Bonjour à tous !

Et oui, c'est moi ! Pour le tout dernier chapitre de cette fic, l'épilogue ENFIN ! Bon ça a été une longue aventure pleine de rebondissement qui aura duré *ZiaGranger s'empare de sa calculette* SEPT ANS ? Bon à peu près hein. Et ouais, faut s'accrocher avec moi, je suis très lente apparemment. L'important c'est qu'on soit arrivés, hein ?! ^^

Merci beaucoup en tout cas à tous mes lecteurs mais surtout à tous mes revieweurs, ceux qui sont là depuis le début ou ceux qui sont arrivés en cours de route. Vraiment, merci ! Vous m'avez vraiment encouragé et vous avez tenu jusqu'au bout, BRAVO ! ^^

Bon, je vous fais pas attendre plus longtemps, j'espère que ce final sera encore mieux que ce que vous espériez (l'espoir fait vivre, comme on dit ^^). Bonne lecture !

Epilogue: En devenir

Chaque incubation se déroulait en trois étapes.

La première consistait à la formation du futur démon. On lui enseignait les règles, la magie démoniaque, l'histoire des démons,…

La deuxième précédait la cérémonie de peu et il s'agissait de mettre à l'épreuve l'élève à plusieurs reprises sur différents terrains afin de vérifier s'il était enfin apte ou non à devenir un démon.

La dernière était la cérémonie elle-même où le futur démon devait, en premier lieu, jurer fidélité au Sherpa, puis était plongé dans la source des ténèbres afin d'en recevoir ses pouvoirs et son statut.

Dernièrement, avec le soulèvement des démons envers leur propre chef Sethan, et l'arrestation de ce-dernier qui fut suivit de moult débats, Niebelung n'avait jamais été aussi prêt d'être anéantie. Les démons avaient longtemps évolués en solitaire et, si l'édification de Niebelung, qui était censée rassembler tout le peuple démoniaque sous un même étendard, datait à ce jour de plusieurs siècles, la cohabitation de ses individus n'avait pas toujours était simple, chaque démon étant épris de sa propre liberté.

Sethot, en tant qu'ancien, avait momentanément pris la tête du Grand Conseil, dans l'attente de la nomination d'un nouveau Sherpa mais, malgré les mesures prises et les efforts réalisés, la situation de la cité restait désespérément incertaine.

Compréhensible donc que, dans de telles conditions, toute incubation ait été suspendue pour un temps indéfini. Celle de Harry Potter, devait ramener la paix dans les esprits, raffermir le pouvoir du conseil, et redonner une raison d'être à la cité des démons.

Car Harry Potter avait su imposer le respect auprès de tous ses pairs et il était pressentit comme le futur Sherpa. Avec un démon tel que lui à sa tête, la cité pourrait se reconstruire sur des bases solides et aurait alors de beaux jours devant elle.

-Te sens-tu prêt, Harry Potter ?

Le jeune homme ne répondit pas à l'interjection du vieux démon. Happé par son reflet dans le miroir, il scrutait avec une gravité étonnante pour son jeune âge les plis de tissus noirs qui semblaient flotter autour de lui. Ses yeux glissèrent le long de son propre corps, s'arrêtèrent un instant sur le blason qui ornait sa poitrine _une lune traversée d'un grand oiseau et cernée de quatre éclairs_ avant de continuer son ascension jusqu'à son propre visage. Ses yeux d'un vert émeraude lumineux, ses cheveux ébouriffés d'un noir de suie, la peau pâle de son visage austère…

Le vieux démon se pencha pour vérifier l'ourlet de la tunique noire que portait Harry et rajusta ici et là la tenue afin qu'elle soit parfaite. Enfin, il se recula pour observer son œuvre d'un œil critique. Le jeune homme se laissa faire, immobile et silencieux, écoutant d'une oreille distraite les babillements incessant de Tim.

-Nan mais tu verrais les chambres quoi ! C'est à vous dégoûter d'une si belle ville. On est des invités presque royaux mais on se retrouve avec des piaules qui sentent le moisis et des matelas bouffis d'humidité. Comment t'as fait pour survivre dans ces conditions ?

