Sept vies pour mourir
Auteur : GabrielleTrompeLaMort
Rating : T
Genre : Action/Adventure – Mystery – Romance
Titre : Sept vies pour mourir
Spoilers : Post Tome 6, bien que, depuis la parution du Tome 7, j'aie décidé d'inclure certains éléments du Tome 7 à la fanfic.
Disclaimer : Cette fanfiction n'est pas à but lucratif. Tout appartient à J. K. Rowling et la Warnerbros Company.
Résumé : Certains appellent ça « jouer avec le feu », mais Harry Potter préfère dire qu'il se sert des mêmes armes que son ennemi pour le vaincre. [Voyage dans le temps – Horcruxes]
Note de l'auteur : Coucou !
Un an et demi de silence depuis le chapitre précédent, vous avez le droit de me flageller… je gère très mal mon temps d'écriture mais, comme vous le voyez, je n'abandonne rien ! Je ne promets rien pour le prochain chapitre, même si j'ai de bons espoirs que ce soit rapide cette fois : après tout, on est à 4 chapitres + un épilogue de boucler cette fic, ce serait dommage de laisser traîner encore, surtout que vous êtes toujours là, fidèles au rendez-vous ! Je ne pourrai d'ailleurs jamais vous en remercier assez. Merci merci merci à vous mes chers lecteurs ! Vos reviews, vos favoris, vos follows… tout ça me va droit au cœur.
Pour ceux d'entre vous qui voudraient se rafraîchir la mémoire, le lien vers un résumé complet & concis des précédents chapitres est dispo sur ma page de profil.
Je vous tiens au courant pour la suite. En tous cas, vous pouvez remercier mon beta-lecteur, Charlie, qui a su me rappeler régulièrement que j'avais un chapitre à écrire et une fic à finir. Hurrah pour Charlie !
Bonne lecture, et à très bientôt !
Gabrielle.
Personnages et situations :
Ralph Brocklehurst : Pseudonyme de notre Harry Potter international au temps des Maraudeurs.
James Potter, Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow : Les Maraudeurs, en septième année, nul besoin de les présenter.
Lily Evans : En septième année à Gryffondor, amie de Marlene McKinnon, petite-amie récente de James Potter.
Marlene McKinnon : Amie de Lily et Helena, septième année à Gryffondor, homosexuelle.
Franck Longdubat : En septième année à Gryffondor. Meilleur ami de Rose.
Alice Hornby : petite amie de Franck, Serdaigle.
Rose Barjow : Sœur de Rigel Barjow, elle est à Gryffondor en septième année et est très amie avec Franck Longdubat. Ses parents sont les tenanciers de la boutique du même nom au chemin des Embrumes. Depuis peu, elle est devenue réanimatrice pour Voldemort… enfin, c'est ce qu'il semblerait.
Rigel Barjow (MORT) : Frère de Rose Barjow, il est à Serpentard en septième année, et traîne avec sa bande de caïds, à savoir : Severus Rogue ; Rodolphus Lestrange ; Lucy Rosier et Antonin Dolohov.
Severus Rogue : toujours égal à lui-même, et comme nous le connaissons tous. En septième année lors de l'histoire. L'affaire de la cabane hurlante est déjà passée.
Regulus Black : Frère de Sirius Black avec lequel il a de gros problèmes relationnels depuis la fugue de ce dernier, en cinquième année à Serpentard, ami avec Loïs Parkinson, Amycus et Alecto Carrow. Créateur et co-fondateur de la Loge Noire.
Loïs Parkinson : Cinquième année. Ami avec Regulus Black et les jumeaux Carrow. Craint à Poudlard pour ses élans et regards sadiques et malsains...
Amycus et Alecto Carrow : Cinquièmes années. Mangemorts arrêtés, respectivement hommes et femmes, cités dans le tome six. Famille mangemorte citée dans le tome six, qui apparemment aurait cru Voldemort mort. Par choix, j'ai décidé que les deux personnages suscités seraient de cette famille, mais cela n'est pas sûr. Une simple supposition.
William Potter : père de James Potter, il est l'Auror lieutenant en chef du département de la défense magique, et aussi son porte-parole officiel, avec le commandant principal. Il dirige une équipe d'Aurors, surnommée la Main, car ils sont cinq et soudés jusqu'à la mort. Depuis peu, il enseigne la DCFM à Poudlard.
Maugrey Fol Œil : le seul, l'unique, l'inimitable. Membre de la Main.
Faustine Bouvaist : membre de La Main, amante de William Potter.
Fabian et Gidéon Prewett : frères de Molly Weasley, membres de la Main.
Giliane Potter : épouse de William Potter, membre de l'Ordre du Phénix. Langue de Plomb qui a été sous influence d'Impero, mais est maintenant clean.
Augustus Rookwood : chef des Langues de Plomb du Ministère, Mangemort. A ensorcelé Giliane Potter.
Ewan Rosier (MORT) : frère de Lucy Rosier. Mangemort déclaré, jeune, tué par Harry Potter.
Lucy Rosier : élève à Poudlard, petite amie de Regulus et co-fondatrice de la Loge Noire.
Travers : Mangemort, amant « imposé » de Lucy Rosier.
Wilkes : Mangemort, troisième homme de main de Voldemort.
Lucius Malefoy : Mangemort, actuel bras droit de Voldemort.
Cette liste s'enrichira au fur et à mesure des chapitres, et de l'apparition des personnages.
La croisée des chemins
« Harry ? Harry, c'est Rose, est-ce que je peux entrer ? »
La jeune fille évitait de parler trop fort, de peur de réveiller ceux qui dormaient déjà. Minuit sonna à l'horloge du salon du rez-de-chaussée et Rose attendit que les douze coups de carillon s'éteignent pour taper à nouveau, un peu plus fort, à la porte de la chambre d'Harry.
« Harry, j'ai besoin de te parler en privé, ouvre s'il te plaît… »
Depuis qu'il avait appris qu'il ne se trouvait pas dans le bon univers, le jeune homme ne parlait plus. Plus un mot, plus une syllabe, à peine quelques « humm » ânonnés de manière indifférente, comme si plus rien n'importait désormais. Comme si les êtres qui s'adressaient à lui étaient des fantômes errants, rien de plus que les pâles copies des ancêtres de ceux qu'il avait connus dans son propre univers. Si Rose comprenait sa tristesse et son comportement, elle lui pardonnait mal ce jugement assez vexant.
Mais ce n'était pas de ça qu'elle voulait l'entretenir ce soir, cette nuit, dans la touffeur de l'été qui s'annonçait déjà alors que le printemps n'était pas encore fini.
Au moment où elle allait renoncer et se disait que son ami devait certainement dormir, un détail retint son attention et lui mit la puce à l'oreille : un courant d'air frais caressa la peau de ses chevilles. Un courant d'air qui venait de l'interstice entre la porte de la chambre et le sol. Rose fronça les sourcils et, sans plus de précautions ou de politesse, ouvrit le battant.
Le lit n'était même pas défait.
Les valises, même pas faites.
Seule la fenêtre restait ouverte.
Rose cilla et soupira : ce qu'elle avait à lui dire ne pouvait plus attendre. Si elle attendait, Harry serait trop loin pour être rattrapé et il aurait toujours une longueur d'avance sur elle. La jeune fille inspira à fond et ferma les yeux, projetant sa forme spectrale devant elle.
