Je cheminais péniblement vers le village. Ce n'était pas évident, Jostein était loin d'être léger (Avec tout ce qu'il mangeait aux repas, c'était normal… et le pire, c'est que ce mec n'était pratiquement que constitué de muscles! Il s'entraînait beaucoup, il faut dire…) et il commençait à remuer, en plus…

-Argh…

Je frissonnai un peu et j'assurai ma prise pour mieux le soutenir.

-Tu es réveillé?

Il porta difficilement sa main à sa bouche… et il cracha un peu de sang. Les gouttes rouges tombèrent dans la neige, et j'avais horriblement peur. Shimata!

-Désolé…

-Côte… cassée… poumon… argh! articula-t-il avec difficulté.

Je m'arrêtai. Au moins ce n'était le sang de Kadaj… mais il avait vraiment l'air de souffrir, le pauvre… il fallait le soigner au plus vite!

-Tu n'as pas une matéria sur toi? lui demandai-je.

-Juste… Fire…

-Tu n'as pas de Cure?

-… non.

Je jurai entre mes dents et j'analysai rapidement la situation. Jostein respirait plutôt difficilement et il avait possiblement contracté le géostigma, il avait vraiment besoin de soins. Le village était encore loin. Par contre, la maison d'Alexia n'était pas trop loin… pour une fois, j'étais presque content qu'elle soit partie voir Emily à Nibelheim.

-Accroche-toi, lui dis-je en me remettant à marcher.

Aussitôt, il cracha un nouveau filet de sang. Décidément, il fallait aller plus vite, et lui n'était vraiment pas en état…

-… Tu penses que ça te ferait mal si je te transportais sur mon dos?

-Tout me fait mal, alors… ça ne me dérange pas.

Je m'accroupis devant lui, et il se mit sur mon dos. Je serrai les dents, et je me relevai en jetant un coup d'œil à Jostein qui avait posé sa tête sur mon épaule. Lui aussi serrait les dents, ses yeux étaient fermés. Il tentait manifestement de repousser la douleur.

-Ça devrait aller plus vite comme ça. Accroche-toi, on y est bientôt.

J'espérais de tout cœur qu'Alexia avait laissé ses matérias à la maison… Je me mis à marcher, le plus vite possible, compte tenu que je tenais quelqu'un sur mon dos. Tout était silencieux, à part les bruits habituels de la forêt enneigée, quand soudain…

-Je suis désolé.

J'écarquillai les yeux. C'était… inattendu, venant de la part de Jostein… et pourtant…

-Pourquoi? C'est plutôt à moi de m'excuser… j'aurais dû t'avertir… te retenir…

-Tu as essayé... je ne t'ai pas écouté... et je savais que ça finirait comme ça.

-Tu n'as pas besoin de t'excuser.

J'accélérai le rythme de mes pas, commençant à m'habituer à la présence pesante de Jostein sur mon dos. En plus, je pouvais commencer à voir la maison entre les branches des arbres, un peu plus loin.

-C'était juste mon putain de devoir…

-Je sais. C'est pour ça que tu n'as pas besoin de t'excuser.

-Je le fais quand même. Prends ça comme tu veux.

-Hm… dans ce cas... je les accepte volontiers, tes excuses, puisque ça ne risque pas d'arriver de nouveau, répondis-je en riant doucement.

Il grogna de douleur. Mon rire avait dû le secouer un peu trop. Je m'excusai, puis je me hâtai à rejoindre la maison. Jostein toussa à nouveau, mais seules quelques gouttes de sang tombèrent. Tout ce que je voulais, c'était qu'il pose le moins de questions possible, maintenant que nous étions à la maison d'Alexia…

OoOoO

Une fois arrivés devant la maison isolée, Kokoro se pencha pour me permettre de glisser de son dos, ce que je fis rapidement pour écourter la douleur, puis je m'appuyai contre le mur.

-C'est ta maison? lui demandai-je.

-Oui et non, me répondit-il. Elle est à une amie qui m'héberge.

Il prit ses clés et ouvrit grand la porte pour nous permettre de passer tous les deux, lui me soutenant, moi m'appuyant le moins possible sur son bras malgré la douleur. Il m'emmena dans le salon, une petite pièce toute simple avec plusieurs fauteuils et un écran de télévision.

