Bon bon bon... 11ème tome !

Il s'est déroulé un certain laps de temps entre le moment où j'ai écris le début de ce chapitre, et le moment où je l'ai terminé. Donc, il y a possibilité de répétition, ou même d'incohérence... Et si j'ai bonne mémoire, c'est ici qu'on en apprend plus sur le mère de Maelle. Et non, coldbreath, ce n'est pas balbéro.


Tome 11 :

"Géhenne", le monde des enfers.

Acte 5 : Sacrifices

Je m'approche doucement du bord, et observe l'intérieur du gouffre. Ces deux cons sont aggripé par le glaive divin sur la sculpture du visage de Lucifer. 'Sont pas doués non plus... M'enfin. J'espère simplement pour eux que l'épée va pas les laisser tomber à cause du poids trop élevé de leurs deux corps...

Bélial passe derrière moi, me prend par la taille, et, une micro-seconde plus tard, nous sommes dans le plateau au centre du gouffre de Golgotha. Je lève le visage, et j'aperçois Alexiel et Kouraï, toujours accrochées à l'épée elle-même accrochée à la sculpture. Le Chapelier crée des escaliers éphémères pour leur permettre de descendre jusqu'à nous et leur explique le but de la cérémonie. Surtout le fait que le Shiol est en relation directe avec le corps du Souverain. Elle leur explique tout, depuis la Chute, lorsque Lucifer a insufflé son énergie à la terre des Enfers.

"L'achèvement de la cérémonie est vital afin de préserver nos terre, s'est-on bien compris? Tant que vous ne devindrez pas victime de ce sacrifice, nous périrons tous en même temps que cet empire."

Tant qu'un corps pur et qu'un être sacré n'auront pas pénétré dans cette grotte. Je sais que Bélial m'aurait volontiers sacrifiée si j'avais été vierge... Mais j'ai pas le temps de réfléchir pour le moment. Kouraï échappe à l'étreinte de l'un des boureau et se dirige vers le bord du gouffre, se préparant à se laisser choir dans le vide. Pendant qu'elle explique qu'elle n'est pas aussi pure qu'on le prétend, je vois le bourreau qui la retenait se placer avec une épée derrière le Chapelier. Son regard croise le mien : le travelo !... Il ne me faut pas longtemps pour comprendre son dessein, et je ne m'y opposerai pas. Au contraire. L'empire des évils a besoin de sa princesse, et le poids de la culpabilité doit se faire trop lourd sur les épaules de cet espion... La mort serait pour lui un échappatoire possible.

C'est ma faiblesse ; je compatis trop facilement. Hors de question de laisser cette gosse se sacrifier là où quelqu'un d'autre pourrait le faire à sa place. A l''instant même où elle commence à laisser son corps choir, je la rattrape, volant derrière elle, ailes noires déployées, la forçant à rester sur le sol. Elle a un regard noir pour ma personne, jusqu'à ce qu'une voix s'élève, accompagnée d'une effusion de sang de démon.

"Kouraï, tu n'as pas besoin de te sacrifier."

Comme je l'avais pressenti, Arachnée - j'ai enfin retenu son nom... - a transpercé Bélial d'une épée et lui fournit quelques explications. A elle et à la petite Kouraï. Je me pose derrière elle, au bord du gouffre, les ailes toujours déployées. Il semblerait que le travelo ait compris les conditions nécessaires au sacrifice. Et estime qu'elle a autant le droit qu'une autre de devenir épouse de Lucifer, afin de soutenir l'empire en harmonie avec son corps.

Et ça papote, ça papote, magne toi de te laisser crever qu'on s'tire de là... Dès le moment où le dernier sacrifice sera rendu, l'énergie dégagée risque d'entraîner la destruction du palais après les dommages qu'y a fait Abbadon...

"Arachnée !!"

Ca y est. Sacrifice effectué. Et tout est en train de se détruire, comme le constate avec brio Setsuna... Je lance un regard à Bélial, qui, dans un sourire douloureux, obéit à mon ordre silencieux en lançant son chapeau et faisant apparaître des escaliers éphémères. J'en ai pas besoin et m'enfuis de là par la voie des airs, survolant les deux autres idiots qui s'échappent du gouffre. Seulement, ils n'avaient pas prévus d'être séparés dans l'effondrement... Abbadon s'empare de la petite, et la protège. Alexiel disparaît de mon champ de vision. Vu l'emplacement du palais, elle risque de finir sa course dans l'eau du Léthé... Tant pis, j'vais m'occuper de la petite Kouraï... J'sais pas pourquoi, mais si mon petit frère estime qu'on doit s'occuper d'elle, j'peux bien lui r'filer un coup d'main.

Je vole autour de mon frangin, avant de me poser sur son épaule. Il tient fermement Kouraï dans sa main, cette dernière n'a rien trouvé de mieux que de perdre conscience. Je descends d'un étage et me pose cette fois sur la main d'Abbadon, m'y asseyant en mettant la tête de la princesse des évils sur mes genoux.

"Elle va bien... Elle est juste un peu sonnée et épuisée, ce n'est rien... Ne t'en fais pas... Tu peux nous amener dans un endroit plus éloigné du Léthé? Vers une grotte par exemple?"

"Bien sûr... On y va..."

Abbadon suit sa course jusqu'à un lieu correspondant à ma demande et s'y pose. Kouraï est protégée par sa main, une grotte est juste à côté de nous. Bon.

Des bruits de pas attirent mon attention. Un évil arrive dans notre direction. Mon frère comprend la situation et rouvre l'étau de sa main gigantesque pour me permettre de m'envoler jusque derrière lui, afin de me cacher. C'est une jeune vampire... J'l'avais déjà vue en Anagura, quand j'y étais allée avec Bélial...