« Guide-moi » dit-elle en pensée à son fantôme, tel qu'elle était habillée le jour de sa mort. « Guide-moi vers Harry, je dois le retrouver. »
Son double ectoplasmique gémit, la bouche grande ouverte, puis s'en alla gémir vers la porte de sortie. Rose le suivit, pas à pas. Elle enfila ses ballerines de cuir avant de quitter la maison silencieuse dont les lumières furent bien vite derrière elle. Ils sortirent du village et le fantôme s'enfonça dans un bois dense, aussi sombre et touffu que la Forêt Interdite. Rose retint son souffle; aucune créature vivante ne l'attaquerait. Elle ne craignait rien des animaux, ils la fuyaient tous par instinct. Seuls les humains étaient assez stupides pour s'attaquer à une réanimatrice qui, après leur trépas, pourrait leur faire traverser mille ans de souffrance sans que cela ne lui coûte plus qu'un claquement de doigts…
Rose se concentra. Une demi-heure passa et, bientôt, la sente étroite qu'elle suivait s'élargit. Harry était là, quelque part, non loin. Pourquoi avait-il cessé d'avancer ? Elle trouva soudain sa réponse, comme elle avisait la lisière d'une clairière. Elle comptait rester dissimulée dans les hautes herbes qui atteignaient presque son front, mais une baguette appuyée entre ses omoplates la dissuada de faire un pas de plus.
Son cœur ne rata pas même un battement : si la personne embusquée avait voulu la tuer, elle serait déjà morte.
« Et ressuscitée pour lui planter mon poignard dans le crâne », songea-t-elle presque avec humour mais non sans amertume. Personne ne se méfiait jamais assez des cadavres : ceux des réanimateurs pouvaient se relever à n'importe quel moment. On ne tuait pas l'un des plus fidèles serviteurs de la mort d' un simple sortilège magique. Il fallait un rituel et, surtout, beaucoup d'imagination pour détenir un réanimateur contre son gré.
« Tu as déjà tué assez de gens comme ça, Harry » murmura-t-elle d'un ton las. « Me tuer moi ne préservera pas ton secret. »
Il fallait au moins ça pour lui rendre sa langue et le faire parler à nouveau, après des jours et des jours de silence.
« Je… » Dans le dos de Rose, la pression de la baguette perdit en force puis se planta à nouveau dans son dos, si fort que la jeune fille ne put s'empêcher de faire un pas brusque vers l'avant, afin de ne pas bêtement tomber.
« Comment je sais ? Voyons, Harry, je l'ai su dès que je t'ai vu : je suis réanimatrice. »
« Pourquoi n'avoir rien dit ? »
« Tu m'as sauvée, tu te rappelles ? Tu as tenu ta promesse, celle de me protéger. »
« Non je n'ai… »
« Cesse d'être aussi dur avec toi-même et écoute moi, Harry. »
La jeune fille se retourna vers son ami, dont le regard vert émeraude brillait d'émotion. Rage ou tristesse ? Peur ou colère ? De quel genre de mélange explosif s'agissait-il ? Sans crainte, Rose passa sa main autour de la baguette de son ami et la pointa sur son propre cœur. Un geste symbolique, destiné à lui faire prendre conscience de l'inutilité de pointer sa baguette sur elle.
« Qui veux-tu être ? Le sauveur ou le tueur ? »
« Je… le sauveur bien sûr ! » Il semblait outré qu'elle puisse en douter une seule seconde.
« Alors pourquoi es-tu parti de Godric's Hollow ? »
« Parce que… » Il cilla.
« Tu t'es fabriqué des Horcruxes et tu es incapable de t'affranchir autrement de ta dette envers Astharoth, n'est-ce pas ? »
Il hocha la tête, sans pouvoir la regarder en face.
« Je n'ai pas le choix. »
« On a toujours le choix. »
« Non, Rose, tu ne comprends pas : si je ne le fais pas de moi-même, Astharoth me transforme et prend le contrôle de mes faits et gestes. Et il pourrait tuer n'importe qui : toi, William, Gilian… c'est pour ça que j'ai quitté Poudlard et Godric's Hollow : pour sauver vos vies. »
« Et en abréger d'autres. »
« Celle de gens qui ne méritaient pas de vivre. »
Elle haussa un sourcil sceptique :
« Ah, tu es Dieu incarné maintenant ? Tu as le pouvoir de vie ou de mort sur quiconque ? Même moi je n'ai pas cette prétention et, pourtant, je suis réanimatrice. J'ai les pouvoirs pour ça. Mais je ne suis pas Dieu pour autant. C'est Astharoth qui parle à ta place, Harry. C'est lui, son influence, qui crée ce genre de raisonnements absurdes; mais tuer ne sauvera personne. Surtout pas tes amis. Oh, oui, tu vas finir par être assez puissant pour sauver le monde de Voldemort et réduire le Seigneur des Ténèbres à néant. Mais qui nous sauvera de toi, Harry ? Qui nous sauvera du monstre que tu seras devenu pour cela ? »
« Je… non, ce n'est pas… »
« Ce n'est pas ce que tu as prévu, mais c'est bel et bien ce qui se passera si tu ne me laisses pas t'aider. »
Rose se tut quelques instants pour observer la réaction d'Harry. Le moment de vérité. Soit il rejetait son aide, soit il lui ouvrait les bras pour accepter la main tendue. Dans le cas où il refusait son aide, elle n'aurait pas d'autre choix que d'aller tout raconter à l'Ordre du Phénix. Elle n'était plus une sorcière assez puissante pour provoquer son ami en duel, mais Dumbledore, lui, aurait les moyens d'arrêter Harry pour de bon.
Ce dernier avait baissé sa baguette, son bras pendait le long de son corps, comme une branche morte arrachée par le vent. Rose tendit timidement une main vers lui et, doucement, glissa ses doigts entre les siens, dans la main qui ne tenait pas la baguette. Harry frémit mais ne s'écarta pas. Il ne serra pas non plus la main, comme si l'indécision le paralysait sur place, l'empêchait d'accomplir le moindre geste, y compris le plus anodin.
« Non. » lâcha-t-il soudain. Il leva les yeux. Son regard était noir, comme si ses pupilles avaient débordé sur ses iris. Bientôt, celles-ci se tintèrent de rouge. Rose reconnaissait ce regard; c'était celui qui hantait l'âme de ceux qui s'étaient vendus au démon primordial. La jeune fille recula d'un pas, prête à mourir encore une fois, puis à revenir une fois de plus à la vie.
« Non, car cela impliquerait de détruire mes propres Horcruxes. Et je ne peux pas… »
« Je pourrais le faire pour toi. » proposa-t-elle, la voix presque suppliante. Elle n'avait pas peur pour elle, elle avait peur pour lui et ce qu'il resterait de son âme s'il créait un Horcruxe supplémentaire. Elle se trouvait déjà en lambeaux, il ne fallait surtout pas qu'il poursuive sur cet horrible chemin.
« Je ne peux pas te laisser faire. »
Elle déglutit, la gorge sèche, et reprit la voix tremblante d'émotion :
« Très bien, je… »
Mais une troisième voix la coupa, une voix reconnaissable entre toutes :
« Harry, tu aurais dû m'en parler. »
L'Auror Potter s'arracha des bras des ombres végétales, grande silhouette grise sur un décor plus noir encore que l'espace entre les étoiles. Rose frissonna; elle ne le craignait pas, lui non plus, mais elle redoutait sa colère, son ressentiment… et ce qu'il allait faire à Harry maintenant qu'il savait, pour les Horcruxes. Rose s'était tellement concentrée sur son objectif qu'elle en avait perdu de vue ses arrières; bien entendu, elle s'était révélée une cible extrêmement facile à suivre pour un Auror entrainé.
