Beaucoup plus qu'un Granger

Written by FerPotter
Translated by Cixy

Résumé: Chapitre trente-deux! Severus n'arrive pas à se sortir Hermione de la tête.

Note de la traductrice:Encore et toujours, merci pour vos reviews (je manque beaucoup de temps en ce moment, je ne développerai donc pas plus ces remerciements mais sachez que le coeur y est et que c'est toujours un grand stimulant^^), Eileen19, Théa, Alatariel Melawen, Baka BabaCOol, Zaika, Khalie, Lakmi, Audearde, Chaeos, Rebecca-Black, GwenMalory, MAHA1959, Diox Veriteae, Doun, Destinys et Henirrep, et voici (avec pas mal de retard, et je tiens à m'en excuser) le chapitre 32... un grand pas en avant...peut être déstabilisant...bonne lecture à tous (toutes).


Chapitre 32: Éveil

Severus passa le vendredi entre ses cours et son bureau. Les évènements de la nuit précédente continuaient à le perturber fortement et il avait besoin de temps pour lui-même pour penser. La réalité avait pris de l'ampleur jusqu'à atteindre des proportions à couper le souffle et il allait lui falloir plus d'un jour pour en assimiler toutes les significations et les conséquences. Le déni n'était pas une option mais pour être honnête, cette folie n'en était pas une non plus.

Il avait passé toute sa vie dans la duplicité et quand il avait cru qu'il en avait terminé avec tout cela, une nouvelle part de sa vie lui était exposée – la partie qu'il avait toujours voulu vivre; ses rêves devenant vrais.

Severus n'arrivait pas à croire que tout ce dont il avait rêvé lui était réellement arrivé, à son âme. Même quand il songeait à tous les fréquents cauchemars et comprenait comment ils avaient pu être réels grâce à de nombreuses raisons justifiées, ce n'était pas l'idée qu'il avait effectivement subi toutes ces horreurs qui lui faisait froncer les sourcils d'un air inquiet. Oh non.

Ce qui l'inquiétait et l'étonnait à la fois étaient les rêves – il avait maintenant été prouvé qu'ils étaient vrais – d'amour et d'affection partagés entre lui et son fils, et, plus inquiétant encore, avec la mère de son fils. L'Hermione Granger de ses rêves était...

Oh Merlin!

Comment diable arriverait-il à la regarder à nouveau en sachant que tout ce qu'il avait rêvé de lui faire avait en fait déjà eu lieu?! C'était de la folie! Et plus Severus rationalisait à propos de ce fait et savait que cela ne pouvait arriver, moins il avait envie de croire en la raison.

Il voulait être fou si c'était le prix pour vivre une vie de rêves.

Quel dommage que Severus fut trop fier de l'emprise qu'il avait sur le contrôle de ses désirs pour s'y abandonner. Il avait été trop jeune quand il avait cessé de rêver éveillé. Cela prit du temps pour croire qu'il pouvait rêver à nouveau sans voir ces rêves être anéantis.

Ses rêves avaient toujours été anéantis.

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux en soupirant. Jamais dans sa vie il ne s'était senti aussi vulnérable parce que s'il allait dormir, il savait à présent où son esprit – non, son âme – l'amènerait, et qu'il n'y aurait aucun moyen de contrôler ce qu'il ferait.

Des images, des aperçus de rêves passés firent irruption dans son esprit comme pour le narguer et le tenter. Il observa la nouvelle fournée de Potions Nuits Sans Rêves qui s'affinait sur le plan de travail et se demanda pour la énième fois si c'était seulement la peine d'en boire une dose. La potion pouvait-elle agir autrement que comme une tromperie, un masque qui n'en libérerait que plus son âme libidineuse? Par ailleurs, pour être honnête avec lui même – et Severus le devait – s'il devait y avoir des rêves, il voulait au moins être capable de s'en souvenir plus tard.

Quel dommage qu'il fût si assidu à garder le contrôle.

Severus décida d'aller dîner dans la Grande Salle. Peut-être ne serait-elle pas là; peut-être pourrait-il gagner un peu de temps afin de trouver une solution pour contourner ce problème. Mais dès qu'il entra dans la Grande Salle, il y vit Hermione et se sentit désespéré et inhabituellement vaincu.

« Bonsoir, Severus, » le salua-t-elle poliment alors qu'il prenait la place qui se trouvait être, ce soir-là, celle à côté d'elle. « Comment était ta semaine? » demanda-t-elle sur le ton de la conversation quand il fut installé.

« Stressante » se surprit-il à répondre.

Hermione cligna ses magnifiques yeux à son encontre. Severus eut envie de se maudire quand il se rendit compte qu'il lui avait réellement répondu à voix haute.

« Tu as besoin d'un week end de détente. » Elle sourit, étirant ses lèvres parfaites pour lui exposer des dents tout aussi parfaites. « Si je peux t'être utile de quelque manière que ce soit, tu n'as qu'à demander. »

Il se serait levé, aurait craché quelque chose d'ignoble et de sarcastique en signe de refus et serait parti, mais là encore, pourquoi se donner la peine? Il n'avait plus le contrôle sur aucune de ces situations, alors pourquoi le prétendre. Il fit le choix de manger, lentement et calmement, comme s'il savourait son dernier repas. Le monde dans lequel il avait vécu la veille n'existait plus; le Severus qu'il avait été toutes ces années était un mensonge, une ombre...

Un pantin.

Encore.

De ses propres désirs et besoin, à présent,...les désirs de son coeurs...les siens...

Il jeta un coup d'oeil à Hermione et eut envie de hurler.

Severus était vraiment fichu, et il ne pouvait blâmer personne d'autre que lui-même cette fois. Les masques étaient à terre.

« ...va bien? »

Il entendit la fin de ses paroles. Il avait été en train de la fixer, perdu dans ses pensées de damnation. « Oui, » répondit-il, encore une fois à voix haute, puis il arbora une mine désintéressée en regardant devant lui, dans la mer d'élèves sans visages. Severus poussa une autre tranche de pomme-de-terre dans sa bouche pour garder sa langue occupée.

