25 ans...
Je jette un vague coup d'oeil par la fenêtre de la navette, les plaines verdoyantes défilant sous mes yeux. Je laisse échapper un soupir mais pour la première fois depuis longtemps c'est un soupir de bien-être.
Je me sens l'âme plus légère d'un poids qui me pesait depuis trop longtemps, bien qu'au fin fond de moi, j'essaie de taire ces nouveaux sentiments qui ont vu le jour depuis cette fameuse nuit de liberté, douce et éphémère sensation au goût de bonheur interdit... Ce que je ressent depuis ce jour, je le fais taire, même si c'est difficile de lutter contre la voie du coeur, la raison doit reprendre le dessus. Rien ne sera jamais possible entre nous, gardons la tête sur les épaules et essayons de nous convaincre qu'être son amie est la meilleure des choses...
C'est ainsi que j'ai commencé à fréquenter Kael, la recrue que j'avais connu il y a plusieurs années n'a plus rien à voir avec l'adolescent, c'est maintenant un séduisant jeune homme de 21 ans qui est SOLDIER 1st Class et entraîne des jeunes au maniement des armes à Junon. C'est un pur hasard si nous nous sommes croisés dans cette ville dans laquelle mon agent m'a envoyé effectué un contrat d'un mois, suite à un traffic de soma à l'Angel's Tear, frâichement reconstruit dans le nouveau secteur 3.
C'est Kael qui m'a abordé en premier au bar dans lequel je chante, il a eu l'air étonné, et amusé aussi... Il s'attendait à tout sauf à ça, retrouver un ancien supérieur du SOLDIER à chanter pour gagner sa vie. Je me suis sentie bien en sa présence, il m'apporte de l'affection et m'aide à oublier grâce à l'échange de nos terribles secret. La calamité qui ronge ma vie et le fardeau d'être un black god pesant sur ses épaules. Encore de la souffrance, encore des expériences... Lui, moi, Dajim... Sephiroth...
Il m'aide à oublier et j'essaie de convaincre mon coeur au plus profond de moi qu'il est celui qu'il me faut. J'essaie... Ce bel ange blond à l'air vaguement diabolique ne quittera donc jamais mes pensées? L'amitié ne m'a jamais paru aussi difficile...
Je ferme les yeux et essaie de me secouer en me disant que la chance m'a enfin sourit et qu'il est de meilleure augure de s'en tenir à une relation tendre et posée plutôt qu'à cette folie ardente et pleine de désir d'une relation qui ne pourra jamais être possible à cause d'un fossé béant qui nous sépare... Et c'est ainsi que je me rend à Kalm pour deux jours. Papa m'a téléphoné au moment où nous étions ensemble, il est inquiet, maman va de moins en moins bien, son géostigma la ronge et les médecins ne savent plus comment la soulager. Je n'arrive pas à me déculpabiliser bien que sachant que je n'y suis pour rien, mais si seulement ils ne s'étaient pas rendus à Midgar il y a deux ans...
La navette se stoppe enfin, c'est la fin d'après-midi et je me hâte de gagner la demeure familiale. Je sonne à la porte et entre, c'est papa qui vient m'accueillir, il a l'air d'avoir pris 10 ans d'un seul coup tellement ses traits sont creusés.
« Bonjour Victoria, je te remercie d'être venue, tu n'es pas trop fatiguée ? »
« Non ça va rassures-toi, maman est dans le salon ? »
Il acquiese, son expression s'assombrissant.
« Oui elle est avec Dajim, elle... elle est assez fatiguée ces derniers temps... »
« Je vais aller lui dire bonjour... »
Je suis papa, l'air un peu inquiète, maman est là, allongée sur une chaise longue dans un coin du séjour, Dajim à ses côtés qui est penchée sur un ouvrage. Je me force à sourire un peu.
« Bonjour toutes les deux ! »
Dajim relève la tête et me sourit, elle a l'air radieuse.
« Vic ! s'exclame-t-elle. Quel plaisir de te voir ! Tu as l'air très en forme... »
C'est vrai que pour être en forme, je le suis vraiment.
« Ça va bien à Junon ? » me demande-t-elle en penchant un peu la tête avec une petite moue qui me fait craquer.
Je lui souris en m'approchant et l'embrasse.