Ce dernier se dressait de toute sa hauteur face à son petit-fils, lequel tourna son regard rouge sang dans le sien. L'Auror sursauta.
« Harry ? »
« Ce n'est plus tout à fait Harry… il est dominé par ses Horcruxes : ses morceaux d'âmes pervertis ne nous laisseront pas les détruire et Harry est leur instrument. » Rose ressentit soudain l'impérieuse envie de pleurer, ses yeux lui piquaient et elle devait battre des paupières pour empêcher les larmes de couler. L'affrontement devenait inévitable, car, comme elle le précisa dans un souffle :
« Ce n'est jamais le Horcruxe qui est au service du sorcier. »
Ce furent les derniers mots échangés. Un cri rauque monta de la gorge de Harry qui, transfiguré, leva sa baguette et hurla :
« PYRO ! »
À cet instant, un nuage passa devant l'œil à demi-clôt de la lune, comme pour la préserver du spectacle. Rose, elle, n'en manqua pas une seule miette. Elle aurait voulu être assez lâche ou peureuse pour fermer les yeux, mais elle ne pouvait détacher son regard du duel.
William, bien entendu, moucha la flamme qui se dirigeait vers lui, d'un seul sortilège nonchalamment administré d'un sec tour de poignet. Son visage fermé reflétait sa désapprobation et, surtout, sa déception. Rose s'écarta, sachant pertinemment qu'elle ne serait d'aucune utilité dans ce duel magique, ni pour l'un ni pour l'autre.
« Tu vas vraiment tuer ton grand-père, Harry ? »
« Vous n'êtes pas mon grand-père… vous n'êtes… qu'un autre. Une copie. »
« C'est vraiment ce que tu penses ? » murmura William, du bout des lèvres. Celles d'Harry tremblèrent, comme si une réponse négative brûlait de s'échapper de leur prison de chair, mais le silence perdura, insoutenable. William n'en put bientôt plus et secoua la tête :
« Très bien. Alors battons-nous, car je ne te laisserai pas partir et tu ne te laisseras pas f… »
« Endoloris ! » s'écria Harry.
Rose se recroquevilla sur elle-même tandis que le sortilège esquivé par William rebondissait sur une pierre et mourait au bond d'un buisson, d'où un pauvre animal poussa un gémissement surpris, première victime innocente de cette nuit. D'autres sortilèges fusèrent de la baguette d'Harry – ou, du moins, de son ombre. Pour la plupart déviés par William, ils n'en continuaient pas moins de pleuvoir sur l'Auror qui, peu à peu, reculait en direction de la clairière, et s'éloignait de Rose. La résolution ferme de ceux qui ont pris une grave décision hantait son regard.
« C'est comme ça que tu comptes vaincre Voldemort ? En le faisant mourir d'ennui, Harry ? »
L'attaque verbale était sûrement destinée à un quelconque but tactique. Rose constata seulement que cela énerva Harry, qui abandonna soudain l'idée d'utiliser une magie non corrompue et changea alors de tactique.
Pour montrer son vrai visage.
Rose remarqua d'abord la marbrure de veines rouges, dans son cou très pâle, qui montait sur son visage. Puis l'odeur de pourriture qui flotta jusqu'à elle. Une odeur mentale, celle de son âme. Les Horcruxes étaient en train de lui donner plus de puissance.
« Comme lorsqu'il a tué Ewan sous mes yeux… »
Rose repensa à la nuée de rats et frémit. Autour d'elle, les buissons bruissèrent et elle reconnut le son familier d'un serpent qui glisse sous un tapis de feuilles… combien de fois avait-elle vu et entendu Nagini faire de même depuis Décembre dernier ? Un nombre incalculable…
Harry, ou ce qu'il restait de lui, convoquait ses innombrables troupes.
La lune, effrayée, n'était pas reparue. William ne verrait pas les serpents venir. Rose n'hésita pas, quitte à ce que les reptiles s'attaquent à elle en premier. Elle se leva pour hurler :
« William, il est en train de convoquer des centaines de serpents, protégez-vous d'eux ! Protégez-vous d… AAAH ! »
Une brûlure intense à la cheville l'empêcha d'en dire plus. Rose baissa le regard pour rencontrer celui, jaune et insondable, d'un tout petit serpent qui l'observait. Rose se souvint confusément que les plus petits reptiles étaient souvent les plus venimeux.
Elle se demanda combien de temps son corps mettrait à se remettre de cette mort-là. Puis elle s'effondra, sombrant dans l'inconscience.
Elle rejoignait une vieille amie qui la renverrait bientôt ici : la mort.
Dorcas ne parvenait pas à ouvrir les yeux; ses paupières étaient tellement lourdes… elle les garda donc clos, écoutant avec attention les conversations qui se déroulaient autour d'elle.
« Sirius a quitté Poudlard pour venir ici », disait une voix, « il ne devrait plus tarder. »
« Quelle folie, il aurait dû rester là-bas », gémit le garçon, sans que Dorcas ne comprenne vraiment la source de son inquiétude. Qui était ce Sirius, pour lui ?
Le garçon, Regulus, avait proposé de l'emmener dans un endroit sûr et, visiblement, il n'avait pas menti puisqu'elle n'était pas encore morte.
Dès la sortie du château maudit où elle avait pu accomplir sa sinistre vengeance, ils avaient pu sortir de la zone bloquée et transplaner ici, dans l'un des rares villages sorciers d'Angleterre si Dorcas se souvenait bien. Ensuite, elle ne se rappelait plus bien. Un vertige l'avait saisie et puis… plus rien. Elle se réveillait ici, la tête appuyée sur le plus merveilleux et le plus moelleux des coussins de toute la Terre.
« Harry est ici ? » poursuivit Regulus.
« Il… il n'était pas dans son lit quand je suis monté le chercher », fit une voix de femme. « William n'y était pas non plus. C'est mon mari. Ni Rose. Je… »
« Rose ? Rose Barjow est ici ? »
« Oui, mais elle… »
« Elle est en vie ? »
« Oui, mais elle a… »
Regulus ne laissa pas son interlocutrice finir et, d'après les bruits qui s'ensuivirent, il était en train d'étouffer celle-ci dans une étreinte. Quelques secondes s'écoulèrent avant que des toussotements gênés ne retentissent. Dorcas n'était pas sûre de ce qu'elle interprétait, mais il lui semblait que quelqu'un pleurait. Regulus ? Etait-il triste ou heureux d'apprendre que cette Rose vivait ?
Une troisième voix, masculine celle-ci, s'invita dans le dialogue :
« Si vous pouviez sortir de la pièce, je vais procéder aux soins. »
« Oui, oui, bien sûr… »
Des pas, un claquement de porte, puis la voix masculine reprit en s'adressant directement à elle :
« Outre de nombreuses blessures que j'ai pu soigner par la magie et les potions, vous souffrez d'épuisement. Je vous donnerais bien un extrait d'adrénaline mais j'ai peur que le contrecoup ne vous tue. »
« Je… »
« Vous ne voulez pas vivre, ce que j'ai bien compris d'après les dires de Regulus. Mais moi je veux que vous viviez. Ce que vous déciderez de faire une fois capable de vous donner la mort, ça, ça vous regarde. Mais pour l'instant, votre vie est entre mes mains, pas les vôtres. »
« Humm… »
Impossible d'articuler quoi que ce soit de plus développé que ça. Dorcas sentit qu'on lui enfonçait une aiguille dans le bras.
