Titre : Sunrises
Auteur : Juilatheyounger, lien dans mon profil.
Paring : Slash Harry Potter/Severus Snape
Rating: M
Traductrice : Falyla
Disclaimer : Les persos sont à JK Rowling, l'intrigue est à Juliatheyounger, je ne revendique que la traduction.
Résumé : Harry a 18 ans, il a battu Voldemort et sauvé le monde et maintenant il revient à Poudlard, cette fois en tant qu'assistant au cours de DCFM.
Etat de la fic : Terminée. Elle sera mise en ligne en 11 parties.
Note importante: Cette traduction est en cours de parution dans le fanzine du Troisième Œil. La mise en ligne se fera au fur et à mesure de l'édition du zine pour ne pas spoiler les personnes qui commandent le journal.
Partie 1.
Harry regarda par la fenêtre du Poudlard Express. Voilà, il était là…
De retour à Poudlard.
Seul.
Hermione étudiait à l'Université, Ron avait un boulot au Ministère. Ce n'était pas comme s'ils avaient pu venir avec lui. Ils avaient tous passés leurs examens et ce n'était pas comme s'ils pouvaient tous obtenir un poste à Poudlard après ça mais, d'une manière ou d'une autre, Harry avait pensé qu'ils resteraient toujours unis, même pendant la guerre. Il avait cru qu'ils feraient quelque chose tous ensemble. Tous les trois.
Mais non, Harry était seul et il faisait son retour à Poudlard, seul.
Harry soupira et continua à fixer le vide à travers la fenêtre. Il n'aurait pas dû se sentir misérable. Il essaya de conjurer le petit niveau d'excitation qu'il avait ressenti quand Dumbledore lui avait offert le job.
Il était le nouvel assistant professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Harry en avait presque rit lorsque Dumbledore l'avait suggéré. Il avait supposé que ça lui conviendrait ; il avait beaucoup de pratique en combat contre la magie noire. Ça irait pour le moment, jusqu'à ce qu'il soit à prêt à envisager une formation d'Auror. Il avait reçu une offre pour rejoindre les Aurors, sans mentionner le Ministère mais c'était simplement qu'il ne voulait pas y penser en ce moment. Harry n'était pas certain que c'était toujours ce qu'il voulait faire, il avait assez combattu contre les mages noirs pour un bon moment.
Puis Poudlard apparut.
Il semblait que ça faisait un siècle depuis son dernier séjour, alors qu'il n'y avait eu que les vacances d'été. Les premières vacances d'été qu'il n'avait pas passées chez les Dursley. Les premières vacances d'été qui n'avaient nécessité la protection du sang de sa mère.
Il en avait passé la plus grande partie avec Remus et un peu avec Dumbledore, son anniversaire en solitaire, quelques jours avec Hermione et la dernière semaine chez les Weasley. Ce n'était pas aussi joyeux qu'à l'ordinaire.
De déplaisants souvenirs traversèrent l'esprit de Harry, rejouant des scènes auxquelles il pensait plus souvent qu'il ne le voulait, des souvenirs qu'il ne pouvait pas oublier et qui ne le laissaient pas tranquille.
« Laisse-moi mourir, je t'en prie… »
Harry tressaillit en se rappelant le visage ensanglanté de Bill Weasley. D'autres visages s'étaient succédé ensuite, morts ou agonisants. Des amis, des ennemis, des inconnus, certains morts de la main de Harry, d'autres qu'il avait essayé de protéger.
« Vous n'êtes pas comme votre père. »
Harry cligna des yeux à ce dernier souvenir venu spontanément. Snape, qui lui parlait doucement. Une expression sur le visage que Harry n'avait pas comprise.
« Vous n'êtes pas comme votre père. »
Il avait dit ça comme un compliment, avait compris Harry. Puis ils s'étaient tous les deux tournés vers Lucius et ses disciples. Snape avait été presque tué et Lucius était mort. Harry se rappela ce qu'il avait dit, tandis qu'il s'agenouillait à côté du Maître des Potions, espérant que Voldemort n'allait pas décider d'apparaître à ce moment-là, essayant de se souvenir des charmes de guérison alors qu'il n'avait fait que lancer des mauvais sorts pendant toute la semaine.
« Je vous crois maintenant, vous êtes l'un des nôtres. »
Snape en avait presque rit.
« Potter… » fut tout ce que Snape put dire.
Harry le pensait vraiment alors. Cela signifiait bien plus encore. Il avait réalisé qu'il avait pardonné à Snape, pour la mort de Sirius, pour n'avoir jamais été le coupable, pour son incapacité à le blâmer lui, pour les mille commentaires injustes et les affronts, pour n'être, en gros, qu'un parfait enculé. Maintenant, de retour à Poudlard, il se demandait s'il le pensait encore. C'était comme s'il était toujours un étudiant et qu'il retournait en classe avec un Maître de Potions qu'il détestait. Seulement maintenant, c'était comme s'il avait Potions à chaque leçon, cinq jours par semaine. Snape avait finalement obtenu le poste de Défense Contre les Forces du Mal. Snape avait également les Potions, lui avait expliqué Dumbledore lorsqu'il lui avait offert le poste d'assistant de Snape. Harry était surpris que Snape revienne à Poudlard – la guerre était finie, son travail était terminé, il avait l'air de détester enseigner mais Dumbledore lui avait dit qu'il y avait encore beaucoup de personnes qui auraient pris grand plaisir à le voir mort et Poudlard était l'endroit le plus sûr pour lui, au moins jusqu'à son complet rétablissement.
Harry se rappelait la dernière fois qu'il avait vu Snape – visage blême, tordu d'agonie, un filet de sang sombre coulant de son nez – il savait ce que Dumbledore voulait dire.
De retour à Poudlard, Dumbledore, McGonagall, Hagrid et Snape.
Harry fixa la fenêtre et essaya de ne pas penser à ceux qui ne reviendraient plus jamais ici. Il avait décidé de prendre le Poudlard Express plutôt que de voyager par un autre moyen. Quelque part, ça ne lui aurait pas semblé juste.
