Nouvelle traduction, cette fois-ci de la fic Unto the Shores of Acheron par LAXgirl. Une suite de l'anime. J'espère qu'elle vous plaira… Bonne Année 2007 à tous !

Disclaimer : Rien ne m'appartient (si ce n'est la traduction en elle-même), tout ce qui se rapporte à Fullmetal Alchemist revenant à Hiromu Arakawa et Square Enix, et la fiction originale appartenant à LAXgirl.


Chapitre Un : Ceux que l'on oublie

« 35 litres d'eau...

« 7,08 litres de carbone...

« 645 millilitres de calcium...

« 780 grammes de phosphore...

« 140 grammes de potassium...

« 140 grammes de soufre...

« 100 grammes de sodium...

« 95 grammes de chlore...

« Magnésium, fer, fluor, ammoniaque, iode, silicone, zinc... J'espère que je n'oublie rien...

« Là. Fini. Ne t'inquiète pas, ma chérie. Il ne nous manque plus qu'un seul ingrédient. On ne peut pas le ramener sans aucun souvenir. Chut, chut, ma chérie... Ne t'inquiète pas. Nous avons juste à trouver Alphonse. Il est la seule chose qu'il manque maintenant.

« Encore un peu de temps jusqu'à ce qu'on trouve Alphonse Elric, et tout ira bien... »


Ce fut sans aucun enthousiasme que le colonel Roy Mustang regarda fixement, de son unique oeil valide, le tas de papiers qui trônait sur le coin de son bureau. Cela semblait ne jamais vouloir s'arrêter. En dépit du fait que le Parlement avait repris le contrôle du gouvernement d'Amestris il y a de ça plus de trois ans, le flot de documents administratifs semblait le poursuivre à tout prix, sans tenir compte de qui dirigeait le pays.

Roy poussa un profond soupir tandis qu'il survolait page après page des inventaires futiles, des registres de comptabilité, et des rapports de mission. Les mots ne lui évoquaient aucun sens alors que son œil parcourait lentement la page. Ce ne fut que lorsqu'il réalisa que c'était la septième fois qu'il lisait une ligne à propos d'un manque de papier toilette sur le front Nord que Mustang eut finalement un soupir dégoûté et renvoya la feuille de papier voler sur son bureau d'un léger coup de poignet.

Quand tout a-t-il aussi mal tourné ? se demanda-t-il en massant d'un air fatigué l'espace entre ses deux yeux. Trois ans auparavant, tout avait paru si certain et si assuré. A cette époque, il avait été presque admis qu'il s'élèverait éventuellement au grade de Führer et que, sous son commandement, la paix reviendrait finalement dans Amestris, l'amenant ainsi à la réalisation de son but ultime.

Mais avant que cela n'ait pu avoir lieu, tout avait terriblement mal tourné.

Son meilleur ami, Maes, avait été assassiné. Le Führer s'était révélé être un Homonculus. Une conspiration gouvernementale avait été découverte. Et l'armée s'était avérée n'être rien de plus qu'une marionnette aux mains d'un groupe d'êtres sans âme déterminés à semer la mort et la destruction sur l'humanité toute entière dans leur quête sans fin de créer de la Pierre Philosophale.

Roy se souvenait de son dernier affrontement avec l'Homonculus à l'Œil Ultime, King Bradley, et que trop bien... De temps en temps, il en faisait encore des cauchemars. Il serait probablement mort cette nuit-là s'il n'y avait pas eu l'intervention involontaire du fils du Führer.

Il avait réussi à s'en sortir vivant et avait défait l'Homonculus à l'œil unique, mais cela n'avait été que pour voir son monde à nouveau totalement bouleversé le jour suivant.

Avec la mystérieuse 'disparition' de King Bradley, il avait été décidé que l'on n'avait plus besoin d'un Führer ou d'un gouvernement dirigé par l'armée. En l'espace de quelques heures, avec lui-même en tant que l'une des principales causes de ce retournement, Mustang avait découvert que la position qu'il convoitait depuis tant d'années et pour laquelle il avait fait tant d'efforts n'était soudainement plus.

Mais chose représentant peut-être une perte encore plus considérable que celle du titre du Führer, dans le cours de cette seule et unique nuit infernale, ce fut l'apparente mort de l'enfant prodige, un jeune effronté connu pour être assez susceptible sur sa taille : Edward Elric.

Même aujourd'hui, presque trois ans après sa disparition, Roy ressentait toujours une sensation de vide quelque part dans sa poitrine en repensant à l'alchimiste disparu.

Ce garçon avait été difficile – un véritable défi parfois ! – mais d'une certaine manière, tandis qu'ils apprenaient à se connaître, il en était venu à l'apprécier. Peut-être était-ce parce qu'Ed lui rappelait tellement lui-même au même âge, ou alors parce que le jeune garçon était le seul à lui avoir jamais répondu comme s'il se fichait qu'il ait pu être colonel ou Führer de tout Amestris. Quoiqu'il en soit, Roy s'était trouvé s'intéresser de plus en plus personnellement aux frères Elric au fil des années.

Excepté le fait qu'il n'y avait plus de frères Elric. Il ne restait plus que le cadet – Alphonse. Aux yeux de tous, Edward avait disparu dans un nuage de fumée la nuit où il s'était sacrifié en échange du corps de son frère. Personne n'avait ni vu ni entendu quoi que ce soit de lui depuis. C'était comme s'il avait tout bonnement disparu de la surface de la terre.

Roy fixa gravement les liasses de papiers éparpillées qui jonchaient son bureau. Le prodige effronté lui manquait. Il était assez mature pour l'admettre (même s'il ne le faisait qu'à lui-même dans l'intimité de son bureau). Fullmetal avait toujours su rendre le travail plus intéressant. Depuis ses éternelles tirades sur sa taille jusqu'à la manière dont il débarquait à pas lourds dans le bureau chaque fois qu'il devait remettre un rapport de mission, il avait toujours donné à Roy une raison d'attendre leurs prochaines rencontres avec impatience.

Mais maintenant il était parti – probablement mort. Et par sa faute...

Il savait que c'était irrationnel, que rien qu'il ait pu faire n'était directement responsable de la disparition du jeune garçon. Cependant, au fond de lui-même, il se demandait s'il n'y avait pas quelque chose qu'il aurait pu faire pour le jeune prodige. Même aujourd'hui – environ trois ans après la disparition d'Ed – il passait quelque fois une bonne partie de la nuit sans dormir, à se demander ce qu'il aurait pu faire d'autre.

Un coup fut soudain porté à sa porte, sortant brusquement le colonel de ses pensées.

« Oui », répondit-il.

La porte s'ouvrit pour révéler le lieutenant Riza Hawkeye. « Un message pour vous vient tout juste d'arriver de la réception, mon colonel, dit-elle, renonçant à toutes civilités. Quelqu'un souhaite vous parler.

- Qui est-ce ? demanda Roy.

- La réception ne l'a pas précisé. Mais qui que ce soit, il n'est pas de l'armée ; ils ne le laisseront pas monter jusqu'ici sans votre consentement.