« Une perfusion… »
Puis ses sensations se fondirent un en tout cotonneux, léger, une étendue d'une blancheur incomparable qui s'évanouit bientôt, comme les sensations revenaient.
Dorcas souleva les paupières, elles étaient lourdes mais pas autant que la dernière fois. La lumière tamisée l'éblouit et elle mit une longue minute à s'habituer à la luminosité, des étoiles blanches dansaient dans ses yeux. Quand le crépitement fut calmé, Dorcas observa les alentours immédiats : elle se trouvait dans une toute petite chambre. Lit, armoire, lampe de chevet, et même une petite bibliothèque un peu vide. Le tableau d'un clown triste venait compléter le décor de cette chambre d'amis; car à moins d'être quelqu'un de vraiment transparent, nul ne décorerait si peu sa chambre. Du moins était-ce l'opinion de Dorcas.
Elle sursauta quand la porte grinça sur ses gonds, mais elle ne chercha pas à s'enfuir. Après tout, quiconque habitait ici l'avait soignée. Même si on exigeait quelque chose d'elle en retour – un service, un nom, la localisation du Quartier Général Mangemort –, on ne la tuerait pas ni ne la torturerait car elle parlerait sans hésitation.
Un Auror, d'après son uniforme. Plutôt bel homme, d'après ses goûts personnels. Celui qui l'avait soignée, jugea-t-elle dès qu'il ouvrit la bouche :
« On se sent mieux ? »
« On se sent mieux. » articula-t-elle, la gorge tellement sèche qu'elle avait l'impression que des rasoirs frottaient l'intérieur de son œsophage.
« Un peu d'eau ? »
Il lui tendit un verre que, visiblement, il avait apporté pour elle. Dorcas ne l'interrogea pas sur la manière dont il avait su qu'elle était réveillée et s'employa plutôt à vider consciencieusement le verre qu'il lui tendait. Une fois rafraîchie, elle le posa sur la table de chevet et constata que le récipient se remplissait de lui-même. Ah, la magie !
Dorcas se redressa sur les coussins tandis que son mystérieux hôte prenait place sur le bord du lit, à une distance respectable de ses jambes. Il joignit ses mains entre ses genoux, décontracté. Il devait avoir une trentaine d'années, guère plus, et affichait un air honnête engageant – même si Dorcas avait appris, par expérience, à se méfier des gens à l'air trop honnête…
« A qui ai-je l'honneur ? » s'enquit-elle.
« Gidéon Prewett. »
« Oh… »
« Quoi ? »
Elle rougit, elle ne l'avait pas reconnu.
« Vous… vous avez donné un cours à mon université. »
« L'Académie des Aurors, oui, au début de l'année. »
« Quand c'était encore fréquentable », précisa-t-elle.
Il sourit, sans amertume ni moquerie.
« Je remplaçais William. »
« Je sais. J'étais à ce cours, je vous rappelle. C'est vous qui m'avez soignée ? »
« Vous êtes toujours aussi directe ? »
Une lueur d'amusement brillait dans ses prunelles couleur noisette, et un demi-sourire malicieux soulevait un coin de ses lèvres fines, cachées sous une barbe à mi-chemin entre le roux et le châtain clair.
« Toujours. »
« Oui, c'est moi qui vous ai soignée. Je voulais être médicomage avant d'être Auror, mais les examens de troisième année en ont décidé autrement : recalé. »
« Je vois. Vous avez fini parmi les meilleurs de votre promotion chez les Aurors, alors c'était pour le mieux, non ? »
« Vous avez l'air d'en savoir beaucoup sur moi… »
« Vous êtes un peu des célébrités, pour nous, les apprentis. »
« Vous ? »
« La Main », énonça-t-elle avec condescendance, comme si c'était l'évidence même. Il ne s'en formalisa pas et sourit même plus largement.
« Je vois, je vois. Humm… bon, après ce que vous avez traversé et ce que vous avez fait pour Regulus, j'estime qu'on peut vous faire confiance. Alors voilà : vous vous trouvez actuellement dans le Quartier Général de l'Ordre du Phénix, un groupe formé par Dumbledore l'an passé, qui combat activement Voldemort. Le salaire est inexistant, la prime de risque l'est tout autant, et le taux de survie s'avère ridiculement bas si vous voulez mon avis, mais ça en vaut la peine. On résiste, on sauve des vies, on se bat avec toute l'énergie que l'on possède. »
« Et vous me proposez quoi, là ? »
« Vous avez passé haut la main l'entretien d'embauche à l'instant même où vous avez décidé de vivre et de sauver Regulus. Je vous propose de prolonger votre vie, au lieu de l'abréger comme vous sembliez si décidée à le faire. Je vous propose de devenir membre de l'Ordre. »
Dorcas ne mit pas plus d'une seconde à se décider. Elle se releva sur les coudes et, prête à signer un contrat avec son sang s'il le fallait, demanda très sérieusement :
« Ok. Où est-ce qu'on signe ? »
Gidéon éclata simplement de rire et, toujours en riant, quitta la pièce sans rien ajouter, laissant une Dorcas hébétée dans son lit, un peu décontenancée mais, somme toute, très heureuse.
« Enfin, je crois », se dit-elle alors.
Il lui faudrait encore quelques heures pour réaliser que son existence, qu'elle croyait pourtant finie, venait de trouver deux bonnes nouvelles raisons de se poursuivre : l'Ordre du Phénix et Gidéon lui-même – bien que, concernant ce dernier, elle ne le réaliserait que bien plus tard…
À partir du moment où Harry convoqua les serpents en Fourchelangue, les choses se compliquèrent pour William. Son petit-fils était puissant mais peu imaginatif, il lui manquait l'entraînement d'un Auror, par exemple. Mais ses serpents, eux, étaient nombreux et déterminés. William avait dressé une barrière repousse-vivant autour de lui, afin de pallier toute éventualité au cas où d'autres espèces seraient amenées à tenter de l'attaquer, mais cette barrière le protégeait autant qu'elle le restreignait. Il ne pouvait guère bouger, Harry le savait, et William commençait à comprendre de quelle façon il avait pu tuer ses précédents adversaires.
« Tuer… mon petit fils est un assassin. » songea-t-il avec un serrement au cœur. Faustine lui avait dit de se méfier, elle n'avait jamais fait confiance au voyageur temporel, fusse-t-il le petit-fils d'un Potter.
« Tu avais raison, Faustine. Je devrais toujours écouter une femme inquiète. Quand elle m'avertit d'un danger, ce n'est pas pour rien. Ça m'apprendra. »
Plus il y réfléchissait, et moins William entrevoyait d'issue positive à ce duel. Pour l'instant, il n'avait envoyé aucun sort, il ne faisait que se protéger car, même si sa déception à l'égard d'Harry était grande, il ne parvenait pas à se résoudre au pire.
Son adversaire était puissant; il ne pouvait pas se contenter d'un sort de stupéfix pour le neutraliser, Harry le dévierait avec facilité. Non, il fallait frapper vite et fort.
Très fort.
