Chap1 : 12 juin. Quand on est là où on ne devrait pas être

Son séjour touchait à sa fin en ce mois de juin ensoleillé. Après avoir passé 9 mois à Londres pour perfectionner son anglais, Enora allait devoir retourner en France afin de trouver un job de traductrice, professeur d'anglais ou n'importe quoi d'autre. Du moment qu'elle n'avait pas fait ces longues études et qu'elle n'était pas restée tout ce temps ici, seule, pour rien ! Mais surtout, elle était ravie d'en avoir enfin terminé avec ses études. C'est bien beau la vie estudiantine, mais elle avait envie de gagner sa vie, d'avoir ses soirées et week-end libres de tout travail à mi-temps. ENFIN !

Pour finir en beauté, elle s'était offerte une semaine en Ecosse, dans les Highlands, avec ses montagnards bourrus et son paysage sauvage et envoûtant. Au cours de son séjour l'appel des montagnes s'était fait pressant et elle n'avait pu s'empêcher d'aller camper dans le coin le plus reculé de la région. Sa logeuse, propriétaire d'une charmante petite pension bien entretenue, l'avait mise en garde. Les plus solides gaillards du coin eux-mêmes évitaient le coin suite à des disparitions inexpliquées. Certains étaient revenus, complètements hagards, amnésiques et choqués, parfois légèrement brûlés. Mais cela l'avait convaincue, bien plus que le paysage, de se rendre dans cette petite vallée du Ben Nevis surnommé Le Passage des Enfers par les gens du cru. Original !

Après s'être fait déposer en voiture par la propriétaire aussi loin que possible, elle avait marché de longues heures, s'enfonçant dans les montagnes. Elle avait campé près d'un ruisseau avant de repartir tôt le lendemain matin. En début d'après midi elle arriva à la petite vallée, affamée. Elle se figea néanmoins devant la tranquillité du lieu. Absolument charmant ! Un cours d'eau traversait la vallée, ses fleurs odorantes et les magnifiques falaises parsemées de grottes qui l'encadraient. Restant un moment à admirer le paysage, Enora fut rappelée à la réalité par son ventre criant famine. Elle se décida à descendre le long d'un sentier pour atteindre le cours d'eau et installer son campement.

A peine arrivée au bord de l'eau, un long cri (cri ? plutôt un rugissement particulièrement aigu) se fit entendre. Des éclats de voies colériques parvinrent jusqu'à elle

« …fout là celle là ? Où est Peters ? Il était censé bloquer le passage aux moldus ! Grouille toi Max ! »

« Chais pas, Charly. Mais va falloir faire vite ou ils vont la faire griller ! »

Deux zouaves en robe couraient vers elle, sortant de nulle part. Interdite, elle les regardait approcher les yeux ronds, légèrement inquiète de se retrouver seule face à deux inconnus pour le moins suspects.

« Partez ! Vite ! » Hurla le rouquin

Non mais pour qui se prenait-il ? Cette vallée était à tout le monde et elle pouvait aller où bon lui semblait. Déterminée, elle allait leur dire sa façon de penser lorsque la longue plainte déchirante retentit de nouveau, avec un je ne sais quoi de colérique et de menace en plus dans le ton. Enora se retourna brusquement pour voir émerger des cavernes de longs reptiles ailés à l'aspect menaçant. Ils avaient une étrange couleur terre nuancée d'or, portaient d'impressionnantes paires de cornes recourbées, une rangée de piquants longeait leur épine dorsale et leur queue se terminait par une pointe mortelle, acérée comme une lance, semblait-il.

Prenant leur envol et se laissant porter par les vents, leur vol gracieux la fascina au point de lui faire perdre toute notion de danger. Lorsqu'un des reptiles se mit à cracher du feu, elle se rendit compte de l'impossibilité de la scène. Des dragons ! Ces créatures étaient des dragons ! Mais ça n'existait pas ! Et pourtant ils étaient là ! Volant en cercle au-dessus de la vallée, ils observèrent un instant les fragiles intrus qui s'agitaient en bas, envahissant leur territoire. La fureur les prit et ils amorcèrent leur descente.

