Titre :
Outcast
Auteur
: Hitto-sama
Correction
: Shirenai
Base :
Naruto
Genre :
Hitto-sama
Disclaimer
: Les personnages et l'univers du manga "Naruto" ne
m'appartiennent pas.
-¤ Outcast ¤-
Prologue
Le soleil se levait comme chaque matin sur Konoha mais ce jour-là était différent. La forêt n'était pas aussi calme que d'habitude : une multitude de shinobi parcourait les débris de végétation pour trouver des éventuels survivants. Des corps mutilés et déchirés comblaient peu à peu les fosses qu'on avait creusées à la hâte. On y mettrait le feu en début de soirée et on prierait pour le repos des âmes. Les noms de ces héros morts au combat seraient ajoutés dès le lendemain sur la stèle commémorative. C'était ce qu'avait décidé le Quatrième Hokage et ses subordonnés suivaient ses ordres même s'il était difficile de voir ces fosses communes où s'entassaient des visages connus. Konoha n'avait ni les moyens ni le temps de leur offrir une sépulture décente et puis un ninja devait disparaître sans trace. Uchiha Fugaku resta stoïque en voyant un autre de ses cousins être jeté sur le tas de cadavres. Il adressa une prière silencieuse aux divinités et s'en retourna au village. En tant que chef du clan Uchiha, il avait des devoirs inaliénables. Prendre part à l'urgente session du conseil en faisait partie.
L'agitation dans le village valait bien celle à l'extérieur, nota Fugaku en parcourant les rues. Ce devait être pareil dans son quartier. Mikoto s'inquiétait sûrement même s'il lui avait envoyé des nouvelles par l'intermédiaire d'un parent lointain. Sa femme l'avait supplié de ne pas aller combattre la nuit précédente et il n'avait pas été tendre en retour. Il devrait s'excuser. Mikoto s'inquiétait pour lui, c'était tout à fait normal mais indigne d'une kunoichi de son rang. Bien sûr, Fugaku avait eu peur, très peur de ne pas revenir. Lorsqu'il avait vu son flanc ouvert sur toute la longueur, il s'était dit qu'il ne reverrait plus ses fils, Itachi et Sasuke. Heureusement, un medic-nin l'avait soigné à temps et ce fut en serrant les dents de douleur qu'il arriva à l'administration. Ces bâtiments étaient une ruche en temps normal mais c'était bien pire ce matin-là. Prévoyant déjà de s'arrêter dans une pharmacie au retour pour acheter de l'aspirine, Fugaku se fraya un chemin jusqu'à une partie mieux gardée et à laquelle la foule ne pouvait accéder. Il put enfin marcher normalement dans le couloir, sans donner des coups de coude ni entendre ces exclamations incessantes. Depuis quand les ninja étaient aussi bruyants ? C'était insupportable.
Fugaku monta de deux étages et traversa une passerelle pour se retrouver dans un endroit plus calme encore. Cette aile du bâtiment n'était accessible qu'aux pontifes de Konoha dont il faisait partie. Les chefs de clans, les membres du conseil, tant commerçants que religieux ou encore civils, et les représentants du gouvernement du pays du Feu pouvaient ici se réunir sur demande en cas de nécessité. Le Hokage les avait convoqués immédiatement après son combat mais la séance avait dû être reportée de quelques heures à cause de l'état du Quatrième. Fugaku ne l'avait pas vu mais pour qu'Uzumaki Tatsumaki accepte des soins, il fallait au moins qu'il soit à l'article de la Mort. Une quinte de toux prit Fugaku en traître et il dut s'appuyer à une balustrade pour faire cesser la douleur. Ses côtes avaient bien entendu pris un sacré coup, il avait mal à chaque respiration. Ce fut à ce moment-là qu'apparurent dans la galerie Hyûga Hiashi et Hizashi. Fugaku serra les dents et se redressa, se montrant extrêmement froid envers le chef du clan qui se prétendait le plus puissant à Konoha. Hiashi s'arrêta à son niveau et fit tomber sa haori noire d'un coup d'épaule, dévoilant des bandages imbibés de sang et de désinfectant.
"Il
semblerait que nous ayons subi de grosses pertes, entama Hiashi d'une voix
sérieuse, alors mettons de côté nos rivalités aujourd'hui. Le Hokage
n'acceptera pas un écart de notre part, pas dans son état.
- C'est rare de t'entendre me parler sur ce ton, se moqua Fugaku en lâchant un
sourire torve.
- Je te parlais ainsi, autrefois, conclut sèchement Hiashi en repartant d'une
marche ferme."