La vampire sort Kouraï de sa protection et la place dans la grotte, sans plus faire attention à nous pour le moment. Je m'envole à nouveau sur l'épaule de mon petit frère.

"Abbadon?... Ca va? Tes blessures?"

"Raaa..."

Vu l'étendue de ses blessures, je ne peux rien faire. J'dois pas me faire d'illusion. Mon petit frère ne s'en sortira probablement pas. C'est le plus dangereux de tous ceux que Balbéro a mis au monde, mais c'était celui qui avait le coeur le plus grand. Et moi, ça me fait mal de savoir que je vais le perdre. Monstre, peut-être, mais j'l'aimais bien moi...

"Petit frère..."

"Sayonara... Onee-san..."

Il ferme les yeux. Je comprends, il veut achever sa vie loin de mon regard. J'étends mes ailes déployées, et m'envole au-dessus de lui.

"Adieu, petit frère..."

Je m'éloigne par la voie des airs, sans plus me retourner. Je vole environ cinq minutes, puis me pose. J'en peux plus... Je m'effondre à genoux sur le sol, et prends mon visage dans mes mains. Je sens les larmes couler sur mon visage, mon coeur se serre, j'ai mal, tellement mal...

"Merde ! C'était mon frère !"

Je ne saurais dire combien de temps je suis restée ainsi, les épaules secouées par les sanglots, les ailes noires se refermant autour de moi comme une bulle, genoux à terre. J'ai dû pleurer toutes les larmes de mon corps, en tout cas... J'aurais jamais cru que la perte d'Abbadon me ferait un tel effet... Un frère que je ne connaissais pratiquement pas, simplement parce que j'ai toujours refusé de me rattacher à quoi que ce soit qui ait un rapport avec Lucifer... Et c'est quand quelque chose vous est pris que l'on se rend compte à quel point il vous était précieux... C'est seulement maintenant que je me rends compte du point auquel je tenais à mon petit frère...

Mais je n'ai pas le temps de me morfondre davantage. Une vive lumière jaillit, attirant mon attention. J'essuie rageusement mes larmes et m'envole jusqu'à l'origine de cette lumière. Je m'avance jusque là-bas, et vois, assises dans un cercle de magie noire, Kouraï et son amie la vampire. Elles sont endormies. Je vérifie machinalement leurs pouls, leurs respirations, puis m'assieds non loin de là.

C'est sans doute l'oeuvre du Chapelier. Cette déglinguée restera toujours un mystère pour moi... Comment peut-on être aussi malsain qu'elle?...

Je lève la tête d'un coup. Mes yeux sont encore légèrement rouges des larmes que j'ai laissé couler, mais ma vue n'en est pas altérée. Au loin, je vois un homme, qui tient une jeune femme dans ses bras, lui donnant un baiser. Cet homme, je n'ai aucun doute quant à son identité. Ces cheveux noirs, cette silhouette enserrant Alexiel...

Il s'avance jusqu'à moi, même si de loin, ce doit plutôt être Kouraï et son amie qui l'intéressent. Il avance vers moi, portant l'ange organique dans ses bras. Petite parenthèse : je pense que si le corps d'Alexiel est inerte, comme ça, c'est que quelqu'un a trouvé le moyen de forcer Raphaël à ressuciter le corps de Setsuna. Le piège dans lequel Mikanou a foncé tête baissée était certainement dressé dans ce but. Fin de la parenthèse. Tranquillement, gardant une expression froide et impassible, il la pose sur le sol, aux côtés de la princesse des évils, puis se tourne vers moi.

Nos regard s'affrontent pendant ce qui me semble être une éternité. Yeux clairs contre yeux clairs, froideur contre froideur, sans montrer nos expressions, que ce soit l'un, ou l'autre.

"Tu as pleuré."

Cela semble être plus une remarque qu'une question, je n'y réponds donc pas. Je sens le poison de la haine circuler dans mes veines avec plus d'intensité qu'habituellement. Il éveille à présent plus de haine en moi que lorsqu'on était en Asshiah. Ce qui me force à émettre une théorie moi-même.

"Tu as retrouvé ta mémoire."

Je ne le voussoie pas. Je crois que je suis la seule en Enfers à ne pas le voussoyer. Mais il ne relève même pas ce détail. L'effet que me fait son regard m'est toujours aussi désagréable. J'ai l'impression qu'il me transperce pour lire au plus profond de mon coeur et de mon âme. Je sais qu'il doit ressentir la même chose. Combien de fois Mikaël m'a-t-il reproché d'avoir un regard aux propriétés similaires?...

Le silence se fait de plus en plus pesant, de plus en plus étouffant. Il ne parle pas, je ne parle pas. Mes ailes noires sont toujours déployées, lui se tient droit face à moi, me surplombant de toute sa hauteur. Je cille, il m'imite. Le temps s'écoule inexorablement. Ma main finit par se crisper, ma mitaine vient se matérialiser autour de ma mimine gauche. La Lame du Néant mettra environ trois secondes à apparaître.

Mon père le sait, et il profite de cette information pour passer à l'attaque en premier. Il dégaine son shiranui et arrive sur moi à une vitesse surprenante. J'ai juste le temps de parer l'attaque avec mon arme, l'affrontant pour le moment sur un plan purement physique. Et je ne ferais pas le poids. Physiquement parlant, il est plus grand, plus massif, plus fort donc. C'est pour cela que je fais entrer ma lame en mode destructeur. Une aura émane de l'épée comme si elle lui était propre, dégageant une sorte de halo noirâtre. Le shiranui se met à vibrer et, immédiatement, Lucifer déploie ses deux paires d'ailes pour s'envoler hors de portée de ma colère.