Le flot continu que la bouche de Timothé laissait échapper ne dissimulait rien de son malaise, et sa bonne volonté ne suffisait pas à rendre à ses vannes son enthousiasme habituel. Mais qu'importait de toute façon, Harry semblait déjà à des kilomètres de tout ça. Cela faisait presque un quart d'heure qu'il était là, assis derrière l'Elu qui se préparait pour la cérémonie, ne recevant à ses questions et ses plaisanteries que l'ombre d'un sourire de temps à autre et, pour le reste, un silence singulièrement lugubre de sorte qu'il s'adressait à présent plus à lui-même qu'à son ami.

-Tim, tu vas vexer nos hôtes, le gronda gentiment Turner.

Debout, adossé au mur, le professeur s'était rarement montré aussi calme. Il ne semblait pas partager l'embarras de son élève.

-Même Drago ne s'est pas plains autant.

-C'est pas faute de l'avoir pensé, répliqua le jeune Malfoy, un demi sourire aux lèvres. Mais j'aimerai autant sortir d'ici vivant.

Le démon centenaire posa la cape de cérémonie sur les épaules de Harry et noua les attaches argentés. Le jeune homme le regarda faire du coin de l'œil.

A chaque incubation, un démon plus vieux s'occupait de la préparation du novice. Cette fois, la tâche avait été dévolue à Odrion qui s'en acquittait avec calme et assurance. En tant qu'éducateur, il avait l'habitude de s'occuper des jeunes recrues bien qu'il n'ait jamais eu affaire à Harry Potter personnellement. Il se souvenait cependant l'avoir croisé à plusieurs reprises, à la bibliothèque du château notamment, et plus tard, durant la guerre civile, dans les grottes où ils avaient trouvé refuge.

D'habitude, personne d'autre n'était accepté dans la salle. A vrai dire, d'habitude, personne ne demandait à y être admis. Ils avaient fait une exception cette fois. Harry Potter n'était pas n'importe qui et ses amis avaient combattus à ses côtés.

Dans le reflet, il regarda les trois humains présents. Tayson Turner, Timothé Night, Drago Malfoy. Moins d'un an plus tôt, il n'aurait pas parié sur la présence de ceux-là à son intronisation. Les débuts avaient été houleux avec chacun d'eux.

-Avec la politique d'ouverture du nouveau conseil, il n'y aurait vraiment aucune raison que tu ne ressorte pas en vie. Avec un morceau ou deux en moins peut-être, mais vivant… selon toute probabilité, plaisanta Harry.

Il laissa glisser un regard absent le long de la roche humide de la salle de préparation sans vraiment écouter la réponse de son ami blond, tandis qu'Odrion cherchait à remettre de l'ordre dans ses cheveux.

-Comment va Gaëlle ?

-Son état évolue doucement. Elle reprend conscience pour de courts moments mais elle n'a pas encore parlé. On ne sait toujours pas s'il y aura des séquelles. Les meilleures mages et anges s'occupent d'elle et Gabriel ne s'éloigne jamais. Elle est entre de bonnes mains, répondit Turner.

-J'espère que ça ira mieux.

Cela faisait plus d'un mois qu'il ne l'avait pas vu. Au retour de ses vacances, avant de venir passer les examens de pré-incubation.

-Jane m'a dit que tu étais passé les voir, elle et Alicia, lança Drago.

-Oui, oui.

Elles s'étaient proposé d'assister à la célébration mais il n'avait pas vraiment jugé cela nécessaire.

La voix d'Odrion détourna son attention d'une tâche de rouille sur le miroir.

-Que voulez-vous que nous fassions de ça ?

Le démon tenait la baguette de Harry à bout de bras, l'air défiant, comme si le bout de bois en question allait lui exploser entre les doigts. L'ancien Serpentard tandis la main et le démon la lui rendit.

-Je vais dire à Sethôt que vous êtes prêt, prévint Odrion en s'éloignant.

Harry ne l'écoutait pas, absorbé par la chaleur qu'émettait sa baguette contre sa peau pour la dernière fois. Qu'est-ce que cela faisait de ne plus avoir de sentiment ? De ne plus sentir la chaleur ou le froid ? De ne plus avoir de pouvoirs sorciers ? D'avoir des ailes dans le dos ? De posséder tous les pouvoirs qu'offraient la source ? D'avoir l'éternité devant soi pour apprendre ? D'être Sherpa ?

-Il est temps que vous rejoigniez la caverne d'incubation, déclara le démon en tenant ouverte la porte derrière lui.

Turner donna une tape sur l'épaule de son élève pour le saluer.

-A tout à l'heure.

Harry hocha la tête puis serra la main que Drago lui tendait en souriant.

