La chasse aux papillons

Chanson (texte et musique) écrite et interprétée par Georges Brassens
D'après les personnages et l'univers de J.K. Rowling

Un bon petit diable à la fleur de l'âge,
La jambe légère et l'œil polisson
Et la bouche pleine de joyeux ramages,
Allait à la chasse aux papillons.

Le printemps s'achevait sur une journée particulièrement agréable. Le soleil chauffait, mais une brise venue du nord rendait la chaleur tout à fait supportable. Dans les couloirs frais du château, les élèves allaient et venaient librement en ce dernier dimanche printanier. Les examens n'allaient pas tarder, et bien qu'il ne fut pas concerné, il n'en avait pas moins été très occupé récemment à réviser certains sortilèges. Mais pas ce jour-là. Il était bien décidé à profiter du beau temps. Il fallait juste qu'il la trouve, et en bonne Serdaigle, elle ne pouvait se trouver qu'à un seul endroit.

Comme il atteignait l'orée du village,
Filant sa quenouille, il vit Cendrillon.
Il lui dit : «Bonjour, que Dieu te ménage !
J't'amène à la chasse aux papillons»

Comme il s'y attendait, il la trouva à la bibliothèque, en pleine séance de révisions. Elle avait quelques amies avec elle, toutes étonnamment concentrées sur leurs livres et leurs parchemins, quand on connaissait la réputation de frivolité de certaines. Il s'avança vers leur table, et salua la jeune fille.
- Bonjour Cho !
La belle asiatique releva la tête et un sourire éclaira son visage.
- Oh ! Bonjour Cédric ! Les filles, poussez-vous un peu, vous voulez bien.
Quelques gloussements lui répondirent, mais Cédric arrêta les camarades de Cho.
- Ne vous dérangez-pas ! assura-t-il avant de s'adresser à nouveau à sa petite-amie. Je voulais juste savoir si tu voulais bien faire un petit tour avec moi.
- C'est que, je dois préparer les examens…. Les BUSE, c'est important.
- Certes, admit Cédric, mais ce n'est pas quelques heures qui vont couler ta moyenne. Et puis, je pourrais te passer mes notes si tu veux, insista-t-il bien décidé à ne pas laisser des examens se mettre entre lui et la belle journée qui s'annonçait. J'avais eu d'excellentes notes aux miennes.
Comme Cho se montrait hésitante, il décida de porter le coup de grâce.
- Allez ! On pourrait se faire un petit duel aérien, toi, moi, et le vif d'or.

Cendrillon ravie de quitter sa cage
Mets sa robe neuve et ses bottillons.
Et bras d'sus bras d'sous, vers les frais bocages
Ils vont à la chasse aux papillons.

Cho n'hésita plus une seule seconde, elle fut hors de la bibliothèque avant même que ses copines aient compris qu'elle les laissait choir. Ils passèrent à leur vestiaire respectif prendre leur balai et leur robe de quidditch. Le terrain n'étant pas disponible, Cédric avait proposé d'aller voler au dessus d'une petite crique que faisait le lac, du côté de la forêt interdite. Quand il furent arrivés, Cédric sortit un vif de sa poche, lui demanda de se comporter comme lors d'un match, sans le favoriser lui, et le laissa s'envoler.
- Que le meilleur gagne ! adressa-t-il à Cho.
- Que LA meilleure gagne ! corrigea-t-elle malicieusement avant de décoller sans crier gare.

Quand il se fit tendre, elle lui dit : «J'présage
Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon
Ni dans l'échancrure de mon corsage
Qu'on va à la chasse aux papillons».

