Disclaimer : Je crois que tout le monde est déjà au courant, mais puisqu'il faut insister sur cet infime détail... NON, je ne suis pas JKR, et même si je me casse la tête à faire vivre son univers, je ne touche pas un centime sur mes écrits puisque à part mon imagination, rien ne m'appartient (pas même un seul petit brin d'herbe du jardin de Poudlard).
Remerciements : Lupinette, pour ses correc' et ses encouragements ! Merci ma physicienne déjantée adorée !
Chapitre 1 : Un changement décisif
°°°
Le rêve de tout homme n'est-il pas d'avoir le pouvoir de retourner dans le passé afin d'en corriger les erreurs ? Imaginez que ce rêve devienne accessible. Imaginez que ce rêve puisse non seulement se concrétiser, mais en plus, être à portée de vos mains. Pourriez-vous résister à la tentation de retourner quelques mois en arrière, avant que votre femme ne demande le divorce, pour tout recommencer et avoir une chance de la faire changer d'avis ? Pourriez-vous résister à l'envie de revenir quelques heures en arrière afin de sauver le petit chien de votre fille qui est passé malencontreusement sous les roues d'un camion, et d'éviter ainsi de voir tout le malheur s'abattre sur votre enfant, trop vite confronté à la perte d'un être cher ? Seriez-vous assez fort pour ne pas succomber à cette terrible tentation, même si vous saviez parfaitement que les conséquences de cet acte, aussi infime puisse-t-il paraître, pourraient bien être catastrophiques ?
C'est la tentation à laquelle Harry a été confrontée. Celle-là même à laquelle il n'a pu résister.
°°°
Le corps de Dumbledore tombait, lourdement et doucement à la fois, et le temps passait si lentement, si lentement. Les secondes craignaient leur conséquence mortelle, mais la chute n'en était pas moins inéluctable. L'enveloppe corporelle déjà abandonnée de toute âme virevoltait presque, telle un amas de feuilles mortes, et si la catastrophe n'avait pas été aussi imminente, c'en aurait presque été beau. Poétique même. Puis le corps s'écrasa. Les os s'entrechoquèrent et se brisèrent dans un craquement assourdissant. Le corps déjà à terre, la robe du sorcier, quant à elle, volait encore, formant un ballet de voiles. Le tissu finit lui aussi par s'affaisser, recouvrant tel un linceul la dépouille du directeur de Poudlard. Et Harry se réveilla en sursaut, en sueur et en larmes.
Quelques heures après la mort de Dumbledore, il était impossible à Harry de trouver un sommeil correct. Lorsque son corps s'abandonnait enfin au réconfort du sommeil dont il avait faim, son esprit, lui, ne souhaitait qu'une chose : faire revivre à Harry les évènements qu'il était persuadé d'avoir provoqués, encore et encore. Rien ne pouvait apaiser le jeune homme. La mort de Sirius avait elle aussi été terrible, mais il avait alors encore Dumbledore à ses côtés, ultime figure paternelle. A présent, il se sentait seul. L'angoisse de cette solitude l'étouffait, et il ne parvenait pas à trouver de réconfort dans l'amitié de Ron et d'Hermione. Même sa relation avec Ginny lui paraissait bien fade. Et lorsque l'espace de quelques minutes il lui arrivait d'oublier cette peur, c'était la culpabilité qui s'installait dans sa tête, resserrant sa gorge et remplissant son estomac. La sensation d'avoir abandonné son mentor, de l'avoir conduit à une mort prématurée, même si en son for intérieur, il savait parfaitement que les évènements n'étaient en rien de sa faute. La culpabilité s'insinuait telle un serpent dans ses veines, dans ses rêves, dans son cœur qui à chaque battement, lui rappelait à quel point il était monstrueux d'en vouloir à Dumbledore de l'avoir abandonné. Car oui, il lui en voulait. Même si cela lui faisait physiquement mal d'en vouloir à quelqu'un qui lui avait été d'une aide si précieuse, à quelqu'un qui avait été tué de sang-froid par une main lâche. C'était à Rogue qu'il fallait en vouloir. C'était Rogue qui avait trahi tout le monde et avait pointé sa baguette sur Dumbledore. Pourtant, Harry en voulait à Dumbledore de ne pas l'avoir écouté, et d'avoir eu en ce Mangemort une confiance aveugle.
Assis dans un lit de l'infirmerie, toujours haletant, Harry s'efforça de reprendre consistance. Lui arriverait-il jamais d'être heureux à nouveau ? Il n'était même plus sûr de connaître la définition exacte du bonheur. Pourquoi, après tout ce qu'il avait vécu, fallait-il qu'il perde l'homme en qui il avait le plus confiance ? Celui à qui il pouvait tout confier ? Celui qui avait été comme un père, comme un mentor, qui lui avait montré le chemin, qui l'avait consolé de ses doutes et de ses pertes ? Des larmes de fureur brûlaient ses yeux. La peur lui enserrait les entrailles. Il était seul à présent. Seul. L'air commença à avoir du mal à se frayer un chemin dans sa gorge serrée. Seul. Sa respiration devint saccadée, faible et puissante à la fois. Seul. Il haletait. C'est alors que lui vint une idée. Mrs Weasley et Madame Pomfresh qui étaient toutes deux restées à son chevet, discutaient tranquillement dans un coin éloigné du lit de Harry. Celui-ci en profita pour s'extirper sans bruit de son lit, puis sortit de l'infirmerie à pas feutrés. Alors qu'il courrait à présent en direction du bureau de Dumbledore, il ne put s'empêcher de se demander où avait été placée la dépouille de son directeur. A ces pensées se raccrochèrent celles de ne plus jamais le voir. Plus jamais il ne lui parlerait. Tout était fini. Harry serra la mâchoire.
