Si vous continuez à lire cette histoire, merci.
Sinon, c'est que vous n'êtes pas là.
Et si je ne suis pas là non plus, il n'y a personne.
Bisous.
Les Chroniques de Deux Bambins au Manoir Jedusor
Chapitre Onze : mal et diction
Le destin est une chose fort étrange. Qu'il soit écrit à l'avance ou qu'il se construise pas à pas, le destin nous surprend tous, à tout moment, et pour n'importe quelle raison. Et tout comme une belle-mère, la mort, ou les impôts, on y échappe pas. Personne. Jamais.
Le destin est incontrôlable pour celui ou celle qui le subit. Si une somme de hasard, ou si c'était écrit, mène au fait que l'on devait se cogner le petit doigt de pied contre cette foutue table de nuit, impossible de l'éviter. Et comme on dit dans le milieu du Quidditch, des gourous, et des vendeurs de tapis volant, impossible de léviter.
Le destin, ce petit malin qui passe son temps à nous poursuivre, et à nous faire des croche-pieds ou à nous taper la tête en nous assonant le fait que quoi qu'on tente d'accomplir on va le rater. Gravement.
Le destin est mot lourd de sens, et même polysémique. On lui attache une destinée, une mission, et parfois même une salvation. Il s'agit le plus souvent de se lever, de défier le ciel du regard, et de décider d'affronter le cours du temps avec dignité, honneur, et force.
L'intestin, c'est le contraire.
"Grouik"
C'est ainsi que s'exprimait avec force et colère l'intestin d'un antique bambin à l'air auguste et à la barbe porteuse de sagesse, mais aussi de croute de cookie et de soupe séchée.
- Ah non, Albus !, se plaignit Ron. Pas encore la crotte !
- Gastrô !, commenta, comme une excuse, le Mini directeur de Poudlard.
- Allons, Ron, tu sais bien qu'il n'y peut rien..., intervint Hermione.
- N'empêche que ça pue !
Un bruit sourd se fit entendre, et provenait de la couche du plus grand magicien de tous les temps. Son transit se régulait peu à peu. Pour se féliciter de sa production fécale spectaculaire, Mini Dumbledore applaudissait de ses petites mains dodues.
Les jeunes sorciers Harry, Ron, et Hermione, parcouraient les longs et froids couloirs de l'honorable école de magie, se dirigeant avec détermination mais aussi une certaine crainte, vers la tour d'astronomie.
- Tu penses sincèrement qu'elle pourra nous aider ?, demanda Ron à Harry. Cette vieille chouette n'est même pas capable de savoir quel jour on est !
- Ron !, s'indigna Hermione. Un peu de respect, il s'agit d'un professeur !
- Beurk !, ajouta Mini Dumbledore.
- Je suis d'accord avec lui, t'as vu sa tronche ?!
- Ca suffit !, s'exclama Harry, exaspéré, et particulièrement pris par les divers monstres en couches qui lui grimpaient dessus : Mini Sirius canin se prenant dans ses jambes, ainsi que Mini McGonagall qui s'agrippait et qui lui prenait le dos pour de l'herbe à chat.
- N'empêche, persévéra Ron, moi j'ai des doutes.
- Et moi j'ai mal !, ajouta Harry en faisant le deuil de la peau de son dos. Bon, où elle est cette foutue tour d'astronomie ?!
- Harry !, le reprit Hermione. Tu n'es pas obligé d'être grossier !
- Où elle est cette foutue tour d'astronomie s'il vous plaît ?, proposa Ron.
En réponse à leurs interrogations, une énorme détonation se fit entendre un peu plus haut. Suivie de cris et gémissements divers et (a)variés.
- À mon avis, on se rapproche, dit Hermione.
- Tu penses ?, s'étonnait Ron. Mais qu'est-ce qu'i exploser là-haut ?
- Crois-moi, ne sous-estimons pas la bête, elle est capable de tout...
- Et puis, dans le doute..., ajouta Harry.
Sur ces mots, il emmitoufla le Mini chaton avec sa robe de sorcier, et se servit de son écharpe pour confectionner une laisse au microscopique canin. Et ensemble ils accélérèrent le pas en direction du vacarme.
