N/A:

X Cette histoire avait été commencée en 2004, avant même la sortie de Half-Blood Prince. Elle est donc AU (alternate universe) et n'entrera pas dans les détails de la guerre, ainsi que dans le "passé" du personnage de Severus Rogue. Zéro horcruxe, zéro Sev x Lily.

X L'histoire se concentre sur le couple Severus/Hermione, incluant une grossesse alors qu'elle est encore étudiante à Poudlard. Rated-M. Soyez prévenus. Néanmoins, Hermione est majeure (dans le monde sorcier) dès le premier chapitre.

*Si toutefois vous n'aimez pas ce genre d'histoire, svp ne lisez tout simplement pas celle-ci. Il n'y aura pas d'autre avertissement.*

X Pour les lecteurs qui ont lu, reviewé et qui surtout, m'ont encouragé toutes ces années: Merci! ღღღ La reprise de cette histoire est pour vous! *Voir chapitre 12 et suivants!* Pour les nouveaux lecteurs, j'espère que cette histoire saura vous plaire!

Bonne lecture!
–Kat


Disclaimer: Le monde d'Harry Potter, ses personnages et tout le reste appartient à JK Rowling.

Un gros MERCI à Lune d'argent (ma Beta) et Miss Wendy Malfoy (ma pré-reader) qui m'ont suivi dans cette aventure de réécriture.


L'ange qui naîtra de nous deux


Chapitre 1- Poussière d'ange

La pièce était sombre. Seule une petite lampe éclairait le coin de la chambre, là où une jeune fille, qui était censée dormir, était installée pour lire. Théoriquement, Hermione Granger allait sur la fin de ses seize ans. Elle venait de terminer sa cinquième année à la prestigieuse école de Sorcellerie de Poudlard et était maintenant en vacances scolaires. Mais cette situation n'enjouait guère la jeune sorcière. En fait, la situation du monde sorcier était critique.

Voldemort était de retour.

Hermione soupira et reposa son énorme bouquin. Elle regarda sa chambre à l'allure si… moldue. La pièce ressemblait encore énormément à une chambre d'enfant, mais c'était normal, considérant le fait qu'elle n'y vivait plus réellement depuis ses onze ans. Le plancher était fait de planches de bois, mais un tapis bleu et blanc en recouvrait le centre. La moitié des murs, la partie du bas, était également fait de planches de bois, et la partie supérieure était peinturée d'un bleu pâle. Son lit deux places paraissait gigantesque. Il était haut sur pattes et recouvert d'une grosse couette blanche épaisse. Plusieurs coussins bleus étaient éparpillés à la tête et lui donnaient un air des plus confortables. Près du lit, il y avait une commode en bois qui semblait dater de plusieurs générations, mais qui était encore en état.

Une immense fenêtre occupait l'espace du mur du fond. Elle possédait un rebord assez large où on y avait placé une rembourrure, afin d'y créer un banc. Encore une fois, il y avait plusieurs coussins et quelques peluches. Le rideau était blanc et léger et c'était facile de s'y cacher derrière. C'était l'endroit préféré d'Hermione pour se relaxer. Sur le mur opposé de la fenêtre, il y avait une bibliothèque et un bureau de travail. Plusieurs livres moldus y résidaient, tout comme ses affaires scolaires du monde magiques; bouquins, plumes, encre et parchemins. Il y avait aussi un coffre qui contenait plusieurs jouets et souvenirs d'enfance de la Gryffondor.

Hermione était confortablement installée, une couverture rouge et or sur ses genoux, Pattenrond près d'elle et un livre de magie blanche pour intermédiaires entre les mains. Elle paraissait calme et sereine, mais c'était seulement un masque. Hermione était inquiète… très inquiète. Le futur lui paraissait incertain, et beaucoup trop lourd pour leur âge. Toutes ses pensées étaient dirigées vers ses amis.

En particulier Harry. Hermione laissa couler une larme en repensant à la mort de Sirius et à la peine qui rongeait le cœur de son meilleur ami. Elle souhaitait plus que tout qu'il ait pu rejoindre les Weasley le plus rapidement possible. Ceux-ci étaient également très présents dans son esprit. Ils étaient comme sa deuxième famille et les savoir en danger la rendait anxieuse et malheureuse. Elle avait hâte de revoir son deuxième meilleur ami, Ron. Lui, il saurait lui remonter le moral.