-Tu vas faire un super démon, mec. T'as le feu dans les veines !

-Merci Drago.

Appuyé sur sa béquille, Timothé dévisageait Harry d'un air indéchiffrable.

L'espace d'un moment il crut qu'il allait lui faire des remontrances ou essayer de le convaincre de renoncer à l'incubation. Il se trompait.

-Tu vas enfin accomplir ton rêve Harry. J'espère qu'il sera à la hauteur de tes espérances.

De sa main libre, il attira à lui le jeune Potter qui lui rendit son étreinte.

-Tu vas me manquer.

Ils s'éloignèrent l'un de l'autre et, sans un regard, Timothé s'éloigna en claudiquant vers la porte qu'il referma derrière lui.

Harry fixa un moment le battant de bois, puis se tourna vers le miroir pour observer une nouvelle fois son reflet lui rendre son regard froid.

Il ne mit pas longtemps avant de reporter son attention sur la baguette qu'il tenait toujours et se demanda soudain ce qu'il allait en faire. Devait-il la briser ? Elle ne lui servirait plus jamais de toute façon. Devait-il la garder…en souvenir ? Alors qu'il avait toujours regardé sa baguette comme un prolongement de son bras, il la voyait aujourd'hui comme si elle s'était dissociée de lui. Comme un accessoire dont il allait devoir se séparer. Il la fit tourner entre ses doigts.

Derrière lui, quelqu'un entra.

-Pourquoi m'avez-vous envoyé à Poudlard ?

C'était une question qu'il ne s'était jamais posé. Il savait à l'époque que c'était une étape de plus vers le pouvoir, un moyen d'acquérir plus de savoir. Pourquoi cela ne semblait plus avoir de sens maintenant ?

-La source annihile toutes les autres formes de pouvoirs. Une fois démon je ne pourrais plus jeter de sort sorcier. Pourquoi, pendant toutes ces années, vous m'avez fait étudier la sorcellerie ?

-Tu y as réfléchi ? demanda Sethot de sa voix profonde.

-Je viens d'y penser.

-Et tu ne l'as pas compris ?

Harry se retourna pour faire face à l'Ancien et plongea son regard vert dans celui noir de son ancien professeur.

-Non, je ne comprends pas.

-La magie a beau se diviser en de multiples branches, elle n'est qu'une. J'ai mis longtemps à le comprendre. Des siècles.

Il émit un drôle de rire rocailleux qui fit sursauter Harry. Les démons pouvaient rire ?

-Je t'ai permis d'apprendre la sorcellerie afin que tu puisses aborder les pouvoirs démoniaques sous un aspect différent. Je voulais t'enseigner une façon de penser plus que des sorts qui ne te serviront bientôt plus.

Harry lui tendit sa baguette.

-Je ne sais plus quoi en faire. C'est vous qui me l'avez donné alors… je vous la rend.

Sethôt la prit et elle sembla disparaître soudainement, comme avalée par sa manche.

Comme Harry semblait attendre ses ordres, l'Ancien se décida à reprendre la parole.

-Tu es l'Elu Harry. Nous t'avons recueilli et élevé au palais car nous savions ce que tu représentais. Tu as l'étoffe d'un Sherpa. Tu seras bientôt amené à conduire tout un peuple. C'est ton destin.

Il avait beau entendre ses paroles et les accepter comme un ordre, Harry les trouvait soudain bien vide. N'accomplissait-il pas déjà son fameux destin lorsqu'il écumait la terre à la recherche des pierres ? Lorsqu'il affrontait maints dangers, baguette au poing et sortilèges aux lèvres ? Lorsqu'il tenait enfin entre ses doigts tremblants le Graal ? Et pourtant aujourd'hui…

-Il est temps d'y aller. Il est l'heure.

-Je les perd.

Sethôt s'immobilisa, et lui adressa un regard interrogateur.

-Je les perd, répéta Harry.

Le démon resta un moment silencieux.

-Il me semblait que tu t'étais fait à cette idée. Une fois Démon, tu n'auras plus de sentiment. Bien que tu ne ressentiras plus d'amitié envers eux, rien ne t'empêcheras de les côtoyer. Ils t'apporteront alors d'autres choses que…

-Je ne parle pas d'eux. Ce sont mes pouvoirs. Je les perd.

Malgré l'incompréhension qui se lisait sur les traits de Sethôt, Harry ne put se résoudre à continuer.