« Oui, tout se passe à merveille, mieux que je ne l'aurai imaginé ! »
Je vais embrasser maman. C'est un contact rapide et pas très affectueux, je suis si désolée maman, j'aimerai te serrer dans mes bras mais je ne peux pas. La proximité de ton géostigma avec les cellules qui courent dans mon corps est presque intenable, j'ai l'impression que Jenova me murmure à l'oreille en personne. Je sais que c'est difficile pour toi, tu ne peux pas comprendre puisque tu ignores ce qui s'est passé.
« Victoria, pourquoi as-tu toujours l'air d'avoir peur de m'approcher ? Ce n'est pas contagieux tu sais... » me dit-elle de sa voix triste et affaiblie qui me fend le coeur.
«Je sais maman, ce sont des idées que tu te fais »
Je m'asseois près d'elle et essaie d'avoir l'air plus légère pour ne pas ajouter à la situation. Maman se tourne doucement vers Dajim et la contemple.
« Dajim prend bien mieux soin de moi ! J'espère qu'elle au moins me donnera de beaux-petits enfants, parce que toi si je t'attends, je serai morte avant ! »
Je retiens un soupir en me disant qu'elle recommence avec son manège, mais comment lui en vouloir ?? Dajim a toujours été présente pour veiller sur eux alors que moi je suis partie à 15 ans.
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J'écoute Victoria et sa mère, tout en réparant le bracelet de Mme Whitestone et je me raidis soudain à ses paroles, mes oreilles se relevant d'un coup.
« Moi ? Avoir des enfants ? Mais non ! Qui voudrait avoir des enfants avec moi de toute façon ? »
Je sens le rouge qui colore mes joues, personne ne voudrait d'un hybride comme moi, et puis de toute manière il n'y a qu'une personne que j'aime et elle est assise dans cette pièce.
« Voyons, tu es très jolie ma chérie, me dit Mme Whitestone. Tu vas bien finir par trouver quelqu'un... »
Elle se tourne à nouveau vers Vic et la scrute un peu durement.
« Contrairement à toi ! »
Victoria n'a pas l'air de s'en formaliser, son visage serein appuyé sur un coude.
« Maman a raison Dajim... répond-t-elle. Et moi je ne suis peut-être plus si désespérée, figurez-vous que j'ai rencontré quelqu'un... »
La nouvelle me fait l'effet de plusieurs météors et je cligne des yeux, surprise. Je me serai attendue à tout sauf à ça ! Je me sens mal tout à coup mais tente de garder contenance en me concentrant à nouveau sur le bracelet, tandis que notre mère a l'air également surprise.
« Ah oui ? Racontes-nous Vic, nous sommes curieuses, ta mère et moi... »
J'ai besoin d'en savoir plus, même si ça fait mal à entendre je veux savoir qui est le type qui m'a volé Victoria.
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Je vois maman me faire un vrai sourire depuis une éternité.
« Oui, dis-nous en plus ! Comment s'appelle-t-il ? D'où est-il ? Qu'est-ce qu'il... »
Je ris devant ce flot de questions et la coupe d'un signe de main.
« Oh, pas si vite ! Nous nous sommes rencontrés à Junon mais nous nous connaissions déjà depuis quelques années... ».
Je ne sais pas pourquoi je me suis sentie obligée de parler de lui, pas que j'en ai vraiment envie au fond de moi, mais par pure provocation pour clouer le bec à maman pour une fois.
« Il est de Junon ? » s'empresse de demander ma mère.
« Non, il a été muté là-bas pour son travail... »
« Et c'est quoi son travail ? »
Nous y voilà, je sens encore les embrouilles venir et hésite une seconde à répondre.
« Il est... SOLDIER... »
C'est bien ce que je pensais, silence gêné. Elle n'enterra donc jamais cette histoire ? Je me sens lasse tout à coup. Je vois malgré tout qu'elle essaie de se contenir.
« Ah... SOLDIER... Et il s'appelle comment ce SOLDIER ? »
Je tente de garder espoir, elle n'hurle pas, c'est déjà bon signe...
« Kael Shinkigen »
Maman me regarde de son air inquisiteur qui a le don de m'énerver, je sens qu'elle va ajouter quelque chose.
