Jamais seul

Auteur : Hisope Gulber

Disclaimer : le monde d'Harry Potter appartient à J. K. Rowling

Statut : 2/2


Partie II : le bonheur dans la mort

Harry faisait les cents pas dans les toilettes de Mimi. Rhia était en retard. Tous deux avaient pris l'habitude de se retrouver chaque soir après les cours dans l'antre de leur amie fantôme, puis de descendre dans la Chambre des Secrets pour faire leurs devoirs, affiner leurs recherches ou tout simplement passer du temps ensemble jusqu'à l'heure du dîner. Mais ce soir, Rhia n'était toujours pas là. Il lui était déjà arrivé de venir en retard plusieurs fois, mais aujourd'hui, Harry avait un mauvais pressentiment.

« Allons Harry, calmes-toi, il va bien finir par arriver ton amoureux » dit Mimi agacée. « Tu me donnes le tournis à marcher sans cesse dans tous les sens ! »

« C'est vrai, excuse-moi Mimi, je suis ridicule. Je n'ai qu'à commencer mon travail sans lui. » Harry s'installa dans l'un des rares endroits sec de la salle d'eau et sortit une feuille de parchemin et sa plume.

« Oh non, tu n'es pas drôle ce soir Harry. Moi je veux m'amuser ! Tiens, j'ai bien envie d'aller embêter les préfets ! Aller, Zououou- » PLOUF ! Mimi plongea dans une cuvette. Harry ne pu réprimer une grimace de dégoût avant de s'atteler à ses devoirs.

°

Harry était sur le point d'achever sa dissertation de métamorphose lorsqu'un léger bruissement attira son attention.

« Harry » souffla Rhia avec difficulté. Il se débarrassa de sa cape d'invisibilité et s'effondra sur le sol. Harry poussa un cri dans lequel se mêlaient surprise et horreur. Rhia gisait devant lui, la peau d'une blancheur cadavérique et les vêtements couverts de sang. Un gémissement de douleur le rappela à la raison. Il se précipita vers son compagnon.

« Rhia ! Oh mon dieu ! Où es-tu blessé ? Que t'es-il arrivé ? C'est lui n'est-ce pas ? J'en étais sûr ! Il faut que je t'emmène à l'infirmerie et que- »

« Non » coupa Rhia faiblement mais avec conviction. « Ce n'est pas la peine. »

« Non, non » répétait Harry, hagard.

« Je … je voulais juste de revoir une dernière fois avant de … »

« Non, ne dit pas cela, je t'en pris. »

« Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Je n'ai plus beaucoup de temps, Harry mon ange, tu vas bien écouter et faire ce que je te dirais n'est-ce pas ? »

« D'accord » promit Harry.

« Je sais que cela va être dur pour toi, mais ne crains rien, tu y arriveras. C'est aujourd'hui que tout doit se terminer. Tu vas aller dîner dans la grande salle comme d'habitude, dès que le dessert apparaîtra sur les tables, tu sortiras discrètement. Tu comprends ? » Ne faisant plus confiance à ses émotions, Harry se contenta d'hocher faiblement la tête. « Bien. Ensuite tu feras ce que nous avons convenu. » Rhia fut pris d'une violente quinte de toux. Il se mit à cracher du sang qu'Harry épongea de son mieux avec un mouchoir, le visage en larmes.

« N'aies pas peur mon ange, je serais avec toi, tout se passera comme prévu. Ensuite nous pourrons être heureux pour toujours … ensemble … N'oublie pas ma baguette et la cape … pour pouvoir ... re-revenir... »

« RHIA ! Non, ne me laisse pas ! » Harry s'effondra en sanglots sur le corps sans vie de son amant. Il s'enferma dans une bulle de douleur, perdant toute notion de temps.

Il reprit peu à peu conscience du monde réel, avec l'impression de s'éveiller d'un long cauchemar. Mais le corps sans vie de Rhia eu tôt fait de le contredire. Harry se sentait totalement vide. Il caressa les cheveux de son amour et lui ferma les paupières, ne supportant plus la vue de ce regard vide, voilé.

Harry resta encore quelques minutes prostré sur le corps de Rhia avant de relever la tête d'un air décidé. Il ne devait pas se laisser aller, il avait une mission à mener à bien.