Ils parcoururent ainsi le dédale des couloirs et escaliers de l'auguste place forte scolaire et magique, croisant pêle-mêle un Mini Kraken, une horde de Mini Dragons, des graffitis faits à partir de différentes et effrayantes matières sur les murs revendiquant la libération des gobelins myopes ou encore la reconsidération des trolls hémiplégiques, et enfin une étrange expérience mélangeant résistance au vent, force d'inertie, et Miss Teigne. Décidément, en l'absence de sa direction, Poudlard avait bien changé.
- Et pourquoi ce serait à nous de nous occuper de tout, au final ?, râlait Ron. C'est toujours pareil, le monde est en danger, du coup on se tourne vers trois jeunes adolescents ! Enfin, le monde est en danger... J'exagère, d'accord, on a juste le plus grand sorcier de tous les temps et la moitié de l'Ordre du Phénix, seule arme capable de contrer le Seigneur des Ténèbres, qui se fait joyeusement dessus en tapant dans ses mains !
- Mouahahahaha !
- Qu'est-ce que t'as, toi ?!, réagit vivement Ron au rire moqueur qui provenait d'un Draco Malefoy réjouit et plié en deux, à quelques pas derrière eux.
- Si vous saviez !, lança-t-il en riant. Si vous saviez...
Et il disparut, visiblement plus traumatisé finalement qu'heureux, comme marqué par de terribles souvenirs faits de tortures et, pourquoi pas, d'excréments.
La dernière image qu'ils garderaient de lui sera celle d'un pauvre hère criant au travers du château, en tapant le plus bizarrement du monde sur un gong, "la fin du monde ! La fin du monde est proche ! Et elle porte des couches ! Prenez garde ! Des couches !"
- Je ne sais pas ce qu'il prend, murmura Ron, mais vu la situation actuelle, j'en veux aussi...
- Il est pas du côté des méchants, lui ?, s'étonnait Harry.
- Je ne suis plus trop sûr de ce qui se passe en ce moment, déplore Hermione. Et puis, ne sois pas si manichéen... Les gentils, les méchants, c'est peut-être un peu plus complexe que ça !
- Pas bô ! Draco caca !, commenta Albus.
- Tu vois, lui au moins il est d'accord avec moi !, dit fièrement Ron.
- Tu as raison d'être content de tomber d'accord avec un système digestif sur pattes..., nota Harry.
- Nia nia nia !, maugréa Ron, repris par Albus qui "nianiata" avec motivation.
Sur ces sages paroles, ils poursuivirent dans la joie, la bonne humeur, et la brume brunâtre qui émanait joyeusement des couches de l'honorable Albus Dumbledore.
Ils étaient accompagnés par des sons étranges, qui résonnaient comme autant d'échos à d'effroyables desseins et sombres expériences tentées dans le moindres recoins du château. Plus de pouvoir, plus de contrôle. Et puis, comme on dit en biologie, quand y a du gène, y a pas de plaisir.
Ils arrivèrent enfin à la tour d'astronomie. Qui semblait maintenant servir de piste au festival international de bowling de cristal...
En deux mots, la scène : une piste improvisée au milieu de ce qui fut la classe d'astronomie, jonchée de coussins et de ce qui ressemblait à s'y méprendre à de pauvres chats en boule qui n'avaient rien demander ; des tonnes de chandelles avaient été sacrifiées pour fournir les litres de cire permettant de rendre la piste glissante.
Au bout de cette piste, les quilles : de différentes formes, tailles et matières, elles étaient tour à tour constituées de statues, de furets magiquement stupéfiés, et autres agglomérats de crottes de nez provenant, espérons-le au vu de la couleur et de la quantité, du naseau d'un troll particulièrement enrhumé.
Et à l'autre bout, la très respectable, bien qu'incomprise et échevelée, professeur Trelawney.
D'environ quatre-vingt-trois centimètres de haut.
- Ah non !, paniqua Hermione. Pas elle aussi...
