Loup

Prologue

Je sais que pour les humains, les histoires commencent généralement par « il était une fois », mais ce ne sera pas le cas ici.

Je m'appellais Mischa et j'étais humain. Mais ca remonte à loin. Très très loin. Je vivait dans un pays pauvre… je crois. J'ai du mal avec ces notions à présent. Pour moi, tant qu'il y a du gibier à chasser et un coin où dormir au chaud, je suis heureux.

Il me semble que je suis mort à 20 ans, mais comme je l'ai dit , ça remonte a loin, et je ne me souviens plus trop.

Durant ma vie d'humain, j'étais un brigand, qui vivait en tuant plus que raison. Mon enfance n'avait pas été heureuse, et je ne voyais pas pourquoi je serais le seul a souffrir. J'étais bête, à l'époque. Quant à savoir si je le suis toujours… Enfin, je me vantais d'être le plus fort de toute la région, c'était peut être vrai, en tout cas, un jour, un étranger est arrivé dans mes forêts. Comme tous ceux avant lui, j'ai voulu le tuer.

Ben je n'aurais surement pas été le plus fort dans sa région. Ma mort a été rapide. Presque sans douleur. Je me suis relevé peu après, une chaîne étrange pendant sur mon torse. Elle était brisée. Et l'étranger s'en allait en souriant. J'ai vu mon corps étendu à mes pieds avec détachement. Je savais que, de toutes façons, il était perdu pour moi, que je ne serais plus jamais un humain normal. Et encore aujourd'hui, j'ignore si j'en étais heureux ou non.

J'ai erré quelque temps, sans but, sur « mon territoire » comme je l'appellais. Et c'est au détour d'un sentier que je l'ai vu.

C'était une bête magnifique, qui devait bien m'arriver a mi-cuisse. Son pelage noir luisait, malgré le fait qu'il était souillé de sang . Ses crocs d'ivoire m'auraient arraché le bras sans mal. C'était un loup. Une terreur des bois, qui devait être le chef de la meute qui sévissait dans les environs. En fait, je crois que la première chose qui m'a marqué en le voyant, c'est la tâche blanche en forme de papillon qui s'étendait sur ses yeux, comme un masque. Et aussi son regard voilé, le regard de quelqu'un qui meurt lentement .

Je suis resté planté là, à le regarder, pendant quelques minutes, ou quelques heures, je ne sais pas. Puis, saisi d'un élan de pudeur inexpliqué, j'ai détourné les yeux. Il vivait ses derniers instants, et il n'avait besoin qu'un imbécile dans mon genre vienne le déranger, même si l'imbécile en question était un fantôme ! J'ai donc fait demi tour, et j'ai commencé à m'éloigner.

-« Attends. »

S'il y a une chose dont je me souviendrais toujours, c'est du saut de carpe que j'ai fait en entendant cette voix résonner dans ma tête. J'ai regardé de tous les côtés pour voir qui me parlait. Mon regard est tombé sur le loup et je me suis senti aspiré par ces grands yeux dorés. C'est stupide, je pensais, les animaux ne peuvent pas me voir. Cette bête non plus !

-« Répare ce qu'a fait ton peuple. »

-« Hein ! »

Oui, éloquence remarquable, je sais.

-« A cause des tiens, ma meute toute entière est morte, et avec moi disparaitra le dernier chasseur de cette forêt. Répare les erreurs de ton peuple et fais moi vivre ! »

-« Je ne suis pas médecin… » plaidais je.

-« Comme si la médecine des humains pouvait me sauver ! Vois ma blessure ; elle a été faite avec une de vos haches. Ce corps va mourir, mais il ne faut pas qu'il disparaisse. »

-« Que veux tu ? » ai-je demandé, la gorge sèche.

Je me sentais incroyablement stupide. Je parlais avec un loup ! Une bête sauvage ! Et mourante avec ça ! Et cette même bête me parlait de corps qui allait mourir, alors que moi même je n'étais mort que depuis quelques jours ! J'étais stupéfié. Et ce qu'il me dit me laissa complétement hagard.

