Auteur: Yohko the demo
Genre: romance et prise de tête pour changer, 39, YAOI
Disclaimer: pas à moi, tout à Minnekura, sauf l'idée.
Note: dernier one shot de la série. Que j'en écrive un autre est pas complètement exclu mais pas tout de suite et c'est vraiment au conditionnel
Merci à tous de me lire!
Goku ne comprenait pas vraiment Sanzo.
Durant les premiers mois qui avaient suivi sa libération, il avait bien tenté de s'intéresser au moine, mais il n'avait jamais réussi à rien lui arracher sur ce qui le concernait de plus près, son passé par exemple.
Bien sûr qu'après toutes ces années à ne pas le quitter d'une semelle il le connaissait mieux que personne. Mais lorsqu'il y réfléchissait, les autres ne devaient vraiment rien savoir de lui alors.
Sanzo se portait très bien en tant que seul détenteur de ses secrets et ne comptait pas partager quoi que ce soit avec qui que ce soit. Il y mettait un point d'honneur, et Goku avait très vite appris à garder ses questions pour lui. Il détestait les secrets, mais pour celui à qui il devait une dette qu'il estimait éternelle, il pouvait bien faire un effort.
A part les jours de pluie. Il savait que la pluie était liée à un souvenir des plus désagréables pour Sanzo. Et ces jours-là étaient les plus durs à passer sans poser de questions.
Parce que le blond devenait alors irascible et renfermé, sur les nerfs mais d'une manière tout à fait différente par rapport à son habituelle humeur asociale. C'était comme s'il essayait de lutter contre quelque chose à l'intérieur de lui-même. Quelque chose de très fort, trop pour qu'il puisse le surmonter parfois.
Goku aurait aimé pouvoir l'en délivrer, pouvoir l'aider à anéantir ses démons. Mais pour ça il aurait fallu qu'il sache de quoi il s'agissait, et poser cette question était encore plus interdit que toutes les autres.
Alors il se contentait de guetter la pluie avec angoisse. Et de passer ses nuits éveillé, à guetter encore. Guetter quoi, il l'ignorait. Mais il fallait qu'il guette, au cas où. Au cas où quelque chose se passe, au cas où Sanzo aie besoin de lui.
Quand la pluie cessait enfin, tout le monde respirait de nouveau librement.
Puis il recommençait à guetter.
Il fallait qu'il aie au moins l'impression d'aider Sanzo. Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre ?
La pluie revint.
Ils arrivèrent à l'auberge trempés et éternuant. Aussitôt Sanzo, sans mot dire, réserva deux chambres puis investit celle qu'il partagerait sans doute avec Hakkaï. Il partageait toujours sa chambre avec Hakkaï lorsqu'il pleuvait.
Goku ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu blessé. C'était comme si Hakkaï pouvait l'aider, tandis que lui ne restait qu'un gosse qu'on mettait à l'écart des choses sérieuses.
Il s'efforçait en vain de combattre cette sensation stupide mais toujours l'amertume restait, accrochée au fond de son crâne.
Il alla donc se jeter sur son propre lit dans la chambre voisine en soupirant, trempant les couvertures sans y faire attention.
Il resta sans bouger jusqu'à ce que Gojyo, sorti de la salle de bain avec un nuage de vapeur, lui lance une serviette à la figure.
« Allez macaque ! Va prendre une douche bouillante ça nous évitera de supporter tes éternuements. »
Puis il s'installa sur son propre lit et alluma une cigarette.
Lorsque la fumée eut traversé toute la chambre pour l'atteindre, Goku finit par se lever et se diriger vers la salle de bain.
La douche fut rapide. Le choc de l'eau chaude sur sa peau lui fit comprendre à quel point il était gelé mais il ne s'attarda pas, ne rinçant même pas ses cheveux lourds d'eau de pluie glacée.
Ils descendirent ensuite à la salle commune de l'auberge pour dîner.
Sanzo ne disait rien et tirait une tête des mauvais jours promettant mille souffrances au premier imbécile assez suicidaire pour éveiller son attention.
Hakkaï ne disait rien et sirotait son thé, son visage dépourvu de son habituel sourire calme.
Gojyo ne disait rien mais il ne tarderait sans doute pas à l'ouvrir malgré la menace omniprésente du Smith and Wesson posé sur la table.
Goku enfin se taisait et laissait ses yeux errer des plats qu'il n'avait pas touchés à la fenêtre dégoulinante de pluie.
Un violent frisson le fit soudain lâcher ses baguettes qui heurtèrent le sol avec un fracas d'autant plus frappant dans l'atmosphère silencieuse.
C'est alors seulement qu'il se rendit compte à quel point les gouttes d'eau glacée coulant de ses cheveux dans son cou et son dos refroidissaient sa température corporelle.
Hakkaï fronça les sourcils puis avança une main vers la sienne.