Il savait qu'elle était en train de le regarder; il pouvait sentir ses questions muettes par la façon dont sa bouche était ouverte, ses délicieuses mains se tordant d'indécision. Les yeux de Severus se focalisèrent sur un garçon – son garçon. Nathan croisa son regard et sourit timidement, plus qu'un demi-sourire, et la dernière tentative de Severus pour remettre son masque en place échoua alors.

Il se leva en laissant la plupart de son dîner dans son assiette.

« Severus? »

Il regarda en arrière vers elle, le regard résolu. « Pas maintenant, » lui dit-il et il se dirigea vers la sortie de la Grande Salle. Il allait vers ses quartiers et là il attendrait que le château soit endormi. Et là, ce sera le moment, Hermione, acheva-t-il pour lui-même, et seulement pour lui-même, heureusement.

~o0oOo0o~

Pas maintenant? Songea Hermione pour elle-même. Qu'était-ce censé vouloir dire? Que pouvait-il être arrivé pour transformer Severus en ce sorcier sans réaction – ou plutôt inhabituellement réactif? Il avait dit qu'il était stressé et il avait l'air dans un sale état, mais quelle pouvait en être la cause? Il avait semblé tellement détendu le dimanche précédent...

Il reprenait toujours son ancien rôle de salaud après avoir clairement apprécié quelque chose, cela devait donc être cela: Severus boudait.

Hermione se remémora les images des instants précédents, de lui en train de manger calmement à côté d'elle. Il avait eu l'air distant, vraiment fatigué. Même en sachant que cela ne ferait qu'empirer la situation de manière irréversible, elle avait eut envie de tendre la main pour lui tapoter le dos et le réconforter, et elle était sur le point d'abandonner son propre dîner pour le suivre à présent.

Pas maintenant, lui rappela la voix dans sa tête et Hermione soupira. « Severus, Severus... »

Elle scruta la masse de Gryffondors et trouva Nathan en train de rire avec ses amis. Il ne pouvait pas être à l'origine des souffrances de Severus, n'est-ce pas? D'une certaine manière, Hermione songea que ce n'était pas ça cette fois.

Quel que soit ce que c'était, Hermione était sûre que c'était quelque chose de gros.

~o0oOo0o~

Severus faisait les cent pas devant le feu mourant, se forçant à rester éveillé. Toutes les cinq minutes, il regardait l'horloge en s'attendant à ce qu'une autre heure soit déjà passé. Il était presque une heure du matin. Était-elle endormie? Il regarda encore vers l'horloge et décida de prendre le risque plutôt que de devenir fou – ou encore plus fou, si cela était possible.

En entrant dans sa chambre à coucher, il marqua un moment d'hésitation sur les vêtements qu'il devait porter avant de lancer le sort. Grognant contre lui-même pour s'en être seulement préoccupé, Severus se contenta de s'allonger dans les habituelles robes d'enseignement noires qu'il portait et de fixer du regard la tenture maintenue en place par son lit à baldaquin. Il suffit d'une image d'Hermione nue, encadrée par la même tenture, au lit avec lui, sur lui, en lui, pour que Severus énonce les mots en Latin du sort et libère son âme, enfin.

Maintenant, il n'avait plus qu'à la trouver.

L'âme de Severus marchait à travers les murs du château avec une seule destination en tête: Hermione. Sa volonté le mena à ses quartiers et près de la porte, il hésita.

C'était cinglé. Il allait passer à travers la porte et puis quoi? Comment devait-il se comporter? Quel rôle devait-il jouer?

Severus savait que la réponse était lui-même. Il devait être lui-même pour la première fois depuis des dizaines d'années mais il craignait d'être incapable de jouer ce rôle pendant plus d'une minute.

C'était vraiment cinglé.

Même la porte se moquait de lui, et pendant un moment, cette porte à l'aspect quelconque devint une porte très douloureuse – celle des Gryffondors – derrière laquelle Lily Evans lui refusait son pardon. Severus secoua la tête, se débarrassant de ces pensées déplaisantes. L'histoire ne se répéterait pas alors il passa au travers et entra dans le salon.

« Severus. » La voix qui l'avait appelé n'était que pure joie et il se figea à nouveau d'incertitude, puis il se raidit encore plus d'inconfort quand les bras de la jeune femme s'enroulèrent autour de lui. La force de son énergie accueillante en contact avec lui – d'âme à âme – était telle que Severus, de peur de cesser d'exister, se cramponna à elle, fermement. « Tu m'as manqué » lui dit-elle, et elle lui avait manqué aussi, peu importe combien cette notion paraissait folle. Il n'avait pas la voix nécessaire pour l'exprimer cependant; Severus croyait toujours qu'il était sur le point d'exploser.

Hermione toucha les boutons de sa robe mais pour Severus, c'était comme si rien ne séparait leur corps – ou peu importe ce qui rendait leurs âmes palpables. « Tu portes encore tes robes d'enseignement...Es-tu encore en train de dormir sur tes parchemins? » Elle semblait amusée à cette pensée, levant de façon adorable les yeux vers son visage, étendant ensuite une main pour le caresser, laissant une traînée de chaleur aux endroits que touchaient ses doigts. « Mon pauvre et surmené professeur Rogue. » Elle acheva ces paroles par un rapide baiser sur ses lèvres et Severus perdit presque toute force dans ses jambes, submergé par des sentiments qu'il pensait qu'il ne ressentirait jamais.

Il se courba, tel un homme en train de se noyer, pressant ses lèvres sur les siennes en un baiser qu'il n'oublierai jamais. La façon avide avec laquelle elle répondit fit pousser un gémissement à Severus, et quelques soient les objections qu'il avait pu avoir, celles-ci étaient complètement oubliées, et oubliées, et oubliée...