-« Ne faisons qu'un . Toi et moi à jamais sous la lune. »

-« Pardon ! C'est impossible ! »

-« Les humains n'ont que ce mot à la bouche ! Si tu entres dans mon corps, tu pourra t'en servir à jamais. Tu fouleras la terre pour toujours, et ma race sera sauve. »

-« Je refuse ! » ai-je répliqué instantanement. « Pourquoi devrais je faire un avec toi ? »

-« Ne désires tu pas vivre à nouveau ? Sentir le vent ? Pouvoir manger ? Réponds moi franchement : ne veux tu pas continuer une vie sur la terre ? Si tu reste ainsi, tu te transformera en monstre, c'est la destinée des races humaines. La terre ne veut pas les acceuillir. Mais si tu viens dans mon corps, ce siniste avenir te sera épargné. Alors décides toi ! »

Je ne savais plus où j'en étais, complétement déboussolé. Transformé en monstre ? Il est vrai que depuis quelques temps, cette chaîne étrange me faisait mal au point que je croyais en devenir fou. Mais de là a devenir un monstre, il y avait du chemin ! Pourtant, pourtant… Vivre à nouveau. Je l'avais ardement souhaité Qui ne l'aurait pas fait ? Dans le corps d'un loup, ou dans celui d'un humain, quelle est la différence ? Je me suis décidé.

-« J'accepte. »

Et le loup mourrut. J'ai vu son âme briller un instant. Et moi je suis rentré dans son corps.

Il est impossible de décrire ce qui c'est passé, ce que j'ai ressenti, pendant la fusion. Je n'étais plus humain, ça, c'est sur. Mais je n'étais pas loup non plus, car je gardais ces ridicules idéaux de justice et de vengeance. J'étais autre chose, quelque chose de nouveau. Et je me sentais bien, tellement bien… La blessures du loup cicatrisa presqu'aussitôt, et le loup et moi, nous sombrâmes dans un sommeil sans rêve.

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, mais au réveil, j'avais un mal de crâne à m'en taper la tête contre les arbres en attendant que ça passe. Les sons et les odeurs m'assaillaient, j'avais l'impression de tout ressentir puissance dix. Il me fallu quelques heures pour m'y habituer. Faire bouger correctement ce corp animal me prit du temps également. Les instincts de Loup me forcèrent à quitter la régions quelques jours plus tard, pour trouver un nouveau territoire. Ainsi commenca ma longue errance dans le monde des hommes.

Vivre parmi eux est désespérement facile : il n'y a qu'a trouver les riches, leur faire les yeux doux, principalement aux enfants, et attendre qu'ils me cèdent un peu de leur nourriture en piallant « oh le beau chien ! ». Vivre, c'est facile quand on est un loup.

Oh, détrompe toi ! Je savais chasser. Loup et moi étions encore deux consciences séparées : Il savait tuer, moi je savais me procurer de la nourriture. Le seul point commun : nous étions partisans du moindre effort. Alors, va ! Je mendiais, et nous vivions tout deux.

Notre corps était étrange : pas « vivant » car le cœur ne battait pas ; pas mort, car il bougeait et émettait une douce chaleur… Au tout début, je le voyais comme un costume que je pourrais oter dès que l'envie m'en prendrait. Puis mon avis a changé, au fur et à mesure que Loup fusionnait avec mon âme. Oui, Loup fusionnait avec moi. Bientôt nous ne serons plus qu ' un, « à jamais sous la lune », comme il le disait… Et ce corps serait définitivement mien.

J'ai erré plus de dix ans dans mon pays natal, avant de partir. Je me dirigeais un peu au hasard, mais la direction générale était l'est, vers le soleil levant. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment, mais mon instinct me disait que mon futur était là bas. J'ai traversé un pays enneigé, où j'ai du commencer à chasser, car les humains y étaient rares. Je suis passé par un pays immenses aux paysages grandioses, où les humains avaient la peau jaune et des yeux bridés.