- Très bien, soupira Roy en se levant. Je vais voir de qui il s'agit. J'ai besoin de me dégourdir les jambes de toute façon. »

Hawkeye jeta un coup d'œil au tas de papiers couvrant le bureau du colonel. « Votre travail administratif a toujours besoin d'être fini pour la fin de la journée, mon colonel, dit-elle. Vous avez pris du retard ces derniers jours. Je n'aimerais pas avoir à vous rappeler de vous en occuper encore une fois... »

Mustang tressaillit involontairement sous la menace implicite. La tireuse d'élite était connue pour dégainer son arme sur le premier qu'elle surprenait à tirer au flan – lui inclus. Il s'était retrouvé assez de fois face au canon d'un 45mm soigneusement poli, après avoir été brusquement réveillé d'une sieste, pour savoir que Hawkeye ne faisait jamais de menace en l'air.

« Je m'assurerai de tout terminer dans les temps, lieutenant », dit-il, puis il prit rapidement la porte. Même si Riza était un soldat dévoué et une amie fidèle (peut-être même plus un jour...), on ne pouvait nier le fait que cette femme pouvait être véritablement effrayante parfois. Même Mustang, officier supérieur et révéré Flame Alchemist, préférait claquer des talons et crier « Oui, chef ! » plutôt que de risquer de s'attirer le courroux de la tireuse d'élite.

Roy fit un léger signe de tête à ses hommes en sortant à grands pas de son bureau privé et en passant la porte. Falman, Breda, Fuery et Havoc levèrent tous la tête et le saluèrent sur son passage. En dépit de la perte de tout espoir de pouvoir devenir Führer un jour, Roy se consolait en pensant au fait qu'il avait toujours ses fidèles subordonnés et amis pour le soutenir. Ils rendaient sa carrière soudainement dépourvue de sens un petit peu plus supportable.

Si seulement ce groupe de fidèles subordonnés ne manquait pas son plus jeune membre, songea Roy avec un désagréable sentiment de remords. A savoir le capricieux Fullmetal Alchemist...

Roy s'efforça d'ignorer cette dernière pensée. Cela ne servait à rien de s'apitoyer sur le passé, même si c'était ce qu'il faisait encore, trois ans après les faits.

Il se fraya rapidement un chemin à travers le Quartier Général de Central. Il était curieux de savoir qui pouvait bien vouloir lui parler, mais ne faisait pas partie du personnel militaire et n'avait ainsi pas eu automatiquement l'autorisation d'aller à son bureau.

Tandis qu'il débouchait sur le dernier couloir et arrivait en vue de la réception, Roy eut finalement un aperçu de son mystérieux visiteur, et il sentit son souffle se couper, comme s'il venait juste de recevoir un coup du Major Armstrong en plein ventre. Ses pas devinrent hésitants et s'arrêtèrent.

Non. C'est impossible... pensa Roy avec incrédulité, le regard fixe.

La personne était dos à Roy, son visage restant hors de vue, mais on ne pouvait cacher la jeunesse du visiteur. C'était un garçon, sans doute au début de l'adolescence. De longs cheveux blonds, attachés en queue de cheval avec un bout de tissu, pendaient dans le dos du jeune garçon. Il portait un long manteau rouge, estampé du signe d'un serpent ailé enroulé autour d'une croix dont les branches se terminaient en pointe de flèche. C'était comme le fantôme d'un souvenir depuis longtemps oublié revenu soudainement à la vie.

Non... pensa Roy, un espoir fou, presque douloureux, grandissant dans sa poitrine tandis que ses pieds recommençaient inconsciemment à marcher en direction de cette silhouette terriblement familière.C'est impossible que ce soit lui... Il est mort. Personne ne l'a vu depuis près de trois ans. C'est impossible que cela puisse être lui...

Et si ça l'était ?

Le pas de Mustang s'accéléra, ce dernier se mettant presque à courir à moitié. Etait-ce possible ? Est-ce que cela pouvait vraiment être lui ? Est-ce que cela pouvait...

« Fullmetal ? »

Le nom franchit ses lèvres presque involontairement. Il pouvait entendre le mélange d'espoir, de désespoir et de peur qui transparaissait dans sa voix. Mais il s'en fichait.

La personne leva les yeux, se retournant finalement pour lui faire face, et Roy sentit la petite graine d'espoir qu'il avait commencé à nourrir se briser en mille morceaux quelque part au fond de lui-même.

« Euh... Colonel Mustang ? dit le garçon, saluant nerveusement le dit colonel. Mon nom est Alphonse Elric. Je crois que vous connaissiez mon frère. Je me demandais si je pouvais vous parler de lui un moment. Je vous promets que je ne vous prendrai pas trop de votre temps. »

Roy regarda le garçon fixement, une écrasante sensation de vide s'abattant sur lui.

Ce n'était pas Fullmetal, réalisa-t-il dans un brusque retour à la réalité. C'était Alphonse Elric... Le petit frère d'Edward. Cela pouvait expliquer les troublantes similitudes entre ce garçon et le fantôme de ses douloureux souvenirs.

N'étant plus aveuglé par un espoir délirant et irrationnel, Roy était enfin capable de voir le garçon devant lui pour ce qu'il était. En dépit de leur ressemblance première, Roy distinguait à présent plusieurs différences frappantes entre Al et celui qu'il aurait aimé qu'il soit.

Tout d'abord, tout en étant blond, Al n'avait cependant pas la même couleur de cheveux que son homologue plus âgé. Tandis que les cheveux d'Ed avaient toujours rappelé à Roy la couleur de la paille décolorée par la lumière du soleil, ceux d'Al tenaient plus du blond délavé. Ses yeux étaient également d'un bleu grisâtre, et non d'or comme ceux qui avaient pour habitude de le regarder avec un air de défi. Le visage du jeune garçon était plus rond, encore plein d'innocence, alors qu'au même âge, Ed avait déjà les traits marqués de quelqu'un qui avait subi la perte d'un être cher et qui avait appris à ses dépends les dures réalités de la vie. La manière dont il se tenait était tout aussi différente de celle de Fullmetal : plus modeste et discrète – exactement comme Roy avait toujours imaginé qu'il se tenait lorsqu'il était une armure vide. Ed avait toujours déambulé à la manière d'une bombe à retardement – redoutable et sur le point d'exploser à tout instant.

C'était déconcertant et inexplicablement douloureux, réalisa Roy, de se retrouver face à cette présence familière et pourtant à la fois si étrangère. C'était comme si une quelconque force supérieure avait décidé de le punir pour avoir échoué dans sa mission de protéger l'alchimiste effronté et lui avait envoyé ce sosie troublant pour le provoquer.

« Monsieur ? » La voix d'Al ramena soudainement Mustang à la réalité. Le garçon avait l'air très inconfortable. « Vous êtes le colonel Mustang, n'est-ce pas ? »

Le Flame Alchemist se rendit soudain compte qu'il était entrain de le regarder fixement. « Bien sûr que c'est moi, Al. Tu ne te souviens pas de moi ? »

Le jeune garçon regarda ses chaussures d'un air penaud. « Je suis désolé, monsieur, mais non. Apparemment, je ne me souviens de rien de ce qu'il a pu se passer après qu'Ed et moi ayons essayé de ramener notre mère, ou de ce qu'il s'est passé quand mon âme était scellée à cette armure. »

Roy dévisagea le garçon, ayant l'impression que le sol venait juste de s'écrouler sous ses pieds. « Tu ne te souviens de rien ? » dit-il, stupéfait.

Al secoua la tête d'un air malheureux.