Le duel fut des plus passionnants. Il le savait pour l'avoir déjà affrontée, et avoir perdu, Cho était une adversaire redoutable. Bien qu'elle n'utilisait qu'un Comète 260, il ne parvenait pas à la distancer, malgré son Brossdur 8 techniquement supérieur en tout point… Il faut dire que les changements de trajectoires étaient le point fort de Cho, et comme ils se confinaient à un espace restreint, pour ne pas être vus, elle pouvait exploiter pleinement son talent. Si au début, ils y étaient allés doucement. Au bout d'un moment l'esprit de compétition avait pris le dessus et ils ne se faisaient plus de cadeau, jouant des coudes et des épaules au besoin. Et là, c'était lui qui était avantagé. Il attendit qu'elle fut sur le point de se saisir du vif. Porta une charge bien sentie, et s'empara de la petite balle dorée. En se retournant, il vit Cho se masser l'épaule en lui tournant le dos. Inquiet d'y être allé un peu fort, il s'approcha doucement en lui demandant si ça allait. Devant l'absence de réponse il s'approcha encore, et quand il fut tout près, elle se retourna vivement et des deux mains, le désarçonna de son balai, l'envoyant directement à l'eau.
- Ca t'apprendra à rudoyer une frêle jeune fille, riait-elle.
- Je l'admets, je l'ai mérité, répondit-il avec un sourire en coin. Mais je n'allais pas non plus me laisser battre une deuxième fois. Mon orgueil masculin n'aurait pas pu le supporter. Tu m'aides à remonter ?

Il lui tendit la main, bonne joueuse, elle la saisit pour l'aider à grimper sur son balai, mais ce fut alors lui qui la tira vers lui, elle fut sous l'eau avant de comprendre ce qui lui était arrivée. Quand elle remonta, son regard criait vengeance, et une lutte d'éclaboussement s'engagea entre les deux adolescents. Cédric reculait vers le bord du lac. Elle ne comptait pas le laisser fuir aussi le poursuivit-elle tout en lui envoyant une gerbe d'eau à l'occasion. Il perdit l'équilibre, elle voulut l'aider à se vautrer dans l'eau, mais il s'agrippa à elle et tous deux se retrouvèrent au sol, leur chute à peine freinée par les quelques centimètres d'eau qu'il restait avant la berge. Ils éclatèrent de rire. Cho était vraiment une fille extraordinaire. Il lui caressa la joue, elle le regarda avec beaucoup de tendresse.
- C'est malin, et maintenant, comment on va rentrer sans se faire repérer par la moitié des l'école ? demanda-t-elle.
- Il suffit d'étendre nos robes de quidditch et de les laisser sécher, répondit-il en essayant de se donner l'air innocent.
- C'est que… hésita-t-elle.
- Quoi ? demandant il en lui sortant ce sourire qui faisait s'évanouir la moitié des filles de l'école sur son passage.
- Il fait chaud aujourd'hui, dit-elle visiblement troublée.
- Et alors ? continua-t-il en feignant de ne pas comprendre.
- Eh bien… Je n'ai gardé que mes sous-vêtements sous ma robe de quidditch, déclara-t-elle en rougissant fortement.
- Moi aussi, dit-il d'un ton assuré.

Profitant de la surprise de Cho, il tendit la main vers sa robe et en défit le premier bouton. Il s'attaquait au deuxième quand elle écarta sa main.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? s'indigna-t-elle un peu mollement.
- Je t'enlève ta robe, répondit-il en tendant à nouveau la main.

Sur sa bouche en feu qui criait : «Sois sage !»
Il posa sa bouche en guise de bâillon.
Et c'fut l'plus charmant des remue-ménages
Qu'on ait vu d'mémoire de papillon.

Elle voulut l'arrêter, mais plutôt que d'attraper le bouton, il saisit le poignet de la jeune fille pour arrêter son geste, se colla à elle, et l'embrassa passionnément. La résistance de Cho fondit comme neige au soleil, et elle ne tarda pas à lui rendre son étreinte. Leurs langues se rencontrèrent, se goûtèrent. Leurs mains caressaient l'autre, le palpaient, comme pour s'assurer de sa tangibilité. Il quitta ses lèvres pour aller embrasser son cou, sa clavicule, et descendre tout le long de son corps, ouvrant les boutons de la robe bleue et bronze au passage. Jusqu'à ce que celle-ci fut complètement ouverte et glissât des épaules de la jeune fille. Il se redressa alors, et lut l'assentiment de cette dernière dans ses yeux. Il allait défaire le premier bouton de sa propre robe quand elle l'arrêta, et se chargea elle même de le déshabiller de la même manière qu'il l'avait dévêtue.