Il avait dix-huit ans maintenant et les choses n'étaient plus noires et blanches, ce n'était plus le bien contre le mal. Tout paraissait plus complexe. Il avait pardonné à Snape et tué des gens qu'il avait pris pour des amis. A un moment, il avait même haï Ron. Il avait épargné Draco. Il avait détruit Voldemort, même s'il… Harry voulait oublier l'instant où il avait presque… faibli. Le mot vint à lui, dur et froid. Non, pas faibli… eut pitié, il avait presque eu pitié de Tom Jedusor. Peut-être qu'il aurait dû. Harry n'avait jamais été certain de prendre les bonnes décisions durant cette affreuse semaine. Et il avait dû en prendre tellement. La vie et la mort étaient également des éléments plus petits qui s'étaient ajoutés à ce gigantesque et terrible moment.
Il avait fait des erreurs. Il avait presque, presque laissé tomber et il avait découvert que haïr n'était une chose aisée.
- Salut Harry. Tes vacances ont été agréables ?
Il leva les yeux et vit Ginny Weasley debout devant la porte du compartiment. Il tenta son meilleur sourire et échoua. Il se contenta d'acquiescer pour lui répondre.
- Tu sais, tout bien considéré…
Ginny approuva et son sourire s'afficha aussi difficilement que le sien.
- Au fait, c'est Professeur Harry maintenant, dit Harry, en essayant d'alléger l'atmosphère.
Ginny sourit ; mais une fois de plus, son sourire n'atteignit pas ses yeux.
- Ne devais-tu être assistant professeur ? répliqua-t-elle, en haussant un sourcil.
Harry se permit un large sourire sincère cette fois.
- D'un côté comme de l'autre, je peux distribuer des punitions, rétorqua-t-il.
Ginny roula des yeux mais lui sourit aussi. Harry souhaitait qu'elle s'en aille, elle ressemblait beaucoup trop à Bill.
- Je devrais y retourner, dit Ginny. Je voulais juste m'assurer que tu allais bien. Au fait, tout le monde te passe le bonjour.
- Merci. J'ai reçu un hibou de Ron ce matin.
Harry n'avait pas encore été capable de se forcer à lire la missive mais il ne le dit pas à Ginny.
Quand elle fut partie, il retourna à la contemplation de la fenêtre.
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Arriver à Poudlard était à la fois familier et complètement étranger à Harry. Il n'appartenait plus à la foule d'étudiants pressés qui se ruaient vers Gryffondor. Il n'avait plus d'amis à rejoindre. D'un autre côté, c'était si familier qu'il avait du mal à se souvenir que Ron ne l'attendait pas et Hermione ne serait déjà en train de s'inquiéter pour ses cours. Les 7ème et 6ème année s'approchèrent pour le saluer. Les autres élèves le fixèrent longuement et il entendit des chuchotements. Il se sentait bizarre, comme un imposteur.
- Ah, Monsieur Potter, vous êtres là.
- Bonjour, Professeur McGonagall.
Harry ne put déguiser son soulagement de la voir.
- C'est bon de vous revoir. Avez-vous passé de bonnes vacances ?
Harry opina du chef.
- Malheureusement, nous allons vous perdre de Gryffondor. Vous devrez partager les quartiers du Professeur Snape, étant donné que vous allez enseigner avec lui. Cependant, nous espérons que vous soutiendrez la maison aux couleurs de Gryffondor pendant les matches de Quidditch.
Harry s'était fortement attendu à cet arrangement mais la confirmation de ce fait le rendait étonnamment nerveux.
- Je devrais y aller alors et le voir maintenant ? Le professeur Snape ?
- Oui, c'est probablement une bonne idée. Il vous attend. Le professeur Dumbledore vous verra plus tard.
Harry acquiesça encore une fois.
- Comment… Comment il l'a pris ?
- Je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous voulez dire, Monsieur Potter.
- Snape. Du fait que je sois devenu son assistant ?
Harry fut certain de voir McGonagall sourire d'un air narquois.
- Aussi bien qu'on aurait pu s'y attendre, Monsieur Potter. Maintenant, allez-y. Vous nous rejoindrez à la table des professeurs pour le dîner.
Harry savait qu'il n'était pas le seul de devoir s'habituer au fait qu'il n'était désormais plus un étudiant. A contrecœur, il descendit dans les donjons, vers le bureau de Snape. La porte s'ouvrit en grand avant même qu'il ne frappe.
- Ainsi vous êtes là, Potter, fit brièvement Snape, sans lever les yeux de la lettre qu'il écrivait.
C'était la première fois que Harry le voyait depuis cette nuit-là. Il avait l'air… mieux… mais ce n'était pas encore tout à fait le même vieux Snape de sa classe de Potions. Il semblait plus âgé, fatigué et tendu. Harry ne s'attendait pas un salut plein d'émotion mais il pensait qu'il y avait eu une sorte de camaraderie entre eux, crée par la guerre.
- Bonjour à vous aussi, Professeur, marmonna Harry pour lui-même, se sentant un peu frustré.
Il regarda autour de lui.
- Et où vais-je…
Snape soupira et fit un geste vers une porte sur la gauche.
- Là-bas. Je suis à vous dans un court instant.
Harry acquiesça et passa la porte. Il regarda autour de lui, consterné. Apparemment, il était dans une des pièces de stockage de Snape. Les étagères supportaient toutes sortes d'épouvantables ingrédients alignés sur les quatre murs de la petite pièce. Il était sensé vivre ici ? Il se sentait comme revenu à l'intérieur du placard des Dursley.
Harry regarda par-dessus son épaule vers Snape, qui écrivait toujours. L'inévitable débat qui allait s'ensuivre lui fit fermer les yeux, il se sentait brusquement fatigué. Il ne pouvait pas faire ça. Il sortit de la pièce de stockage.
- Il doit y avoir une erreur. Je croyais que j'étais ici en tant qu'assistant professeur ici, à Poudlard… pas comme un…
Harry chercha le meilleur terme pour décrire quelqu'un supposé vivre dans une réserve d'ingrédients. Il s'interrompit, laissant sa phrase inachevée. Snape lui lança un regard furieux.
- Essayez de ne pas être totalement stupide, Potter.
Harry sentit sa colère augmenter. Il avait pu lui pardonner les choses qui étaient arrivées par le passé, ils avaient pu les effacer mais ils pouvaient toujours recommencer une nouvelle ardoise.
