Titre: Non-dits
Fandom: Narnia
Personnages: Edmund, Peter
Rating: G
Prompt: Tout ce dont j'ai besoin
Notes: Pour miyuse qui me l'a demandée.
Edmund adore observer les gens, et déchiffrer leurs expressions. Ce soin du détail fait sa gloire à Narnia, où il est dit que rien n'échappe à Edmund le Juste. Il y attache tout particulièrement d'importance dans deux cas: quand il siège à l'Ordre de la Justice, et quand il veille sur ses frères et sœurs. Ceci n'est pas très difficile, en général, mais Edmund a à ce moment précis un peu de mal à suivre sa résolution, quand Lucy s'obstine à lui refuser l'accès à son bureau, que Susan prend elle-même le soin de lui apporter son petit déjeuner et que Peter lui offre sa compagnie pour la journée.
Ils prétendent tous trois qu'un Roi peut bien prendre un peu de repos le jour de son anniversaire, et ce n'est que quand Lucy rajoute en riant qu'il en a bien besoin, tel le vieillard qu'il est et qu'Edmund contre-attaque en lui lançant son précieux oreiller de plumes que les deux Reines décident de se retirer et de laisser leurs Royaux Frères seuls tous les deux.
Peter se tourne vers lui, ses yeux bleus teintés d'amusement et ce léger sourire sur le visage qui fait irrémédiablement battre le cœur de son frère et il lui demande ce qu'il veut pour son anniversaire. Edmund hausse les épaules et cache son trouble face à l'intérêt que lui porte Peter. Il n'a guère l'habitude d'avoir l'attention si exclusive du Roi Suprême, et c'est une expérience à la fois effrayante et inoubliable. Il répond qu'il ne veut rien de particulier et remercie intérieurement le Lion que sa voix ne tremble pas. Peter le prend par les épaules et le tourne vers lui, ses gestes tendres mais fermes, doux mais impériaux, de ce contraste qui l'habite tout entier.
"Tout ce que tu veux, Ed. Tout ce que tu veux," promet-il à voix basse.
Le bleu et le noir se croisent, et Edmund sourit, parce qu'il est passé maître dans l'art de déchiffrer la moindre expression de son frère si cher et qu'il peut lire beaucoup dans son regard de ciel. Il sourit car il sait que, tout aussi doué qu'il soit pour lire les expressions de son frère, ce dernier a le même talent pour lire dans les siennes.
"J'ai déjà tout ce dont j'ai besoin, Peter," répondit-il dans un souffle, comme s'il avouait un secret, alors que ce n'en est plus un, et il prend une des mains sur ses épaules et la porte à sa joue.
Ils restent une éternité ainsi, à noyer leurs regards d'azur et d'ébène, jusqu'à ce qu'ils aient l'impression qu'il ne reste plus autour d'eux que la couleur intime d'une nuit étoilée.
FIN.