Okay, bon... Voilà ce qui se passe: Kineko et moi ne nous voyons plus du tout ces temps-ci. Elle a une vie active très active, et moi je me suis laissée entraîner dans le fandom anglophone de Naruto, et GW c'est plus vraiment ça. (c'est surtout de ma faute en fait.)
On a deux chapitres en plus de cette fic; je me suis dit que tant qu'à faire, autant les poster. Mais là maintenant, l'histoire n'est pas complète. Elle a toujours été à nous deux -- l'idée de base est plus à Kin qu'à moi, en fait -- donc je n'ai pas envie de la finir toute seule. Il est possible qu'on arrive à se revoir et qu'on se remette à l'écrire, on a beaucoup de notes pour la suite, mais franchement je parierais pas trop dessus, l'histoire est si vieille qu'on arrivera peut-être pas à retrouver l'inspiration.
-Asuka


Chapitre 6

Ce n'est pas un rêve comme d'habitude.

Parce que d'habitude, même quand il rêve qu'il se noie, ou qu'il se bat avec cette... cette bête blanche à crinière noire, c'est paisible. En un sens.

Mais pas cette fois.

L'eau est partout, autour de lui, dans la rivière déchaînée, ou qui lui tombe sur la tête en une pluie serrée, violente. Il fait nuit, il y a de l'orage, ou plutôt une tempête, et il est debout sur la rive de la petite île, devant la maison de papier et de bois.

Il est debout, sans arme, presque nu et il regarde la femme devant lui, qui pourrait être belle, si elle n'était pas en train de vociférer, en rage, de les injurier, lui, l'homme aux cheveux noir, et leur ami caché dans la maison.

Il sait qu'elle est forte, plus que lui, il sait qu'elle est une cascade, un flot impétueux qui se jette de si haut que les hommes se brisent le cou quand ses flots les emportent, et lui n'est qu'un torrent de montagne.

Mais il se battra quand même.

Parce qu'elle l'a défié, et qu'il en va de son honneur de samouraï, parce qu'elle est sur son territoire et qu'il défendra ses eaux.

Parce qu'elle veux tuer l'homme aux longs cheveux qu'ils cachent dans la maison et qu'il s'est juré de protéger ceux qui comptent pour lui.

Au péril de sa vie.

oOo

La pluie, décida Duo en se levant le matin, perdait son attrait, même pour un Coloniste, après cinq jours en continu.

Ca avait été intéressant au début, le bruit de la pluie sur la fenêtre ou le toit, le souffle du vent dans les volets, les différents bleus, gris et blanc du ciel. Ils n'avaient pas ça dans l'espace. Tout était noir, à la rigueur étoilé, mais silencieux.

La première fois qu'il y avait eut la foudre, Duo avait fait un bond de dix mètres, à la grande hilarité de Quatre et Wufei. Enfin, hilarité, c'était vite dit, mais il avait été le seul à réagir quand le tonnerre avait résonné et il était presque sûr que les autres avaient trouvé ça amusant.

Aussi, quand, en rejoignant les autres dans le salon, un café à la main, il vit à la télévision que de gros nuages noirs étaient annoncés pour les jours à venir, il ne se priva pas de faire part de son opinion au monde entier.

-Mais c'est pas bientôt fini ce temps de merde?

-Apparemment non, rétorqua Wufei.

-Franchement, grommela Duo en finissant son café, je plains les pauvres types qui vivent au fond de la cuvette...

-On dirait qu'ils commencent à évacuer les bas quartiers, expliqua Trowa sans quitter la TV du regard. Il reste du café?

-Je viens de le finir, répliqua l'Américain avec un sourire presque innocent.

Trowa lui jeta un regard las et se leva, retournant à la cuisine. Duo salua les trois autres, en train de travailler sur l'ordinateur de Heero.

Wufei était comme d'habitude impeccable, cheveux lissés en arrière, vêtements immaculés. Ca le changeait du look nu-et-mouillé... D'ailleurs le débardeur cachait étonnamment bien le tatouage, ce qui était fort dommage -- erm. Changement de sujet. Quatre bâillait allègrement, mais mis à part ça semblait de bonne humeur. Le traître, Duo le savait, AIMAIT la pluie.