- Que…
- Il y a une porte, dans le mur. J'essaie de ne pas rendre mes appartements manifestes pour les élèves. Je pensais que vous apprécieriez la même chose.
Harry retint le commentaire acerbe qui était sur le bout de sa langue et à la place, il se sentit légèrement rougir. Il repassa la porte. Et ça ne manqua pas, un simple sortilège d'ouverture fit apparaître la porte qui s'ouvrit là où il y avait eu un inventaire complet de vers solitaires.
Harry fit un pas dans une pièce de taille normale, il y avait une cheminée dans un coin, un bureau, des chaises, des étagères pour y mettre des livres, un lit, une armoire et un buffet. Il y avait une fenêtre sur un mur et une carpette sur le sol. La chambre était gaie et confortable. Sa malle était à l'évidence arrivée, elle était posée dans un coin. Une porte sur l'un des côtés révéla la propre salle de bain de Harry.
- Non, je n'avais vraiment pas l'intention de vous faire vivre dans un placard, Potter.
Harry sursauta en entendant la voix de Snape à côté de lui. Il était surpris par le manque de malveillance dans le ton de Snape. Ça lui rappelait un autre temps lorsqu'ils étaient côte à côte. Alors peut-être y avait-il un peu de camaraderie après tout.
- Merci… dit-il, en chassant le souvenir de son esprit. C'est… joli.
Ça l'était. C'était simple et ça avait l'air beaucoup plus confortable que sa chambre chez les Dursley, alors même qu'aucun de ses effets personnels ne s'y trouvait encore.
- Vous partagerez le bureau du personnel avec moi. Vous ne devriez pas avoir besoin de travailler là-bas excepté lorsque vous êtes sensé être disponible pour les élèves. Essayez de ne pas rester en travers de mon chemin.
Ok, c'était de la malveillance. Harry lui jeta un regard furieux, il était de retour en classe de Potions, essayant de ne rien dire qui lui vaudrait une détention.
- J'ajouterai qu'en tant que Responsable de la Maison Serpentard, je pourrais avoir besoin que vous quittiez la pièce si un de mes élèves souhaitait me parler en privé.
- Je le ferai. J'essaierai de ne pas se mettre en travers de votre chemin…
Harry se tut, il détestait avoir l'air d'un enfant. Il était sensé être l'égal de Snape maintenant, ou s'en approcher.
- Je suis content de l'entendre, dit Snape.
Il lança une œillade irritée à Harry.
- Je suie sûr que vous êtes aussi heureux de cet arrangement que je le suis.
Harry haussa les épaules.
- C'est un boulot, quelque chose à faire. C'était gentil au professeur Dumbledore de me le proposer.
- Hum, j'en suis sûr, fit Snape, ses lèvres ourlées en léger rictus. J'aurais pensé que vous aviez eu des douzaines d'offres émanant de vos fans les plus fervents. Ou est-ce que représentant du Ministère n'est pas assez fascinant pour le célèbre Harry Potter ?
Harry fronça les sourcils, la colère jaillissant en lui, plus l'irritation qu'il allait devoir se battre avec Snape, après tout ce qu'ils avaient traversé. Ses yeux étincelèrent.
- En fait, je pensais faire une pause pendant un moment après cette difficile affaire, vous savez, étant donné que j'avais sauvé le monde et tout ça. Peut-être me la couler douce pendant une année ou deux. C'est vous qui avez toujours donné cette image tellement désinvolte de l'enseignement.
Les lèvres de Snape se pressèrent finement et il haussa un sourcil.
- C'est la raison pour laquelle j'ai refusé de vous permettre de m'assister en classe de Potions, Monsieur Potter. Je ne tiens pas à voir mes élèves sortir de mes classes plus ignorants que lorsqu'ils y sont entrés. Croyez-moi, ça demande beaucoup plus d'efforts d'enseigner que d'être uniquement celui qui a survécu.
Harry vit rouge.
- Ecoutez, Snape. Je ne suis plus un étudiant. Vous ne pouvez pas m'intimider. Si vous ne voulez pas de mon aide, d'accord, je resterai assis à ne rien faire ou je jouerai au Quidditch et je gaspillerai le salaire que Dumbledore me verse et nous resterons chacun hors du chemin de l'autre.
Il secoua la tête.
- En fait, je pensais que maintenant vous aviez… Vous savez quoi ? Oubliez ça.
Harry sortit de la chambre à coucher et passa dans la réserve de bocaux.
- Potter.
- Quoi ?
Harry n'était pas d'humeur à s'arrêter mais il le fit. Il se tourna et jeta un coup d'œil furieux à Snape, toujours debout sur le pas de porte de sa chambre.
Les yeux sombres de Snape étaient indéchiffrables et son ton était presque amer quand il parla.
- Je ne suis pas stupide, Potter. Je ne rends bien compte que c'est moi qui suis en train de vous aider et pas l'inverse. Ils veulent le célèbre Harry Potter, destructeur de Celui-de-celui-qui-peut-maintenant-être-nommé au poste d'enseignant de Défense Contre les Forces du Mal. Je dois juste vous tenir la main jusqu'à ce que vous ayez assez d'expérience pour faire la bévue de vous y engager par vous-même.
Il jeta un autre regard acerbe à Harry puis il le dépassa à grandes enjambées, s'arrangeant pour sortir théâtralement avant que Harry ne le fasse.
Harry donna un vicieux coup de pied dans le bureau de Snape et soudainement il n'eut plus envie d'être au cœur du territoire serpentard. Il quitta le bureau de Snape – non, le sien – à la recherche du Maître de Potions et de DCFM. Snape était à mi-chemin dans le couloir, ses robes noires virevoltaient. Il tourna la tête.
- Monsieur Potter, n'oubliez pas de fermer la porte, ordonna-t-il. Je ne tiens pas à ce que des élèves fouinent dans mes appartements pendant mon absence.
Harry grommela et retourna en trombe vers le bureau pour claquer la porte derrière lui. Il allait être en retard. Il décida de mettre un mot de passe à sa chambre et puis défit ses bagages, essayant d'ignorer entièrement ses problèmes avec Snape.
