Je tiens à remercier J.K.Rowling pour les personnages, Jeanne Marie Leprince de Beaumont et les studios Disney pour l'inspiration du scénario, et surtout FANNY car si j'ai planifié le déroulement de l'histoire, un grand nombre d'idées, de situations et de dialogues appartiennent entièrement à son imagination débordante.

CHAPITRE I

La fête battait son plein, et un observateur peu avisé aurait pu croire qu'il s'agissait d'un mariage on ne peut plus normal -aussi normal, du moins, que peut l'être un mariage sorcier. Ça et là, sur la pelouse qui entourait Le Terrier, avaient été disposées d'immenses tables nappées de blanc et recouvertes de fleurs. En attendant que le couvert soit dressé, les invités, rassemblés en petits groupes, s'adonnaient à de joyeuses discussions, desquelles fusaient de nombreux éclats de rire. Les enfants couraient et criaient ente les jambes de leurs parents et il ne se passait pas une minute sans qu'on entende eploser un pétard mouillé du Docteur Filbuste ou que s'envole une poignée de confettis magiques. Devant un des arbres noueux du jardin se trouvaient les deux jeunes mariés, souriants, radieux, entourés de ceux qu'ils aimaient. Tout cela semblait effectivement on ne peut plus normal.

Mais si cet observateur avisé dont nous parlions plus haut s'était permis de franchir le portail fraichement repeint de la petite propriété et de se mêler à la foule des sorciers présents, il aurait pu remarquer que les visages qui l'entouraient, bien que souriants, avaient un teint très pâle et que les yeux de chacun reflétaient l'inquiétude qu'ils n'osaient exprimer. Il aurait aussi pu remarquer que d'inombrables cicatrices défiguraient les traits du marié, et que la petite femme rousse à ses côtés qui séchait les larmes d'émotion tout à fait légitimes d'une mère mariant son premier fils semblait plus qu'anxieuse et qu'elle n'avait cesse de jeter des regards vers les personnes postées aux lisières du jardin et qui eux-mêmes, malgré leurs tenues de fête, ne participaient qu'à moitié aux réjouissances pour pouvoir assurer la sécurité des invités.

Un peu à l'écart des autres, une jeune homme se tenait adossé au mur de l'étrange bicoque. Il était grand et élancé et son regard à la fois dur et triste l'auait fait passer pour plus vieux qu'il ne l'était si sa chevelure complètement désordonnée n'avait trahi son jeune âge. Immobile, il observait la scène qui se déroulait sous ses yeux comme s'il avait voulu s'en imprégner complètement. Comme s'il voulait que toutes ces conversations, tous ces visages, ces rires, ces couleurs, ces cris, ces mouvements se gravent en lui à jamais. Et au fur et à mesure que derrière ses lunettes, ses yeux parcouraient le spectacle qui s'offrait à lui, son expression devenait plus sombre et plus douloureuse. Un instant, deux personnes attirèrent son attention. C'étaient deux jeunes filles qui portaient la même robe vaporeuse aux reflets verts, les demoiselles d'honneur. L'une d'elle était encore une enfant et écoutait attentivement son aînée qui lui expliquait manifestement comment faire sortir une limace de sa baguette magique. Un sourire flotta quelques secondes sur les lèvres du jeune homme en voyant la seconde demoiselle d'honneur rire aux éclats, ses longs cheveux flamboyants rejettés en arrière, ses joues pâles soudain colorées. Mais lorsque ces quelques secondes se furent écoulées, ces quelques secondes où tout aurait pu avoir l'air normal, il sentit en lui comme un poids qui lui oppressait la poitrine, serrant son coeur et glaçant ses entrailles, et il préféra détacher son regard de la sorcière au cheveux roux.

A quelques mètres de là, Hermione Granger, inhabituellement élégante et à peu près bien coiffée l'observait avec inquiétude. Lorsqu'elle le vit baisser la tête, abandonnant la tâche de faire silencieusement ses adieux à tous ceux qui comptaient pour lui, elle saisit brusquement la main du garçon à ses côtés et l'entraîna avec elle jusqu'à l'endroit où se trouvait Harry Potter. Celui-ci ne l'entendit pas approcher, perdu dans ses réfléxions. Doucement, elle posa la main sur son épaule et murmura son nom. Il remarqua enfin sa présence et, lisant l'inquiétude dans ses yeux, lui adressa un grand sourire qui ne sembla cependant pas la convaincre tout à fait.

