Chapitre 13 : une autre année ou deux.

Quelqu'un parlait. Mais ce que cette personne disait était un inintelligible charabia aux oreilles de Harry. Il avait vaguement conscience qu'il était effectivement conscient et ne faisait pas un rêve bizarre et légèrement lucide. Les minutes s'écoulèrent et le sentiment embrumé de sa tête commença à se dissiper. Il réalisa qu'il était allongé sur le sol. La raison pour laquelle il était allongé là demeurait par contre perdue dans la brume de désorientation qui couvrait son esprit. Il décida que reprendre conscience totalement n'était pas une bonne idée pour l'instant. Il resta donc patiemment allongé et écouta la voix parler sans comprendre les mots. Mais il se sentait étrangement bien pour des raisons qui demeuraient aussi mystérieuse que le sens des mots eux-mêmes.

Un peu plus tard, un peu plus éveillé, il comprit d'où venait l'obscurité : il n'avait pas encore ouvert les yeux. Sa première hypothèse avait été qu'il se trouvait dans une pièce dans laquelle personne n'avait allumé la lumière. Il concentra autant d'énergie qu'il le put pour accomplir l'impossible tâche d'ouvrir les yeux. La récompense de son accomplissement ne fut pas celle à laquelle il s'était attendu. Au lieu de trouver des réponses à ses questions, l'endroit où il était et ce qui s'était passé, tout ce qu'il gagna fut une douleur poignante quand la lumière lui entra dans les yeux et une vive sensation de nausée. La pièce se mit à tourner. Il étouffa un grognement, ferma les yeux puis attendit que le vertige s'atténue. C'est allongé là, essayant de reprendre ses sens et son équilibre que les mots prirent sens d'eux-mêmes et qu'Harry put comprendre le langage.

« …Souhaite savoir pourquoi, mais je ne peux pas revenir en arrière et te le demander, hein ? Les réponses que j'ai toujours voulues, tu as réussi à les emporter avec toi, » La voix s'arrêta de parler et elle rit amèrement. Après un instant de silence elle reprit, « Le monde est plus sûr sans toi. Mais je ne peux m'empêcher de me demander si tu serais heureux de savoir qu'il est aussi moins passionnant. »

La sensation de désorientation s'effaça finalement. Harry identifia le possesseur de la voix. Severus. Avec cette reconnaissance, il se souvint de ce qui s'était passé avant qu'il ne perde conscience. Ses yeux s'ouvrirent de leur propre volonté. Il surmonta la douleur et la nausée parce qu'il était anxieux mais aussi curieux. Il parvint à s'asseoir. Le bruit qu'il produisit en s'asseyant, conjugué avec l'inévitable grognement qui lui échappa quand son corps protesta, firent se retourner Severus. Ce dernier n'était qu'à quelques pas, mais lui tournait le dos.

« Comment te sens-tu ? »

Harry cligna des yeux avec confusion. Comment je me sens ? Comment te sens-tu ? Suivre une conversation, dans un tel état de confusion, semblait encore un trop grand exploit pour lui. Ne devrais-je pas être mort ?

Severus le regarda fixement pendant une minute comme s'il attendait une réponse. Il secoua la tête avec impatience et s'approcha de Harry qui s'était assis et appuyé contre le mur. Harry ne put s'empêcher de sursauter quand Severus pointa sa baguette sur lui. Il s'attendait à moitié à ce que l'autre homme finisse le travail que Lucius n'avait pas terminé. « Es-tu blessé ? Je peux te soigner si tu l'es. »

« Je…Non, je ne suis pas blessé. » Répondit Harry en s'écartant de Severus avec incrédulité.

« Arrête gentiment de gober des mouches et lève-toi si tu n'es pas blessé. » Claqua Severus avec agacement.

« Est-ce vraiment toi ? » Les mots sortirent de sa bouche sans sa permission. Ils lui semblèrent, même à lui, incroyablement stupides.

« Bien que je pourrais faire bons nombres de remarques sournoises à une telle question » Marmonna Severus d'un air renfrogné, « J'excuserai ton manque d'éloquence, compte tenu des circonstances. Oui, Harry, je suis en complète possession de moi-même. Non, je ne suis pas et je n'ai pas été aujourd'hui sous l'influence de l'imperium. »

« Mais- »

« Levez-vous Potter ! » Lui ordonna Severus. « Je ne sais pas combien de temps nous avons avant que les autorités moldues n'arrivent. Et la dernière chose dont nous avons besoin est qu'ils nous trouvent ici, à côté d'un homme mort. »

A ces mots, Harry remarqua que la pièce était vide. Tous les moldus qui étaient assis sur les sièges étaient partis. Il ne restait que le corps de Lucius, allongé sur le sol, derrière Severus. Ils étaient seuls dans le théâtre.

« Qu'est-il arrivé à tous ceux qui étaient là ? » Demanda Harry en regardant Severus.

« Je t'expliquerai tout quand nous serons en sécurité loin d'ici. » Répondit Severus comme s'il allait tirer Harry pour le mettre sur ses pieds s'il ne coopérait pas. « Maintenant lève-toi ! »

Se mettre debout fut un exercice difficile. Il tremblait. Il parvint à compléter son assignement en se servant du mur comme support. Harry disait la vérité, il n'avait pas été blessé, mais l'adrénaline qui avait coulée dans ses veines pendant l'échange avec Lucius avait laissé son corps chancelant. Une fois accomplie sa tache laborieuse, il s'appuya contre le mur pour enlever un peu de poids à ses jambes tremblantes. Il se concentra à nouveau sur Severus.

