deux ne parlaient, et Oishi trouvait ce silence... reposant, pour une fois.
Autant par le passé, les silences de Tezuka pouvaient être gênants ou embarassants, autant ici ils étaient les bienvenus, conférant à la pièce une atmosphère plutôt féérique, alors qu'un rouge-gorge s'époumonait à l'extérieur.
Oishi sentait le souffle de Tezuka contre son cou, et les cheveux de son ami venaient titiller sa joue de temps à autres alors que ses doigts forçaient les siens à donner forme à l'argile.
Une petite tasse d'aspect traditionnel prenait progressivement forme, et Tezuka choisit de briser le silence.

- Comme ce n'est que de l'argile, elle ne tiendra pas, autant s'amuser. Tu peux lui donner des formes arrondies...

Tezuka joignit le geste à la parole en faisant glisser un doigt d'Oishi sur l'argile, laissant un sillage incurvé.

- ... ou alors faire des dessins avec ça.

La main droite de Tezuka attrapa une sorte de stylet et le plaça dans la main d'Oishi.

- Fais comme tu le sens...

Les mains de Tezuka s'écartèrent des siennes, mais le garçon garda sa place alors qu'Oishi commençait à donner des coups de stylet, changeait la forme des bords de la tasse plus qu'assymétrique qu'ils avaient faite, alors que Tezuka mouillait de temps en temps l'argile qui se solidifiait.
Au bout de quelques longs instants où Oishi s'amusait plus que de raison, il sentit un poids sur son épaule. La tête de Tezuka était venue s'y poser alors que les mains du garçon s'étaient immobilisées sur la table.

- Ca te gêne ?
- Non, pas du tout.

Le silence s'instaura à nouveau et Oishi continua à travailler.
De temps en temps, les mains de Tezuka venaient aider les siennes quand l'argile menaçait de s'effondrer, prouvant que le jeune homme ne s'endormait pas au contact de la peau chaude du cou d'Oishi contre la sienne.
Par contre, les gestes d'Oishi s'étaient ralentis et le garçon ne voulait pas s'avouer qu'il n'avait en fait plus d'idée pour enrichir son oeuvre et qu'il voulait juste rester le plus longtemps possible comme celà.
Tout à coup, une des mains de Tezuka attrapa la sienne et Oishi sentit son coeur s'accélérer brusquement.

- Il va falloir rentrer, Oishi-kun, les autres vont s'inquiéter, il est presque 19 heures...
- Oh...

Oishi ne put s'empêcher de se sentir déçu et baissa la tête vers sa tasse alors que Tezuka se levait. Sa sculpture se tassait déjà, devenant assez rapidement un tas plus ou moins informe d'argile.
Tezuka se lava rapidement les mains au ruisseau et Oishi le rejoignit bien vite.
Les deux garçons retournèrent au camp sans échanger un autre mot.


- Tezuka-kun, laisse-moi te dire que je ne t'ai jamais vu aussi sale... Ca ne te réussit pas d'avoir un copain avec toi...

Tezuka ne put s'empêcher d'être embarassé à la remarque.
Il n'était vraiment pas habitué aux réprimandes et ne savaient pas trop quoi faire dans ces cas-là.

- ... Désolé.
- Je te taquinais, Tezuka-kun. C'est normal que les garçons de votre âge s'amusent ainsi.
- Je vais me changer.

Quand Tezuka ressortit du campement, tout le monde était assis autour du feu de camp, maintenu par Kyôichi, un des garçons du groupe.
Le jeune homme se chargeait toujours de faire le feu, et les autres n'avaient pas besoin de s'en préoccuper, se contentant de manger, discuter ou chanter autour des flammes.
Tezuka prit place à côté d'Oishi qui avait noué son pull autour de la taille, prétextant la chaleur du feu pour rester en t-shirt. Il mangeait une des brochettes qui accompagnaient toujours leurs repas au feu de bois et semblait énormément s'amuser.
Le coeur de Tezuka se serra sans qu'il sache vraiment pourquoi, et le garçon tenta de dissiper ces pensées en attrapant aussi de quoi manger.