Hermione ne s'en était pas rendu compte, mais plusieurs larmes coulaient désormais sur ses joues. Tout cela était si injuste! Pourquoi est-ce que tout devait reposer sur les épaules d'un seul adolescent? Hermione ne savait pas ce que le professeur Dumbledore avait dit à Harry après l'épisode du Ministère, mais celui-ci semblait plus abattu que jamais. Elle était sûre qu'il avait une tâche particulière à faire dans cette histoire, mais, ne sachant pas réellement en quoi cela consistait, elle se promit de tout faire pour le découvrir et ainsi pouvoir aider son ami.

Elle avait déjà essayé de l'aider au mois de juin dernier. Après qu'elle soit sortie de l'infirmerie, une rage inconsciente s'était prise d'elle et elle était allée hurler sur le professeur Rogue concernant les cours d'Occlumencie interrompus. Elle l'accusait d'être la cause de tous les malheurs d'Harry et d'avoir arrêté les cours expressément.

Pathétique.

Rogue n'avait point apprécié sa petite intervention. Fou de rage, il lui avait enlevé cinquante points et lui avait donné une retenue pour le lendemain. Trop honteuse, Hermione n'en avait glissé mot à personne. Ni même à Ron et Harry. Cinquante points enlevés étaient suffisamment humiliants! Quant à ce qui est de la retenue, personne, autre qu'elle-même et son professeur, n'était au courant qu'elle avait eu lieu. Et personne ne savait ce qu'il s'y était passé… et il devait en demeurer ainsi.

oOo

Hermione ne profita aucunement de ses vacances cet été-là, ses pensées étant sans cesse tournées vers le monde magique et la guerre qui s'y déroulait sans aucun doute.

Plusieurs semaines passèrent. L'été tirait à sa fin et Hermione trépignait d'impatience. Plus que trois jours et elle pourrait enfin revoir ses amis et avoir de leurs nouvelles.

Les trois amis n'avaient pratiquement pas pu communiquer entre eux durant tout l'été. Pour des raisons de sécurité et aussi à la demande de ses parents, Hermione n'avait pas rejoint l'Ordre pendant les vacances. Au moins, elle savait Harry avec les Weasley, en sécurité dans le QG de L'Ordre du Phénix. Celui-ci les avait rejoints à peine cinq jours après le début des vacances. Son oncle et sa tante ne pouvaient supporter tous les sorciers qui venaient prendre des nouvelles de leur 'bon à rien de neveu'. Dumbledore avait alors accepté d'entendre raison et Harry était allé vivre dans la maison familiale de son défunt parrain.

Trop impatiente d'être rendue à dimanche, Hermione avait déjà commencé à faire ses bagages. Pattenrond était installé sur son lit et ronronnait sagement. Alors que la jeune fille finissait d'entasser ses habits scolaires, des coups sur sa porte se firent entendre. Hermione se retourna et vit sa mère accotée sur le cadre de la porte.

« Salut, maman. »

Jane Granger était une femme très belle. Elle était de taille moyenne et assez élancée. Ses cheveux bruns frisés étaient coupés court et encadraient parfaitement bien son visage qui reflétait toute sa douceur.

« Salut, ma chérie, » répondit sa mère avec un sourire. « Tu fais déjà ta valise? »

« Oui. Je veux être sûre de ne rien oublier. »

Mrs. Granger sourit à sa fille et continua. « Je dois me rendre à la clinique dentaire, j'ai oublié un dossier important, » l'informa-t-elle. « As-tu besoin de quelques choses? »

Hermione réfléchit. Non, elle n'avait besoin de rien de particulier; ses bagages étant presque finis, elle était certaine de n'avoir rien oublié. Elle en fit part à sa mère.

« Tu es sûre? Dentifrice, shampooing, tampons? »

« Euh, non, » confirma Hermione. « Mais merci! »

Jane sourit. « Très bien. Je reviens d'ici quelques minutes. Pourrais-tu rappeler à ton père de sortir le poulet du four dans 10 minutes? »

« Okay, » rit Hermione.

Dès que sa mère partit, un doute glaça le sang d'Hermione. Des tampons!? En avait-elle utilisé ne serait-ce qu'une seule fois cet été? Hermione courut chercher un calendrier. Elle avait du retard… beaucoup trop de retard. Comment avait-elle pu ne pas le remarquer plus tôt? Bon d'accord, l'été avait été plus ou moins troublant pour la jeune Gryffondor et loin de se soucier de ses règles, son esprit était davantage tourné vers le monde magique et ses amis. Mais, quand même! Elle qui était si régulière d'habitude!