- Bah quoi ?, intervint Ron. Je vois pas ce que ça changera à d'habitude...
- Mais tu ne comprends pas la gravité de la situation ?!, s'emporte Hermione. Tu ne vois pas dans quelle mouise on est ?! Sombre et fieffé crétin !
- Hé !, s'indigna Ron. Je ne suis pas fieffé... Quoi que ça veuille dire, ajouta-t-il plus bas en maugréant.
- On va devoir faire avec, dit Harry avec une détermination de plus en plus vacillante à mesure que le temps et les couches passaient.
- 'agnéééééé !, célébrait plus loin Trelawney, réalisant un très beau strike menant prématurément à la fin de l'incroyable et remplie vie de, entre autres, une demi-douzaine de pauvres petites bêtes.
- Je vois pas comment..., commençait Hermione.
- Et moi je vois pas pourquoi ça aurait été différent avec elle, interrompit Ron. Tous les adultes que nous croisons semblent se transformer au fur et à mesure...
- Tiens, je n'avais pas envisagé le problème sous cet angle..., reprit l'élément féminin du trio. Tu penses que ça ne touche que les sorciers adultes ?
- Ca semble logique, non ?
- Pas du tout..., répondit Hermione. Mais... vous pensez que ça touche vraiment tout le monde de la magie ? Ce qui voudrait dire que Vous-Savez-Qui...
- Non, coupa Harry. J'y ai pensé aussi, mais je le sens, il a été épargné. Et en même temps, il a vraiment pas l'air bien... Mais vraiment pas du tout...
- Voilà au moins une bonne nouvelle, soupira Ron.
Mais ils n'eurent pas le temps de se réjouir car déjà, une petite boule faites de poils, de bave et de chair potelée, avec de très grandes lunettes sur le front, bien trop larges pour sa petite tête d'ampoule velue, s'était laissée tomber du plafond sur les épaules de Harry et lui martelait la tête avec un coussin en répétant "Malheur ! Malheur ! Malheur !".
En tout cas, c'est ce qu'on pensait comprendre des nombreux 'alheu', 'alheu' que babillait bébé Trlelawney.
- Aïe ! Aïe ! Aïe ! Non !, cria Harry. Méchante Trelawney ! Pas bien !
- Professeur !, accourut Hermione. Calmez-vous voyons !
- Au moins maintenant on sait qu'elle a toujours été comme ça..., ajouta l'élément moche du groupe et non ce n'est pas une remarque parce qu'il est roux j'adore les roux mais juste parce franchement t'as vu sa tronche?!
Hermione arriva à retirer du visage de Harry la mini divinatrice, et la tint bien haut, afin de la toiser.
- Bon, maintenant, dit la sur-douée sur ton autoritaire que l'on réserve paradoxalement aux enfants et aux chiens, ça suffit. Professeur, dites-nous ce qui se prépare. Qu'annoncent tous ces signes ? Comment interpréter tous ces indices complexes et contradictoires, dont la signification nous échappe encore et toujours à l'aulne d'une nouvelle guerre des sorciers ?
- Hermione, elle a deux ans...
- Très bien, se vexa Hermione. Fais-le, toi, si t'es si malin...
Ron se chargea du bambin professoral, et inspira un grand coup.
Et il la transforma en sismographe humain.
- EST-CE QU'ON VA TOUS CREVER ? RÉPONDS ! VIEUX TAS DE CROTTES !
Dans l'impossibilité d'articuler quoi que ce soit, au vu de tous ces tremblements, Trelawney sembla commencer malgré elle une carrière dans le beatbox.
- RON !, s'indigna Hermione en lui reprenant la victime des mains. Ça va pas non ? C'est un bébé !
Trelawney les regardait avec de grands yeux incompréhensifs, ne captait apparemment pas grand chose de ce qui se passait autour d'elle. Alors elle décida qu'il était de bon ton de se renverser tout le marc de café de sa réserve sur la tête.
- Eh ben..., déplora Harry, on n'est pas plus avancés...
- Attends, c'était ton idée, dit Ron.
- Moi au moins j'ai des idées !, répliqua le scarifié du front.
