Clair obscure
Rouge.
La
première fois qu'ils couchent ensemble, les yeux de Sasuke
sont en sharingan.
Ils ne couchent pas ensemble d'ailleurs. Ca
tient plus de l'accouplement sauvage que d'autre chose, et à
ce moment-là il y a entre eux le même potentiel de
douceur qu'entre deux tigres mâles forcés de partager
la même cage.
Ils s'accouplent, et le sang qui macule le
plastron d'anbu de Sasuke est de l'exacte couleur de ses yeux.
Naruto ne pense pas qu'il soit même conscient que sa
faculté héréditaire est encore activée,
et de toute manière il n'a probablement plus assez de
contrôle sur lui-même pour pouvoir la désactiver.
Il est appuyé de tout son poids sur son bras valide, la
main enfoncée dans la boue et les doigts griffant
convulsivement la terre. Son bras cassé est replié
contre son torse, et la douleur doit être insupportable mais
Sasuke l'ignore comme il l'a toujours ignorée, et continue
à marteler en Naruto comme si sa vie en dépendait.
Peut-être en dépend elle d'ailleurs, et peut-être
a-t-il besoin de la douleur également…
Naruto ne
sait pas bien comment ils en sont arrivé là, à
s'accoupler comme des déments dans la boue noire, couverts
de sang, à quinze pas du corps encore chaud d'Itachi.
Il
se souvient du katana s'échappant des doigts tremblants de
Sasuke, des quelques foulées trébuchantes de celui-ci,
des virgules du sharingan qui tournent à toute vitesse dans le
regard fou de son ami. Il se souvient parfaitement de la manière
dont il a agrippé Sasuke par l'épaule pour le forcer à
se tourner vers lui et à l'écouter, et de celle,
frénétique, dont le bun s'est débattu pour qu'il
le lâche.
C'était comme si le combat avait retiré
toute la carapace de Sasuke, ses mouvements n'étaient plus
ceux d'un guerrier mais d'une bête sauvage acculé,
paniquée.
Et puis à un moment ils se sont heurté,
et Naruto a distinctement sentit contre sa cuisse le contact d'une
érection. Ils se sont figés, tous les deux, et la
décharge de chaleur est allée se nicher directement
dans son propre bas-ventre, achevant d'éveiller son corps déjà
rongé par la tension du combat. Sasuke s'est arraché à
la prise, son souffle déjà irrégulier à
présent étrangement labouré.
Ensuite...
ensuite il ne sait plus vraiment. La friction, l'empoignade qui
change de nature.
Mais à vrai dire il s'en moque. Tout
ce qu'il ressent c'est un besoin immense. Tout ce qu'il sait
c'est qu'il veut, il veut, il veut… Plus vite, plus fort
encore, à tel point que les bords de sa vision se teintent de
rouge à leur tour tandis que ce qu'il reste de son énergie
se libère.
La douleur pourrait être insoutenable si
elle n'était pas balayée par le torrent de lave qui
le traverse de part en part, les langues de feu qui irradient le
moindre de ses nerfs.
Les traits de Sasuke sont crispés.
Le masque est parti, brisé, et les larmes qui coulent sur ses
joues tracent des motifs abstraits de peau pâle sur le sang qui
couvre son visage. Naruto sait instinctivement qu'il a eu raison de
lui laisser prendre le dessus. C'est ce dont Sasuke à besoin
maintenant, pour ne pas sombrer. Un point d'ancrage qui ne soit pas
seulement la souffrance et la folie.
Ressens, tu es vivant. Tu
as des raisons de rester.
Reste avec nous Sasuke.
Ne pars pas où je ne peux te suivre.
Le corps de
Naruto se convulse soudain, se contracte, se tend comme un arc. Les
yeux rouges se dilatent et dans un dernier mouvement de hanche, avec
un cri rauque qui ressemble bien trop à un sanglot Sasuke se
vide en lui. La tête de Naruto retombe dans la boue, et la
prise de fer qu'il avait d'une main sur son tachi et de l'autre
sur les hanches de Sasuke se relâche. Il y aura des bleus.
Mais ce n'est pas comme s'ils n'étaient pas tous les
deux suffisamment blessés pour cinq, de toute façon.
Sasuke se retire, maladroitement, en poussant sur son bras,
et du coin de l'œil Naruto sait qu'il réajuste son
pantalon. Il bouge lentement, ou peut-être est-ce le cerveau du
blond qui tourne au ralentit. Ses mains tremblent un peu, mais pas
autant qu'avant, et certainement pour de meilleures raisons.
A
sa vague surprise, Sasuke ne se relève pas. Il reste
agenouillé entre ses jambes, et s'appuie sur l'un des
genoux de Naruto. Son visage est étrangement ouvert, plus
vulnérable que tout ce dont Naruto se souvient. C'en est
presque terrifiant.
Ses yeux sont toujours rouges.
Gauchement
sa main gantée vient se poser sur l'abdomen du blond, non
loin de son sexe vidé. Le contact est infime, plus léger
qu'une caresse, et Sasuke ne bouge pas, ne dit rien. Reste
simplement là le regard dans le vide, le bout des doigts posé
sur le ventre de Naruto.
Quand ce dernier se redresse finalement
et commence à se rhabiller il se relève en silence, et
recule de quelques pas. Son regard glisse sur le corps de Kisame
tombé sur le sol labouré par le combat, s'arrête
sur celui, décapité, d'Itachi.
Naruto se demande
ce qu'il pense. Le masque est de nouveau en place.
Il fini
d'ajuster son pantalon, remet le tachi dans son dos, et prend dans
sa ceinture le sac qui contiendra la tête. Il fait un pas dans
sa direction et tend la main.
« Viens Sasuke. On rentre à
la maison. »
Le silence dure, et l'espace d'une fraction de
seconde qui subsiste une éternité, Naruto est terrorisé
; la folie et la mort sont des compagnes trop proches. Trop
familières...
Puis Sasuke hoche la tête.
«
Ok. »
Ses yeux sont de nouveau noirs.
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Ceux d'entre vous qui suivent un peu mes posts ont sans doute déjà vu celui là dans les drabbles... Je l'ai supprimé et reposté à part parce que ce qui était un simple one shot écrit sans but à évolué en une histoire plus longue...
Rouge était mon premier essai au Yaoi, et Clair Obscure en est la suite logique.
Ho, et je préviens les amateurs d'histoires d'Amûr sirupeuses, ce n'est pas trop mon truc. Mon sens du romantique n'est pas vraiment... conventionel. Soyez prévenus. Ce sont Sasuke et Naruto dans un village ninja, avec tout les problèmes qui vont avec...
Enfin bref, bonne lecture et... reviews ?