Hermione compta de nouveau, portant plus attention à ses périodes d'ovulation cette fois. Oh, non. Pas ça!

« Hermione? » Son père, Richard Granger, l'appelait du bas de l'escalier.

« Quoi? » Sa voix sonnait bizarre. Elle se rendit compte aussi que ses mains tremblaient. Elle lâcha le calendrier, qui tomba au sol, et prit de grandes respirations.

« Combien de temps encore pour le poulet? »

Un peu calmée, Hermione sortit de sa chambre et descendit les escaliers qui menaient dans le salon, là où son père l'attendait.

« Il reste encore quatre minutes, » lui dit-elle.

Mr. Granger regarda sa fille. Comme elle avait grandi! Elle était désormais une belle jeune femme de bientôt dix-sept ans, mais dans ses yeux, on pouvait y voir tout le tracas qui était beaucoup trop lourd pour une personne de son âge.

Ce regard, il l'avait vu tout au long de l'été et il se sentait tellement impuissant devant la détresse de sa fille unique. Et aujourd'hui, à cet instant, elle semblait pire que d'habitude.

« Ça va, mon ange? »

La voix de son père sortit Hermione de ses pensées. « Euh, oui. Est-ce que maman revient bientôt? » S'enquit-elle.

« Oui, elle devrait bientôt être là. »

Il regarda encore une fois sa fille et lui caressa les cheveux avant de repartir vers la cuisine. Hermione regarda son père. Elle adorait tant cet homme. Il était grand, les cheveux châtains et les yeux couleur or. Il commençait à avoir une ou deux mèches grises et quelques rides apparaissaient aux coins de ses yeux lorsqu'il riait. Mr. Granger avait toujours été le héros secret de sa fille.

Hermione soupira à nouveau. Il devait sans doute avoir une explication logique à son retard. Une explication logique autre que celle-là!

Elle alla s'asseoir sur l'un des divans du salon, releva ses jambes et les entoura de ses bras. La pièce était de couleur bordeaux et elle était très chaleureuse. Au fond, il y avait un cinéma maison et sur le mur d'à côté on pouvait y voir une impressionnante bibliothèque. Tout près, il y avait une grosse plante verte et l'autre mur était rempli de photos de famille. La plupart montraient Hermione enfant. Sur le quatrième mur de la pièce, il y avait une immense fenêtre qui s'ouvrait sur tout le voisinage. Le soleil commençait à disparaître à l'horizon et quelques nuages s'installaient.

Quelques minutes passèrent. Mr. Granger préparait la table dans l'autre pièce lorsqu'une voiture arriva enfin. Après quelques instants, la mère d'Hermione entra dans la maison.

« C'est moi, » annonça-t-elle.

Mrs. Granger fit quelques pas dans le couloir et jeta un coup d'œil dans le salon. Hermione s'était assoupie. Alors qu'elle s'approchait de sa fille, son mari arriva dans la pièce par l'autre porte, celle de la cuisine. « Salut. »

Jane releva la tête et sourit. Elle revint à sa fille et lui caressa les cheveux. « Hermione? »

Hermione ouvrit les yeux et sourit à sa mère.

« Tu t'étais endormie, ma chérie. »

« Mmm. » Hermione s'étira. Son père lui fit un clin d'œil et retourna à la cuisine. Jane entama un mouvement pour le suivre, mais Hermione la retint.

« Maman? »

« Oui, mon cœur? »

« Je peux te parler? » Hermione s'était redressée et regardait sa mère avec une lueur d'inquiétude grandissante dans le regard. Comment sa mère allait-elle prendre la nouvelle?

Jane accorda toute son attention à son enfant.

« Voilà, » commença Hermione, peu sûre de la façon de s'y prendre pour aborder le sujet. « Je crois que, enfin que… J'ai du retard. »

« Du retard? »

Hermione, qui avait baissé les yeux, tenta un regard vers sa mère. Celle-ci avait sincèrement l'air de n'y rien comprendre. « Dans mes règles, je veux dire… »

« Oh! »

« Qu'est-ce qui se passe? » Mr. Granger venait de faire irruption dans le salon. Les deux femmes de sa vie étaient debout l'une face à l'autre, sa fille semblant mal à l'aise et son épouse, troublée.

