Bonjour ! C'est re-moi ! j'ai eu l'idée de cette fic si soudainement que j'ai pas pu m'empêcher de la commencer Elle traite du passé de Kakashi et commence avant que son père ne meure. Voilà bonne lecture !

Un enfant sur le champ de bataille

Chapitre I

Une mission qui a mal tourné

Il y eut un cri.

- Sakumo !

Un cri déchirant d'angoisse et de douleur dans l'obscurité ambiante. Un cri qui l'espace d'un instant domina le vacarme causé par le tonnerre. L'homme à l'imposante silhouette se retourna, ses longs et épais cheveux argentés trempés par la pluie. Son visage fatigué se tordit dans une grimace de douleur tandis qu'il arrachait un kunaï de son épaule gauche. Mais son regard vif flamboya tel une épée dans la nuit en reconnaissant la voix qui l'appelait.

Tashiro ! Non, cette fois, ça va barder !

Il assura son katana dans sa main droite et fit face à son adversaire. C'était un homme de bonne taille, cheveux gris, yeux pâles et peau blanche. Chancelant de fatigue, Sakumo enduit son pouce de sang et traça une large ligne sanglante sur son poignet. Le ninja de Kiri fronça les sourcils mais ne réagit pas.

Bien, parfait. Ta mort n'en sera que plus rapide !

Il posa sa main au sol.

Kuchiyose no jutsu !

Une énorme explosion retentit, accompagnée d'un grand nuage de fumée. Quand celle-ci se dissipa, on put apercevoir à travers les ténèbres un gigantesque loup des neiges d'une hauteur de deux mètres et aux crocs d'une blancheur immaculée. Ses yeux d'un bleu électrique étaient brillants de soif de sang. Le ninja de Kiri recula, une expression d'horreur sur le visage. Le loup tourna son énorme gueule vers Sakumo.

- Tu sais que je n'aime pas la pluie… fit-il avec une voix qui semblait venir des profondeurs.

- Je sais mais là, c'est une urgence. Il y a une dizaine d'adversaires à tuer et mon équipier est blessé. Du coup…

- Du coup c'est trop dur. Même pour toi.

- Oui. S'il te plait, Fubuki.

- Bien, bien.

Sans attendre, Fubuki se ramassa sur lui-même comme pour prendre son élan. On pouvait distinctement voir les énormes muscles rouler sous l'épaisse fourrure. Son museau se retroussa.

Dix ennemis… repérés !

Ses babines se retroussèrent, dévoilant ses crocs acérés. Un long filet de bave dégoulina de sa gueule entrouverte. Alors, dans une détente prodigieuse, le loup qui avait rendu Sakumo si célèbre fit un bond impressionnant en avant et se jeta sur le ninja de Kiri le plus proche. Le bruit assourdissant du tonnerre ne put cependant couvrir les hurlements et le bruit des os broyés. Les autres ninjas subirent le même sort. L'attaque prit tout au plus une minute trente. Quand ce fut fini, Sakumo se tourna vers son invocation. Les poils autour de sa gueule étaient rougis par le sang de ses victimes et ses pupilles luisaient d'une lueur presque démente. S'il n'avait pas été si fatigué, Sakumo aurait presque eu peur. Mais il sourit et hocha la tête.

- Merci, vieux. Efficace comme toujours.

- Garde tes compliments et appelle-moi un jour de beau temps la prochaine fois.

Sakumo eut un petit rire et Fubuki disparut dans un nuage de fumée. Tout était calme. On entendait plus que le bruit de la pluie sur le sol détrempé. Epuisé, Sakumo se laissa tomber à terre ; il avait du mal à reprendre son souffle. Se battre puis invoquer lui avait coûté la majeure partie de son chakra. Les ninjas de Kiri étaient venus nombreux. Beaucoup plus nombreux que prévu. Et il en payait les conséquences. Un gémissement de douleur le sortit de ses pensées. La mémoire lui revint brusquement.

Merde ! Tashiro !

Une seconde plus tard, et malgré le sol boueux dans laquelle il était aisé de s'étaler lamentablement, il était auprès de son équipier qui saignait abondamment au niveau de la poitrine. C'était un homme du même âge que lui, environ trente ans, cheveux noirs, chemise bleu foncé. Dans ses yeux vitreux vacillait l'éclat rouge du Sharingan, rappelant horriblement le sang qui dégoulinait de la bouche du blessé. Sakumo lui essuya le menton d'un geste vif et lui releva la tête afin qu'il ne s'étouffe pas dans sa propre hémoglobine.

- Sa… Sakumo… Je… Jolie invocation… comme toujours… articula faiblement le Uchiha.

- Merci. Comment tu te sens ?

- Je… Tu… tu as… tu as toujours le message ?

- Oui mais on s'en fout pour l'instant, Tashiro. Le périmètre est sécurisé. Il faut que tu restes en vie, tu entends ?

- La mission… articula faiblement Tashiro. La mission… d'abord…

Une gifle retentissante heurta sa joue pâle.

- Reste éveillé, bordel ! Ne t'endors pas !