« Ils attaquent, Charly ! Ils vont nous griller comme des saucisses ! » S'exclama Max, le compagnon de Charly

« Je le voie bien, crétin ! Prépare toi ! »

Ils sortirent leur baguette et se mirent en position de duel, attendant que les bêtes arrivent à portée de sort. Enora les observait, tétanisée, une partie de son esprit lui disant « c'est tout ce qu'ils ont ? Des bâtons face à des dragons ? …des fous : je suis tombée sur des fous ! ». Coincée entre les dragons qui approchaient en rase motte et les deux ahuris, elle ne savait sur quel pied danser.

Le premier jet de flamme la rata complètement et lui fit reprendre ses esprits. Elle courut vers les cinglés : de deux maux, on choisit le moindre ! Comme elle approchait, ils lancèrent leurs premiers sorts.

« Protego totalus ! » hurla Charly en visant Enora

« Aquafurious ! » cria Max, visant deux dragons qui allaient cracher leurs flammes sur la jeune moldue.

Pendant qu'une sorte d'aura protectrice entourait Enora, l'eau du ruisseau se transforma en un puissant jet qui se fracassa sur les deux monstres.

« On pourra jamais tous les arrêter. On est pas assez nombreux pour les stupéfixier » cria Max

« Je sais » Répondit Charly. « On tente un Stupéfix sur le prochain »

Le sort toucha un quatrième dragon qui s'effondra aux côtés des deux autres dans le ruisseau, leur flamme éternelle dangereusement mise en péril par l'eau.

Enora observait la scène, terrifiée, à genoux, priant pour son salut. Elle vit avec effroi les dragons foncer sur elle puis avec horreur cracher leur feu sacré dans sa direction. Elle vit les flammes se ruer sur elle dans un déferlement destructeur. Elle ferma les yeux attendant la mort dans une douleur atroce….. Mais rien ne vint. Lorsqu 'elle rouvrit les yeux, elle vit avec fascination les flammes qui l'entouraient, mais contenues par une force invisible. Le sort de Charly avait formé un boucler sphérique la protégeant de toute intrusion extérieure.

Reprenant espoir, elle observa ses sauveurs dans leur tentative désespérée de faire face à cette harde de dragons déchaînés. Les bêtes terrassées récupéraient vite et rejoignait leurs compagnons dans leur vol afin de poursuivre l'attaque.

Soudain, le plus gros et le plus majestueux des dragons, jusque là resté en retrait au-dessus des autres, se décida à intervenir. Il était deux fois plus gros et plus foncé que les autres et ses cornes trois fois plus grandes. Ses yeux rouges semblaient irradier d'une force propre. Une aura rouge l'enveloppa lorsqu'il plongea en piqué, annonçant une attaque bien plus puissante que celle des autres, une attaque cataclysmique qui ne laisserait rien sur son passage si ce n'est des cendres.

Charly le repéra et comprit le danger. Leurs pauvres sorts ne pourraient rien face à la force ancestrale de ce patriarche tout puissant. Dans un dernier mouvement désespéré avant de fuir pour survivre, il lança un dernier sort sur la jeune moldue qui s'était aventurée inconsidérément dans la vallée

« Transfero mana »

Son compagnon avait eu la même idée et lança un ultime « incensio protectum » sur Enora au même moment avant de courir à toute jambe s'abriter avec Charly. Enora sentit un flux étrange la traverser suite aux sorts simultanés des deux fous et elle vit l'attaque arriver sur elle au ralenti, comme si elle était hors du temps. Le jet de flamme du patriarche ressemblait plus à un rayon laser énorme entouré d'un torrent de flammes en spirales. Lorsqu'il l'atteignit, le bouclier explosa. L'aura rouge du dragon l'enveloppa totalement et elle s'évanouit.