Hizashi ramassa la haori et la remit sur les épaules de son frère jumeau sans dire mot, le suivant docilement. Fugaku les regarda emprunter la galerie d'un mauvais œil. Les Uchiha et les Hyûga n'avaient jamais été en bons termes, depuis la création du village caché de Konoha et même avant. Lorsque les différents clans étaient dispersés à travers le pays, il y avait souvent des prises de bec entre les corbeaux et les pies. C'était comme naturel et cette rivalité était ancrée dans les gènes à présent. Fugaku avait remporté une manche en engendrant un fils cinq ans plus tôt. Hiashi attendait toujours son premier héritier, annoncé pour la fin décembre. Une rumeur circulait dans Konoha : les Hyûga n'auraient pas un héritier mâle. Cela faisait doucement rire Fugaku. Si Hiashi se montrait gentil envers lui, peut-être lui proposerait-il une alliance, un mariage arrangé entre Sasuke et la possible héritière. Cela ferait enrager Hiashi, ce serait très amusant. Fugaku s'appuya contre la rambarde de la galerie surplombant un petit jardin bien entretenu, admirant le soleil se lever. Le ciel quittait ses vêtements de nuit sans se presser. La lune brillait encore à l'autre bout de l'horizon dans un halo nuageux. On était en octobre, le onze, l'automne était entamé depuis plusieurs semaines. On ressentait l'humidité et la fraîcheur dans des matins pareils. Il ne faudrait pas longtemps pour voir arriver la neige et les vents du nord rugissants, pensa Fugaku.
Il reprit son chemin après avoir tâté un peu ses côtes. La réunion allait commencer, il ne pouvait pas se permettre d'être en retard. On avait beau dire, le Quatrième Hokage n'était pas un tendre. Sous ses airs de blondinet décérébré, il avait une personnalité intrigante et parfois un peu rude. En tant que subordonné, on n'avait pas souvent le droit à un sourire ou bien à des félicitations. C'était l'excellence sinon rien. D'après les croyances locales, le Hokage était ainsi depuis qu'il ne lui restait plus qu'un élève en vie, Hatake Kakashi, fils du Croc Blanc. Fugaku détestait ce gosse. Il avait récupéré le Sharingan de son neveu Obito lors d'une mission, un an et demi auparavant, prouvant ainsi que la greffe fonctionnait. Ça avait été une erreur de laisser ce gamin en vie mais il était sous la protection de son professeur qui atteignait quelques mois plus tard le poste de Hokage. Fugaku n'avait rien pu faire mais comptait sur les innombrables paradoxes que le Quatrième semait. Il avait en effet placé son élève dans l'ANBU peu après sa nomination. Ce n'était pas une section d'où l'on espérait sortir vivant.
La porte de la salle du conseil était ouverte et déjà on entendait les uns et les autres se vanter à qui mieux mieux de leurs exploits de la nuit. Certains marchands influents parlaient même de leurs élans héroïque lorsqu'ils avaient protégé de leur vie des dizaines de femmes tremblantes dans leur demeure. Eux étaient restés au village, ils ne faisaient pas partie de l'armée. Les shinobi n'étaient pas en reste en ce qui concernait la vantardise : c'était à qui avait combattu le plus longtemps au milieu du tumulte. Fugaku se demanda vaguement ce qu'ils auraient tous fait si le Quatrième n'avait pas été là. Le village aurait sans doute été rasé par le démon. Il entra en se faisant remarquer dans l'amphithéâtre, droit et raide. Hiashi renifla de dédain à la vue de sa démarche grotesque mais peu le suivirent dans ses moqueries. Il y avait plus de partisans pour le clan Uchiha que pour le clan Hyûga, ce qui assurait la supériorité du premier sur le second. Fugaku s'installa au premier rang, entre Aburame Shibi et Inuzuka Tsume, tous deux portant les marques de la bataille. Fugaku avait entendu dire que Tsume avait perdu son mari cette nuit. Ses enfants, Hana et surtout Kiba, n'avaient pas eu le temps de connaître leur père. Fugaku soupira lourdement. C'était ainsi. Entre la guerre qui s'était achevée l'année précédente et l'attaque encore inexpliquée du démon Kyûbi, Konoha avait son lot d'orphelins pour au moins dix ans.