« Euhm, ta fille a des problèmes avec ses menstruations, » expliqua Jane à son mari, à la grande honte d'Hermione.

« Comment ça? » Interrogea Mr. Granger.

Hermione, plus mal à l'aise que jamais, mordit sa lèvre inférieure et se rassit sur le divan. Sa mère vint se placer à côté d'elle et prit ses mains dans les siennes alors que son père prenait place dans le fauteuil juste en face.

« Je… » Commença Hermione, mais sa mère la coupa.

« Tu sais, ma chérie, même si jusqu'ici tu as toujours été très régulière, ça arrive parfois que tu ne le sois plus pour quelque temps. Attends encore un jour ou deux. »

« Ça fait deux mois, maman! »

Jane resta passablement bouche bée alors que son mari, Richard, semblait inquiet. « Ça t'est déjà arrivé? » Demanda-t-il.

« Non. » Hermione baissa la tête et ne dit plus un mot alors qu'elle écoutait ses parents discuter.

« Il faudrait aller voir un médecin, » dit Mr. Granger. « Elle est peut-être malade, ou peut-être qu'elle a attrapé quelque chose. »

Ça, pour avoir attrapé 'quelque chose'... pensa amèrement Hermione.

« On ne réussira pas à avoir un rendez-vous avant dimanche, » contra sa mère.

« On ne peut pas la laisser retourner à l'école comme ça! Hermione, chérie, es-tu souffrante? »

Surprise, Hermione leva les yeux. Ses parents la croyaient malade. À aucun moment ils ne soupçonnèrent ce qu'elle, elle avait tout de suite déduit.

« Je… » Tenta-t-elle, mais elle s'arrêta une fois de plus.

« Oui? » L'encouragea sa mère.

« J'ai peur d'être enceinte, » lâcha-t-elle d'un coup.

Le temps dans la pièce sembla s'arrêter. Mrs. Granger regarda sa fille, l'information ne semblant pas se rendre jusqu'à son cerveau. Richard avait plus ou moins la même expression. « Enceinte, » répéta-t-il pour lui-même.

Hermione ferma les yeux et une larme coula sur sa joue. « Je suis désolée, » dit-elle dans un sanglot avant de s'enfuir dans sa chambre.

oOo

Hermione était étendue sur le dos, directement à même le sol. Ses larmes ne cessaient pas de couler et elle avait fréquemment de gros sanglots. Ce qui lui avait fait le plus mal, c'était l'expression de son père. Celui-ci semblait déçu… déçu de sa 'parfaite petite fille chérie'. Hermione avait toujours tout fait pour que son père soit fier d'elle, mais cette fois, elle avait réellement tout gâché.

Pour son père, qui venait d'apprendre que sa fille unique était enceinte à 'seize ans', cela devait être un véritable échec. Peu lui importerait qu'elle en ait, d'ailleurs, un peu plus de dix-sept et qu'elle soit reconnue en tant qu'adulte majeure dans le monde sorcier; son père ne comprendrait pas les subtilités des lois sorcières, et encore moins les conséquences qu'avaient eu le Retourneur de temps sur son développement lorsqu'elle l'avait utilisé tout au long de sa troisième année. Cela n'en restait pas moins inadmissible pour la famille de moldus de son père.

Sa cousine Malicia Granger était tombée enceinte avant le mariage. Ça avait été un vrai scandale. Elle n'avait eu que deux choix: le mariage ou l'avortement. Le choix avait été facile, elle avait 23 ans et était avec son copain depuis deux ans déjà. Le mariage s'était fait avec empressement, mais elle était désormais mère d'une charmante fillette de seize mois nommée Karianne. Pour Hermione, toutes ces valeurs faisaient 'vieux jeu', mais il n'en restait pas moins qu'elles étaient celles de toute sa famille.

Mais sa situation à elle était très loin de ressembler à celle de sa cousine. Plusieurs facteurs étaient présents, à commencer par le fait qu'elle était une sorcière

Toc, toc, toc.