-Les tests se sont pourtant bien passés selon Odrion. Les examinateurs étaient tous parfaitement satisfait par tes performances.

-J'ai plus de pouvoirs que n'importe quel démon. Il est normal qu'ils n'aient rien remarqué. A côté de ce que j'ai dû effectuer ces derniers mois, aucun des tests ne représentait la moindre difficulté. Les tests ont été créés afin de repérer une aptitude à la magie démoniaque plus qu'une puissance magique. Je sais de quoi j'étais capable avant… la bataille. Mes pouvoirs déclinent.

Il sentit le regard du Démon l'examiner en silence un long moment alors il reprit la parole.

-C'est logique. Elle n'a laissé aucun de mes amis intact. Vous avez pu le constater également. Gaëlle est dans le coma depuis plus de deux mois, Tim a perdu sa jambe et Hermione… Autant de magie libérée ne pouvait nous laisser intact.

-Une fois plongé dans la source des ténèbres et purifié par ses eaux, tes pouvoirs démoniaques récupéreront toute leur puissance. La source réparera le mal qui a été fait par la onzième technique interdite.

-Si elle m'accepte (et dans une telle situation rien n'est moins sûr) rien ne prouve qu'elle saura me soigner. D'ici quelques mois je n'aurais peut-être plus aucun pouvoir.

Son regard lumineux vrilla implacablement son professeur et mentor.

-Ils ne voudront pas d'un tel Sherpa, Sethôt. Vous le savez mieux que moi. Sans pouvoir, je ne suis plus rien. C'est la seule chose que j'ai appris de toutes ces années.

Dehors, les criquets chantaient leur musique dissonante et, au-delà du jardin, elle entendait les vagues s'écraser sans cesse sur la plage. Appuyée contre le montant de la fenêtre, la jeune fille profitait des rayons du soleil sur sa peau. La chaleur brulait son visage et elle sentait la sueur couler le long de sa colonne vertébrale. Depuis combien de temps était-elle là, à écouter la vie sous le balcon ? Rien ne lui permettait de le dire.

Elle poussa un soupir à fendre l'âme.

Lentement elle recula et chercha à tâtons la porte-fenêtre qu'elle referma avec douceur avant de tirer le rideau de voile qui était censé isoler sa chambre de la chaleur des rayons.

Les bras tendus devant elle, elle parcourut la pièce d'un pas léger, savourant la douceur du tapis sous ses pieds. Elle sentit bientôt contre sa jambe la surface anguleuse de sa table de nuit. Elle laissa glisser ses doigts le long du bois, manqua de renverser le vase de fleurs fraiches qui s'y trouvait, le stabilisa d'une main tremblante, puis reconnu bientôt le coton de son couvre-lit. Elle contourna son lit sans en lever la main, chercha à se rappeler de quel côté était son bureau, tendit sa main dans une direction approximative, rencontra enfin la surface lisse du pupitre en cerisier, chercha à tâtons quelques instants et trouva enfin sa baguette, dont elle se saisit avec un sourire soulagé. Trois pas tremblants à partir du rebord du bureau… la porte !

Après avoir tâtonné le long du panneau, elle trouva enfin la poignée qu'elle tourna, et put alors quitter sa chambre. La température dans le couloir était bien plus basse et la sueur dans son dos se glaça. Elle gouta avec plaisir la fraicheur sur sa peau alors qu'elle avançait dans le corridor, ses doigts glissant le long du mur avec plus d'assurance.

Sa main se referma bientôt sur la rampe de l'escalier qu'elle descendit lentement, s'arrêtant à chaque marche pour bien placer son pied sur la suivante. Elle était déjà tombée deux fois en allant trop vite.

Le carrelage glacé du rez-de-chaussée avait une texture très différente du sol boisé de l'étage.

La cuisine était à gauche. Il fallait longer le couloir jusqu'au bout. Elle s'exécuta en touchant le moins possible les murs sur lesquels elle pouvait sentir la texture des tapisseries aux motifs fleuris en reliefs. Elle trébucha contre le meuble de l'entrée dont elle avait oublié l'existence et s'arrêta un instant pour se frotter le genou. Elle repris son avancée et trouva la porte de la cuisine ouverte.

Inspirant profondément, elle recommença à marcher, avec plus de précaution encore. La cuisine était loin d'être son territoire. Il y avait des tas de meubles partout, d'ustensiles, de coupelles pleines de fruits ou de petits objets, des objets tranchants… Les autres avaient tendance à oublier de ranger les chaises ou de replacer les objets où il fallait et elle finissait toujours pas trébucher ou par casser quelque chose. Le plus frustrant était quand elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait. Il lui avait déjà fallu une heure pour mettre la main sur un simple verre.