« Tu m'ennuies », finis par dire Harry, qui cessa ses attaques. « Je croyais le maître de la Main plus combattif que cela. »
Face à cette reprise du dialogue, l'espoir renaissait dans le cœur de William. Peut-être que, avec d'autres mots, avec les bons mots…
« Renonce, Harry. Il est encore temps. »
« Encore temps pour quoi ? Pour toi d'aller me dénoncer ? Pour m'empêcher de tuer Voldemort ? Tu protèges un mage noir ! »
« J'essaye de te sauver toi, Harry ! Et je ne vois pas de solution pour cela. Tant que tu n'accepteras pas le fait que tu as besoin d'aide, on ne pourra rien… »
« JE N'AI PAS BESOIN D'AIDE. » explosa le jeune homme. Au même instant, un éclair déchira les nuées et, au-dessus de la clairière, les nuages amoncelés tonnèrent leur approbation. Etait-il capable d'en appeler aux éléments primordiaux ? Etait-ce le hasard ou bien Harry en avait-il pleinement conscience ? William se sentit soudain très peu protégé. Même la magie avait ses limites, et détourner un éclair crépitant d'énergie mortelle ne faisait pas partie des capacités de l'Auror. Il pouvait détourner un sortilège électrique, oui, mais un véritable éclair échappé du ciel…
Le vent se leva, et la tempête avec lui. Les branches d'arbres se mirent à gémir et William songea qu'il devait le faire. Il devait le tenter. Se lancer. Si la tempête était véritablement le reflet de la colère d'Harry, alors ce n'était qu'une question de minutes avant qu'elle ne fasse de William son jouet; sa victime.
Un fait peu connu du grand public : William Potter avait beau tenir sa baguette dans sa main droite, il n'était pas droitier pour autant.
Il était ambidextre.
Le poignard glissa de sa manche vers sa main et, tout à coup, jaillit vers sa cible. Harry hoqueta, interdit, et porta sa main à son épaule. Une fleur de sang noir s'ouvrait sur sa chemise, tandis que ses yeux retrouvaient leur couleur habituelle. En même temps, confirmant l'intuition de William, les éléments se calmèrent et le ciel plombé de gris retrouva sa légèreté estivale.
La lune reparut et ses rayons argentés tombèrent dans la clairière, pour assister au spectacle de deux générations brisées qui se retrouvent et se reconnaissent…
Les serpents, eux, partaient à toute vitesse, libérés de la voix de leur maître qui gisait désormais là, inconscient, entre les hautes herbes. William n'hésita pas une seconde et s'échappa du cercle de protection animale, pour aller s'agenouiller auprès de son petit-fils.
Son visage était pâle et son rythme cardiaque un peu trop lent. William lui prit la main. Une larme de grand-père tomba sur les doigts entrelacés…
« Je suis désolé, je n'avais pas le choix… »
« Qu'est-ce que… »
« C'est une lame forgée dans l'antimatière. Elle aspire la magie de tout ce qu'elle touche. Je suis désolé de t'avoir blessé… Harry… »
« Où suis-je ? »
Le jeune homme grimaçait et ses yeux un peu fous observaient tout ce qui se trouvait autour d'eux – c'est-à-dire beaucoup d'herbes folles – avec la curiosité de qui se découvre en un lieu inconnu.
« Tu ne te souviens de rien ? »
« Non, je… »
William fronça les sourcils. L'antimatière avait dû couper le lien avec les Horcruxes. Avec un peu de chance, tant que la lame serait plongée dans la chair, son petit-fils resterait lui-même et ils pourraient discuter de la façon dont ils allaient procéder pour la suite.
« Ne ferme pas les yeux, Harry. Je suis là. Tu me fais confiance ? »
« Je… oui. Où… »
« Je te ramène à Godric's Hollow. Je vais te porter. Rose, où est-elle ? ROSE ! »
Il attendit quelques longues secondes angoissantes, pendant lesquelles il se demanda si la jeune fille n'avait pas été touchée par un sort ou mordue par un serpent. Alors qu'il réfléchissait déjà à la manière d'extraire le venin s'il n'était pas trop tard, la voix de la jeune fille se fit entendre :
« Je suis là. »
Rose marcha jusqu'à eux, claudicant comme si sa cheville droite était foulée. Elle paraissait un peu faible mais, somme toute, vaillante.
« Vous avez réussi. Je ne sens plus les liens qui le relient à ses Horcruxes. Comment… »
« Une lame antimatière. »
« Oh… où avez-vous trouvé ça ? »
Le timbre plein de reproche ne laissait aucun doute quant à ce qu'elle pensait de ces rares reliques, très recherchées de par le monde.
« Je ne suis pas sûre que le Ministère approuve. Ni l'ancien, du temps où il était encore intègre, ni le nouveau, rempli de Mangemorts… »
« On va dire que je l'ai volé à quelqu'un qui n'en avait plus besoin. »
« C'est très mal, de piller les tombeaux aztèques… »
« Ca a sauvé la vie de mon petit-fils et la nôtre, alors bon… »
« N'approchez pas cette lame de ma peau. Jamais. C'est compris ? »
« Très… très bien » balbutia-t-il puis, se rendant compte que les secondes filaient et que le temps leur était compté, il chargea Harry dans ses bras et se releva.
« Rentrons vite. Il n'y a pas une seconde à perdre. »
« Pour ? »
« Partir à la chasse aux Horcruxes. »
Il désigna son petit-fils, minuscule dans ses bras, pâle comme un fantôme.
« Ses Horcruxes. »
La lumière grise qui précédait l'aurore commençait à se manifester. Et, bien que le jour ne soit pas encore levé et les étoiles loin d'être éteintes, toutes les lumières semblaient allumées dans la maison des Potter. Rose, qui espérait un retour discret pour Harry, songea que c'était mal parti… la porte d'entrée, grande ouverte, déversait sa lumière dorée sur le seuil.
Rose et William s'avancèrent, espérant que toute cette agitation ne soit pas la conséquence d'une mauvaise nouvelle.
« Ou de notre disparition… » renchérit-elle en son for intérieur.
Alors qu'ils posaient les pieds sur le gravier du chemin de l'entrée, la silhouette d'une personne apparemment très pressée de les voir rentrer se dessina dans la lumière. Rose hoqueta, car elle reconnut immédiatement les cheveux mi-longs et la carrure si longuement étudiée, dans les cours, les couloirs et les salles de Poudlard…
« Si… Sirius ? »
L'aîné des Black dévala les trois marches qui la séparaient de lui.
« Rose ! Rose, bon sang ! J'ai cru… je… »
La jeune fille enfouit son nez dans son cou, dans ses cheveux, et se laissa bercer par l'impression de bonheur qui réchauffait tout son corps. Sirius l'embrassa sur la tempe puis resserra son étreinte, comme si la seule manière de lui montrer et le manque déclenché par son absence, et la peine déclenchée par sa disparition, était de lui broyer les côtes…
« Sirius. Doucement… »
« Oh, pardon. »
Elle rit, et lui aussi. Le premier rire qu'ils partageaient ensemble depuis des mois. Rose l'observa avec douceur. Il n'avait pas changé, même s'il s'était encore embelli. Ses yeux gris brillaient avec toujours autant de force et d'amour, son sourire dessinait toujours ce léger pli au coin de ses lèvres, et il penchait toujours la tête de cette façon-là quand il était heureux et ne pensait à rien en particulier.
« Comment… » entama-t-il, mais l'arrivée de William, portant Harry, coupa court à sa question. Il écarta les jeunes gens pour entrer et marmonna :
« Plus tard, les explications. »
Le ton, glacial, doucha littéralement le Gryffondor. Ainsi que la vision du poignard à la jonction de l'épaule et du torse de son ami.
« Ralph ! Que… »
« Plus tard, les explications. » répéta Rose d'un ton sec qu'elle n'utilisait pas, jadis, avant sa première mort. Il lui semblait que ses sentiments mouraient un peu plus avec elle à chaque fois qu'elle arpentait le royaume sombre et froid, mais heureusement, la venue de Sirius changeait tout. Avec lui, elle ne se sentait pas seulement vivante… elle se sentait exister.