Hermione mit fin au baiser avant qu'il ne puisse l'arrêter.

« Que se passe-t-il? » Elle semblait inquiète à présent. « Quel est le problème, Severus? »

« J'ai besoin de toi, » murmura-t-il. Il l'attira à nouveau contre lui, enfouissant son nez derrière son oreille gauche et expirant une respiration tremblante.

« Tu trembles, » fit-elle remarquer. « Severus, pourquoi trembles-tu? Que se passe-t-il? » Elle lui releva la tête pour scruter son visage, et il la laissa faire, submergé par la joie que l'on s'occupe de lui, que l'on s'inquiète pour lui, et cela ne fit qu'accentuer encore le tremblement.

Il allait exploser et il cesserait d'exister en tant qu'homme aimé, et rien d'autre n'importait. Hermione l'emmenait quelque part, et Severus la suivrait peu importe l'endroit. Elle le fit asseoir et il s'exécuta.

« Tu me fais peur, »lui dit-elle. « Qu'est-ce qui ne va pas chez toi? » Elle commença à s'agiter autour de lui, et chacun de ses effleurements sur son âme était une vague d'amour; Severus ne put s'empêcher de gémir, s'affaissant dans le canapé comme si ses muscles étaient de la gelée. Elle s'arrêta brusquement. « Je ne fais qu'empirer les choses. » Elle avait l'air terrifiée. Quand il sentit que les vagues indiquant la présence de la jeune femme commençaient à faiblir, Severus ouvrit les yeux et l'empêcha de se réveiller en la tenant par le poignet.

« Non, non! » Son insistance l'aurait embarrassé s'il avait été dans un état plus rationnel. Il l'attira dans une étreinte et haleta. « Ne t'en vas pas, Hermione, » murmura-t-il. C'était bien plus que ce que Severus avait prévu quand il avait décidé de lancer le sort pour aller la voir ce soir-là; tellement plus.

Elle accepta tranquillement son étreinte pendant un moment puis demanda, « Tu te sens mieux maintenant? »

Il eut envie de rire et ne s'en retint pas. C'était tellement libérateur de rire. « Je ne me suis jamais senti mieux de toute ma vie, » répondit-il enfin en souriant à la femme dans ses bras.

Elle pencha la tête et lui adressa un clin d'oeil. Soudain, ses yeux s'écarquillèrent et elle haleta. « Tu es conscient! Tu es sous l'Anima Liberta! »

Severus soutint son regard, les lèvres toujours étirées par un sourire. Ils continuèrent à se regarder pendant quelques temps, analysant la situation sous tous ses feux.

« As-tu trouvé ce que tu cherchais? »

Il sentit que la question en elle-même était curieuse. Alors, était-ce le cas?

« Oui, » répondit-il aux deux questions.

« Et que vas-tu faire en sachant cela? »

Il regarda attentivement ses yeux et l'attira sur ses genoux, l'embrassement avidement sur la bouche. Severus était au paradis; elle était son paradis. Elle était à cheval sur ses cuisses quand elle écarta ses lèvres des siennes.

« Quelle genre de réponse était-ce? » insista-t-elle.

« Depuis combien de temps cela dure-t-il? » demanda-t-il au lieu de lui répondre.

Elle se mordit la lèvre inférieure et Severus humecta la sienne, ne lui laissant pas plus que quelques secondes pour répondre avant de capturer ses lèvres pour un autre baiser. En quoi était-ce important. Il préférait qu'elle se taise avec sa bouche collée à la sienne plutôt qu'elle ne lui réponde, de toute façon.

A nouveau, elle y mit fin.

« Severus, arrête de m'embrasser alors que de toute évidence, il faut que l'on parle à la place. »

Du pouce, il caressa les lèvres grévistes d'Hermione, pas vraiment conscient de ce dont ils étaient en train de parler.

« Elles sont encore plus captivantes après avoir été largement embrassées. »

Elle détourna le regard, l'air embarrassé par sa remarque. Severus connu alors un moment d'incertitude, ce qui lui permit de se concentrer suffisamment pour acquiescer à sa précédente remarque; il fallait qu'ils parlent. Il retira les mains qu'ils avait posées sur elle et eut aussitôt envie de les reposer, il lui prit donc ses mains dans siennes.

« Depuis combien de temps cela dure-t-il? » il réitéra sa question.

Elle le regarda également et se détendit quand elle remarqua son expression.

« Depuis avant... »commença-t-elle. « Peu de temps après avoir commencé à travailler ensemble, d'une certaine manière. »

Les sourcils de Severus firent un bond et il chercha le moyen d'interpréter ces paroles de la mauvaise manière, de transformer le 'travailler ensemble' en 'travailler ensemble depuis le mois dernier' quand il avait parcouru du regard une recette laissée sur un plan de travail de son labo et n'avait pu s'empêcher de laisser une note dans la marge, et non le 'travailler ensemble d'il y a douze-treize ans'.

« Pendant la guerre- » elle gâcha tout « -quand je t'aidais avec les Potions et l'Ordre. » Elle se leva de ses genoux mais ne rompit pas le contact, gardant ses mains dans les siennes, le faisant se tourner sur le côté pour qu'il lui fasse face alors qu'elle se trouvait à présent à côté de lui sur le canapé.

Il était dur de croire qu'elle disait la vérité. Severus n'arrivait juste pas à croire qu'il avait une liaison avec Hermione Granger depuis treize ans pendant son sommeil alors qu'il vivait aussi malheureux quand il était éveillé. Il fronça les sourcils.