« Je suis debout. » Déclara-t-il en grimaçant. « Je serais à nouveau assis si je m'éloigne du mur. Mais je suis debout. »

« Pour ton bien, j'espère que tu n'as pas besoin de me tenir la main » Répondit Severus avec sarcasme. « Parce que toi et moi allons prendre des chemins diffèrent pour l'instant. »

« Quoi ? »

« Ton audition a-t-elle été endommagée et tu aurais négligé de m'en informer ? » Claqua Severus brièvement. « Comme je te l'ai déjà dit, nous devons sortir du théâtre. Nous nous sommes attardés ici suffisamment longtemps pendant que tu récupérais, après t'être cogné la tête contre le sol. »

Je devrais commencer à porter un casque, se dit Harry de façon idiote. Il combattit son envie de rire. Il avait le sentiment que s'il commençait, il ne pourrait plus s'arrêter. Tu craques, Harry. Reprend-toi et regarde ce qui se passe. Tu pourras sombrer dans tu seras complètement sûr que Severus n'est pas sous l'effet de l'imperium. Il y avait une chose qui l'obsédait, qu'il savait ne pas devoir oublier. C'était honteux qu'il ne parvienne pas à identifier ce dont il s'agissait.

« Très bien » Dit Harry à Severus. « Donne-moi une minute. »

« Nous avons déjà perdu suffisamment de temps à discuter de cela. » Répondit-il énervé.

« Allons-nous partir en marchant ? 'Oh, non monsieur l'agent, nous ne venons pas vraiment du théâtre, ça y ressemble seulement'. Ouais, je suis sûr que cela est assez convainquant pour nous innocenter. »

« Tu es un sorcier même si tu choisis souvent de l'ignorer. » Reprit Severus caustique. « Transplane jusqu'à ta chambre. Quand je suis allé pour prendre la cape d'invisibilité, j'ai verrouillé la porte pour le cas où nous survivrions à cette journée. Ainsi, nous pouvons transplaner en toute sécurité sans qu'un de tes amis entrent et en soit témoin. »

Harry put presque voir une bulle de lumière tourner devant lui. « Je ne pars pas sans ma cape. » Déclara-t-il soudainement.

Severus fit un geste de la main dédaigneusement. « Vous êtes vraiment trop prévisible, Monsieur Potter. Ta cape bien aimée est juste là. Elle t'attend. » Il lui désigna un carré de tissu argenté à quelques mètres de m'endroit où il se tenait. La vue de la cape lui rappela autre chose.

« Ou mon sac à dos. » Ajouta-t-il avec obstination. « Je l'ai laissé dehors quand je suis entré. Si quelqu'un le voit et regarde à l'intérieur, il y a suffisamment de classeurs et de cahiers avec mon nom- »

« Oui, oui d'accord. » Avant qu'Harry n'ait le temps de finir ses protestations, Severus se dirigeait déjà vers la porte. Il s'arrêta, écouta, ouvrit la porte et regarda prudemment. Il se faufila dans l'ouverture et laissa Harry seul dans le théâtre en compagnie du corps de Lucius.

Ce fut une fascination morbide qui poussa Harry à contempler le corps de Lucius. Il ne put s'empêcher de se demander, si l'Avada Kedavra avait rebondi sur lui sans lui faire de mal et avait frappé Lucius. On aurait dit qu'il dormait : son corps n'avait pas de marque, ses yeux étaient fermés et les lignes d'arrogance et de haine sur son visage avaient été lissées dans la mort. C'est étrange. Il ne semble pas aussi dangereux comme ça. Observa Harry. Il semble inoffensif, presque pacifique. Je me demande s'il était ainsi quand lui et Severus étaient amis, avant qu'il ne devienne un mangemort. Les mots que Severus avaient prononcés avant qu'il ne se réveille complètement lui revinrent alors. Que s'est-il passé entre lui et Lucius ? Quelles sont ces réponses dont il parlait quand il pensait que je ne pouvais pas l'entendre ? Que lui as-tu fait ? Lucius était loin de pouvoir lui fournir les réponses et avant qu'il ne puisse y réfléchir plus longtemps, la porte du théâtre s'ouvrit à nouveau pour admettre Severus et le sac à dos de Harry.

« Voilà. Est-ce tout maintenant ? Ou as-tu réussi à emmener tout le contenu de ta chambre avec toi ? » Demanda Severus en se penchant pour ramasser la cape d'invisibilité. Il la lui fourra brusquement dans les bras avec son sac à dos. Harry chancela légèrement quand il les prit.

« Non, c'est tout. » Répondit Harry en ignorant le regard agacé de Severus.

« Bien, maintenant transplane dans la chambre et attend-moi là bas. » Severus lui donna les instructions. « Je répondrai à toutes les questions que tu as à propos de ce qui s'est passé aujourd'hui quand je reviendrai. »

« Où vas-tu ? » Lui demanda Harry instinctivement avant de réfléchir à ce qu'il faisait.