Cahin-caha, elle sortit un verre qu'elle posa sur le plan de travail et trouva à tâtons le frigo d'où elle sortit une bouteille qui devait contenir _elle l'espérait_ du jus de fruit. La dernière fois, son père avait espéré lui faire plaisir en lui ramenant de la soupe de poisson maison. Elle avait confondu les bouteilles et n'avait guère apprécié la saveur du potage froide.

A ce souvenir cocasse, elle ne retint pas son sourire. Un doigt dans le verre pour ne pas déborder ni en renverser, elle fit couler lentement la boisson. Méfiante, elle renifla, tâchant d'en deviner la saveur, puis porta le récipient à ses lèvres. Jus d'orange. Elle retint un soupir de soulagement. Un léger coup à la porte de la cuisine la fit sursauter et le verre, lui échappant des mains, vint se briser à ses pieds.

Des pas précipités s'approchèrent d'elle pour l'aider à ramasser les débris alors qu'elle se baissait.

Ses parents ne pouvaient pas venir cette semaine, ils avaient déjà pris chacun une semaine pour lui tenir compagnie. Timothé avait un pas reconnaissable avec sa jambe magique et sa béquille. Restaient Ginny, Turner, Ron et Neville. Bien qu'il n'ait pas la même odeur que d'habitude, à la façon dont les mains masculines repoussèrent les siennes avec douceur pour l'empêcher de se couper, elle put reconnaître le dernier. Turner avait tendance à vouloir la laisser se débrouiller seule et Ron l'aurait aidé avec sa brusquerie toute Weasleyenne.

-Je peux le faire, protesta-t-elle en repoussant gentiment l'autre paire de main.

Se concentrant, elle lança un reparo. Pas besoin d'y voir pour savoir qu'il était parfaitement réussi. Elle ramassa le verre et le posa sur le plan de travail, à côté de la coupelle de fruit, sous la fenêtre. Elle espérait s'en souvenir pour la prochaine fois qu'elle aurait soif.

Elle tendit le bras vers la présence à côté d'elle.

-Tu m'emmènes dans le jardin s'il te plaît ?

Elle évitait d'y aller seule. C'était encore trop tôt pour le moment. Avec les pots de fleurs, les charnières, les racines,… elle ne s'y retrouvait jamais et elle passait des heures à chercher la porte d'entrée.

La main lui saisit le bras avec douceur et lui enroula autour du sien. Elle se blottit contre le bras musclé de Neville avec un soupir, réconfortée. Ils traversèrent le couloir d'un pas assuré ce qui était agréable. Elle avait horreur de tâtonner et de trébucher sans cesse, sa maladresse toute nouvelle mettait sa patience à rude épreuve. Alors qu'ils arrivaient à la porte, elle s'immobilisa.

-Tu veux bien aller dans ma chambre et prendre Les aubes de brume de Sara Lannister. Ginny me l'a commencé hier et j'aimerai entendre la suite. Il est sur le bureau.

A côté d'elle, Neville resta immobile un instant puis désenlaça leurs bras avant de s'éloigner. Elle l'entendit monter les escaliers et nota en souriant la rapidité inhabituelle de son pas. Il fut étrangement long à revenir. Bientôt, néanmoins, il récupéra son bras et la mena dehors. La soudaine chaleur des rayons du soleil la frappa aussi sûrement qu'une rafale de vent mais elle ne s'en plaignait pas. Dernièrement, la chaleur du soleil était la seule chose qui lui permettait de distinguer le jour de la nuit.

Il la mena avec douceur jusqu'à un banc situé sous un arbre (elle sentait l'ombre aussi surement que la lumière du soleil sur sa peau) et la fit asseoir en silence avant de s'installer à côté d'elle. Elle percevait quelque chose d'inhabituel à travers son silence et ses gestes plus fermes mais elle préférait qu'il décide lui-même de lui en parler plutôt que de l'y pousser. Peut-être était-il tourmenté par une dispute qui était survenue entre lui et Hannah, ou bien peut-être se sentait-il mal à l'aise et impuissant face à la récente cécité de son amie, ou peut-être avait-il eu vent de quelque nouvelle désagréable.

-Nous en étions au chapitre six.