A la surprise générale, un homme richement habillé entra dans la salle de réunion. Il portait les larges kimono multicolores de la cour royale ainsi que la toque noire bardée de décorations qui allait avec. Le daimyô du pays du Feu s'était joint à la réunion. Les hommes et femmes présents se levèrent et s'inclinèrent avec respect, tandis que le daimyô, un homme d'une trentaine d'année au visage d'ordinaire insouciant et chaleureux, leur rendait leurs saluts un peu à la va-vite. On voyait son état de fatigue et de stress, il ne fallait pas être shinobi pour s'en rendre compte. Il s'installa en face de l'amphithéâtre, au centre d'une estrade sur laquelle était dressée une longue table accueillant les hommes les plus influents du pays. Fugaku se rassit en silence, impressionné malgré lui par la réactivité du daimyô. Il laissait généralement le Hokage gérer les crises sans se déplacer jusqu'à Konoha. La capitale n'était pas toute proche, il fallait une nuit de voyage pour rallier les deux villes. La situation était grave selon ce bonhomme candide. C'était mauvais signe.
Le silence régna quelques minutes avant que le Troisième Hokage n'arrive. Le vieux Sarutobi n'apparaissait au village qu'aux moments critiques. Il préférait rester loin du tumulte de la ville, dans sa retraite du temple de l'Esprit du Feu. Fugaku observa le profil tendu de son ancien chef. Il avait pris un coup de vieux, à n'en pas douter. Sous son manteau blanc, on constatait qu'il était un peu plus voûté qu'autre fois, un peu plus ramassé et ses déplacements étaient moins fluides. Sarutobi n'avait pourtant que cinquante-six années derrière lui, mais quelles années ! Il avait connu la plupart des guerres de ce monde et supporté plus d'épreuves que n'importe qui au village. Son repos était tout mérité. Un gamin brun au visage curieux passa la tête dans l'ouverture de la porte et les shinobi présents lui lancèrent un regard mauvais. Sarutobi se retourna, un sourire bienveillant sur ses lèvres, et s'adressa à l'enfant qui devait avoir quatorze ou quinze ans.
"Asuma, va faire un tour dans le village. Il faut te repérer parce que tu viendras t'y installer au printemps, n'est-ce pas ?"
L'adolescent hocha sagement la tête et partit, intimidé par tous ces adultes sévères. Il n'avait pas l'habitude de tant d'attention. Sarutobi s'assit calmement à côté du daimyô, parlant en souriant des gosses et de leurs incroyables capacités à passer sous le nez des gardes ainsi que de faire tourner les adultes en bourrique. Le daimyô écouta à moitié, trop tendu pour vraiment faire attention à ce qu'on lui disait. Fugaku ne dit mot mais n'en pensa pas moins. Il ne fallut pas longtemps pour que d'autres personnages éminents arrivent et s'installent, saluant au passage le daimyô et le Troisième Hokage. Celui-ci gardait le sourire, certainement pour ne pas trop les inquiéter. Vaine tentative car le Quatrième arriva en précédant ses gardes, refusant toute annonce et toute salutation. Trois ANBU suivaient dont l'un bien plus petit que les deux autres portant un tas de couvertures dans les bras. Fugaku n'eut aucun mal à reconnaître Hatake Kakashi en ce petit bonhomme encombré. Celui-ci déposa les couvertures grises sur la table, devant le Quatrième et se retira dans un coin de la salle avec ses deux camarades. Le Hokage poussa un peu les linges pour laisser apparaître le visage bouffi et rouge d'un nouveau-né à la tignasse blonde déjà bien étendue. Fugaku était un peu jaloux. Ses fils avaient été chauves à la naissance et Sasuke n'avait toujours pas un poil sur le caillou alors qu'il était né courant juillet.
Il n'était pas difficile de voir qu'Uzumaki Tatsumaki était épuisé. Ses traits étaient tirés, son teint bien plus pâle que d'habitude mais son regard gardait cette incroyable assurance. Fugaku et les autres ne doutaient pas un instant des capacités de ce jeune homme. Le Quatrième Hokage était un roc au milieu de la tempête, indestructible et bravant les éléments. Cette nuit n'avait été qu'un exemple de plus. Les yeux bleus fixaient avec obstination le nouveau-né dans son landau improvisé, ne sachant visiblement pas comment réagir et quoi faire. Pour l'instant, l'enfant dormait à poings fermés, sa respiration était calme et régulière mais ça ne rassurait pas pour autant le Hokage. Fugaku remarqua que la main de son supérieur tremblait légèrement sur la table. Toute l'attention était tournée vers lui mais Uzumaki restait obnubilé par cette petite chose endormie. Ce bébé semblait si fragile, ç'aurait été tellement simple de le briser… Sarutobi se leva en faisant racler sa chaise, ce qui eut pour effet de détourner l'attention de la salle sur lui et de réveiller le bébé, déclanchant quelques bruits que Fugaku reconnut comme étant annonciateurs de maux de tête. Il fit calmement le tour de la table pour prendre le bambin dans ses bras, le berçant doucement tandis que Kakashi se précipitait vers le Troisième. Celui-ci le remercia mais garda l'enfant dans ses bras, sous le regard désespéré de l'adolescent qui n'avait, semblait-il, pas dormi de la nuit non plus. Kakashi retourna à sa place, mal à l'aise, alors que le Hokage fixait encore l'endroit où l'enfant avait été, sur la table. Le malaise dans la salle grandit encore jusqu'à ce que le Troisième prenne la parole d'une voix forte.