- Sak… umo… le message… porte le message…

- Ah donc c'est toi qui l'as ! fit alors une voix chantante. Bien. Donne-le nous. Sinon tes équipiers vont mourir.

Sakumo se redressa. Un étau lui broya douloureusement l'estomac quand il vit trois ninjas de Kiri avancer vers lui, traînant ses deux autres camarades par leur veste de Jounin. De toutes évidences, Fubuki ne les avait pas repérés. Sans doute à cause de la pluie…

Akito… Hanata…Je croyais pourtant que vous étiez déjà loin…

C'était sa faute. Il aurait du écouter son instinct mais comme toujours, il avait fait confiance à ses coéquipiers. Lorsqu'on lui avait confié, à lui ainsi qu'à trois autres Jounins confirmés, la mission de transmettre un message confirmant le départ du gros des troupes de Kiri vers Konoha au Sandaime, il avait tout de suite senti que ce ne serait pas facile. Depuis quelques semaines, Kiri devenait de plus en plus agressive et un nombre chaque jour croissant de ses avant-postes était localisé dans les environs de Konoha.

Pour contrer cette menace grandissante, l'Hokage avait envoyé beaucoup de ninjas, dont Sakumo, à la frontière pour faire des rapports réguliers sur le mouvement des troupes ennemies et il avait eu raison. Mais ce jour-là, ç'avait été délicat. Le temps n'avait pas permis un envoi par les airs et une part importante des shinobis était malade ou blessée. Les provisions manquaient. L'ennemi les encerclait progressivement. La marge de manœuvre était extrêmement réduite. En dernier recours, on avait donc ordonné aux meilleurs restants, c'est à dire à Sakumo ainsi qu'à trois autres, de porter ce message à Konoha avant l'arrivée de Kiri. Ils étaient partis tout en sachant qu'ils ne reverraient probablement jamais leurs amis et que la survie de leur village dépendait entièrement d'eux.

Ils se sont bien renseignés, les enfoirés, songea Sakumo tandis qu'il toisait avec animosité ses adversaires. Ils ont tout de suite vu que nous n'étions pas là et ils se sont lancés à notre poursuite…

Il jeta à un coup d'œil rapide à Tashiro, puis à Akito et enfin à Hanata. Ils étaient tous vivants. Blessés mais vivants. Et ses ennemis n'étaient que quatre. Donc, en théorie, c'était jouable. Mais le simple fait qu'ils aient été rattrapés – y compris Akito et Hanata qui étaient pourtant partis devant – et blessés plus ou moins gravement alors qu'ils étaient tous d'excellents ninjas faisait voler en éclat cette théorie. Sakumo se mordit les lèvres. Que devait-il faire ? S'enfuir en comptant sur son souffle et son endurance pour semer ses poursuivants et accomplir la mission ? Ou bien renoncer à porter le message et sauver la vie de ses camarades ?

En même temps qu'il se faisait son dilemme, son esprit fatigué calculait à toute vitesse les différentes trajectoires et angles pour atteindre ses adversaires. Il faudrait frapper vite et de manière définitive. Mais avec le chakra qu'il lui restait, ça risquait d'être délicat.

Son mutisme dut déplaire au chef d'équipe car il se tourna vers le ninja qui tenait Akito et fit un geste du bras. L'homme hocha la tête et saisissant la jambe droite du jeune homme, il frappa de toutes ses forces au niveau de la rotule. L'angle de l'articulation se renversa dans un craquement sinistre. Akito ouvrit brutalement les yeux et hurla de douleur.

- Arrêtez !

Sakumo s'était dressé sur ses genoux endoloris. Voir ses hommes souffrir par sa faute lui était plus insupportable que toute autre chose. Akito était le plus jeune du groupe, et bien qu'il fût plus fort et courageux que beaucoup d'autres, il n'en restait pas moins le plus vulnérable physiquement. Le leader ennemi ricana.

- Désolé mais il me semblait que tu réfléchissais. Et nous, on est un peu pressés, tu vois. Alors j'ai voulu accélérer ta prise de décision. Sois tu nous files rapidement le message, soit on continue.

Une goutte de sueur perla à la tempe de Sakumo. Il n'osait pas bouger de peur que l'un de ses équipiers ne soit blessé lui aussi. Il était Crocs Blancs, un des plus puissants shinobis de Konoha, presque une légende. Il avait accompli tant de missions qu'il ne les comptait même plus. On le comparait même aux trois Sannins, Orochimaru, Jiraya et Tsunade. En temps normal, il les aurait tués en quelques minutes.

Mais à cet instant, il doutait de la conduite à adopter. Toute sa vie, il avait respecté un code : honorer le Sandaime, aimer sa famille et protéger ceux qui lui étaient chers. Et Akito, Tashiro et Hanata lui étaient chers. Il ne les laisserait pas mourir. Mais pouvait-il trahir son village simplement sous prétexte de sauver trois vies ? Le pouvait-il ?