« Nous espérions que vous pourriez peut-être aider à raviver quelques uns de ses souvenirs. »

Roy leva rapidement la tête d'un air surpris, ne réalisant que maintenant que d'autres personnes accompagnaient le frère d'Ed. La première personne sur laquelle s'arrêta l'attention de Roy fut l'imposante silhouette d'un homme à la barbe noire. Roy comprit soudain pourquoi la réception ne leur avait pas donné l'autorisation d'entrer dans le Quartier Général : cet homme paraissait capable de pouvoir rivaliser avec le major Armstrong en matière de musculature, et d'avoir qui plus est de bonnes chances de gagner. La seconde personne était une femme, brune, très belle et grande. Elle avait à l'emplacement du cœur un tatouage représentant le même symbole que celui que les frères Elric portaient sur leurs manteaux. Il fallut un moment pour que l'esprit surpris de Roy finisse par conclure que c'était cette femme qui avait parlé.

« Excusez-moi, est-ce que je vous... ?

- Désolé, colonel, coupa Al. Voici notre premier maître en alchimie à mon frère et à moi. »

La femme salua Mustang d'un bref signe de tête, les traits légèrement renfrognés. « Izumi Curtis. Et voici mon époux, Sig. »

L'homme derrière elle émit un grognement en réponse, comme si c'était ce qui se rapprochait le plus du 'bonjour' pour lui.

Roy acquiesça faiblement. C'était le premier maître en alchimie d'Ed et Al ? Il ne savait pas pourquoi, mais quelque chose dans cette femme le rendait automatiquement méfiant – comme lorsqu'il n'avait pas terminé un rapport et qu'il savait qu'Hawkeye l'attendait de l'autre côté de la porte avec un pistolet chargé à bloc...

« Vous voulez que j'aide à raviver ses souvenirs ? répéta lentement Roy, regardant le jeune garçon d'un air hésitant. Je ne suis pas sûr d'être d'une grande aide...

- Nous ne demandons pas beaucoup, dit Izumi, le visage grave. Juste que vous discutiez un peu avec lui. Vous étiez l'officier supérieur de son frère. A part Al, vous avez probablement vu Ed plus que n'importe qui durant les quatre années qu'il a passées dans l'armée. »

Roy regarda le jeune garçon, se rendant compte avec gêne du regard plein d'espoir et suppliant d'Al, comme s'il était son dernier espoir de jamais retrouver un peu de son frère perdu.

Mustang eut un soupir las. Comment pouvait-il refuser ? Al ne se rappelait peut-être pas de lui ou ne savait pas quel genre de rôle Roy avait joué dans la disparition son grand frère, mais il avait le sentiment qu'il devait bien au garçon de lui parler d'Ed. Après tout, c'était la moindre des choses qu'il pouvait faire que d'essayer et de rattraper d'une certaine petite manière le fait de ne pas avoir été capable d'être là pour sauver la vie de l'aîné Elric.

« Allons dans mon bureau, murmura-t-il, se retournant et faisant signe à Al de le suivre. Je suis certain que tu as beaucoup de questions... »


Al se cala inconfortablement dans l'une des chaises faisant face au bureau du Mustang. Des piles de documents jonchaient le bureau de l'homme, sa surface étant à peine visible sous tout ce fatras. Al se demanda comment l'homme pouvait arriver à finir quoi que ce soit ici.

« Voudrais-tu quelque chose à boire ? demanda Mustang en s'asseyant derrière son bureau. Je peux envoyer un de mes subordonnés te chercher quelque chose.

- Non merci, monsieur, je n'ai pas soif », répondit-il. En réalité, il n'avait aucune envie de se retrouver face à un autre ancien camarade de son frère. Le mot 'inconfortable' aurait été faible pour décrire comment qu'il s'était senti en entrant pour la première fois dans le bureau du colonel. C'était apparemment au moment où les cinq autres soldats s'étaient rendus compte de sa présence et avaient levé la tête qu'ils s'étaient tous littéralement figés. Il pouvait encore sentir leurs regards le percer, en état de choc, comme s'ils venaient tout juste de voir un fantôme. Ce ne fut que lorsque le colonel remarqua enfin l'expression de ses hommes et l'introduit correctement en tant qu'Alphonse Elric, que leurs expressions surprises avaient commencé à s'effacer. Mais même après les présentations, ils avaient continué à le fixer. Cela l'avait presque fait regretter qu'Izumi ait décidé d'attendre en bas. (Elle n'avait jamais beaucoup aimé l'armée...)

Al se doutait bien de ce qu'ils avaient dû croire avant que Mustang ne leur révèle sa véritable identité. Il avait vu l'éclair de déception qui avait traversé leurs yeux lorsqu'il avait expliqué qu'il était Alphonse et non son frère disparu. Il avait vu la même expression sur le visage du colonel lorsque ce dernier l'avait rejoint en courant dans le hall. Ressemblait-il vraiment autant à son grand frère ?

Il avait ensuite répondu à l'assaut de questions qui avait inévitablement suivi, même si ce n'était pas pour dire grand-chose étant donné son trou de mémoire de quatre ans. Il allait bien ; non, il ne se souvenait pas de qui ils étaient ; oui, il avait recommencé à étudier l'alchimie ; et (probablement la plus pénible de toute) non, il n'avait aucune idée de ce qu'il avait pu advenir d'Ed cette nuit-là, trois ans plus tôt. Ce pourquoi il était là...

Le colonel faisait semblant de ranger le désordre chaotique qui régnait sur son bureau, mais Al savait ce qu'il faisait vraiment. Il essayait de faire bonne figure.

« Alors, vous connaissiez mon frère... » commença-t-il timidement, essayant d'entrer délicatement dans la discussion qu'il savait qui allait être aussi pénible pour le colonel que ça allait l'être pour lui. Comment quelqu'un pouvait-il demander à un parfait inconnu de lui parler son grand frère, ou lui demander de l'aider à combler les quatre dernières années de sa vie qu'il avait oubliées on ne sait comment ? « Que pouvez-vous me dire à propos de lui, monsieur ? Toutes les personnes à qui j'ai parlé jusqu'ici semblent avoir un souvenir totalement différent de lui.

- Que veux-tu savoir exactement ? demanda le colonel, laissant finalement tomber le tas de papiers et s'appuyant contre le dossier de sa chaise. Je peux dire beaucoup de choses sur Fullmetal. »

Al se tut, ses yeux se baissant pour regarder le sol. « Rien..., murmura-t-il, comme s'il avait honte de croiser le regard du colonel. Je ne me souviens de rien concernant Ed ou ce qu'il s'est passé après que j'ai perdu mon corps. C'est comme s'il avait été effacé de ma mémoire. Je ne sais pas où nous sommes allés, ce qu'on a fait, ou quel genre de personne était mon frère durant ces quatre années. Tout ce dont je me rappelle encore de lui me donne l'impression de vieillir, comme si mes souvenirs devenaient flous. Je ne suis même pas sûr de me souvenir à quoi ressemble vraiment Ed. J'ai vu des photos et entendu des gens raconter des histoires à son propos, mais je ne me souviens de rien de lui moi-même. Voilà pourquoi j'essaye de retrouver la mémoire. Je ne veux pas oublier mon frère... »

Al sentit des larmes lui monter aux yeux, mais il s'efforça de les contenir. Il n'allait pas pleurer devant le colonel. Pas lorsqu'il voulait et avait besoin d'apprendre tant de choses de l'autre homme. Mustang était l'un de ces derniers espoirs de ne jamais apprendre quoi que ce soit sur le passé de son frère.