« C'est un nom wutaien, ça ? Il est wutaien et travaille pour la Shin-Ra ? Il doit y avoir quelque chose d'anormal quelque part... »
Ça y est, elle a trouvé un défaut ! Pour elle le simple fait d'être SOLDIER est anormal, c'est surtout ça... Je me retiens de répondre et me contente de serrer les dents, c'est une éternelle insatisfaite !
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J'écoute avec intérêt malgré mon air un peu absent, mes oreilles se raidissant soudain.
« ... Kael ? »
Ce nom semble me dire quelque chose, comme une ombre remontant de mon passé tourmenté, je m'imagine peut-être des choses mais je veux avoir le coeur net... Je regarde à nouveau Victoria.
« Parles-nous donc un peu plus de lui, Vic... Décris-le nous... »
Elle a l'air un peu étonné et gêné.
« Vous le décrire ? Hm... Et bien, il a des cheveux courts et bruns, des yeux bleus, il est grand et plutôt beau garçon..., nous dit-elle en riant doucement. Ça serait plus simple de le voir je pense... »
« Tu nous le présentes bientôt ? » s'empresse de demander Mme Whitestone, ce à quoi je me retiens de faire le dos rond.
Victoria a l'air de plus en plus mal à l'aise, elle n'a jamais amené qui que ce soit ici, du moins pas à ma connaissance.
« Bah... C'est encore un peu tôt maman, mais je te promet de lui parler de vous et lui proposerai éventuellement de venir avec moi un jour pour vous rendre visite... »
« Un jour c'est vague... »
« Laisse-nous le temps, maman. C'est encore récent, tu sais... »
J'achève de réparer le bracelet et l'attache au poignet de Mme Whitestone qui a l'air ravi et me remercie, puis je regarde Victoria avec un air angélique.
« Ta mère a raison, tu devrais nous le présenter bientôt. Après tout, c'est pas tous les jours que tu rencontres quelqu'un qui t'intéresse assez pour que tu nous en parles! »
Maman observe à nouveau Victoria et acquiese d'un signe de tête.
« Oui Dajim a raison, tu devrais nous le présenter ! »
« Vous croyez ? répond-elle avec un air pensif, peu convaincue. Je lui en parlerai alors... Je suis contente que vous ayez envie de le rencontrer. Je suis sûre que tu vas l'adorer Dajim.
Je me retiens de grogner, oh ça c'est sûr que je risque de l'adorer son SOLDIER !
« Dis Vic, je peux te parler un moment ? »
Je dois lui parler seule à seule, quelque chose me gêne dans cette histoire et je préfère lui faire part de mes inquiétudes. Victoria se lève alors.
« Bien sûr, je vais à la cuisine pour préparer le repas, tu viens avec moi ? »
Je me lève pour l'accompagner, notre mère, elle, ayant vraiment l'air gênée.
« Je suis désolée Victoria, tu dois être assez fatiguée comme ça... Je ne suis plus bonne à grand chose... »
« Mais non maman ne t'inquiètes pas, reposes-toi plutôt... » enchaîne Victoria en se dirigeant vers la cuisine.
Je fais un sourire réconfortant à Mme Whitestone puis je me lève à mon tour pour la rejoindre.
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Je suis en train de regarder dans les placards ce qu'on pourrait cuisiner quand Dajim entre dans la pièce.
« Qu'est-ce que tu voulais me dire ? »
L'air qu'elle affiche n'est pas pour me rassurer, elle baisse soudain les oreilles et s'appuie contre le comptoir.
« Tu sais.... quand j'étais à IcicleInn, il y a quinze ans... pour le projet... y avait la scientifique, Hyundel, qui parlait tout le temps de son petit-fils Kael... Si c'est le même que tu as rencontré... tu devrais être prudente. Quiconque qui est lié à cette femme ne doit pas être quelqu'un de bien! »
Je me raidis et l'observe, interloquée. Qu'est-ce qu'elle vient juste de me dire ? Les pièces du puzzle se mettent rapidement en place dans ma tête et je dois avouer que le choc est un peu rude.
« Dajim... tu ne m'avais jamais dit le nom de cette femme qui t'a fait subir toutes ces choses... »
Je marque une pause, pesant mes mots.