« Goku ! Tu es gelé ! »
Le châtain ne put qu'acquiescer. Gelé jusqu'à la moelle. Foutue pluie…
Sanzo se leva en grognant.
« Laisse. Je le monte. »
« Tu ne veux pas… »
« Je m'en occupe je te dis. »
Hakkaï et Gojyo hochèrent la tête tandis que Goku le suivait sans rien dire. Le moine voulait sans doute rester au calme.
Il enferma d'autorité le singe dans la salle de bain.
Quand il en ressortit dix minutes plus tard, pas réchauffé mais un peu moins froid, Sanzo était appuyé contre la fenêtre, fumant, les yeux dans le vague.
Il alla rapidement se faufiler sous la couette de son lit pour chauffer plus rapidement ses membres frissonnants encore. Il remarqua alors que le sac de Sanzo avait remplacé celui de Gojyo sur l'autre lit.
« Sanzo… »
« Quoi ? »
Il était parti avec l'intention de lui demander s'il comptait vraiment dormir ici cette nuit, mais le ton rogue coupa son élan. Dieu qu'il haïssait la pluie pour changer ainsi son Sanzo…
« Rien. » finit-il par murmurer plus pour lui-même que pour le « tss » méprisant de l'homme.
Il resta recroquevillé et tremblant, désespérant de jamais se réchauffer.
Désespérant que la pluie s'arrête jamais.
Il dut s'endormir. Quand il revint à lui il faisait sombre dans la chambre, seulement éclairée par la lumière d'un lampadaire perçant par la fenêtre ouverte.
Il avait chaud, trop presque. Il rabattit la couette.
Par contre la pluie tombait toujours.
Et assis sur la chaise à côté de la fenêtre, Sanzo fumait toujours.
Goku se leva doucement et enfila son tee-shirt sec avant de s'avancer vers le blond. Le sol froid sous ses pieds envoyait des frissons dans tout son corps.
Le moine ne bougea pas, ne sembla même pas le remarquer.
« Pourquoi la pluie ? »
Les yeux violets se fixèrent sur lui.
« Qu'est-ce qu'elle t'a fait, la pluie ? »
Les sourcils se froncèrent un peu plus, si c'était encore possible.
« Va te coucher. Demain on part tôt. »
« Sanzo… »
Goku s'avança presque jusqu'à le toucher.
« Pourquoi tu dis rien ? Pourquoi tu dis jamais rien ? »
« J'ai rien à dire ! Maintenant dors ! J'ai pas besoin d'un gosse dans les pattes. »
Est-ce qu'il avait vraiment conscience de la cruauté de ses propos ? Est-ce qu'il savait seulement à quel point il le blessait ?
Goku fit demi-tour pour mieux dissimuler les larmes dans ses yeux.
Il alla se recroqueviller sous la couette, laissant sa peine s'écouler un peu.
Il souffrait tellement de ne pas compter plus que ça pour lui !
Pourtant il fallait bien faire avec, et avec ce poids dans son estomac. C'est ce qu'il faisait toujours, non ?
Puis soudain il réalisa qu'il était dans l'erreur.
Qu'est-ce qui lui prenait de pleurnicher ainsi alors que Sanzo souffrait ? Il devait l'aider. Trouver un moyen.
Il se redressa, rejetant les signaux de fièvre qui montaient en lui. Pas le moment d'être malade.
« Est-ce que quelqu'un est mort ? »
« Dors. »
« Réponds ! Est-ce que quelqu'un est mort ? Il pleuvait ? T'étais là ? »
Sanzo se leva soudain, renversant sa chaise avec fracas.
« Ta gueule ! Dors ! »
« Qui c'était ? Tu l'aimais ? »
Plus que moi ? Tu m'aimes, moi ?
En deux pas le moine fut sur lui, le plaquant contre la tête du lit, l'air prêt à le frapper.
Il tremblait.
Goku rassembla sa détermination.
« Ben vas-y. Tape. »
Sanzo resta immobile, statufié.
« Chuis sérieux. S'il faut ça pour que tu redeviennes comme avant, vas-y. J'encaisses plutôt bien. »
Il devait vraiment délirer pour sortir des énormités comme ça. Mais il voulait faire réagir Sanzo, quoi qu'il lui en coûte.
Le blond relâcha sa prise et s'écarta.
Goku le rattrapa par le bras vivement pour le forcer à rester près de lui.
« Sanzo s'te plaît… »
Mais il s'arracha à sa poigne et retourna se poster à la fenêtre.
« Dors. Sinon tu vas tomber malade. Laisse les morts tranquilles. »
« Toi t'es pas mort. Je veux savoir ! C'est quoi, qui te détruit comme ça ? »
« Peu importe ! »
« Pour moi si. »
Sanzo s'appuya contre le mur et ferma les yeux. La pluie, ses souvenirs. Le sang et cet imbécile si différent par rapport à d'habitude. Pourquoi tout s'acharnait contre lui comme ça ?
