Auteur : Nandra-chan
Disclaimer : Rien n'est à moi, sauf ce qui n'est pas aux autres.
Note : Voilà, la conclusion. Comme l'autre fois, le blabla est à la fin… eh oui.
Chapitre 13 – Retour
Le soleil. Kurogane ne lui avait jamais vraiment porté d'attention, mais cet après-midi-là, quand il se rendit dans la salle d'audience de la princesse Tomoyo, il réalisa à quel point il était agréable de le sentir sur sa peau, à quel point la chaleur et la lumière lui avaient manqué durant ce bref séjour dans le monde d'Argaï.
Deux jours seulement, ils n'étaient restés que deux jours dans cette dimension désertique, mais il n'oublierait sûrement jamais cette sensation étouffante, comme une noyade progressive dans l'obscurité, qu'il avait éprouvée là-bas. Certains voyages, même brefs, peuvent bousculer les plus fortes convictions, et cela avait été le cas pour le guerrier, qui gardait de cette expédition des souvenirs amers, et de nombreuses questions sur lui-même, pas toutes agréables.
Sortir du manoir n'avait pas été difficile, une fois la fausse princesse morte. Il avait porté le magicien et couru dans les escaliers, puis rejoint le jardin où la boule de poils les attendait, inquiète, frigorifiée, mais prête à les ramener au Japon. Et quelques instants plus tard, ils faisaient leur apparition dans le parc du palais, alors que le soleil se couchait. Ils l'avaient aussitôt imité, reportant explications et livraison au lendemain, car ils étaient complètement épuisés.
Le brun avait dormi toute la matinée, et lorsqu'il s'était levé, il avait constaté que le son compagnon, qui occupait la chambre voisine n'en avait pas terminé avec le pays des songes. Si personne ne le réveillait, il n'émergerait certainement pas de lui-même avant plusieurs heures. Et qui pourrait l'en blâmer ? Il venait de vivre des moments difficiles.
Ce fut donc seul qu'il partit à la rencontre de la Sorcière des Dimensions pour lui remettre l'objet qu'elle avait demandé. Avec un grognement de contrariété à l'idée de devoir parler à cette vieille radine, il franchit la porte de la pièce où Tomoyo l'attendait, en compagnie de Mokona qui projetait l'image de Yûko. Les deux femmes et la bestiole le saluèrent gaiement.
- Où est Fye ? demanda la magicienne.
- Il se repose. Sa présence était nécessaire ?
- Non, je lui parlerai plus tard. Est-ce que tu as la boîte ?
Le ninja sortit l'objet de sa tunique, et le tendit à Mokona qui le goba.
- Merci. Je vous laisse Mokona, il va vous être utile très bientôt.
- Ne me dis pas que tu penses qu'on va continuer à jouer les chasseurs pour toi ?
- Ça ne t'a pas plu ?
- Pas du tout, non.
- Je croyais pourtant qu'il y avait eu des moments agréables, fit la femme avec un petit sourire entendu.
- Agréables !? Non mais je rêve…
- Quoi qu'il en soit, le contrat a été rempli, je vous félicite, tous les deux.
- C'était quoi ce monde ? Pourquoi est-ce que tous les habitants avaient disparu ?
- Je l'ignore, Kurogane. Une force étrange agissait là-bas. Maintenant que vous avez éliminé les derniers êtres vivants, je ne sais pas ce qui va arriver. Il ne reste qu'à espérer que la puissance maléfique qui était à l'œuvre ne va pas se chercher un nouveau terrain de jeu.
- C'est possible ?
- Tout est possible. Peut-être que cette chose peut voyager à travers les dimensions, ou peut-être même que vous l'avez ramenée avec vous à votre retour au Japon sans vous en apercevoir. Dans cette boîte, par exemple… Heureusement que vous ne l'avez pas ouverte.
Lentement, les paroles de la sorcière prenaient un sens dans l'esprit du ninja. C'était ça, le véritable but de la mission, débarrasser Argaï de cette… chose, et l'emmener dans un endroit où elle pourrait être scellée.
- Tu veux dire que c'est ce parchemin qui serait responsable de la disparition des êtres vivants ?
- Je n'ai aucune certitude. Y a-t-il autre chose dont tu voulais me parler, Kurogane ?
- On a trouvé ça sur le corps de l'un des clones qui nous ont attaqués.