« Je crois bien qu'il s'agit du même Kael, il m'a parlé d'elle... mais tu sais il n'est pas comme tu le penses, elle lui a fait des choses terribles à lui aussi et je suis une des rares personnes à qui il a accepté de se confier... je lui fais confiance tu sais, lui aussi connaît mon secret à présent. Si je ne dois pas lui faire confiance à cause de cette femme alors tu ne devrais pas avoir confiance en moi non plus Dajim car j'ai fait des choses mal, j'ai aidé Sephiroth, je l'aimais... »
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Je me sens honteuse tout à coup, mes oreilles baissent encore plus, je dois avoir vraiment l'air pitoyable comme ça.
« Mais non...! Toi... ce n'est pas pareil.. toi, je te connais depuis que j'ai dix ans... »
Je soupire malgré moi.
« Pardonne-moi... je.. je l'ai jugé sans le connaitre... »
Victoria s'approche alors de moi et pose ses mains sur mes épaules en me souriant doucement.
« Hey, c'est pas grave ! Tu t'inquiètes pour moi et j'en aurai sûrement fait autant ! On est soeurs, non ? » me dit-elle en me serrant contre elle.
J'acquiese d'un signe de tête.
«Oui, soeurs. » lui dis-je en souriant à mon tour puis en m'éloignant un peu. Désolée... c'est juste que hier, il s'est passé des trucs un peu bizarre, en ville, à ce que j'ai entendu dire... »
«Des trucs bizarres ? De quoi veux-tu parler ? » me demande-t-elle en recouvrant son sérieux.
« Eh bien... Y a eu des... comment dire.. fracas. Des personnes de la Shin-ra et des personnes aux cheveux argentés... à ce que j'ai cru comprendre... Je n'en sais pas plus."
Victoria semble un peu perturbée suite à mes paroles, je sens son chamboulement intérieur.
« Je n'aime pas ça ! Il se passe des choses étranges en ce moment, je fais de plus en plus de cauchemars avec la voix de... "Mère", me dit-elle en grimaçant, et j'ai une sensation bizarre, comme s'il allait se passer quelque chose... »
Elle reste pensive quelques instant, semblant réféchir à quelque chose.
« Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire à Kalm ? Il y avait aussi des personnes de la Shinra dis-tu ? continue-t-elle inquiète. Tu ne sais pas si le Président était sur place ? »
Je réfléchie à mon tour en cherchant dans les placards, essayant de me remémorer ce que j'ai entendu dire.
« Le Président...? Je.. je crois que oui.. Une homme, dans une chaise roulante et avec une cape.. C'est lui, non? »
« Oui c'est lui... Tu... ne sais pas si... enfin si personne n'a été blessé ? » me demande-t-elle nerveuse en m'aidant à préparer.
« J'en sais rien... désolée.. Je n'étais pas là moi-même... alors... »
« Oui c'est vrai, on entendra peut-être des nouvelles aux infos... »
Je commence à préparer une sauce pendant que Victoria dresse la table.
« Je ne crois pas qu'on va en parler, de cet événement... Les habitants semblent plutôt vouloir l'oublier... »
« Je suis un peu inquiète quand même... Dajim promet moi de faire attention à toi et de m'appeller dès le moindre problème d'accord ? »
Je tourne la tête vers elle et lui sourit. Ma chère Victoria, toujours inquiète pour son entourage.
« Bien sûr, lui dis-je d'un air rassurant. Bon, tu m'aides à faire les pâtes? »
« Oui, bien sûr ! Papa va bientôt rentrer de ses cours, il vaut mieux qu'il trouve un bon repas en rentrant ! "
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Je tente de calmer mon inquiétude quant aux faits que Dajim vient de m'annoncer, savoir que le Président était sur place me plonge dans un véritable tourment d'angoisse sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit... Je met une casserole d'eau sur le feu et me perd soudain à contempler l'extérieur de la maison par la fenêtre, comme lorsque j'étais gamine. Notre petit jardin qui était si joli ressemble de plus en plus à une jungle. Papa est trop fatigué pour en prendre soin. l'état de maman lui prend tout son temps en dehors de son travail.
« Au fait l'état du jardin fait peine à voir, dis-je à Dajim. Il ne doit vraiment pas avoir le moral pour le laisser ainsi... Il faudrait que je vienne m'occuper de ça quand je serai revenue à Midgar... »
« Hum, c'est vrai que l'état du jardin fait pitié... Et moi, je n'ai absolument pas le pouce vert, me répond-t-elle en haussant les épaules et en ajoutant des épices à la sauce. C'est toi et ton père qui avez le pouce vert. »
« Oui c'est vrai... Il faudrait que je demande à quelqu'un de m'aider...»