« Non, » lui dit-elle en libérant une de ses mains pour lisser les plis creusés entre ses sourcils. « S'il-te-plaît, n'essaye pas de comprendre ou d'analyser la situation aussi rationnellement. Les affinités nous ont rapprochés et la vie a tout compliqué, comme toujours. Il n'y a rien de mal là-dedans. »

« Nos âmes entretiennent une liaison depuis treize ans et tu dis qu'il n'y a rien de mal là-dedans? »

« Nous n'entretenons pas une liaison, » le corrigea-t-elle. « Nous avons toujours aimé passer du temps ensemble et depuis que nous avons décidé d'avoir un fils ensemble, nous sommes devenus plus que des amis ou des amants; nous sommes une famille, partageant de l'amour et grandissant ensemble. »

« Nous n'avons pas décidé d'avoir un fils; je n'ai jamais eu le choix à ce sujet et je ne vois pas non plus comment tu aurais pu choisir de tomber enceinte- »

« Severus, » l'interrompit-elle, « Tu te trompes. Nous avons tout décidé ensemble. Nous nous sommes mis d'accord que Nathan nous rapprocherait, qu'il m'aiderait à endurer les horreurs de la guerre et il a accepté de t'aider à te pardonner pour des choses que tu as été obligé de faire pendant si longtemps. »

Il voulut objecter mais elle l'arrêta une nouvelle fois.

« La seule chose qui ne se soit pas déroulée comme ce que nous avions prévu est le temps que cela nous prend pour y faire face et devenir la famille que nous devons être. Nathan souffre à cause de choses avec lesquelles il n'a rien à voir. »

Elle avait l'air hagard et triste et sa tristesse l'atteignit comme une flèche de glace en plein coeur. Ça faisait mal.

« Je suis désolée, » s'excusa-t-elle, ayant l'air de savoir qu'elle le faisait souffrir. « C'est juste que ça a été une année frustrante pour nous tous. » Elle sourit et la douleur disparut.

Severus fondit rapidement sur ses lèvres, les embrassant tendrement, ne sachant pas pourquoi il n'arrivait pas à se contrôler quand il était en leur présence. Elle lui rendit son baiser, se cramponnant à lui, l'étourdissant. Quand leurs bouches se séparèrent, les yeux de Severus demeurèrent clos, la sentant toujours.

« Je t'aime Severus Rogue. Je t'aime tant. » murmura Hermione.

Cette fois, ce fut elle qui engagea le baiser, lui abaissant la tête d'une main fermement posée sur sa nuque, attaquant sa bouche avec sa langue et lui faisant perdre ses sens. Les mains de Severus apprirent rapidement le chemin pour remonter le long de son dos, dans ses cheveux et il put répondre à sa voracité en laissant sa langue libre de goûter la sienne.

Deux âmes pouvaient-elles ne faire qu'une?

~o0oOo0o~

Le vent souffla et Hermione s'éveilla, surprise. Quand elle se souvint de ce dont elle venait de rêver, elle poussa un grognement.

« Pas quand je suis en train de l'embrasser! » se plaignit-elle à Morphée.

Elle essaya en vain de se rendormir et de retourner dans les bras de Severus et quand elle se rendit compte que son repos nocturne était irrémédiablement interrompu par le vent, Hermione soupira et repoussa les couvertures du lit. Puisque qu'elle était déjà éveillée et que son rêve était gâché, pourquoi ne pas en revenir aux équations d'Arithmancie sur lesquelles elle était en train de travailler?

~o0oOo0o~

Toujours perdu et désorienté, Severus regarda Hermione entrer dans la pièce et s'asseoir sur la chaise près de la table dans le coin, loin de lui. Sa présence n'avait pas le même effet irrésistible qu'auparavant, l'air entre eux étant maintenant plus lourd mais elle là, sans aucun doute. Severus eut envie de la sentir proche de lui à nouveau mais elle était une présence physique dans la pièce et il ne pouvait pas la toucher, n'est-ce pas?

Il approcha et se tint derrière sa chaise. Severus jeta un coup d'oeil aux parchemins qu'elle était en train d'observer, plaçant son nez près de ses cheveux, il inspira profondément. Son odeur était atténuée mais elle était là, sans aucun doute. Il tendit une main pour caresser son bras.

« Hermione. »

Elle laissa le parchemin et frissonna.

« Tu hantes mes rêves et maintenant tu m'empêche de me concentrer. Tu vas me rendre aussi folle que ce que tu prétends que je suis, » marmonna-t-elle pour elle-même mais Severus savait que ses paroles lui étaient destinées.

Il étouffa un rire et recula pour observer sa réaction.

Elle reprit le parchemin dans une de ses mains et fit mine de se concentrer. Severus afficha un sourire narquois.

Quand il fut sur le point de la toucher à nouveau...

« Te voilà! Ça fait des heures que je t'attends! »

C'était son fils – ou du moins son âme.

« Tu m'as promis une partie d'échec, tu as oublié? »

Alors même que Nathan avait l'air en colère, le garçon l'enlaça fortement. Le bras de Severus vint se poser autour de Nathan et ce qu'Hermione lui avait dit plus tôt commença à lui revenir.

« Je suis désolé, fiston. »

Nathan leva les yeux et Severus put voir qu'il souriait. « J'aime bien quand tu m'appelles comme ça, » lui dit le garçon. « C'est bien mieux que imbécile. » Il souriait toujours, tournant cette déclaration en une blague.

« Tu n'es pas un imbécile, » lui dit Severus avec sérieux. Il eut envie de s'excuser pour chaque mot qu'il avait un jour prononcé et avaient blessé son fils d'une façon ne serait-ce que minime.

Le garçon fronça les sourcils. « Tu es triste. Ne le sois pas. Tu sais, je me fiche des trucs que dis ce salaud. » Il sourit à nouveau. « Est-ce qu'on ne rigole pas de ça tout le temps? »

Étrangement, l'insulte adressée à sa personne permit à Severus de se sentir mieux. Il fut tiré par la main.

