Auteur : Nandra-chan
Disclaimer : Rien n'est à moi, sauf ce qui n'est pas aux autres.
Note : Et voilà, comme promis, on y est !! Je suis délicieusement terrifiée, eh oui !
A lors je vous préviens tout de suite, cette fic est totalement… bizarre. Et, n'oubliez pas les lampes-torches, bougies, chandelles, phares, etc… parce qu'à des moments, il fait noir, là-dedans ! Mais pas dans ce chapitre, qui est plutôt ensoleillé, pour une petite mise en route gentille (profitez-en bien, je serai gentille seulement pendant les deux premiers chapitres. Petit message privé, elle se reconnaîtra : Dommage qu'il n'y ait pas de smiley qui fait Grrr ici, hein ?) Oh et aussi : scrogneugneu de site et sa présentation à la noix... trois fois que je recommence !!!
He ben voilà, il est un peu plus de minuit, pour ne pas perdre les bonnes habitudes, c'est parti, je poste. Bonne lecture !
La review des reviews :
Yuushuu, Molly et Flocon, merci pour vos reviews sur Un regard glacial (et Orage pour Molly). J'espère que celle-ci vous plaira également, bien que le genre soit un peu différent. Il faut bien varier les plaisirs.
Pour me taper, c'est toujours en bas à gauche, ne vous privez surtout pas !
Chapitre 1 – Contrat.
Sôma pestait, râlait, jurait, et arpentait d'un pas furieux les allées des jardins du palais.
Elle en avait assez, vraiment assez. Et comme toujours, sa colère était tournée vers un seul homme… Kurogane. Où avait-il bien pu encore passer ? Il lui semblait qu'elle le cherchait depuis des heures. Il lui semblait qu'elle passait ses journées, non, sa vie à le chercher !
C'est vrai, elle était contente pour lui. Depuis que le mage était revenu à de meilleurs sentiments et avait été libéré de sa prison, le ninja avait retrouvé, non pas le sourire, il ne fallait quand même pas trop en demander, mais au moins une humeur moins… plus… bref, il allait mieux.
Il était redevenu comme avant : ronchon, susceptible, agressif, totalement irrespectueux des convenances. Ça, elle y était habituée. Elle s'était fait une raison depuis longtemps. Par contre, là où elle avait encore du mal, c'était quand elle le voyait avec le magicien.
Elle ne le connaissait pas très bien, ce Fye. C'était un jeune homme très gentil, très poli, mais somme toute bien plus sauvage qu'elle ne l'avait cru au premier abord, quand elle avait enfin pu lui parler, après la guérison de Kurogane. Il n'y avait qu'avec le ninja brun qu'il se montrait vraiment familier, vraiment très – trop ? - familier. Avec tous les autres, il se montrait très aimable, et même enjoué parfois, mais il mettait tout de même une distance qui paraissait infranchissable entre eux et lui.
Même si elle était proche de la princesse, Sôma n'en savait pas autant sur lui que Tomoyo, mais elle devinait aisément que de lourds secrets se cachaient dans le cœur de cet insaisissable magicien, dont le regard était à lui seul un paradoxe : une expression chaleureuse dans une prunelle bleu glacier. Chaque fois qu'il la regardait ainsi, la guerrière était intriguée, touchée, mal à l'aise, et surtout, elle brûlait de curiosité. Tout, chez ce garçon, n'était que contrastes, contrastes avec son environnement que ce soit par la couleur de sa peau, de ses cheveux, ou par ses manières, mais aussi contrastes intérieurs, car il y avait en lui un étrange mélange de légèreté et de profondeur qui la laissait toujours perplexe.
Mais selon elle, il devait être très fort, un puissant sorcier, pour être toujours en vie malgré l'attitude qu'il avait envers le ninja brun. Il se permettait des choses tellement osées, parfois, qu'elle en avait le cœur tout chamboulé, elle frôlait la crise cardiaque. Comme quand il l'affublait de surnoms débiles, ou qu'il lui étirait les joues comme de la pâte à pizza en disant : souris, Kuro-myu.
Et le pire, c'était qu'il se laissait faire. Il lui hurlait bien un peu dessus, il lui tapait dessus aussi parfois, quand il arrivait à l'attraper parce que le blond était plus souple et glissant qu'une anguille. Mais si quelqu'un d'autre avait osé faire le même geste, il se serait tout simplement fait massacrer. Quel était son secret ? Elle aurait bien aimé le connaître, elle aussi voulait étirer les joues de Kurogane, juste une fois, pour rigoler.