Elle glissa timidement sa main dans la sienne et la porta à sa bouche pour l'embrasser, s'attirant un regard surpris du Gryffondor qui ne s'attendait pas à un flirt si direct.
Et, pour son plus grand bonheur et pour la première fois de sa vie, Rose assista au spectacle étonnant d'un Sirius Black incapable de s'empêcher de balbutier :
« Les, euh… les autres sont… dedans. Ils, euh… enfin voilà. »
« Ils sont là ? Oh ! Cela fait si longtemps ! »
Et Rose de le tirer par la main vers l'intérieur, comme un chien fidèle… l'image la fit sourire, avant que de lâcher la main de son ami pour enlacer, tour à tour, James, Remus, Peter, Lily et même Marlene. Ils paraissaient heureux de la voir mais aussi très inquiets, pour d'autres raisons. La vision d'Harry, dans son état présent, devait les avoir bouleversés.
Pour elle, en revanche, ce fut l'absence de Franck qui la déstabilisa. Quand elle s'enquit de ses nouvelles, la réponse la surprit autant qu'elle la rassura :
« Il est parti aux Etats-Unis, sa mère l'a forcé… »
« Oh… »
« Il n'était pas content », précisa Lily qui, nerveuse, mâchonnait une mèche de cheveux quand elle ne se rongeait pas les ongles.
« Ca, je peux comprendre. Mais il est sauf, c'est au moins cela. »
Rose se mordit la joue, car une autre question lui brûlait les lèvres mais elle n'osait pas la formuler devant Sirius : quelles nouvelles de son jeune frère ? Comment se portait Regulus ? Elle prit place entre Lily et Marlene sur le grand canapé du salon. Sirius, lui, semblait occuper le profond fauteuil près de la cheminée, habituellement réservé à William Potter mais, vu la surpopulation majeure des lieux pour l'instant, et ses occupations actuelles, l'Auror n'y voyait sûrement pas d'inconvénient.
« Et puis, Sirius a dû venir si souvent ici… il est un peu comme chez lui en fait. »
Un silence gêné s'installa, tandis que Rose contemplait soigneusement le bout de ses ballerines crottées. Ses oreilles bourdonnaient, comme si un essaim de questions se pressait en dehors de la bulle de silence que chacun entretenait avec soin. James, assis sur l'accoudoir du grand canapé, jouait avec les doigts de Lily. Tous semblaient attendre quelque chose, et Rose savait exactement quoi : les réponses à toutes leurs questions, celles qu'elle sentait venir, et de loin. Cela ne tarda pas et, comme de bien entendu, ce fut le calme et le posé Remus qui entama le bal :
« Rose, ce n'est pas qu'on veuille te cuisiner ou t'importuner mais… »
« Il faut savoir que je refuse de parler de ce qui ne me concerne pas directement. Les affaires d'Harry… de Ralph sont les affaires de Ralph. »
« Ralph, Harry, on est au courant. » rappela Sirius, la voix à peine tremblante car il faisait de gros efforts pour se maîtriser – et surtout pour ne pas la regarder. « Tu étais là quand… c'était avant que tu ne… »
« Que je ne meure. » acheva Rose, prête à la réaction en chaîne qu'elle venait de déclencher.
Elle s'attendait à tout sauf à ce que la voix de Regulus ne retentisse dans son dos :
« Elle n'avait pas menti, alors. Lucy disait vrai… »
Rose se redressa soudain, se retourna, et son corps entier se mit à trembler tout à la fois de peine, de joie, de remords et d'excitation.
« Bon sang, Regulus ! »
Elle ne songea même pas à la peine qu'elle allait provoquer chez Sirius. Regulus était son ami, au même titre que les autres, peut-être même plus proche que les autres désormais. Elle ne savait pas par quel miracle il était ici, ni par quoi il était passé, mais elle était si heureuse de le savoir ici ! Contrairement à Sirius, Regulus ne put retenir ses larmes.
Et plus personne ne put retenir les siennes.
Ni les Maraudeurs, ni Lily ou Marlene, et encore moins Rose qui se savait à l'origine de toute cette émotion…
À l'étage, William déposa son petit-fils dans le grand lit conjugal, où Gilian le rejoignit avec des linges propres mouillés d'eau fraîche. Elle en déposa sur le front d'Harry, dont la température élevait ne laissait rien présager de bon quant à son état.
« Il ne pourra pas garder ça très longtemps… » fit remarquer Gilian, une ride inquiète lui barrant le front. « Je te l'ai dit, ces lames sont mortelles à terme et, sur lui, elle a l'air d'avoir beaucoup d'effet. »
Gilian mit une main dans celle d'Harry, tandis que l'autre lui ouvrait le col de la chemise et ôtait les boutons, afin de mieux voir la plaie. Sur le torse blafard, une étrange tâche noire se répandait, comme si l'antimatière prenait place dans le corps du sorcier et, petit à petit, rejetait sa magie.
Il s'agissait de l'une des cinq lames rituelles de Quetzalcoatl, le dieu serpent à plumes, qui n'était autre qu'un très ancien mage noir qui, dans le but d'éradiquer la concurrence, avait créé ces lames capables de déchirer la réalité du monde et d'y faire entrer l'antimatière… pour chasser la magie. Tout ce qui entrait en contact direct avec la lame perdait sa capacité magique. Harry, touché à l'épaule, était donc en grave danger.
Mais il était hors de question de lui rendre sa magie pour l'instant, car un autre danger le guettait, peut-être pire que la mort : la folie.
« Est-ce qu'il… »
Question inutile de la part de Gilian : bien sûr qu'Harry avait utilisé la magie noire, et pas qu'un peu. William lança un sortilège de silence sur la porte en bois qui les séparait du couloir puis, dans l'intimité de la chambre au mobilier crème, gris et blanc, se lança dans l'explication détaillée de la filature de Rose, du duel qui avait suivi, et des conséquences de ce qu'il avait découvert :
« Il faut qu'Harry conserve la lame le plus longtemps possible en lui. » termina-t-il, vindicatif. « Le temps pour moi et Rose d'aller trouver ses Horcruxes. Et de les détruire. »
« Tu es certain que c'est la bonne solution ? »
« C'est la seule solution. »
Gilian hocha la tête. Une mèche de ses cheveux lui tomba en travers de la joue et, machinalement, William la replaça derrière l'oreille de sa femme. Le geste les surprit tous les deux; c'était l'acte le plus intime et le plus amoureux qu'ils aient partagé depuis plusieurs mois, si cela ne se comptait pas plutôt en années. Ils avaient tous deux un peu perdu le compte, tant ils avaient chacun baissé les bras et arrêté d'y croire, dernièrement…
William sourit, gêné, et ramena sa main vers lui. Ils se trouvaient de part et d'autre du lit, Harry étendu entre eux, blême comme la mort, et voilà qu'ils flirtaient presque… il y avait quelque chose de terriblement touchant et obscène à la fois dans ce qui venait de se passer, songea-t-il, puis il recentra ses pensées sur l'essentiel :
« Je pars dans l'heure. Pas besoin de bagages pour ce genre d'épopée. Je ne pense pas que les Horcruxes de Harry soient aussi difficiles à déloger que ceux de Voldemort. »
« Ça paraît tellement surréaliste, dit comme ça. Regarde-le. On lui donnerait le bon Dieu sans confession à ce petit. »
« On l'a tous fait, je te rappelle. Et regarde où on en est… »
« Ne le juge pas trop sévèrement, William. »
« Des Horcruxes, bon sang ! » explosa le sorcier en se levant soudain. « Qu'un Potter trempe un orteil dans la magie noire, déjà, ça me dépasse. Mais qu'il s'y vautre et s'y complaise, ça, ça… ça me… ça me dégoûte, tout simplement ! »
« Il a sacrifié son âme pour sauver les siens. Nous sauver ! »
« Pour sauver nos doubles, dans un autre monde. »
« C'est du pareil au même et tu le sais très bien. »
« Ce n'était pas ce qu'il fallait faire. »
« Mais c'était peut-être la seule solution qui se présentait à lui. » insista-t-elle, rappelant lourdement leur précédent échange à propos de la lame de Quetzalcoatl. « Un mal pour un bien. »
« Un grand mal… »
William soupira et se laissa retomber sur le bord du lit. Il ferma les yeux, se massa les tempes. Il éprouvait du mal à mettre de l'ordre dans ses pensées. La fatigue, la frustration et la colère s'y mettaient à trois pour le ralentir.
