Rating: NC-17 / M / 18+

Disclaimer: les personnages de Numb3rs ne m'appartiennent pas et, miracles de la mémoire, je crois me rappeler qu'ils sont aux frères Scott ou un truc comme ça...

Notes de moi: the last chapter, the last goodbye... Je suis un peu tristounette de terminer cette histoire, mais ça doit sûrement venir de la musique que j'écoute en même temps.. Un vrai truc pour dépressifs.
Ne m'en veuillez pas d'avoir mis si longtemps à apposer une fin à cette fanfic, mais j'au eu beaucoup de travail, peu d'inspiration durant une période, et puis... je cherchais une fin humaine à tout ça.
Enfin voilà...

Alors, une dernière fois, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter... une bonne lecture !


Megan raccrocha son téléphone et contempla la bibliothèque qui l'entourait.
« Ca va ? Tu as l'air absente.
- Don revient demain.
- Ca y est ? Heureusement. Charlie commençait vraiment à se sentir seul.
La jeune femme se tourna vers Larry, étonnée. Le physicien eut un sourire.
- Ne prend pas cet air surpris. Je sais ce qu'il y a entre eux, depuis un moment déjà.
- Tu... ?
- Charlie est mon ami, depuis longtemps déjà. Quand je discutais de particules inséparables, je savais de quoi je parlais.
- Don revient. Ca y est... Il est père.
Son compagnon hocha la tête, placide.
- La boucle est bouclée.
Il prit la main de Megan et l'attira à lui.
- Ma chérie... Tu as le droit de dire non à ma proposition si tu le désires.
- Vivre avec toi, chez toi...
- Si c'est le lieu qui te poses problème, on peut déménager.
- Non, tu aimes cette maison démesurée.
- Je t'aime aussi, bien davantage qu'elle.
- J'ai toujours rêvé de démesure, sans jamais l'oser. Maintenant j'ai envie de m'amuser. »

o0o0o0o0o0o

Seul dans son paisible appartement, Alan lisait le journal, installé au salon, en toute tranquillité.
En réalité il était tremblant, pétri de doutes.
Aussi lorsque la sonnette vibra, il se sentit presque soulagé. Un mot, un seul, et son fils entra, presque timidement, et le rejoignit, les lèvres serrées. Ses vieux yeux de patriarche se levèrent en direction de son aîné.
« Bonjour papa.
- Bonjour fiston.
Embarrassé, Don restait debout. Son père ne le quittait pas du regard, et chacun sentit peser sur ses épaules, toute la souffrance de l'autre.
- Charlie t'a tout raconté.
- Plus ou moins. Il paraît que vous en avez fait de belles. »
Difficile de savoir de quoi sa voix était faite. De regrets ? De déception ? C'était impossible à déterminer. Le jeune homme finit par s'asseoir en face de lui. Alan savait qu'il attendait de lui LA parole, LA phrase, condamnatoire ou salvatrice, mais qui ferait avancer les choses.
« Vous vous êtes substitués à toutes les lois. Qu'est-ce que qui vous donnait le droit de faire ça ?
- Je n'ai attendu de permission de personne. Quant à Charlie, il m'a sauvé la vie. Il s'est compromis pour moi.
- Qu'est-ce que tu es venu chercher ? Un pardon ?
- Je veux savoir si je suis toujours ton fils.
- Si je prétendais le contraire, je serais un père indigne. La filiation c'est pour toujours, que ça plaise ou que ça ne plaise plus.
- Quels sont tes sentiments face à moi ?
- Je t'aime toujours, je te fais toujours confiance. Si demain, quelqu'un du F.B.I. venait m'annoncer ta mort, je serais effondré. Mais je t'en veux.
- Je t'ai déçu, je sais.
- Rien, rien de ce que ta mère et moi t'avons enseigné n'aurait jamais pu calmer ta souffrance. Aucune punition divine, aucune condamnation tacite ne suffit dans ce genre de cas. Je t'en veux d'être un assassin, parce que c'est ce qu'on m'a appris à faire. Je t'en veux, mais je comprends. Ca passera sans doute un jour. Laisse du temps au temps... »