Le colonel ne répondit pas immédiatement. Il fixa Al d'un air distant, comme s'il regardait quelque chose de lointain qui n'existait que dans les fins fonds de son esprit.

Puis, l'air de revenir à lui-même, Mustang prit finalement la parole : « Edward était, devant le manque d'un meilleur qualificatif, un sale gosse effronté », dit-il d'une voix brusque et monocorde. Son expression s'adoucit ensuite comme si de tendres souvenirs lui revenaient en mémoire. « Mais il était l'un des meilleurs alchimistes et êtres humains qu'à mon sens, j'ai pu rencontrer... »

Al se détendit dans sa chaise, le débit de parole du colonel s'accélérant tandis qu'il se remémorait la première fois qu'Ed était entré dans son bureau pour venir chercher sa première mission et sa montre en argent d'alchimiste d'Etat.

Al ne ressentit aucun souvenir revenir à la surface alors que le colonel poursuivait sa description du fameux Fullmetal Alchemist. Mais quelque part au fond de lui-même, il vit l'image de son grand frère, qu'il avait commencé à reconstituer grâce aux histoires et aux photos d'autres personnes, devenir un peu plus claire, comme s'il était en quelque sorte plus proche de récupérer un jour son frère. Même si ce n'était que dans sa tête...


Ce ne fut que quelques heures plus tard qu'Al sortit finalement du Quartier Général de Central. Presque la moitié de l'après-midi avait passé. Une brise fraîche siffla doucement sur les larges pelouses tandis qu'Al s'engageait dehors et levait la tête, laissant le vent caresser son visage fatigué. Il ne pensait pas que sa rencontre avec le colonel Mustang durerait aussi longtemps.

L'odeur de la pluie pesait dans l'air, le ciel gris et menaçant. Même s'il avait été couvert toute la journée, des nuages orageux s'amoncelaient à présent dans le ciel, comme si les Cieux eux-mêmes étaient en tourment et se tenaient prêts à libérer leur courroux. Central pouvait s'attendre à un bel orage.

Prenant une profonde inspiration dans l'air humide et zébré d'éclairs, Al commença à descendre les marches de l'entrée avec lenteur.

« Alors ? Comment ça s'est passé ? » le héla une voix alors qu'il atteignait le bas des marches.

Izumi était là, son mari debout derrière elle, l'air d'un titan menaçant.

Al lui fit un sourire blême mais hésita à croiser son regard. « Bien. Le colonel Mustang a été très serviable et très gentil avec moi. Mais je ne me rappelle toujours de rien... »

Les traits sévères d'Izumi s'adoucirent, la vision de la mine déçue de son élève lui fendant le cœur. « Cela prendra du temps, Al, dit-elle en l'éloignant gentiment du bâtiment militaire en le prenant par les épaules. Tes souvenirs ne vont pas tous te revenir d'un coup, tu sais.

- Mais ça fait trois ans, murmura Al, l'air énervé et un peu effrayé. Et s'ils ne me revenaient jamais ? Et si je ne me rappelais jamais d'Ed ou de ce qu'il s'est passé pendant ces quatre ans où nous recherchions la Pierre Philosophale ? »

Izumi ne put que secouer la tête. « Je ne sais pas, Al, répondit-elle. Tout ce que nous pouvons faire, c'est continuer à espérer. » Sig, comme d'habitude, ne dit rien.

Tous les trois quittèrent l'enceinte du Quartier Général de Central en silence et passèrent dans la ville même. Les rues étaient vides, la plupart des habitants de Central ayant déjà commencé à rentrer chez eux en vue de l'orage à venir. Tous les trois marchaient lentement, même s'il n'y avait rien qui puisse gêner leur progression. Al se sentait léthargique, lourd, comme si sa rencontre avec l'ancien supérieur de son frère pesait sur ses épaules.

Et encore un essai inutile pour se pencher sur mes souvenirs..., constata-t-il d'un air maussade. Ou, en tout cas, ça l'aurait été s'il avait eu des souvenirs sur lesquels se pencher. Il se demandait simplement combien de gens il avait déjà interrogés comme ça à propos de son frère jusqu'à maintenant. Des douzaines, au moins. Parfois, quand il parlait à ces gens, au lieu d'essayer de stimuler son esprit amnésique ou de se rappeler de quelques souvenirs oubliés, il avait l'impression de plutôt essayer de se créer ses propres souvenirs à partir de ceux des autres, comme pour en faire une sorte de collage imparfait.

C'était assez pathétique, en fait. Il ne pouvait pas avoir ses propres souvenirs, alors il prenait ceux des autres... Il se demanda ce que son frère aurait pensé de tout ça s'il savait ce qu'il faisait. Il me flanquerait sûrement une claque derrière la tête, songea Al avec une grimace. Il se rappelait bien de cette tendance qu'avait son frère à exprimer son mécontentement sur les autres comme ça...

Al soupira. Bon, il ne pouvait pas vraiment dire que sa rencontre avec Mustang avait été inutile. Le colonel lui avait raconté quelques anecdotes intéressantes à propos de son frère dont personne ne lui avait encore jamais parlées. Celle où Ed avait choisi de combattre le colonel dans une simulation de combat pour son examen annuel de certification de sa licence avait été assez amusante...

Mais au final, toutes ces histoires qu'on lui avait racontées revenaient toujours au même : des histoires. Les récits qu'il avait écoutés n'avait pas de sens concret pour lui, parce qu'il ne se rappelait pas avoir été présent lui-même. Il ne pouvait pas à se souvenir de ce à quoi ressemblait tel ou tel lieu ou de ce qu'il y avait ressenti. Il ne pouvait pas se souvenir de ce à quoi ressemblait son frère ou de ce qu'il avait pu dire. Pour ce qu'il savait, les histoires qu'on lui avait racontées auraient très bien pu être prises d'un livre et lui être resservies en tant que faits réels. Comment pouvait-il juger ? Il n'avait rien à opposer en tant que comparaison.

Les pensées d'Al s'égaraient, perdues dans une mer d'amertume et de déception. Marchant en silence, lui, Izumi et leur homologue silencieux bifurquèrent dans une ruelle étroite qui les ferait revenir à l'hôtel où ils avaient réservé des chambres pour la nuit. A l'instar du reste de la ville, elle était calme et silencieuse.

Les rues étaient à présent toutes désertes. Personne d'autre ne semblait être sorti, si ce n'est un piéton pressé de rentrer chez lui avant qu'il ne pleuve. Quelques gouttes de pluie avaient déjà commencé à tomber, comme des éclaireurs avant l'assaut d'une attaque massive. L'écho étouffé du tonnerre gronda quelque part au loin. L'air semblait lourd, comme si le monde lui-même retenait son souffle dans l'attente de l'orage imminent.

Al parut à peine s'en rendre compte ; il était trop préoccupé par ses propres pensées. Il aurait très probablement continué à broyer du noir, si une voix râpeuse ne l'avait pas soudainement appelé alors que lui et ses compagnons se trouvaient au milieu de la calme ruelle, le sortant de ses pensées.