« Viens. Ça va être le matin avant qu'on ne s'en rende compte mais il doit encore rester du temps pour jouer un peu. »

Cela fit réaliser à Severus combien la nuit était avancée et à quel point il allait manquer de sommeil. Le sort était vraiment épuisant, il devait arrêter son fils. « Je ne peux pas. »

« Mais, papa, » chouina le garçon. « Ça fait des jours! »

« Je sais, » dit Severus alors qu'il ne savait rien, « mais je suis sur le point de me réveiller. Nous ferons ça une autre fois, je te le promets. »

Nathan soupira. « D'accord, réveille-toi alors. »

Cette scène de Nathan boudant parce qu'il devait se passer de sa compagnie était étrangement attachante et Severus lui tapota la tête, lui ébouriffant les cheveux.

« Je tiens mes promesses, Nathan. »

« Je sais mais c'est quand même nul. C'est le seul moment que nous ayons vraiment ensemble et tu dors si peu... »

Le chagrin du garçon atteignit lourdement l'âme de Severus. Il amena la tête de Nathan contre sa poitrine pour essayer de le réconforter.

« Nous passerons plus de temps ensemble quand nous serons éveillés. C'est une autre promesse que je tiendrai, fiston. »

Nathan leva les yeux et sourit avant de le serrer fortement puis de le laisser partir. « Tu me raccompagnes? » proposa le garçon en prenant la main de Severus et en le tirant vers la porte.

Nathan lui parla de choses fascinantes et d'autres banales pendant qu'ils traversaient le château. S'il y avait d'autres âmes dehors, Severus ne les voyait pas; toute son attention était focalisée sur son fils. Alors que le garçon parlait, les révélations d'Hermione tournaient dans l'esprit de Severus. Ils avaient toujours été une famille, il avait toujours aimé son fils et Nathan l'avait toujours aimé en retour, comme son père. A présent, Severus savait pourquoi cela semblait aussi normal et possible qu'il se sente aussi attaché à ce garçon.

Severus lâcha la main de son fils et attira le garçon par l'épaule contre son flanc sans perdre le rythme de son pas. Nathan l'enlaça aussitôt par la taille et continua de lui raconter comment il avait enfin vu les Elfes de Maison qui officiaient dans la Tour Gryffondors en train de nettoyer son dortoir, après presque un an à essayer d'y apercevoir une de ces créatures.

« Qu'ont-ils fait quand il se sont rendus compte que tu étais là? » demanda Severus avec un intérêt sincère.

Nathan sourit avant de répondre. « Ils ont glapit comme des fillettes et ont disparu aussitôt, tout comme tu avais dit qu'ils feraient. Bon sang, ils sont bruyants! »

Severus souhaita avoir un souvenir de la conversation en question...Au moins, cette conversation-là, il pourrait la chérir. Ils étaient à la porte des Gryffondors et grâce à cette humeur particulière due aux rêves, Severus décida de faire ce qu'il avait toujours voulu qu'un adulte lui fasse quand il avait l'âge de Nathan. Il enlaça son fils et l'embrassa sur le front. « Reste loin des ennuis et ne laisse jamais personne de dire que tu ne peux pas être celui que tu veux être. »

« Promis, papa. Je t'aime. » Nathan l'étreignit et traversa le portrait de la Grosse Dame.

Severus se sentit aussitôt froid et seul. Il se hâta de retourner aux cachots, cherchant un abri et quand il arriva à ses quartiers, il passa quelques longues minutes à observer son corps en pensant à quel point il n'avait pas envie d'y retourner et d'abandonner son pays des rêves, l'amour, la joie, sa famille, une vie tellement mieux à vivre.

Severus lança le contre-sort tout de même et une larme solitaire roula le long de son visage vers le drap froid situé sous sa tête avant que le sommeil ne l'emporte.

~o0oOo0o~

Sa mère l'avait invité à l'aider au labo mais Nathan avait peur que son père soit là. La dernière fois qu'ils avaient été ensemble loin du reste de l'école avait été trop éprouvant émotionnellement pour lui et il était inquiet et appréhendait ce que pourrait apporter leur prochaine rencontre. Nathan avait décidé qu'il ne demanderait pas si l'homme avait lancé ou non le sort cette nuit-là. Cela signifiait qu'il resterait dans l'ignorance, incertain.

La seule chose dont il était sûr, c'était qu'il ne voulait pas renouveler l'expérience de ces montagnes russes émotionnelles de sitôt.

« Prêt? » demanda sa mère.

Prêt, ce n'était pas vraiment le cas de Nathan mais sa mère arborait ce sourire taquin qu'elle avait quand elle était sur le point de mettre à l'essai une nouvelle théorie. S'il disait non, Nathan était sûr qu'il allait manquer un historique, monumentale et épique moment d'amusement. Il lui semblait qu'il n'avait pas d'autre choix que de prendre le risque d'une autre rencontre avec son père.

« D'accord, je suis prêt, » répondit-il et sa voix présentait plus d'assurance que ce qu'il ne ressentait vraiment.

Le sourire de sa mère s'élargit et Nathan lui rendit son sourire.

« Qu'allons-nous faire exactement aujourd'hui? »

Ils partirent pour les cachots.

« Je crois avoir enfin trouvé un moyen de modifier la base pour qu'elle travaille davantage comme le sort. »

« On va préparer une potion alors? »

« Oui, et j'espère que cela marchera. Je croise les doigts! » lui dit-elle d'un ton excité.

Oui, ça va être un grand moment d'amusement.

Mais à l'instant où ils entrèrent dans le bureau du Maître des Potions, l'idée de Nathan de passer un bon après-midi à s'amuser fut mise à rude épreuve par la présence dans la pièce. Nathan essaya d'agir comme si rien ne le dérangeait, espérant qu'ils pourraient passer près du professeur sans intéragir.

« Bonjour, » les salua l'homme, à la plus grande consternation de Nathan.

Il ne nous salue jamais! Pourquoi aujourd'hui?

« Bonjour, Severus, » répondit rapidement sa mère. « Tu te sens mieux? »

Son père acquiesça lentement, la regardant d'un air songeur pendant un moment avant de poser ses yeux noirs sur Nathan.

« Bonjour, » se sentit-il obligé de répondre et son père inclina la tête avant de se tourner à nouveau vers la mère de Nathan.