Il y eut une nuance de tristesse dans les yeux de Severus. Mais elle s'éteignit si rapidement qu'Harry eut presque l'impression de l'avoir imaginé. Presque. « Je dois m'occuper de certaines choses. Des promesses qui ne peuvent être brisées. » Répondit-il doucement.

« D'accord. » Harry comprit ce qu'il avait et ce qu'il n'avait pas dit. « Je te verrai à la chambre alors. »

Harry réajusta sa prise sur ses affaires et se prépara à transplaner quand Severus l'arrêta. « Harry. »

Le jeune homme s'arrêta et leva les yeux vers Severus avec curiosité.

« Es-tu certain d'aller bien ? » Son habituel sarcasme était absent de sa voix. En fait, Harry fut très surpris de constater qu'il avait l'air inquiet. « Seras-tu capable de transplaner sans problème ? Je sais que cela fait plusieurs années que tu ne l'as pas fait et tu as passé l'examen peu de temps avant d'affronter Voldemort et de perdre la mémoire. Survivre à tout cela, seulement pour finir … » Severus ne termina pas sa phrase et regarda Harry attentivement comme s'il évaluait s'il était ou non capable de pratiquer un acte magique si difficile.

Harry avait sur le bout de la langue une remarque sarcastique, qui ressemblait à ce que répondait Severus dès qu'Harry lui poser une question sérieusement. Il doit déteindre sur moi. Il était si rare d'entendre l'inquiétude dans sa voix, qu'il hésita à gâcher cela. « Oui , » Répondit-il finalement après y avoir réfléchi prudemment. « Je peux le faire. Ne t'inquiète pas. »

Apparemment il n'aurait pas dû ajouter la dernière partie. Severus renifla et leva les yeux au ciel. « Vous surestimez votre importance, Monsieur Potter si vous pensez que je dépenserai de l'énergie à m'inquiéter pour vous. »

Si Severus lui avait dit cela il y a quelques mois, Harry aurait été blessé par un tel commentaire et aurait eu l'impression d'avoir mal évalué la situation. Mais maintenant, après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, Harry prit le commentaire pour ce qu'il savait être. Alors il a remonté ses murs. Tu fais erreurs Severus. Un de ces jours, tu vas faire une bêtise et tout le monde saura que tu as des sentiments. « Nous pourrons débattre de mon importance plus tard. Comme tu l'as dit, nous avons peu de temps. Sois prêt à parler, j'ai une longue série de questions pour toi. » Répondit facilement Harry.

Severus acquiesça simplement et resta où il était. Harry savait, sans en avoir vraiment la preuve, que Severus, attendait qu'il transplane pour être sûr qu'il aille vraiment bien. Sachant que traîner plus longtemps ne servirait qu'à débattre plus tard avec un Severus en colère, Harry amorça son transplanage et quitta Severus, le théâtre et le corps de Lucius derrière lui.


Ce n'était pas une promesse que je pensais avoir à tenir. Pensa Severus. Il transplana loin de ce lieu dans lequel il ne pensait pas avoir à revenir un jour, pas aussi longtemps qu'il vivrait. Adieu Lucius. Notre passé est mort maintenant. Je pourrais peut-être trouver un semblant de paix, et toi aussi.

Il était sur le point de transplaner quand une idée lui vint soudain à l'esprit. Avant qu'Harry ne parte il ne lui avait pas dit d'empêcher ses amis d'entrer dans la chambre. Pendant une seconde, il s'inquiéta de savoir si la pièce dans laquelle il transplanait serait pleine de monde ou non. Heureusement dans la pièce il n'y avait que Harry, assis derrière son ordinateur. Severus soupira de soulagement. Il avait décidé que s'il devait lancer un autre charme de mémoire aujourd'hui ce serait sur lui.

Harry se retourna quand il apparut. Il avait l'air calme et bien plus en possession de ses facultés qu'il ne l'avait été en se réveillant dans le théâtre. Severus n'était pas certain de savoir si oui ou non c'était une bonne chose. Il savait qu'Harry allait avoir beaucoup de questions à lui poser et le fait qu'il ne soit plus désorienté voulait dire qu'il devait tenir des propos censés puisque le jeune homme serait plus perspicace. Il espérait simplement qu'il ne soit pas suffisamment perspicace pour lui poser des questions auxquelles il serait maudit s'il répondait.

« Est-ce que ça va ? » Lui demanda Harry en le regardant intensément.

C'est l'une d'elles, je vois. « Bien sûr que je vais bien. » Claqua Severus énervé. Peut-être que s'il était suffisamment désagréable, Harry serait incapable de penser à lui poser des questions…difficiles. Ca valait la peine d'essayer, en tout cas. « Tu dois être sous l'illusion que je suis l'un de tes amis sans cervelles si tu penses que je vais m'effondrer et pleurer sur la mort d'un homme fou. »

Harry le regarda un instant de plus et acquiesça. Il ne pouvait pas encore déterminer si une acceptation aussi facile était ou non une bonne chose. « Donc, que s'est-il passé ? » Lui demanda Harry finalement, brisant ainsi le silence qui s'était installé après le commentaire de Severus.

« Je commence quand je t'ai quitté dans le couloir ? » Demanda Severus en s'asseyant sur le lit à côté du bureau.