« Alphonse Elric... Enfin... Je commençais à craindre de ne jamais te trouver... »

Al et ses compagnons se figèrent, cherchant des yeux le propriétaire de la voix. Ils virent alors une grande silhouette sortir des ténèbres d'une petite allée. Le personnage était vêtu d'un long imperméable et d'un chapeau mou à large bord dissimulant son visage. Il bougea lentement vers eux, avançant d'un pas lourd dans une position à demi-penchée. Il se redressa alors, atteignant environ deux mètres. Al sentit Izumi se tendre à côté de lui, se fondant inconsciemment dans une position de combat.

« Eh bien, Alphonse, que tu as bonne mine... dit-il, sa voix râpeuse lui écorchant les oreilles. Tu me rappelles tellement ton frère dans ce corps. Si seulement il était là pour le voir... »

Al étouffa involontairement une exclamation, et dévisagea le mystérieux étranger. « Vous connaissiez mon frère ?

- Bien sûr que je le connaissais... C'est pourquoi je veux le ramener. Il est le seul qui puisse m'aider. Mais pour le ramener, j'ai besoin de ton aide...

- Le ramener ? dit Al, regardant la silhouette mystérieuse d'un air incrédule. Mais comment ? Il est mort.

- Non... Pas si tu m'aides. Nous pouvons le ramener... Mais tu dois venir avec moi...

- Ca suffit ! cria Izumi, s'interposant entre son élève et l'homme mystérieux. Alphonse n'ira nulle part avec vous. Et puis qui êtes-vous et d'où connaissez-vous Edward ? »

L'homme mystérieux ne répondit cependant pas. Tel un prédateur furieux, l'homme bondit vers eux, les bras grands ouverts en direction d'Al. « Le garçon vient avec moi ! dit-il d'une voix râpeuse. J'ai besoin de son aide !

- J'ai dit non », siffla Izumi, et sans autre préambule, elle lui asséna un coup de pied brutal à la tête.

L'homme recula en chancelant et en se tenant la tête, s'éloignant légèrement du maître d'alchimie aux cheveux noirs. Al était stupéfait qu'il ne soit pas tombé. Il n'avait pas rencontré beaucoup de personnes capables d'encaisser un coup de son sensei en pleine tête et de ne pas être assommé sur le coup pour une bonne semaine. L'homme mystérieux commença à se redresser, son chapeau mou glissant de sa tête et tombant sur le sol. Al et Izumi étouffèrent une exclamation de surprise, regardant avec horreur la vue qui s'offrait à eux.

Le visage de l'homme leur rendit leurs regards, mais à l'envers. De grandes oreilles touffues encadraient la tête difforme de la chose. Des poils recouvraient le reste de ce qu'ils pouvaient voir de son corps anormal. Ce fut alors qu'Al remarqua les mains touffues de la chose, comme si elles étaient en réalité celles d'une sorte d'animal...

« Une chimère ? » s'exclama Izumi, regardant la chose monstrueuse d'un air surpris.

Al sentit quelque chose le chatouiller quelque part au fond de son esprit, comme une démangeaison qu'il n'arrivait pas à atteindre. Cette chose avait quelque chose de bizarrement familier. Mais où aurait-il pu avoir rencontré une chimère auparavant ?

« Hé hé... gloussa la chimère de sa voix râpeuse, frottant sa mâchoire meurtrie avec une énorme patte. Il va falloir faire plus que ça pour m'arrêter... J'ai besoin du garçon pour m'aider à ramener son frère... »

Al dévisagea la chimère. Pourquoi avait-il l'impression de connaître cette personne ? Sa voix était si familière que c'en était troublant... Comme s'il l'avait déjà entendue par le passé...

« Tucker ! Shou Tucker ! » s'exclama soudain Al, surpris que le nom franchisse ses lèvres. Il n'avait aucune idée d'où lui venait ce nom, et de comment il le connaissait. Mais il connaissait le nom de cette personne – un nom qui lui évoquait inexplicablement des sentiments de dégoût et d'écœurement.

La chimère lui sourit d'une manière troublante, son sourire à l'envers. « Très bien, Alphonse..., grinça-t-il. Peut-être seras-tu capable de m'aider après tout...

- Il n'ira nulle part avec vous », répéta Izumi, s'interposant une nouvelle fois entre Tucker et son élève. Sa voix était basse et dangereuse, sa posture agressive. Al ne put s'empêcher de penser à une maman ours avertissant un autre prédateur de s'éloigner de son petit.

« Excusez-moi, reprit la chimère de sa même voix râpeuse, mais le garçon vient avec moi... » Puis, bondissant sur Izumi, la chimère tournoya et attrapa le maître d'alchimie par la poitrine avec une queue que ni Al, ni malheureusement Izumi, n'avaient remarquée jusqu'alors.

L'alchimiste fut envoyée dans les airs jusque dans un mur proche. Son corps heurta la pierre impitoyable dans un craquement écœurant et glissa mollement sur le sol.

« Sensei ! » cria Al. Frappant dans ses mains, il activa les deux cercles d'alchimie imprimés sur les paumes de ses gants et les plaqua au sol. Des pics de béton transmuté émergèrent du sol, empalant presque la chimère qui s'avançait d'un pas lourd. Mais Tucker était plus rapide, son corps mi-homme mi-animal voûté étant plus agile que personne n'aurait pu le croire.

Boitant vers le côté, Tucker évita les projectiles mortels et bondit sur Al. Le garçon échappa à sa prise, mais alors qu'il essayait d'effectuer une nouvelle transmutation, la chimère se retourna brusquement à nouveau et lui donna un coup de sa queue. Al encaissa durement le coup, tombant brutalement par terre. Haletant, Al resta affalé sur le sol, des points noirs brouillant sa vision.

« Pourquoi luttes-tu contre moi ainsi, Alphonse ? » entendit-il dire la chimère, Tucker, en venant le surplomber.

Avant qu'Al n'ait pu répondre ou essayer de se relever, une nouvelle silhouette bondit soudain sur la chimère. Son bras prenant de l'élan comme bélier, Sig prit la chimère par surprise et la plaqua au sol. Tucker encaissa le coup, mais roula et se remit sur ses pieds.

Se relevant sur ses genoux, Al essayait de faire arrêter sa tête de tourner. Izumi, vit-il, se relevait elle-aussi, tenant son côté gauche. Frappant dans ses mains, elle les pressa contre le mur. Une partie du bâtiment – tel un bélier géant – s'allongea et heurta violemment Tucker. La chimère chancela et tomba sur un genou.

Malheureusement, la transmutation sembla avoir été de trop pour l'alchimiste blessée car dans un violent accès de toux, du sang jaillit de la bouche d'Izumi, tâchant le devant de sa chemise. Ses genoux cédèrent sous elle à nouveau, et elle s'affaissa faiblement contre le mur jusqu'au sol.

« Izumi », dit Sig et il se précipita aux côtés de sa femme. Avec plus de gentillesse que personne n'en aurait cru capable quelqu'un de sa stature, l'homme tint délicatement sa forme ensanglantée.

« Non... protège Al... dit-elle d'une voix rauque, crachant un peu plus de sang. Ne le laisse pas prendre Al. »

Mais il était trop tard.