« Hermione? Chérie, c'est moi. Je peux entrer? »

Jane ne savait pas comment prendre la nouvelle. Sa fille, son bébé, ne pouvait pas être enceinte. C'était impossible… et pourtant! La pauvre maman ne savait plus comment réagir. Sa fille avait vieilli tellement vite, beaucoup trop vite. Elle ne s'était même pas rendu compte que son enfant avait perdu son innocence et qu'elle était devenue femme.

« Hermione, s'il te plaît, débarre cette porte. »

Un déclic se fit entendre et Jane entra dans la chambre de sa fille. Celle-ci venait de se rasseoir sur le sol et elle caressait son chat. De nombreuses larmes roulaient sur ses belles joues rosies. Car oui, Hermione était belle! Ses cheveux étaient désormais magnifiquement bouclés, son sourire était plus que charmeur avec toutes ses belles dents désormais droites et elle avait, il ne fallait pas se le cacher, de très belles courbures qui n'avaient plus rien à voir avec son corps de fillette de onze ans. D'ailleurs, elle avait quelque peu changé sur ce point durant les vacances… était-ce dû à sa grossesse ?

« Oh, Hermione, mon amour! Chuuut. » Jane s'approcha de sa fille et l'enlaça tendrement. Hermione s'accrocha à sa mère et pleura dans son cou. Jane essaya de consoler sa fille du mieux qu'elle put. Hermione finit par se calmer et sa mère lui parla doucement tout en lui caressant le dos. « Ma puce, » commença-t-elle, « je suis ressortie tantôt, et je suis allée chercher un test de grossesse. »

À ces mots, Hermione releva la tête et fixa sa mère.

« Eh, bien, » expliqua celle-ci, « je crois qu'avant toute chose, nous devrions en être sûres, non? »

« Si. » Hermione remercia sa mère du regard. Celle-ci lui tendit la petite boîte et se leva. Elle tendit une main à Hermione et l'aida à se relever.

« Je vais t'attendre dans la cuisine, » dit-elle, se voulant encourageante.

« Okay. »

Alors qu'elle regarda sa mère descendre au rez-de-chaussée, Hermione se dirigea vers la salle d'eau. Elle ferma la porte et fit le test. Ses mains tremblaient affreusement alors qu'elle lisait les instructions.

oOo

Richard et Jane étaient tous les deux assis à la table, mais ils ne mangeaient rien, le poulet refroidissant sur le comptoir. Ils ne parlaient pas non plus. Leur seule réaction fut de relever les yeux lorsque leur fille unique pénétra dans la pièce.

« Alors? » demanda son père.

Hermione regarda la petite plaquette de plastique entre ses mains et déglutit. « Il faut attendre. » Elle s'assit à la table et posa la plaquette devant elle. Plusieurs minutes passèrent dans le silence. Soudain, la partie révélatrice prit une teinte mauve, puis bleu.

« C'est bleu, » dit doucement Jane, troublée.

« Ça veut dire quoi, bleu? » Demanda son mari.

« Je ne sais pas, » avoua-t-elle. « Il n'y a jamais deux tests pareils. Hermione? »

« … » Hermione avait marmonné quelque chose et avait baissé sa tête, presque honteusement.

« Pardon? »

« C'est… c'est positif. »

Un silence de mort régna dans la pièce. Enceinte, elle était réellement enceinte. Elle allait avoir un enfant avec… lui.

« Qui est le père? » Demanda soudain Mr. Granger, comme s'il pouvait lire dans ses pensées.

« Richard! » S'exclama Jane, indignée du ton sec de son époux.

« Quoi? J'ai quand même le droit de savoir qui est le type qui a engrossé ma fille! » Répliqua-t-il, colérique.

Hermione se sentait invisible malgré le fait que toute la conversation la concernait. Elle n'écoutait même plus ce qu'ils disaient, elle était trop plongée dans ses propres pensées. Elle ne pouvait pas leur dire qui était le père. Elle ne pouvait pas, ils n'allaient jamais comprendre! Ses parents s'étaient toujours montrés très compréhensifs et ouverts au monde magique de leur fille, mais il y avait toujours certaines limites. Elle ne pouvait pas leur expliquer, ils voudront l'empêcher de retourner à Poudlard, et ça, c'était ce qu'elle voulait éviter le plus au monde!

« J'attends toujours une réponse, jeune fille. »

Ses parents étaient désormais debout face à elle. Son père semblait plus furieux que jamais, il lui faisait presque peur. Sa mère, d'un autre côté, sembla être plus compréhensive, mais les quelques larmes qui inondaient ses yeux firent comprendre à Hermione qu'elle ne lui viendrait pas en aide.

