J'avais oublié un petit détail du film... -attention, spoiler! - ils survivent... merde, fallait que je fasse une suite. C'est un peu précipité, c'est loin d'être mon meilleur texte, mais j'ai essayé de conserver le même style répétitif que dans le dernier chapitre. Et grâce à la gentille Zephyree, je vais probablement continuer ma série Elena, ou peut-être commencer une série sur un autre perso... à suivre...


Douleur. Comme un étau sur son ventre. Et quelque part dans son organisme, la sensation glacée, mortelle, de quelque chose qui la ramenait à la conscience et qui repoussait la mort. Un quelque chose qu'elle avait déjà ressenti autrefois, mais jamais avec une telle intensité.

Une queue de phénix.

J'ouvre les yeux, mais je ne comprends pas. Il n'y a que de la douleur et du froid, du froid et de la glace. La terre froide sous mon dos, la pluie froide qui bat sur mon visage et mes vêtements. Une impression de saleté, mais je n'arrive pas à bouger, et ma vision est encore trop troublée pour que je puisse vérifier.

-Wouf! Viens voir! Elle est réveillée!

Wouf? Pourquoi wouf?

Quelque chose de rouge dans mon champ de vision. Un… museau froid sur ma joue. J'ai déjà vu cette chose quelque part. À la Shin-Ra, dans les laboratoires… des seringues, des tubes dans sa peau… une créature soumise à l'énergie Mako. L'échappé de la série des Red. Le treizième.

-Il était temps!

Une voix de jeune fille, au fort accent de Wutai. Je ne peux que voir ses longues et fines jambes et la silhouette d'une croix pointue dans son dos. Je ne me rappelle pas son nom. Je crois que pour l'instant, cela n'a pas d'importance. Elle accompagnait Cloud et l'AVALANCHE, c'est tout ce dont j'ai besoin de me rappeller.

-Laissez-moi…

-Si on t'avait laissée, tu serais morte et encore six pieds sous terre! Sois donc un peu reconnaissante pour ta vie, idiote! Si je n'avais pas senti votre odeur en passant par là… Vous avez de la chance qu'on ne vous ait pas laissé crever, sales Turks, et qu'on soit des gens généreux…

Je détourne la tête. Des souvenirs épars remontent dans mon esprit. Kadaj, Loz et Yazoo. Capturés et enfermés. Interrogés…

Le trou dans la tête de Tseng. La douleur dans son propre ventre.

Je passe une main sur mon ventre. Elle est engourdie, mais je sens tout de même des bandages sous mes vêtements.

-Tseng… où est Tseng?

-Le type qui t'acompagnait? répond la jeune Wutai. Il est pas loin. Il a été plus difficile à sauver, lui.

-Je le croyais mort.

-Il avait une blessure au crâne, mais le cerveau n'était pas touché… ça aurait été pas trop mal si la plaie ne s'était pas infectée…

Une pointe de douleur dans mon ventre, même si je voudrais sourire. Tseng est vivant. Tseng n'est pas trop loin. Mais Tseng est danger de mort. Comment ne pas m'inquiéter? Joie de vivre, solitude et inquiétude… et surtout, ma propre douleur. Je me sens stupide et égoïste de ne penser qu'à la souffrance dans mon ventre, mais je ne peux pas m'en empêcher.

La jeune fille débouche une bouteille et me verse un liquide vert dessus. Je me sens immédiatement mieux. La douleur est maintenant… supportable.

-Écoute, me dit la Wutai d'un ton nonchalant, Red et moi, on doit partir, maintenant. Je vais te laisser quelques Potions pour soigner ton ami, tu vas te débrouiller toute seule, OK? Il parait qu'il y a de l'action à Midgar, on doit aller voir ça.

-Quel genre d'action?

-Je sais pas. C'est Cloud qui aurait besoin de nous.

Ça ne me concerne sûrement pas. La jeune fille et la créature rouge s'éloignent sans plus de cérémonie. Je peux maintenant m'asseoir, ma vision est plus claire. Des arbres blanchâtres, brillants, m'entourent. Plus loin, une forme étendue.

-Tseng!