- C'est vraiment bon, tu ne trouves pas ?
- On mange toujours la même chose, quand je vais en montagne avec eux...

Oishi répondit par un petit rire.
Tezuka se laissa bercer par ce son et mangea tranquillement, se contentant d'écouter les discussions autour de lui pendant le repas.


- Oh non !

Tezuka se retourna rapidement vers Oishi qui semblait découvrir quelque chose d'horrible à l'intérieur de son sac-à-dos.

- Qu'est-ce qu'il se passe, Oishi-kun ?

Tezuka s'était rapproché de son camarade de classe.

- Ma mère a oublié mon sac de couchage...

Oishi poussa un long soupir désespéré.

- Et après elle me dit d'être responsable...
- Bah, ne t'inquiète pas.

Tezuka déplia son sac de couchage et couvrit une partie des matelas qui se juxtaposaient au sol.

- On tiendra bien à deux sous le mien. Sinon, Sanako-san emmène souvent une couverture en plus, elle te la prêtera sûrement.
- Merci, Tezuka-kun.

Tezuka acquiesça, faisant comprendre à Oishi que c'était la chose la plus naturelle à faire dans ces circonstances.
Il sortit ensuite son pyjama de son sac-à-dos et commença à se changer pour la nuit... après tout, Kyôichi viendrait vérifier que les "petits" étaient bien couchés d'ici quelques minutes et il ne voulait pas être réprimandé à nouveau.
Oishi ne put s'empêcher de se retourner, rougissant un peu à la vue du dos dénudé de Tezuka.

- Bon ben, je vais demander sa couverture à Sanako-san.

Et il s'empressa de sortir de la pièce, peut-être un peu plus rapidement qu'il ne l'aurait voulu.
Après avoir récupérer ladite couverture qui ne couvrirait au mieux que ses pieds, Oishi retourna à l'intérieur alors que Kyôichi lui signalait qu'il devrait déjà être couché et qu'il viendrait vérifier que Tezuka et lui ne faisaient pas des bêtises plutôt que de dormir.
Oishi imaginait très difficilement Tezuka faire des bêtises, mais il exécuta rapidement les ordres qu'on lui donnait.

Une fois retourné à l'intérieur du refuge, il trouva Tezuka agenouillé près de son sac, sortant une lampe-torche... et ne put s'empêcher de rire.
Tezuka releva la tête.

- Je... J'aime beaucoup ton pyjama.
- C'est ma mère qui me l'a offert à Noël.
- Ca te va vraiment bien les petits nounours.
- Une de mes soeurs a dit que ça rappelait la couleur de mes yeux.
- Tu as des soeurs ?
- Hmm...

Oishi ne continua pas la conversation, pensant qu'elle n'était apparemment pas au goût de Tezuka. Pendant ce temps-là, le garçon déposait ses lunettes à côté des lits et se glissait sous son sac de couchage.
Oishi enfila vite son pyjama (qui à défaut de nounours était recouvert de petites souris dans des lits douillets) et alla se coucher à côté de Tezuka après avoir étendu la couverture de Sanako au niveau de leurs pieds.
Un silence se fit, entrecoupé de temps en temps par les rires provenant de l'extérieur.

- Oishi-kun ?
- Oui ?
- Je voulais te dire que j'étais content que tu m'accompagnes.
- ... Je suis aussi content d'être ici... même s'il ne fait pas très chaud.

Oishi émit un petit rire en frottant ses pieds gelés l'un contre l'autre.
Oui, il était vraiment heureux d'être ici, et il s'était vraiment bien amusé jusque-là. Il regrettait déjà de devoir quitter la petite troupe d'ici deux jours...
Il sentit un bras recouvrir son ventre et se sentit rougir comme jamais.

- Maintenant que tu le dis, j'ai froid aussi.

Oishi se détendit et se rapprocha légèrement de Tezuka.
Une faible lumière arrivait de l'extérieur, un mélange du feu de camp et de la lueur de la lune qui éclairait légèrement l'intérieur de la pièce dont ils avaient oublié de tirer les rideaux.
Oishi distinguait plus ou moins le visage de Tezuka, qui semblait tout aussi sérieux sans ses lunettes et les yeux fermés, contrastant avec les quelques nounours qu'il pouvait encore discerner de son pyjama.
Oishi ferma les yeux à son tour, un petit sourire se dessinant sur son visage quand les pieds plus chauds de Tezuka vinrent toucher les siens. Une douce odeur régnait dans la pièce et Oishi se sentit s'endormir doucement.