S'il y avait bien quelque chose qui manquait à Hermione par-dessus tout le reste depuis qu'elle était complément aveugle, c'était bien de ne plus pouvoir lire.

-Chapitre six, Un arrière-goût amer. Derrière les paupières closes, le voile de la mariée, et derrière la fenêtre, et derrière la ville et ses habitations innombrables, nobles demeures, pauvres cahuttes, coquettes échoppes et tristes bordels, et derrière les remparts, et derrière encore le reste de la terre sans fin, moldus, sorciers, créatures magiques, animaux de la forêts, vallées enfoncées, puissants chênes, hautes montagnes, océans ténébreux, plaines interminables… Comment pourrait-il y avoir une fin ? Un ailleurs ? Tout revenait sans cesse de la même façon, incessamment comme une boucle, dans un même ordre sans rature ni raté. Aussi sûrement que le soleil se levait à l'est, que la terre tournait sur elle-même, que chaque chose à une ombre, que l'eau mouille… Derrière pas de salut.

Dès les premiers mots, Hermione s'était figée. Ce n'était pas Neville assis là. Elle se tût, immobile, plus attentive aux inflexions de la voix qu'aux mots qu'elle articulait.

Harry lut le chapitre en entier, sans s'interrompre, jusqu'au dernier mot où, enfin, il s'autorisa à refermer le livre qu'il posa sur ses genoux. Sans le quitter des yeux, il entendait la respiration calme d'Hermione à côté et se dit que c'était la sienne qu'elle devait écouter à cet instant.

-Je ne pensais pas… commença-t-elle à voix basse.

Qu'il viendrait la voir. Ils s'étaient mis d'accord. Ils s'étaient dit adieu. Un mois n'était jamais suffisant mais il est des choses qui ne peuvent durer éternellement.

Elle soupira et se laissa aller contre le dossier du banc en fer forgé. Les oiseaux chantaient, de même que les grillons. Toujours les mêmes vagues qui s'écrasaient au loin. Le vent, par rafales, venaient faire bruire les feuilles au-dessus de leur tête et emmêler de temps à autre leur cheveux.

Ils restèrent un long moment, côte à côte, en silence, à gouter simplement la présence de l'autre.

-Je peux toucher ton visage ?

Elle avait essayé d'insuffler à sa voix une inflexion d'assurance et de froideur. Démon à présent, Harry ne supporterait pas un sentimentalisme burlesque.

Doucement, il prit ses mains et les posa sur son visage. Elle en redessina les contours avec émotion et s'attarda longtemps sur ses paupières closes qui recouvraient à présent des orbes incolore et non plus le regard lumineux qu'elle avait connu. Pour la première fois, elle se félicita presque d'être aveugle. Il avait beau ressembler à celui qu'elle avait toujours connu, il n'était plus le même. Il ne l'aimerait plus jamais.

En soupirant, elle délaissa son visage et referma ses bras autour d'elle en frissonnant.

-Comment s'est passée l'incubation ?

-Différemment de ce que j'attendais.

Le silence embarrassé se prolongea. Elle aurait eût des tas de choses à dire à Harry. Mais à un Démon ? Elle aurait voulu lui demander pourquoi il était assis là, à côté d'elle, mais elle n'osait pas. Peut-être parce qu'il risquait de partir plus vite ?

-Alors c'est cette maison que t'a offert le ministère de la magie en remerciement de tes bons et loyaux services ?

Elle acquiesça en silence. Elle n'avait jamais pu la voir. Peu après son départ d'Afrique aux côtés de Harry, sa vue avait commencé à décliner. Ils avaient passé un mois dans le plus parfait bonheur même si elle avait parfaitement conscience de ce qui était en train de lui arriver et que Harry avait lui-même remarqué que sa puissance magique déclinait lentement. La magie a un prix.

Puis ils avaient repris pied dans la réalité. Harry était repartis à Niebelung, Gaëlle était toujours dans le coma, Tim avait dû recevoir une jambe magique en cadeau, et le médicomage n'avait rien pu faire pour ses yeux. En arrivant ici elle était déjà aveugle.

-La source a eût l'effet que tu attendais ? Ta magie a cessé de régresser ? demanda-t-elle finalement, lorsque le silence lui devint insupportable.

Il ne reprit pas la parole avant un long moment.