Hermione l'avait emmené acheter de nouveaux vêtements – il n'y avait même pas songé avant qu'elle ne lui fasse remarquer qu'il ne pouvait pas vraiment porter ses robes d'étudiant pour enseigner. Il avait fait un magasin après l'autre sur le Chemin de Traverse jusqu'à qu'il trouve quelque chose qui pouvait convenir à son poste d'assistant professeur. Puis Hermione l'avait mené chez un agent de change et lui avait montré comment convertir son or en livres sterling et ils étaient allés faire du shopping dans Londres pour se procurer des habits moldus de tous les jours. Malgré le fait qu'il avait levé les yeux au ciel, Harry avait plutôt bien apprécié cette sortie et il était content du résultat. Il n'avait jamais possédé sa propre paire de jeans, une paire que personne n'avait jamais mise avant lui. Une fois qu'il eut fini de défaire ma malle, Harry jeta un œil circulaire à sa confortable chambre. L'inspiration le frappa et il se dirigea vers sa salle de bain et se fit couler un bain très profond. Il se déshabilla et se plongea avec reconnaissance dans l'eau chaude. C'était merveilleux. C'était la première fois qu'il avait sa propre baignoire ou sa propre salle d'eau. Il s'étendit. Pendant quelques minutes, le très agréable fait qu'il avait son propre espace personnel dans le monde s'arrangea pour empêcher son esprit de penser à Snape ainsi qu'un pressentiment grandissant quant à sa décision de revenir à Poudlard. Une autre chose à ajouter à sa liste de Choses-auxquelles-ne-pas-penser.
Bientôt, l'eau devint froide et Harry sortit, il se sécha et revêtit des vêtements propres. Passant une main dans ses cheveux légèrement humides, il contempla son nouveau chez-lui pour l'année à venir. Le feu crépitait et Hedwig se tenait sur sa perche. Ceci, au moins, semblait bien.
Tout se passera bien. Après tout, il était à Poudlard, c'était pour lui, l'endroit qui s'approchait le plus d'une vraie maison. Alors qu'il avait été transplanté au cœur des Serpentard, alors que chaque jour allait être un cours de Potions non-stop. Alors que Snape était un homme horriblement aigri. C'était Poudlard, avec Dumbledore et Hagrid et tous les élèves, des plus jeunes à ceux qui effectuaient leur dernière année.
Hagrid ! Harry mit ses chaussures et attrapa son manteau. Brusquement, il ne pouvait plus attendre de revoir Hagrid. Il monta les escaliers et avait presque atteint la porte du hall principal quand il entendit une petite toux polie et une voix familière l'appeler.
- Harry.
Harry pivota vers Dumbledore, un vrai sourire étalé sur le visage.
- J'espérais te voir aujourd'hui, fit Albus. Comment vas-tu ?
- Bien, merci Monsieur, répondit Harry.
- Bien installé ?
Harry opina du chef.
- Et Severus te traite correctement, j'espère ?
Harry haussa un sourcil.
- Aussi bien qu'on pouvait s'y attendre, répliqua-t-il, répétant les paroles de McGonagall.
Les yeux de Dumbledore pétillèrent.
- Hum, oui, évidemment, Severus a du mal à admettre qu'il a besoin d'aide avec deux fois plus de travail que l'an dernier mais je pense que c'est nécessaire. C'est plus simple pour lui de s'en défendre s'il sent qu'il est exploité et qu'il te fait une faveur plutôt que d'être celui qui est aidé. Fais-moi savoir s'il est trop dur avec toi. Severus peut être difficile quand il doit se montrer patient.
- Ça ira. Je peux vivre avec un Snape bougon, ça semblera normal.
Ce n'était qu'un demi mensonge. Les yeux de Dumbledore transpercèrent Harry puis le vieux sorcier acquiesça.
- Très bien mais rappelle-toi, il n'est plus ton professeur de Potions, vous êtes collègues désormais, Harry. C'était très gentil à toi de revenir cette année. Nous apprécions tous.
Harry hocha la tête, essayant de ne pas lire quoi que ce soit dans le « tous » plein d'emphase de Dumbledore.
- Je m'en souviendrai et ne vous inquiétez pas, ça ira.
Dumbledore émit un bruit indistinct.
- Je te verrai au dîner, Harry. Tu sors voir Hagrid, je suppose ?
- Oui, répondit-il.
- Très bien. Oh, au fait, dis-lui que le paquet qu'il attendait est arrivé.
Harry hocha la tête une nouvelle fois.
- Oh, Harry ? appela une dernière fois Dumbledore. Je ne crois pas que je t'ai remercié d'avoir sauvé la vie de Severus.
Puis Harry resta avec l'impression que tous ses secrets avaient été examinés et réarranger. Il secoua la tête puis se dépêcha de sortir pour rendre une visite à Hagrid avant le dîner.
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C'était une expérience bizarre que d'observer le Choipeau et tous les nouveaux élèves lorsqu'on était assis parmi les enseignants au repas du soir. Harry n'arrivait pas à croire comme les 1ère année étaient petits. Il était assis entre McGonagall et Madame Pomfresh et il écoutait, quelque peu stupéfait, les conversations des professeurs autour de lui. Il était clair qu'il connaissait les personnes présentes – il avait combattu aux côtés de la plupart d'entre elles – mais les écouter parler de leurs vacances et de leurs familles, échanger des potins était une révélation. Même Snape échangea quelques mots avec Dumbledore et Madame Bibine.
Cependant, en regardant les étudiants, Harry ne put s'empêcher de se demander comment ils avaient pu se pardonner, étant donné que leurs familles s'étaient battues les unes contre les autres pendant si longtemps. Dumbledore s'était levé et avait dit à ses élèves que cette année était un nouveau commencement et qu'ils devaient laisser les événements du passé derrière eux, que tout le monde était du même côté dorénavant. Harry remarqua que quelques Serpentard évitaient ses yeux. Personne ne voulait être reconnu pour avoir été du côté de Voldemort mais il y avait des étudiants ici qui avaient perdu des proches durant la guerre et qui avaient eux-mêmes participés au combat. Il jeta un coup d'œil à Snape, se demandant comment il pouvait être si partisan envers les Serpentard alors qu'il s'était battu contre la plupart de leurs familles. Harry se rappela alors que Serpentard ne signifiait pas le mal, ni Voldemort, peu importait combien il semblait l'apprécier. Tout comme Gryffondor ne signifiait pas automatiquement le bien, ou même l'amitié, pensa-t-il avec un élancement de tristesse.