Heero, observa-t-il avec une pointe de surprise, avait l'air d'un somnambule. Il semblait même complètement à la masse, réagissant parfois avec un temps de retard aux suggestions de Quatre, alors que d'habitude sa vivacité matinale dégoûtait Duo. ...Ouaip, il était du devoir de Duo de s'assurer qu'il y aurait assez de café pour tout le monde.

...surtout pour lui-même. Il décida généreusement d'aller aider Trowa dans sa quête de caféine.

oOo

A sa troisième faute de frappe, Heero décida qu'il avait besoin de café. Le pot, bizarrement, était vide. Grommelant, il se leva, abandonnant son ordinateur sur la table, avec Wufei et Quatre.

La cafetière n'était pas en marche. Il fouilla la pièce du regard, cherchant le pot -- là, sur l'évier. Juste à côté de Duo et Trowa, épaule contre épaule à faire il ne savait trop quoi.

-Bougez-vous, me faut de l'eau, gronda-t-il en tendant la main vers le pot.

-Heu, ouais mais non, répliqua Duo en grimaçant, les deux mains sur le robinet. Y a un blem avec les canalisations, l'eau est dégueulasse, va plutôt chercher une bouteille dans le frigo...

Bouteille. Frigo. Okay. Il se détourna, les laissant se débrouiller.

-Appuie plus, Duo --

-Fais gaffe, serre pas trop!

-Je serre pas assez.

-C'est pas de ma faute qu'il y a pas la place pour trois personnes et leur chien dans cet évier!

-Vire le coude de ton chien de sous mon nez.

-Hey! Oh, merde, Tro, désolé.

Heero vida la bouteille dans la cafetière, puis donna un coup de coude à Duo pour qu'il dégage le chemin vers le placard sous l'évier. Il devait éponger les gouttes d'eau sur la table.

-Hey, doucement -- hé, Heero, ya une fuite là-dessous?

Heero se figea brièvement en enregistrant la question, et se pencha encore une fois pour vérifier les tuyaux.

-Non.

C'était un peu humide, mais c'était leur état normal.

-Rhâlàlà, mais c'est pas vrai... Trowa, t'es une mauviette ou quoi? Laisse faire...

-Si tu lâches le tuyau une seconde...

Heero se releva brutalement, agacé par leurs chamailleries.

-Pousse-toi, laisse faire, gronda-t-il en prenant la clé à molettes de la main de Trowa.

Le robinet suintait allègrement; une eau légèrement boueuse qui laissait des traces d'ocre au fond de l'évier.

-Serre pas trop fort, conseilla Duo en maintenant sa prise sur le robinet.

Deux secondes et une détonation plus tard, il ne savait pas trop comment, Heero avait le robinet dans la main et ils étaient tous en train de prendre une douche.

-Bravo, Heero, commenta Trowa en plongeant sous l'évier, lui arrachant la clef des mains.

Wufei et Quatre se tenaient dans l'embrasure, arme au poing.

-Que s'est-il passé? questionna Quatre en jetant un regard éberlué à la cuisine.

-Godzieero a encore frappé, répliqua Duo en roulant des yeux, les mains à plat sur l'embouchure pour étancher le flot.

Heero tourna les talons, bousculant Wufei hors de son chemin; il était au pied de l'escalier quand Trowa annonça qu'il avait réussi.

oOo

Il leur fallut toute la matinée pour vérifier les canalisations. Couper l'eau entièrement n'était pas possible; vu l'âge des tuyaux, il y avait une bonne chance qu'ils en auraient cassé quelques-uns, et ce n'était pas vraiment comme s'ils pouvaient demander de l'aide à la Générale des Eaux.

La pluie continuait de tomber. Wufei commençait à trouver ça très louche.

-Faites confiance aux profs pour nous filer une mission au Japon en pleine mousson, râla Duo, le nez sur la vitre.

-Ce n'est pas la période, corrigea Wufei en agrippant un K-way; la mousson a lieu au début de l'été, pas en plein milieu.