-Euh… installe-toi sur le sofa… je reviens.

Il me laissa près du fameux sofa sur lequel je m'allongeai, du côté où la côte n'était pas cassée. J'essayais de respirer calmement alors que Kokoro allait dans une autre pièce. Je l'entendis marmonner, et j'entendis aussi le bruit caractéristique des… matérias s'entrechoquant. Des matérias…

Il revint avec une matéria Cure et un nouveau chandail sur le dos. Il s'agenouilla auprès de moi et me tendit la petite boule verte que je pris pour mieux l'observer, caresser sa surface lisse et brillante.

-Tu crois que tu peux t'en servir? Je ne crois pas que si c'est moi qui l'utilise sur toi, elle ait un quelconque effet...

-Elle n'est pas de niveau élevé... tant pis, je vais me contenter de ça.

Je mis la matéria dans le compartiment prévu à cet effet dans mon armure de ventre, et je me lançai le sort. Une lumière verte se déposa sur moi, lumière rassurante, lumière de vie. Aussitôt, je me sentis mieux. Pas guéri, la magie de la matéria a ses limites, mais c'était mieux. Kokoro se releva en soupirant, comme s'il était soulagé. Je lui rendis la matéria.

-Tu aurais des bandages? lui demandai-je. Ça a guéri la plaie à l'intérieur de mon corps, mais pas l'os cassé.

-Euh… oui, je crois que j'ai ça…

Il sortit à nouveau du salon pour aller m'en chercher, et il revint rapidement. Je l'accueillis avec un petit sourire.

-Étant donné ce que tu fais en ce moment, je suis prêt à oublier qu'il y a du matériel militaire comme des matérias dans cette maison, hm?

Il écarquilla un peu les yeux. Juste un peu.

-Heu… ouais. Enlève ton chandail, puisque je doute que tu puisses mettre des bandages tout seul.

Bien gentil, le gamin, quand il le voulait. Je m'assis et j'enlevai mon chandail. Il s'agenouilla devant moi et commença à bander ma poitrine.

-N'aie pas peur de serrer fort, lui dis-je.

-D'accord.

Il serra plus fort, et moi je serrai les dents en me disant que c'était pour mon bien, même si ça faisait foutument mal.

OoOoO

Je terminai le bandage en serrant une dernière fois, puis en l'attachant très serré pour m'assurer que tout tienne en place. Lorsque je levai les yeux, je vis que Jostein regardait sa main, celle qui était couverte de sang. Il avait l'air songeur.

-Je vais te chercher un linge humide... pour nettoyer tout ça.

-Il n'y avait pas que mon sang, murmura-t-il alors que je me levais une fois de plus, pour aller chercher une serviette humide, il y avait d'autres taches de sang…

J'allai aux toilettes, je pris une serviette que j'humidifiai dans le lavabo. Puis je revins auprès de Jostein qui la prit et s'essuya vivement la main.

-Que s'est-il passé exactement? me demanda-t-il brusquement.

-Euh… tu veux vraiment le savoir?

-Quoi?

Je détournai le regard et je me grattai la tête. Ce n'était vraiment pas évident…

-Bien… Le gamin t'a envoyé heurter un arbre…

-J'avais cru remarquer, ça, grinça-t-il.

Je repris mon souffle, puis je cessai tout mouvement et j'évitai de le regarder.

-Après... Il a été près de toi... et avant que je ne puisse l'en empêcher, il a tranché son poignet avec un de tes gunblades... et son sang s'est versé sur toi...

-… Géostigma?

-Peut-être que oui.. peut-être que non...

-Ça dépend si j'en ai avalé ou si mes yeux en ont absorbé, dit-il d'un ton calme.

-Je ne sais pas... je ne crois pas... j'ai nettoyé...

-Bon…

Il soupira. Je me tournai vers lui. Il n'avait aucune expression particulière, pas même de l'inquiétude ou du regret. Il était vraiment… neutre.

-Et après, que s'est-il passé? Qu'est-ce qu'il a fait?

-Il s'est allongé dans la neige et il a continué à rire.

-... vraiment dingue, ce gamin.

-Hum…

Je préférai ne rien ajouter et je me laissai tomber sur un autre fauteuil.