Ce fut lorsque Snape attrapa ses yeux qu'il réalisa qu'il le fixait. Harry se détourna rapidement.
Au moins, contrairement à lui, Harry ne devait pas rester ici. Il n'avait pas du tout été blessé, il était fort et sa réputation était suffisante, ainsi il aurait fallu une rancune vraiment tenace pour qu'une sorcière ou un sorcier tente de s'en prendre à lui. Il ne devait pas se cacher à Poudlard, lui.
Mais c'est ce que tu fais, fit une petite voix sarcastique dans sa tête. Harry rougit furieusement à cette pensée. Il n'était pas en train de se cacher. Il était juste là pour… récupérer.
Comme Snape. Harry se rappela les paroles de Dumbledore. Snape détestait tellement avoir besoin d'aide qu'il préférait se sentir manipulé et trompé.
Harry se retrouva les yeux à nouveau sur le Maître de Potions. Et il vit Snape lui retourner son regard. Harry détourna promptement ses yeux, tentant d'ignorer l'étrange sentiment qui l'avait traversé, comme une douche glacée en voyant son expression. Il sentit ses oreilles rougir et il se concentra fermement sur son pudding. Il n'allait pas se laisser intimider par lui. Ils étaient collègues maintenant.
Puis McGonall lui enjoignit de parler des Weasley et il fut distrait de ses pensées gênantes. Le dîner parut se dérouler lentement et en dépit du fait que Harry savait que la nourriture était aussi bonne que d'habitude, tout lui semblait plus fade, moins appétissant maintenant. Il se surprit à regarder les élèves en dessous, et souhaita se retrouver en bas comme l'an dernier, avec Ron et Hermione. Harry avait décidé de s'échapper rapidement, prétextant la fatigue, lorsque Madame Bibine se pencha en travers de la table et commença à parler de Quidditch. Harry répondit poliment mais, en dépit de tout, il ne put relever son niveau d'enthousiasme. Harry se demanda simplement quand le Quidditch avait commencé à devenir insignifiant et inutile. Une partie de lui fut presque soulagé quand Snape surgit derrière lui.
- Potter, un mot dans mon bureau plus tard, si vous pouvez vous arrachez à votre public adoré.
Harry grinça des dents et retint la réplique qui se formait sur ses lèvres. A la place, il eut un infime hochement de tête.
Harry eut vraiment du mal à s'échapper pour descendre aux donjons après le dîner. Tout le monde semblait vouloir lui parler. Et pour une fois, Harry fut reconnaissant à Snape. Il avait une excuse pour s'enfuir.
- Potter, j'espère que vous avez accordé quelques instants à ce que vous allez enseigner pour votre premier cours demain, fit Snape à l'instant où Harry mit un pied dans son bureau.
Harry cligna des paupières.
- Demain ? Vous voulez que je prenne une classe demain ?
Snape eut un sourire narquois.
- Je pensais que vous apprécieriez l'opportunité de prendre les 1ère année en Défense Contre les Forces du Mal.
- Très bien. 1ère année. Demain.
La tête de Harry tournait. D'accord, il pouvait le faire. Au moins, il avait vu la liste des livres que Snape avait imposés et avait acheté ses propres ouvrages pour chaque classe. Il savait comment Snape travaillait, il suivait l'ordre des chapitres, du début à la fin de chaque livre. Et puis, ce n'était pas comme s'il n'avait jamais enseigné auparavant. Harry songea à son expérience illicite de professeur de DCFM en 5ème année. Il s'en était bien sorti alors.
- Il y a un problème, Monsieur Potter ?
Harry se hérissa au ton de Snape. Il le regarda droit dans les yeux.
- Non, pas du tout, dit-il froidement. Vous avez les horaires des cours ?
Les pupilles de Snape étincelèrent dangereusement mais Harry eut le plaisir de remarquer son expression sarcastique et suffisante s'amenuiser un peu.
- Bien sûr, Potter, dit-il et un rouleau de papier se matérialisa dans sa main.
Snape le tendit à Harry.
- Votre premier cours est à 11 heures. Cependant, j'exige que vous soyez présent à mes cours aussi. Après tout, vous êtes supposé m'assister.
- Certainement, répondit Harry avec légèreté. Bien, bonne nuit. J'ai des cours à préparer.
Et sans attendre de réponse, Harry quitta sa chambre, il se sentait très content de la façon dont il avait manœuvré avec Snape.
Une fois dans sa nouvelle chambre confortable, qu'il devait probablement plus aux elfes de maison qu'à Snape, Harry sortit avec empressement une plume, un rouleau de parchemin et le livre des 1ère année. En fait, il n'avait pas pensé que Snape le laisserait de donner un cours tout seul et il était sûr que Snape ne le lui avait permis que pour le contrarier. Mais le fait était qu'il l'avait fait et Harry était déjà en train de planifier sa première leçon – comment il allait se présenter, comment il allait commencer son cours, ce qu'il allait enseigner. De tendres souvenirs de l'Armée de Dumbledore jaillirent dans la tête de Harry.
Il était très tard quand Harry mit son parchemin de côté pour grimper dans son lit. Il était fatigué mais il était aussi si excité à propos du lendemain qu'il ne pouvait dormir, il pensait encore à la leçon qu'il allait donner. Il se rappela la lettre de Ron et la lut, puis il resta éveillé encore un long moment, son esprit révisant pas à pas sa première leçon. La dernière pensée qui lui traversa l'esprit avant qu'il n'endorme enfin fut de savoir s'il était capable s'enlever des points.
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Harry regarda avec une terreur absolue les petits visages excités des 1ère année qui le fixaient depuis leurs sièges. Son esprit était complètement vide et il souhaita brusquement avoir Voldemort en face de lui à leurs places. C'était très différent de l'aide qu'il avait fournie à l'entraînement de ses amis. Il entendit un léger grognement d'amusement derrière lui et se souvint de Snape.
- Vous voulez que je vous serve d'assistant, Potter ?
Harry carra ses épaules. Il n'était pas question qu'il se plante devant Snape. L'homme croyait qu'il allait s'écraser la face par terre, ainsi il pourrait lui faire la leçon sur les difficultés d'enseigner. Et bien, Harry allait lui montrer, il allait faire un boulot fantastique.