Il l'enfila rapidement, puis retourna vers la cuisine pour ramasser le bol de riz qu'il avait mis de côté à midi. Duo lui jeta un regard qui signifiait clairement qu'il s'inquiétait pour sa santé mentale.

-Tu SORS? s'exclama-t-il en désignant la rue, où des ruisselets dévalaient allègrement.

-Je vais vérifier que la statue ne risque pas d'être emportée, répondit Wufei en tendant la main vers la poignée de porte.

-Je t'avais dit que le poisson pané, c'était pas une bonne idée, répliqua Duo en roulant des yeux, avant de se saisir de son propre imperméable pour le suivre.

-Je croyais que tu n'aimais pas la pluie, commenta Wufei en lui souriant d'un air moqueur.

L'Américain avait déjà l'air misérable, la tête dans les épaules, sa capuche fermement tirée jusqu'aux yeux.

-Je m'en voudrai toute ma vie si tu te noies dans le caniveau.

-Je suis... touché, Wufei répondit en lui jetant un regard peu convaincu.

Ils descendirent la rue, longeant les murs pour éviter d'être déséquilibrés par les bourrasques. Les égouts débordaient sur la chaussée; par endroits seuls les trottoirs émergeaient encore. Wufei se sentait presque chez lui.

Duo avait l'air d'un chat mouillé, et lui jetait des regards mauvais à chaque fois que Wufei négociait un obstacle avec l'aisance de plusieurs vies passées à descendre des rivières en sautant de pierre en pierre.

-Tu n'étais pas obligé de me suivre, commenta Wufei en arrivant finalement au petit recoin.

Quelqu'un avait déposé une boulette de riz soigneusement enveloppée dans du papier alu aux pieds du dragon.

Quelqu'un se souvenait.

-Hey, Fei, y a déjà eu un visiteur... Et ils ont bouffé ton poisson pané.

Duo s'interrompit, jeta un regard lourd de sens au ciel gris, et haussa les épaules.

-Ou alors le dragon nous fait une indigestion.

Tiré de sa surprise, Wufei pensa que c'était peu probable; Ichiro avait toujours eu un estomac en acier.

D'un autre côté... Wufei jeta un regard suspicieux au ciel, qui s'assombrissait encore. En résonance avec le lieu ou pas, il était suffisamment sûr qu'il n'était pas responsable de cet orage-là.

Et ça faisait déjà plusieurs jours que Heero avait l'air étrangement distrait.

Wufei s'assit sur ses talons en face de l'autel, les mains pressées paume à paume, et espéra que c'était bon signe, et pas une indication d'un violent rejet. Habituellement, les kamis ne priaient pas; mais il était prêt à faire une exception. Si Heero ne pouvait même plus se trouver en ce lieu sans rejet, ça voudrait dire que leur connexion dans le cycle des réincarnations était définitivement brisée.

-Qui a pu poser ça? demanda Duo, en poussant la première offrande pour faire de la place à celle de Wufei.

Wufei cligna des yeux; il avait presque oublié Duo.

-Probablement quelqu'un qui croit encore aux esprits. Les tempêtes ont tendance à réveiller les croyances les plus enfouies.

Il y eut un grand éclair, suivit très rapidement par un coup de tonnerre, et les lumières de la ville vacillèrent brièvement.

-Je me sens vachement croyant tout d'un coup, marmonna Duo entre ses dents, s'engonçant encore davantage dans son imperméable.

Il sortait la main de sa poche pour déposer une barre chocolatée sur l'autel, quand l'alarme se mit en marche.

-C'est pas moi! protesta Duo, sa voix presque noyée sous le vagissement continu de l'alerte. On a été repérés?!

Wufei secoua la tête, se redressant, et s'arrêta brièvement auprès de l'Américain pour lui donner la possibilité de lire sur ses lèvres.

-Ce n'est pas OZ, c'est l'alerte au typhon.

Il se détourna et commença à remonter la rue au pas de course, forçant autant de vent qu'il le pouvait à se détourner de leur chemin.