« Tu pourras ralentir la progression de l'antimatière dans son corps combien de temps ? »
« Une dizaine d'heures, tout au plus… après ça, il sera entièrement moldu. Enfin, pour peu qu'il guérisse de sa blessure et de la perte de sang, sinon il sera tout simplement mort. »
« Pas avec ses Horcruxes. »
« C'est le serpent qui se mord la queue. » fit Gillian en se mordant la lèvre. Elle tenait toujours la main d'Harry et, doucement, dans le réflexe inconscient des mères, massait la paume du jeune homme avec ferveur, comme pour lui communiquer son énergie.
« Bon, essaie de le maintenir autant que possible et, quand tu juges que ça devient dangereux pour lui, tu enlèves la lame. »
« Je la lui enlèverai dès ton départ : sans remèdes magiques, il ne survivra pas à une telle perte de sang. Et avec la lame en lui… les remèdes magiques ne fonctionneront tout simplement pas. Ou alors il faudrait lui faire une transfusion à la moldue. »
« Tu sais faire ça ? »
« Non… »
« Bon. Faisons autrement alors : imaginons que tu lui retires la lame dès mon départ, combien de temps avant que la magie ne revienne dans son corps ? »
« Deux à trois heures. »
« Ouch. »
« Comme tu dis. »
« On va faire comme ça, mais ne laissez aucune baguette magique à portée de sa main. Videz la pièce en entier, attachez-le au lit, et posez des verrous. Et surtout, barricadez la maison. »
« Pardon ? » hoqueta Gilian.
« Les serpents. Quand il comprendra que Rose et moi sommes partis détruire ses Horcruxes, ceux-ci vont le manipuler à nouveau pour qu'il se libère et vienne nous en empêcher. Et comme il n'aura pas de baguette magique à portée de main, il se servira de la seule arme à sa disposition : son lien avec les Serpents. Et s'il y en a autant que dans la forêt, ils peuvent vous faire du mal. Tenez-vous sur vos gardes. »
« Comment j'explique ça aux autres ? »
« Tu ne leur explique pas. Je m'en charge. Suis-moi. »
William descendit les escaliers quatre à quatre puis débarqua dans le salon, interrompant une émouvante scène de retrouvailles entre Rose ses amis. Ils prirent soudain l'air de biches égarées dans le pinceau des feux d'une voiture, et ce que William leur annonça n'arrangea pas leur état de panique, bien au contraire :
« Je dois partir immédiatement. Rose, tu viens aussi, je vais avoir besoin de toi. Les autres, vous restez ici et vous n'en bougez pas. Compris ? Les membres de la Main vont venir en renfort. »
« Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pars seul sans les autres ? » s'étonna James, mais William ne prit même pas la peine de répondre : s'il le faisait, ils comprendraient qu'il mentait. Moins ils en savaient, mieux c'était. Il poursuivit donc, imperturbable, le regard fixe sur un point loin derrière son fils dont il espérait, de tout son cœur, qu'il saurait comprendre l'urgence de la situation et lui pardonner ses manières brutales.
« J'ai laissé des ordres à Gilian. Vous lui obéirez au doigt et à l'œil. Quelque chose vient, et ça vient pour Harry. On va sécuriser sa chambre, et vous allez vous barricader dans des pièces vous aussi. Gilian vous expliquera ce qui vient et comment le combattre au mieux. Ce n'est rien de mortel, et ça va finir par partir d'ici, mais uniquement si Rose et moi accomplissons à temps ce que nous avons à accomplir. Plus vite nous partons, plus vite tout cela sera fini. Rose ? » acheva-t-il avec brutalité.
La jeune fille sauta hors de son canapé et se plaça à ses côtés, soldatesque et efficace. Son séjour chez les Mangemorts n'avait pas été une sinécure, ni une chance sous aucun aspect, mais on pouvait dire que cela semblait au moins lui avoir inculqué le sens du respect de ses supérieurs hiérarchiques. Ce qui n'était pas le cas de ses camarades, James y compris, car en bons adolescents qui n'en faisaient qu'à leur tête, ils commencèrent immédiatement à poser tout un tas de questions inutiles.
William n'avait pas le temps pour ça.
Sans prévenir, il posa sa main sur celle de Rose et, un clignement d'œil plus tard, ils avaient transplané, loin, très loin de là.
James n'en revenait tout simplement pas : comment son père avait-il pu lui parler sur ce ton, devant tous ses amis ? Et pire, comment pouvait-il les abandonner là, lui et sa mère, à la merci du danger, alors que n'importe lequel des membres de la Main aurait sûrement été aussi qualifié que le sacro-saint Auror Potter pour accomplir sa sacro-sainte tâche qui ne pouvait soit disant pas attendre !
Il comprenait l'urgence de la situation, il pardonnait le comportement brutal, mais il n'acceptait pas cet abandon. Purement et simplement. Dans sa tête, James ne mâchait pas ses mots et Lily s'en aperçut immédiatement : de toute la bande, il était le seul à ne pas dire mot depuis le départ de son père. Elle s'assit à ses côtés et, passant le bras autour de ses épaules, se serra contre lui pour témoigner son soutien. James souffla, sentant sa colère retomber aussi vite qu'elle était montée, mais il ne se sentait pas rassuré pour autant.
Qu'allaient-ils devenir, avec sa mère ? Et ses amis ? Et Lily ? Dépassé par les événements, orphelin du soutien paternel, le jeune homme ne se sentait plus à la hauteur pour protéger ceux qu'il aimait. Et la femme de sa vie, surtout, qu'il aimait plus que tout. Il s'en rendit compte à cet instant précis, alors que Lily posait sa joue contre son épaule, sa jolie tête inclinée près de la sienne.
En soutien inébranlable.
« Si mon père n'est plus là pour me donner de sa force, tant pis. Je ne vais pas pleurer et Lily compte sur moi… comme je peux compter sur elle. »
Mais le jeune homme refusait, bien entendu, de la mettre en danger. Il se leva soudain et, repoussant ses lunettes rondes en haut de l'arrête de son nez, mit fin aux conversations par deux ou trois claquements de main. Le silence succéda, il se sentit alors ridicule et balbutia simplement : « On écoute ma mère. »
« Quelle répartie, vraiment, James, une phrase qui fera date dans l'histoire de la famille Potter ! »
Mais Gilian lui jeta un regard brillant de fierté qui, en plus de le flatter, lui redonna confiance.
