Bon, voilà, je me lance...
J'ai véritable adoré la série Jake 2.0 et c'est avec beaucoup de regret que j'ai appris son annulation... personnellement, je trouve qu'elle avait un réel potentiel et que malheureusement, on aurait pu avoir une fin plus glorieuse. J'y ai donc réfléchi et je vous propose de lire ce qui a fini par sortir de ma petite tête ! Vos impressions seront les bienvenues...
Chapitre 1 : Spleen et alliance
Deux semaines s'était écoulées depuis que Jake Foley avait abattu un membre des Junshi. On avait beau lui rappeler que c'était une criminelle, qu'elle voulait le tuer, et qu'il n'avait fait que se défendre, cela ne changeait rien. Le constat de Jake était bien là : il avait tué 3 personnes. 3 personnes qu'il avait vu mourir, sous ses yeux. Rien d'exceptionnel quand on est agent pour le Gouvernement. Mais pour lui, c'était 3 de trop… Et c'était bien assez pour tout remettre en cause. Devait-il quitter la NSA ? Ou continuer comme si de rien n'était ?
Il se leva de son sofa, se dirigea vers la cuisine et saisit l'une des bières qui lui restait. L'appartement était plongé dans la pénombre, alors qu'il n'était même pas 16h. Mais c'est ainsi qu'il vivait depuis plus d'une semaine. En retournant dans le salon, il se remémora la scène du parking…
La sonnerie de son portable retentit. C'était Louise Beckett, sa supérieure. Elle voulait le prévenir que sa vie était en danger : la sœur de Shin Ji s'était évadée de son fourgon, tuant au passage tous les agents chargés de son convoie. Un véritable bain de sang. Et Jake n'avait même pas eu le temps de l'entendre. Il avait perçu la silhouette de la jeune femme dans sa portière. Vêtue d'une combinaison orange, elle fonçait sur lui, brandissant un poignard. Mais l'agent Foley fut le plus rapide, et lorsqu'il se retourna, il pointa son arme sur la Junchi et lui administra une balle entre les deux yeux… Elle était tombée, morte, sur le sol glacé du parking. Jake se souvenait encore parfaitement de l'odeur qui flottait dans l'air, et du frisson que provoquait ce cadavre sur lui. Il aurait aimé tout oublier mais avec les nanites, c'était impossible : le moindre de ses souvenirs se retrouvait stocké sous forme de fichier. Avec une exactitude surprenante !
Jake ingurgita les dernières gouttes de sa bière et elle rejoignit les autres bouteilles vides, qui s'amassaient au bout du sofa. La télévision n'offrait rien d'autre qu'un écran de neige, seule source de lumière dans cet appartement sans vie. Quelques rayons de soleil s'infiltraient entre les volets clos. Jake dû se déplacer car l'un d'eux venait maintenant percuter son œil gauche. Lui qui avait eu déjà assez de mal à se remettre de sa petite « remise à jour », ce n'était pas le moment de fatiguer ses yeux inutilement…
Dans les locaux médicaux de la NSA, Fran observait Diane depuis quelques minutes. La jeune femme, le nez plongé dans son écran, refaisait inlassable les mêmes gestes. Visiblement, elle cherchait à mettre la main sur une information mais les résultats s'avéraient défectueux. Fran quitta son microscope et se leva. Elle s'approcha de Diane. Celle-ci, ayant entendu les pas de sa collègue, se retourna. Elle ôta ses lunettes et en profita pour les nettoyer. Ses yeux étaient gonflés, comme si elle avait pleuré.
« Ne vous en faites pas Diane, il reviendra.
- Je l'espère Fran, je l'espère… »
Les mots avaient du mal à sortir de sa bouche. Elle repensait à la dernière fois où elle l'avait vu. Il y a une semaine maintenant. Il avait l'air dépité et elle avait peur qu'il ne se lance une seconde fois dans une quête existentielle. D'accord, il n'était peut-être pas comme les autres, mais nanites ou pas, il avait le droit de vivre heureux. Et Diane espérait lui avoir bien fait passer le message.
Mais ce qui la rendait si triste, c'était ce silence radio. Beaucoup trop dur à supporter. Jake était son ami et s'il agissait ainsi, c'est qu'il allait très mal. Elle avait bien essayé de se rendre à son appartement mais Lou l'en avait dissuadée : si Jake ne manifestait pas l'envie de les voir, il fallait lui laisser du temps. Mais si la situation n'évoluait pas rapidement, c'est Diane qui finirait par craquer.
Mais le Dr Hughes n'était pas la seule à se soucier du 1er homme perfectionné par ajout informatique. Kyle Duarte errait dans les couloirs depuis le départ précipité de son ami. Dans moins d'une heure, il devait s'envoler pour la Californie. Là-bas, il retrouverait une équipe d'agents expérimentés de la NSA. Marcus Devince, un ancien membre du KGB, avait refait son apparition sur la scène publique. D'après les renseignements qui leur étaient parvenus, il transportait une mallette renfermant les plans d'une bombe atomique. Son dernier retrait bancaire (qui financerait probablement un vol pour le Moyen-Orient) avait désigné la ville de San Diego. C'est Kyle qui devait s'y rendre au plus vite. Même si le cœur n'y était pas.