Ma voix aussi est plus claire, plus forte. Les Potions sont un miracle de la nature, je me demande comment nous pourrions nous en passer.

Je m'approche de lui moitié en rampant, moitié en marchant à quatre pattes. Mes jambes tremblent, mais je dois absolument le rejoindre. Je dois…

-Tseng…

Je passe ma main sur son visage. Ils l'ont couché de côté pour ne pas que sa plaie, juste à l'arrière de sa tête, ne s'imprègne de terre malgré l'épais bandage. Il est plein de sang.

Une sorte de torpeur m'envahit. La douleur n'est plus aussi présente pour me garder à ma conscience, et le froid m'envahit. Le froid de la mort épargnée, le froid de la terre, le froid de la pluie qui tombe, fine mais forte, les froid de mes vêtements détrempée, le froid de mon coeur, le froid de mes os.

XOOOX

Deux ans plus tôt :

Des dessins étrangement magnifiques convrent les murs du Temple. Une beauté primaire, une beauté de feu, de chaos et de destruction, une beauté perdue, oubliée par le temps et la modernité. Une beauté qui n'est rien face à celle de Midgar, une beauté qui ne se compare même pas.

La beauté des enluminures d'or et de bronze sur les bas-reliefs qui couvrent les murs du Temple. Les flammes des torches qui les font reluire. Et le visage de Tseng qui les regarde, les analyse, et les comprend sûrement. Moi je n'y vois rien sinon de l'art, et je ne comprends rien à l'art.

Il me demande d'aller prévenir les autres. Bien sûr que j'irai le faire, mon amour, tout ce que tu voudras.

-Et… Elena…

-Oui monsieur?

Je me retourne. Il me regarde d'un air grave, mais ses pommettes saillantes sont rosées. Il baisse la tête.

-Quand tout cela sera terminé, me dit-il à voix basse, nous pourrions bien aller au restaurant, ensemble…

Mon coeur bondit de joie dans ma cage thoracique.

-Oui monsieur.

Je pars en courant. Merde, je dois être rouge comme une pivoine… Depuis ce jour, ce premier jour parmi les Turks, cette beuverie horrible terminée par ce si doux baiser, je pense à Tseng, à ses lèvres, et je ne peux m'empêcher de l'aimer. Mais lui n'a jamais fait allusion à ce baiser depuis. Il ne m'a jamais donné aucun signe d'affection particulier. Je suis une Turk, il est mon patron. C'est facile de voir l'impossibilité d'une relation. Nous sommes des adultes intelligents. Pas besoin d'expliquer.

Mais il veut m'inviter… m'inviter… m'inviter…

Il m'aime donc, lui aussi?

Je ne cours plus, je gambade, je danse, je vole. Le Temple est dangereux, je m'en fous, je suis heureuse.

XoooX

Je n'arrive pas à assumer la réalité de ce que j'ai sous les yeux. Cait Sith, cette étrange créature mécanique contrôlée par Reeve, tenant Tseng dans ses bras de fourrure rose. Et du sang, du sang partout sur la peluche, cette ridicule peluche. Reno, dans l'hélicoptère, commence à crier des ordres dans le micro de son casque de pilote. La division hospitalière d'urgence… secours… un blessé grave à secourir… blessé par Sephiroth.

Je me sens faible, impuissante. Sephiroth l'a blessé juste après mon départ de la salle aux bas-reliefs, et je n'ai rien entendu. Je suis trop idiote pour ça. Sephiroth, l'ex-SOLDIER et son épée mortelle. J'ai bien trop peur pour songer à une quelconque vengeance.

Je prépare des bandages, des Potions, une queue de phénix. Je vais au moins servir à ça. Il faut que je serve à quelque chose, il faut que je le sauve.

Cait Sith dépose le corps de Tseng sur le plancher de l'hélico, juste à mes pieds.

-Merci, Reeve.

-Ma mission ici n'est pas terminée. Dis à Reno de lâcher le deuxième Cait Sith de la cargaison, je vais devoir sacrifier celui-ci bientôt.

-Je ne comprends pas.

-C'était pourtant dans les infos que tu as retransmises.