« Je suis en train de préparer une potion. Cela ne prend qu'un peu de place sur le second espace de travail donc je suppose que cela ne posera pas de problème pour que vous travailliez, » les informa son père.

« Non, sûrement pas, » répondit-elle, puis, le silence se fit.

Nathan ne comprenait pas pourquoi sa mère ne bougeait pas vers le labo; il ne comprenait pas non plus pourquoi son père se contentait de la regardait au lieu de la faire partir comme d'habitude.

« Je serai au labo alors, » annonça-t-elle enfin en désignant la porte dérobée mais sans bouger toutefois.

Son père acquiesça en retournant finalement à ses papiers sur son bureau.

Sa mère bougea, enfin, et Nathan la suivit vers le labo. Il s'assura que la porte était fermée avant de demander, « Qu'est-ce que c'était que ça? »

« Qu'est-ce que tu veux dire? » lui demanda-t-elle en retour en s'affairant à préparer l'espace de travail.

Nathan regarda la porte fermée et ouvrit la bouche pour reformuler la question, seulement...il se rendit compte qu'il ne savait pas comment. « Qu'est-ce qu'il s'est passé dehors, » tenta-t-il. « Tu sais? »

« Non, je ne sais pas, » répondit-elle rapidement. « Pourrais-tu, en faisant attention, me passer le chaudron en verre s'il-te-plaît? Le petit. »

Nathan fronça les sourcils mais fit ce qu'elle avait demandé et commença à travailler avec elle. Il ne se rendit même pas compte quand son esprit fit passer au second plan l'étrange échange entre sa mère et son père, derrière les réflexions sur les ingrédients de potion et les expériences passionnantes.

Après plusieurs heures, il riait devant le dégoût de sa mère vis-à-vis de sa façon d'écraser le Buobulbe. Son père décida d'entrer dans la pièce cependant, ce qui gâcha l'humeur de Nathan. Il essaya par tous les moyens de retrouver l'amusement qu'ils partageaient avant en écrasant un autre Buobulbe.

« Arrête ça, » le sermonna sa mère. Il était clair que la rigolade était bel et bien terminée, remplacée par la tension habituelle et Nathan se rappela aussitôt de la façon étrange avec laquelle ses parents s'étaient comportés l'un envers l'autre.

Il regarda son père remuer le contenu du chaudron posé sur le second poste de travail, écoutant le tintement des ustensiles.

« Votre potion commence à bouillir, » fit remarquer l'homme sans lever les yeux de la potion sur laquelle il était en train de travailler.

« Oh! » Elle se remit brusquement en action, se précipitant pour faire baisser la température. Elle remua le liquide plusieurs fois. « Il me faut plus de pus, Nathan. »

Ce fut au tour de Nathan de se remettre en action, toujours en regardant ses parents d'un oeil soupçonneux. Son père avait cessé de remuer sa potion mais continuer de l'observer soigneusement. Sa mère s'occupait toujours de leur base, plus doucement toutefois. Nathan écrasa un Buobulbe et celui-ci éclata bruyamment. Ce bruit eut l'air de rompre la fine ligne de tension et, à présent, il n'y avait plus rien qui maintenant la pièce dans son état d'équilibre.

Son père commença à se diriger vers lui, sa mère cessa de remuer la base et Nathan lâcha le couteau qu'il avait dans la main, prêt à s'excuser. Son père prit le couteau...et coupa le Buobulbe en deux.

« Coupez-le puis servez-vous du côté émoussé de la lame pour extraire le pus des deux moitiés. Quand vous les faites éclater comme cela, bien que cela soit plus amusant - » les lèvres de l'homme s'étirèrent « -une partie de la sécrétion est perdue. »

Il lui tendit le manche du couteau. Nathan s'en saisit et coupa doucement le Buobulbe suivant en deux, procédant comme on venait de lui enseigner.

« Bien mieux, » approuva son père et Nathan ressentit une vague de joie devant cette approbation.

Ils terminèrent la base sous l'oeil attentif du Maître des Potions.

« Vous jouez avec des Pensines? » demanda soudainement celui-ci.

La mère de Nathan leva les yeux de la potion, Nathan les observa tous les deux avec intérêt. « J'essaye de l'améliorer, » dit-elle à l'homme et commença à expliquer son projet et ses théories, et son père écouta avec attention. C'était indéniable pour Nathan que le professeur Rogue était inhabituellement gentil cet après-midi.

Peut-être avait-il fait ce qu'il lui avait demandé; peut-être avait-il vu comment c'était quand ils dormaient, rêvaient et avait décidé de moins agir comme un salaud. Sous le coup de cet espoir, le coeur de Nathan se mit à accélérer. Son père n'avait pas abandonné et essayait de le lui dire, de lui montrer, n'est-ce pas?

C'était parfait! C'était exactement ce que Nathan voulait depuis qu'il avait rencontré l'âme de son père. Une envie soudaine de l'enlacer manqua de lui faire perdre toute raison. L'attention de l'homme se porta sur lui comme s'il en avait fait la demande et Nathan sut que son père serait capable de lire dans son regard vitreux tout son bonheur et son soulagement. Son papa n'avait pas abandonné.

« De toute façon, » poursuivit sa mère, « je pense que nous avons terminé pour la journée. Il faut que la base mature avant que quoique ce soit n'y soit ajouté. J'ai hâte de voir si ça va fonctionner, » dit-elle d'un ton excité. Le regard de Severus quitta Nathan pour se reposer sur elle.

L'homme se poussa du plan de travail contre lequel il était penché. « Très bien. » Il commença à rassembler quelques fioles disposées sur une étagère.

La mère de Nathan était également en train de rassembler ses affaires et les ingrédients inutilisés.

« Tu pourrais m'aider à embouteiller cette potion, Nathan. »

Celui-ci releva brusquement la tête alors que dans son esprit, il s'interrogeait, inflexible, sur les paroles de son père, Qui? Moi? L'homme ne le regardait pas alors Nathan s'approcha lentement, en silence. Son père l'observa pendant un moment.