Machinalement, ou plutôt instinctivement, il arriva devant le bureau de Beckett. Il poussa la porte et vit Louise, assise dans son fauteuil, le téléphone à la main : elle mettait au point les derniers préparatifs pour l'arrestation de Devince. Kyle voulu s'asseoir en face d'elle, mais au dernier moment, il jugea qu'il valait mieux rester debout. Et en silence. Louise reposa le combiné et examina son agent. C'est elle qui brisa la glace :
« Vous êtes le seul agent expérimenté en qui j'ai toute confiance. Je sais qu'en ce moment, ce n'est pas facile mais j'ai besoin de vous là-bas Kyle !
Il ne répondit pas. Elle se leva et alla fermer la porte, comme pour l'inciter à la confidence.
- Il ne vous a toujours pas téléphoné ? demanda-t-elle
- Non. C'est à croire qu'il ne veut plus entendre parler de nous. Ni de la NSA.
- Ne dites pas de sottises Duarte, nous savons très bien vous et moi qu'il n'a pas le choix. Tôt ou tard, il reviendra. Ce n'est qu'une question de temps.
Et elle ajouta, comme si tout cela coulait de source :
- De toute façon, avec le demi million de dollars qu'il possède en lui, vous pouvez être sûr que nous ne sommes pas prêts de sortir de sa vie ! »
Kyle ne le savait que trop bien. Et c'est cela qui lui faisait peur. Jake avait confié au psychologue Benton, quelques semaines plutôt, qu'il rêvait d'une petite vie bien rangée, marié avec des enfants. Mais son travail à la NSA, ajouté aux nanites, anéantissait tous ces espoirs. Kyle pouvait en témoigner. Lui aussi avait vécu cette période de doutes. Lui aussi s'était cherché. Mais jamais, oh non, jamais il n'avait disparu comme ça. Sans donner de nouvelles. Bien sûr, Jake n'avait pas complètement disparu, tous savaient qu'il se cloîtrait chez lui. Mais personne ne savait comment il pouvait vivre la chose. Aucun autre agent ne possédant des milliers de petits ordinateurs en lui. Et Kyle savait bien que tout le problème résidait là…
Dans les sous-sols du bâtiment, cela faisait plus d'une heure que Valerie Warner avait franchi la porte de la cellule du détenu Flin. Plus connu sous le nom de DuMont dans le monde des hackers. Le jeune homme la défiait du regard, attendant de sa part une réaction à sa proposition. Ce qui ne l'empêchait pas d'en profiter pour passer au crible la moindre parcelle de son corps. Peut-être était-elle une de ses femmes sur laquelle la vie laisse son empreinte, mais c'était bel et bien une femme. Une très belle femme. Et DuMont ne pouvait s'empêcher de penser qu'en d'autres circonstances, les choses auraient pu être bien différentes entre eux… Mme Warner daigna enfin poser les yeux sur lui. Toujours en évitant sa cicatrice. Elle soupira, puis se retourna vers la caméra de surveillance.
« Je vous ai déjà dit que je l'ai mise hors service…
DuMont s'amusait de cette situation. La grande dame de la NSA n'était pas à l'aise, elle devait sûrement avoir peur qu'on les découvre.
- Je crois que nous allons pouvoir nous arranger M. Flin, lâcha-t-elle enfin.
- Merveilleux, ironisa-t-il. Enfin une bonne nouvelle depuis longtemps !
Un sourire se dessina au coin de ses lèvres. Et pour la première fois depuis qu'ils se voyaient, Valerie semblait l'approuver. Elle enchaîna :
- Et quand pourrez-vous commencer ?
- Dès que je serais en possession du matériel nécessaire pour ce coup de génie.
Le souffle de Warner ralentit et elle se pencha vers le prisonnier. Plus précisément, elle se rapprocha de l'oreille droite de son interlocuteur et chuchota :
- Votre commande sera la mienne…
Un petit rire s'échappa de DuMont. Qui aurait pu imaginer quelques mois plutôt, que la grande dame serait venu se compromettre ici, dans cette lugubre petite salle mal éclairée, avec lui. « DuMont ». Kevin Jarod Flin. Mais à son grand étonnement, Warner l'attrapa par le col et son ravissant mal aise se transforma rapidement en un petit air sadique.
- Mais j'espère être entièrement satisfaite de vos services, cher DuMont. Un seul faux pas de votre part et je vous jure que vous tomberez pour beaucoup plus que vous ne pouvez l'imaginer. Et ce n'est certainement pas ici que vous aurez la chance de finir votre vie. Suis-je bien claire ?
- Certainement. Vous êtes une femme de pouvoir, et on ne peut qu'être d'accord avec vous, madame le directeur ! »
Warner sourit. Visiblement, DuMont avait bien cerné le personnage. Elle était une de ses femmes qui voulait être l'égal des hommes. L'appeler « madame la directrice » aurait été une insulte envers son ego. Valerie était une femme de pouvoir, une femme a qui on devait se soumettre. La considérer comme un homme lui donnait cette impression de puissance.
Elle ouvrit la porte de la cellule et un garde apparût. Elle sortit de la pièce, sans même saluer le détenu. DuMont, lui, la regarda disparaître au bout du couloir, un sourire de satisfaction dessiné sur les lèvres.