Lorsqu'il arriva devant la porte du bureau de Dumbledore, Harry tendit l'oreille. Il croisait les doigts en espérant que personne n'avait prit place dans le bureau ovale. Aucun bruit. Pas un murmure, pas un chuchotement. Seul la plainte de Fumsek résonnait, dans un chant funeste et magnifique, contre les murs du château qu'il s'apprêtait probablement à quitter. Harry respira profondément, poussa la porte du bureau désert. Son cœur se resserra. Pourtant, c'était le seul moyen. Il devait entrer, c'était le seul endroit dans tout Poudlard où il avait une chance de trouver un retourneur de temps. Il n'aurait qu'à revenir six ou sept heures en arrière, à grimper à la tour d'astronomie, et à intercepter Dumbledore ainsi que son alter ego. Il savait que c'était risqué. Extrêmement risqué. Durant leur troisième année, Hermione et lui avaient été lourdement prévenus des conséquences que pourraient avoir leurs actes. Cependant, le Harry qui avait assisté à l'assassinat de son directeur quelques heures auparavant connaissait les retourneurs de temps, et en avait même utilisé. Il ne serait donc pas plus perturbé à la vue de son alter ego que le Harry qui se trouvait présentement dans le bureau ovale. Le jeune homme entreprit de fouiller dans la pièce, mal à l'aise mais décidé. Au bout d'une dizaine de minutes, il trouva un objet semblable à un retourneur de temps.
Cet objet-là paraissait pourtant légèrement différent. Le petit sablier était bien là, encerclé dans un médaillon. Cependant, tout autour de l'objet se trouvaient des chiffres. Ceux-ci étaient classés deux par deux, et à y regarder de plus près, Harry remarqua qu'ils donnaient la date et l'heure exactes. Harry réfléchit à toute vitesse. Était-il possible qu'il s'agisse d'une toute autre sorte de retourneur de temps, plus performant que celui qu'avait utilisé Hermione en troisième année ? Vraisemblablement, c'était le cas. Il suffisait probablement de rentrer la date et l'heure à laquelle vous vouliez vous rendre pour que le retourneur de temps vous y emmène. Harry se dit alors qu'il serait stupide de ne pas faire meilleur usage d'un tel objet. Il tenait au creux de ses mains le pouvoir d'annuler des horreurs qui avaient injustement été perpétrées. A y réfléchir, c'eût été inhumain de ne pas en profiter pour sauver plus d'une vie.
Harry prit quelques instants de réflexion. Tout cela n'était ni plus ni moins la faute de Rogue. Car c'était bien cette vermine qui, s'il n'avait pas organisé la venue des Mangemorts dans l'enceinte de Poudlard, n'en était pas moins partisan. C'était lui qui avait pointé sa baguette, qui avait regardé Dumbledore droit dans les yeux, le visage déformé par la haine, et qui avait asséné le coup fatal. C'était aussi sa faute si les parents de Harry avaient été tués. Sa faute encore, même indirecte, si Sirius avait perdu la vie, car il avait probablement prit tout le temps nécessaire avant de remettre aux membres de l'Ordre le message de Harry disant que Sirius était prisonnier de Voldemort au ministère. Au final, il n'y avait qu'une conclusion à en tirer : si Rogue n'avait pas été là, tous les gens que Harry avaient perdu seraient tous bel et bien vivants. Plus de peur de l'abandon, plus d'angoisse due à la solitude. Un éclair de compréhension illumina le cerveau de Harry : il n'avait qu'une chose à faire pour que son univers aujourd'hui déstructuré ressemble à nouveau à quelque chose. Mieux, qu'il soit conforme à ses rêves les plus fous. Un seul geste pour retrouver ses parents, son parrain et Dumbledore. Rien n'était plus facile. Il suffisait d'empêcher Rogue d'entendre la fin de la prophétie. Harry se sentit d'un seul coup beaucoup plus léger. Comme si toute la pression qui l'avait rendu si malheureux ces dernières heures s'était soudain libérée, évanouie. Ses lèvres esquissèrent même un sourire. Comment se faisait-il que personne n'ait jamais pensé à faire cela ? C'était si simple.