Il finit par se laisser submerger, comme une digue explosant en lui. Trop longtemps qu'il supportait ce poids.
« Très bien. Mais t'attends pas à ce que ça se reproduise. »
Sa voix n'était qu'un souffle. Goku s'enroula chaudement dans la couette et vint s'asseoir contre le mur à côté de lui.
Puis le monologue commença.
Qu'est-ce qu'il avait cru, à quoi il s'était attendu ? Peu importait, la vérité effaçait son imagination.
Sanzo lui raconta, comme il ne l'avait jamais fait avant, son histoire. Ses moments d'enfance heureux. Son maître.
Surtout son deuil. Le sang et la mort. La mort dans ses bras même, pour le protéger parce qu'il était trop faible pour résister seul.
Il voulut s'arrêter là, après tout toute chose ne s'arrêtait-elle pas avec la mort ?
Mais Goku se rapprocha doucement et vint se serrer contre lui sans qu'il puisse rien faire pour l'éviter.
« Continue. C'est pas ça la fin. »
Et sans savoir vraiment pourquoi il obéissait, Sanzo continua.
Son départ du temple, les tueries et la vengeance, la rechercher désespérée de l'héritage de son maître à défaut de son maître lui-même.
Les trouvailles sur la route. Goku. Puis Gojyo et Hakkaï. Leur nouvelle mission. Et toujours cette peur, cette peur dévorante et inacceptable d'être celui qui reste.
Le soulagement en voyant qu'il n'était plus responsable. Qu'il n'avait plus besoin de protéger qui que ce soit.
Finalement il s'interrompit.
« Bon, ça te va comme ça ? »
Goku sourit.
« Pas mal. »
Puis il frissonna à nouveau. Sanzo fronça les sourcils.
« Si tu tombes malade maintenant on te laisse ici. »
Le châtain s'écarta, maussade.
« Pourquoi tu me rejettes tout le temps comme ça ? »
Il se releva et se dirigea vers son lit, trébuchant au passage sur la couette.
Soudain une main se posa sur son épaule, le faisant presque sursauter. Il ne l'avait pas entendu se déplacer.
Sanzo sembla sur le point de dire quelque chose puis se ravisa et se mordit les lèvres.
« Dors maintenant. »
Goku se tourna sans pouvoir empêcher le petit pincement dans sa poitrine et alla se recroqueviller sur son lit.
Maintenant il savait pourquoi la pluie lui ravissait ainsi son sauveur. Mais apparemment ça n'avait pas vraiment réglé le problème.
Puis il finit par se tourner de l'autre côté lorsqu'il sentit un mouvement à côté de lui, pour se trouver nez à nez avec un Sanzo accroupi qui avait l'air presque soucieux.
« T'as de la fièvre ? »
Une main d'ivoire vint se poser sur son front, à la fraîcheur soulageante.
« Saleté. » marmonna le moine.
Il sembla réfléchir un moment.
« Tant pis. On repartira après-demain. T'as intérêt à être guéri d'ici là ! »
Goku mit un moment à relier touts les actions entre elles. Puis il sourit sauvagement et jeta ses bras autour de son cou. Tant pis pour toutes les barrières établies entre eux, il comptait bien en démolir plus qu'une ce soir.
« Merci. »
Sanzo marmonna quelque chose à propos de l'inutilité de voyager avec un malade à bord, mais le châtain le coupa.
« Merci. »
Puis il l'embrassa doucement. Sur la joue d'abord. Puis dans le cou. Evitant délibérément les lèvres.
Il avait encore assez de conscience pour savoir qu'il ne revenait pas à lui de choisir les lèvres.
Le blond entendait toujours le bruit de la pluie tambourinant contre la vitre, et essayait vainement de se concentrer dessus. Mais il était étonnement incapable de se focaliser sur autre chose que les lèvres douces dans son cou, et l'envie qu'il avait croissante de les sentir sur les siennes.
Alors il rendit l'étreinte à Goku et l'embrassa. Mettant tout ce qu'il avait dans cet unique contact.
Son énervement, son impatience. Ses maigres excuses. Sa reconnaissance.
Son soulagement de le voir si acharné.
Goku sourit sur ses lèvres.
Le lendemain matin, il pleuvait toujours. Par contre le châtain était tout à fait guéri de sa fièvre passagère. Il se leva doucement alors que l'aube pointait et se rapprocha du lit de Sanzo.
Le blond ouvrit lentement les yeux au mouvement et fixa difficilement son regard sur lui.
« Qu'est-ce que tu veux, encore ? »
Sans rien dire Goku vint s'allonger à côté de lui. Sanzo soupira légèrement mais l'enlaça et posa ses lèvres sur les siennes avec douceur.
Le jeune homme sourit franchement.
« Je croyais que ça se reproduirait pas ? »
« La ferme. »