Il tendit le poignard à Mokona qui l'avala, et l'objet réapparut quelques secondes plus tard entre les mains de Yûko, qui l'examina, avec un froncement de sourcils.
- Je vois, dit-elle simplement.
- Et le gamin était là-bas avant nous.
- C'est pourquoi je vous y ai envoyés.
- Qu'est-ce qu'ils étaient ? La fausse princesse et le faux moi qu'on a rencontrés ?
- Le faux Kurogane n'était qu'un clone fabriqué par la fausse Sakura. Quant à elle… je n'ai qu'une théorie, là aussi. Je pense que la boîte a été ouverte par quelqu'un à Argaï, et qu'une partie de sa puissance s'est échappée et s'est créé un gardien, qui ne possédait sans doute aucune forme particulière, ce devait être une entité magique invisible. Lorsque Shaolan a partagé ses souvenirs avec elle, elle a adopté cette forme, car c'était celle qui semblait le mieux convenir à ses desseins. Mais comme je te l'ai dit, ce n'est qu'une théorie. Le monde d'Argaï est un endroit très particulier, qui échappe à mes perceptions. Il m'est difficile de savoir de savoir ce qui s'y passe. Seule la présence de Mokona m'a permis de suivre vos actions lorsque vous étiez là-bas. Bien, je dois partir à présent.
- Hé, la Sorcière…
- Oui ?
- Ils sont bien morts, n'est-ce pas ? La princesse et le gosse. Fye les a vraiment tués ?
- Oui, ils sont morts. Je vous laisse, transmettez mes amitiés à Fye. Au revoir, Kurogane, Tomoyo.
- Ouais…
L'image de la Sorcière disparut, et la princesse se tourna vers son lige, qui fixait encore l'endroit où l'image se trouvait quelques instants plus tôt. Il avait l'air très préoccupé, mais elle sourit en voyant le collier qu'il avait autour du cou.
- Oh ! Fye-san te l'a donné ?
- De quoi tu parles ?
- Du collier.
- Il a dit que ça me protègerait de la magie de la fausse princesse, que c'était un talisman.
La jeune femme s'approcha de lui et prit la pierre rouge entre ses mains, l'examinant d'un air un peu surpris.
- Je ne sens aucun pouvoir magique, je l'aurais remarqué avant de le lui donner.
- Le lui donner ?
- Oui, tu ne te souviens pas ? C'était le prix que je lui ai remis pour avoir perdu mon pari à propos de la palissade. Mais il n'est pas magique, du moins, je ne pense pas.
Le ninja se remémora le moment où le mage lui avait remis le pendentif. Il le lui avait passé autour du cou et puis il l'avait… Non, il n'aurait pas osé ! Pas dans un moment pareil ! Il n'aurait pas osé se payer sa tête !? Quoi que, c'était de Fye dont il était question…
- Ce crétin… gronda le guerrier en tournant les talons, sous le regard parfaitement perplexe de la princesse. Il va me le payer !
Il quitta la pièce en fulminant, et prit la direction de la chambre du magicien. Il avançait à grand pas, en marmonnant des imprécations colorées, sans prendre garde aux servantes effrayées qui s'écartaient de son chemin comme des nuées de moineaux, ni aux soldats, plus flegmatiques, qui lui jetaient des coups d'oeils intrigués.
Il arriva devant les appartements du mage, poussa la porte, mais trouva la pièce déserte, le lit défait et ouvert, et aucune trace du maudit idiot blond.
Il grogna et tourna la tête vers la terrasse. Il eut la sensation fugace d'une présence derrière lui, mais avant d'avoir eu le temps de réagir, il entendit une voix joyeuse dans son dos.
- Tu es de retour ! Comment allait Yûko-san ?
Le guerrier se retourna d'un bloc pour se retrouver nez à nez avec un Fye qui arborait un sourire radieux, mais une mine fatiguée. Pieds nus, vêtu très simplement, les cheveux en bataille et l'œil pétillant, il avait l'air d'un gamin fragile avec son visage aux traits un peu tirés, encore pâle.
- Qu'est-ce que tu fais debout, tu devais te reposer, s'entendit dire le ninja, à la place des menaces de mort qu'il était venu proférer.
- Je voulais aller prendre un peu le soleil dans le jardin, mais je t'ai entendu arriver, alors j'ai fait demi-tour.
- Comment tu te sens ?
- Aussi tonique qu'une méduse.
- Viens, allons-y.