°°°
Harry s'enferma dans les toilettes de Mimi Geignarde. Il s'imagina que personne ne se tiendrait en ces lieux lorsqu'il apparaîtrait le jour où Rogue avait signé l'arrêt de mort de ses parents. Fébrile d'impatience, le jeune homme régla la date exact sur le retourneur de temps, ses doigts agités par des tremblements. Il se rappelait la date à laquelle le professeur Trelawney avait prononcé la prophétie, mais n'en connaissait pas l'heure. Il décida d'apparaître à midi au château, cela lui laisserait probablement suffisamment de temps pour se rendre à la Tête de Sanglier avant Rogue. Il régla donc l'heure sur le précieux objet, réalisateur de rêve. Il prit tout de même quelques secondes afin de vérifier les données, passa le collier autour de son cou, puis ferma les yeux et fit tourner le petit sablier sur lui-même. Il ne se passa rien au premier tour. Ni au second. Au troisième cependant, Harry sentit son corps partir en arrière, avec la sensation de s'envoler. Un ballet de couleurs défila devant ses yeux. L'air vint à lui manquer. Soudain, il sentit à nouveau le sol sous ses pieds. Harry souffla bruyamment de soulagement. Il lui fallut quelques temps afin de reprendre ses esprits. Il s'adossa à la cloison des toilettes, et resserra sa main sur le retourneur de temps. L'objet était bouillant, mais il était bien là, encerclé par la main transpirante du jeune homme. Ce dernier sortit des toilettes, et espéra de tout son cœur que tout s'était correctement déroulé.
Des éclats de rire résonnèrent, signe que Harry n'était en tout cas pas en pleine nuit. Il restait à savoir s'il était bien à la bonne époque. Le Gryffondor ouvrit la porte qui donnait sur le couloir, des dizaines d'élèves descendaient les escaliers, se préparant à aller prendre leur repas. Harry descendit avec eux. Certains le dévisagèrent. Sans doute se demandaient-ils pourquoi ils n'avaient jamais vu ce garçon auparavant. Heureusement, Harry, qui avait été couché de force par Madame Pomfresh, n'avait pas prit le temps de retirer ses vêtements. Il s'imagina, déambulant dans les couloirs, vêtu d'une robe de chambre, et ne put réprimer un petit rire. C'est alors qu'une idée lumineuse traversa son esprit. Il était là, à une époque où ses parents étaient encore en vie, à une époque où tous deux voyaient encore en Pettigrow un allié.
Harry ne fit ni une ni deux. Il changea de direction et se rendit au pas de course à la volière. Sur le chemin, il arrêta une élève de Serdaigle au regard ahuri et lui emprunta une plume et un morceau de parchemin sur lequel il écrit à la hâte :
« James,
Vous ne me connaissez pas, mais moi je vous connais. Je connais également les personnes qui vous entourent. Vous ne me croiriez pas si je vous disais comment, et vous me prendriez probablement pour un fou. Cependant, j'ai un conseil à vous donner, qu'il vous faudra absolument suivre. Ne croyez rien de ce que vous dira Peter Pettigrow. Il est un agent double, et il n'hésitera pas à vous trahir. Si vous ne me croyez pas, regardez son bras, il y demeure sans aucun doute la marque des Ténèbres. Je vous supplie de bien vouloir me faire confiance, il en va de votre vie, ainsi que de celle de votre femme. »
Harry ne prit pas le temps de se relire. Il plia le parchemin, le referma rapidement et nota au dos le nom de ses parents. Une fois à la volière, il emprunta l'un des hiboux du château, puis lui demanda de bien vouloir porter une grande attention à la lettre. Il espéra que le hibou trouverait l'adresse de lui-même. Harry se sentit un peu plus léger. Même s'il ne parvenait pas à empêcher Rogue d'entendre la prophétie, ses parents sauraient au moins en qui ils ne devaient pas avoir confiance.
Harry redescendit les escaliers sans fin de Poudlard. Il observait les élèves et se demandait ce que cela avait de différent d'être élève à cette époque. Il se rendit compte que leurs uniformes étaient légèrement différents du sien. Il décida qu'emprunter l'un des passages secret du château serait moins risqué que d'essayer d'en sortir par l'entrée principale. Il aurait été stupide de se faire remarquer et de ne pouvoir mener à bien son objectif. De plus, le concierge confisquerait probablement le retourneur de temps, et ce n'était pas vraiment la meilleure chose qui puisse arriver.
Il fit bouger la statue qui bouchait le passage secret menant à Pré-au-Lard, puis marcha, marcha, marcha. Le dos cabré, la tête penchée vers le sol, le chemin ne lui avait jamais parut aussi long. Il arriva finalement au bout du tunnel, et après l'ascension de quelques escaliers, se retrouva derrière le comptoir de la confiserie Honeydukes. L'excitation et l'appréhension lui coupant toute envie de manger, Harry ne tendit même pas la main vers le pot de Dragées surprises. Son esprit était entièrement concentré sur la marche qu'il devait suivre. Il sortit du magasin, surprit que personne ne l'ait vu, puis avança mécaniquement jusqu'à la Tête de Sanglier. Comme il regrettait de ne pas avoir emmené sa cape d'invisibilité ! Personne ne le connaissait bien sûr, son alter ego n'était même pas né. Cependant, il se serait bien passé de devoir rester devant le bar, sans rien faire, à attendre que le futur assassin de Dumbledore fasse son apparition.