- Bonne nuit, Tezuka-kun.
- Dors bien, Oishi-kun.


- Alors, alors, il portait encore son pyjama à nounours ?
- Oui, et vous auriez dû les voir, ils dormaient à poings fermés dans les bras l'un de l'autre.
- Ca doit être mignon.

Kyôichi se rassit auprès du feu et répondit aux sourires que lui adressait le reste du groupe.


Oishi fut réveillé par une main insistante sur son épaule et un chuchotement à son oreille.

- Oishi-kun, réveille-toi...

Oishi ouvrit un oeil et faillit s'étrangler de rire une nouvelle fois à la vue du pyjama de Tezuka qui, il ne savait pas comment, était encore plus décoiffé que d'habitude en ce petit matin.
Petit matin ?
Une très faible lumière rentrait dans la pièce, et tout le monde dormait encore.
Tezuka lui fit signe de ne pas faire de bruit.

- Viens avec moi.

Tezuka attrapa la main d'Oishi et le tira du lit, alors que le garçon avait du mal à se réveiller.

- Dépêche-toi..

Oishi suivit Tezuka sans broncher et les deux garçons se retrouvèrent vite à l'extérieur.
Tezuka n'avait pas lâché la main d'Oishi et le conduisait à un rocher non loin du refuge où il s'intalla avec Oishi à ses côtés.

- Le soleil va se lever.

Oishi comprit tout à coup, et se força à ouvrir un peu plus grand les yeux.
Seulement quelques instants après que Tezuka ait annoncé le lever de l'astre du jour, le soleil apparut entouré d'un halo orangé sur la ligne d'horizon.
Toute la vallée semblait bercée dans cette lumière, les forêts comme les maisons en contre-bas prenaient des couleurs magnifiques et Oishi ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage.

- C'est... c'est beau.
- Je te l'avais dit. Plus tu es haut et plus c'est magnifique.

Oishi serra doucement la main de Tezuka qu'il n'avait pas lâchée.

- Je comprends pourquoi tu grimpes, maintenant. J'epère qu'on aura l'occasion de revoir un lever de soleil pareil...

Un silence s'instaura, alors que le soleil montait doucement dans le ciel, éclairant les montagnes verdoyantes de plus en plus.
Oishi bailla, encore fatigué.

- Tu veux te recoucher ?
- Non, non...

Oishi laissa sa tête reposer sur l'épaule de Tezuka.

- ... je suis bien ici.


Sanako se glissa à la fenêtre et tira sa voisine du sommeil.

- Regarde comme ils sont mignooooooons...
- Sanako-chan, je dormais


Le lendemain, après un bon petit-déjeuner, tout le groupe repartit.
Aujourd'hui se ferait la plus grosse partie, et l'ascension serait plus difficile.
Sur les conseils de Tezuka, Oishi avait accepté de confier une partie de ses affaires à un accompagnateur, et il commençait à craindre de ne pas réussir à monter le sommet qu'il avait devant les yeux.

- Ca va aller, Oishi-kun.

Oishi voulut répondre par un sourire, mais il n'arrivait pas vraiment à croire Tezuka.

La marche reprit, au même rythme que la veille bien que la pente soit plus raide.
De temps en temps, il fallait enjamber un tronc d'arbre, traverser un ruisseau ou longer un ravin, et bien que le chemin soit balisé, Oishi ne manquait pas d'être inquiété.
Depuis le début de la journée, il marchait juste derrière Tezuka et à peu de choses près, mettait les pieds exactement là où son camarade les avaient posés au pas précédent.
Tezuka ralentit et se mit à son niveau.

- Tu n'as pas l'air rassuré, Oishi-kun.
- J'ai peur de ne pas y arriver...
- Tu veux que je demande une pause ? On a le temps, tu sais...
- Non, non, je ne suis pas encore fatigué !
- Tu en as de la chance, moi je le suis.
- Vrai ?