« Prends une louche, » lui dit-il.

Nathan alla chercher l'ustensile et retourna rapidement vers le chaudron en se sentant tout à coup nerveux à propos de cette tâche. Il aidait le professeur Rogue dans son labo, son Papa. Son excitation aurait été à son comble si...

« Qu'est-ce que c'est? » Nathan pâlit à la vue du liquide devant lui. Il connaissait cette potion, il la connaissait! « Pourquoi as-tu fait cette potion? » demanda-t-il d'une voix tremblante. « Pourquoi, Papa? » Il n'arrivait pas à détourner les yeux du chaudron rempli de Potion de Nuit Sans Rêves. Tous les espoirs et les rêves de Nathan s'étaient envolés avec ce chaudron et ils étaient au parfait endroit pour que son père s'en débarrasse une bonne fois pour toute.

Sa mère choisit cet instant pour sortir de la Réserve et réentrer dans la pièce. « Je peux attendre que tu aies terminé, si tu veux, Nathan. »

Avant qu'il ne puisse protester, son père dit, « Vous n'avez pas besoin d'attendre; Nathan disait justement qu'il resterait jusqu'au dîner. »

« Bien sûr! Je vous rejoindrai bientôt alors, » acquiesça-t-elle et Nathan put à peine respirer et encore moins protester.

« Nous vous verrons plus tard, » offrit son père en guise de au revoir et Nathan fut laissé à lui-même. Il allait être émotionnellement broyé, il le savait. Il aurait du hurler mais où était passé sa voix?

« Nathan, » l'appela l'homme. « Respire, mon garçon, » le pressa son père et ce fut comme si une malédiction avait été levée. « C'est ça. Calme-toi. » Une larme s'échappa des yeux de Nathan. « Non, non, » dit son père avec quelque frustration, « il n'y a pas de raison de pleurer. » Cela ne le fit que pleurer encore plus et il fut enlacé gentiment par une paire de bras. « Chhht, calme-toi, fiston. Pas besoin de pleurer. Chhht. »

« Nuit Sans Rêve, » haleta Nathan.

« Chhht. Je ne vais pas l'utiliser. »

« Non? » Nathan leva les yeux. « C'est vrai? »

« Oui c'est vrai, petit idiot. Tu t'inquiètes pour rien. Typiquement Gryffondor, » son père marmonna cette dernière phrase dans sa barbe, avec une once d'irritation.

Nathan se sentit idiot en effet et il essaya de retrouver une contenance, essuyant son visage en s'éloignant de l'homme.

« Aide-moi à l'embouteiller pour que nous puissions partir. »

Nathan essaya d'aider, même si ses mains étaient un peu engourdies, mais ce fut son père qui accomplit finalement la plus grosse part du travail. Bientôt, ils quittèrent le labo et allèrent directement aux appartements du professeur.

« Tu devrais boire quelque chose. »

Nathan ouvrit la bouche pour refuser mais une tasse de thé apparut dans ses mains avant qu'il ne puisse. « Merci, » répondit-il automatiquement. Il but quelques gorgées et se sentit étonnamment mieux.

Son père tomba lourdement sur le canapé et soupira. Nathan l'observa se masser les yeux avec le bout de ses longs doigts et se sentit désolé d'avoir réagi exagérément. Il s'assit sur le bord du canapé et attendit...il regarda la tasse et attendit, puis il observa les bottes de son père, puis les pierres noircies de la cheminée...

« Pourquoi as-tu besoin de cette potion? » Il en avait assez d'attendre.

« Je vois que tu es enfin calmé, » fit remarquer son père.

Ce n'était pas une réponse toutefois. « Papa... »

« Ce n'est pas pour moi, comme je te l'ai déjà dit. »

« Pour qui est-ce alors? »

« Pour quelqu'un d'autre. »

« Qui? » insista Nathan.

« Quelqu'un d'autre que moi, » répondit l'homme sèchement avec une lueur d'avertissement dans le regard.

« Est-ce que c'est pour moi? » demanda Nathan même s'il ne le pensait pas. « Parce que je ne suis pas toi donc ça pourrait être pour moi. Tu veux que j'arrête de rêver parce qu- »

« Ce n'est pas pour toi, par Merlin! »

Il semblait qu'il avait été trop loin, encore une fois, alors il se tut et attendit.

Avec plus de contrôle, son père reprit, « Je garde ces potions en réserve pour le moment où il y en aura besoin. Je fourni l'école en Potions, comme je suis certain que tu l'as déjà remarqué. »

Nathan acquiesça. Bien sûr, son père remplissait les réserves de potions de l'école. N'est-ce pas? Oui, c'était ça. Nathan but une autre gorgée de thé et laissa celle-ci le réchauffer. Il fut surpris quand son père bondit du canapé et disparut dans sa chambre. Il revint rapidement mais pas vers le divan. Au lieu de ça, il s'occupa de quelque chose sur la table en murmurant des paroles que Nathan ne pouvait pas déchiffrer depuis l'endroit où il se trouvait, mais il n'osa pas se lever du canapé.

Un petit moment plus tard, Nathan comprit les intentions de son père mais il demeura confus. « Une partie d'échec? » demanda-t-il quand il vit ce que son père apportait vers le salon. Il regarda l'homme nettoyer la table basse et y placer le jeu.

Son père tendit une main vers lui. « Si tu as terminé... »

Nathan lui tendit la tasse de thé en observant les gestes de son père d'un regard soupçonneux. L'homme la fit disparaître puis prit place dans le fauteuil près de la table basse.

« Choisis ton camp, » lui fit-il.

~o0oOo0o~

Hermione frappa à la porte de Severus et attendit d'être invitée à entrer. Elle avait laissé Nathan avec lui à peine deux heures plus tôt et bien qu'ils avaient déjà auparavant passé davantage de temps seuls ensemble, elle ressentait un peu d'appréhension. Severus n'agissait pas comme d'habitude ce week end.