« Je pense avoir deviné cette partie. » Répondit Harry. « Tu avais prévu d'aller chercher la cape d'invisibilité pour prétendre accepter son invitation de t'échapper dans le but de l'arrêter, c'est ça ? »

Severus remarqua qu'Harry n'avait pas utilisé une seule fois le nom de Lucius. Il eut le sentiment qu'Harry ne devait pas croire son assertion de bien être. Severus voulut donc faire mouche. Il acquiesça, « Essentiellement oui. J'avais espéré appréhender Lucius, l'emmener au Ministère et les laisser s'occuper de lui. Je m'étais attendu à ce qu'il te parle, Lucius a toujours eu un faible pour le mélodrame. Je ne pensais par contre qu'il utiliserait le doloris sur toi. Je te présente mes excuses pour cela. J'aurais dû agir immédiatement au lieu de lui donner cette opportunité. »

Harry haussa les épaules, « Ce n'est pas comme si c'était la première fois. Je crois que l'un des passes temps favoris de Voldemort était de voir combien de temps il pouvait me le faire subir avant d'être interrompu. »

« Là n'est pas la question. » Pour une fois que je m'excuse, il m'ignore totalement.

« C'est fini et je vais bien. » Reprit Harry en changeant de sujet, « Que s'est-il passé avec l'imperium ? Je croyais que… »

Severus secoua la tête. « Voldemort m'a fait subir beaucoup de choses et l'une d'elles fut l'imperium. Il aimait nous garder en ligne et quand il sentait que nous nous égarions ou quand il était déçu par notre comportement, il n'avait pas peur de nous punir. Etre exposé à répétition à quelques-uns uns de ces…sorts…intéressants m'a appris de manière précise comment ils affectent les malheureux qui les reçoivent. Après ça, c'était facile de prétendre. »

« Mais Lucius ne s'est-il pas souvenu de cela ? Il a été un mangemort. Ce qui t'est arrivé a dû lui arriver à plus d'une occasion. Pourquoi n'a-t-il pas su que tu simulais ? Comment as-tu fait d'abord ? Lucius était puissant dans la maîtrise de la magie noire. »

« Je connaissais très bien Lucius. » Expliqua Severus cliniquement. Sa voix ne trahissait pas ce qu'il ressentait. « Il était fondamentalement le même aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Et s'il y avait un défaut majeur dans sa personnalité en dehors d'avoir été attiré par la magie noire et par Voldemort, c'était sa tendance à croire quelque chose parce qu'il le voulait sans se demander si ce qu'il croyait était la vérité.

« Lucius voulait croire que j'étais sous son contrôle. Parce que j'ai agi comme si j'y étais, parce que j'ai agi comme il le voulait, comme il le croyait. Il avait tendance à se reporter un peu trop au passé en oubliant le reste. C'est le problème avec la croyance Harry. Elle déforme la réalité et te montre ce que tu veux voir. »Dit Severus calmement. « Et c'est une chose vraiment dangereuse. »

« A-t-il simplement mal jeté le sort ? » Lui demanda Harry. Il avait l'impression qu'il y avait quelque chose derrière tout ça qu'il devait savoir mais il ne savait pas ce dont il s'agissait. C'est son regard perceptif qui rendit Severus mal à l'aise. « Est-ce pour cela que tu as été capable de le combattre ? »

« Oh non, Lucius était un sorcier accompli dans l'utilisation de la magie noire. C'était presque une seconde nature pour lui. » Reprit Severus d'une manière complètement désinvolte qui contrastait étrangement avec la gravité de la situation qu'ils venaient de vivre. « Le sort a été correctement lancé, aussi puissant qu'un sort de Lucius puisse l'être. » Il rit doucement dans sa barbe. « Mais si la magie noire était presque une seconde nature pour lui, elle a toujours été une seconde nature pour moi. »

« Quoi ? » Demanda Harry d'un air surpris.

« Oui. C'est pourquoi Voldemort me voulait dans ses rangs. Non seulement j'étais très doué dans une discipline que la plupart des sorciers ne comprennent pas, j'étais aussi très compétent dans la pratique de la magie noire. » Severus sourit ironiquement. « Je n'étais pas un adepte de la magie bienveillante, comme les sorts de guérison, mais la magie noire ne m'a jamais posé de problème. Donc, non, toutes choses considérées, il m'a été incroyablement facile d'éviter d'être placé sous son contrôle. » Ce que Severus venait de dire était vrai. Et s'il avait résumé beaucoup de choses sous le titre général de « toutes choses considérées » que Harry aurait trouvé très intéressantes à savoir, Severus avait le sentiment qu'il ne pouvait en être tenu pour responsable. Après tout, certaines choses considérées comme étant les affaires d'Harry, n'y étaient absolument pas.

S'il avait été n'importe qui d'autre, Severus aurait remercié Harry pour tout ce qu'il avait dit pour le défendre quand il le croyait sous l'influence de Lucius. Ce fut un choc pour lui d'entendre Harry, entre tous, se battre pour lui. Et s'il lui était difficile de l'admettre, il lui en était très reconnaissant. A ce moment là, il lui avait fallu résister à la tentation de sourire d'un air suffisant à Lucius qui ne s'attendait probablement pas à ce qu'Harry s'intéresse à ce qui lui arriverait. Cependant il ne pouvait pas exprimer sa reconnaissance envers Harry. C'était trop personnel. Sa fierté ne lui aurait jamais permis de le remercier pour sa surprenante loyauté mais intérieurement Severus pouvait être fier de lui, même s'il ne pourrait jamais dire à Harry à quel point ça avait compté pour lui.