Il se tient environ cinq mètres au-dessus de moi, me fixant toujours de ses yeux froids. Je lève le visage, et lui renvoie un regard de pure colère. Il m'énerve... Rien que de voir ce visage me met en colère. Rageusement, je donne un coup d'épée dans le sol ; la réaction est immédiate. Comme je ne gère pas l'énergie comme je le pourrais, de façon à sublimer ou autre chose, l'épée utilise sa fonction de base : détruire tout ce qu'elle touche. Le sol se met à trembler, et dès que je relève mon arme, un énorme trou a été formé dans le sol. Il ne reste rien de ce qu'il y avait à cet endroit, ni terre, ni poussière, rien. Ce qui constituait ce trou avant qu'il ne soit formé a tout bonnement disparu, rejoint le néant.

Dans la même impulsion, je déploie ma deuxième paire d'ailes, la blanche, et m'envole à sa hauteur, donnant l'assaut. Il esquive comme il peut, sachant qu'il ne peut contrer au risque de voir son épée se faire littéralement bouffer par la mienne.

Je ne saurais dire combien de temps ce petit jeu a duré. Il a bien essayé de m'attaquer, mais le danger que représentait la Lame du Néant l'a forcé à battre en retraite plus d'une fois pour finalement ne me porter aucun coup. Enfin, au bout d'un moment, nous avons tous deux poser pied à terre, nous cachant l'un à l'autre notre essoufflement.

J'veux le buter, j'veux l'buter, j'veux l'buter !!!

"On est dans une impasse. On arrivera à rien comme cela."

Je lève mon regard vers lui. Ca me tue, mais je suis bien obligée de reconnaître qu'il a raison. Il ne peut pas attaquer, je ne parviens pas à l'atteindre. Match nul. Je sais que nombre de personnes seraient fières d'avoir fait ex-aequo avec le Souverain, mais moi ça ne me contente pas. Je me suis jurée d'en finir avec lui ! Et j'en finirai avec lui, coûte que coûte.

"Autant reprendre plus tard. Il faut rentrer en Anagura avant que les deux gamines ne s'éveillent."

Il n'attend pas ma réponse et range ses ailes. Je l'imite, rongée par la haine et la rage. Nous entrons dans le cercle noir, attendant que le portail n'entre en action. On a encore quelques minutes devant nous je pense. Et je sens que cette attente avec lui va être intenable.

"Finalement, je suis plutôt fier du résultat." Sa voix s'est élevée, froide et sans émotion, et, surtout, je ne comprends pas de quoi il parle. "Je savais depuis la Chute que Balbéro ne me donnerait jamais un héritier digne de ce nom..."

Je sens la colère faire entrer mon sang en ébullition. Abbadon s'est sacrifié pour une mère qui valait dix fois plus que cette mijaurée, et lui, il dénigre sur sa propre descendance. J'vais l'buter !

"... Mais j'avoue que je ne pensais pas Gabriel capable de me donner un meilleur résultat. Je me suis trompé, visiblement."

Cette fois c'en est trop. Comme je me suis momentanément séparée de la Lame du Néant, je m'empare du shiranui, et le place sous sa gorge, le poussant en arrière. Pour expliquer le tableau, il est allongé sur le dos à même le sol, me fixant de ses yeux vides dénués d'expression, alors que moi suis à califourchon sur lui, une main appuyant sur son épaule, l'autre maintenant le katana sous sa gorge.

"La ferme !"

"Tu n'es pas d'accord avec moi?"

"Ta gueule !"

"Tu es la preuve vivante que Gabriel m'a donné un bien meilleur résultat que Balbéro..."

"Ferme-la, j't'ai dit !"

J'ai appuyé la lame de l'épée contre sa gorge, mais il ne semble pas s'en inquiéter.

"Tu ne peux rien me faire avec cette arme ; un shiranui ne tue jamais son propre maître."

J'avais oublié ce détail. Peu importe, je veux le faire souffrir, rien ne m'importe plus, je veux qu'il souffre, qu'il comprenne ma douleur, qu'il sache qu'il a fait l'erreur de sa vie en violant Gabriel, ma mère... Je ne lui pardonnerai pas ce qu'il lui a fait, ni ce qu'il m'a fait à moi !

Des larmes de rage se mettent à ruisseler le long de mes joues. Merde, qu'est-ce qui m'arrive?... J'suis en train de perdre mes moyens on dirait... Bordel, y'a que lui qui parvient à me faire perdre pied, et c'est justement face à lui que je ne dois pas flancher ! Allez Maëlle, tu vas pas te laisser avoir par cet enfoiré !!

"... Tu es si fragile, Maëlle... Tu veux donner une image de toi-même qui n'est pas la tienne..."

"Tais-toi ! Tu ne sais rien ! Je ne te permets pas de me faire des leçons de morale, tu m'entends ! Tu es mal placé pour m'en faire ! Je ne veux plus t'entendre !"

Je le sens bouger sous moi, et, sans que je ne puisse l'en empêcher, il a renversé la situation, le sabre a volé à quelques mètres de nous, il maintient mes poignets liés au-dessus de ma tête et me domine de tout son poids.

"Ma petite Maëlle... Tu n'es pas en position de m'ordonner de telles choses non plus... Es-tu seulement sûre de cette haine que tu ressens pour moi?"

"Comment se pourrait-il que ce soit autre chose ! T'es qu'un enfoiré, après ce que tu m'as fait, fallait pas t'attendre à autre chose de ma part !"

Flash-back

Une adolescente, tapie dans un coin, l'ombre dissimulant ses traits et sa présence. Elle se sentait bien dans cette obscurité, qui la réconfortait autant que la lumière l'inquiétait. Partout dans le bâtiment de soins on parlait de l'arrivée des démons. On les disait dirigés par Lucifer, souverain des Enfers. Ce nom n'éveillait aucune peur dans le coeur de la jeune fille. Seulement une colère sourde ; et c'était cette colère, qu'elle ne parvenait pas à maîtriser, qui l'effrayait.