Le leader grogna de nouveau et fit signe à celui qui tenait Hanata. Sakumo eut un geste pour se lever. C'était elle la plus blessée. Ils n'allaient quand même pas… Un coup de pied dans le ventre le fit brutalement rasseoir. Il y eut un bruit d'acier transperçant la chair et Hanata hurla à son tour tandis que son sang se répandait par litres sur le sol.

- NNNOOONN !

Sakumo se leva d'un bond et voulut se précipiter vers son amie. Mais le chef du petit groupe le stoppa d'un coup de poing puis lui dit, avec cette fois une irritation perceptible dans la voix :

- Alors ? Tu nous le donnes ce putain de message ? Ou est-ce qu'il faut que j'achève ton pote là pour que tu te décides ? ajouta-t-il en désignant Tashiro qui avait heureusement fermé les yeux.

Il dégaina son katana et le brandit dans une attitude agressive. Le cœur de Sakumo se souleva dans un sursaut de terreur avant de se briser très doucement dans sa poitrine tandis qu'il prononçait ces mots :

- Non ! Non… attendez… bredouilla-t-il. Je… je vais vous le donner…

Tashiro était son meilleur ami. Il ne pouvait pas le laisser mourir. Il ne pouvait pas. Pas plus qu'il ne pouvait condamner Akito et Hanata. Il ne s'en sentait pas le droit. La main tremblante, Hatake Sakumo alias Crocs Blancs fouilla dans sa poche intérieure et en ressortit un petit rouleau de parchemin qu'il tendit au leader ennemi, un goût désagréablement amer dans la bouche. Celui-ci s'en empara avec un cri de triomphe. Puis il assomma Sakumo d'un méchant crochet du droit. Mais en regardant les trois autres, il sembla hésiter un instant. S'il avait écouté sa raison, il les aurait tous tués ; histoire de s'assurer qu'ils ne causeraient plus de problème. Mais il avait promis de les épargner s'il obtenait le rouleau et une fois n'est pas coutume, ce ninja tenait à son honneur. Alors, après avoir rangé le message dans sa poche, il fit signe à ses hommes de laisser les prisonniers et ils disparurent dans la nuit.

Quand Sakumo et son équipe reprirent conscience quelques heures plus tard, ils comprirent aussitôt ce qu'il avait du se passer et se précipitèrent à Konoha. Mais il était déjà trop tard. Kiri avait attaqué. Près du quart de la population, ninjas non compris, avait été massacré. Les plus touchés avaient été les enfants. Leurs cadavres jonchaient pratiquement toute l'avenue principale, dans un effort manifeste de cruauté. Et rares étaient les maisons ou les bâtiments encore debout. Sakumo tomba à genoux. Qu'avait-il fait ? Pourquoi avait-il donné le message ? Apparemment, Konoha avait fini par repousser l'attaquant mais à quel prix ? Tashiro devint livide et courut aussi vite qu'il le put chez lui afin de constater les dégâts. Hanata se laissa tomber à terre et se mit à sangloter. Akito s'assit sur le tronc d'un arbre déraciné et resta prostré là.

Les yeux embués de larmes de Sakumo balayèrent l'avenue et se posèrent sur les cadavres d'enfants. Un doute terrible saisit son cœur et se relevant, il se mit à chercher frénétiquement parmi les corps. Il cherchait un visage. Un visage lisse aux yeux bruns, entouré de cheveux argentés semblables aux siens.

Faites qu'il soit vivant. Mon Dieu, je vous en supplie, faites qu'il soit vivant !

Il cherchait son fils. Mais il ne le trouva pas. Alors il fonça chez lui. Et là, il comprit que son vœu avait été exaucé. Car au milieu de la rue dévastée, au milieu du champ de bataille, se tenait la silhouette d'un enfant. Fine, droite, fière. Il tenait un kunaï à la main. Ses cheveux ébouriffés étaient rougis par le sang versé. Et sur son visage se dessinait une expression de haine atroce tandis qu'il contemplait le spectacle autour de lui.

Tremblant de soulagement, Sakumo courut vers lui et le serra dans ses bras. Longtemps, ils restèrent sans bouger, savourant tous les deux la joie qu'ils avaient à se retrouver. Puis, Sakumo lâcha son fils et le regarda longuement. Comme il était fier de lui ! Ce visage lisse mais décidé, ce regard direct et clairvoyant, cette force intérieure qui l'entourait comme une aura protectrice et qui le poussait toujours vers de nouveaux exploits… Tout en lui le remplissait de fierté. Il n'avait que dix ans et pourtant, il était Chunnin depuis maintenant quatre ans. On murmurait même qu'il avait le niveau pour passer Jounin. Kakashi était un vrai génie. Il deviendrait un grand ninja. Peut-être même plus que lui.

Et lui, il ne commettra pas d'erreurs de jugement…

Un voile passa devant ses yeux et Kakashi le détecta tout de suite. Il vit la tristesse et la mélancolie dans le regard de son père aussi clairement que si Sakumo s'était mis à pleurer. Ses sourcils se froncèrent.

- Papa… qu'est-ce que tu as fait ?

valaaa ! les commentaires (positifs ou négatifs) sont les bienvenus !