Voici, avec du retard mais je crois qu'à force on va dire que c'est un rythme de publication régulier (même s'il est lent), le cinquième chapitre XD

Merci à tous pour vos encouragements. Ce cinquième chapitre marque mes 100,000 mots publiés sur Je pense faire un ptit fanart pour l'occas', faudra voir sur mon profil un de ces jours

Encore merci, enjoy !


Après que la phase de compréhension et de vague admiration de Jérémia fut passée, c'est-à-dire dans les deux minutes trente-sept qui suivirent, Roy fut viré de chez elle sans ménagement, sous prétexte qu'elle devait aller dormir et lui dit qu'il pourrait repasser la voir dans la semaine.

C'était quelque chose de vraiment étonnant venant de sa part, mais il était lui-même trop fatigué par sa journée pour y réfléchir.

C'est ainsi que Roy Mustang rentra chez lui, peu avancé, certes, et en plus en possession d'une phrase qui lui faisait une belle jambe, à savoir qu'il « avait en lui la clé du cœur des femmes ». C'était bien gentil, tout ça, mais il n'avait pas demandé à ce qu'elles lui ouvrent leurs cœurs. Si elles pouvaient même le fermer avec multiples chaînes et cadenas...

Il y avait un paquet de personnes autres que lui qui auraient demandé ce don, comme les psychologues, pervers, scientifiques, éternels rejetés (et il eut une pensée émue pour Havoc), candidat à un jeu télévisé, voyant, employé dans une pension pour filles ou autre malchanceux dans le genre. Mais pas lui.

Lui n'avait strictement aucun problème à ce niveau là... Tout allait parfaitement pour le mieux jusqu'ici. Alors pourquoi lui, et pourquoi maintenant, lorsqu'il arrivait à un âge parfait, compte tenu de la maturité (1) et du charme que lui apportaient généreusement les années ? Pourquoi à l'heure du féminisme, quand on décide d'épaissir les effectifs féminins, même dans l'armée ?

Pourquoi lorsqu'il venait d'essuyer sa première séparation non engagée par lui-même, l'obligeant même à ramper de cette manière ?

Et pourquoi Diable était-il obligé de se poser toutes ces questions maintenant, au beau milieu de la rue, attirant les regards interloqués des rares passant(e)s ?

« - Il a un problème, celui-là ?

Qu'est ce qu'il fait planté au milieu ?

Il a peut-être perdu ses clés...

Inutile de dire que cela était fichtrement fatigant. Sans plus attendre, il décolla et rentra chez lui.

Une fois arrivée à destination, Roy envoya ses chaussures voir un peu du pays dans le hall d'entrée, et jeta son manteau sur le banc à côté, enlevant par la même occasion la veste de son uniforme pour se retrouver en chemise. Ne faisant même plus attention au capharnaüm qui régnait dans l'appartement au fur et à mesure qu'il le traversait, il alla aussitôt dans sa chambre tout en détachant ses boutons de manchette d'un air las. L'idée d'une femme de ménage lui effleura l'esprit mais il y avait dans l'expression un mot fort dérangeant et il n'y pensa plus, préférant vivre en ermite au milieu des chemises et caleçons sales que de s'exposer à un tel danger.

Car il fallait bien l'avouer.

Les femmes était, quel malheur, partout.

– Si seulement il n'y avait que des hommes... Lâcha-t-il, écroulé sur son lit, la tête dans l'oreiller.

Mais il fut coupé dans ses réflexions totalement dépourvues de logique - les cours de choses semblaient bien loin à l'entendre dire ça – par le sommeil qui le gagnait rapidement ; mais il fallait quand même avouer qu'un monde où il n'y aurait que des hommes l'effrayait potentiellement.

Il s'endormit quelques minutes plus tard, dans la même position.

Il ne se réveilla que le lendemain, par lui-même, constatant avec effarement que son réveil n'avait pas sonné – bien que le sentiment fut atténué par le fait qu'il était peu réveillé. C'est dans ce genre de moments que Roy se félicitait de ne pas s'être déshabillé pour dormir, et si sa chemise était un peu chiffonnée à cause de la nuit, il put partir travailler le plus rapidement possible.

On dit souvent que la nuit porte conseil. Et il devait avouer que le mal de tête l'avait un peu quitté lorsqu'il ferma la porte de son appartement derrière lui.