« Et l'Avada Kedavra ? » Demanda Harry qui ne semblait pas avoir remarqué que Severus était perdu dans ses pensées. « Comment… » Il se tut, un peu mal à l'aise comme s'il avait peur que parler de la mort de Lucius le mette en colère.

« Pourquoi est-ce que Lucius a été tué et non toi ? » Demanda Severus franchement.

Harry acquiesça, « Je me souviens avoir entendu ta voix juste avant de m'évanouir. « Par contre, je ne sais pas pourquoi je suis tombé dans les pommes. »

« Il avait trop confiance en sort ça. Ca l'a perdu. Pendant qu'il était distrait à jeter son sort, j'ai dépassé son influence et je me suis retourné contre lui. » Severus haussa les épaules comme si ce n'était pas important. « A ce moment là, il ne pouvait pas le dévier.

« Tu t'es évanoui parce que tu as été libéré violemment du sort qui t'empêchait de bouger et de celui qui te retenait contre le mur, quand il est mort. Malheureusement pour toi, le sort qui gardait les moldus figés et silencieux, a également pris fin et j'ai dû m'occuper d'eux. Sinon je t'aurais rattrapé avant ta chute. Quand ta tête a frappé le sol, tu t'es évanoui, inconscient. Indubitablement ta tête avait pris trop de coups. Si on ajoute à cela la tension que tu as subie, ton esprit a été trop nourri et a décidé de s'arrêter »

Harry retourna les informations dans sa tête avant d'accepter. « Qu'est-il arrivé aux moldus ? »

« Je leur ai jeté le charme d'oubliette avant de les laisser se ruer hors du théâtre » Expliqua Severus. « C'était un peu plus compliqué que d'habitude puisque je ne pouvais pas simplement leur effacer la mémoire. D'autres avaient certainement remarqué leur absence et effacer une longue période de temps aurait causé plus de problème que de l'altérer pour qu'ils croient ce qu'ils ont vu. »

Harry le regarda avec suspicion « Que leur as-tu fait ? »

Severus feignit d'être insulté. « Pourquoi penses-tu naturellement que je leur ai fait quelque chose de mal ? »

« Parce que tu es toi. »

« Tu as finalement compris ça ? Bravo. » Commenta Severus sournoisement.

« Oh, tais-toi. »

Quelques minutes de silence s'écoulèrent avant qu'Harry ne baisse les bras de dégoût. « Bon, vas-tu me dire ce que tu leur as fait oui ou non ? »

Severus haussa un sourcil, curieux. « J'ai peur que tu ne te contredises toi-même. Veux-tu que je reste silencieux ou veux-tu que je termine mon explication. Tous ces signaux différents ne sont pas clairs pour moi. »

Severus fut amusé de voir un muscle frémir sous l'œil d'Harry. « Parle. » Harry grinça des dents. On aurait dit que rien ne lui aurait fait plus plaisir que de le frapper.

« Ils croient qu'un homme armé les a pris en otage et qu'un étudiant dont ils ne peuvent pas se souvenir des traits s'est battu pour lui prendre son revolver, l'a mit KO et leur a demandé d'aller chercher de l'aide. » Dit Severus sérieusement. « Heureusement les autres moldus attribueront leur collective confusion à une expérience traumatisante et laisseront tomber. »

« Pourquoi ce scénario ? » Lui demanda Harry.

« C'est le plus proche de la vérité. Et je pense que tu ne voulais pas d'un autre groupe de personnes te poursuivant ni de nouvelles vagues d'adorateurs du grand héros. »

« Moi ? De quoi parles-tu ? »

Severus haussa les épaules, « Je sais que tu es fatigué que le monde sorcier te considère comme son héros. J'ai simplement pensé que tu voulais conserver ton anonymat ici. Tu n'auras pas un groupe de fans moldus te courant après.

Harry secoua la tête. « Mais je n'ai rien fait. C'est toi qui les as tous sauvés. Tu es le héros, pas moi. Si tu n'avais pas tué Lucius, il les aurait tués dès qu'il en aurait eu fini avec moi. La seule chose que j'ai faite est d'être épinglé au mur. »

Severus le regarda dans les yeux en se demandant s'il n'avait vraiment pas conscience du rôle qu'il avait joué dans le sauvetage des moldus. « J'ai fait vraiment très peu aujourd'hui. » Répondit Severus. « C'est toi qui nous as tous sauvés. »

« Je n'y crois pas. Comment aurais-je pu sauver qui que ce soit ? » Lui demanda Harry incrédule.