Je verse les pâtes dans l'eau.
« Tiens pourquoi pas à Kael ? Ça me fera une bonne occasion de vous le présenter... »
Dajim laisse échapper la boîte d'épices et la rattrape de justesse, un sourire amusé se dessine alors sur mes lèvres.
« Hmm, ça serait une bonne idée »
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Le bruit de la porte d'entrée se fait soudain entendre, c'est papa qui doit être rentré de ses cours de chant. Je pousse Victoria hors de la cuisine pour qu'elle puisse aller le voir et revient vers les fourneaux. Je me perd alors dans mes pensées, brassant mécaniquement le contenu de la casserole. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallut qu'elle rencontre quelqu'un ? Je me berçais sur l'illusion que les événements passés lui avaient assez brisés le coeur pour qu'elle ne retombe pas dans le piège des sentiments. Mais je me trompais... Je me traite mentalement d'idiote doublée d'une égoiste. C'est de ma faute, je ne me suis jamais déclarée, comment aurait-elle pu deviner ? Mes attentions sont prises pour de l'amour entre soeurs, même si parfois mes gestes ou paroles peuvent sembler ambigues, Victoria ne s'en offusque jamais et me les rend toujours avec sincérité. Je devrais me sentir heureuse pour elle en ce moment, et pourtant...
Je sursaute soudain en entendant la sonette d'entrée retentir et je chasse bien vite mes idées noires pour me reconcentrer sur la cuisine. Victoria revient quelques instant après.
« Qui était à la porte ? »
« Le livreur » me répond-elle avec un sourire malicieux.
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J'avoue être surprise du paquet qui vient juste d'arriver. Il provient de la Shin-Ra... C'est une vidéo que m'avait promis Rufus Shin-Ra. Vous devez sûrement vous demander qui est cette personne à qui je fais référence et ne peut m'empêcher de penser que je parle de Kael... Et bien il s'agit de lui, rien de moins que le Président Shin-Ra en personne. Mais laissez-moi replacer un peu les derniers événements qui vous éclaireront peut-être un peu plus, je sais que je lui en voulais énormément pour ce qui m'est arrivé il y a deux ans mais certaines chose m'ont fait changer mon point de vue du tout au tout. Nous nous sommes croisés lors d'une soirée ennuyeuse organisée il y a quelques semaines, il était visiblement présent pour ses affaires et moi j'avais été engagé pour chanter. Quelle ne fut pas ma réaction quand il vint m'adresser la parole, j'étais hors de moi ! Mais de fil en aiguille nous avons passé finalement la soirée ensemble et j'ai appris à connaître l'homme derrière le Président. Un coeur aussi las que le mien mais qui continu quand même à se battre malgré le fléau qui pèse sur ses épaules. Est-ce une ironie du sort ? En tout cas je le dit à présent avec l'esprit apaisé, je vous ai pardonné Rufus et même davantage, j'ai appris à vous aimer et à vous apprécier. Monsieur le Président, vous êtes pour moi au même titre que Dajim, la seconde personne pour qui j'éprouve ce subtile mélange de tendresse et d'affection... et je le crains pour mon coeur, peut-être même davantage...
« Le.. livreur? Mais encore? Allez! Dit-moi tout! Je sens que tu me caches quelque chose! » me dit Dajim en haussant un soucil.
« Et bien c'était pour moi... un ami qui m'a envoyé un petit cadeau... »
Dajim n'a pas l'air d'insister davantage et m'annonce que c'est prêt, j'en profite pour appeller nos parents. Ils arrivent quelques secondes plus tard, papa portant notre mère qui est trop faible pour marcher. Pauvre maman, il ne lui reste quasiment plus d'indépendance à cause de sa maladie.
« Mais ça sent très bon ! » s'exclame papa en déposant maman dans son fauteuil.
« J'ai si honte de vous laissez tout faire... »
Je prend la main de maman dans la mienne.
