Auteur: Yohko

Genre: peite romance choupinette, presque pas de prise de tête pour une fois, bravo Yohko! Yaoi.

Note: fic écrite suite à une nuit blanche passée à me tordre de douleur dans mon lit et la rude prise de conscience que l'être humain est vraiment pas résistant du tout. Envie de tendresse. Et tout a encore plus pris son sens lorsque je l'ai tapé sous influence de la BO de Titanic. Ne jamais sous estimer le pouvoir des chansons d'amour débiles.


Sanzo soupira violemment et se tourna encore une fois dans son lit.

Malade.

Comme un chien.

Les chiens devaient vraiment souffrir.

« Et merde… »

Et en plus il délirait. Journée pourrie, d'un bout à l'autre.

Et cette foutue pluie qui tombait, encore et encore, sans jamais s'arrêter. Cette saloperie de pluie, toujours là pour le narguer.

Une fois de plus les images traversèrent son esprit. Tout ce sang répandu, toutes ces horreurs…

Et tout le sang qu'il avait répandu ensuite, encore et encore, dans un vain espoir de se croire fort. Tout ce sang…

Il eut juste le temps de se jeter sur le côté du lit avant de vomir sur le sol.

Il se redressa après quelques secondes, le cœur battant à tout rompre et les yeux fous. A ce rythme il finirait par rejeter sa propre bile.

Dire qu'il s'était cru fort, alors qu'une simple angine le réduisait à ce point !

Il essaya de se relever. La sueur collait son jean à sa peau et ses cheveux obscurcissaient sa vue.

Il retomba contre l'oreiller en toussant violemment, les restes d'acide irritant encore plus sa gorge.

Il s'était cru fort, alors qu'une simple angine l'empêchait de survivre tout seul !

Il se surprit à souhaiter de toutes ses forces qu'Hakkaï entre dans la pièce et lui donne quelque chose, n'importe quoi pour atténuer cette fièvre qui le secouait douloureusement.

Et cette foutue pluie ! Mais pourquoi n'arrêtait-elle pas de tomber ? Le sang cesserait-il de couler un jour ?

Sanzo ferma les yeux et les cacha avec ses mains.

C'était tout simplement l'affaiblissement, la fièvre et le manque de sommeil. Deux nuits blanches à se déchirer la gorge et à délirer…

Mais pourquoi ça ne s'arrêtait pas ? Pourquoi ne guérissait-il pas enfin ?

Ses mains retombèrent mollement sur le drap froissé.

« Et merde… »


Troisième jour.

Trois jours que Sanzo était malade. Affaibli, fiévreux, Goku qui ne l'avait jamais vu dans cet état ne pouvait s'empêcher de craindre pour lui malgré les pronostics rassurants d'Hakkaï et du médecin. Juste une très mauvaise angine avec fièvre tenace, le plus dur était passé, il serait sur pieds bien assez tôt !

Mais c'était si terrifiant de le voir dans cet état de faiblesse ! Il l'avait souvent vu blessé, inconscient pendant des jours entiers, mais jamais aussi faible et peu maître de lui-même- tout en étant conscient en plus !

Il regarda la pluie couler par la fenêtre. Son estomac criait famine, il n'avait pas mangé depuis le matin et le soir tomberait bientôt.

Hakkaï et Gojyo étaient sans doute en bas, dans la salle restaurant de l'auberge, en train de finir leur dîner. Hakkaï s'inquiétait sûrement pour Sanzo et pour lui, et Gojyo le rassurait : Le bonze et son macaque aimaient trop faire chier le monde pour aller vraiment mal !

Goku sourit à cette pensée, puis soupira en serrant un peu plus le coussin contre lui. La pluie tombait toujours, en accord avec ses pensées moroses…

Voir Sanzo ainsi l'avait marqué plus qu'il n'aurait voulu l'admettre. C'était son soleil, son protecteur, son sauveur, le seul capable de faire face à Seiten Taisen. L'humain le plus fort qu'il ait jamais connu malgré les ombres de son passé et la pluie qui coulait en permanence dans son regard.