"Merci d'être venus aussi vite et d'aussi loin."
Certains membres du conseil hochèrent la tête, le daimyô resta de marbre et commençait à transpirer à grosses gouttes.
"Nous n'avons pas encore salué nos morts et déjà un terrible choix se présente à nous, continua-t-il en mettant l'enfant bien en vue. Uzumaki Tatsumaki, le Quatrième Hokage, a combattu et enfermé le démon Kyûbi dans ce nouveau-né, cette nuit. Le renard est entre nos mains. Qu'en faire ? C'est la raison de notre réunion."
Plusieurs personnes voulurent prendre la parole mais le Troisième les fit taire d'un regard.
"Vous n'êtes pas sans savoir que deux pays possèdent déjà des bijû, ces démons dont le Kyûbi fait partie. Le Kazekage a fait posséder son dernier fils par le premier d'entre eux, Shukaku. Quant au Raikage, il détient le Nibi scellé dans une enfant de son pays. Les bijû encore en liberté sont traqués, ils se savent en danger, voilà pourquoi le Kyûbi nous a attaqués hier."
Un silence gêné répondit à la place des convives.
"M'est avis que ce genre de drame se reproduira, peut-être pas à Konoha mais les Hommes connaîtront à nouveau pareil carnage. La soif de pouvoir nous détruira tous, vous le savez bien."
Le vénérable Troisième Hokage prit son temps pour dévisager chaque membre de l'assemblée. Son regard insista sur Fugaku et Hiashi quelques instants avant de dériver sur le nouveau-né qui s'était calmé dans ses bras et baillait largement. Sarutobi lui sourit tendrement. Tatsumaki fixait toujours la table.
"Comme dit précédemment, nous devons étudier la question suivante : que faire du renard ? Il a été scellé dans ce nouveau-né par mon successeur, Uzumaki Tatsumaki. Pourrais-tu-nous en dire un peu plus sur le sceau, Tatsumaki-kun ?"
Le silence lui répondit, aussi Sarutobi se retourna-t-il d'un air inquiet pour voir le Quatrième au visage crispé et de plus en plus pâle. On n'aurait pas su dire s'il était dans une rage folle ou bien un désarroi total. Sarutobi frappa du pied sur le parquet et Tatsumaki releva la tête, les yeux encore un peu fous.
"Le
…
- Le sceau, Tatsumaki-kun, répéta Sarutobi d'une voix calme.
- Ah, oui, le sceau, très juste."
Le Quatrième se leva tout en gardant un contact avec la table, touchant le bois du bout des doigts. Il regarda la salle d'un air absent avant de baisser légèrement la tête.
"C'est une technique que j'ai étudiée auprès de Jiraiya-sensei … Les quatre doubles sceaux sont une technique qui permet de sceller un esprit, une âme en fait, dans le corps d'une personne. Je vous épargne les détails, la plupart d'entre vous ne comprendrait pas."
Quelques grognements lui répondirent mais furent vite étouffés. On ne contredisait pas le Quatrième Hokage. Sarutobi le regarda intensément. Il était navré de voir que Tatsumaki en vienne à mentir à ses subordonnés et au daimyô. La technique des quatre doubles sceaux était une invention de son cru et Tatsumaki l'avait jugée trop dangereuse pour être utilisée, il l'avait donc consignée parmi les techniques interdites. Hier soir, il n'avait pu que l'utiliser pour s'en sortir. Personne ne le savait mais Sarutobi le pressentait. Tatsumaki fut visiblement pris de vertiges. Il se rassit alors que Kakashi lui amenait aussitôt une tasse de thé ainsi que des cachets. Sarutobi refit face à l'assistance.
"Cet enfant est un jinchûriki. Il contient le plus puissant démon que ce monde ait porté. Entraîné de manière adéquate, il deviendra un shinobi de premier ordre, un homme capable de tout. Le tuer serait de la bêtise à l'état pur. Konoha peut avoir besoin d'un pareil guerrier."