- Heu… Bonjour, dit-il.
La classe était déjà silencieuse, intimidée d'avoir le célèbre Harry Potter comme professeur.
- Je suis l'assistant professeur Potter. Je vais vous donner votre cours. Voici le professeur Snape. Il va observer et s'assurer que je vous enseigne bien ce que je suis supposé vous apprendre.
Harry prit une profonde inspiration et plongea.
- Et si je ne le fais pas, il prendra la relève. Alors assurez-vous d'être attentifs sinon c'est lui qui vous donnera le cours à la place.
Harry savait au moins que les 1ère année avaient des frères et sœurs qui avait eu Snape comme professeur. Il savait aussi qu'en cet instant, son vieux Maître de Potions lui lançaient des regards noirs et paraissait redoutable. La classe avait l'air très attentive. Harry risqua un œil vers Snape et eut la satisfaction de noter sa bouche pincée et ses yeux plissés.
Harry s'éclaircit la gorge, déroula les notes de son cours et commença.
Tout alla bien. Harry avait décidé que des exemples pris dans la vie réelle étaient parfaits pour illustrer son point de vue et, si c'était possible, il glissait une anecdote dans ses explications. Généralement, Harry n'aimait pas prendre avantage de son nom mais ce cas-là était une exception, d'une part parce que ça maintenait la classe captivée mais surtout parce qu'il savait que ça agaçait Snape à mort. Il pouvait sentir son regard furieux lui brûler la nuque et il pouvait pratiquement entendre le doigt que son ancien professeur avait posé sur sa baguette le démanger. Le célèbre Harry Potter utilisait l'heure de cours pour fanfaronner. Harry eut un grand sourire méchant. Cela méritait bien chacun des commentaires sarcastiques qui se manqueraient de venir plus tard.
Cinq minutes avant la fin du cours, Harry questionna ses élèves sur ce qu'ils avaient appris et tous répondirent parfaitement.
Tandis qu'ils sortaient, il se tourna vers Snape en haussant un sourcil, osant presque un sourire narquois. L'expression de Snape était un peu trop calme.
- J'espère seulement, Potter, que vous pourrez maintenir ce niveau de préparation pour tous vos cours, fut tout ce qu'il dit.
Puis il tourna les talons et sortit de la salle de classe. Harry sourit.
- Je prends ça comme un compliment, Monsieur, répliqua-t-il.
Snape parut ralentir mais il continua son chemin.
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Le reste de la journée après le premier cours de Harry ne fut pas aussi amusant mais c'était pédagogique. Harry n'avait plus de cours à lui mais il assistait Snape. C'était étrange d'observer son ancien professeur de cette perspective. Il s'était toujours entêté à manquer d'objectivité envers Serpentard et Harry avait dû se mordre la langue pour s'empêcher de défendre sa maison. D'une manière ou d'une autre cependant, Snape ne semblait pas aussi malveillant qu'il l'était lorsqu'il enseignait à Harry. Peut-être que c'était juste lui que Snape n'appréciait pas, et par extension, ses amis.
Puis un garçon de 2ème année envoya presque un dangereux sortilège sur son partenaire et avant que Harry ne puisse réagir, Snape avait soigneusement désamorcé le danger et fondu sur les deux élèves. Harry ne put s'empêcher de grimacer tandis que le pauvre malheureux élève refoulait ses larmes tandis que Snape, usant de son acharnement moqueur le plus fin, le déchiquetait à belles dents. Harry savait que cet enfant sera marqué comme bouc émissaire pour le reste de l'année s'il en croyait sa propre expérience.
Snape haussa un sourcil vers Harry tandis qu'il retournait au fond de la classe.
- Oui ? demanda-t-il, son ton défiant Harry de parler.
Harry décida de verbaliser ses pensées.
- Vous n'aviez pas besoin de les faire pleurer, vous savez, dit-il à voix basse, ne voulant pas causer une scène en face des étudiants.
Snape le dévisagea froidement.
- Vraiment, Potter ? Est-ce que vous réalisez que la magie que cet enfant vient d'employer peut être mortelle?
La voix de Snape aussi était basse, mais elle avait une intonation tranchante qui n'augurait rien de bon.
- Oui, mais…
- La magie n'est ni une plaisanterie, ni un jeu. Vous êtes bien placé pour le savoir. C'est mon travail d'assurer la sécurité de ces élèves et ça inclut leur inculquer les dangers des erreurs imprudentes.
Harry savait qu'il aurait dû se taire à cet instant mais il sentait qu'il ne pouvait laisser Snape continuer comme ça.
- Mais les effrayer ne fait que les rendre plus nerveux, plus enclins à faire ces erreurs.
L'expression de Snape était mortellement calme.
- Lorsque vous aurez donné plus d'une leçon, Potter, vous pourrez me donner des conseils sur la manière d'enseigner.
Il lança un regard plein de dédain à Harry puis parcourut la classe à grandes enjambées en fixant les élèves d'un air funeste.
- Potter, fit Snape tandis que le dernier étudiant quittait la classe. A l'avenir, si vous avez d'autres serviables suggestions concernant ma capacité d'enseigner, je vous serai reconnaissant de ne pas les formuler devant les élèves.
- Je ne crois pas qu'ils aient entendu. Je pensais juste que…
- Vous pensiez, ricana Snape. C'est quelque chose que vous faites beaucoup, Potter, non ? Ça se termine généralement assez mal.
Il se tourna vers son bureau et se mit à rassembler ses livres. Harry sentit la colère bouillir en lui. Comment, après tout se qui s'était passé et tout ce temps, Snape pouvait-il se débrouiller pour en arriver là ? De toute façon, pourquoi Snape insistait-il tellement pour n'être qu'un arrogant salopard avec une vraie tête de cochon ? Harry serra les mâchoires et lui jeta un regard noir, incapable de dire quoi que ce fût à cet homme, sans laisser déborder sept ans de rancune.
- Vous n'avez pas besoin de m'assister pour le reste des cours de la journée, fit Snape, sans se retourner. Je vous suggère de saisir cette opportunité pour organiser vos cours de demain.
Harry, qui grinçait encore des dents, prit ses livres et quitta la salle de classe sans un mot.