« Ne t'inquiète, ça ne nous dérange pas du tout, n'est-ce pas Dajim ? »
« Mais non, ça ne me dérange nullement. Il faut bien que je développe un certain talent dans la cuisine si je veux me trouver quelqu'un, non? répond-t-elle en nous servant. Il n'y a pas un vieux dicton qui dit que si on veut le coeur d'un homme, on doit passer par son estomac ? »
« Si, c'est comme ça que j'ai séduit mon mari ! » nous dit notre mère en riant doucement.
Je fais un clin d'oeil à Dajim et celle-ci invite maman à raconter cette anecdote. Elle a rencontré papa quand elle avait dix neuf ans, il se rendait à l'école de musique et fut attiré par une délicieuse odeur qui se dégageait de la fenêtre ouverte de l'auberge, c'était maman qui travaillait à la cuisine. C'est ainsi que Luka Whitestone fut séduit par la jolie Elise et l'épousa deux mois plus tard.
« C'est un peu comme ça que vous m'avez attirés, il y a quinze ans. » poursuit Dajim avec un sourire malicieux.
« Tu es notre deuxième fille ma chérie ! J'espère que tu nous feras plein de petits-enfants ! »
Je hausse un sourcil mi-fatigué mi-amusé en pensant que le radotage de notre mère doit sûrement être lié au géostigma, papa, lui, à plutôt l'air amusé. Mais apparemment elle ne semble pas décider à lâcher le sujet...
« Et toi tu m'en fait quand des petits-enfants avec ton Kael ? »
Je manque de m'étouffer avec mon verre d'eau. Eeeeeh ??!
« Mais on en est pas encore là ! »
J'ai beau essayé d'imaginer ça, j'y arrive pas.
« Il ne m'en reste plus pour longtemps moi, j'aimerai bien voir mes petits-enfants... » me dit-elle encore en prenant son petit air de chien battu auquel un silence gêné s'en suit.
« Tu ne sais pas le coup qu'elle m'a fait l'autre jour quand j'étais à Mideel ? reprend-t-elle en s'adressant à Dajim. Elle était saoûle et m'a dit qu'elle était avec Rufus Shinra ! »
Là du coup je manque de m'étouffer pour de bon, mais de rire cette fois ! Papa croise mon regard et je peux voir son air complice, il est le seul au courant de cette fameuse soirée, pour la bonne raison qu'il m'a vu en compagnie du Président puisque nous avions eu la bonne idée, dans l'état second dans lequel nous étions, de venir dans la maison des parents qui était censée être vide cette nuit-là.
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Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? Décidément c'est la journée des révélations... Je prends une gorgée d'eau pour essayer de me calmer et de garder contenance
« Ah? Vraiment? C'était une farce, hn? »
Victoria essaie de retenir son fou rire, elle en a les larmes aux yeux.
« Ça y est elle se moque encore de moi ! » se lamente Mme Whitestone.
Et voilà qu'elle repart à rire ! Et j'ai la nette impression qu'elle se moque aussi de moi... Mes oreilles se baissent dangereusement, elle a gagné, je suis contrariée.
« Toi, tu vas avoir des trucs à me dire après le repas... »
Un moment s'écoule ensuite et papa se lève pour aller coucher maman qui commence à sommeiller dans son fauteuil. J'attend qu'il sorte de la pièce et me lève à mon tour, me plantant devant Victoria, oreilles toujours basses et poings sur les hanches. C'est l'heure de vérité.
« Allez, j'attend ! »
Elle joue distraitement avec sa fourchette, une main sous le menton et un sourire aux lèvres.
« Bon je te le dis à toi car tu es ma meilleure amie et que j'ai confiance... C'est la vérité à propos de Rufus Shinra..."
Je me raidis. Il y a quelque chose qui m'échappe là... Nous parlons bien de la même personne ? Du type qui l'a fait traîné à la Shin-Ra il y a deux ans et suite à quoi elle a due subir toutes ces atrocités ? Je ne comprend pas. C'est moi qui l'a entouré de mes bras pour la soulager de sa peine après l'histoire du météor, elle avait le coeur déchiré et le corps portant le passage de la douleur et de la folie scientifique. J'ai vu toutes ces cicatrices et ses plaies sur elle. Et lui ? Est-ce qu'elle lui en a seulement parlé ? Bien sûr que non, et il n'aurait pas pu les voir pisque le cadeau empoisonné que sont les cellules injectées dans le sang de Victoria répare tous ses tissus endommagés à long terme. C'est pour ça qu'elle est toujours aussi belle...