-J'ai eu vraiment…de la chance ces dernières années. J'ai pu accomplir tout ce que je souhaitais. J'ai vengé mes parents et même Zébellia en vainquant Voldemort et en prouvant la culpabilité de Sethan. Ensemble, nous sommes parvenus à anéantir Ixion et, contre toute attente, je suis revenu en vie… Grâce à vous. Chaque chose que j'ai entrepris, je l'ai réussi d'une manière ou d'une autre.

Elle le sentait jouer avec une de ses mèches de cheveux.

-Mon vœu le plus cher a toujours été devenir l'être le plus puissant. Pour cela, selon mes plans, il me fallait devenir un Démon à part entière. La vie éternelle, les pouvoirs purifiés de la source, la disparition de mes faiblesses tels que les sentiments… Et pourtant, je me suis rendu compte que j'avais tort. L'un empêchait l'autre. Sans être Démon, je suis devenu l'être le plus puissant. L'espace de quelques courts instants, certes, je l'ai été, grâce au chant de la magie que vous avez mis au point pour me sauver. Je n'aurais jamais pu vivre ça si j'avais été un démon puisque c'était un sort sorcier. Le pouvoir n'est pas dans l'unique et l'épuré comme je l'ai toujours cru, mais dans le métissage et la pluralité.

Il prit sa main et la caressa avec douceur, pensif. Elle attendit la suite, silencieuse et attentive.

-Tellement de choses se sont précipités dernièrement… je suis retourné à Niebelung en suivant ce que les autres attendaient de moi et en me basant sur ce que j'avais toujours voulu. Ce que je n'avais pas pris en compte c'est qu'entre le moment où j'en suis parti et le moment où j'y suis revenu, j'avais conçu d'autres rêves, j'avais d'autres objectifs. Je ne suis pas le même qu'avant. Un mois de presque solitude à me questionner sur ma nature, sur mes devoirs et mes souhaits, à ruminer les épreuves vécues, à voir mes pouvoirs décliner petit à petit… L'un des mois les plus long de ma vie et tu sais pourtant mieux que personne ce que j'ai vécu cette année.

-Alors ton potentiel magique continue de décliner ? osa-t-elle d'une petite voix.

L'inquiétude enserrait sa gorge. Elle sentit la main du jeune homme serrer la sienne.

-Pour l'instant il s'est stabilisé. Je ne sais pas pour combien de temps ni s'il régressera ou accroîtra à l'avenir. Peut-être Merlin pourra-t-il m'aider. Mais ce n'est pas pour ça que je t'en parle. Pendant tout ce temps où j'ai pu réfléchir, j'ai compris que je m'étais précipité. Je croyais savoir qui j'étais, savoir ce que je voulais, et j'ai agis en fonction de ce que j'imaginais. A aller trop vite, j'ai peur de manquer le plus important. Je ne veux pas laisser passer des chances qui ne se représenteront pas.

Il se tut un instant, tout à la contemplation du jardin ensoleillé. Les couleurs vives des fleurs explosaient dans le vert unis de la pelouse, la blancheur des pierres reflétaient la lumière éblouissante de cette fin d'août.

-Alors, pour le moment, je reste.

-Et ton désir de devenir Démon ?

-Devenir Démon me fermerait trop de porte. J'ai du sang d'ange et de démon en moi, je peux vivre encore deux ou trois siècles. Et s'il me prend l'envie de boire à cette source, je le ferai. Les démons accepteront, j'ai trouvé un moyen de les faire patienter.

-Tu ne pourras peut-être pas devenir Sherpa…

-Je ne doute pas de mes compétences. En une éternité, je parviendrai bien à l'être si je le souhaite vraiment. En outre, je ne sais pas si cela me conviendrait vraiment.

Il marqua une courte pause avant de reprendre.

-J'ai du temps et du temps devant moi. Peut-être trouverais-je un autre moyen de devenir l'être le plus puissant, ou peut-être écrirais-je un traité sur une magie jusqu'alors inconnue, ou peut-être déferais-je une dizaine de mages noirs! Ce que je sais pour le moment, c'est que, ce temps, je veux le passer avec toi à apprendre tout ce que je ne sais pas. Il sera toujours temps plus tard d'être ou de faire autre chose.

Il passa un bras autour de ses épaules et elle posa sa tête sur son épaule. Doucement il se mit à caresser ses boucles brunes, goutant à nouveau au bonheur de l'avoir contre lui.

-Il est encore trop tôt pour décider qui être pour toujours, n'est-ce pas ?