Une fois posté à l'entrée du bar, Harry se sentit l'air d'un parfait idiot. Il ne pouvait pas entrer, car sans argent, il ne pourrait rien consommer. Il ne pouvait pas faire semblant d'être absorbé par la lecture d'un livre car il n'en avait pas. Alors il se contenta d'attendre. Les minutes passèrent comme des heures. A quatre heures de l'après-midi, Harry crut bien qu'il allait finir par mourir d'impatience. A cinq heures, il crut que son cœur avait bel et bien cessé de fonctionner par dépit. A six heures, une passante qui le prit pour un mendiant lui glissa une pièce. Harry la remercia infiniment, probablement autant que s'il avait réellement été un mendiant. Enfin il pourrait ne serait-ce que s'asseoir ailleurs que dans la rue. Il pénétra dans le bar mal famé. La Tête de Sanglier de cette époque n'avait cependant rien du bar délabré qu'il était devenu presque vingt ans plus tard. Le tenancier avait l'air tout à fait correct, voire même très agréable. Souriant, nullement avare de paroles, il accueillit Harry à bras ouverts. Il lui servit une Bièraubeurre, et demanda à Harry :
- Vous m'avez l'air bien fatigué jeune homme. Mauvaise journée ?
Harry sourit. Mauvaise journée, c'était un euphémisme.
- J'attends quelqu'un, et voilà maintenant plusieurs heures que j'attends dehors. Heureusement, une passante m'a gentiment offert ces quelques mornilles, ce qui me permet d'attendre à l'intérieur.
- Vous attendez quelqu'un depuis plusieurs heures ? Quel genre de personne peut-on attendre avec tant de patience ?
- C'est-à-dire… C'est un rendez-vous non planifié.
Le barman haussa un sourcil. « Un rendez-vous non planifié ». Harry avait pour lui le fait de n'avoir que très peu dormi en un nombre incalculable d'heures, et qu'il avait vécu des évènements terribles, mais tout de même. Fort heureusement, le tenancier ne répliqua pas. Il se contenta de dire :
- Vous auriez pu entrer dans le bar bien avant. A dire vrai, si je vous avais vu patienter tant d'heures, je vous aurais même probablement offert une consommation.
Harry n'eût même pas la force d'être exaspéré par cette remarque. Il se contenta de sourire au barman, qui sembla satisfait. La porte du bar s'ouvrit alors, et Harry put voir Dumbledore entrer, avec toute cette élégance qu'il réussissait en toutes occasions à faire émaner de lui. Harry faillit pleurer à cette vision. Dumbledore était là, bien vivant, et il ne connaissait même pas le jeune homme accoudé au bar qui plus tard, serait l'élève à qui il porterait le plus d'affection. Celui qu'il protègerait comme un père. Dumbledore s'approcha du bar et attendit que le tenancier vienne le renseigner. Harry ne put s'empêcher de le dévisager, et le directeur de Poudlard s'en rendit compte.
- Jeune homme, puis-je savoir ce que vous faites en-dehors de mon école à cette heure tardive ?
Harry resta bouche bée, et se dit qu'il devait avoir l'air bien bête. Il ne pouvait rien répondre, ses lèvres refusaient de bouger et sa voix semblait perdue à jamais au fond de sa gorge. Il se rappela alors qu'il portait un uniforme de Poudlard. Dumbledore observa le Harry qui lui était étranger en plissant légèrement les yeux.
- Quel est votre nom ?
- Liam Shepard, inventa Harry, avec tant de facilité que c'en était consternant.
- Tiens, j'aurais juré que vous étiez un Potter. Vous ressemblez étrangement à l'un de mes anciens élèves. Remarquez, si j'avais eu un autre membre de sa famille dans mon école, je m'en serais bien entendu aperçu. Je vous prie de m'excuser Mr Shepard.
- Ce n'est rien, bafouilla Harry, hébété par la révélation de Dumbledore.
Le barman approcha, et Dumbledore lui demanda dans quelle chambre se trouvait Mrs Trelawney, avec qui il avait un rendez-vous professionnel. Harry suivit des yeux son professeur qui sans le savoir, était sur le point d'assister à l'une des rares réelles transes du futur professeur de divination. Il savait qu'à présent, il devait à tous prix rester sur le qui-vive.
Harry sirota sa Bièraubeurre, tout en feuilletant distraitement un numéro de la Gazette du Sorcier abandonné sur une chaise. Le barman lui offrit une deuxième boisson gracieusement, s'étonnant de voir un jeune garçon de seize ans doté d'une telle patience. Il semblait également trouver l'invité très impoli d'oser arriver avec un tel retard. Harry lui raconta un tas de sornettes sur cet invité fictif. Il mentait avec tant de facilité qu'il aurait pu tenir toute la nuit à expliquer les déboires de son faux ami. C'est alors qu'en plein milieu de la conversation, Harry entendit un murmure dans son oreille. Cette voix était très loin de lui être inconnue. C'était celle-là même qu'il cherchait, celle qu'il détestait à un point inimaginable, celle qui avait prononcé les mots fatals quelques heures auparavant.
- La chambre de Trelawney, exigea-t-il dans un chuchotement.
Le barman le renseigna, ne cachant pas qu'il trouvait ce personnage extrêmement grossier. Harry observa Rogue qui allait dans quelques secondes entreprendre de monter les escaliers. C'était maintenant qu'il fallait agir. Une seconde pouvait déterminer la réussite ou l'échec de son projet. Il se concentra avec une force inimaginable pour un jeune homme qui avait si peu dormi et vécu tant de catastrophes à seulement quelques heures de cela. Il attrapa sa baguette qui l'attendait sagement et fidèlement au fond de sa poche, puis, la dirigeant vers Rogue, prononça dans sa tête : « Stupéfix ».