De retour sur ses pieds, la chimère avait fait un nouveau bond vers le garçon. Al tenta de faire une nouvelle transmutation en s'écartant en toute hâte, mais avant d'en avoir eu l'occasion, Tucker tournoya et frappa le jeune alchimiste dans le bas de la nuque avec sa queue. Les yeux d'Al s'écarquillèrent brièvement, tout son corps se raidissant. Puis dans une lenteur presque léthargique, il s'affaissa au sol, ses yeux se fermant.

Tucker souleva doucement le garçon inconscient dans ses bras. « Bientôt, Alphonse, bientôt..., gloussa-t-il en berçant l'alchimiste contre sa poitrine comme un bébé. Bientôt, nous allons le récupérer... » Puis, tournant les talons, la chimère partit, ses pas lourds résonnant en écho dans les rues vides tandis qu'elle disparaissait sous le rideau de pluie qui avait commencé à tomber.

Izumi et Sig les regardèrent s'éloigner, ne pouvant rien faire pour l'arrêter.

« Non, cria Izumi après eux, secouant la tête avec colère. Non ! » Pourquoi n'arrivait-elle jamais à protéger ses enfants ? Pourquoi fallait-il toujours que quelqu'un essaye de les lui prendre ? D'abord son bébé, puis Ed, et maintenant Al...

S'aidant du corps de son époux comme d'un support, l'alchimiste se releva sur ses pieds en tremblant.

« Izumi. » Elle pouvait entendre l'inquiétude présente dans la voix de son mari tandis qu'elle s'éloignait de lui en chancelant.

« Nous devons y retourner, chéri, dit-elle, essuyant les dernières traces de sang autour de sa bouche du dos de la main.

- Retourner où ? grommela la voix de son époux sous la pluie battante.

- Nous allons avoir besoin d'aide pour récupérer Al, répondit Izumi, se retournant vers lui avec des flammes dans les yeux. Et malheureusement, je pense que nous allons avoir besoin de l'aide de l'armée. J'ai le sentiment de savoir ce que cette chimère a prévu de faire... »

Faisant ensuite demi-tour, Izumi et son mari partirent en direction du Quartier Général de Central, désespérés d'avertir l'ex-supérieur de son élève de l'enlèvement d'Alphonse et de l'horrible acte qu'ils craignaient sur le point d'être commis.

Pendant ce temps, dans le ciel, les cieux semblaient avoir ouverts leurs vannes et libéraient leur souffrance sur la ville en-dessous. Au loin, un roulement de tonnerre sourd retentit, résonnant à travers la plaine comme un inquiétant avertissement de ce qu'il allait advenir.


Alphonse Elric reprit lentement connaissance. La première chose dont il prit conscience, alors que la mer de ténèbres libérait son emprise sur lui, fut la douleur lancinante dans sa tête. La réalisation suivante, plus progressive, fut qu'il était assis par terre, soutenu par quelque chose de dur, et qu'il était pieds et mains liés.

Des souvenirs de ce qu'il s'était passé avant que tout ne devienne subitement noir lui revinrent dans un flot d'images mentales. Sa rencontre avec le colonel Mustang. Lui et Izumi rentrant du Quartier Général. Un homme étrange apparaissant, une chimère. Un combat. Et puis...

Les yeux d'Al s'ouvrirent brusquement, le garçon retrouvant soudainement pleinement ses esprits. Il le regretta immédiatement lorsque que la douleur lancinante qui battait à ses tempes lui donna subitement l'impression d'avoir une barre de fer en travers de la tête. Al grogna en fermant rapidement les yeux, et attendit que la douleur ne diminue à nouveau pour une agonie plus tolérable.

Se sentant finalement capable d'ouvrir les yeux sans risquer de recracher tout le contenu de son estomac, le jeune alchimiste fit le point sur son entourage.

Il faisait sombre. La seule source de lumière provenait de plusieurs énormes récipients ressemblant à des réservoirs, placés autour de la pièce à différents intervalles. Ils semblaient être remplis d'eau, et luisaient d'une couleur rouge foncé étrange. Dans les coins sombres de la pièce, Al put distinguer les vagues contours de tables et d'équipement : des microscopes, des livres, des récipients, et d'autres instruments à l'aspect inquiétant.

Ce fut alors qu'Al réalisa soudain qu'il devait être dans une sorte de laboratoire. Cependant, il paraissait avoir été abandonné pendant un certain temps et remis en service seulement depuis peu. Des craquelures couraient le long des murs, du plâtre s'écaillant par grosses plaques par endroits. De la poussière recouvrait le sol, et un coin du plafond à la gauche d'Al semblait prêt à s'effondrer à tout moment.

Jetant un coup d'œil circulaire au laboratoire délabré, Al aperçut une série de lignes peintes sur le sol au centre de la pièce. Elles s'encerclaient et s'entrecroisaient entre elles, formant un motif complexe. Al sursauta alors en réalisant tout à coup ce qu'elles étaient. Elles étaient les lignes d'un cercle d'alchimie gigantesque...

Au centre du cercle se trouvait un large bac de métal rempli d'eau et d'un tas de poudres aux couleurs différentes.

« Ah... Je vois que tu es enfin réveillé », fit une voix râpeuse provenant des ténèbres.

Al leva automatiquement la tête dans sa direction. Ainsi qu'il s'y attendait, la silhouette trainante de l'ex-alchimiste d'Etat-transformé-en-chimère Shou Tucker s'avança dans la faible lumière. Il ne portait plus son imperméable et Al put alors enfin voir son corps en entier. Al en eut des frissons dans le dos. Il ressemblait à un homme fusionné au dos d'un ours ou d'un paresseux géant.

« Je m'excuse pour la manière dont je t'ai emmené ici, dit Tucker en marchant vers l'alchimiste ligoté, mais j'ai bien peur d'être un peu pressé... Ma Nina ne peut plus attendre... »

Al regarda avec horreur la vue qui s'offrait à lui tandis que la chimère entrait dans la lumière. Dans les bras de l'homme-bête se trouvait ce qui ressemblait à une petite fille pas plus âgée de quatre ou cinq ans qu'il berçait. De longs cheveux bruns couleur cannelle tombaient sur les épaules de la fille et jusque sur les bras de la chimère. Ils enveloppaient son corps à la manière d'une couverture, longue et luxueuse. Mais lorsqu'Al aperçut le reste de son corps, il sentit une vague de nausée lui monter à la gorge.

Le corps de la fille était recouvert de plaques de peau verte et décolorée. Des plaies béantes tâchaient sa chair et suppuraient une matière poisseuse noirâtre, comme les entrailles d'une tomate laissée trop longtemps au soleil. L'odeur de pourriture et de décomposition emplissaient les narines d'Al, lui donnant des haut-le-cœur. Il dut ravaler son envie de vomir.

Mais encore pire que l'odeur (si c'était encore possible), c'était les yeux de la fille... Oh mon dieu, ses yeux... Comme ceux d'un poisson mort, deux orbes d'un bleu laiteux qui rendaient son regard à Al, vides et dépourvus de toute humanité.

« Ma pauvre Nina..., murmura Tucker en caressant tendrement les cheveux du cadavre. Rien que je ne puisse faire ne peut l'aider... Elle est devenue si malade... »

Al ne pouvait plus supporter de la regarder. « Qu'est-ce que vous voulez de moi ! cria-t-il, luttant contre les cordes qui liaient ses poignets et ses chevilles. Pourquoi m'avez-vous emmené ici ? »

Tucker se détourna et coucha la fille en pleine décomposition par terre avec douceur, comme si elle était une sorte de trésor.