« Juste parce que tu le crois pas, ne veut pas dire que ce ne soit pas vrai. Si ça n'avait pas été pour toi, Lucius aurait tué les moldus, je n'aurais été rien d'autre qu'un de ses esclaves sans esprit et tu serais mort. Tu n'aurais été rien de plus qu'un symbole de son pouvoir. »

« Quoi ? » Il lui sembla que c'était la centième fois qu'il posait cette question depuis une heure. « Ca ne veut rien dire du tout. Tu viens juste de m'apprendre que tu n'avais jamais été assujetti à son pouvoir et qu'il t'avait été très facile de briser le sort de l'Imperium. Ce que tu dis n'a pas de sens. »

Severus sourit malicieusement. « Non, Harry, tout ce que j'ai dit est parfaitement censé. » Ce serait plus facile si je t'expliquais, je n'en ai aucun doute. Alors tu comprendrais précisément pourquoi l'imperium a échoué. Mais je ne peux pas le fait. Tu n'as pas besoin de savoir ce que son sort m'ordonnait de faire. Tu n'as pas besoin de savoir pourquoi il m'était impossible d'exécuter son ordre. Harry le regarda comme s'il était fou, « Tu vas devoir me croire, Harry. Tu l'as déjà fait une ou deux fois avant. Une fois de plus ne te fera pas de mal. »

Harry prit une expression refrognée, « Ca répond à la question, 'comment les choses pourraient-elles être pires ?'. On répond alors que ça ne peut pas faire de mal ou ça ne peut pas être pire et en général c'est ce qui arrive. »

« Etre superstitieux ne vous ressemble pas, Harry Potter. »

« Etre délibérément obtus ne te ressemble pas non plus, même si tu aimerais l'être. »Lui renvoya Harry.

Severus sourit d'un air satisfait. Oui, Harry allait bien s'il pouvait se défendre seul. Tu seras ce dont le monde sorcier a besoin, bientôt, Harry. Tu seras l'homme vers lequel ils se tourneront quand ils en auront besoin. Tu seras suffisamment fort pour faire face à n'importe quoi. Et en plus, tu en seras conscient.

Severus ne put s'empêcher de se sentir satisfait. Son travail à l'université était accomplit. Harry avait retrouvé la mémoire et il était en vie, Lucius Malfoy, lui, était mort. Il pouvait à présent retourner à Poudlard, dans ses cachots et s'enfermer chez lui aussi longtemps qu'il en aurait besoin pour digérer tout ce qui s'était passé à New York. Il savait que ça prendrait un certain temps pour qu'il se réconcilie complètement avec certaines choses qui se sont passées et certaines choses qu'ils avaient apprises.

Harry semblait penser la même chose. « Tu peux partir maintenant, c'est ça ? Ton travail est fini. »

Etait-ce son imagination ou l'idée n'avait pas l'air d'enchanter Harry ? Assis là, Severus sentit un picotement de regret à l'idée de partir. Ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde et il doutait qu'ils le deviendraient un jour, mais ils pouvaient avoir une véritable conversation maintenant. Il devait avouer, même s'il détestait l'admettre, qu'il les appréciait. Il existait très peu de personnes qui faisaient l'effort de discuter avec lui, qui prenaient du temps pour essayer de passer au travers de la myriade d'insultes qu'il était plus que prêt à leur soumettre dans le but de se prot… l'empêcher de le déranger.

Il ne fallait pas être doté d'une grande intelligence pour savoir que l'alliance chancelante qu'il existait entre Harry et lui se dissoudrait dès qu'ils seraient séparés. Il retournerait à Poudlard et peut-être que plus tard, Harry viendrait voir Granger, Weasley et d'autres personnes qu'il avait laissées. Et s'il croisait à nouveau le chemin de Severus, pendant ce laps de temps, l'animosité reviendrait. Il n'était pas assez fou pour croire que l'amitié boiteuse qu'ils avaient partagée à l'université continuerait à Poudlard, où Harry aurait un tas d'admirateurs et d'amis.

« J'imagine que Granger sera plus qu'heureuse de me redonner ma place. »Dit Severus en optant pour un sujet plus facile et moins personnel que de dire ce qu'il pensait. « Elle doit d'ores et déjà réaliser qu'enseigner un sujet aussi précis que les potions à un groupe de première année, n'est pas seulement impossible mais aussi hautement exaspérant. »

« Dis-lui bonjour de ma part, veux-tu ? » Lui demanda Harry, « Dis-lui qu'elle me manque. »

« Tu peux partir d'ici. » Suggéra Severus, « et le lui dire toi-même. »

« Je n'ai plus qu'un an à faire. » Objecta Harry, « Je perdrai trop si je partais maintenant. Un diplôme moldu ne signifie pas grand-chose dans le monde sorcier, je sais. Mais c'est important pour moi de finir ce que j'ai commencé ici. En plus qui sait ce que je ferai de ma vie. C'est toujours bon d'avoir un plan de secours même si je ne sais pas encore ce que c'est. » Ajouta-t-il après un temps. « De plus, mes amis se demanderaient ce qui s'est passé si je disparaissais maintenant. Je ne serais pas un très bon ami si je les quittais sans leur dire au revoir. »

« Quand tu auras fini ici, tu devrais aller à Poudlard. Je sais que tes amis là-bas seront anxieux de te revoir. » Lui conseilla Severus en ignorant volontairement la pointe de déception qu'il ressentit en entendant Harry dire qu'il ne voulait pas quitter l'université. « Tu voudras probablement leur écrire bientôt. Je dirai à Albus ce qui s'est passé naturellement. Mais je suis sûr que tes amis voudront entendre l'histoire de ta bouche et savoir si tu vas bien. »

« Attends, tu pars maintenant ? »Harry était pratiquement debout avant que les mots aient fini de sortir de sa bouche.