Harry se détacha avec difficulté de la dépouille de Rhia et alla s'asperger le visage d'eau à l'un des robinets. En croisant son reflet dans le miroir, Harry ne pu réprimer un frisson. Il ressemblait à un automate, sans aucune parcelle de vie.

Il jeta un coup d'œil à sa montre. 18h50. Le dîner n'allait pas tarder à être servi. Harry jeta quelques sorts à ses vêtements et recomposa son apparence. Il partit en direction de la sortie, ramassant au passage la cape d'invisibilité et la baguette de Rhia.

Il partit pour la grande salle sans regarder en arrière.

°

« Potter ! » aboya Snape dans le grand hall alors que ledit élève était sur le point de rentrer en collision avec lui. « Regardez donc où vous allez ! Vingt points en moins pour Gryffondor ! »

Harry ne prit pas la peine de regarder son professeur. Il se contenta de le contourner en murmurant mécaniquement un faible « pardon. »

Snape se renfrogna d'avantage devant cette attitude. Il s'apprêtait à rappeler Harry pour lui enlever encore plus de points lorsqu'une petite tache rouge sur le sol attira son attention. Snape s'en approcha et analysa le reste du plancher.

Des gouttes de sang.

Le mangemort en Snape reconnu d'après le positionnement des taches que la personne blessée était arrivée de l'extérieur. La traînée de sang continuait en direction des escaliers menant aux étages supérieurs. Cela aurait tout aussi bien pu être une simple coupure profonde au doigt tout comme quelque chose de plus grave, qui sait dans quelles situations ces imbéciles d'élèves pouvaient se mettre ! Suspicieux, Snape délaissa le grand hall pour remonter la piste ensanglantée.

°

Seul au bout de la table des gryffondors, Harry se forçait à avaler encore une bouchée de riz tout en se concentrant pour rassembler ses forces.

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Snape pénétra dans les toilettes pour filles du deuxième étage, ses robes virevoltant autours de lui, prêt à effrayer à vie le malheureux élève qui venait de lui faire rater un repas. Il stoppa net devant la vue s'offrant à lui. Mimi flottait en sanglotant au dessus d'une forme humaine baignant dans une flaque de sang. Snape reconnu sans mal l'identité de l'élève. Il s'approcha précipitamment du corps sans tenir compte des lamentations du fantôme devenu hystérique.

La peau était déjà froide. Aucun souffle, aucun battement de cœur. Aucune vie.

Comment était-ce possible ? Snape n'y comprenait plus rien. Il se releva brusquement et partit en courant.

°

Lorsque enfin les tartelettes au citron firent leur apparition sur la table, Harry vérifia que personne ne le regardait. Profitant de l'agitation générale, il se camoufla sous sa cape et quitta la grande salle sans se faire remarquer. Alors qu'il refermait délicatement la grande porte, Snape arriva avec fracas par celle située à la gauche de la table des professeurs. Il s'approcha d'Albus Dumbledore pour lui chuchoter énergiquement à l'oreille. Les traits du directeur se firent plus durs. Il inspecta du regard la table des gryffondors avant de se lever.

« Chers élèves, nous allons malheureusement devoir écourter le repas. Quelque chose de grave nécessitant tout mon intérêt vient de se produire. Je vous prierais de bien vouloir suivre vos préfets et de rejoindre vos quartiers le plus calmement possible. Merci. »

Dumbledore suivit des quatre directeurs de maisons sortirent avec hâte de la grande salle sous les murmures des élèves, en empruntant la petite porte.

°

Harry avançait lentement dans le parc de Poudlard, s'imprégnant de chaque arbre, de chaque brin d'herbe. Il s'arrêta et retira sa cape qu'il rétrécit et mit dans sa poche. Il se retourna pour admirer Poudlard., la seule maison qu'il n'ait jamais eu et où tout le monde le haïssait à présent. Pourtant il y avait été heureux … Harry secoua la tête pour reprendre ses esprits. Il tourna le dos au château, sortit sa baguette et attendit.

Quelques secondes plus tard, une cacophonie de « crac » sonores se fit entendre. Des dizaines de mangemorts se trouvaient à présent dans l'enceinte de l'école, tout autours de lui.