-Tu veux bien nous accompagner ? Lui demanda-t-elle. J'ai quelquechose d'important à vous donner, et j'aimerai trouver un endroit tranquille.

Il aquiesca et suivit son amie qui pénétra à l'intérieur de la maison. Le regard perplexe que lui lança Ron Weasley lui indiqua qu'il en savait apparamment autant que lui sur ce qu'Hermione préparait.

Ils grimpèrent ensemble les escaliers tortueux jusqu'à ce qu'ils arrivent dans la chambre de Ron. Tandis que les deux garçons s'affalaient nonchalemment sur les matelas qui encombraient le plancher, Hermione sortit sa baguette et fit le tour de la pèce en marmonant des formules incompréhensibles.

Les deux garçons échangèrent un regard d'incompréhension et Ron se risqua à poser la question qui leur

brulait les lèvres :

-Hermione, tu fais quoi, exactement, là ?

-Je vérifie qu'il n'y a personne à l'intérieur de la pièce et je jette un sort pour que personne à l'extérieur de la pièce ne puisse nous entendre, répondit-elle le plus naturellement du monde.

-Euh... Hermione...risqua Ron, on est entre nous, on risque rien.

-Oui et c'est pour ça qu'il y a des aurors armés dans tous les coins du jardin, répliqua-t-elle séchement.

Ron se tut, Harry sourit.

Lorsqu'Hermione eut terminé son inspection, elle s'assit par terre entre eux deux. Ses joues étaient roses et elle ne parvenait pas à cacher un petit air satisfait. Quand elle sentit que les garçons ne tiendraient pas plus longtemps avant de manifester leur impatience, elle plongea la main dans une poche de sa jolie robe de soirée en soie mordorée et en sortit de fines chaînes en or. Devant le regard interrogatif de amis, elle se décida enfin à s'expliquer.

-Harry, tu vas bientôt partir pour Goddric's Hollow et commencer ta quête des Horcruxes, et nous allons t'accompagner. Mais nous ne savons pas ce qui peut se passer et il se peut très bien que nous soyons séparés, d'une manière ou d'une autre. Alors j'ai pensé qu'il nous serait utile de savoir...si l'un ou l'autre d'entre nous était en danger...

Elle leur montra les colliers et ils purent voir qu'à chacun était identiquement fixée une petite perle translucide. La seule chose qui les différenciait les uns des autres était la couleur des attaches.

-Chaque perle représente l'un de nous, reprit-elle. Lorsque nous sommes en sécurité, comme en ce moment...

-Alors en ce moment, on est en sécurité ? La coupa Ron. Je croyais que Tu-sais-qui était de retour?

Hermione se troubla légèrement.

-Je...J'ai fait en sorte que le sortilège ne prenne en compte qu'un danger relativement proche.

Harry la regarda avec admiration. Hermione était sans conteste une grande sorcière. Cette dernière reprit son laïus :

-Donc, lorsque nous sommes en sécurité, les billes restent translucides. En revanche, elles deviennent rouges opaques lorsque nous sommes en danger. Et noires quand nous sommes morts.

-Eh bien, c'est gai, grommela Ron. Mais il sourit à Hermione lorsqu'elle se tourna vers lui : « Tu es vraiment très intelligente, Mione, on te l'a déjà dit ? »

Hermione rougit et lui tendit deux chaînes. « Celle avec les attaches bleues me représente. Et celle avec les attaches vertes représente Harry. » Puis elle en donna trois à Harry. « La bleue, c'est la mienne, la jaune est celle de Ron, et... j'ai pensé que tu aimerais savoir... enfin... la rouge est celle de Ginny. » Harry enfila gravement les chaînes autour de son cou, imité par Ron et Hermione.

Le silence se fit pendant que chacun pensait à ce qui allait désormais se passer, une fois que le mariage serait terminé.

Hermione fut la première à se relever et leur lança gaiement : « Bon, vous n'allez pas passer la journée ici ! Allons faire la fête ! »

Harry et Ron se levèrent à leur tour et tentèrent de la rattraper tandis qu'elle dégringolait les escaliers en riant.