Severus haussa les épaules, indifférent. « Je ferais bien. Albus devra bien sûr savoir que Lucius est mort. Même s'il est patient quand il attend un rapport, surtout quand tu es concerné, mais il me sera plus pratique de le lui donner personnellement. Après tout, je n'ai aucune raison de rester ici plus longtemps. »

« Oh » Harry s'effondra sur sa chaise. Il essaya, mais échoua misérablement de ne pas avoir l'air abattu. Severus ne comprit pas pourquoi le jeune homme se comportait ainsi. « Ouais, je pense que tu as raison. Tu vas retourner jouer avec tes potions maintenant. »

Severus prit un air renfrogné. « Je ne 'joue' pas avec mes potions. Tu ne m'as pas entendu parler de toi et de ton idiot de balai, non ? Tu as tes divertissements, j'ai les miens. »

Harry rit, mais il était contenu et moins franc que celui dont Severus s'était habitué en vivant avec lui. Est-il possible que je lui manque réellement ? Se demanda Severus avant d'en écarter complètement l'idée. Je pense que c'est toi maintenant Severus qui te donne trop d'importance. Ce furent quelques mois…intéressants. Pars simplement et rentre à la maison, là où tu appartiens vraiment.

Il décida que rester à discuter de quand devrait partir ne servait à rien. Il emballa donc ses maigres possessions. Ce n'était pas moi de toute façon, pensa-t-il, en jetant un pantalon dans son sac. Ca me fera du bien de rentrer et de redevenir moi-même. Au lieu de prétendre…Ce que j'ai prétendu être ces dernières semaines.

« Que dirais-je à Kevin, Ben et Cate quand ils me demanderont où tu es ? »Lui demanda Harry quand Severus fut prêt à transplaner pour Poudlard.

« Ce que tu veux. Si c'est plus facile, dis leur que je suis mort dans l'incendie avant que les pompiers n'arrivent. » Suggéra Severus, ça lui était égal. « Je ne crois pas que ce soit vraiment important. Albus s'occupera des détails avec la faculté. Ainsi tu n'auras pas besoin d'expliquer mon absence à qui que ce soit d'autres. »

« Ce sera bizarre ici sans toi. » Dit calmement Harry.

« Tu t'y habitueras comme tu l'as fait quand je suis arrivé. » Offrit Severus. Il ne savait pas quoi lui dire. Il ne comprenait pas ce qu'il voulait dire. « Après tout, tu auras à nouveau ta chambre pour toi seul. »

« Ce n'était pas aussi mal que je l'avais imaginé, » Admit Harry lentement, « d'avoir un colocataire. C'était même amusant. »

« Tu peux peut-être en demander un autre. Un de ton âge qui aurait davantage de points communs avec toi. » Harry l'étudia un moment en silence puis haussa les épaules. « Je pourrais. »

« Je dois partir maintenant. » Severus réajusta le sac sur son épaule qui commençait à lui couper la circulation du sang. « Bonne chance pour ton année. Je suis sûr que tout se passera bien. Surtout si cette année est un indicateur. Au revoir, Harry Potter. »

Severus n'avait jamais été sentimental et n'aimait pas les longs adieux. Il avait dit tout ce qui devait être dit. C'était assez. Il se concentrait pour transplaner quand Harry s'écria. « Tu pourrais rester ! »

La concentration s'effaça, Severus le regarda avec stupéfaction, « Quoi ? »

« Reste là ! » Expliqua Harry en faisant un grand geste des mains, « Ce n'est qu'une année après tout. Et tu dis qu'Hermione enseigne les potions. Je suis sûr que le professeur Dumbledore ne dirait rien si tu restais. Il aimerait l'idée d'ailleurs. Je veux dire, je viens juste de retrouver la mémoire. Qui sait si Lucius n'a pas quelques larbins qui voudraient le venger ? Enfer, peut être que Drago voudra verser mon sang pour la mort de son père. Le professeur Dumbledore veut peut-être que tu restes et que tu me protèges jusqu'à ce que je puisse partir et retourner avec toi à Poudlard. » Finit-il dans la précipitation.

De toutes les choses qu'Harry aurait pu dire, il ne s'était pas attendu à celle-ci. Rester ici dans une ville remplie de moldus, être obligé de vivre dans une chambre étroite dans un bâtiment plein de moldus n'avait jamais fait parti des projets de Severus. Il voulait partir, partir loin de tout et retourner à la normalité de son rôle d'enseignant. Le plus grand groupe de dindes que Poudlard ait eues, réalisa Severus avec dégoût. Retourner voudrait dire davantage de regards furtifs et suspicieux de la part des étudiants, danser davantage 'autour des petites phrases significatives' d'Albus et de son exécrable tendance à se mêler de sa vie. Et bien que ce serait incroyablement satisfaisant de confronter Albus sur la raison pour laquelle il avait altéré sa mémoire sans sa permission, Severus ne pouvait ignorer la lueur d'espoir qui s'était allumée quand Harry l'avait empêché de partir. Severus ne savait pas et ne voulait pas explorer la signification de cette lueur d'espoir.

« Tu veux que je reste ? » Demanda-t-il à Harry prudemment. Peut-être Harry ne savait pas vraiment de quoi il parlait.

« Pourquoi pas ? Je veux dire, ce serait plus facile pour tout le monde. » Eclaircit Harry quand il vit que Severus ne partait pas encore.