Ils s'engagèrent dans les allées, longeant les massifs de pins et les étangs, pour s'arrêter finalement à l'endroit qui était devenu le leur, juste après un petit pont, près du gros rocher qui en connaissait déjà tant sur eux.
Le mage se laissa tomber sur le sol et s'appuya contre la pierre, étendant ses longues jambes devant lui et s'étirant comme un chat pour profiter des rayons du soleil.
- Ça fait du bien de sortir un peu. Qu'est-ce que Yûko-san a dit ?
En quelques mots, le ninja lui raconta sa conversation avec la sorcière. Quand il eut fini, le blond resta pensif pendant quelques instants.
- Un problème ?
- Je me disais… non, je dois être paranoïaque.
- Explique.
- Et si Fei Wang avait placé la boite à Argaï précisément parce que la Sorcière des Dimensions ne peut pas voir de qui s'y passe ? C'était le piège idéal pour nous y attirer, s'il savait qu'elle la voulait. Il devait se douter qu'elle enverrait un magicien la chercher. Il ne lui restait plus qu'à y envoyer Shaolan-kun, comme appât pour que le magicien en question, ce soit moi. C'est même sûrement Shaolan-kun lui-même qui a ouvert la boite et fabriqué le gardien. Peut-être que tout ça a été fait uniquement dans le but de nous faire aller là-bas.
- Tu veux dire que ce type aurait placé volontaire cette boite monstrueuse à Argaï et tué tous les habitants juste pour se venger de toi ?
- Quels habitants, Kuro-chan ? Il n'y avait personne à Argaï, peut-être qu'il n'y a jamais eu personne là-bas. Peut-être qu'Argaï est un monde fabriqué, comme l'était le pays d'Ôto. Cela expliquerait pourquoi Yûko-san ne peut pas bien le voir, et pourquoi il n'y avait rien de vivant…
- Il n'a quand même pas fabriqué un monde juste pour nous piéger, c'est délirant.
- Non, peut-être qu'il l'a simplement utilisé, en sachant que c'était l'endroit idéal pour mettre son plan à exécution.
- C'est dingue… mais je crois que tu as raison. Ce type est bien capable de faire un truc pareil.
Chacun retomba dans ses pensées. Ils savaient tous les deux que leur ennemi était capable du pire, mais là, cela dépassait l'imagination. Fei Wang avait-il un tel désir de vengeance contre eux, pour déployer de tels moyens afin de les piéger ? Après les événements d'Infinity et le drame qui s'en était suivi, ils avaient décidé d'essayer de le retrouver et de le mettre hors d'état de nuire, mais en seraient-ils capables ? Malgré leur détermination et leur force, seraient-ils de taille pour lutter contre un homme qui donnait autant de fil à retordre à la Sorcière des Dimensions elle-même ?
Kurogane coula un regard en coin vers le magicien, abîmé dans ses propres réflexions, et ce qu'il lut sur son visage ne le rassura pas du tout. Le blond ne lui avait jamais parlé de son passé, mais à voir ses traits tendus et l'expression douloureuse de sa prunelle, il était clair pour le ninja que les choses qu'il ignorait encore à propos de la relation entre son compagnon et leur adversaire ne seraient pas agréables à entendre, le jour où le mage se déciderait à parler.
- Fye, comment tu as su pour les tiroirs ?
- Je me suis dit qu'il fallait sans doute quelque chose de puissant pour protéger cette boite. Et « Quoi de plus fort que le lion ? ». Tu as ouvert le tiroir au lion et tu as trouvé le foulard… couleur de miel.
- Et ensuite ? Tu savais que j'allais trouver un foulard ?
- Non, mais quand j'ai senti la magie qu'il dégageait, je me suis dit que ça devait être le moyen de sceller la boite pour que rien ne puisse s'en échapper.
- Et le requin ?
- « De ce qui mange est issu ce qui est mangé », je me suis souvenu de mon rêve avec les poissons, et du requin, et comme il y avait les mêmes poissons sur la boite, j'ai pensé ça devait être la solution.
- Mais… Comment tu as su que ça avait un rapport avec cette histoire que tu m'avais racontée ?
- J'ai fait un rêve, la nuit juste avant notre départ. C'était plutôt un souvenir, du temps où je passais des heures à la bibliothèque de Seles. Je me suis rappelé avoir lu l'histoire de Samson. Je ne savais pas que ça avait un rapport avec la boite avant de me retrouver dans cette salle avec tous les symboles sur les tiroirs. Mais comme dit Yûko-san, rien n'est jamais dû au hasard.