Maintenant, il pouvait prendre assez de recul sur la situation pour pouvoir l'analyser et trouver une solution.

1) Alors qu'il n'avait rien demandé, il était capable de lire les pensées de femmes.

Ça, c'était un fait assimilé, il n'y avait pas de problèmes de ce côté-là.

2) Il avait tenté de faire des recherches et avait même contacté un alchimiste dit de talent (le mot lui écorcha la bouche) et celui-ci c'était barré au bras d'une blonde, lui conseillant d'en parler.

3) Il s'était exécuté, et il n'avait pas bougé d'un pouce. Il avait même l'impression d'être reparti en arrière.

Donc, à mieux y réfléchir, il en était déjà au cinquième chapitre et il n'avait pour l'instant pas avancé. Sans doute qu'il y avait une incohérence dans la liste qu'il venait de dresser.

Mustang décida donc de tout mettre sur le dos du fullmetal et se sentit instantanément mieux. Mais ce ne fut que temporaire. Il venait d'arriver au QG, et à présent, il recommençait à entendre tout autour de lui.

Il fallait que ça stoppe. Tout de suite.

Le colonel décida ainsi de tout reprendre à zéro, et ce n'était pas difficile, vu qu'il n'avait, à mieux y réfléchir, rien résolu. Il n'avait ouvert qu'un bouquin et discuté un quart d'heure avec quelqu'un d'à peu près qualifié.

Il regarda sa montre, tenta de ficeler une excuse plausible pour son futur retard et se dirigea vers la bibliothèque. Une fois arrivé, il passa devant la même bibliothécaire que la veille.

– Bonjour, colonel Mustang. Encore lui ?

– Oui, bonjour...

Bis repetita, il se rendit au grand rayonnage de livres où trônait la lettre en bronze P. Mais il devait se l'avouer, chercher un livre ici était quelque chose d'aussi facile que de trouver un grain de riz dans deux tonnes de semoule.

– J'n'ai plus qu'à retourner demander...

C'est donc ainsi que Roy retourna encore à l'accueil, tout en pestant contre le cruel manque de scénario de cette histoire, avec la bonne résolution cependant de prendre des pincettes pour parler à nouveau Scieszka qui pouvait se montrer redoutable, parfois.

Seulement voilà. La demoiselle semblait ne pas leur faire l'honneur de sa présence.

– Excusez-moi... Scieszka n'est pas en service aujourd'hui ?

La réceptionniste jeta un coup d'oeil dans la salle, avant de confirmer.

– Tiens c'est étrange... Elle est censée travailler le mardi...

Puis soudain une voix s'éleva dans le dos du colonel.

– Pardon ! Excusez-moi du retard !

C'était elle, qui venait d'arriver essoufflée, mal coiffée dans son uniforme mal boutonné, sans doute à la va-vite. Elle se reprit bien assez vite et salua sa supérieure qui la réprimanda pour son retard tandis qu'elle répondait timidement par des « oui, pardon... ». Mustang observait la scène en attendant qu'on l'aide.

Tout à coup Scieszka tourna la tête en sa direction.

Oh non... Pas de bon matin.

Une bonne chose de faite. Elle l'avait apparemment remarqué.

– Bonjour, colonel, dit-elle, se rappelant du protocole et du salut militaire. Vous avez besoin de mes services ?

– Oui, en effet.

La première phrase qu'elle avait prononcée en le voyant l'ayant un peu refroidi, Roy abandonna vaguement l'idée de lui présenter de quelconques excuses. Il lui récapitula la même chose qu'hier, de façon cependant plus calme et précise.

Et si le visage de la jeune femme semblait attentif, il remarqua assez vite qu'il en était tout autre.

Et dire que s'il n'était pas venu on n'aurait peut-être pas remarqué mon absence... Quelle ironie.

Elle l'invita à le suivre entre les rayons.

Surtout que lui est toujours en retard... En fait, je pourrais être rémunérée sans être là que personne ne le verrait. Quoique non, sinon il n'y aurait personne pour conduire les paumés à la lettre P dans les archives.

Alors qu'il était bien conscient que cela n'avait vraiment rien de drôle et qu'elle se fichait parfaitement de lui, le brun esquissa un sourire. Cette fille était vraiment bizarre. Il feinta de n'avoir rien entendu, en d'autres termes il feinta d'être normal, et l'écouta quasi-religieusement quand elle lui énuméra la liste des livres qui pourraient l'aider. Et là, il eut subitement très, très mal au crâne.