Il l'avait toujours protégé, et les rares fois où Goku avait dû le sauver comme ce jour où le yokai l'avait empoisonné dans le désert, les rôles n'avaient jamais été échangés.

Oui, il était profondément ébranlé. Il avait l'impression de découvrir un secret que Sanzo leur aurait caché pendant toutes ces années, un secret qu'il n'aurait jamais dû connaître.

Il n'avait même pas osé ouvrir la porte et entrer. Il se sentait de trop, inutile et dérangeant. Aussi pervers qu'un voyeur, profitant de sa faiblesse.

Goku soupira. Il délirait autant que Sanzo, c'était la faim. Mais il ne pouvait pas s'éloigner de la chambre du malade, pas dans l'état où il se trouvait.

Sans trop oser se demander ce qu'il faisait, il se leva et avança sans bruit vers la porte de la chambre.

Il hésita un instant, puis poussa la poignée et entra en un souffle, s'étonnant à peine de son audace dans l'atmosphère irréelle. Il devait le voir, le protéger à son tour, c'était le rôle qu'il venait de recevoir – ou de s'attribuer ?


Perdu dans la fièvre, Sanzo ne le repéra pas tout de suite. La sensation d'une autre présence dans la pièce lui vint soudainement et l'urgence l'envahit. Un yokai ennemi ? Hors de question de mourir de la main d'un de ces couillons finis !

Il chercha autour de lui son Smith and Wesson, mais déjà la silhouette se rapprochait du lit. Trop tard.

« Sanzo ? C'est moi. »

Goku avait cru le voir paniquer. Quel idiot, il aurait mieux fait de s'identifier en entrant, la pièce était plongée dans une pénombre qui avait dû rendre son visage difficile à identifier.

Sanzo ferma les yeux et relâcha ses muscles douloureux malgré leur contraction si légère. Merci Goku de me jeter ma faiblesse à la gueule, vraiment.

Puis il fixa le châtain.

« Stupide macaque ! Qu'est-ce que tu fous là ? »

Il grimaça au son de sa propre voix, plus proche du grognement de bête sauvage que d'autre chose.

« Je voulais voir comment tu allais… »

Soudain Goku s'écarta vivement du lit vers lequel il s'approchait, les yeux fixés sur le sol.

« Ah ! Mais t'aurais dû appeler… »

Il se dirigea vers la salle de bain et en ressortit avec une serviette mouillée pour éponger le vomi sur le sol.

Sanzo se rallongea, fixant obstinément le mur pour ne pas voir celui qu'il avait toujours protégé nettoyer ses faiblesses.

Au bout de quelques allers et retours à la salle de bain, le sol était propre et l'odeur atténuée.

Goku hésita puis s'assit sur le lit. Pourquoi Sanzo regardait-il le mur comme ça ? Est-ce qu'il aurait dû faire semblant de ne rien voir et laisser les choses en état ? Il décida que non, l'idée même le révulsant. Mais est-ce qu'il l'avait blessé ?

Finalement le blond rompit le silence de plus en plus lourd.

« Sors de là le singe, tu vas tomber malade aussi. »

Goku sourit, plus pour lui-même que pour son vis-à-vis qui lui tournait presque le dos.

« Pas de risque, ça fait cinq cent ans que les microbes m'évitent. »

Sanzo fut surpris par le ton mature et adulte. Il s'était plutôt attendu à des protestations de gamin.

En un sens, ça aurait été plus facile à prendre en main.

Il se tourna lentement vers Goku qui le regardait toujours.

« J'ai dit sors. »

« Non. »

« Couillon… »

Et son éventail qui n'était même pas à portée de main ! Il essaya quand même de lui décocher un coup de poing mais Goku attrapa sa main sans peine.

« Sanzo… »

« Lâche-moi idiot ! »

« Non. »

Doucement le singe se leva et vint s'asseoir à la tête du lit, plus près du blond qui comprenait de moins en moins.