Et enfin, j'ai vu la mer. Je savais que mon pays bordait la mer, mais je n'y étais jamais allé. Je suis resté à regarder cette étendue bleue pendant près de deux jours. Puis je me suis levé et je me suis mis a chasser, parce que j'avais un peu faim. Loup et moi ne faisions qu'un depuis longtemps. J'avais atteint l'ultime étape de la fusion. Je n'étais plus humain, mais je n'étais pas loup. J'étais bien, c'est tout.

Je suis resté presqu'une année entière près de l'océan, à admirer l'eau ou à tuer les biches qui vivaient dans la foret voisine. Puis un soir, un humain est arrivé. Enfin, non. Pas un humain. Ca ressemblait à un humain, mais c'en était pas un. Il portait des vetements noirs comme je n'en avais jamais vu, et portait un long sabre au côté. Il m'a regardé, je l'ai regardé.

-« Ce corps n'est pas à toi. » a-t-il déclaré

Je n'ai rien répondu. Pas parce que je ne pouvais pas, mais parce que je ne voulais pas. De toutes façons, ce n'était pas une question.

-« Je vais t'envoyer à la Soul Society. Tu vas voir, c'est un bel endroit, et on peut y vivre heureux. Tu pourras commencer une nouvelle vie. »

Bah, je n'avais plus rien à faire ici. Pourquoi pas partir pour un nouveau territoire ?

-« Et tu seras de nouveau humain. J'ignore pourquoi tu as pris le corp de ce loup, mais tu pourras redevenir toi-même. »

Ca, par contre, j'en doutais. Loup et moi n'étions qu'un. Mais bon, je n'ai rien dit.

Il a sorti son sabre.A tourné la poignée vers moi. Me l'a appliqué sur le front. Je n'ai rien senti, mais une seconde plus tard, je n'étais plus sur la Terre. J'étais arrivé au Rukongaï. Et j'avais mon corps de loup.

Il y avais des humains qui faisaient la queue, ça, je l'ai tout de suite vu. J'étais dans la file, mais j'en suis sorti. Personne ne m'en a empeché, après tout, pour eux, je n'étais qu'un chien. Je les ai vu tiré un papier, et des fois, ils semblaient heureux, des fois pas. C'était assez bizarre. J'ai aussi surpris quelques conversations. Ils parlaient d'un quartier où ils ne voulaient surtout pas aller, un quartier nommé « Zaraki ». Il paraitrait que ce quartier était sauvage, et que les hommes s'y comportaient comme des bêtes. Bof, ce quartier ne me parassait pas si terrible. S'il était sauvage, j'aurais de quoi manger. Oui, c'était décidé, je me dirigerais plein nord, vers le « Zaraki ».

Je suis donc descendu. Traverser les quartiers en descendant n'est pas bien dur, mais des barrages empechent les humains de monter. Et tous n'avaient pas l'air heureux, contrairement à ca que m'avait dit l'homme en noir. Après le 60ème, certains parraissaient désespérés. Mais je ne pouvais rien pour eux, alors, j'ai continué mon chemin. Me nourrir était dur, mais plus j'avancais, plus le gibier était nombreux. Pendant ce voyage, j'appris même à pecher, mais j'évitais autant que possible, parce que je n'aimais pas être tout mouillé. Finalement, je me suis arreté au 79ème quatier, le « Kusashiji ». Les proies y étaient nombreuses, et même si les humains essayaient de me tuer, ils n'étaient pas un problème.

Mon territoire s'étendait sur toute la partie nord du quartier, à la limite du « Zaraki » où j'allais quelquefois quand chez moi les proies se faisaient rares. Les humains s'entretuaient, monstres d'égoïsme, mais moi, je vivais tranquille. Si ces imbéciles avaient pris la décision de s'entre-aider au lieu de ne penser qu'à eux, la vie serait moins dure pour eux. Mais bon, ce n'était pas mon problème.