Elle gloussa à cette idée avant de se rappeler qu'elle était en colère, et surtout, qu'elle devait le trouver rapidement. Tomoyo le demandait. Une explosion retentit, suivie de cris affolés et elle s'arrêta net. Evidemment, comment n'y avait-elle pas pensé ? Ils étaient sur le terrain d'entraînement, en train de tout casser, comme d'habitude. Elle soupira et prit la direction de la fumée qu'elle voyait s'élever.
Lorsqu'elle arriva, les bras lui en tombèrent, à la fois de surprise et de lassitude. Le ninja venait de lancer une de ses attaques spéciales sur le mage, qui avait esquivé si vite que personne ne l'avait vu bouger, et se tenait maintenant juste derrière son « adversaire » qui faisait face à un trou fumant dans la palissade de bois entourant la lice.
- Halala ! fit Fye en lui tapotant la tête. Kuro-pon a encore tout cassé !
- La faute à qui !? C'est toi qui m'as provoqué, non ?
- Oh !? Tu m'accuses ? Mais je ne pouvais pas te laisser me toucher, Kuro-chan. Tu m'aurais fait mal. Tu es si violent !
Le guerrier se retourna brusquement et attrapa le blond par le col pour le soulever de terre et l'approcher de sa figure avant de crier.
- Violent !? Tu vas voir si je suis violent !! Je vais te montrer !
Le magicien se mit à rire comme un gamin, battant des pieds dans le vide, ses mains devant lui pour se protéger.
- Arrête, arrête ! Je ne voulais pas t'énerver.
- Ouais, c'est pas comme si tu passais tout ton temps à me chercher, hein ?
- Kurogane ! Fye-san !
Les deux hommes se retournèrent d'un même mouvement pour découvrir Sôma, qui se tenait prudemment à quelque distance, car elle était une femme sage.
- Bonjour, Sôma-san ! lança Fye avec un grand sourire.
- Qu'est-ce que tu veux ? grogna le ronchon de service.
- La princesse Tomoyo vous demande de la rejoindre au palais.
- Qu'est-ce qu'elle veut ?
- Je n'en sais rien. Elle m'a juste chargée de venir vous chercher.
- On vous suit. Kuro-wanko, tu veux bien me lâcher ? Je marche mieux quand mes pieds touchent par terre. Ou alors peut-être que tu veux me porter ? Tu veux bien ? J'adorerais ça !
- Compte là-dessus… fit le ninja en le laissant tomber.
Quelques minutes et une rapide toilette plus tard, les deux hommes faisaient leur apparition dans la salle d'audience du palais, où la princesse les attendait. Elle les accueillit avec un grand sourire.
- Bonjour, Kurogane, Fye-san. Votre entraînement s'est bien déroulé ?
- Bonjour, Tomoyo-hime, répondit le mage. Vous avez perdu votre pari.
- Ah bon ? répondit la jeune femme, l'air tout déçu.
- Oui, Kuro-rin n'a pas réussi à faire tomber toute la palissade. Juste la moitié.
- Comme c'est dommage, soupira Tomoyo en s'approchant de Fye. Tenez, voici votre gain.
Elle déposa un petit objet dans la main ouverte du magicien, qui referma les doigts dessus et le glissa dans sa poche avant que les deux spectateurs de la scène aient eu le temps de voir de quoi il s'agissait. Lesquels spectateurs étaient bien trop occupés à rester bouche bée.
- Vous… avez parié… finit par articuler le ninja. Fye, tu fais des paris sur moi avec… Tomoyo ?
- Ben oui, Kuro-pon, il ne faut pas ?
Comment ça : il ne faut pas !? Bien sûr qu'il ne fallait pas ! Enfin, au moins, Tomoyo avait toujours avait foi en lui, elle pensait qu'il serait capable de faire écrouler toute la palissade, c'était un petit réconfort. Quoi que… Tomoyo faisant un pari, ça avait quelque chose de choquant.
- Mais… C'est une prêtresse !
- Les prêtresses aussi ont le droit de s'amuser, trancha la jeune femme. Quoi qu'il en soit, je ne vous ai pas faits venir ici pour ça. Il y a quelqu'un qui désire s'entretenir avec vous, Fye-san.