« Qu'est-ce que tu fous encore… »

Goku enlaça ses épaules tendrement, le séchant littéralement.

« Mais… »

« C'est à moi, pas vrai ? »

« De quoi tu parles imbécile ? Lâche-moi ! »

« C'est mon tour de te protéger. »

Sanzo s'était vraiment attendu à tout sauf à ça.

Goku profita de son manque de réaction pour s'installer plus confortablement, le dos contre ses oreillers, Sanzo reposant contre son torse entre ses deux jambes.

Le moine essaya de se dégager mais le châtain le tenait fermement par les épaules, sans vraiment forcer mais ça suffisait pour le dominer dans son état de faiblesse.

« J'ai pas besoin qu'on me protège, lâche-moi ! »

« Non. »

« J'vais te buter macaque ! »

« Pendant toutes ces années tu m'as aidé, t'as toujours été avec moi-même si t'as toujours eu l'air de t'en foutre. Maintenant c'est mon tour. Fais-moi confiance ! »

« C'est pas une question de confiance… »

« Sanzo, laisse-toi faire. Pour une fois. »

La voix était douce, les paroles tentantes, les bras sur sa peau nue et frissonnante le réchauffaient agréablement.

Il n'avait même pas la force d'y opposer ses arguments habituels.

Sanzo ferma les yeux et appuya sa tête contre le torse de Goku qui resserra sa prise sécurisante.

« T'attends pas à ce que ça se reproduise. » Trouva-t-il la force de menacer.

Pour toute réponse son nouveau protecteur autoproclamé laissa errer ses lèvres dans ses cheveux avant d'embrasser doucement sa joue.

Le blond grogna vaguement, mais une des ses mains monta se poser sur celles de Goku nouées sur sa poitrine.

Il ne tarda pas à s'endormir, enfin calmé.


Le lendemain il se réveilla avec la migraine et la gorge toujours aussi irritée, mais au moins sa fièvre était passée.

Il faillit se lever et chasser Goku de sa chambre à coups de pieds, puis il vit son visage paisiblement endormi et soupira.

Pendant la nuit ils avaient bougé jusqu'à se retrouver côte à côte, toujours aussi enlacés.

Il caressa doucement la joue du jeune homme – non, il ne pouvait décidemment plus le considérer comme un garçon après cette nuit – et regarda ses yeux d'or s'entrouvrir doucement.

« Sanzo ? »

« Qui d'autre, imbécile ? » Soupira-t-il en s'asseyant précautionneusement au bord du lit.

A nouveau Goku vint l'enlacer en se calant contre son dos, laissant son souffle léger caresser son cou.

« Il me semble t'avoir dit que ça se reproduirait pas ? »

Mais malgré son ton sévère, Sanzo sentait sa volonté s'affaiblir dangereusement. Il devait être encore fiévreux, il ne voyait pas d'autre solution.

Goku sourit dans sa nuque, puis se leva et vint s'asseoir à ses côtés.

« On reprend les anciens rôles ? »

Le blond hésita, puis décida de laisser la fièvre l'emporter et laissa de nouveau sa main caresser la peau mate du châtain frémissant, avant de se pencher pour effleurer ses lèvres. Goku voulut répondre au baiser mais il se recula avant et se leva brusquement, plus sûr du tout de sa santé mentale.

« Va prévenir les deux autres idiots, on part dans une heure. »

Le jeune homme hésita quelques secondes puis se leva d'un bond et l'embrassa à son tour, le prenant de court avant de sortir.

Le sourire aux lèvres.

Il n'aimait pas les secrets. C'était beaucoup mieux de connaître l'autre.

Sanzo soupira avant d'aller se doucher. Foutue fièvre.

Pourtant il laissa un léger sourire illuminer ses yeux en rabattant vaguement les couvertures sur le lit, avant de se reprendre.

Il n'était plus malade, il devait reprendre le contrôle.

Bizarrement, une petite voix en lui murmurait qu'il ne l'avait jamais eu et ne l'obtiendrait sûrement pas maintenant.