Partout, dès l'annonce de cet évènement, elle avait cherché la personne à qui elle devait son nom, le Grand Guérisseur. En vain. Découragée, elle avait fini par se blottir dans un coin, redoutant la suite des évènements. Jamais elle n'avait oublié ce qu'il s'était passé lorsqu'elle avait été agressée chez les blouses blanches ; le sang de ces hommes qui l'avaient insultée avait coulé, tout ça, elle avait fini par le comprendre, parce que ses pouvoirs s'étaient enclenchés sans qu'elle ne le contrôle. Sa plus grande peur était qu'une telle chose se répète.

Soudainement, l'un des murs avait explosé non loin d'elle, elle se colla plus dans son coin par réflexe. Elle avait jusqu'ici entendu des cris, mais là, on entendait plus rien. Apparemment, il n'y avait plus personne dans le bâtiment. Personne, sauf elle.

Un homme, assez massif, avait passé l'ouverture faite dans la paroi, et s'était planté devant elle en la dévisageant d'un regard glacial et hautain. Elle l'avait soutenu, rendant le sien tout aussi froid. Aucune émotion n'existait sur le visage de l'homme. Mais l'un et l'autre avait rapidement remarqué la ressemblance frappante qui les liait. Cheveux plus noirs que les Ténèbres elles-mêmes, yeux d'une clarté éblouissante, regard froid, même forme de visage, même nez... Il n'y avait aucun doute, surtout pour Maëlle. Cet homme était celui qui l'avait abandonnée au ventre de sa mère, et qui, à sa naissance, n'avait pas bougé le plus petit doigt pour l'empêcher d'être soumise aux expériences, aux insultes, et à tout le reste.

Cet homme. Le responsable du gène démoniaque que comportait sa chair. Responsable de la couleur obscure de deux de ses ailes. Raphaël lui avait confié le nom de cet homme, tant redouté, qui était le responsable de sa naissance.

Lucifer. Le Prince des Ténèbres.

Sa voix, grave et impérieuse, s'éleva, alors que leurs regards s'affrontaient avec toujours autant d'intensité.

"Quel audace... Tu oses me faire front de ton regard... A moi, Seigneur des Ténèbres..."

"Je ne fais front qu'au responsable de ma misérable existence..."

Un rire glacial avait retentit, l'homme s'était emparé de la jeune fille par la gorge. A la lumière, on voyait qu'elle devait avoir un peu moins de vingt ans...

"... Ton éveil a déjà eu lieu. Ton âge absolu atteint. Tous tes pouvoirs te sont connus. Tu garderas donc cette apparence éternellement... Je crois savoir que l'on t'a donné un nom?"

"Certes. Mais je ne vois pas en quoi cela pourrait intéresser le Maître des Enfers."

Elle sentit soudain le sol la percuter violemment. Il l'avait lâchée d'un coup.

"Tu as de l'audace, ça me plait... Maëlle. Je ne suis pas venu ici pour n'importe quoi. Je t'emmène avec moi."

"Pis quoi encore?"

"Tu es ma fille. C'est comme ça. Ta place n'est pas ici, mais en Enfers. Donc, tu viens avec moi."

"Non. Ma place est vers celui qui m'a soutenue."

"Il t'a soutenue pour mieux te manupuler."

"Il m'a soutenue là où mon géniteur m'avait abandonnée."

"Ton géniteur t'avait abandonnée pour que tu te forges un caractère digne de ce nom."

"Et on dirait bien que ce caractère se retourne contre lui."

Le ton de la gamine était provocateur, et la réponse ne plut pas à l'ancien Ange de Lumière. Il leva la main, simplement, et la force qu'il dégagea soudainement plaqua Maëlle contre la paroi murale dans un gémissement plaintif. Sans comprendre, elle sentait sa peau se déchirer, le sang couler hors de ses veines, alors que son regard affrontait toujours celui de son père avec une haine non dissimulée.

"Dans ce cas, tu peux dire adieu à ta petite vie confortable. Tu aurais eu un rang respectable en me suivant. Le rang qui sied parfaitement à mon héritière. Tant pis pour toi."

Une dernière pression, phénomènale, s'était établie contre elle, la faisant suffoquer. C'était la fin. C'était ce que chacun des deux pensait. C'est pour cela que le Souverain des Enfers avait laissé la pression retomber, pensant qu'elle mourrait des suites de ses blessures. Puis s'en était allé sans plus de cérémonie. Alors qu'elle sombrait dans l'inconscience.

Combien de temps était-elle restée là, à se vider de son sang?... Personne ne le savait. Mais, au bout d'un moment, des cris avaient retentit à nouveau, et des bras l'avaient enlacée. A cet instant, elle avait senti un pronfond soulagement l'envahir, sa douleur la quittant alors que ses plaies se cicatrisaient. Lorsqu'elle eut suffisament conscience de ce qu'il se passait, elle se rendit compte que Raphaël l'avait soignée et la serrait maintenant contre lui.

Il avait dû s'inquiéter. Et paniquer de la trouver ainsi. Mais maintenant, elle était en vie, et c'était tout ce qui comptait. C'est sans doute ce que voulait dire le baiser qu'il lui avait donné quelques secondes après qu'il eût brisé l'étreinte. La jeune ange n'avait pas compris ce qui lui prenait dans un premier temps, puis avait laissé sa douleur physique et mentale s'extérioriser dans cette passion qu'on lui inculquait.