– Est-ce que tout cela vous ira ? Demanda la rousse en ajoutant un ouvrage à la lourde pile de livres qu'il tenait dans les mains. Et je me suis levée pour ça... Je ne sais même plus ce qu'est une grasse matinée.

– Moi non plus, vous savez, répondit-il en regardant un livre sur lequel un barbu lançait un regard étrange à l'objectif en fumant la pipe.

– Pardon ?

« Merde ! » pensa Roy. Le voilà qui venait de commettre une erreur, à ne pas écouter attentivement...

– Non, rien, rien ! Se rattrapa-t-il bien vite. Je... merci beaucoup !

Alors qu'il avait dit ça à la va-vite, histoire de rattraper le coup, la réaction qu'eut la bibliothécaire fut assez étonnante : les pensées tranchantes s'arrêtèrent là, et elle le regarda étrangement. Roy avait beau essayer d'entendre un mot de son esprit, rien. Il comprit bien vite qu'elle n'avait rien à dire de la situation.

Puis ses yeux le quittèrent, elle le salua, et lui tourna le dos sans plus de cérémonie.

Roy Mustang ne comprendrait décidément jamais les femmes, clé ou pas. Pire encore, plus son don s'affinait plus il avait l'impression de ramer...

Il soupira. Tout cela serait bientôt fini... Mais par où commencer ?

– Ça risque d'être difficile.

Mais il n'eut pas le temps de s'en assurer : une voix s'éleva derrière lui.

Oh mais Roy Mustang n'est pas seulement charmant, il sait aussi lire...

Et reconnaissant la voix en question, il lui parut évident que vu le ton ironique, ceci avait été une pensée. Ce qui l'étonnait le plus...

– Vous voilà enfin, colonel.

... C'est que Riza Hawkeye soit dotée de ce que le commun des mortels appelait sens de l'humour et qu'elle avait jusque là renié. Si seulement ça n'en avait pas été, il aurait pu le prendre comme un compliment – chose toute aussi rare.

– Oh... Lieutenant... Bien dormi ? Demanda son supérieur d'une voix qui était trop artificielle pour être convaincante.

– Trêve de plaisanteries, colonel. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, il est déjà 9 heures moins le quart. Et il y a une horloge de trois mètres de rayon dans le hall, pour les gens comme vous.

L'espace d'un instant, Roy pensa à accrocher dans son dos un panneau du genre « Oui, allez-y, tuez-moi », et peut-être même « faites-vous plaisir ». L'ennui c'est que si une telle chose était destinée à ses chères compatriotes féminins, il y aurait sans doute quelqu'un d'autre qui les prendrait de vitesse, comme Edward, à tout hasard, et ça n'aurait servi à rien, du coup.

– Que faites-vous ? Demanda Riza en se postant à l'arrière de sa chaise tout en attrapant un ouvrage.

– Je me renseigne sur ce fichu cercle de transmutation.

Le lieutenant-colonel leva un sourcil.

– Vous n'aviez pas demandé au fullmetal de s'en charger ?

– Non, il ne fait que m'aider, c'est plus compliqué que prévu... Et d'ailleurs son aide n'est pas non plus des plus utiles, grogna-t-il.

Loin de là, Edward Elric éternua magistralement.

Riza quant à elle secoua négativement la tête... Irrécupérable... pensa-t-elle sans que, bien sûr, cela n'échappe à son supérieur qui se plongea d'avantage dans la lecture de son livre. Alors qu'il l'invitait, ou plutôt l'autorisait à s'asseoir, Roy se rendit soudainement compte de quelque chose.

– Mmh, Hawkeye, pourquoi êtes-vous là, d'ailleurs ?

– Parce que vous êtes en retard, et qu'on m'a indiqué que je trouverais sans doute ici, répondit Hawkeye tout en sortant son arme de son fourreau pour l'astiquer.

Je pensais qu'il était plutôt aller manger quelque part, je voulais voir ça de mes yeux.

Roy sourit. Parce que c'était la première fois qu'il venait de se rendre compte que sa subordonnée cachait derrière un ton de glace le fait qu'elle ne répondait pas vraiment à la question.

– Je suis sûre qu'au fond de vous, vous vous sentiez plutôt habituée à mes retards.

Le cliquetis de son pistolet retentit sous la table, et il eut un frisson.