« Harry Potter ! Enfin. Après toutes ces années, prépare-toi à subir ma vengeance. Que personne ne le touche ! C'est une affaire entre lui et moi. Réjouissez-vous mes fidèles, vous êtes sur le point d'assister à la fin d'une légende ! » siffla la créature aux yeux rouges.

°

Lorsqu'ils arrivèrent dans les toilettes pour filles du deuxième étage, les professeurs furent trop choqués pour parler en découvrant le corps sans vie d'un de leurs élèves. Au dessus du cadavre flottait le fantôme du mort. Le spectre était occupé à caresser le visage de sa dépouille auprès d'une Mimi ravie.

« Oh mon dieu ! » s'exclama McGonagall. « Mais c'est- »

« En effet » coupa Dumbledore d'un ton las.

« Vous voyez Albus, je vous l'avez bien dit » reprit Snape.

« Mais comment est-ce possible ? Que s'est-il passé ? »

Alors que le directeur ouvrit la bouche pour répondre, un bruit aigu retentit dans l'école.

« Quel est donc ce vacarme » gronda Snape.

« Les alarmes. Les protections anti-transplanage sont tombées » répondit gravement Dumbledore « Poudlard est attaqué. » Avant que les autres ne puissent réagir, le directeur donna ses ordres à ses subalternes.

« Madame Chourave, allez dans mon bureau, prévenez le ministère, demandez-leur d'envoyer immédiatement des renforts puis contactez les professeurs manquants. Quant aux autres, suivez-moi. »

« Que faisons-nous pour … » commença Flitwick en désignant le corps. Dumbledore y jeta un coup d'œil dédaigneux avant de se retourner sans remords.

« Nous verrons plus tard. »

°

Avant le début du duel, Harry avait placé un bouclier puissant empêchant toute personne de s'approcher des deux adversaires et bloquant les sorts voulant entrer ou sortir de l'aire de duel.

Conformément les ordres de leur maître, les mangemorts avaient abandonné leur stratégie d'attaque de l'école pour se concentrer sur la bataille opposant Harry et Voldemort. Depuis, les deux ennemis n'avaient fait que de se renvoyer attaques et contre sorts, aucun des deux ne réussissant à prendre le dessus.

Lorsque les professeurs et une brigade d'aurors sortirent du château, les mangemorts se contentèrent d'évoquer une barrière magique protectrice, forçant ainsi les adeptes de Dumbledore à regarder le combat, impuissants.

Harry ripostait en attendant avec un calme déconcertant l'ouverture, le moment précis où il pourrait porter le coup fatal. Agacé par la tournure du duel, Voldemort voulu couper court en lançant le sortilège de mort.

Dès qu'il reconnu la première syllabe de l'incantation, Harry en fit de même.

« Avada Kedavra »

Deux lueurs vertes jaillirent des baguettes des deux opposants, se rencontrant à mi chemin. Aucun des deux duellistes ne voulait lâcher prise. Soudain, comme au cimetière à la fin de la quatrième année, les baguette jumelles réagirent, formant un dôme au dessus de chaque protagoniste. Harry s'abreuva avec fierté du visage crispé et rageur de Voldemort.

Plongeant avec discrétion sa main gauche dans son uniforme, Harry caressa avec douceur le bout de bois. Il calma sa respiration et redirigea toute sa concentration, tout son être sur la tâche qu'il devait absolument accomplir.

Harry sortit la baguette de Rhia. Tout à sa rage et à sa frustration, Voldemort ne se rendit pas compte de l'apparition de l'objet magique. Maintenant toujours son sortilège de mort, Harry pointa la seconde baguette vers son ennemi. Son visage s'orna d'un sourire effrayant devant le regard surpris puis affolé que Voldemort porta sur la nouvelle baguette. Mais avant que le mage noir ne puisse réagir, un sortilège ancien et oublié franchit les lèvres du Survivant dans un murmure.

« Corpus et Spiritus discerpo »

La seconde baguette d'Harry se mit à luire d'une lumière blanche aveuglante. Un nuage en sortit. La masse lumineuse prit soudain la forme d'Harry et s'élança vers Voldemort, pénétrant à l'intérieur de son corps. Le mage noir fut pris de spasmes.