Sarutobi allait s'assurer que personne ne viendrait en travers de sa route. Il avait toujours agi ainsi, exposant sa vision des choses et son titre de Hokage lui avait toujours donné raison. Aujourd'hui, il comptait sur son renom et son calme. Ce gosse serait réellement utile à Konoha. Avec lui, la suprématie du pays du Feu était assurée. Un homme de l'assistance se leva prudemment. C'était un vieillard à la tête d'une guilde marchande qui pesait son poids dans les négociations.
"Mon fils était shinobi. Je dis bien était car il est mort hier soir, tué par ce démon, dit-il d'une voix tremblante d'émotion qui ne toucha nul ninja. Il laisse derrière lui femme et enfants … et son vieux père qui est aujourd'hui devant vous. Nous avons tous perdu, je crois, au moins un être cher durant cette nuit. Les mânes de nos proches ne pourront rester en paix si le démon vit toujours."
Plusieurs personnes opinèrent de la tête, se laissant facilement convaincre par les sentiments. Uchiha Fugaku resta de marbre. Les shinobi savaient mettre de côté leurs sentiments. Et puis il devait avouer qu'avoir un jinchûriki de son côté le rassurait quelque peu. Il n'aimait pas les êtres occultes, ces créations pas toujours maîtrisées et souvent taboues, mais il préférait les savoir alliées qu'ennemies. Fugaku savait que la plupart des shinobi penserait comme lui. Les religieux se plieraient à l'avis du daimyô pour ne pas risquer de le froisser, sauf les moines guerriers qui suivraient le Hokage. Si tout ce beau monde était d'accord, la majorité irait au gouvernement, à l'armée et aux religieux, donc dans le sens du Troisième. Les civils, commerçants et autres représentants, devraient s'y plier. Comme toujours, rajouta-t-il mentalement en lâchant un reniflement moqueur.
"Cet enfant n'est pas le démon, reprit Sarutobi d'une voix forte pour faire taire l'assistance. Il le contient et nous avons ainsi un moyen de le maîtriser. Quant au problème de croyance, ce n'est pas mon affaire. Ces messieurs les religieux en connaissent bien plus sur le sujet que moi, n'est-ce pas, Hirohito-sama ?"
Sarutobi se tourna vers le daimyô qui sembla surpris comme un gamin pris en faute. Il regarda en tous sens avant de vaguement agiter la main pour signifier qu'il était de l'avis de Sarutobi. Les jeux étaient faits, pensa Fugaku. Konoha avait à sa disposition une arme très intéressante. Les partis civils se rendirent bien vite compte qu'il n'était plus la peine d'aller plus loin et les religieux se frottaient les mains en pensant aux bénéfices qu'ils retireraient des cérémonies en l'honneur des morts. Les guerres leur avaient toujours profité. Sarutobi sourit d'un air satisfait et demanda à Kakashi de reprendre le petit. L'ANBU s'exécuta, visiblement mal à l'aise avec une si petite chose dans les bras.
"Nous
sommes donc d'accord : la majorité l'emporte. Konoha garde cet enfant.
Tatsumaki-kun, cet enfant a bien un nom, n'est-ce-pas ?
- Naruto, répondit-il faiblement la tête entre ses mains. C'est mon fils."
Le Troisième en rata le sourire bienveillant qu'il avait prévu. Son expression devint soudainement dure et le daimyô sembla lui aussi réaliser ce que son subordonné avait dit. Il se tourna vers lui, nerveux comme à son habitude.
"Vous êtes marié à ma sœur et elle n'était pas enceinte lorsque je l'ai vue le mois dernier, marmonna-t-il."
Tatsumaki garda le silence, le visage toujours enfoui dans ses mains. Sarutobi reprit un air calme et digne pour s'approcher de son successeur et se pencha au-dessus de lui.
"Tu n'as pas fait ça, Tatsumaki-kun ? murmura-t-il d'une voix tremblante de rage."
Le Quatrième ne répondit pas. Sarutobi se releva et ordonna à Kakashi de le suivre avec l'enfant. La séance fut levée sitôt le Troisième en dehors de la salle de réunion. On s'abstint bien de faire des remarques lorsque le Quatrième brisa la table sur laquelle il était appuyé avant de sortir lui aussi. Le dix octobre, en début de soirée, Uzumaki Naruto naissait. Le onze octobre, douze heures plus tard, on ne l'inscrivit pas sur les registres du village. Officiellement, ce jinchûriki n'exista jamais.
A suivre …
Note
#Hirohito
est le nom de l'empereur japonais de l'ère Shôwa
(1926-1989).