o0o0o0o0o0o

« Laisse du temps au temps. »
Le temps, ce n'était pas ça qui lui manquerait désormais.
Don fut réveillé par son amie qui l'appelait depuis la terrasse. Ébloui par la lumière du soleil, il mit sa main en visière pour se protéger. La jeune femme sortit pour le rejoindre.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il y a que le petit ange s'est réveillé, et qu'il te réclamait, fit-elle en souriant à Joseph, qu'elle portait dans ses bras.
- C'est vrai ? Viens là mon bonhomme.
Il prit son garçon sur ses genoux.
- Tu as bien dormi, c'est vrai ?
- Oui, comme toi.
- Les hommes de la familles Eppes sont de vraies marmottes, plaisanta Megan.
- Désolé de m'être assoupi; je ne voulais pas t'obliger à rester.
- Aucune importance. Après le coup de main que tu m'as donné pour mon déménagement, c'était la moindre des choses. Et puis ce petit bout d'homme est un vrai trésor à surveiller. »
Une porte claqua de l'autre côté de la maison.
« Charlie ? C'est toi ?
- Et qui veux-tu que ce soit ? Répondit son frère depuis l'entrée. Tu attendais quelqu'un d'autre ? Ajouta-t-il, histoire de plaisanter.
- Non, mais j'aurais bien besoin d'un oncle patient pendant deux petites heures. Megan repart chez elle, et moi j'ai un rendez-vous.
- Et dire que je voulais bosser les matrices ce soir, râla le cadet.
- Je te promets que je n'en aie pas pour longtemps. Deux heures et demi, trois tout au plus. Et ce soir c'est moi qui fait la cuisine.
Charlie soupira, jeta un coup d'oeil à leur amie qui se retenait à grand-peine de rire, et déclara forfait.
- D'accord, trois heures. Passé ce délai, je déménage.
- T'es un ange, merci ! S'exclama Don.
- Je sais. Ca me perd à chaque fois.
Vaincu, il regarda son aîné disparaître dans la maison.
- Est-ce que tu crois qu'un jour j'arriverai à ne plus me faire avoir ?
- Ne t'inquiètes pas, répondit Megan en posant une main consolatrice sur son épaule. Il est papa: maintenant c'est lui qui va toujours se faire avoir. »

En fait il avait menti.
Il n'avait aucun rendez-vous.
Enfin... Ce n'était pas un rendez-vous au sens strict du terme. Par contre il était vrai qu'il devait aller quelque part, voir quelque chose. Pourquoi aujourd'hui ? Et pourquoi pas ? La fin d'après-midi était superbe, la route, calme, l'endroit, désert.
Les mains dans les poches, Don parcourait la pelouse irréprochable. Il n'était pas vraiment à son aise ici: il se sentait vaguement coupable. De quoi ? Il n'en avait aucune idée. Cette idée lui donnait envie de rire. C'était quand même le monde à l'envers !
Au bout d'un moment, il s'arrêta. Les mains dans les poches, il se mit à contempler le tertre.
Vassili.
Quel complexe venait soudain le hanter ? De quel syndrome était-il soudain la proie ? Voilà qu'il visitait la tombe de sa victime, comme un simple quidam, une vieille connaissance.
Vassili.
Les mots étaient gravés dans la pierre, mais l'épitaphe n'était pas flamboyante. Le Milieu lui avait offert sa tombe, et il reposait désormais parmi les autres hommes, à égalité, six pieds sous terre. C'était la demeure finale, là où tous finiraient de toute façon un jour. Mais il avait souffert avant d'en arriver là. Oh oui ! Dieu qu'il avait souffert ! Dieu qu'il avait hurlé ! Comme il avait eu mal !
Don, qu'est-ce que tu as fait ?
« Je ne suis qu'un être humain. Je suis comme les autres, Homo Sapiens plus proche du fauve que des dieux. Je vivrai avec ce que je t'ai fait. N'aies aucune crainte, ça ne m'empêchera pas de dormir. Que crois-tu qu'il pouvait se passer ? Tes crimes étaient idiots, tu as fait souffrir beaucoup de monde inutilement. Moi je t'ai arrêté... comme tu as voulu m'arrêter. »
Le ciel ne s'ouvrit pas en deux. Aucun ange céleste ne vint le foudroyer sur place. Don regarda la tombe encore un moment, puis fit volte-face avant d'ajouter:
« On est tous les deux des hors-la-loi. On a tous les deux bafoué le règles de notre monde. Amour et mort violente sont encore liés, notre histoire vient de le prouver. Et nous, Vassili... Nous...»
Il commença à s'éloigner d'un pas lent, pour traverser les allées de tertres jusqu'à la route, jusqu'à la voiture, jusqu'à la maison.
Nous... quoi ? Nous, rien. Nous, que dalle !

« Charlie ? Je suis rentré ! »
Qu'est-ce que c'était bateau de dire ça ! Mais qu'est-ce que c'était plaisant aussi ! Comme si tout à coup la normalité la plus insignifiante devenait l'apanage du bonheur. Don jeta sa veste sur le portemanteau, saisit une bière qui traînait sur la table du salon et déposa un baiser sur les cheveux noirs de son frère qui travaillait dans son fauteuil. Ce dernier releva la tête.
« Te revoilà ?
- Ne râle pas, j'ai promis que je m'occuperais du dîner.
- Tu n'auras pas à te donner cette peine. Papa a appelé tout à l'heure. Il nous invite au restaurant.
Le regard de l'aîné s'éclaira.
- C'est vrai ?
- Véridique. Je crois qu'il a envie de connaître Joseph... et que tu lui manques.
Don poussa les jambes de son frère de la table où elles étaient étendues, et s'assit face à lui.
- Une vie normal... Mon Dieu ! Tu crois qu'on y aura droit ?
- Avec toi, certainement pas.
Le policier se mit à rire, puis se pencha en avant pour embrasser tendrement son frère sur les lèvres.
- On fera quand même tout pour. »

o0o0o0o0o0o

Vingt-quatre ans plus tard...