Tezuka acquiesça d'un signe de tête et Oishi sentit son courage remonter alors que Tezuka allait demander une courte pause.
Au final, l'ascension ne prit que quelques heures, et le groupe arriva au sommet un peu après midi, profitant du soleil pour pique-niquer tout en contemplant le paysage.
Oishi n'arrivait plus à effacer le sourire qui s'était placardé sur sa bouche, tellement il trouvait ça impressionnant.
Rien n'était plus haut qu'eux.
Quelle que soit la direction dans laquelle il regardait, rien ne les dépassait.
Et quand il se mettait sur ce roc, à la pointe de la montagne, il culminait au-dessus de tout le monde, même de Tezuka qui semblait inquiété de le voir faire l'imbécile sur des rochers à plus de 3000 mètres de haut.

- C'est génial !
- Je te l'avais dit. Mais ça aurait été encore mieux si on avait vu le lever de soleil d'ici...

Oishi imagina la scène, se représentant Tezuka et lui assis sur le rocher qu'il foulait du pied, et le soleil se levant, loin vers l'est, au-dessus d'un autre relief plus bas...

- Hmmm...

Tezuka sortit alors un appareil-photo de son sac.

- Je prends toujours des photos... pour commémorer...

Oishi prit la pose sur le rocher, regardant l'objectif en souriant.

Après quelques photos du paysage, Oishi alla demander à Sanako de les prendre tous les deux en photo.

- Il faut qu'on voit le paysage derrière !
- Je sais, ça, Oishi-kun...
- Je veux montrer aux garçons de la classe jusqu'où on est montés !


La descente se fit tranquillement, vu que le groupe était en avance sur l'horaire et tout de même fatigué de la montée assez raide de la matinée.

- Tezuka-kun ?

Tezuka ralentit le pas pour se retrouver au niveau d'Oishi qui marchait encore sur ses talons.

- Tu crois qu'on aura le temps de retourner à l'atelier de poterie, ce soir ?
- Je ne sais pas, je suppose... Tu veux y retourner ?
- Euh.. sauf si tu n'en as pas envie, bien sûr ! C'est juste que je me suis beaucoup amusé hier !
- Oh ? Alors aujourd'hui il faudra mélanger l'argile et tu devras me faire une tasse toi-même.

Oishi crut presque déceler un sourire sur le visage de Tezuka.

- Pas de problème ! Enfin.. je ne garantis pas qu'elle soit réussie...


L'atelier était tel qu'ils l'avaient laissé la veille.
De nouveau, on leur avait permis "d'aller jouer" jusqu'à 19 heures, et les deux garçons s'étaient plus ou moins précipités vers la cabane.
Le tas d'argile malaxé hier par Oishi était encore sur l'établi, et semblait dur comme de la pierre.
Tezuka alla de nouveau remplir le seau et reprit le même tas d'argile à manipuler.

- Il faudrait voir s'il n'y a pas de la terre glaise ou tout du moins de l'argile moins pure.

Le garçon ouvrit un ou deux meubles qui menaçaient de s'écrouler, et trouva une boîte qui apparemment contenait ce qu'il cherchait.

- Avec ça, l'argile ne retombe pas... enfin, sauf qu'il faudra la cuire... ça va être un peu compliqué.
- Bah, ça ne coûte rien d'essayer !

Oishi s'assit à l'établi et Tezuka plaça une nouvelle masse d'argile face à lui après l'avoir mouillée.
Oishi commença à donner la forme de base qu'il avait déjà faite la veille alors que Tezuka semblait s'intéresser aux différentes poteries qui ornaient une étagère de la pièce sombre et poussiéreuse.
Après quelques minutes passées à travailler, Oishi se rendit compte que quelque chose manquait.

- Tu ne m'aides pas ?
- Tu as besoin d'aide ?

Oishi ne sut pas vraiment quoi répondre. Non, il n'avait pas vraiment besoin d'aide... il avait compris comme ça marchait...

- Je trouve ça plus rigolo quand on s'y met à deux.