« Mais... Qu'est-ce que tu faisais avec un type comme lui, hein? »
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La tête que fait Dajim n'a pas l'air très engageante, et je ne peux pas vraiment la blâmée, après m'être déchargée en pleurs sur elle, la seule personne de mon entourage qui connaissait mon lourd secret...
Je repose ma fourchette et opte pour un ton assez léger.
« C'est un peu original en fait... comme situation... J'avais été embauché il y a quelques semaines pour chanter dans une soirée mondaine, je t'en avais parlé au téléphone d'ailleurs... Et il s'est avéré qu'il était là... Tu sais ce que je pensais de lui mais il s'est fait pardonné, je m'étais trompée, vraiment trompée... Quoi qu'il en soit nous avons passés la soirée ensemble, on a même piqué un hélico pour venir ici...
Je ne peux m'empêcher de rire à cette pensée, ce fut sûrement une des soirées les plus originales de ma vie. Dajim se laisse tomber sur une chaise et pose sa tête contre sa main.
« Allez, raconte-moi tout... et quand je dis tout, c'est vraiment tout. »
« Tout ? Par quoi commencer... On a déjà quitté cette affreuse soirée et il m'a emmené admirer la vue du haut de la Tour, on a même fait un duo une fois là-haut ! Et puis on a décidé de prendre un moment de liberté... On a pris l'hélico des Turks pour venir à Kalm sur un coup de tête et on s'est saoulé dans un champs à côté... »
Aie... Elle a l'air soudain un peu agitée et commence à tapoter nerveusement sur la table.
«Tu me dis pas tout, Vic. Que s'est-il passé après? »
J'avoue que je commence à en mener moins large là...
« On est venu à la maison pour manger un bout, on a regardé un peu la télé puis on s'est endormi dans mon lit là-haut... » lui dis-je un peu gênée.
« Vous.. avez partagez le même lit...? » me questionne-t-elle en tiquant d'une oreille.
Hum, je crois que j'ai omis de parler d'un certain détail, j'ai passé un moment délicieux avec Rufus, il s'est créé un lien fort et mon opinion vis à vis de lui a changé du tout au tout, cependant ce ne fut pas complètement innocent. Nous avons couchés ensemble, je le reconnais. Et je peux même dire que nous n'avons pas attendu d'être dans un lit pour ça...
« Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Si il s'est passé quelque chose ? » dis-je en rougissant.
« Oui!! Oh! »
Dajim se couvre la bouche et baisse ses oreilles, elle a vraiment l'air très gênée.
« Non... non... désolée... je... » bégaie-t-elle en se levant pour commencer à débarasser la table.
Je ne sais pas vraiment quoi ajouter pour détendre l'ambiance, les images de ces moments passés avec Rufus qui ne cessent de me submerger à nouveau n'aidant pas faut dire...
Dajim termine vite le nettoyage et se retourne vers moi avec un visage complètement différent, me souriant.
«Je dois retourner à la boutique, j'ai quelque chose à te donner là-bas, tu pourras passer plus tard ?»
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Je me dépêche de regagner mon chez moi après que Victoria m'est assurée qu'elle passera. J'ai besoin de me calmer les esprits seule, ça fait beaucoup trop de nouvelles désagréables à mon goût pour la même journée. Je n'ai qu'une envie, c'est de tordre le cou de tous les Kaels et tous les Rufus du monde ! Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même dans le fond, si je n'étais pas aussi empotée, je lui aurais avouer ce que je ressens depuis longtemps... Je vais plutôt me calmer sur un ouvrage en cours, bien que mes doigts trop nerveux tremblent.
Et puis une heure passe et j'entends le tintement de la porte de mon échoppe, Victoria est là. Elle s'arrête pour regarder avec admiration les divers bijoux multicolores qui sont éparpillés ici et là, du même regard qu'elle avait étant gamine lorsque je m'initiais à l'orféverie et qu'elle n'en perdait pas une miette. Ses jolies doigts effleurent les pierres, elle se tourne vers moi et me sourit.
«C'est toujours la caverne aux merveilles ici ! Je pourrais passer des heures à traîner dans ta boutique ».
Je ris et vais chercher un petit écrin dans un tiroir, venant lui tendre.