Ils n'étaient que les deux. Elle avait appris par la suite que seul le médecin avait osé s'aventurer dans le bâtiment sans avoir la certitude que Lucifer ait bien quitté les lieux, à cause de l'inquiétude intenable qui l'avait pris. Toujours est-il que, seuls, ils avaient laissé la passion parler pour eux, l'une pour la haine, la colère, l'humiliation, l'autre pour l'inquiétude, la peur, et l'angoisse. Ils s'étaient unis, pour ne faire plus qu'un, dans cette première étreinte intime à laquelle ils se livraient ensemble.

Ensuite, dans une simplicité commune, ils s'étaient adossés contre un mur, la petite dans les bras protecteurs de Raphaël. Puis, une remarque. D'une voix grave. Et troublée.

"Je... Je ne savais pas que tu n'étais plus vierge, Maëlle... Tu aurais pu m'en parler..."

"De quoi tu parles? La luxure était le seul péché auquel je ne m'étais encore jamais accrochée..."

"Mais... Non, tu te paies ma tête. Lorsqu'une femme est vierge, on... comment, on..."

"Je sais Raphaël, je trouve étrange aussi le fait que je n'ai pas eu mal, mais c'est ainsi. Tu es le premier à m'avoir touchée."

"Maëlle, je sais ce que je dis. Tu n'avais plus ton hymen. Quand aurais-tu pu le perdre, si tu ne t'en souviens plus?"

A cet instant, elle avait baissé son visage d'un coup, prise d'un affreux doute, pour observer l'intérieur de ses cuisses. L'acte avait été court, le médecin avait pu ne pas s'apercevoir de possibles marques. Le regard de la jeune fille s'était agrandit, le désespoir et le dégoût vinrent s'y installer dès le moment où elle vit des traces sur sa peau, signicatives de ce qui lui avait été fait. IL l'avait souillée. De la pire manière qui soit. IL n'était pas parti, comme elle l'avait pensé. IL avait attendu qu'elle perde conscience pour lui faire goûter au péché suprême.

- Elle avait été violée par son propre père -

Fin du flash-back

"Je suis le Souverain des Enfers. Qu'attendre d'autre de moi que de faire souffrir autrui? C'est au Tout-puissant, qui a tout planifié, à qui il faut se plaindre."

"Rien à cirer ! T'étais pas obligé de violer Gabriel, t'étais pas obligé de me violer ! J'avais rien demandé à personne, j'ai même pas demandé à venir au monde !"

Je dois être pitoyable à voir. Je sens toujours mes yeux lâcher leur tribut de larmes, je sens mon coeur battre la chamade ; je finis par détourner le visage, de façon à ne plus le voir. En fait, je ne veux plus le voir. Il m'humilie après avoir transformé mon existence en une souffrance perpétuelle.

Soudain, je le sens se relever et me lâcher. De la lumière jaillit du cercle, et nous sommes transportés en Anagura.

GAME OVER

or

CONTINUE

"Géhenne", le monde des enfers - fin

"Yetsirah", le monde des cieux suprêmes.

Acte 1 : La chasse aux lapins

Les enfants indignes,

Les i-children

On les reconnaît

A leur naissance,

Ils ont les yeux

Rouges et la peau

Laiteuse

Ces

Créatures

Sont

Appelées

"Lapins"

"Terminus, tout le monde descend."

L'Anagura. Devant la palais de cette princesse. Cool, on va fêter ça autour d'un verre? Mon père soulève la vampire dans ses bras et m'engage d'un signe de tête à faire de même pour Kouraï. Bordel, et en plus j'lui obéis... J'l'aurais fait sans qu'il me le demande, mais là, je trouve ça humiliant...

"C'est cette souffrance qui constitue ton être qui a fait de toi la femme que tu es devenue. C'est cette souffrance qui est la source de ton caractère, elle est ta force..."

Il s'arrête et plonge son regard dans le mien. Il n'est plus aussi froid que d'habitude, et ça me destabilise grandement. Non, il est plus... Plus... Je sais pas trop, y'a un je-ne-sais-quoi dedans qui n'est pas habituel.

"... N'oublie jamais cela Maëlle. Et surtout, cesse de te mentir à toi-même. Tu me rappelle Mikaël. Accepte-toi, accepte ta souffrance. Et enfin cesse de cacher ta souffrance et ton affection derrière ta haine et ta colère."

Il recommence à marcher dès qu'il a fini sa phrase. Je reste quant à moi immobile encore dix bonnes secondes, Kouraï sur les bras, à me demander ce que signifie tout ceci. Enfin, je me mets à courir derrière lui, pour le rattraper.

"Attends ! ... Pourquoi tu me dis tout ça?"

Nouvel arrêt. Il semble hésiter. Finalement, ça a du bon ces sentiments humains qui sont nés en lui.

"Il se pourrait que, dans un avenir proche, tu doives envisager sérieusement de prendre la relève."

Silence.

"De quoi? Explique-toi ... !"

Même s'il en avait eu le temps, je sais qu'il ne l'aurait pas fait. Mais là, en plus, certains sujets de cette petite princesse viennent la recueillir, et veulent nous faire entrer dans le palais. Je refuse d'un geste, encore troublée par les paroles de mon géniteur. Je comprends plus rien à cette histoire. Il semblerait presque sympathique, le Lucifer... Ce doit être ce corps d'humain qui a cet effet spectaculaire sur lui. Oui, ce doit être cela.

Je les regarde pénétrer dans le bâtiment, avant de reprendre moi-même la route. 'Doit y avoir une frontière pas loin.

Au bout de quelques pas seulement, je vois des personnes se matérialiser. Je m'approche doucement, et voit Kato, Setsuna et... Oh, Uriel ! Mon ticket de transport pour le monde céleste est assuré !!!

Je m'avance doucement vers eux, et j'arrive pile au moment où notre petit Setsuna se rend compte que ce con de Kato lui a dessiné dessus.