Tezuka fut surpris de la réponse mais vint reprendre sa place de la veille derrière Oishi.
Par contre, il se rendit compte que ses mains ne servaient plus à grand chose, vu qu'Oishi avait bien compris le principe, pensant même à mouiller la terre de temps à autre...

- Tu es encore en forme, Oishi-kun ?
- Oui, c'est que je n'ai pas porté mon sac aujourd'hui... alors c'était beaucoup plus facile ! Et puis on s'est bien amusés !

Tezuka reposa à nouveau sa tête sur l'épaule d'Oishi, cette fois-ci sans demander la permission qu'il avait eu la veille.

- ... Tu... tu reviendras une autre fois ?

Tezuka ne savait pas pourquoi, mais il avait hésité à poser la question. Quelque part au fond de son coeur, il savait qu'il avait peur de la réponse, peur qu'Oishi ait d'autres choses à faire que passer quelques jours avec lui.

- Oui bien sûr !!

La réponse si rapide et franche d'Oishi le rendit bêtement heureux. Il sentit son coeur se réchauffer et ses bras entourèrent Oishi peut-être un peu plus fort qu'il n'aurait dû.
Il poussa un léger soupir et laissa ses yeux se fermer.

- Pourquoi, Tezuka-kun, tu...

Oishi s'était interrompu au milieu de sa phrase parce que faisant l'effort de tourner son visage vers celui de son ami, ses lèvres avaient frôlé le front de Tezuka.
Les deux garçons rougirent dans l'instant et s'écartèrent un peu l'un de l'autre.

- Euh... tu... préfères quand je suis là ?

Tezuka fut silencieux quelques secondes, puis attrapa un des poignets d'Oishi de sa main.

- Oui... je... tu es le premier vrai ami que j'ai, tu sais...

Il ne pensait pas que ce genre de phrases soit si dur à dire.
Il ne pensait pas que c'était si dur de se rendre compte de tout ce qui lui avait manqué par le passé.
Oishi lui sourit, de ce sourire franc et radieux qui semblait vous entourer d'une douceur et d'une tendresse infinies.
Il allait répondre quelques chose, mais Tezuka, prit d'une inspiration subite, coupa la parole qu'Oishi n'avait pas enore prise.

- Fais attention, l'argile retombe.

Il attrapa la main d'Oishi et la guida sur ce qui devait être une tasse dans un futur plus ou moins proche.
Il ne voulait pas se séparer du jeune homme. Il voulait que ce moment dure infiniment, que cette épaule soit toujours là pour qu'il puisse s'y reposer...


- Beuh, elle n'est pas réussie...
- L'argile devait être un peu trop pure... et puis c'est normal que ça change à la cuisson...
- Je suis déçu...

Tezuka ne pouvait s'empêcher d'être triste en voyant la mine déconfite d'Oishi.

- Mon grand père a un petit atelier de poterie. On pourra en refaire une fois rentrés si tu veux...
- Vrai ????

Tezuka acquiesça d'un signe de tête.

Oishi fit un grand sourire et jeta la tasse au loin, qui se cassa en petits morceaux.

- Hey, elle devait être pour moi.

Oishi se sentit presque poignardé par le regard sévère de Tezuka. Il n'avait pas vraiment haussé la parole mais on sentait très bien la colère dans sa voix.

- Elle n'était pas bien, je t'en donnerai une mieux, promis !

Tezuka laissa retomber ses épaules et poussa un petit soupir.
Comment pouvait-il résister à un sourire pareil, de toute façon ?


Le soir venu, après un nouveau feu de camp et le même menu que la veille, Tezuka et Oishi restèrent plus longtemps en compagnie du groupe. Les discussions allaient bon train, et bien que les deux garçons ne comprenaient pas vraiment tout, ils s'amusaient beaucoup.
Tezuka empêcha Oishi de boire la bière que Sanako lui proposait, Oishi démontra au groupe qu'il pouvait faire plus de 3 mètres en marchant sur les mains et surprit tout le monde en disant que Tezuka était un prodige au tennis.

- Tu ne leur a jamais dit ?
- Personne ne ma jamais demandé.
- Mais comment tu veux qu'ils devinent ?
- ...