« Je… Je ne peux pas vous le dire, » dit-elle d'une toute petite voix.

« Quoi? » Mr Granger abattit son poing sur la table, faisant sursauter sa fille. « Comment ça, tu ne peux pas nous le dire? N'essaie pas de te défiler, Hermione, et réponds à ma question! »

« Je ne peux pas! » Sanglota-t-elle.

Alors que Richard allait replonger dans une de ses colères, la douce main de sa femme se déposa sur son bras. « Allons, ma chérie, on veut juste savoir son nom, » expliqua Jane. « Comprends-nous, nous ignorions que tu avais un petit ami et là, tu nous arrives avec une grossesse? »

Hermione enfouit son visage dans ses mains.

« Je te parie que c'est l'un de ses deux soi-disant meilleurs amis! » Ajouta Mr. Granger. « Ou peut-être même les deux! Si elle ne veut pas nous le dire, c'est sûrement parce qu'elle ignore elle-même qui est le père… »

« Richard! Là, tu deviens méchant. » Jane essaya de calmer la folie de son mari avant qu'il ne blesse trop leur fille, mais c'était déjà trop tard. Celle-ci avait bondi de sa chaise et était maintenant dans une colère noire.

« Je ne suis pas une Marie-couche-toi-là, si c'est ce que tu insinues! » Hurla-t-elle. « Ron et Harry n'ont absolument rien à voir là-dedans, et je sais parfaitement qui est le père! » Plusieurs objets volaient désormais dans la pièce. Hermione ne contrôlait plus du tout ses pouvoirs. Le lustre au-dessus de la table s'éteignait et se rallumait tout seul et plusieurs cadres contenant des photos tombaient au sol et se brisaient.

« Hermione, calme-toi. »

« NON! »

Jane semblait totalement dépassée par les événements. Elle savait de quoi était capable sa fille, mais cette fois, ça n'avait plus rien à voir avec les petites crises de fillette qu'elle avait quand elle était plus jeune et où ses pouvoirs se manifestaient. Cette fois, elle paraissait vraiment en colère. Son mari aussi, d'ailleurs. S'il avait été un sorcier, probablement que la maison se serait écroulée, avec ces deux-là se disputant ainsi.

« On a le droit de savoir, Hermione Jean Granger! Nous sommes tes parents, bordel! »

« Peut-être, mais vous ne comprendriez pas; vous n'êtes pas sorciers. »

Le calme revint un peu, en particulier dû à l'expression bouche bée de Mr. Granger. « Tu peux me dire quel est le rapport? » Demanda-t-il d'une voix froide. « Ce bébé n'est quand même pas arrivé là par magie! »

Hermione ne répondit pas. Il n'y avait rien à répondre à ça, de toute façon.

« Tu ne retourneras pas à Poudlard, Hermione, » dit son père d'un ton final.

« Quoi!? » Hermione n'en revenait pas! C'était justement ce qu'elle avait essayé d'éviter. Manifestement, il n'y avait aucune issue. Son père voulait la couper de son monde. Il ne pouvait pas faire ça!

Mais bien sûr qu'il le pouvait, et il allait le faire.

Après plusieurs minutes de dispute, Richard Granger avait soudainement été pétrifié. Alors qu'il tombait lourdement sur le sol, Mrs. Granger étouffa un cri.

« Il est mort? »

« Non, bien sûr que non, » répondit Hermione, « il est juste pétrifié. »

Elle tourna les talons, sortit de la cuisine et monta les escaliers quatre à quatre.

« Hermione Granger! Rends-lui son état normal! »

Hermione ignora les cris de sa mère et ferma sa valise. Elle prit Pattenrond d'un bras et tira sa lourde valise de l'autre. Dehors, il faisait nuit noire et une légère pluie commençait. Mais Hermione s'en foutait! Elle partirait de cette maison ce soir même.

Entendre son père lui hurler dessus était une chose. L'entendre insulter son monde, ses amis et son école, ça passait encore… difficilement, mais ça passait. Mais l'entendre parler d'avortement et de pensionnat pour les jeunes filles délinquantes, il n'en était pas question!