– N'allez pas penser une seconde que je puisse être habituée à vos retards, colonel, railla-t-elle d'une voix glaciale.

– Oui oui... Pardon. Ce que je voulais dire, c'est que je crois que cette affaire va m'occuper plusieurs matinées... Vous pouvez arriver plus tard si vous le sentez.

Elle tourna la tête vers lui.

– Vous ne m'aurez pas comme ça, vous devriez le savoir. Je préfère m'assurer du bon fonctionnement de vos activités.

Puis ce n'est pas comme si j'avais quelque chose d'autre à faire.

Ça faisait bien cinq ou six fois que Roy lisait la même ligne. Il ignorait que le travail de Hawkeye lui occupait tant de temps.

À mieux y réfléchir, les gens devaient sans doute penser que plus que « le bras droit du Flame Alchemist », elle était « la nounou du colonel Mustang ». Peu flatteur à son égard... Mais bon, il fallait se rendre à l'évidence, il avait besoin de l'aide d'une femme comme elle. Et peut-être... plus qu'il n'y pensait...

– Hum, Hawkeye. Si vous le désirez, vous pouvez m'aider dans cette affaire.

La blonde parut étonnée. Mais qu'est-ce qu'il lui prend en ce moment ? On dirait qu'il... prend des pincettes pour tout... Il oublie peut-être que...

– Vous êtes mon supérieur. Ce n'est pas à moi de désirer ceci. Si vous avez besoin de moi en quoi que ce soit, je reste à votre disposition.

Et elle scella le tout par un salut militaire. Mustang resta interloqué quelques secondes, sans parvenir à dire un mot. Ce n'était que maintenant qu'il s'en rendait compte qu'il détestait parfaitement les relations qu'il avait avec Hawkeye comparées à celles qu'ils pourraient à avoir réellement.

Ses joues rosirent et il se replongea dans sa lecture, histoire de lire une septième fois sa ligne favorite. Non pas qu'il eut pensé à quelque chose de déplacé envers sa subordonnée, non, non, vraiment pas, il savait faire la différence entre sa profession et la vie privée.

Bien qu'elle eut été une très belle femme cependant, là n'était pas le problème.

Huitième fois... Fichue ligne, il tourna la page.

Il pensait réellement que Riza était une femme bien. La tête sur les épaules et attentionnée. C'était même à se demander pourquoi elle venait s'entourer d'abrutis en venant à l'armée.

Abrutis dont il semblait faire partie à force.

– Dans ce cas, j'ai besoin de vous, finit-il par dire.

Elle rangea son arme sur sa hanche et posa les mains sur ses genoux, attentive.

– Je vous écoute.

– J'ai besoin de trouver des informations sur le cortex de la pensée, expliqua son supérieur en faisant un petit geste de la main.

– Bien.

– Plus précisément si un alchimiste n'aurait pas réussi à entendre les pensées d'autrui.

La jeune femme tiqua mais resta muette.

– C'est le fullmetal qui m'a demandé de poursuivre sur cette voie, acheva-t-il. Ne posez pas de questions, s'il-vous-plait.

– Je ne comptais pas le faire.

Et elle ne le fit pas. Si ce n'est en pensée, lorsqu'elle se demanda pourquoi il cherchait une telle chose, s'il se fichait d'elle ou si l'alchimie n'avait pas de limites. Et, au détour d'un rapide coup d'oeil dans sa direction, si par hasard une telle chose lui était arrivé, à lui.

Voulant l'éloigner de cette conclusion, le colonel s'empressa d'ajouter :

– Si cela est déjà arrivé et que l'on peut le reproduire avec ce cercle, ce serait extrêmement précieux pour l'armée.

– Je comprends.

Roy réfléchit à ce qu'elle venait de dire, ne comprenant pas quelques détails. Comme quoi elle ne comptait lui poser aucune question.

Trois interprétations étaient possibles. Soit elle était tout simplement parfaitement attachée au protocole, comme à son habitude, soit elle lui faisait confiance.

Ou encore lui avait toujours été ainsi avec elle, sans s'en rendre compte, ce qu'il n'espérait pas.

Et avant de se décider à arrêter de faire semblant de lire, il grommela pour lui-même :

– Clé du cœur... connerie, j'ai encore plus de questions sans réponses en tête que jamais...