Kyôichi partit dans un fou-rire et Oishi crut déceler une légère rougeur sur les joues de Tezuka... mais peut-être n'était-ce que les reflets des flammes de leur feu de camp.
Oishi commença donc à raconter comment Tezuka avait battu tous les sempai de leur club de sa mauvaise main et était bizarrement très fier alors que ce n'était pas de lui-même qu'il parlait.

Au bout d'un moment, Kyôichi les incita à aller se coucher et les deux garçons baillèrent pratiquement en même temps à l'idée d'aller dormir.
Les deux collégiens retournèrent donc à l'intérieur du refuge, enfilèrent rapidement leur pyjama et retrouvèrent leur disposition de la veille.
Une fois sous le sac de couchage, Tezuka hésita un instant. Oishi aurait-il froid comme la veille ?
Il repensa sans le vouloir au moment où, dans la cabane, les lèvres d'Oishi avaient frôlé son front.
Pourquoi était-il troublé à cette pensée ?
Tezuka n'arrivait pas à trouver une réponse logique à cette question, et il ne pouvait s'empêcher d'être perturbé par l'idée d'avoir Oishi le plus proche de lui possible.
Il fut surpris quand l'un des bras d'Oishi l'attira à lui et que son visage se retrouva tout près de celui de son ami.

- Froid.

Oishi ne proféra pas une explication de plus et se colla un peu plus que la veille à Tezuka.
Tezuka se sentit rougir, ne comprenant pas ce qu'il ressentait.
D'un côté, il voulait s'écarter, il voulait garder Oishi loin de son coeur, pour être sûr qu'il ne le fasse jamais souffrir. Mais une autre partie de son coeur voulait rendre à Oishi son étreinte, attirer le jeune homme un peu plus vers lui, le regarder s'endormir avec le sourire aux lèvres.
Il frissonna soudainement, ne sachant pas vraiment si c'était à cause du froid ou d'autre chose.

- Tezuka-kun ?
- Hmmm ?
- Ca va ?
- Hmm.

Oishi resserra son étreinte, imaginant que Tezuka devait avoir froid pour frissoner ainsi et passa un bras autour du garçon de façon à ce qu'une de ses mains soit dans le dos de son ami. Son menton était venu se loger contre le front de Tezuka, qui bien que plus grand était un peu plus recroquevillé dans le lit.
Oishi sentit son coeur s'accélérer, chose à laquelle il n'était pas habitué à cete heure de la journée.
Alors que se passait-il ?

- Tezuka-kun ?
- Hmm ?
- Tu dors ?
- Non, non.
- Je te dérange ?
- Bien sûr que non.
- Je peux te poser une question ?
- Bien entendu...
- Pourquoi... pourquoi j'ai envie d'être toujours plus proche de toi ?

Tezuka sentit son coeur râter un battement.
Alors, Oishi ressentait la même chose ?
Bizarrement, ça le rassurait de savoir qu'il n'était pas le seul...
Il glissa une main autour d'Oishi et respira l'odeur du garçon.

- Je ne sais pas...

Tezuka poussa un long soupir.

- Je ne sais pas, mais... mais moi aussi.
- Ah ?
- Oui. Je... c'est bizarre, ça ne m'avait encore jamais fait ça.
- Moi non plus.

Oishi se mit à rire doucement tout en humant le parfum des cheveux de Tezuka.

- Qu'est-ce qu'on va faire, alors ?
- Comme tu veux...
- Tezuka-kun, ce n'est pas une réponse.

Tezuka crut un instant qu'Oishi était fâché et il s'en voulut tout de suite.

- Excuse-moi.
- Tu es pardonné.

Tezuka décela un sourire sur le visage d'Oishi malgré l'obscurité qui régnait dans la pièce.
Avant même qu'ils aient le temps de reprendre leur conversation, ils entendirent des pas.
Apparemment d'autres personnes venaient se coucher...
Oishi remonta le sac de couchage plus haut sur leurs têtes et murmura un "Bonne nuit, Tezuka", avant que le reste du groupe n'entre dans la pièce.