Le bureau sombre de Snape était calme et étonnamment apaisant après cette matinée agitée. Harry soupira avec lassitude. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Le cours avait été amusant, certes, mais comment allait-il pouvoir travailler avec Snape pendant une autre journée, sans parler de toute une année ? Une partie de lui était déterminée à montrer à Snape qu'il pouvait assumer ce travail, qu'il n'était pas là simplement grâce à son nom, mais s'ils étaient incapables de montrer un peu de civilité l'un envers l'autre… Harry s'assit en laissant lourdement tomber son livre sur le bureau le plus petit, ce dernier était placé dans un coin de la pièce, à demi caché par un meuble rempli de documents et une étagère où étaient entreposés de dégoûtants ingrédients pour potions. Il ne savait pas pourquoi il permettait à Snape de l'atteindre. Il avait supporté ce connard graisseux pendant sept ans.
« Vous n'êtes pas comme votre père »
Peut-être que ce souvenir empêchait Harry de s'accommoder de la haine et de l'aversion de Snape maintenant. Le fait était que Snape l'avait finalement respecté et maintenant c'était comme s'il pensait encore qu'il n'était qu'un arrogant et inutile m'as-tu-vu, exploitant sa réputation.
Harry soupira et ouvrit le livre. Il devait préparer son cours du lendemain malgré tout.
Harry était si accaparé par l'organisation de sa leçon qu'il sursauta presque lorsque Snape entra dans le bureau. Snape parut aussi surpris de le voir travaillant à sa petite table de travail. Ça ne dura pas longtemps ; le Maître de Potions détourna les yeux et se dirigea vers les propres appartements sans un mot pour Harry.
Harry regarda l'horloge et réalisa qu'il était pratiquement l'heure du dîner. Il se demanda si Snape y allait, et envisagea brièvement de l'attendre. Il renonça rapidement. Il sembla que ce fut une sage décision parce que Snape ne se rendit pas au dîner du tout et quand, en définitive, Harry revint aux donjons, échappant aux trop nombreuses questions et regards appuyés, le professeur s'était déjà enfermé dans ses quartiers.
Il récupéra ses livres et se retira dans sa propre chambre. Il termina rapidement la planification de son cours. Il était fatigué après le peu d'heures de sommeil de la nuit précédente et, après qu'il eût verrouillé et protégé la porte du bureau, il plaça des sécurités sur sa propre chambre et alla se coucher.
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Severus était ravi de l'obscurité tandis qu'ils couraient dans le corridor. La seule lumière provenait de l'étroite fente d'une fenêtre sur un des côtés du hall, juste assez pour voir, mais insuffisante pour être vu – spécialement pour quiconque sortant d'une chambre bien éclairée. Ils s'arrêtèrent juste avant les doubles portes de bois. Ils devaient donner assez de temps à Dumbledore. Ils devaient arrêter Malfoy.
Severus se tenait debout contre le mur, du côté de la fenêtre. Dans l'obscurité, il ne pouvait que distinguer le jeune homme pressé contre le mur opposé. Severus serra fermement sa baguette. C'était peut-être la chose la plus stupidement dangereuse qu'il avait jamais faite, avec de probables exceptions comme premièrement, rejoindre Voldemort, deuxièmement passer du côté de Dumbledore et troisièmement, prétendre être encore un Mangemort. Maintenant, il était avec Harry Potter, qui croyait dur comme fer qu'ils pourraient capturer Lucius Malfoy et cinq autres Mangemorts raisonnablement puissants et s'en sortir vivants.
- Bonne chance, Professeur.
La voix de Harry n'était qu'un murmure. Severus chercha quelque chose à répondre. Il était peu probable que l'un d'eux survécût mais tant que cela permettait à Dumbledore de s'occuper du Seigneur des Ténèbres, alors c'était… suffisant. A son avis, Potter n'aurait pas dû être là, mais ils avaient déjà eu cette discussion et cet imprudent refusait de le laisser affronter Malfoy seul. En fait, Severus soupçonnait que Potter ne lui faisait pas confiance et il craignait qu'il ne rejoigne les Mangemorts une nouvelle fois.
Severus pouvait voir le profil de Harry s'esquisser dans la faible clarté. Il était stupéfait comme le garçon avait grandi. Jusqu'à cette nuit, dans l'esprit de Severus, il était encore ce garçonnet décharné de onze qui avait plus de pouvoir que de bon sens. Pourtant, il avait été étonnamment décisif et mature cette nuit-là, et il avait pris des décisions difficiles que Severus ne lui enviait pas. Non, ce n'était plus un enfant. Il était beaucoup plus grand maintenant, réalisa Severus, ses muscles et ses membres s'étaient épaissis. Ses traits étaient ceux d'un adulte. Il ressemblait tellement à son père que parfois il devait réprimer un picotement familier de crainte et de colère. Puis la tête de Harry se tourna, attrapant un peu de lumière provenant de la fenêtre et Severus se surprit à fixer l'angle obstiné de son menton, la fière lueur de détermination et quelque chose d'autre qui lui rappelait une personne lointaine. Quelqu'un qui méritait sa gratitude même s'il avait été trop humilié pour la lui donner. Non, pas James Potter; Lily, Lily Evans. Les mots sortirent avant que Severus n'y réfléchisse.
- Vous n'êtes pas comme votre père.
Que Harry le prenne comme le compliment qu'il voulait lui faire ou pas, Severus n'eut pas le temps de le découvrir. Avant qu'il puisse donner des détails, les portes s'ouvrirent et tous deux pivotèrent pour faire face à Lucius Malfoy et sa bande de Mangemorts.
L'élément de surprise fut de leur côté et ils capturèrent trois des Mangemorts instantanément. Les deux autres et Malfoy se regroupèrent promptement mais pas avant que Harry et Severus ne les repoussent dans la pièce qu'ils venaient de quitter. Là, ils avaient plus de place mais il leur fallait fournir de gros efforts rien que pour les tenir à distance, sans parler de les battre. Pourtant, d'une manière ou d'une autre, ils s'arrangèrent pour prendre le dessus et Severus se retrouva à se battre exclusivement avec Malfoy. La magie déferlait de tous côtés mais après un moment, Severus sentit ses défenses faiblir. Les sortilèges de Malfoy commençaient à le briser.