-Je ne comprends rien…

XoooX

Je le regarde. Ses yeux clos, son souffle calme mais difficile. Sa peau lisse et claire, ses traits forts. Sa chemise d'hôpital bleue, ses draps blancs tachés de sang.

Il va s'en sortir. Il va survivre.

Les médecins sont confiants, ils m'ont dit qu'il allait reprendre conscience d'ici peu.

-Vous ne devriez pas rester ici, mademoiselle, vous n'êtes pas autorisée à…

-Ta gueule.

Un fusil sur la tempe, c'est plus qu'une autorisation, il me semble. Il n'avait qu'à ne pas m'énerver. Il s'est enfui en courant.

Tseng ouvre les yeux. Je me penche vers lui.

-Elena…?

-Tseng, je suis si heureuse que vous…

-Tais-toi.

-Mais…

-Tais-toi.

J'aimerais pouvoir le comprendre. Il passe une main sur mon visage, et je me demande si je ne vais pas défaillir. C'est pourtant lui le blessé…

-Je suis content de te revoir, Elena. J'espère que les autres vont bien.

-Ils n'ont rien.

-Bien.

Il repose sa main sur ses draps et détourne les yeux.

-J'espère que tu ne m'en veux pas trop…

-Pourquoi vous en voudrais-je, Tseng-san?

-Pour t'avoir causé du souci.

-Non, ce n'était pas votre faute.

-Merci. Tu peux t'en aller, maintenant.

Je ne comprends pas, mais j'obéis. Je ne sais que faire ça. Je me lève et je quitte la chambre. Le médecin s'enfuit en me voyant passer. Idiot, c'est le moment d'aller ausculter Tseng. Va le guérir, va le soigner, au lieu de fuir les demoiselles.

XOOOX

Présent :

-Elena… Elena…

J'ouvre les yeux. J'allais m'endormir, dans ce froid glacial… les bras de Tseng me réchauffent à peine…

-Tseng-san! Vous allez mieux!

-J'ai très très mal à la tête, je ne sais pas vraiment pourquoi.

-Ils vous ont tiré une balle dans la tête, mais elle n'a fait que frôler votre crâne.

-Je suppose que je devrais être content d'être en vie…

-Moi aussi, mais je ne sais pas si…

-Tais-toi.

-Mais…

-Tais-toi.

Il rapproche son corps du mien, très lentement à cause de sa faiblesse. Il me prend entièrement dans ses bras, me colle contre son corps. Lui aussi est glacé. Il pose ses lèvres sur les miennes. Encore ce gentil baiser Turk qui veut dire que je dois me la fermer. Je passe ma main sur son visage, mais mes doigts sont si gourds que je sens à peine que je le touche.

Tout est froid, très froid.

-Je vais avoir besoin de toi, 'Lena.

-Je vais vous soigner.

Je veux me relever pour aller chercher une Potion, mais il me serre entre ses bras et m'empêche de faire le moindre geste pour me relever.

-J'espère que tu ne m'en veux pas…

-Pourquoi vous en voudrais-je, Tseng-san?

-Là, c'est vraiment une situation foirreuse. Je ne sais pas si on peut s'en sortir.

-Non, ce n'est pas votre faute. C'est celle de ce malade de Kadaj.

Il sourit.

-Tout ça me rappelle quelque chose…

-Moi aussi.

Il m'embrasse.

Qu'est-ce qu'il raconte? Évidemment que nous allons nous en sortir…

Je vais servir à quelque chose. Je vais le sauver. Je vais nous sauver.

Ma vie est parfaite. Ma vie, même dans un étau de douleur, dans un monde glacé et dans des flots de sang, ne pourrait être plus belle qu'en ce moment, dans les bras de Tseng. Ma vie sera longue, car je sais lutter pour elle. Ma vie est pleine de sang, pleine de vie.

J'embrasse Tseng, et je sais que notre monde ne pourra tomber aussi facilement. Kadaj, Sephiroth, tous les mêmes, tous des ombres qui finissent par passer.

Je suis une Turk, je suis une femme, je suis blessée et la douleur me ramène en ce monde si parfait dans son horreur comme dans sa beauté.