Disclaimer: JKR, pas moi.

Note: Republication de mon minuscule OS Ron/Draco, illustrant le péché d'Avarice et faisant lien avec les 6 autres péchés écrits par Servane, Anacofleb, Lunatanis, Itsuki, Kobar, Benelie... et le péché supplémentaire écrit par Frudule.


Qui pourrait croire, avec tout ce qu'il possède et l'étendue inestimable de sa fortune personnelle, que Draco Malfoy soit à ce point rongé par l'avarice ?

Personne ne le sait vraiment, personne ne s'en soucie, personne à part moi…

Je sais qu'on peut blâmer son éducation, je sais que c'est souvent le lot des enfants uniques, de ne pas comprendre ce qui signifient les mots générosité, altruisme… je sais tout ça et j'ai appris à faire comme si ça n'avait pas d'importance.

J'ai appris à accepter que Draco ne me donnera jamais rien que je ne doive moi-même lui arracher.

A cause de lui ou grâce à lui, j'ai appris à caresser, à cajoler, à supplier, à mendier, à grappiller.

J'ai appris tout ça et je n'ai jamais obtenu en échange que des soupirs discrets, des regards mièvres, des paroles acerbes.

« Laisse-moi… » dit-il souvent. « Tu n'obtiendras rien, ma belette. » proteste sa voix quand il sait que ses yeux le trahissent.

Mais ses yeux sont rivés sur ma bouche et je devine à son souffle qui se fait plus lourd qu'il ne rate pas une miette du spectacle que je lui offre.

Que je lui offre, comme dans offrande, cadeau, présent. Parce que moi j'ai compris que mon bonheur avec Draco Malfoy dépendrait de cela, de ce que je serais en mesure de lui offrir sans contrepartie, parce qu'il lui manque cette largesse que j'ai pour deux.

Moi, j'ai six frères et sœur, je connais la valeur de l'échange et du don, même si souvent, j'ai souffert de ne rien jamais vraiment posséder qui ne soit qu'à moi seul.

Jusqu'à ce qu'il y ait lui, jusqu'à ce que je comprenne dans une brutale révélation, après trop de coups et d'insultes, que de tous, il serait le premier, l'inattendu, l'insoupçonné premier, dès le moment même où j'ai senti que je n'étais pas de ceux qui soupiraient pour une première, que la nuque d'Hermione n'aurait jamais l'attrait coupable de cette parcelle de peau si blanche dissimulée entre la soie moirée de sa cravate verte et argent et les mèches d'or pâle de ses cheveux trop fins et soyeux pour être ceux d'un homme.

Et pourtant, Draco était bien un homme, un mec, un type comme moi, plus svelte et fragile que moi, mais construit pareil, avec le même morceau de chair rigide et doux entre les cuisses.

Sauf que ce morceau de lui était en ce moment même dans ma bouche à moi, surveillé par ses yeux avides qui épiaient la moindre de mes expressions, l'angle bizarre que prenait ma tête, l'arrondi fascinant de mes lèvres tandis que je le suçais.

Et je sentais, à la façon si spéciale qu'il avait d'étendre les jambes et de contracter les muscles de son ventre trop plat, presque concave, qu'il luttait avec entêtement pour retarder cet instant si superbe où il me donnerait enfin une partie de lui.

Quand il étouffa un gémissement dans sa gorge, trop soucieux bien sûr de ne pas me faire cadeau de ses cris, je sus que, bientôt, j'aurais droit à ma récompense si rare, amère et tiède, que je m'efforcerais de ne pas avaler totalement pour lui apprendre, le temps d'un baiser, à goûter sur ma langue la saveur du partage.