« Je ne peux ni vous dire pourquoi ni par qui, mais quelqu'un va nous envoyer des serpents. Des centaines de serpents. »
« Voldemort. » couina Peter depuis un coin de la pièce où tout le monde paraissait l'avoir oublié. « L'histoire se répète, c'est comme à Poudlard : les serpents qui ont attaqué Ralph sont de retour, c'est ça ? »
James discerna une lueur d'incertitude dans le regard de sa mère, avant qu'elle ne hoche solennellement la tête. Sirius se rapprocha imperceptiblement de Regulus et James en conçut une joie assez déplacée eut égard à la gravité de l'instant. Mais il ne serait jamais assez heureux pour son frère de cœur s'il se rabibochait pour de bon avec son frère de sang.
« Tant que Regulus ne me pique pas mon meilleur ami… »
Gilian leur enseigna rapidement quelques sorts simples essentiels qui permettaient de repousser les reptiles de toute sorte, et James se demanda pourquoi ils n'apposaient pas ce genre de sortilège de manière permanente sur les maisons de campagne afin de tenir les nuisibles éloignés. La magie ne manquait pas de malice mais, parfois, les sorciers manquaient clairement d'intelligence.
Deux par deux, ils s'attribuèrent une aile du cottage. James se rendit dans sa chambre et les salles de jeu, en binôme avec Lily qui pensa même à jeter le sortilège sur les éviers de la salle de bain privative tandis que lui s'occupait de jeter le sort sur le moindre centimètre carré de mur, de porte ou de fenêtre. Quand ils eurent fini, Lily se rendit à nouveau dans la chambre de James et, ce dernier pensant avoir commis un oubli crucial, la suivit presque en courant.
« Qu'est-ce qui… »
Lily se jeta dans son lit deux places, aux couleurs de Gryffondor bien sûr, et inspecta les tapisseries recouvertes de posters de Quidditch avec un sourire plein de raillerie. Sur les photos des Maraudeurs, en revanche, elle porta un regard beaucoup plus attendri, comme si elle reconnaissait là aussi ses propres amis. James sentit son cœur fondre pour elle. Elle était vraiment celle qu'il lui fallait.
Douce et généreuse.
« Et caractérielle », se rappela-t-il, à raison quand elle lança, quelque peu moqueuse :
« Je m'étais bien imaginé ça comme ça. »
« Ca ? Genre, ma chambre ? »
« Bah oui, gros beta. »
« Ah… et ça te plaît, ma furie ? »
La furie fronça le nez mais haussa les épaules : c'était sa chambre après tout, pas la sienne.
Il sourit, content qu'elle se soit intéressée à sa chambre, et un peu honteux de ne pas avoir songé à s'imaginer la sienne. Rose et argent avec de la dentelle partout et un lit baldaquin ? Non. Lily n'aimait pas le rose et puis, la dentelle, ce n'était pas son genre. Elle était chic dans son genre, mais plutôt nature. C'était d'ailleurs ce qu'il aimait chez elle… ce petit côté sauvage.
« On doit y retourner. » dit la jeune fille en lui prenant la main, ce qui le tira de son rêve éveillé. « Il ne faut pas les faire attendre, ou ils vont s'inquiéter. Moi je le ferais, à leur place. »
« Humm, humm… »
James se laissa guider par une Lily qui semblait avoir d'ores et déjà mémorisé le dédale des couloirs du cottage – aussi grand qu'un manoir à l'intérieur, en fait, quand on veillait à l'explorer, ce qui ne leur facilitait pas la tâche pour sécuriser la maison. James se mordit l'intérieur de la joue.
« Pourvu qu'on n'ait pas oublié un centimètre carré… »
Pendant que la cohorte d'adolescents s'occupait de sécuriser la maison, Gilian rejoignit Gidéon et lui demanda de convoquer les membres de la Main car son mari était absent, parti en mission. Fidèle à lui-même, le frère Prewett ne posa pas de questions et se contenta d'obéir sans remettre en doute son allégeance, pour une fois. Gilian l'aida à sécuriser la pièce où la jeune Dorcas dormait, assommée par une quelconque potion. Gidéon la veillait consciencieusement et Gilian, qui avait le flair pour ce genre de choses, sentait comme une odeur d'amourette dans l'air.
D'ailleurs, elle n'avait pas manqué de repérer la petite amie de James. Il ne la lui avait pas présentée, trop pris de court par les événements, mais Gilian n'avait pas manqué un seul regard échangé, aucun geste tendre. Ces deux-là s'aimaient d'amour, assurément. La jeune fille avait même quitté Poudlard pour lui.
Et rien que pour cela, même si Gilian Potter ne connaissait pas encore Lily Evans, elle l'aimait déjà comme sa propre fille !
Les membres de la Main furent là en quelques minutes. Gilian adressa un bonjour poli mais froid, étant donné la présence de Faustine dont elle n'ignorait rien du véritable lien qui l'unissait à son mari… Elle leur exposa alors l'état d'Harry, comme William le lui avait demandé. Il avait été très clair sur ce point-là : les membres de la Main avaient besoin de savoir pour les Horcruxes de leur petit-fils. Le secret ne pouvait être éventé au-delà de leur cercle, aussi leur ordonna-t-elle fermement de ne pas en toucher un mot à quiconque.
« Pas même à Dumbledore. » acheva-t-elle. « William veut que cette affaire reste en famille. C'est notre linge sale. Harry le dira à Dumbledore s'il le souhaite. Ou peut-être qu'il préfèrera garder cela secret. Mais on n'en dit pas plus tant qu'on ne sait pas, compris ? »
Réponse unanime des membres de la Main dans le salon des Potter : compris.
Gilian leur attribua à chacun la surveillance d'une aile de la maison. Ils établirent un signal d'alerte en cas d'intrusion, ainsi qu'un système d'équipe pour repousser les éventuelles incursions des reptiles dans la demeure familiale.
« Ils ne devraient plus tarder maintenant. J'ai retiré la lame de l'épaule d'Harry voilà… »
Elle regarda l'horloge du salon qui, en même temps, sonna cinq heures.
« Voilà une heure environ. »
Gilian monta à l'étage pour surveiller l'évolution d'Harry. Quand elle entrouvrit la porte, elle perçut un appel et répondit doucement, incertaine de l'état dans lequel elle le trouvait :
« Oui ? »
« Où est William ? Je… je suis désolé pour ce que j'ai fait… ce n'était pas moi, je le sais maintenant… détachez-moi, s'il vous plaît. Je veux lui présenter mes excuses… »
« William reviendra dans quelques heures. »
« Rose, alors, j'ai besoin de voir Rose. »
« Rose est en train de dormir. »
Un silence, et la voix d'Harry changea :
« Menteuse. »
Harry s'étouffa dans un rire qui ne lui ressemblait pas, un rire où se mêlaient la haine de sa geôlière et la souffrance de sa blessure, pas encore cicatrisée en dépit des potions à retardement que Gilian lui avait administrées. Au moins, il était en vie. C'était une bonne nouvelle.
Ou peut-être pas, car à peine eut-elle refermé la porte de la chambre que le signal d'alerte retentissait du côté de l'entrée principale.
Gilian entendit un cri, et le bruit de centaines de grattements sourds ici et là.
Harry n'appelait pas que des serpents.
Il y avait aussi des rats.
Des milliers de rats que vomissaient les égouts, dont les yeux jaunes brillaient dans l'ombre de la maison, dont la présence grouillait dans l'ombre des arbres du jardin, et dont les petites pattes… crissaient sur le toit de la demeure.
Des rats. Par milliers. Qui seraient bientôt là pour leur maître…
Prochain chapitre : « L'art de la guerre »