Tout à coup, la lumière blanche sortit du corps de Voldemort en faisceaux lumineux, atteignant chaque mangemort qui tombèrent au sol, hurlant de douleur. Quelques éclairs se dispersèrent dans le ciel, s'envolant à la recherche des précieuses Horcruxes. Le temps sembla s'arrêter. Pendant quelques instants, les alentours de Poudlard ne furent que cris et douleurs de magiciens noirs. Dans un dernier espoir de survie, Voldemort lança en direction d'Harry plusieurs sorts offensifs de magie noire. Ne pouvant lever ses sortilèges, Harry ne pu se défendre et reçu un sort de magie noire offensive en pleine poitrine. Après quelques dizaines de secondes d'horreur, le corps de Voldemort toucha enfin la sol, privé de toute étincelle de vie.

Harry tomba à genoux, essoufflé, le regard vide.

Les divers boucliers placés sur le champ de bataille cédèrent. Sortant de leur léthargie, les aurors s'approchèrent des mangemorts qui gisaient dans l'herbe, inconscients.

Un petit groupe avec Dumbledore à sa tête se précipita vers Harry.

Ce dernier avait les yeux fixés sur l'apparition qui était sortie de sa baguette. Elle s'approcha lentement de lui et posa la main sur sa joue. Un second fantôme sortant de l'école s'avança à son tour des deux êtres.

« Mais enfin », commença vivement Minerva en dévisageant Harry, « comment est-ce possible ! Il n'y pas une heure- » Elle fut stoppée par le regard noir que lui envoya le gryffondor.

Le cerveau de Dumbledore fonctionnait à toute allure. Il avisa successivement les fantômes et l'élève avant que son regard ne se pose sur les deux baguettes. Identiques.

Un éclair de compréhension passa sur son visage.

Les élèves les plus téméraires commencèrent à sortir prudemment du château, essayant de comprendre ce qui venait de se passer.

« Harry », s'écria Hermione qui arrivait en courant. « C'était un coup de génie Harry, nous avons tout vu depuis la tour de Gryffondor ! Tu as été fantastique ! J'ai toujours su que tu y arriverais ! Mais tu es blessé ! Que quelqu'un fasse quelque chose ! Il doit aller à l'infirmer- »

« Stop. Que personne ne s'approche de moi. Et je ne veux. Plus. Rien. Entendre. » Ordonna Harry d'une voix froide et autoritaire qui surprit les personnes présentes. Tous ceux à proximité stoppèrent tout mouvement pour observer avec crainte le Survivant qui les toisait avec un regard meurtrier.

« Vous nous avez tous laissez tombé, vous nous avez traité comme des moins que rien, des incapables. Vous étiez près à nous jeter aux chiens. Et à présent que nous sommes à nouveau le héro que vous nous avez tous forcé à être, vous voudriez que nous fassions comme si rien ne s'était passé, que nous vous pardonnions ? » Il laissa éclater un rire sans joie qui horrifia l'assemblée.

« Vous rêvez. Vous avez gâché notre vie. Je ne vous laisserais pas gâcher ma mort » termina-t-il dans un murmure, regardant avec tendresse les deux spectres identiques qui l'entouraient de leurs bras vaporeux.

« Mais enfin Harry », s'exclama Hermione outrée, « qu'est-ce que tu racontes. » Harry sortit de sa poche sa cape d'invisibilité et lui rendit sa taille réelle.

« Vois-tu Hermione, tu avais raison sur un point. » Il tira sur la chaîne pendue à son cou, révélant un retourneur de temps.

« Je suis narcissique et totalement schizophrène. D'ailleurs, je ne suis pas Harry. Harry s'est sacrifié pour jeter le sortilège qui a coûté la vie à Voldemort. Tout ce qui reste de lui, c'est cet être non corporel qui m'entoure » finit-il avec douceur.

Devant un public atterré, il tourna le cadran deux fois. Avant de disparaître il envoya un sourire sarcastique. « Au fait, mon nom est Rhia. »

°

Le jeune homme disparut, laissant derrière lui des sorciers stupéfiés et deux spectres enlacés.

Les fantômes d'Harry Potter. Des entités si semblables et pourtant si différentes.

Les formes vaporeuses partirent main dans la main, le sourire aux lèvres, se réfugiant pour le plus grand plaisir de Mimi dans leur seule maison, la Chambre des Secrets.

Ensemble et heureux. Pour l'éternité.


° Fin °