Dès qu'il avait amené l'idée de tuer la vie qu'elle portait dans son ventre, Hermione s'était sentie trahie. Ça ne faisait pas plus de trois heures qu'elle ruminait l'idée qu'elle allait peut-être devenir mère, et à peine près d'une heure qu'elle en avait la certitude, et pourtant, Hermione se sentait déjà prête à tout pour défendre son enfant.

Elle descendit l'escalier et se dirigea vers la porte de sortie.

« Hermione, s'il te plaît, rends-lui… » Sa mère s'interrompit en voyant sa fille et en comprenant ses intentions. « Où vas-tu? » Sa voix tremblait.

« Ailleurs! »

« Mais… »

Hermione se retourna et regarda sa mère, le coeur brisé. Celle-ci lui rendit son regard, tout aussi déchiré, mais ne fit aucun effort pour la retenir. « Au revoir, maman, » souffla Hermione d'une voix éteinte.

Sans un mot de plus, elle sortit et s'éloigna dans la nuit.

Hermione marchait sous la pluie depuis plus d'une demi-heure. Elle ignorait complètement où aller, comme ça, sans argent moldu et avec un chat. Sa mère n'avait même pas essayé de la suivre et Hermione en avait le coeur lourd. Comment ses parents avaient-ils pu la rejeter aussi facilement de leur vie? Épuisée et affamée, Hermione s'arrêta un instant et regarda autour d'elle.

Ah, bravo! Avec tout ça, tu as réussi à te perdre, se dit-elle. Ses pleurs redoublèrent. Comment allait-elle faire maintenant. Elle devait trouver un moyen de retourner à Poudlard. Elle était désespérée et complètement anéantie lorsqu'elle entendit un 'pop' familier devant elle.

Un sorcier! Un sorcier venait de transplaner devant elle! Retrouvant espoir, elle leva son regard vers l'homme.

« Bonsoir, Miss Granger. »

« Professeur Lupin! »

Hermione se jeta aussitôt dans ses bras, pleurant contre son épaule. Pleurant de joie ou de peine, elle ne savait plus. De toute façon, elle avait passé son été entier à pleurer, qu'était-ce quelques larmes de plus?

Remus ne savait pas trop comment agir. Pattenrond était écrasé entre eux deux et le loup-garou eut pitié de lui. Il repoussa un peu Hermione. « Miss Granger, » dit-il, « je vais vous ramener au QG de l'Ordre. Vous pourriez être en grand danger si vous restez ici. »

Hermione acquiesça en reniflant. Ne pouvant transplaner avec la jeune sorcière et son chat, Remus appela le Magicobus.

Alors qu'ils prenaient place sur l'un des lits et qu'Hermione séchait Pattenrond, elle lui demanda, « Professeur Lupin, comment m'avez-vous retrouvée? »

« Vous avez fait de la magie, Hermione, » expliqua-t-il. « Certains membres du Ministère sont allés chez vous et ont libéré votre père. »

« Oh. »

« Vos parents n'ont pas voulu expliquer pourquoi vous êtes partie, » continua Remus.

« Est-ce que je vais être renvoyée? » Demanda-t-elle, un élan de terreur traversant son esprit.

« Non, » dit-il simplement. « Vous êtes majeure, Hermione, le Ministère ne peut rien contre le fait que vous avez utilisé de la magie. On vous surveillait uniquement parce que vous êtes la meilleure amie d'Harry Potter, et on se doit de vous protéger. »

Hermione relaxa un peu. Ils arrivèrent enfin dans la rue en face du 12, Square Grimmaurd. Ayant déjà eu le mot de passe par le Gardien des Secrets, ils virent la maison et y entrèrent.

« Qui est-ce? » Demanda une voix venant de la cuisine.

« Ce n'est que moi, » répondit Remus.

« Ah, te voilà! Eh, bien, viens manger. »

Lorsqu'ils arrivèrent dans la cuisine, Hermione eut la bonne surprise d'y retrouver toute la famille Weasley, ainsi qu'Harry, Tonks et plusieurs autres membres de l'Ordre. Il ne manquait que les professeurs de Poudlard, qui devaient sans doute tous déjà être au château afin d'y préparer la rentrée.

Seul Remus, qui était en lien avec le Ministère sous les ordres de Dumbledore, avait été informé qu'Hermione avait utilisé de la magie et était désormais dans la rue, ce qui expliqua la réaction de toute la tablée lorsqu'ils l'aperçurent dans cet état lamentable.