Se retournant vers Al, il dit : « Ma Nina est malade... Rien de ce que je fais ne la fait aller mieux. Tous les jours, son état empire...

- C'est parce qu'elle est morte ! cria Al, sa voix claquant dans le laboratoire vide comme un coup de feu. Vous ne le voyez donc pas ? »

Tucker tressaillit, mais poursuivit calmement : « Je sais que ma Nina est morte. C'est pourquoi je l'ai ramenée. Tu m'as même aidé à la ramener en me laissant utiliser la Pierre Philosophale... »

Al regarda fixement la chimère, l'air confus et incertain. Etait-ce vrai ? Avait-il aidé cet homme à ramener sa fille ? Mais alors pourquoi la fille était-elle comme ça ? Cela n'avait pas de sens. Maintenant plus que jamais, Al souhaita qu'il ait retrouvé la mémoire.

« Ma Nina était parfaite..., poursuivit Tucker. La Pierre Philosophale l'a ramenée aussi belle que je m'en souvenais. Mais il y a quelques mois, elle est tombée malade... »

L'énorme chimère bougea lentement vers le cercle d'alchimie au centre de la pièce. « C'est pourquoi j'ai besoin de ton aide pour ramener Edward, expliqua-t-il. J'ai besoin qu'il recrée la Pierre Philosophale... Ensuite je pourrais restaurer ma Nina. Mais j'ai besoin d'Edward... Il est le seul à savoir comme faire la Pierre Philosophale...

- Pourquoi avez-vous besoin de moi ? demanda Al. Qu'est-ce que j'ai à voir avec tout ça ? »

Tucker se retourna vers Al, son visage inversé baigné dans les ténèbres des réservoirs d'eau rougeoyants. « Je vais ressusciter Edward, dit-il, une lueur sauvage prenant vie dans ses yeux. J'ai rassemblé toutes les informations que je pouvais trouver sur les transmutations humaines et ai fait tous les calculs nécessaires. Tout ce dont j'ai besoin maintenant, c'est de l'ingrédient final... »

Revenant lentement près d'Al, il surplomba l'alchimiste ligoté. « La majorité des textes que j'ai lus à propos de la transmutation humaine diffèrent dans leur théorie sur la manière dont elle peut être accomplie, expliqua-t-il. Mais comme la transmutation humaine est illégale, aucun des auteurs ne l'a jamais vraiment réalisée. Ce ne sont que des théories. Mais plusieurs d'entre elles sont d'accord sur une chose : quelque chose doit être ajouté aux éléments de base de la transmutation pour compenser les souvenirs de l'être ressuscité. Si tu veux ressusciter quelqu'un sans souvenir, il n'y a pas de problème. Mais comme il est impératif que je ramène Edward avec ses souvenirs de comment créer la Pierre Philosophale, tu dois à présent comprendre pourquoi j'ai besoin de toi...

« Les différents ouvrages n'expliquent pas ce qui devrait être donné en échange des souvenirs de la personne, mais il y a des spéculations sur le fait que l'ajout de quelque chose lié à un parent vivant, ou à une connaissance proche de la personne en question, aiderait à insuffler ses anciens souvenirs au corps... et c'est pourquoi je t'ai emmené ici... J'ai besoin que tu m'aides à ramener Ed et ses souvenirs... »

Al regarda la chimère avec horreur. « Ca ne marche pas comme ça ! s'exclama-t-il. C'est de la folie ! Mon frère et moi avons essayé de ramener notre mère de cette manière, et ça n'a pas marché !

- Pas d'après ce que j'ai entendu, répondit Tucker. Il me semble que vous avez tous les deux fait don d'une goutte de sang aux éléments de la composition du corps de votre mère, et l'avez ressuscitée avec quelques uns, si ce n'est tous ses souvenirs.

- Mais et l'Echange Equivalent ? » demanda Al, essayant désespérément de ramener l'homme dérangé à la raison. Il ne se souvenait peut-être pas de ce qu'il s'était passé après cette nuit-là, mais il se souvenait très bien des terribles conséquences de ce que lui et son frère avait tenté de faire. « Ed et moi avons tous les deux perdu tout ou une partie de notre corps au cours de la transmutation ! Qu'allez-vous donné en échange ? C'est trop dangereux ! »

Cependant Tucker ne fit que sourire. « J'ai déjà pensé à ça. » Il montra les réservoirs d'eau rouge sang encerclant la pièce. « J'ai entendu parler de ton amnésie malheureuse, donc tu ne te rappelles probablement pas de ce que c'est. On appelle ça de l'Eau Rouge. Bien que pas aussi puissante que l'originale, c'est une variante incomplète de la Pierre Philosophale. Je vais l'utiliser pour ramener Edward.

- Si c'est si puissant, pourquoi vous ne l'utilisez pas pour ramener votre fille ? cria Al, regardant l'homme avec colère. Pourquoi avez-vous besoin d'Ed ? Pourquoi avez-vous besoin de le ramener juste pour qu'il puisse faire un tour et la ramenerelle ? Ca n'a aucun sens ! »

Tucker se tourna et alla d'un pas lourd jusqu'à une table proche où il prit un couteau. « Parce que je veux que ma vraie fille me revienne, dit-il, d'une voix lente et solennelle. Je veux que ma Nina me revienne, corps et âme, pas juste une poupée vide... et seule une véritable Pierre Philosophale en a le pouvoir... Je me fiche de comment Edward revient. Du moment qu'il se rappelle comment faire une Pierre Philosophale... »

Al réalisa soudain avec une certitude terrifiante qu'il était retenu captif par un homme complètement et profondément aliéné.

Tucker revint vers lui avec le couteau et une petite fiole de verre. Al lutta contre ses liens et essaya de se s'éloigner de la chimère dérangée en se tortillant, mais fut incapable d'échapper à la prise de l'homme qui le ramena aisément et le maintint au sol. Al sentit la douleur aigüe du couteau entaillant son pouce droit, et puis la chaleur moite du sang coulant le long de sa main. Il resta étendu là sans bouger tandis que Tucker se relevait finalement et retournait vers le cercle d'alchimie au centre de la pièce, la fiole de verre à présent pleine d'un sang rouge sombre.

« Vous ne savez pas ce que vous faites... siffla Al alors que Tucker versait le contenu de la fiole de sang sur le tas de poudres élémentaires. Vous n'avez aucune idée de ce que vous vous apprêtez à faire...

- Tu devrais me remercier, Alphonse, répondit Tucker, ne se retournant pas pour regarder le garçon ligoté alors qu'il s'agenouillait au bord du cercle et tendait ses mains au-dessus de celui-ci. Je suis sur le point de te ramener ton cher frère... »

Al détourna les yeux, incapable de regarder. Oui, il voulait récupérer son frère. Mais pas de cette manière...

Les mains de Tucker restèrent suspendues au-dessus du bord du complexe cercle d'alchimie. Il commença à les abaisser pour opérer la transmutation, pour activer l'échange interdit...

Ce fut alors que la porte de la pièce s'ouvrit avec violence vers l'intérieur, sortant de ses gonds, et un groupe de personnes en uniforme apparut.

« Shou Tucker ! Eloigne-toi du cercle et lève les mains en l'air, là où je peux les voir ! » brailla une voix en direction de la chimère agenouillée.