- Des comme ça, tu peux te les garder !
- Va te faire voir chez les trolls !
- Comme ça on pourra se retrouver !
- Résidu de Cracmol !
- Vieille sorcière édentée !
- Sirius !, interpella Harry. Attaque !
Le chiot, toujours très compréhensif décida alors de faire le mort, offrant à l'assistance son ventre et ses pattes en l'air. C'est McGonagall qui se chargea de l'attaque, et qui, toutes griffes dehors, proposa une version cubique du visage de Ron.
- C'est de la triche !, s'indigna Ron. Vilaine Minerva ! Couchée !
- Les garçons !, s'exclama Hermione, indignée et apparemment captivée par un autre endroit de la pièce. Regardez !
En effet, le temps de la lamentable bagarre qui se préparait plus haut, Trelawney s'était dressé un trône de couettes et de coussins sur son bureau, avait pris place sur celui-ci, et semblait régner sur un monde de rats et autres rongeurs. Elle s'était grimée le visage avec le reste de marc de café, pour donner une excellente et perturbante imitation du Seigneur des Ténèbres. Avec des lunettes.
- P'enez g'aaaaaaaa'de, prononça telle une terrible sentence la petite divinatrice.
Puis elle regarda de part et autre de son trône, leva les mains et cria.
- Combat ! Caca !
Et comme attendant un signal, les rongeurs se ruèrent les uns sur les autres dans une effroyable et épique bagarre, pour autant qu'une bagarre impliquant des musaraignes, des rats, et des furets, le tout sous le regard et le commandement d'un bébé dérangé, puisse perte épique.
Le trio de magiciens ayant l'habitude de sauver le monde assista à la scène et se rendit compte du message. Ils avaient compris. Enfin. La fin est proche. Ou alors, Trelawney était définitivement le croisement immonde entre une mini schizophrène et une princesse Disney.
- On va devoir affronter les forces du mal, annonça Harry, très sombre. Avec un Mini Ordre du Phénix...
- Eh ben on n'est pas dans la merde..., nota avec beaucoup de finesse crinière en feu.
C'est lors qu'ils entendirent une détonation formidable qui semblait provenir de la Forêt Interdite.
- Ah non, quoi encore ?, glapit la boule de boucles brunes.
Ils se précipitèrent alors dehors, dévalant tout ce que le château pouvait comporter de couloirs et d'escaliers.
Une fois arrivés à la cabane du maître des clés de Poudlard, ils eurent l'honneur d'assister à un sensationnel spectacle mettant en scène un mini dragon s'amusant joyeusement à faire des tours au-dessus de la Forêt en crachotant quelques gerbes de feu, s'attirant pour l'occasion l'ire de mini centaures tentant de descendre le lézard ailés à coup de flèches.
Le tout agrémenté de gerbes d'étincelles et d'explosion allègrement et maladroitement fournies par le conducteur du dragon, assis sur son encolure, à savoir un mini...
- Oh, non, se lamenta Hermione, tout sauf ça !
- Hagrid ?, s'étonna Harry.
- Cool, un Mini demi-géant !, s'exclama Ron. Du coup, vous croyez que ça en fait un quart ?
Avant que l'un ou l'autre de ses comparses ait eu le temps de lui répondre par un jolie main au visage, rougissant encore plus sa peau déjà écrevisse, un hurlement lugubre se perdit dans le vent. C'était le gémissement angoissé et angoissant de quelque créature terrible et annonciatrice de chaos.
- C'était quoi ça ?!, s'inquiéta Hermione.
- Du calme, ce n'était peut-être que le vent, tempéra Harry.
- Et puis je crois qu'on a plus urgent à régler, fit remarquer Ron en pointant le combat de créatures qui se déroulait là.
- On dirait un loup-garou !, glapit la jeune première à la tignasse indomptable et fournie.
Ron se permit alors d'intervenir d'une manière très rassurante et constructive :
- Ou en tout cas, c'est vachement bien imité... On dirait vraiment un loup-garou...
- Tu penses aussi ?
- ...Mais en plus petit...
À suivre. Allez quoi.