« Hermione! » S'exclama Ron, surpris.

Harry, qui était de dos, se retourna aussitôt vers elle.

« Oh, ma chérie! » S'exclama Mrs. Weasley en allant prendre Hermione dans ses bras. « Mais que t'est-il arrivé? »

Hermione, se remémorant tous les souvenirs de la soirée, trembla et pleura dans les bras de Molly. Ron et Harry s'étaient levés et ils s'étaient rapprochés de leur amie. Ils se sentaient tellement impuissants.

« Hermione? Qu'est-ce qui se passe? » Tenta Ron d'une voix qui se voulait inquiète.

Hermione tourna la tête et regarda son ami. Il semblait effrayé pour elle, mais elle avait peur désormais. Comment allait-il réagir? Lui, qui était de nature si impulsive, allait-il la renier comme son propre père l'avait fait? Elle refusa d'y penser et ne répondit pas.

Harry, caressant d'une main maladroite le dos de la jeune fille, qui était toujours dans les bras de Molly, demanda à Remus ce qu'il savait. Celui-ci répondit seulement que le Ministère l'avait envoyé chercher la jeune Gryffondor, car elle courait un danger, ayant fui la demeure familiale, mais qu'il ignorait pourquoi.

Après plusieurs minutes d'interrogations sans réponse, Molly jugea préférable pour Hermione qu'elle se change, qu'elle mange un peu et qu'elle file au lit.

« On y va avec elle, » dirent aussitôt Harry et Ron d'une même voix.

Molly acquiesça et les deux jeunes hommes partirent en haut avec leur amie, Ron traînant la valise. Pattenrond était parti explorer la maison aussitôt qu'Hermione l'avait libéré en arrivant.

Ils ne montèrent pas un étage de plus, installant la jeune fille dans leur propre chambre.

« Merci, » leur dit Hermione.

« Mais de rien, voyons. » Harry sourit. « Des amis, c'est là pour ça. »

Harry semblait vraiment aller mieux. Son été lui avait sans doute fait énormément de bien. Et puis, pour le moment, il était beaucoup trop préoccupé par elle pour être triste du sort de son parrain.

« Enfile ça, » lui dit Ron en lui tendant des vêtements chauds qu'il avait trouvés dans sa valise.

Les deux garçons sortirent quelques minutes, laissant une certaine intimité à Hermione. Elle enleva rapidement ses vêtements trempés et enfila le pyjama que Ron lui avait trouvé. Lorsqu'elle leur dit qu'ils pouvaient revenir, Harry tenait un plateau de nourriture entre les mains.

Hermione mangea comme une affamée. Ron et Harry lui posèrent quelques questions, mais Hermione préféra ne pas en parler. Ils se contentèrent d'accepter la décision de leur amie et de la réconforter du mieux qu'ils pouvaient.

Tous trois assis dans le même petit lit, Ron d'un côté et Harry de l'autre, Hermione s'endormit entre de ses meilleurs amis, sa tête sur l'épaule d'Harry. Celui-ci sourit tristement en regardant la jeune fille. Ron tenta maladroitement de démêler quelques boucles de cheveux d'Hermione avec ses doigts, mais abandonna après que les noeuds eurent raison de lui.

« Laissons-là dormir, » proposa Harry. Ron s'allongea sur son lit, par-dessus les couvertures, alors qu'Hermione s'effondra sur son oreiller moelleux. Harry prit le matelas de sol situé tout juste à côté du lit. Les deux adolescents se tracassaient énormément, mais la fatigue eut raison d'eux et ils s'endormirent.

Lorsque, plus tard cette nuit-là, Molly passa dire bonne nuit à son plus jeune fils et à Harry, elle remarqua le trio qui dormait paisiblement, rassemblé autour du lit de Ron. Ils étaient tellement beaux à voir, là, comme ça, calmes et sereins. La vie était tellement injuste. Pourquoi ces enfants devaient-ils vieillir plus vite que tout le monde? Pourquoi le destin s'acharnait-il sur eux?

Son instinct maternel guida ses gestes et elle alla border les deux garçons qui étaient couchés par-dessus leurs couvertures respectives. Elle retira les lunettes d'Harry, éteignit la lumière d'un coup de baguette et sortit de la chambre en fredonnant une douce berceuse.


À suivre…

Chanson:
Poussière d'Ange d'Ariane Moffat.