"Je te remercie, Uriel. Jamais je n'aurais cru que tu ramènerais Raphaël. Surtout que tu fuis les autres anges.

"Les informations ont été fournies par cet homme, je n'ai fait que lui donner un coup de main. Je ne mérite aucun remerciement. Je pense que tu devrais recevoir un message du maître des trônes, Zahikel, avec cet appareil. C'est l'homme qui a emmené l'âme de Sara loin d'Hadès."

"... Ben vous perdez pas vot'temps, dites-moi."

Les regards qui se tournent vers moi me prouvent que, comme à mon habitude, j'ai choisi le bon moment pour faire mon entrée.

"Maëlle... Je pense que Raphaël serait ravi de te savoir en Enfers..."

"Bah, il doit bien s'en douter..."

Uriel se remet à discuter avec l'ange salvateur, et finalement...

"Je ne vais pas tarder, si jamais le peuple évil venait à découvrir que je suis un ange, je risque de passer un mauvais moment."

"Uriel ! Tu m'emmènes, dit?... Faut que je retourne là-haut..."

"Non..."

Il s'avance jusqu'à moi, et se penche à mon oreille - sachant que chuis pas grande et qu'il est grand comme un arbre, imaginez un peu le tableau - et y chuchote de façon à ce que seule moi l'entende :

"Ta place est ici pour le moment... Sévy en a après Gabriel, et comme Lucifer reste l'ennemi numéro 1, tu devrais te faire discrète là-haut..."

Encore un échange de politesse entre Uriel et Setsuna, et l'ange protecteur de la Terre se tire. Sans moi... J'en connais un qui va me reprocher de pas savoir ce que je veux... Hein, P'pa...

"Z'auriez pas une clope?"

J'l'avais oublié, le blond décoloré. Kato. Deux paires d'yeux se posent sur lui, puis l'ignorent totalement.

"Bon, j'vous accompagne chez la miss?"

"Attends, Maëlle. J'ai quelques questions à te poser."

"-soupir- Allez vas-y."

S'il m'emmerde trop j'lui déballerai mon sac, mes origines, un coup dans la figure, et peut-être aurais-je la paix.

"... De quel côté es-tu? D'après les paroles d'Uriel, tu es du côté de Raphaël, mais tu étais présente du côté des démons au mariage de Kouraï, tu nous as aidés, Sara et moi, sur Terre, tu m'as aidé face à Uriel quand il portait son persona... En fait, la question serait plutôt pourquoi tu ne te fixes pas quelque part?"

"Parce que je ne peux pas. Je ne peux appartenir à aucun camp sans me trahir moi-même. J'appartiens donc à tous à la fois, en appartenant de fait à aucun."

Les paroles de mon père retentirent à ce moment précis dans mon esprit. "Cesse de te mentir à toi-même." ... Que penser de cela?... Et si, finalement, j'avais peur de me fixer quelque part, tout simplement?

"... En fait, je sais pas vraiment, Setsu. J'ai vécu tellement de choses, surtout depuis que t'as débarqué, que je sais plus vraiment quoi penser. Alors, j'vais être franche avec toi, autant que cela te surprendra."

Setsuna me fixe avec perplexité et intérêt, il attend que je déballe mon sac. Allez, quand faut y aller, faut y aller.

"Je suis la fille du Seigneur Lucifer et de l'ange Gabriel. Là est tout mon problème. Je suis l'Ange Pécheur, attachée à l'ordre des Vertus aux Cieux, gouvernant par intérim les Enfers en l'absence de son souverain. Je pense aussi que ta soeur est la réincarnation de ma mère, et que c'est certainement pour cela que j'ai cherché à vous aider aux côtés de ton sempaï..."

Parce que je voulais protéger ma mère aux côtés de mon père. Ca me semble tellement clair, maintenant...

"... J'ai jamais voulu d'attaches. Parce que je pensais ne pas pouvoir en avoir au risque de trahir une partie de moi-même."

"Et aujourd'hui?... Pourquoi ne pas t'allier à moi?"

Je redresse la tête, surprise. Je n'ai jamais envisagé une telle possibilité, pour la simple raison que je n'en voyais pas l'intérêt. M'allier à l'ange salvateur. Il est à la fois pour et contre Enfers et Cieux. Contre Sévy mais pour les anges, contre les Enfers mais dans l'intérêt des évils. En fait, ce serait presque le camp idéal pour moi.

"... Ce serait une possibilité. Mais qu'y aurais-je à gagner? Et toi?"

"Moi, j'y gagnerais un allier de taille, la fille de Lucifer, ça a d'la gueule mine de rien. Et toi, tu y gagnes un camp, des attaches, des amis même, sans te trahir toi-même. En plus, tu l'as dit toi-même, tu es dans le camp de ta mère, puisque ma soeur est la réincarnation de l'ange Gabriel - si j'ai bien tout compris."

Et dans celui de mon père puisqu'il est ton sempaï. Mais ça, tu le sais pas. C'est assez surréaliste, mais c'est une occasion inespérée pour moi, occasion que j'aurais jamais su pouvoir avoir un jour.

Nous nous mettons tranquillement en marche. Kato et Setsuna discutent avec animation, se disputant de temps à autres. Je finis par comprendre ce qui s'est réellement passé. Kato est revenu chercher le corps de Setsuna dans le palais de Kouraï au moment où "Kira" est parti s'enfoncer dans les Enfers, et l'a embarqué en Asshiah. C'est là qu'il a fait son gros bordel chez les hommes de Mikaël ; comme il a avalé une des plumes du Setsu, il a forcément la troisième aile, ce qui explique qu'il ait pu se faire passer pour lui. La suite, j'la connais déjà. Mikanou s'est rendu là-bas avec Raphi et Sara, et Uriel aura incité Raphi a ramener le corps de l'ange salvateur à la vie. Okay, okay, pas bien difficile à comprendre cette histoire, ça fait au moins une chose simple de faite...