« Je ne vois pas en quoi rester serait plus facile pour tout le monde. »

« Ecoutes, si tu restes, le professeur Dumbledore n'aura pas besoin de se mêler des affaires de la faculté et d'excuser ton absence. Et moi je n'aurais pas besoin de raconter une histoire ridicule à mes amis et leur expliquer pourquoi je ne suis pas inquiet. Et tu n'auras pas à reprendre tes cours au milieu de l'année. »Dit Harry en essayant d'être persuasif. « En plus tu pourrais avoir un diplôme universitaire. »

« Et que pourrais-je bien faire d'un diplôme universitaire ? »

Harry le regarda d'un air ébahi. Apparemment il n'en avait aucune idée.

« Euh…Ben…. »

« Précisément. Rien. » Dit Severus succinctement.

Une brève seconde, Harry sembla déconfit puis l'expression se mélangea en une sorte d'inspiration. « Il y aura aussi bon nombres d'occasions où tu pourras te moquer de moi. »

Severus sentit le coin de ses lèvres remonter « Bon nombres ? Est-ce une promesse ? » Il ne parvenait pas à croire qu'il y pensait sérieusement. C'était de la folie. Lui rester, avoir à souffrir une autre année avec Harry, avant de pouvoir retourner à ce qu'il appelait son « chez lui », passerait à l'allure d'un escargot. Je dois avoir perdu l'esprit. Par les neufs noms de l'Enfer, qu'est-ce qui ne va pas avec moi ?

« Si tu restes » Reprit Harry, en le regardant avec anxiété, « tu pourras te moquer de moi autant que tu le voudras. » J'imagine très bien ce que je vais dire à Albus, 'Désolé. Je ne peux pas rentrer maintenant. Il se trouve que j'aimerais passer une nouvelle année avec l'agaçant gosse. Je suis sûr que Granger pourra couvrir mes cours une année supplémentaire. Mais après ça, je rentrerai : vraiment.' Oh oui, ce serait vraiment splendide. Il y avait trop de mauvais points dans cette suggestion. Il avait un boulot en Angleterre qu'il ne pouvait pas abandonner simplement parce qu'il le désirait. Il détestait l'université, voulait en partir et ne jamais y revenir. Il savait qu'Harry et lui passeraient la majeure partie de leur temps à se disputer. D'ici demain il aurait changé d'avis, c'était juste une idée stupide, mais contre toute logique rationnelle, il voulait rester.

Il veut vraiment que je reste. Pensa-t-il avec stupéfaction en observant Harry qui semblait prêt à exploser en attendant la décision de Severus. Mais…Pourquoi ? Ca n'avait aucun sens logique. Mais la mission par elle-même, celle que lui avait confiée Albus, n'avait pas de sens depuis le début. Une image lui vint spontanément à l'esprit : un souvenir du jour où Albus lui avait parlé de sa mission. « Ron, arrêtez de contrarier Severus. Cela ne nous aide pas. Hermione, calmez-vous et ne vous inquiétez pas! Vous êtes plus que qualifiée pour enseigner les potions un an ou deux pendant que Severus est au loin.» Severus sentit presque le temps s'arrêter. « Vous êtes plus que qualifiée pour enseigner les potions un an ou deux pendant que Severus est au loin.»

« Il savait. » Murmura Severus.

« Quoi ? » Harry demanda confus.

Severus le regarda. Il avait l'impression que le sol s'était ouvert sous ses pieds. « Il savait. Albus savait. »

« Il savait quoi ? » Harry se mit sur ses pieds et alla vers Severus. « Allons, Severus, tu es en train de me faire peur. Que se passe t'il ? »

Severus secoua la tête. « Je ne sais pas. » Harry allait lui demander une explication quand il continua. « Je reste » Annonça-t-il à propos. A ce moment là, il n'avait pas pensé que le commentaire d'Albus était important. Il était trop préoccupé de savoir s'il allait ou non perdre son travail pour se demander si Albus parlait de généralité ou plus spécifiquement de lui. Maintenant Severus savait que ce n'était pas un commentaire d'ordre général. Albus Dumbledore ne disait jamais rien par accident, sans but.

« Tu restes ? » Répéta Harry perplexe.

« Oui. »

« Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? » Ne put s'empêcher de lui demander Harry, « Ce n'est pas que je veuille que tu partes mais il me semblait que tu n'avais pas l'intention de rester. »

« Je ne pense pas avoir d'autres choix que de rester un an de plus. »

« Severus s'il te plait, ça ne veut rien dire. Que se passe t'il ? »

Que se passe t'il Albus ? Je pourrais excuser beaucoup de choses en les désignant comme vos particularismes personnels. Mais pas ceci. « Albus savait, Harry. Il savait que j'accepterai ton invitation et resterai ici l'année prochaine. » Expliqua Severus en regarda attentivement Harry dans les yeux. « Il a dit à Granger, le jour où nous avons décidé de ce que nous devions faire, qu'elle occuperait mon poste pendant deux ans. »

« Mais c'est impossible » Protesta Harry. « Comment aurait-il pu le savoir ? »

Severus secoua la tête. « Je ne connais pas la réponse à cela. » Dit-il sombrement « Tout ce que je sais avec certitude, c'est qu'Albus est sur quelque chose. Et quand nous retournerons à Poudlard, j'ai l'intention de découvrir de quoi il s'agit. »

Et voilà, Fine Lines est terminé.

Prochain volet : Shades of Grey (Nuances de gris) : Harry et Severus sont de retour à Poudlard.