Al releva brusquement la tête, l'espoir le submergeant. Il connaissait cette voix. Il la reconnaissait de ce matin-même...

Debout dans l'encadrement de la porte brisée se trouvait la silhouette imposante du colonel Roy Mustang. L'unique œil du colonel parcourut rapidement la scène avant de finalement venir se poser sur Tucker au centre de la pièce. Pendant un moment, Al fut persuadé d'avoir vu des flammes traverser le regard du colonel. Derrière Mustang se trouvaient une demi-douzaine d'autres soldats, dont Al reconnut plusieurs d'entre eux du bureau de Mustang. L'un d'eux – une femme blonde aux yeux d'un rouge foncé – avait dégainé son pistolet et tenait pour cible la chimère au centre de la pièce, visant par-dessus l'épaule du colonel. Derrière eux, il y avait deux autres silhouettes, deux silhouettes qu'Al connaissait très bien...

« Sensei ! hurla-t-il, se débattant une nouvelle fois contre ses liens. Il faut l'arrêter ! Il va faire une transmutation humaine ! Il va essayer de ramener Ed ! »

Il vit le visage d'Izumi pâlir, ses traits sévères trahissant sa peur indéniable. A côté d'elle, même Sig eut l'air inquiet.

Le colonel Mustang fit un pas dans la pièce, serrant les poings. « Eloigne-toi de ce cercle, Tucker ! » hurla-t-il, son ton promettant de douloureuses conséquences s'il n'était pas immédiatement obéi.

Un grognement coléreux fut émis quelque part au fond de la gorge de la chimère. « Je n'ai pas fait tout ça pour abandonner maintenant... siffla-t-il. J'ai besoin de lui pour ramener ma Nina... » Et sans autre préavis, Tucker plaqua ses paumes sur le cercle extérieur du complexe cercle d'alchimie.

Une éclatante lumière blanche explosa dans l'air.

« NON ! » crut entendre Al le colonel crier depuis l'autre côté de la pièce, mais sa voix était perdue dans le crépitement de la charge d'énergie. Al entendit le bruit de glace brisée quelque part non loin.

Al ne sut combien de temps dura la transmutation. C'aurait pu être des secondes, des heures, ou des jours. Tout ce dont il avait conscience était l'écrasante marée d'énergie qui le balayait, et l'impression de sentir l'air lui-même être déchiqueté autour de lui. Il avait l'impression d'être pris au milieu d'une terrible tempête. Il avait besoin de toute son énergie pour rester allongé et surmonter les violents courants d'air qui ballotaient et déchiraient son corps impuissant.

Enfin, l'aveuglante lumière blanche s'atténua, laissant des ténèbres vides dans son sillage.

Al resta étendu sans bouger, ses yeux fermement clos contre les points qui lui brûlaient les rétines. Ce ne fut que lorsqu'il sentit quelqu'un se presser à ses côtés et sectionner les cordes qui liaient ses poignets et chevilles qu'il ouvrit finalement les yeux, et découvrit Izumi agenouillée à côté de lui, son expression trop agitée et trop sombre pour être lue.

Se relevant sur ses genoux, Al parcourut le laboratoire du regard d'un air hébété. Les réservoirs d'eau rougeoyante qui encerclaient auparavant la pièce étaient vides, explosés en mille morceaux par la force de la puissante transmutation qui venait juste d'avoir lieu. De la fumée emplissait le laboratoire, planant au-dessus de la zone couverte de craie au centre de la pièce tel un nuage. L'odeur d'ozone brûlé rendait l'air étouffant.

« Qu'as-tu fait ? entendit Al le colonel crier, et il regarda le colonel se précipiter vers l'avant, attraper Tucker par les épaules avec colère et le secouer. As-tu la moindre idée de ce que tu viens de faire ! »

Toutefois, la chimère ne répondit pas et fixa la zone où tourbillonnait la fumée au centre de la pièce. Mustang suivit son regard. Tous les autres se tournèrent également pour regarder, attendant avec nervosité et redoutant de voir ce qui allait apparaître.

La fumée commença lentement à s'éclaircir, se déplaçant vers les côtés comme les rideaux d'un fin tissu transparent. Ils virent alors le produit de la transmutation de Shou Tucker.

Al se couvrit la bouche et étouffa un cri de dégoût.

Ce qui était étendu au centre du cercle d'alchimie de Tucker n'était pas un être humain, mais plutôt la forme tordue et ensanglantée d'un monstre grotesque. Ses membres étaient osseux et déformés, ses mains n'étant rien d'autre que des griffes tordues. Sa peau était extrêmement fine et écailleuse, comme celle d'un serpent mis au rebut. Des organes et des os tordus étaient visibles à travers sa peau presque transparente. La chose frissonna et tremblota sur le sol, haletant d'une respiration sifflante et étrange, gargouillant presque. Des mèches de cheveux blonds en désordre étaient visibles sous sa tête monstrueuse. Deux yeux diaboliques – de la couleur d'or transmuté – rendirent son regard à Al d'un visage blanc et inhumain, empreint de la même expression et de la même intelligence qu'un animal blessé et mourant.

Regardant fixement la chose monstrueuse, Al ressentit un picotement désagréable au fond de sa tête. Puis, avant même qu'il ne comprenne ce qu'il se passait, un flot d'images déferlèrent soudainement dans son esprit, le noyant sous l'assaut visuel de personnes, d'endroits et de choses qu'il ne se rappelait pas avoir jamais vu ou su avant cet instant.

Un jeune garçon étendu inconscient dans un lit d'hôpital stérile, son bras droit et sa jambe gauche lui manquant... Un homme portant une cicatrice en forme de X sur le front surplombant ce même garçon, un peu plus âgé alors, la main de son bras tatoué à l'aspect diabolique posée sur la tête du garçon... Le garçon transmutant son bras en une lame de métal... Le garçon endormi sur un manuel d'alchimie ouvert, la tête appuyée contre ses bras croisés... Le garçon grimaçant de douleur alors que de nouveaux bras et jambe de métal étaient attachés aux ports de ses membres manquants... Le garçon avec une lueur de détermination acharnée brillant dans ses yeux... Le garçon lançant furtivement un regard timide à une grande fille brandissant une clé anglaise... Le garçon fronçant les sourcils... Le garçon riant... Le garçon souriant... Le garçon, le garçon, le garçon... Toujours le garçon...

Et dans une exclamation presque douloureuse, Al se souvint enfin de tout concernant les quatre années de son passé qui lui manquaient et son frère aîné, Edward Elric.

Dévisageant la chose monstrueuse sur le sol, Al vit dans son esprit le visage souriant de son grand frère se superposer d'une manière inexplicable à celui de la créature distordue. Comme si d'une certaine manière, ils ne faisaient qu'un.

Un cri horrifié s'arracha de la bouche d'Al. Donnant des coups de pieds contre le sol, le jeune alchimiste s'éloigna frénétiquement de la créature inhumaine, comme pour mettre le plus de distance possible entre elle et lui, jusqu'à ce qu'il entre finalement en collision avec le mur derrière lui.

Puis, tournant la tête sur le côté, il perdit la lutte continuelle contre son propre dégoût et son horreur et recracha le maigre contenu de son estomac.


Fini pour aujourd'hui. Si vous voulez la suite, dites-le, et je continuerai.