On arrive en vue du palais et entrons sans trop de difficultés. Les évils me regardent étrangement, ne comprenant pas pourquoi j'ai refusé d'entrer en emmenant leur princesse et que maintenant je sois là avec l'ange salvateur. Mais bon. Kouraï est en train de faire un discours face à son peuple, je tends l'oreille malgré ma haine des longues harengues, afin de savoir ce qu'elle compte faire.

"... J'ai juré ...! Par la volonté d'arachnée et la mienne ! J'exige le rassemblement de nombreux hommes afin de faire face à l'armée des anges !! Seulement si... Vous m'accordez tous une deuxième chance... ! Je déclarerai la guerre au Tout-Puissant avec l'aide de la dompteuse des dragons divins et de l'ange salvateur jusqu'à ce que nous obtenions notre victoire !!"

Le peuple évil l'acclame, convaincu. Elle revient à l'intérieur du palais, où l'attend Setsuna. Kato s'est appuyé contre un poteau, et s'amuse autant que moi : c'est-à-dire pas du tout. Les deux autres papotent, se racontant plus ou moins ce qu'il s'est passé lorsque Setsu a été ressucité, et pour Kouraï, depuis qu'elle a repris sa place dans le palais il y a une heure ou deux .

Je sens un regard insistant sur moi et me tourne vers Kato ; il a le regard malsain du mec qui passe en revue la prochaine fille qu'il va mettre dans son lit. Ce regard m'a jamais gênée, sauf lorsqu'il était pour moi. Je râcle bruyamment ma gorge, il lève les yeux sur mon regard au lieu de fixer ma poitrine avec envie.

"... Désolée, mais j'm'intéresse pas aux morts-vivants."

Il a viré blanc, et a préféré se concentrer sur la discussion des deux abrutis, qui maintenant parlent des boucles d'oreille de Setsuna.

"Il n'est pas net ce type ! Alors comme ça il t'offre des boucles d'oreille? Montre !"

"Quelle horreur ! Vous êtes homo ou quoi?"

No comment... Ce type est un imbécile de première... J'entends soudainement des pas derrière moi, mais ne me retourne pas ; il ne manque qu'une personne à l'appel, ce n'est donc pas difficile pour moi de savoir de qui il s'agit.

"Je croyais que tu voulais retourner là-haut."

"Uriel m'a appris qu'il vaudrait mieux que je reste en dehors des magouilles de Sévoth-tart pour le moment. Ca ne m'empêchera pas d'aller dans le monde céleste si le besoin s'en fait sentir."

"... Tu ne sais décidément pas ce que tu veux."

Il passe à côté de moi pour arriver derrière Kato, s'efforçant de prendre un air mécontent.

"Au fait... Kato... Il paraît que tu as ramené le corps de Setsuna après notre entrevue?"

Kato est devenu à peu près aussi blanc que quand je lui ai fait comprendre qu'il n'avait rien d'intéressant et a déglutit difficilement avant de se retourner lentement vers son "ami Kira".

"Dis donc... Depuis quand me désobéit-on?"

J'entends des doigts craquer, Kato recule de quelques pas. Puis son insolence reprend le dessus, il s'assied dans un siège qui trainait par là et réplique. Il a l'air d'être doué à ce petit jeu, voyons comment il va s'en sortir face à Lucifer.

"Celui qui se fait avoir est aussi fautif, non? Rappelle-toi un peu du passé, combien de fois m'avais-tu caché certaines choses? Nous voilà quittes maintenant, n'est-ce pas?"

"Ah ouais? Alors si je t'avais dit à l'époque : "Je suis un homme immortel ayant parcouru tous les temps à la recherche de Setsuna qui est la réincarnation d'un ange"... Tu m'aurais cru?

"Tu ne serais pas un peu dingo? Descends un peu sur terre et si tu veux, je peux essayer de te tuer!?... Voilà ce que je t'aurais répondu."

"Je vois que ton caractère de cochon ne te quittera jamais."

Et le vainqueur est ... Ben personne. On désignera aucun vainqueur, ça risquerait d'en vexer certains. Mais bon, là 'est pas mon problème et...

Un bruit de sonnerie attire mon attention sur Setsuna.

"C'est la messagerie qu'Uriel m'a laissée ! C'est un message de Zahikel !"s'exclame-t-il.

Zahikel. D'un coup, beaucoup de rouages se mettent en place dans mon faible esprit. Zahikel. Mais bien sûr ! Quelle cruche je fais ! Ce doit être l'actuel chef des rebelles, évidemment !

Il donne rendez-vous à Setsu, et je m'approche de lui pour lire le message. Hm? Ce message est codé. Comment a-t-il pu le lire aussi facil... Merde, plus de message, il s'est effacé. Pas cool...

En tout cas, très rapidement, le groupe se forme autour de lui, et commence à lui donner conseils et ordres en tout genre. Bah, ils font ce qu'ils veulent. J'ai le lieu du rendez-vous, j'y vais de ce pas, comme ça, j'serais sûre de ne rien rater d'important...

Je marche pendant plusieurs poignées de minutes avant d'arriver à destination. Et rien que de penser au fait de rater quelque chose d'important me donne l'impression d'avoir oublier quelque chose d'important justement. Quelque chose que j'avais gardé pour une date ultérieure... Et je suis incapable de m'en souvenir ... Chapeau Maëlle, tu as une mémoire de poisson rouge...

Je m'installe tranquillement sur le sol, observant le roc flotter autour de moi. J'aime bien cet endroit. Nous ne sommes ni dans le monde céleste, ni en Enfers à proprement parlé, encore moins chez les humains... Enfin, là n'est pas la question. Il faut impérativement que je retrouve ce que j'ai oublié. C'est un détail d'une grande importance, bordel de merde !