«C'est pour toi, un petit cadeau pour l'ouverture du club.»
Elle cligne des yeux et le prend, l'ouvrant délicatement, à son expression je vois que je lui ai fait plaisir.
«Oh, Dajim, c'est magnifique...»
Je sors pour elle la broche en forme de chat incrustée de multiples cristaux que j'ai fabriqué pour elle et l'accroche à sa veste. Elle a l'air toute émue et m'enlace en retour.
«Merci petite soeur, ca me fait très plaisir.»
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Dajim a vraiment le don de me rendre toute chose, toujours une petite attention pour me réchauffer le coeur. Un bijou fait par ma soeur ne pourra que me porter chance lors de l'ouverture du club que nous avons créé et décidé de co-gérer à Midgar : le Kuroneko.
Un nouveau pas pour moi dans le domaine professionnel qui s'avérera être un bon choix, je l'espère...
J'échange encore quelques mots avec ma soeur, l'embrasse une dernière fois et la laisse à contre-coeur, il fait déjà nuit et je dois retourner aider papa à la maison.
La soirée passe calmement et je vais me coucher de bonne heure dans ma chambre qui est restée telle que je l'ai laissé depuis toutes ces années, Odin, il s'est déjà passé 10 ans depuis cette époque, le temps nous emportant dans sa course infernale. Je me couvre la tête de mon oreiller mais le sommeil ne vient pas, et c'est après un énième demi-tour dans mon lit que je me décide à regarder le réveil. Une heure du matin. Au diable le repos, trop de choses dans ma tête m'empêchent de le trouver et je me lève avec la ferme intention de faire un peu de pâtisserie. Ce n'est pas vraiment anodin, le chocolat est un bon anti-stress et je connais une personne qui est un peu trop stressée par son travail...
Je me met à la préparation en chantonnant tout bas, le coeur plus léger, une fois que mon gateau est au four je vais sur le sofa dans le salon et je me met en devoir d'écrire une petite lettre, oh, juste un petit mot de remerciement pour cette gentille livraison de cet après-midi, je ne veux pas non plus faire un roman, mais je ne peux m'empêcher de sourire à ces quelques mots, et même de rire en repensant à la tête de ce pauvre Tseng sur la vidéo de la surveillance. Mon devoir accomplit, je peux enfin retourner me coucher et m'endort cette fois rapidement.
Le lendemain matin, je me prépare en vitesse, il est temps pour moi de rapartir à Junon, j'embrasse les parents et demande discrètement une faveur à papa en lui tendant le gâteau bien emballé et la lettre cachetée.
«Tu peux faire liver ça à la Shin-Ra s'il te plaît ? »
J'ai un peu le rouge aux joues, je le sent bien, lorsque mon père regarde le nom du destinataire. Il sourit doucement.
«Je m'en occupe, ne t'en fais pas. »
Je le remercie, l'embrasse une dernière fois et me dépêche de gagner la petite gare locale. Une fois dans la navette, je laisse mon regard errer une dernière fois sur ce décor si familier, quand le reverrais-je à nouveau ? Mon esprit divague doucement vers Dajim et ne pouvant m'en empêcher, se dirige lentement vers une certaine personne dans une certaine Tour à Midgar. La navette démarre enfin, m'emportant encore une fois loin des miens. Il y aurait beaucoup de choses à dire si on se décidait à les écrire un jour, nos vies ayant leur lot de tristesse mais aussi de petits bonheur, si jamais celles-ci étaient contées. Peut-être un jour, qui sait ?
Ça y est, cette fic est enfin terminée ! Merci à Lys qui m'a donné envie de la terminer. Ce récit peut-être considéré comme une annexe au « Grand Délire » qui sera novelisé par Simakai. Si vous souhaitez en apprendre plus sur ce qu'il s'est passé avec Rufus et qu'y est sous-entendu dans ce dernier chapitre, je vous conseille de lire sa fic «Une nuit de liberté» qui est le prologue, d'ailleurs, du « Grand délire », la suite directe de nos fics. Finalement ça va faire une bonne compile, faite à la sueur de nos front sur quelques années. Donc si vous avez le courage de lire nos trucs épiques : go go !
Et si vous avez appréciez (ou pas) cette fic-la, une petite review est toujours la bienvenue ! Merci de m'avoir lu.