OoOoO

Je me sentais un peu vide, mais j'avais quand même des questions pour Kokoro, encore.

-Tu vas continuer à le couvrir?

-Peut-être bien.

-Je ne te comprendrai jamais.

-Je sais.

Je me levai – il était temps. Kokoro me dévisagea étrangement.

-Que fais-tu?

-Je vais aller faire mon rapport.

-Tu n'es pas vraiment en état de marcher, pour l'instant. Tu devrais te reposer.

-Contrairement à toi, les matérias agissent sur moi, je suis mieux que tu le crois.

-Vraiment? Tu as quand même encore un os de cassé, non?

-J'ai eu pire à Wutai.

-Je ne peux pas te retenir, j'imagine, soupira-t-il.

-Pas vraiment.

Je fis un pas en m'appuyant sur le sofa, puis un autre. Bon, dans l'ensemble, ça allait, même si ça faisait très mal, et… je clignai des yeux et j'avançai rapidement jusqu'à l'entrée de la maison. Aïe. Bon, c'est la vie…

-Et toi, tu ne retournes pas travailler? Tu n'as pas assez d'ennuis comme ça? fis-je remarquer à Kokoro qui se contentait de me regarder, bien assis dans son fauteuil.

-Euh, si. Mais j'ai un truc à faire avant d'y retourner.

-Dans ce cas je vais t'attendre. Je peux marcher, mais... eh, je ne connais pas le chemin vers le village à partir d'ici.

Il se leva et retourna vers ce que je supposais être une chambre, avec le chandail souillé du sang de Kadaj qu'il avait déposé par terre quand nous étions entrés. Je suppose qu'il l'a brûlé ou détruit d'une manière ou d'une autre…

-Déjà fini? lui dis-je le voyant revenir, pressé.

-Ouais. Allons-y.

J'ouvris lentement la porte. Lentement. C'était impossible de se brusquer…

-Ça va aller? me demanda aussitôt Kokoro.

-Bah, répliquai-je, éviter les mouvements brusques, blabla…

Nous sommes tous les deux sortis de la maison. Kokoro referma la porte après que je l'aie refermée derrière moi, et il tenta de m'aider à descendre les escaliers, mais je me contentai de m'appuyer sur la rampe.

-Tu sais... tu peux t'appuyer sur moi, si tu en as besoin, me dit-il un peu trop gentiment à mon goût.

-Ça-va-al-ler, répondis-je, un peu écœuré.

C'était bien aimable de sa part, mais c'était trop. Juste trop. Il m'avait bien prouvé qu'il était quelqu'un de bien et tout, mais je voulais quand même garder une certaine… distance, entre nous. C'était mieux comme ça. En attendant que je sache vraiment ce que ça voulait dire, être un beau-père.

Je traînai donc derrière Kokoro qui m'ouvrait la voie vers le village. Je ne connaissais pas bien ce sentier, mais au fur et à mesure que nous avancions, je reconnaissais les arbres, les pierres, les monticules de neige, certains points de repère.

OoOoO

Je marchais en jetant de temps à autre des coups d'œil derrière moi pour m'assurer que Jostein me suivait toujours. Il n'avait pas l'air de trop souffrir, mais je le soupçonnais de se retenir. Bon, c'était son problème, ça, pas le mien.

Ma plus grande préoccupation, à ce moment-là, c'était surtout le rapport de Jostein. Qu'est-ce qu'il allait bien y mettre? Est-ce qu'il allait vraiment TOUT raconter? S'il le faisait, j'étais dans une merde incroyable, et pas seulement moi, mais possiblement tous les Loups Errants…

Juste avant l'entrée du village, Jostein me fit signe de continuer sans lui. Il s'était arrêté et s'appuyait sur un tronc d'arbre.

-Euh… pourquoi tu…?

-T'as envie de faire partie de mon rapport ou non? déclara-t-il d'un ton vaguement menaçant.

-Non… non.

Je secouai la tête et je retournai à l'auberge en me demandant quelle excuse je pourrais bien donner à mon boss pour me faire pardonner ce coup-là.

OoOoO

Je retournai à l'auberge, ne pouvant retenir le petit sourire qui ourlait le coin de mes lèvres. Les choses allaient parfois bien, mieux qu'on peut l'imaginer, quand on se sort des pires situations…

J'avais fait mon rapport à mon supérieur, j'avais enduré toutes ses questions du mieux que je l'avais pu. Ça avait été une longue demi-heure, mais bon, ça aurait pu être pire. Et maintenant… je pouvais sourire.