Elle fit un geste gracieux et un cercle lumineux apparut. Les deux hommes se crispèrent un peu. Ils savaient qui était la personne qui s'adresserait à eux, et avec elle, on pouvait s'attendre au meilleur comme au pire. Quelques secondes plus tard, la Sorcière des Dimensions fit son apparition.
Une fois n'étant pas coutume, elle était vêtue de manière très simple, d'un pull moulant à col roulé de couleur noire. Ses longs cheveux sombres et lisses étaient relevés en une queue de cheval portée haut sur le crâne, et elle n'arborait pratiquement aucun bijou. Elle les gratifia d'un sourire joyeux.
- Fye ! Kurogane ! Il y avait longtemps.
- Pas assez longtemps, grogna le ninja.
- Bonjour, Yûko-san.
- Comment vas-tu, Fye ?
- Hormis les bosses que Kuro-chan me fait régulièrement, je vais très bien, merci.
- J'en suis heureuse.
- Et ? demanda Kurogane. Qu'est-ce que tu veux ?
- Tu m'en veux toujours, je vois. Ça ne fait rien, je comprends. J'en viens donc au fait : Fye, j'aimerais te confier une mission.
Trois yeux interrogateurs se fixèrent sur elle.
- Comme vous le savez, puisque vous en avez déjà rencontré un, je fais parfois appel à des « chasseurs », chargés de récupérer certains objets pour moi.
- Comme Fûma ?
- Exactement, Fye. Et je me demandais si tu voudrais bien remplir ce rôle pour moi. Il y a une chose que j'aimerais récupérer.
- T'as qu'à envoyer l'autre type, répondit Kurogane, l'air contrarié. Je ne vois pas en quoi ça concerne le mage. Et qu'est-ce qu'il en retirerait ?
- Le monde dans lequel je désire l'envoyer a été visité très récemment par une personne qui vous intéresse beaucoup, tous les deux. Il pourrait y récolter des informations intéressantes.
Le visage des deux hommes se fit sérieux, tout à coup.
- De qui tu parles ?
- Je ne peux pas le dire, c'est à Fye de le découvrir. Je vous prierai de ne poser aucune question à ce sujet.
- Mais ça, ce n'est pas un prix, Yûko-san, observa finement le mage. C'est tout juste une sorte d'appât pour me faire accepter la mission.
- C'est très juste, répondit la sorcière, un sourire sur ses lèvres fines. Que souhaites-tu obtenir en échange de ce service, Fye ?
Ce fut au tour du blond de prendre l'air amusé.
- Si vous avez présenté les choses de cette façon, c'est que vous savez parfaitement ce que je vais vous demander. N'est-ce pas ?
Kurogane se tourna vers son ami. A quoi pensait-il ? Quelque chose venait de se passer entre le mage et la sorcière, mais il aurait été bien incapable de dire quoi, et ça ne lui plaisait pas tellement.
- C'est d'accord. J'accepte ton prix, répondit la jeune vieille peau avec un coup d'oeil moqueur au ninja suspicieux.
- Que dois-je faire ?
- Je vais t'envoyer dans un monde nommé Argaï, pour y chercher une boite.
Elle leur montra l'image d'un coffret en bois laqué noir, orné de poissons ryukin (1) orangés. C'était un objet lisse, sans charnières ni serrures, fermé simplement par une cordelette.
- Cette boite contient un parchemin magique d'une grande puissance. Il se trouve dans un lieu protégé par un puissant pouvoir.
- Je comprends mieux, dit le brun, sans se départir de son ton hostile. C'est pour ça que tu as besoin de Fye. Tu sais pourtant qu'il rechigne à utiliser la magie.
- Ça ne fait rien, Kuro-chan. Je le ferai.
- T'es sûr ?
- Oui, oui, ça ira. Est-ce tout, Yûko-san ?
- N'ouvre la boite sous aucun prétexte, c'est très important. Si tu le faisais, le parchemin pourrait être endommagé par ses propres protections.
- Et comment dois-je m'y rendre ?
- J'enverrai Mokona te chercher demain matin. Avec l'aide de Tomoyo, il se chargera de te conduire le plus près possible de l'endroit où je pense que la boite se trouve, et il t'apportera le prix que tu m'as demandé.
- Moko-chan ! Je serai content de le revoir !
- Attendez, tous les deux, protesta Kurogane, qui s'était retenu longtemps, mais qui commençait à enrager. Et moi, dans cette histoire ? Fye, tu ne peux pas partir sans moi, tu l'as promis.