Un long, long, très long couloir.
« N'importe qui mais pas lui. Non, pas lui. »
Le boyau immaculé semblait se tordre, se refermer au loin. Et les foulées qui résonnaient à ses oreilles lui semblaient désespérément trop courtes, trop lentes. Jamais il ne pousserait la porte à temps.
« Je vous défends, je vous interdit de toucher à mon frère. »
En vingt-cinq ans, rien n'avait changé.

Charlie, les yeux embués, regarda son visage déjà pâle. Il baissa la tête quelques instants, se cachant derrière ses cheveux toujours noirs, puis demanda:
« Qu'est-ce qui s'est passé ? Joseph ?
Le jeune homme à côté de lui secoua la tête.
- Je ne sais pas grand-chose. A ce qu'on m'a dit, un automobiliste l'aurait frappé de plein fouet il y a une heure.
Le mathématicien sursauta.
- Il s'est enfui ?
- Non, répondit le fils de Don d'une voix surprise. C'est lui qui a appelé les secours. Oncle Charles, ça va aller ?
Charlie leva les yeux vers son neveu.
- Il était à la retraite dans deux semaines...
- Je sais.
- Ce n'est pas juste...
- Ca ne l'est jamais. »
Après avoir serré affectueusement son épaule, Joseph Eppes laissa son oncle tranquille pour aller se perdre dans la paperasse, espérant ainsi oublier un instant son chagrin. Resté seul, Charlie pénétra dans la chambre, aveugle aux saluts des infirmiers, sourd à leurs condoléances. Il s'assit aux côtés de son frère et se pencha sur lui.
« Qu'est-ce que tu as bien pu penser le jour où c'était moi qui reposait sur ce lit ? »
« Tu ne vas pas me faire ça, frangin, hein ? Tu ne vas pas me lâcher. »
« Qu'est-ce que tu as bien pu te dire qui t'a poussé à tant de haine ? »
« Pourquoi est-ce qu'un type est allé te renverser ? Comment peut-on en vouloir à un ange tel que toi ? »
« Pourquoi maintenant ? Pourquoi toi ? »
« Parce que je l'ai mérité ? »
« Qu'est-ce que je vais devenir sans toi ? »
« Tu vivras. »

Tu vivras ! Il n'y a rien d'autre à faire. Tu pleureras, mais c'est pas grave. Moi aussi j'ai pleuré. On s'en remet.
Bien sûr, je ne peux pas te promettre que le picotement dans ta gorge disparaîtra un jour. Je ne peux pas jurer que dans vingt ans tu ne trembleras pas encore en entendant mon nom. Tes nuits seront difficiles, mais je veillerai toujours sur toi, ne t'inquiètes pas.
Cette fois il n'y a pas à se battre; il n'y a pas à tergiverser. C'est du Murphy tout craché, la loi de l'emmerdement maximum. C'est comme ça, mon amour. Le pauvre type qui m'a renversé n'y est pour rien. Il a mal, très mal, presque autant que toi. Tu ne lui en voudras pas, n'est-ce pas ?
Je t'aime. Je t'aime !!! Je voudrais le hurler, mais je n'ai plus de voix. Je voudrais le pleurer, mais les larmes ne viendront pas. Je t'aime tant... depuis si longtemps... Quelle chance j'ai eu ! Que d'années bénies j'ai connu ! Je vous aime ! Toi... Et Jo... Veille sur lui, mon amour. Aie une belle vie; laisse battre ton coeur jusqu'à la fin.
Ne renonce jamais. Pense juste à moi...

o0o0o0o0o0o

Charlie regarda les cendres se disperser au-dessus de l'océan Pacifique, emportées par le vent, puis souffla sur sa main pour faire décoller celles qui s'y attachaient encore un peu. Puis son regard embrassa le paysage que le soleil sublimait.
« A quoi est-ce que tu penses, oncle Charles ?
- A quelques vers que ton père affectionnait particulièrement. Il les connaissait par coeur, et les récitait à tout bout de chant.
- Qu'est-ce qu'ils disaient ?
- Hélas, ma mémoire n'est plus aussi bonne qu'avant. »
Joseph eut un sourire triste, puis s'éloigna vers la voiture. Charlie se retourna pour le suivre, mais lança un dernier regard à la mer.
« Tu as menti. »
« Oui, mais c'est notre secret. »
« Alors tu t'en souviens ? »
« Évidemment que je m'en souviens. »
Un dernier sourire illumina son visage.

Et la mer et l'amour ont l'amour en partage
Et la mer est amère, et l'amour est amer
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer
Car la mer et l'amour ne sont point sans orages.

Pierre de Marboeuf


Allez-y. Maintenant ! Maintenant vous pouvez me lancer toutes les pierres que vous gardez de côté depuis plus quatre mois ! Car je n'ai plus rien à poster, plus rien à ajouter...
Ceci dit, avant de m'achever... J'ai encore des mouchoirs pour celles qui veulent...

En tout cas, merci ! Merci à lapetite, à Cyb, à yansha, à Bunny, à Cherry, à Doxidyn, à Arlein... à vous tous et à celles et ceux que j'oublie ! J'espère que cette histoire bizarre et subversive vous a plu jusqu'au bout...

See you soon...

Aly