- N'empêche que c'est tiré par les cheveux...
- C'est le cas de le dire.
- Et pour le dragon, comment tu as su ?
- Je n'en savais rien. Je me suis dit que tant qu'on était là, on pouvait toujours essayer. J'ai dit ça un peu… au hasard ! fit le mage avec un petit sourire espiègle.
- Toi… grogna le ninja. Tu dis une chose et son contraire en trente secondes, tu le sais ça ?
Fye ne répondit pas, se contentant de regarder la course des nuages dans le ciel. Au bout d'un long moment de silence, Kurogane releva sa manche et lui tendit son poignet.
- Faim ?
Le blond lui prit le bras et l'examina. Là où il avait l'habitude de planter ses crocs, la peau de était tuméfiée. Il passa ses doigts dessus, effleurant délicatement la blessure.
- Je n'aime pas ça… être celui qui te blesse.
- C'est mon choix, ça, ma décision. T'as pas à t'en préoccuper.
- Mais quand même… fit le mage en s'installant à califourchon sur les jambes de son compagnon et en lui passant ses bras autour du cou.
- Qu'est-ce que tu fais ? Je te trouve bien affectueux ces temps-ci.
Fye rit doucement et cligna de son œil valide. Quand il le rouvrit, sa prunelle avait changé de couleur, et sa pupille s'était étirée.
- Tes poignets sont blessés, et… je ne veux pas te faire plus de mal que nécessaire, que ce soit ton choix ou non.
Il se pencha sur le ninja, effleura des lèvres la peau de son cou, et planta ses dents. Kurogane grimaça un peu mais se laissa faire, même lorsqu'il resserra son étreinte sur lui. Il devait bien reconnaître que ses bras commençaient à être sérieusement abîmés, et puis, ce n'était pas si désagréable d'avoir un idiot blond accroché à lui comme un koala sur sa branche.
Surtout quand le koala en question l'enveloppait dans cette aura incroyable qui le fascinait toujours, et quand la sensation procurée par sa morsure au cou était encore plus puissante, encore plus grisante que celle qu'il éprouvait quand il s'abreuvait à son poignet.
Les yeux mi-clos, il laissa la douceur de l'après-midi et la chaleur du mage le bercer, à tel point qu'il se rendit à peine compte que celui-ci avait terminé, et qu'il avait niché son nez dans le creux de son cou. Sa respiration s'était faite lente et régulière, et il s'était tout simplement endormi.
- Fye ?
Le blond ne répondit pas. Le guerrier commença par froncer les sourcils, puis, finalement sourit. Il attendit longtemps, laissant le soleil réchauffer le corps encore faible de son compagnon, puis, quand les ombres commencèrent à s'allonger entre les arbres, il le souleva délicatement et l'emporta jusqu'à sa chambre où il le déposa doucement sur son lit.
Fye ne s'éveilla pas quand Kurogane l'allongea sur son matelas. Il se contenta de se tourner sur le côté, d'enlacer son oreiller, et de sourire dans son sommeil.
La review des reviews :
Et voilà... C'est fini... Merci à tout le monde de m'avoir suivie dans cette nouvelle aventure, j'espère que ça vous a plu.
Merci à toutes celles qui m'ont laissé des reviews, que serais-je sans vous ? Je pense avoir répondu individuellement à chacune, j'espère ne pas en avoir oublié comme ces temps-ci j'ai été un peu bousculée. (Mention spéciale pour Shini qui a fait l'effort de commenter chaque chapitre un par un à son retour de vacances... merci !! Promis, demain matin, je réponds à tous tes comms, là je suis trop crevée)
Ça me fait un drôle d'effet de savoir qu'Argaï est terminée, c'était une drôle d'aventure pour moi, à la fois assez pénible, mais en même temps enrichissante. J'ai laissé traîner quelques petites questions sans réponse, on ne sait jamais, des fois que vous voudriez une suite… Vous voulez une suite ?
Il me reste maintenant quelques OS à publier (Mission, L'été, Plaisanterie), et puis, j'aimerais bien vous lire aussi, il me semble que vous flemmassez :p
Donc, merci encore et puis, à bientôt :)
PS : mes excuses aux noctambules qui ont attendu ce chapitre... c'est de la faute à Morphée