Un volcan dans l'âme, ils r'vinrent au village
En se promettant d'aller des millions
Des milliards de fois et même d'avantage
Ensemble à la chasse aux papillons

Ils ne rentrèrent au château qu'avec le soleil couchant, prenant garde de ne pas se faire voir tant qu'ils furent hors des murs. Elle l'embrassa devant les escaliers qui menaient aux quartiers des Poufsouffle, lui assurant qu'il lui manquait déjà, qu'elle voudrait pouvoir recommencer dès que possible.
- Tu as tes examens à passer, répondit-il. Et il vaut mieux rester prudent. Si un prof nous surprenait… mais on pourrait se retrouver le week-end prochain, dans un coin tranquille du château.
- Le week-end prochain ? fit-elle une moue à la fois boudeuse et mutine.
- Et celui d'après, ajouta-t-il en embrassant ses lèvres.
- Et celui d'après ? demanda-t-elle en prenant un autre baiser.
- Et celui d'encore après, assura-t-il avec un troisième baiser.
- Et celui dans cinq semaines, continua-t-elle avec un autre baisser furtif
- Et dans six, ajouta-t-il en faisant de même.
- Hum hum ! toussota quelqu'un à côté d'eux, les faisant sortir de leur rêverie.
- Ah… Marietta, c'est toi !
- C'est bientôt le couvre-feu, dit Marietta d'un ton assez sec. On ferait mieux de pas traîner.
Cho et Cédric se dirent un dernier au revoir et se séparèrent.

Mais tant qu'ils s'aimeront, tant que les nuages
Porteurs de chagrin les épargneront,
Il f'ra bon voler dans les frais bocages
Ils f'ront pas la chasse aux papillons,
Pas la chasse au papillons.

Le week-end suivant, Cho se rendit seule sur les bords du lac, à l'endroit même où elle et Cédric avaient découvert l'amour, une semaine plus tôt. Et pourtant cela semblait si loin maintenant que Cédric était mort. C'était incompréhensible. Comment pouvait-il s'être fait tuer ?

Quand elle eut compris ce qui lui était arrivé, d'épouvante, elle avait détourné les yeux, mais elle était certaine que Cédric n'avait aucune blessure apparente. Sa mort n'était donc pas due à une des créatures ou des plantes qui se trouvaient dans le labyrinthe. Et puis il s'était passé beaucoup de temps entre la disparition du labyrinthe et le retour de Harry avec le corps de Cédric. Dumbledore n'avait rien dit de ce que Harry avait pu lui confier sur cette soirée tragique. Certains murmuraient que c'était peut-être bien Harry qui avait tué Cédric. Cho n'y croyait pas. Certes, elle ne connaissait pas très bien le Gryffondor, mais Cédric lui avait expliqué que Harry l'avait prévenu pour les dragons, afin qu'il ne soit pas le seul à découvrir sur le moment en quoi consistait la première tâche. Quelqu'un qui était suffisamment loyal pour prévenir un adversaire ne pouvait pas ensuite changer au point de le tuer.

Et puis tout ça n'avait pas d'importance ! Cédric n'était plus, et rien ne le ramènerait. Jamais plus ils ne se rencontreraient en cachette, jamais plus il ne poserait ses lèvres sur les siennes, jamais plus il ne la serrerait dans ses bras, jamais plus elle ne sentirait son torse musclé sous ses doigts… jamais plus.

Alors que des larmes silencieuses coulaient sur ses joues, et que ses yeux se perdaient de la vague, à quelques mètres d'elle, une lueur dorée passa, libre, dans le périmètre de la crique, le vif d'or voletait avec les papillons pour seuls partenaires de jeu.