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Les recherches avaient duré toute la matinée, après quoi ils retournèrent au bureau.

À partir de six heures, sans compter les heures supplémentaires, la journée de Roy était finie. Officieusement, il finissait à six heures. Cependant, ce soir était un peu différent, car, malgré l'aide de Riza, il n'avait pas vraiment avancé, et il devrait retourner à la bibliothèque.

Mais Roy trouvait tout de même ça très fatigant, alors avant de retourner travailler, il décida de passer au café, pour se changer les idées avant de remettre le nez dans les bouquins.

Les rues de Central étaient plus agréables le soir que tôt le matin. L'air était un peu plus chaud que le matin, mais plus frais qu'à midi, et les avenues étaient moins bondées. C'est donc d'un pas détendu qu'il se rendit au salon.

La clochette de l'entrée résonna quand il entra, et il ne trouva pas aussitôt Isabelle, derrière le comptoir. Sans s'en rendre compte, il la chercha dans la salle : elle semblait épuisée mais s'activait de tables en tables, jonglant avec les commandes, les cafés et pâtisseries à servir et ceux à ramener. C'est à cause de ça qu'elle lui rentra dedans en se retournant sans que, chose parfaitement étonnante, une seule goutte n'atteigne sa chemise. Elle retomba aussitôt sur ses pieds, et, toujours aussi rapidement, déclara :

– Oh, Monsieur Mustang, c'est vous. Je vous en prie, asseyez-vous et j'arrive.

– Bien sûr, excusez-moi.

La jeune femme ne répondit pas, elle était déjà repartie.

Roy constata quelque chose : à l'inverse de tous les matins où elle le servait, elle n'avait pas montré un seul signe de timidité envers lui. Pas un rougissement, balbutiement, ou œillade discrète. En fait, elle semblait absorbée pas son travail, et cela la changeait totalement. Décidément, les femmes étaient vraiment différentes entre le travail et leur vie en dehors... Et cela l'avait plutôt vexé, en un sens.

Il s'assit près de la fenêtre, et elle arriva assez vite, carnet en main, crayon sur l'oreille.

– Bonsoir, monsieur Mustang, dit-elle plus lentement que la première fois, et plus timidement, comme si elle ne l'avait pas salué tout à l'heure.

Elle avait un très joli sourire. Il aurait aimé qu'on le salue comme ceci plus souvent.

– Bonsoir. Vous avez l'air exténuée.

Elle soupira et rangea quelques mèches de son chignon désordonné qui retombaient sur son front.

– Oh, non, ça va, merci. Vous désirez ?

Il fit sa commande. Et l'air de rien écouta ce qu'elle pensait.

Si je suis fatiguée ? C'est peu dire... Mais ce n'est pas comme si j'avais le choix.

– Vous avez l'air de vous donner à fond ce soir, poursuivit-il.

– Il le faut bien, répondit-elle en notant quelques mots dans son carnet.

Si je ne paye pas le loyer ce mois-ci, je pense que je vais encore retourner chez ma mère...

Et Isabelle repartit, laissant le colonel derrière elle, une sensation étrange logée au creux de la poitrine.

Il avait un drôle de sentiment... comme s'il venait d'entendre une chose qu'il n'aurait pas dû savoir. Lorsque son café arriva quelques minutes plus tard, il le but à très petites gorgées, l'estomac un peu noué.

En fait, il avait envie de l'aider, évidemment. Mais qu'aurait-il fait s'il n'avait pas eu ce don ? Il aurait sans doute continué à penser d'elle la même chose, à savoir que c'était une jeune fille charmante de plus, qui lui offrait gracieusement des pâtisseries de temps à temps, sans prendre le temps d'aller plus loin.

Soudainement, Roy eut l'impression de débarquer dans un nouveau monde.

Mais l'ancien marchait parfaitement, jusque là. Il n'entendait pas ce que pensaient toutes les femmes mais il s'en était bien sorti. Alors fallait-il le changer ?

Avaient-elles réellement envie qu'on les aide, ou qu'il change de comportement envers elles ? Il n'en était pas certain, quand il repensait à tout ce qu'elles avaient pensé de lui durant ces derniers jours.

Il ne savait pas bien quoi faire. Avait-il mal agit jusque là ? Là non plus, il n'en était pas sûr, car si toute personne incapable d'écouter le fond de leur pensée devait être mal jugée, l'humanité était mal barrée.