Rogue tomba à la renverse, comme enserré par une kyrielle de fils invisibles. Harry était aux anges, son sortilège avait fonctionné ! Et tant qu'il ne prononcerait pas le contre-sort, Rogue serait à sa merci. Comme il était sagement assis au bar et que personne ne l'avait entendu formuler quoi que ce soit, les chances que quelqu'un comprenne le soudain état léthargique de Rogue étaient minces. Harry exaltait. Le spectacle de sa victime assouvie était jubilatoire. Après tout ce que cet être répugnant lui avait fait subir, ce n'était que justice. Les humiliations que Harry avait subies, les horribles insinuations sur l'arrogance de son père, les retraits de points et punitions injustifiés… Enfin Rogue payait ce qu'il n'avait pas encore fait. Et cette infâme trahison. Si Harry avait eu plus de cran, il l'aurait tué, comme cette pâle copie d'être humain avait donné la mort à Dumbledore. Il ne méritait rien de plus. Ce n'était qu'un sale traître, d'une lâcheté repoussante. Son physique reflétait à la perfection ce qu'il était. Immonde, dégoûtant de jalousie, débordant de rancœur ridicule. Mais sous les yeux ravis de Harry, il était réduit à si peu. Presque à néant, car Harry pouvait le maintenir de la sorte aussi longtemps qu'il le voulait. Et s'il n'avait pas vu Dumbledore redescendre, l'air satisfait, il l'aurait peut-être gardé sous son contrôle bien plus longtemps. Mais le bien était fait à présent, et Harry sentait un épuisement s'emparer de lui soudainement. Les quelques heures qu'il avait dormi à l'infirmerie paraissaient bien loin et bien vaines. Avec un sentiment euphorisant d'accomplissement, Harry sortit de la Tête de Sanglier, s'abrita des regards dans une ruelle, puis demanda à son retourneur de temps de le renvoyer à son époque.
Cette fois, Harry eut l'impression d'être attiré inexorablement vers l'avant. Le défilé de couleurs était toujours là, et lorsque le sol réapparut sous ses pieds, il se sentit incroyablement bien. Rassuré. Mais épuisé. L'idée de devoir remonter jusqu'à Poudlard, puis jusqu'à son dortoir lui paraissait impossible. Seul dans la ruelle, Harry leva les yeux vers la tour d'astronomie. Le ciel étoilé, la nuit silencieuse, l'étendue enivrante de la voie lactée, voilà tout ce qu'il pouvait voir. Dire que cette vision l'avait rendu heureux aurait été un bien faible mot. Un ciel vierge de toute Marque des Ténèbres était pour le jeune homme le signe de sa réussite. Lorsqu'il rentrerait au château, Dumbledore serait dans son bureau, à dormir paisiblement. Et ses parents devaient être en vie, quelque part en Angleterre, fiers de leur fils. Sirius, quant à lui, n'avait peut-être même pas connu la prison. C'était trop beau pour être vrai.
Le chemin du retour lui parut d'une longueur atroce. Harry remonta à l'aveuglette jusque dans son dortoir, s'écroula sur son lit, et s'endormit aussitôt.
°°°
Le lendemain, il ne se réveilla pas pour le petit-déjeuner. La fatigue avait eu raison de son corps. Il n'ouvrit l'œil que lorsque Ron le secoua en lui demandant pourquoi il dormait tant, et lui dit qu'il l'attendrait dans la Grande Salle pour le déjeuner. Fort heureusement, c'était le week-end. Harry se leva en baillant d'euphorie, puis descendit dans la Grande Salle. Lorsqu'il entra, il crut apercevoir une table d'élèves en plus. La fatigue avait dû être sacrément harassante pour que sa vision lui joue encore des tours après tant de repos. Il vit Hermione, assise seule au milieu de l'immense table. Un peu plus loin, sur le même banc, Seamus discutait avec une jeune fille que Harry ne connaissait pas. Harry avança vers sa meilleure amie, effrayé et excité.
Harry prit place en face d'Hermione, impatient d'en savoir un peu plus sur les changements que ses actes avaient provoqués.
- Salut, dit-il avec un sourire.
Hermione leva les yeux du journal et dévisagea Harry. Son regard était à la fois interloqué et furieux. Harry pensa que la Gazette avait probablement encore fait des siennes. Mais ce n'était pas après les journalistes qu'Hermione en avait.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? lui demanda-t-elle d'un ton furieux.
Il n'était pas rare qu'Hermione fasse la tête à Harry ou à Ron, mais cela n'avait jamais été au point qu'elle leur parle sur ce ton sans aucune raison apparente. D'autant que tout ce que Harry lui avait dit se résumait à de la simple politesse. Cependant, le visage d'Hermione commençait à s'empourprer de colère. Elle ne cessait de lancer des regards furtifs autour d'elle, comme si elle voulait à tout prix éviter de se faire remarquer.
- Si tu veux m'attirer des ennuis, tu t'es adressé à la mauvaise personne, dit-elle dans un murmure menaçant.
- Quoi ? demanda un Harry hébété par les paroles de son amie.
- Retourne à ta table avant que l'on nous remarque.