Elle frappa une nouvelle fois et la porte s'ouvrit brusquement toute seule. Elle la poussa et entra en cherchant Severus et Nathan du regard. La vue qui s'offrit à elle lui réchauffa le coeur et fit s'envoler ses appréhensions: père et fils étaient tête-à-tête penchés au-dessus d'un plateau d'échec.

Hermione s'approcha doucement, ne voulant pas briser le haut niveau de concentration dans lequel les joueurs semblaient être plongés. Severus bougea le cavalier noir qui abattit bruyamment un pion blanc. Nathan observa cette scène avec un froncement de sourcil puis leva les yeux vers Severus avec un air étonné et obtint un haussement de sourcil pour toute réponse. Nathan reporta son attention vers le plateau mais Severus observait Hermione. Son expression ouverte et quelque peu distante donnait l'impression qu'il la regardait comme si elle ne pouvait pas le voir en retour. Il la regardait presque avec curiosité, peut-être même avec nostalgie crut-elle voir.

Hermione tenta un sourire et Severus reporta son regard vers le plateau, presque timidement.

« Souhaitez-vous quelque chose à boire? Du vin peut-être? » demanda-t-il sans se tourner vers elle.

« Du vin, volontiers, merci, » répondit-elle et il laissa Nathan jouer et alla chercher la boisson, revenant rapidement avec deux verres de vin rouge. Elle prit celui qu'il lui tendit et en but une gorgée en observant Severus faire de même. Leurs regards se croisèrent comme pour une conversation bien qu'elle ne sache pas exactement quel en était le sujet. Un guerrier poussa un cri et la conversation fut terminée avant qu'elle ne puisse ne saisir le sens. Severus reprit sa place sur le fauteuil et observa son cavalier noir rendre dramatiquement son dernier soupir sous la lame du roi blanc.

Nathan n'avait pas levé les yeux du plateau.

Severus avança un fou noir de trois cases sur la gauche et annonça, « Echec et mat. »

Nathan parcourait toujours du regard le plateau, essayant probablement de trouver un moyen de sauver son roi mais il admit finalement sa défaite et coucha le monarque blanc. « Pris par des pions, » se lamenta-t-il.

« Ne jamais sous-estimer les guerriers silencieux, » lui dit Severus et Hermione sentit la vérité de ses paroles l'atteindre en plein coeur.

Il saurait, songea-t-elle. Il saurait...

« On peut en faire une autre? » demanda Nathan, plein d'espoir.

« Peut-être une prochaine fois, » répondit Severus. « Ta mère est là et je crois qu'il est bientôt l'heure de dîner. »

« Alors on peut jouer après le dîner. »

« Nathan. » Elle utilisa son ton d'avertissement. Hermione savait que Nathan devait être excité de partager quelque chose comme les échecs avec Severus mais il ne devait pas en devenir gênant.

« Un autre jour, » approuva Severus.

Hermione alla dans la bibliothèque de Severus pendant qu'ils rangeaient le jeu. Elle ne remarqua même pas quand il s'approcha et fut surprise de le trouver aussi près quand il proposa, « Encore un peu de vin, Hermione? »

La façon avec laquelle il s'adressa à elle l'effraya un peu. Il était à nouveau en train de l'engloutir dans un tourbillon; elle avait tant de mal à essayer de passer à autre chose et il la séduisait avec du vin et en prononçant son prénom d'un ton velouté. Elle cligna des yeux et se retourna en refusant son offre, « Non, merci. » Parce qu'Hermione n'avait pas son pareil pour tourner quelque chose qu'il faisait par politesse en flirt, et Severus n'était pas un sorcier qui flirtait, surtout pas avec elle.

La soirée se passa inhabituellement lentement après cela. Le fait que Hermione savait qu'elle devait lutter contre les charmes de Severus transforma un dîner qui aurait du être très appréciable en un test pour sa santé mentale. Chaque fois qu'elle se rendait compte qu'elle s'amusait un peu trop, elle reprenait conscience et se sentait mal à l'aise. Il était amical, faisant de son mieux pour la mettre à l'aise pour Nathan et elle interprétait ses signes de la mauvaise façon. Severus devait avoir remarqué son malaise car il coupa court à la soirée aussitôt après le dessert.

« Vous avez eu une longue journée et devez être fatigués. »

Hermione était épuisée quand elle laissa enfin Nathan à la Tour Gryffondor et retourna à ses quartiers. La façon avec laquelle Severus l'avait regardée ce soir avait rendu presque impossible de ne pas se noyer dans ces yeux et d'abandonner son coeur. Elle était très fatiguée de se dire qu'elle n'était pas testée chaque fois que le sorcier avait eu l'air d'être d'accord avec ses commentaires et ses idées. Plus tôt, tous ces regards et Hermione par-ci, Hermione par-là... Dieu devait être en train de la narguer.

Hermione laissa sa tête reposer sur le coussin du canapé et ferma les yeux. Tellement fatiguée...

Un tremblement partit de son oreille gauche, parcourut son échine et elle retint une respiration en ouvrant les yeux. Peut-être n'y avait-il pas seulement son âme qui était fatiguée mais aussi son corps. Préparer la base avait nécessité des sorts complexes et de la précision et Hermione pouvait sentir que sa magie demandait du repos. Hé bien, pourquoi lutter contre la fatigue alors que le sommeil pouvait mener aux rêves et les rêves à ...

Hermione soupira devant sa totale incompétence à contrôler ses pensées.

« Dors, Hermione. Mets fin à cette torture, » marmonna-t-elle en allant dans la chambre pour se préparer à dormir.


Note de l'auteur: Et pendant qu'elle dort... *lol* Il se passe des choses intéressantes! ;0)

A venir... Severus se retrouve à vivre à nouveau une double-vie et Nathan est sur le point d'être introduit au sein de la haute-société sorcière.