Un bruit me fait ouvrir brusquement les yeux. Ouvrir????? Oh merde, j'crois que j'ai du m'endormir à force de réfléchir, sans m'en rendre compte ; et voilà la bande à Setsu qui débarque. Je remarque du coin de l'oeil que mon cher paternel n'est point avec eux.

"... on messager était un géant à la tête d'une armée, on ferait quoi!?"

Encore une remarque intelligente. Enfin, je me lève et les rejoins à pas de loup. Ils ne me remarquent même pas ses clampins...

"En tout cas, il n'a pas froid aux yeux pour un ange de vouloir entrer en contact avec des ennemis. Pourquoi Kira n'est-il pas venu avec nous?"

Je m'étire, n'intervenant pas. Qu'ils fassent leurs conjonctures tous seuls comme des grands si ça les amuse, moi j'm'en fous, com-plé-te-ment.

Un flash de lumière capte soudainement mon attention. Puis une voix. Une voix masculine, mais encore jeune. Ce n'est certainement pas la voix de Zahikel.

"J'ai déjà eu l'honneur de vous rencontrer mais je n'ai pas eu l'occasion de vous parler. Je suis enchanté de faire votre connaissance... Ange salvateur. Je viens de la part du maître des Trônes, Zahikel, le représentant du groupe des rebelles "anima mundi". Je me prénomme Raziel."

Raziel. Le gamin qui seconde Zahikel. Bordel de bordel, je vais de surprise en surprise aujourd'hui ! Et ce que j'entends autour de moi ne m'aide pas à réfléchir. Cette bande de cons est en plein débat pour savoir si Raziel est un mec ou "une fillette", pour reprendre les propos de Kato.

Raziel est complètement perdu, pour ne pas dire paniqué. Hihi, fallait y réfléchir à plusieurs fois avant de décider de venir en mission ici, gamin. Humains et démons ne sont pas commodes pour un ange qui baigne encore dans la pureté. Je le vois installer un communicateur sur le sol, qui servira probablement à le mettre en ligne avec le maître de trônes... Ah oui, c'est ce qu'il est en train d'expliquer...

Et c'est à ce moment seulement que Raziel rencontre mon regard. Il écarquille les yeux - je vous rappelle que je suis toujorus fringuée à la Bélial - mais il ne fait aucune remarque. Peut-être sent-il qu'il ne vaut mieux pas en faire pour le moment.

Le communicateur se met en route et la silhouette de Zahikel apparaît. Facilement reconnaissable. Il me salue d'un signe de tête et commence à converser avec Setsuna. Bah, il fait bien ce qu'il veut. Et donc, pour moi, cette conversation est synonymes de nouvelles fraîches, et j'apprends notamment que Gabriel-Sara est aux mains de Sévoth-tart. Putain, Raphi, t'as pas assuré sur ce coup-là... On peut pas te confier quoique ce soit à toi ...

Il nous apprend ce que je savais déjà, à savoir que Sara était la réincarnation de Gabriel chargée de surveiller Setsuna, mais aussi, ce que j'ignorais, qu'elle devrait bientôt comparaître face à la justice angélique...

"Attends un peu ... " fait Setsuna. "Quelles sont les raisons pour lesquelles... elle devrait comparaître...? oh non ... !"

Setsuna semble comprendre, moins rapidement que cela en tout cas. Ma mère, trop gênante pour Sévy, a été réincarnée en humaine et va comparaître pour inceste... Et suite à cette nouvelle éclate une fois de plus toute la stupidité et le manque de sang-froid de Setsuna. Personnellement je ne suis pas dupe. Je connais Zahikel. Il a mis en avant les nouvelles de Gabriel pour le toucher. Il a prévu sa réaction. L'enfoiré a tout prévu depuis le début et compte manipuler le gamin.

Je suis le reste de la conversation d'une seule oreille, du moins, jusqu'à ce qu'il soit question d'otage entre Zahikel, Raziel et Setsuna.

"Raziel, un joli petit jeune homme qui n'a pas encore laissé aller le chat au fromage..."

Elle date pas d'aujourd'hui cette expresion ! En tout cas, je sens que le pauvre Raziel va se retrouver chez les évils... Bonne chance petit gars, t'as pas fini de t'en prendre plein la tronche ici...

"... Je vous laisse là le précieux trésor du maître des trônes !"

Les paroles de Zahikel sont à double sens, et seule moi semble les comprendre comme il se doit. Bordel... Zahikel, qu'est-ce que tu projettes pour mettre ce gamin à l'abri tout en manipulant l'ange salvateur?

Je n'ai pas le temps de pousser plus loin ma réflexion. En dehors des deux anges, personne ne m'a remarqué, je vais donc m'éclipser. Qu'importe ce qu'a dit Uriel. Je retourne dans le monde céleste. Si je dois m'affirmer comme appartenant au camp de Setsuna, ce sera ce qu'il y aura de mieux à faire...

Je déploie mes ailes blanches sans aucun bruit, et me concentre sur ma force de l'eau. Je disparais des Enfers, lentement, et m'en vais retourner dans le monde des anges.

Rakiah, deuxième niveau de Yetsirah

J'arrive tranquillement dans les appartements du maître des trônes. Il semble m'y attendre. Son sourire ne me trompe pas, et je réponds malgré moi par un petit étirement de mes lèvres. Je vois par le communicateur que Setsuna s'apprête à partir. Zahikel tend la main vers moi et m'invite à la suivre jusqu'au téléporteur, là où apparaîtra Setsuna.


A suivre, bien sûr...

Reviews????? Oh et mon chapitre suivant tardera probablement un peu... j'ai même pas encore commencé à l'écrire, c'est tout dire...