Le magicien lui posa une main apaisante sur le bras et lui sourit.
- Je ne vais pas partir sans toi, Kuro-chan. Et Yûko-san le sait très bien. Mais cette mission doit m'être confiée à moi, et à moi seul.
- Pourquoi ?
- Parce que le prix que j'ai demandé est une chose que Yûko-san ne pourrait pas te donner, et qu'il couvre entièrement la valeur de la mission qu'elle m'a confiée. Tu veux bien que je sois un peu égoïste et que je prenne tout le prix pour moi ?
- Je m'en fous complètement, du moment que tu ne me laisses pas en arrière.
- Ce n'était pas du tout mon intention.
Il se tourna vers la sorcière et lui montra un objet qu'il tira de la poche de son manteau. C'était une boule de verre, à l'intérieur de laquelle on voyait une petite étincelle bleue et blanche flotter. Le mage la frotta contre son manteau et elle se mit à briller intensément.
- C'est un artefact que j'ai fabriqué. Il m'a pris beaucoup de temps. Est-ce que ça suffira pour payer le voyage de Kuro-chan ?
- C'est un très bel objet, c'est entendu. Tu le donneras à Mokona demain matin et Kurogane pourra venir avec toi. A bientôt, nous nous reverrons à votre retour, à moins que vous n'ayez besoin de me parler une fois sur place.
L'image disparut. La princesse vint se placer entre les deux hommes, les prit chacun par un bras et les entraîna vers l'extérieur, puis s'arrêta sur la terrasse, face aux jardins.
- Le printemps est enfin là, dit-elle d'un ton rêveur. C'est agréable, n'est-ce pas ?
- Certainement plus que la neige, répondit le mage.
- Pourquoi t'as accepté de traiter avec cette vielle radine ? demanda Kurogane.
- Je pense que ce voyage est une bonne idée, cela vous fera du bien, à tous les deux. Ici, il n'y a rien d'autre à faire que de s'entraîner et de regarder passer les journées. Ce n'est pas ce qui convient à des personnes comme vous. Vous avez besoin de vous dépenser d'une manière plus constructive et moins onéreuse que de démolir des palissades.
- Là, elle marque un point, Kuro-chan. Et puis, tu as entendu ce qu'elle a dit : on pourra trouver des indices sur quelqu'un qui nous intéresse.
Le mage avait raison. Après s'être tous les deux remis des épreuves qu'ils avaient subies, ils avaient pris une décision. Ils allaient partir à la recherche de l'homme qui les avait tous manipulés, le retrouver, et le mettre hors d'état de nuire. Définitivement.
Kurogane aurait également voulu faire un détour par Celes, histoire d'aller expliquer quelques règles de bonne conduite à un certain Ashura, mais Fye s'y était fermement opposé. Tant que Fei Wang ne serait pas neutralisé, le clone de Shaolan retrouvé, et sa magie récupérée, il était hors de question de s'attaquer au roi du Pays des Glaces. Plus tard, peut-être… A moins qu'il ne prenne les devants et vienne à eux. Maintenant qu'il était réveillé, il préparait sûrement un mauvais coup. D'autant que depuis Infinity, Chii n'avait plus donné signe de vie, c'était inquiétant.
Mais pour l'instant, le magicien ne se sentait pas en mesure de l'affronter. Et pas seulement parce qu'il n'était pas en pleine possession de ses pouvoirs. Il avait peur de se retrouver face à lui, et surtout, il voulait profiter de la nouvelle vie qui s'offrait à lui, profiter du printemps, du soleil, et de cet homme à ses côtés, cet homme dont la présence, à elle seule, faisait reculer les ombres qui l'entouraient.
Celes, Ashura, il y penserait quand il aurait appris à gérer ce nouveau sentiment, cet espoir qui était né en lui, cette fleur éclatante qui avait poussé sur les cendres de son ancienne vie, et qu'il ne voulait pas voir se faner. Une fleur magnifique, mais encore fragile, encore tremblante, que le vent glacial de son pays d'origine aurait vite fait de flétrir, il le savait.
Il écarta ces pensées douces-amères d'un geste de la main, comme on chasse un insecte. L'avenir était devant eux, l'aventure les attendait, le soleil brillait, tout était vraiment parfait.
(1) Ryukin : Poisson rouge, ou rouge et blanc, aussi nommé Queue-de-voile.