Harry ne comprenait rien. Il dévisageait Hermione d'une façon qui n'était probablement pas très polie, mais il ne pouvait se résoudre à changer d'expression. Pourquoi lui parlait-elle de cette manière ? Si agressive et lointaine. Harry ne bougea pas, trop interloqué pour esquisser le moindre mouvement.
- Retourne à ta table tout de suite, tu m'entends ?
Oui, il l'entendait. Hélas, il aurait encore préféré être sourd. C'est alors qu'il entendit la voix de Ron l'interpeller :
- Harry ! Qu'est-ce que tu fais ? Viens ici, dépêche-toi !
Harry leva la tête vers son meilleur ami. Lui au moins n'avait pas changé. Mais pourquoi Hermione n'était-elle même pas assise à la table des Gryffondor ? Harry se leva lentement, sous le regard accusateur de la jeune fille. Il sentit ses jambes le mener à Ron. Harry regarda tout autour de lui, et il se rendit compte que ses yeux ne lui avaient pas joué des tours, il y avait bel et bien une table en plus au milieu de celles des élèves. La tête du jeune homme commença à tourner. Qu'avait-il fait ? Qu'avait-il changé ? Sa vision se troubla. La Grande Salle parut s'agrandir, puis se rétrécir. Les murs tanguaient, le sol devenait de moins en moins ferme. Était-ce possible qu'il ait commis une erreur ? Pourtant, tout avait correctement fonctionné… Les jambes flageolantes, Harry les sentit se dérober sous son poids. Il tomba sur les genoux d'étourdissement, mais reprit consistance et se releva presque aussitôt. Ses camarades commencèrent à le dévisager, mais peu lui importait. Il ne comprenait rien à rien. Il finit par atteindre la table de Ron, puis s'assit tel un zombie entre lui et sa sœur. Il n'embrassa pas Ginny, de peur que celle-ci lui offre le même genre de réaction que celle d'Hermione. Après tout, il ne savait pas s'ils sortaient ensembles dans cette nouvelle dimension.
- Tu ne m'embrasses pas ? dit une voix féminine.
Harry fût infiniment soulagé. Ginny n'avait pas changé non plus, et ils étaient bel et bien ensemble. Mais lorsqu'il leva les yeux sur elle, il se rendit compte que la jeune fille n'avait d'yeux que pour Dean, de qui elle tenait la main. Vision cauchemardesque. Pourtant, il avait bien entendu ces mots, ce n'était en rien un mirage auditif dû à la fatigue. Et ils lui étaient bel et bien adressés.
- A l'heure où tu te lèves, tu n'es même pas encore bien réveillé ? lança la même voix féminine, d'un air amusé.
Harry tourna la tête et vit qu'en face de lui était assise une très jolie jeune femme qu'il ne connaissait pas. Elle avait des cheveux aussi noirs que ses yeux étaient bleus, portait bon nombre de boucles d'oreille, et sa cravate aux couleurs de Gryffondor était négligemment desserrée. Elle regardait Harry d'un air ahuri, puis finit par se pencher vers lui pour l'embrasser. Le jeune homme ne put s'empêcher de se mordre les lèvres. Ce n'était pas comme s'il se retrouvait avec Parvati ou Lavande comme petite amie, cette jeune fille là lui était totalement inconnue. Et pourtant, elle portait l'uniforme de Gryffondor. C'était à n'y rien comprendre.
Maintenant que Harry avait la tête bien posée, il aurait donné n'importe quoi pour revenir en arrière. Il avait une peur extrême des autres changements qu'il allait forcément découvrir. Le fait de se retrouver avec une jeune femme qu'il ne connaissait pas, la cinquième table dressée au milieu des autres, tout cela n'annonçait rien de bon. Il ne crut pas si bien dire.
Lorsqu'il leva les yeux vers la table des professeurs, il faillit vomir. Rogue était là, et non content d'être à Poudlard, il y avait même prit la place de directeur. Harry en eut le souffle coupé. Ce n'était pas possible, c'était un cauchemar !
- Qu'est-ce que Rogue fait là ? demanda-t-il en s'étranglant de stupeur.
- Je sais que c'est toujours dur à accepter, mais ça fait cinq ans qu'il occupe cette place Harry. Tu pourrais au moins faire semblant de t'y être habitué !
Cinq ans ? Comment cela cinq ans ? D'où sortaient ces cinq ans ? Harry avait pourtant bien empêché Rogue d'entendre la prophétie, Dumbledore devrait être là. Et si ce n'était pas le cas, c'était le professeur McGonagall qui aurait dû prendre sa place.
- Où est Dumbledore ?
- Comment veux-tu qu'on le sache, répondit celle qui semblait avoir prit la place de Ginny dans le cœur de Harry. Et tu ferais bien de parler un peu plus doucement.
- Il est vivant, n'est-ce pas ?
- Tu te sens bien Harry ? demanda Ron, l'air sincèrement inquiet.
- Pas vraiment. Est-ce qu'il est vivant ?
- Bien sûr que oui !
- Mais alors, pourquoi n'est-il pas là ?
- Mais parce qu'il a délégué son poste à Rogue avant que Tu-Sais-Qui ne s'en empare ! Tu sais bien que c'était la seule solution pour que la situation n'empire pas trop. Remarque, quand on voit comment nous sommes traités, je ne sais pas si cela aurait fait une grande différence.