Severus chancela tandis qu'un autre tir de Malfoy le frappait. Il ne tenait debout que par de la volonté pure. Il leva sa baguette mais il ne put lui rendre la pareille avant que Malfoy ne le frappe une nouvelle fois d'un Doloris. Severus tomba à genoux, haletant. Il avait tellement mal… Sa vision s'embua et tout ce qu'il vit fut Lucius Malfoy surgir au dessus de lui. Severus leva sa baguette et essaya de former les mots et les pensées nécessaires pour se défendre. Il lui semblait que Malfoy riait et comme il était frappé encore une fois, il vit une explosion de lumière et Malfoy se brisa en millions d'éclats de verre.
Severus ressentit de la chaleur et se sut en sécurité. Il avait mal partout mais la main de quelqu'un se pressait sur son front et il entendit murmurer des mots de réconfort encore et encore. Il sentit comme un millier de minuscules effleurements apaisants se diffuser dans ses veines. Severus réalisa que c'était Potter qui était agenouillé à ses côtés. Il se força à ouvrir les yeux. Il devait se lever. Voldemort pouvait arriver à n'importe quel moment.
- Professeur… Je croyais qu'il vous avait eu pour de bon.
Severus s'arrangea pour afficher un sourire en biais, à la fois amusé et stupéfait par le soulagement manifeste de Potter de constater que lui, le professeur Snape, était toujours en vie.
« Pas encore » voulut-il dire mais rien ne sortit.
- Je vous crois maintenant, vous êtes l'un des nôtres, fit Harry.
Le rire de Severus fut écorché et étranglé. Alors, c'était tout ce qu'il fallait faire… Mon Dieu, s'il l'avait su avant, il se serait fait tué plus tôt.
- Potter… commença-t-il mais ce fut tout.
Les ténèbres l'engloutirent et la dernière chose dont il fut conscient fut les mains de Harry qui le soutenaient.
Quand Severus se réveilla trois jours plus tard, Harry avait détruit Voldemort et le monde magique était libéré du Seigneur des Ténèbres une fois pour toutes. Severus était seul dans l'un des lits d'hôpital de Madame Pomfresh. Il était paralysé de la taille aux pieds et avait des douleurs constantes partout ailleurs. Il y avait pire. D'une façon ou d'une autre, le souvenir de réconfort et de chaleur, provoqués par les pauvres tentatives de Potter pour effectuer un sortilège de guérison, s'attardait dans son esprit. Severus frictionna inconsciemment ses doigts engourdis sur ses bras. C'était un pauvre substitut.
Albus vint le voir dès qu'il fut réveillé. Il semblait plus vieux mais c'était comme si un grand poids lui avait été ôté.
- Comment allez-vous, Severus ? s'enquit gentiment Albus.
Severus se força à rencontrer ces foutus yeux pétillants.
- Je suis… désolé, Potter a été laissé seul… Je…
Severus grinça des dents, furieux contre lui-même d'être celui qui était tombé.
- Severus, vous n'avez pas à vous excuser. J'aurais souhaité que vous n'ayez pas à risquer vos vies mais ça a prouvé que c'était la bonne marche à suivre. J'ai eu le sortilège prêt à temps et j'ai canalisé les pouvoirs de l'Ordre à travers Harry.
- Et Voldemort – il est parti ?
- Parti – complètement, cette fois.
Severus réfléchit à cette nouvelle. C'était étrange. Il ne ressentait rien, il était vide. Il aurait probablement dû être heureux ou du moins s'en soucier. Il vit Dumbledore le dévisager de ses yeux perspicaces.
- Vous irez bien. Vous êtes libre maintenant.
Severus ne voulait pas y penser maintenant. Ne pouvait pas commencer à y penser. Il changea de sujet.
- Potter ?
- En pleine forme. Il se repose et va prendre une pause bien méritée.
Severus sourit d'un air affecté.
- Et vous, Albus ? Allez-vous enfin prendre ces foutues vacances ?
Dumbledore sourit.
- Oui, Severus, en fait, je crois que je pourrais.
- Il serait temps.
- Oui, je crois aussi.
Dumbledore se retourna pour s'en aller mais s'interrompit.
- Oh, au fait, je pensais que je pourrais tenir compte de votre demande et vous nommer au poste de professeur de Défense Contre les Forces du Mal cette année.
Snape commença à rire et ne put s'arrêter jusqu'à ce que son rire se transforme en sanglots rauques et étranglés mais fut reconnaissant à Dumbldore de s'abstenir de lui offrit un bonbon au citron.
Snape guérit. Pas assez rapidement à son goût et à celui de Madame Pomfresh. En fait, elle l'avait jeté hors de l'infirmerie pour qu'il retourne dans son donjon. Severus se sentit perdu, comme s'il y avait un vide dans sa vie – ce qui était le cas bien sûr. Il était resté si longtemps à traiter avec Voldemort, dans son rôle d'espion et d'ancien Mangemort, qu'il ne savait pas quoi faire maintenant.
Bien sûr il avait obtenu le poste de Défense Contre les Forces du Mal. Enfin. Après tout ce foutu temps. Et n'était-ce pas spectaculairement ironique qu'il estimât soudainement qu'il ne devait pas l'avoir – qu'il ne méritait pas cette récompense ? Sa pénitence avait été trop facile.
Severus Snape avait été pardonné en dépit de tout ce qu'il avait fait. Albus devait avoir senti qu'il avait assez souffert mais d'une façon perverse, pas Severus, pas maintenant qu'il avait été pardonné.
Et c'est ainsi qu'il découvrit la vérité.
Potter. Nouvel assistant professeur de Défense Contre les Forces du Mal.
Foutu Harry Potter.
Harry Potter qui avait canalisé l'Ordre du Phénix et détruit Voldemort. Harry Potter qui avait été le tourment de son existence pendant sept longues années. Harry Potter qui avait sauvé sa foutue vie et explosé Lucius Malfoy en miettes. Ce putain de mondialement connu et toujours foutument merveilleux Harry Potter.
A suivre…
Merci d'avoir lu jusque-là. Vous avez aimé, détesté ? Laissez-moi un petit mot pour me faire part de vos impressions. N'oubliez pas, ceux qui ne possèdent pas de compte FFnet, de mettre votre e-mail si vous voulez une réponse.
Bisous
falyla