J'entrai dans l'auberge, et je vis que Kokoro balayait le plancher. Au moins, le patron ne l'avait pas renvoyé… Je me dirigeai vers les escaliers sans qu'il ne me remarque vraiment, puis je l'appelai. J'allais avoir besoin de son aide, pour escalader toutes ces marches.

-Kokoro? Tu veux bien m'aider à monter?

Il releva la tête, l'air surpris, et me répondit :

-Oui, bien sûr!

Je m'appuyai contre son bras et nous avons commencé la pénible ascension des escaliers.

-Pas eu trop d'ennuis avec ton employeur?

-Non, il a été gentil. C'est seulement parce qu'il a besoin de moi…

Je glissai discrètement un papier dans la poche du pantalon de Kokoro. Une fois arrivés en haut, il me guida jusqu'à ma chambre et m'ouvrit la porte.

-Voilà. N'hésite pas à m'appeler moi ou le chef pour monter ou descendre l'escalier, si tu en as besoin, d'accord…?

-Je ne reste que le temps de remballer mes affaires, lui répondis-je en souriant. Le froid, ce n'est pas bon pour les côtes brisées, ils m'envoient donc à demi-temps dans un endroit où il fait plus chaud.

-Ah…?

-Mideel.

Il se mit à rire doucement.

-Tu dois être content, ne?

-Oui… et toi?

-Je vais m'y faire.

Il s'appuya sur le mur et croisa ses bras alors que j'entrais dans ma chambre et que je rassemblais lentement mes affaires. On m'avait donné des soins, mais bon, une côte cassée, ça reste une foutue côte cassée…

-Kokoro... si tu pouvais transporter ma valise, s'il te plaît... je vais me débrouiller avec les escaliers, c'est plus facile descendre.

-Bien sûr.

Il se décroisa les bras et alla chercher ma valise alors que je sortais lentement de ma chambre. Il me suivit dans les escaliers, alors que j'avançais au même rythme qu'un escargot, appuyé contre la rampe. Je détestais me sentir aussi mal à l'intérieur de mon propre corps…

J'allai remettre les clés à l'aubergiste, puis je me dirigeai vers la porte. Kokoro m'y attendait, portant toujours ma valise.

-Ils viennent te chercher à l'auberge ou tu dois marcher? me demanda-t-il pour rompre le silence.

-Heu… ils viennent me chercher.

OoOoO

Nous avons attendu un bon moment, en silence, jusqu'à ce que nous entendions le bruit du moteur d'un 4X4. Jostein sortit dehors, et je le suivis en portant sa valise. Des SOLDIER me prirent la valise et aidèrent Jostein à embarquer dans le véhicule.

-Amuse-toi bien à Mideel!

Il me fit un sourire moqueur.

-Compte sur moi…

Je retournai rapidement dans l'auberge en refermant la porte derrière moi pour ne pas refroidir la grande salle, puis je mis mes mains dans mes poches pour les réchauffer… quand je sentis un bout de papier. Bizarre, mes poches étaient habituellement vides… Je le sortis et le dépliai.

-… nani?

« Je leur ai dit que c'est l'amour de Malik qui m'a sauvé. Ils n'ont pas posé plus de questions, quelle chance. »

Je repliai le papier de Jostein et je le remis dans ma poche en riant doucement.

-… kaa-san no ai… elle est bien bonne celle-là…

Le patron criait mon nom de l'arrière-boutique. Je lâchai un soupir, et je retournai à mes occupations. Jostein allait retrouver ma mère, Kadaj allait rechercher la sienne… c'était l'ordre des choses, non?


Fini! Cependant, une autre fic suivra celle-ci, relatant la suite du voyage de Kadaj, qui rencontre évidemment les OC de Marie-chan. Justement, la fic suivante, qui vient aussi d'un délire, sera écrite par Marie-chan. Et après ce sera mon tour... et ainsi de suite!

Dommage que Jostein et Kokoro ne se rapprochent pas ainsi dans le forum... tss...

Enfin, c'est fini, mais à suivre dans une prochaine fic!