L'estomac de Harry se souleva. Il retint de justesse un spasme, mais sa tête se remit à tourner. Cette situation était cauchemardesque. Il était forcément endormi, ce n'était pas possible autrement. Il ferma les yeux, espérant que lorsqu'il les ouvrirait à nouveau, le monde serait un peu moins fou. Cela ne marcha évidemment pas. La jeune fille aux cheveux bruns était toujours là, l'air de s'inquiéter pour sa santé mentale. Et la cinquième table à laquelle Hermione mangeait seule, plongée dans son journal, était elle aussi encore là. Et Harry remarqua quelque chose qui était pour le moins interloquant : le blason de l'uniforme d'Hermione n'avait rien à voir avec celui de Gryffondor. De loin, Harry pu distinguer que chaque élève de la cinquième table portaient tous les couleurs noire et verte. L'on pouvait également distinguer un grand « V », entrelacé dans des dessins compliqués. Harry prétexta d'avoir oublié quelque chose dans la salle commune pour pouvoir quitter la table, sachant pertinemment que personne n'avait cru à son excuse.
°°°
Harry monta les escaliers qui menaient à la salle commune quatre à quatre. Une fois arrivé devant le portrait de la grosse dame, il se rendit compte qu'il ne connaissait pas le mot de passe. Il attendit donc, espérant qu'un Gryffondor allait bientôt arriver. Ce fût Neville qui apparut, flatté que Harry lui demande un service. Il aurait bien posé toutes ses questions à son ami, il mourrait littéralement d'envie de connaître les dégâts qu'il avait causé par son incroyable égoïsme. Cependant, il ne pouvait pas se permettre de passer pour un fou furieux, même aux yeux de Neville qui le tenait en si haute estime qu'il aurait fait n'importe quoi pour lui. Ou du moins, tel était le cas dans le monde que Harry avait quitté quelques heures plus tôt.
Une fois dans la salle commune, Harry chercha du regard chaque petit détail qui pourrait le renseigner sur ce qui avait changé. C'est alors qu'il vit un parchemin d'une taille impressionnante sur un mur. Harry s'approcha et lu :
« Règlement intérieur de l'école de sorcellerie de Poudlard :
1 - Le couvre-feu interdit aux élèves de sortir de leurs dortoirs après 8h00 du soir.
2 - Aucun élève n'a le droit de posséder un vêtement ou un accessoire typiquement moldu.
3 - Aucun élève n'a le droit de posséder ni de consulter un ouvrage contestataire.
4 - Toutes discussions d'ordre politique sont formellement interdites.
5 - Aucun élève des maisons Serpentard, Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle n'a le droit d'entretenir un quelconque rapport avec un élève de la 5ème maison.
6 - Il est formellement interdit aux élèves de la 5ème maison d'entrer en communication avec les élèves des autres maisons.
7 - Les rapports entre élèves et professeurs ne doivent se limiter qu'aux heures et aux contenus des cours. Les rencontres et cours privés sont formellement interdits. (…) »
Et la liste des interdictions continuait ainsi sur plus d'un mètre cinquante de parchemin. Poudlard était bel et bien entre les mains d'un dictateur. Harry s'affala sur le fauteuil le plus proche. Il ne pouvait en croire ses yeux. Cependant, il comprenait à présent d'où venait cette table en trop dans la Grande Salle. Une cinquième maison avait été créée, et d'après ce que pouvait en déduire Harry, elle rassemblait en son sein les sorciers de sang-mêlé. Cela expliquerait en tout cas la présence d'Hermione et de Seamus à cette fameuse table. Quant au règlement, il expliquait également la réaction d'Hermione face à l'approche pourtant inoffensive de Harry. D'après le parchemin, le droit de parole entre les élèves était un vrai privilège, à fortiori avec les élèves de la 5ème maison. Le Gryffondor ne parvint cependant pas à comprendre pourquoi une cinquième maison avait été créée. Le but de Voldemort n'était-il pas entre autre d'évincer les sorciers de sang-mêlé du monde de la sorcellerie ?
La jeune fille aux cheveux noirs fit alors son entrée dans la salle commune presque déserte. Elle s'approcha de Harry, puis passa ses bras autour de lui.
- Ça va mieux ? lui demanda-t-elle.
- Euh… Sincèrement, je ne sais pas.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu es malade ? Tu n'as pas l'air d'avoir de la fièvre, ajouta-t-elle en plaquant sa main fortement baguée sur le front de Harry.
Harry ne put s'empêcher de repousser gentiment la jeune femme. Celle-ci ne s'en offusqua pas.
- Tu as l'air perdu, dit-elle alors que Harry enfonçait sa tête dans le dossier du fauteuil.
- Je le suis. Et pas qu'un peu.
- De quoi tu parles.
- Ne fais pas attention.
- Pourquoi es-tu allé t'asseoir en face de cette fille, tout à l'heure ?
- Hermione ?
- Peut-être. Je ne sais pas, je ne connais pas son nom. Comment se fait-il que tu la connaisses ?
- C'est… compliqué.
- Ah.