Alors il ne savait pas vraiment.

Simplement il finit son café, se leva, et plongea sa main dans sa poche pour en sortir un pourboire qu'il laissa sur la table. En sortant, il repassa devant Isabelle, qui le salua, chaleureusement, avant de repartir au quart de tour débarrasser sa table.

Et avant de quitter le café, Roy put entendre quelques mots.

Quoi ?! Autant pour un simple café ?!!

Mais le sourire qui se ficha sur ses lèvres disparut bien assez vite, et il retomba dans ses réflexions.

Devait-il se sentir coupable de vouloir se débarrasser de sa capacité ? Et était-ce égoïste de sa part ?

Plus encore, s'il décidait de vivre avec, pourrait-il supporter d'entendre tous leurs problèmes et rester inutile devant ? Il ne pourrait pas toujours déposer un billet sur la table en pourboire, et cela ne résoudrait évidemment pas tout.

Et enfin, en un sens, ce qu'il faisait était-il bien ?

Avait-il le droit de fouiller ainsi le cœur des femmes...

Sans s'en rendre compte, il était arrivé au QG. Il respira un bon coup, pensant qu'il en aurait besoin pour évacuer avant de retourner bosser d'arrache-pied.

Mais quand il entra dans le hall de la bibliothèque, il ne s'était pas attendu à ce qu'il y trouva. Scieszka qui avait apparemment attendu jusque là puisqu'elle portait sous son bras droit son manteau, tenant sous son bras gauche un livre qui semblait assez vieux, à la couverture noire.

– Colonel ! Je vous cherchais, voilà pour vous !

Elle le lui tendit.

– Il n'y a sans doute que moi qui connaisse cet ouvrage, plaisanta-t-elle. Je suis certaine qu'il peut vous aider.

Mustang la remercia, abasourdi, et en feuilleta les pages.

– Bon, voilà. Bonne soirée, colonel.

– Je vous remercie, vous aussi, dit-il tout en se demandant pourquoi Diable elle venait de faire ça.

Et alors qu'il pensait être au bout de ses surprises pour la journée, ce qu'il vit dans la salle de lecture lui fit penser à ne plus conclure ce genre de choses.

Hawkeye était là. Entourée de la pile de livre de la matinée, même plus étoffée, qu'elle avait dû aller retourner chercher toute seule. Il dut même toquer à la porte pour qu'elle le remarque.

– Colonel ! Je ne m'attendais pas à vous voir revenir ! Dit-elle en se levant vivement.

– Alors pourquoi poursuivez-vous les recherches ?

– Vous me l'avez demandé.

Elle semblait gênée, un peu comme un enfant que l'on venait de prendre la main dans une boîte de gâteaux. Comme si elle ne devrait pas être là, et honnêtement, c'est un peu ce que pensait Roy : pourquoi faisait-elle des heures supplémentaires sur cette affaire ?

Il avait affreusement mal à la tête, avec tout ce mélange de dilemme et de questions. Et pourtant la soirée ne s'annonçait pas si difficile.

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Ce soir-là, Roy avait l'impression d'avoir accompli quelque chose de bien.

Et pourtant, il n'avait pas tant avancé dans ses recherches que ça, Hawkeye non plus. Mais qu'importe.

En deux jours, il avait le sentiment d'avoir un peu changé ses relations avec les femmes, mais aussi de s'être aventuré en terrain interdit. Vraiment.

Et quelque chose le désolait : s'il continuait ainsi, il ne pourrait pas éviter de les blesser, c'était presque inévitable, après le bref aperçu de la fragilité que pouvaient cacher certaines.

Mais il y avait lui, aussi.

Pouvait-il changer ? Et s'il le pouvait, sans ce don ?

– Si tu es là, je pense que c'est parce que tu as pris ta décision, dit Jérémia, derrière son bureau, ses yeux cachés par le reflet de ses lunettes demi-lunes.

Roy inspira profondément.

– Oui.

Enfin, il expira.

- Je pense que je vais le faire. Je vais me servir de ce don.


(1) Ahahahahaha xD ! Je me marre !
Free talk :

Et oui, pas beaucoup de commentaires cette fois. Serait-ce la voie de la raison qui m'apparaît en un dernier espoir ? J'en ferais peut-être plus la prochaine fois ?

J'espère que ça vous a plu. La suite « bougera » un peu plus... Je pense.

A la prochaine !