Fin

Voilà, c'est vraiment fini cette fois. Ouah ! ça fait quelque chose quand même XD J'étais au collège quand j'ai commencé cette fic et me voilà, à vingt-et-un ans tout juste, à y mettre le point finale. Elle m'a fait grandir, et vous m'y avait aidé aussi. J'espère qu'elle vous aura plu jusqu'au bout.

Avant de conclure, les RaRs :

Eldar-Melda :

Merci à toi d'avoir été toujours là, de m'avoir soutenue à chaque chapitre et, ce, jusqu'au bout ! :) J'espère que la fin t'a plu autant que le reste. J'espère te retrouver un jour, sur une autre de mes fics peut être ^^ A bientôt j'espère !

A Smiling Cat :

Je suis contente que le chapitre 38 t'ait plû et j'espère qu'il en a été de même pour cet épilogue. Merci beaucoup pour tes reviews et tes encouragements ! J'espère avoir l'occasion de te recroiser sur le site ! Encore merci et à bientôt, peut-être ? : )

Flubberr :

Et oui ! Finalement Harry est vivant ! Merci à toi d'avoir tenu jusque-là, et toujours en m'encourageant. J'espère sincèrement que cette fin aura comblé tes espérances et que l'attente en valait la peine. A une autre fois, peut-être, et merci encore.

Chris87 :

Coucou !

Je suis contente de ne pas t'avoir déçue et j'espère que l'épilogue a été tout aussi plaisant à lire pour toi. Ce fut une longue aventure et tu es restée avec moi donc merci beaucoup :) J'espère qu'on se recroisera au détour d'une autre fic, qui sait ? ^^ Encore merci !

Anonyme Particulier :

Salut !

Félicitation pour ton niveau de français, ta prof fais un boulot d'enfer ! ^^

Pour l'autre histoire avec Harry Ange, en effet, si je la fais je ne la ferais pas avant longtemps parce que j'ai beaucoup d'autres fics en cours que j'ai même pas encore posté et qui me tienne plus à cœur. Enfin, je verrai si je suis toujours intéressée par l'idée dans quelques mois et si j'ai le temps. Merci d'avoir donné ton idée, j'ai l'impression que quelqu'un lis mes commentaires en début et en fin de chapitre comme ça ^^

T'as eu ta réponse pour l'épilogue. Alors, ça t'a plû ? Tu n'as pas été déçue ? J'ai essayé de faire en sorte que ce soit ni trop gai ni trop triste mais que ce soit pas une fin complétement ouverte non plus (j'aime pas ça, c'est frustrant XD)

J'ai vu quelques épisodes de One Piece mais j'aime pas particulièrement. Je préfère les trucs de filles bien dégoulinant de romantisme pour être honnête… et les dramas. Oui, je sais, ça craint mais, chacun ses faiblesses hein ! Pour Naruto, j'aimais bien mais ça s'allonge et tout alors j'ai trop la flemme de continuer. Et puis les lire c'était plus sympa que de les regarder mais le truc c'est que ça coute plus cher aussi Bref, moi en ce moment je regarde (entre autre, parce que pour moi les séries c'est comme les fics, j'en commencent pleins à la fois et après je galère pour finir) What's up fox ? et Nazotoki Wa Dinner No Ato De pour les trucs asiatiques, et je me suis enfilé les trois saisons de Game of thrones en un temps record (et j'ai même commencé les bouquins !), et la saison 4 de Pretty Little Liars pour les trucs américains ! Voilàààà

Bon ben cette fois c'est vraiment fini ( j'espère vraiment qu'on se retrouvera bientôt. N'hésite pas à me raconter ta vie par mail ou par review, ça me fera très plaisir d'avoir de tes nouvelles. Surtout que je compte bien continuer à écrire et j'espère avoir ton avis sur mes prochains postes !

Ah oui! Bonne chance pour ton bac de français (même si je pense pas que tu liras ça d'ici là parce que tu dois être en train de réviser là, hein ! ^^) !

Merci beaucoup de m'avoir soutenue par tes reviews interminables (j'adore les longues reviews !^^) et ton enthousiasme ! A bientôt !

Merci encore, pour votre présence et vos encouragements (les reviews, les alerts…^^). Je vais continuer à écrire et à m'améliorer (j'espère ^^) et j'espère que vous serez là pour m'encourager à nouveau !

Pleins de bisous à tout le monde et pleins de bonnes choses pour la suite ! A bientôt !

ZiaGranger.