La jeune fille n'insista pas. Harry comprit alors pourquoi son alter ego en avait fait sa petite amie. Ses cheveux noirs qui contrastaient avec le bleu clair de ses yeux la rendaient incroyablement séduisante. Elle avait l'air rebelle, ce qui au vu des fortes restrictions, ne devait pas être aisé à afficher. De plus, elle semblait se résigner à ne pas demander des tonnes d'explications aux paroles pourtant décousues de Harry. Ce dernier aurait tout de même aimé connaître son nom. Il eut l'idée de lui demander l'un de ses livres de cours, elle y aurait sans doute noté quelques renseignements. Elle lui apporta son livre d'astronomie. Harry put alors lire : « Ce livre appartient à : Jessie Black ». Était-ce possible qu'elle soit…
- Jessie… Black ?
- Bravo, au bout de six ans tu auras enfin réussi à retenir mon nom !
- Mais… Black, c'est le nom de…
- Oui, bon, dit-elle vivement. Je sais qu'il n'y a pas de quoi être fière d'appartenir à cette branche d'imbéciles, mais tout de même. Et puis, il y a quelques membres qui ont su se démarquer. Mon père par exemple ! Qui est aussi accessoirement, ton parrain. Grâce à lui, j'ai même échappé à l'inéluctable prénom astral, du style Antarès. Donc, même si je t'accorde que le nom de Black n'est pas synonyme de bonté, il n'est pas non plus uniquement symbole de partisans de notre cher tyran.
Harry crut bien qu'il allait pleurer de joie. Dans ce revirement de situation catastrophique, il y avait au moins quelque chose de positif. Dumbledore et Sirius étaient bien vivants. Mieux, Sirius était même marié ! Ou en tout cas, l'avait été. Harry embrassa la fille de ce dernier de soulagement. Restait à savoir si ses parents à lui étaient en vie.
- Je dois écrire à mes parents, tenta-t-il, espérant faire réagir Jessie.
- Effectivement, tu es vraiment perdu.
« Oh non » pensa Harry. Si elle répondait ça, cela voulait forcément dire que malgré tout, James et Lily n'avaient pas survécu. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, Harry en ressentit un intense soulagement. Retrouver des parents vivants avec qui il était sensé avoir partagé des souvenirs heureux alors qu'ils étaient dans une autre vie le synonyme pour Harry de tristesse était difficile à gérer. Bien sûr, il avait fait tout cela pour les avoir auprès de lui, mais maintenant qu'il était aussi près du but, cela lui avait inspiré une grande crainte. Ses parents auraient-ils été à la hauteur de ses espérances ? Mais Jessie n'avait pas fini sa phrase.
- Non seulement il est interdit de correspondre avec ses parents pour n'importe quel élève de Poudlard, mais imagine pour nous ! Nous sommes les enfants de ceux qui agissent tous les jours contre le système de Voldemort, tu imagines à quel point nous sommes sous haute surveillance. De plus, si nous envoyions un hibou, il y a fort à parier qu'il serait suivi jusqu'au QG de l'Ordre.
Harry resta silencieux. Jessie interpréta ce silence comme l'expression d'une déception.
- Pour moi aussi c'est dur tu sais. Bientôt six ans sans avoir vu nos parents, sans même en avoir eu de nouvelles, c'est extrêmement long. Je suis sûre qu'ils ont tous dû énormément changer. Mais dans un an, tu sera enfin libre.
Ce qui signifiait deux choses : les parents de Harry étaient en vie, et les élèves n'avaient apparemment même pas le droit de rentrer chez eux pour les vacances. En tout cas, pas ceux dont les parents étaient clairement impliqués dans des actions anti-Voldemort. Harry se demanda comment il était possible pour eux d'être encore à Poudlard, sous ce régime totalitaire, tout en ayant des parents contestataires. Peut-être Dumbledore parvenait-il encore à avoir de l'influence sur ce qui se passait au château à distance. Cela aurait étonné Harry, qui se souvenait du régime d'Ombrage qui avait plongé Poudlard dans un chaos total. Pourtant, à cette époque là, Dumbledore était dans le même genre de situation, sauf que ce n'était pas de Voldemort qu'il se cachait, mais du ministère de la magie. Ironiquement, c'était la situation dans laquelle Harry se trouvait à présent qui paraissait la plus logique.
Quelque chose clochait tout de même. Si ses parents étaient vivants, que Sirius était vivant, que Dumbledore était vivant, alors pourquoi Voldemort avait-il autant de pouvoir ? Tout à coup, la réponse apparut à Harry. Quel idiot, comment avait-il pu ne pas y penser ? Comment avait-il pu laisser passer son égoïsme et son envie de revoir ceux qu'il aimait vivants au point de ne pas voir l'énorme point noir de son plan ? Il était évident que si Rogue n'avait pas entendu la prophétie, Voldemort n'avait pas cherché à détruire Harry, et n'avait donc pas été touché et anéanti par son propre sort !
Vous voilà arrivé à la fin du premier chapitre. J'espère que vous ne vous êtes pas ennuyé tout de long, mais si vous lisez ces quelques lignes, c'est déjà bon signe ! Si vous avez le courage, une petite review ne serait pas de refus, et si vous n'avez pas de compte FF, laissez-moi votre adresse mail que je puisse vous répondre !
