Bonsoir tout le monde !

Me revoici avec ce nouveau chapitre tant attendu ! Je vous ai fait attendre … beaucoup attendre !

…. Qui a dit trop ?

Je remercie tout ceux qui m'ont écris pour me transmettre leur soutien … et tout ceux qui l'ont pensé ! Vous n'imaginez même pas combien ça fait du bien.

Je prendrais le temps de remercier tout le monde personnellement dans les jours à venir. En attendant, je vous laisse avec mon nouveau-né … qui attend depuis bientôt deux semaines d'être posté …

… Nan … nan, ne me regardez pas avec ces yeux noirs … cette fois, j'y suis pour rien, je n'avais pas accès à mon compte pour publier ! Non mais Oh !

Et oui, je vous entend penser depuis l'arrière de mon écran … le chapitre 15 est en route aussi !

Voilouuuuu … j'attends avec impatience vos avis bon, mauvais, drôle … tout me va ! Je suis preneuse !

Un dernier avertissement : le style d'écriture ainsi que le rythme a peut-être un peu changé depuis mon dernier chapitre. Plusieurs années sont passées et je suppose qu'on a tous beaucoup changés … moi la première.
Aussi j'espère que ces changements ne vous perturberont pas trop et que vous apprécierez ce chapitre autant que moi j'ai aimé l'écrire !

Je vous embrasse tous et vous dis à bientôt !
Eternity


Chapitre 14 : Toi, la guerrière, moi, ton esclave ... eux, notre monde !

Je me sens si bien … la tête posée sur la poitrine d' Orphéa, je me sens bercé par les battements réguliers de son cœur… Sa main passe et repasse dans mes cheveux.
Je me sens si bien … Je me sens vraiment bien … Mes yeux papillonnent quelques secondes avant de se fermer. Je m'enfonce doucement dans un sommeil cotonneux.
Ô doux sommeil réparateur, toi qui m'a échappé pendant ces longs mois, je désespérai de sentir de nouveau tes bras m'envelopper et …

- Bonjour les jeunes !

Je sursaute brutalement et rate le bord du lit. Le choc entre mes fesses et le parquet finit de me réveiller totalement.

- Oups ! Pardon jeune homme. Mon entrée était-elle si brutale pour ton petit cœur fragile ?
- Archibald voyons. Soit moins blasé veux tu ! Le minimum serait que tu t'excuses quand même !
- Oui, oui, j'y penserais. Au moins comme ça, je suis sûr qu'ils ne sont pas fooortement occupés !

Je me relève en massant douloureusement mes fesses alors que, sur le lit, confortablement installée, ma douce et tendre a l'air de trouver tout ça particulièrement drôle.

-Féa, tu pourrais avoir un minimum pitié pour moi s'il te plaît ? Je me sens un peu seul et ridicule comme ça. Tu es sadique !

Elle rit encore quelques secondes avant de me répondre.

- Rassures toi mon amour, ce n'est pas qu'une impression !

Je l'observe se marrer allégrement, l'œil humide, puis je me décide à prendre ma terrible vengeance. Une malveillante idée germe dans ma tête alors que je bondis sur le lit, sourire dangereux aux lèvres, et attrape Orphéa par les chevilles.
Elle pousse un petit cri lorsque je la tire vers moi. Elle tente de s'agripper aux draps, les entraînant dans le mouvement.

Une fois qu'elle est juste devant moi, je me baisse et, d'un geste, la bascule sur mon épaule.
Le cri qu'elle pousse alors trouve gentiment le chemin jusqu'à mon tympan, certainement dans le but de mettre ce dernier hors-service …
Je grimace légèrement en faisant demi-tour.

- Harry ! Qu'est ce que tu fais ? Repose moi !
- Oui, oui ! C'est cela ! Ne t'inquiète pas, je n'en ai pas pour très longtemps !
- Où tu m'emmènes, espèce d'homme des cavernes !
- Chacun son tour de rire un peu ma chérie !

Alors qu'elle se débat furieusement , je ricane en poussant la porte de la salle de bain du pied.

- Repose moi, brute !
- A tes ordres, ma douce !

Je la remet tranquillement au sol, soulageant mon épaule meurtrie.
Elle se redresse devant moi, les mains sur les hanches. Je souris alors qu'elle doit lever la tête pour me fixer dans les yeux.

- Qu'est ce que tu prépares encore, Harry Potter ?
- Froid !

Elle n'aura pas eu le temps d'ajouter quoi que ce soit. La douche, sous laquelle elle était « malencontreusement » placée, s'est, tout aussi « malencontreusement », lancée … en mode froid !
Non non … je vous assure, je n'ai absolument rien à y voir. Ce n'est après tout pas de ma faute si dans cette merveilleuse maison, les douches sont magiques et s'allument avec un seul mot.

Son cri achève mon pauvre et malheureux tympan mais rien qu'à voir son regard furieux, je me sens satisfait de ma blague.

Je ricane … et admire le spectacle. Elle est magnifique, là, dans la douche, droite et fière dans son amour-propre bafoué. Sa robe verte lui colle au corps … et je déglutis alors que de nombreuses et tendancieuses images envahissent ma tête.
Elle repousse sa masse de cheveux noirs d'un geste impatient avant de me fusiller du regard. Cette femme est ma malédiction, une tentatrice qui a capturé mon cœur … et je m'offre avec délice à l'enfer de ses yeux couleur de paradis.

Elle s'avance lentement vers moi, agrippe mon tee-shirt et se colle le long de mon corps. Les bras ballants, j'observe une goutte d'eau glisser entre ses yeux, le long de ses nez, s'arrêtant à la commissure de ses lèvres.

Je vous avais dit que j'avais toujours voulu être une goutte d'eau ?

Et alors que ses lèvres s'ourlent d'un sourire, je vois la terrible goutte se perdre entre elles, m'appelant à la suivre. Alors je cède à la tentation, je me penche et attrape le fruit défendu du bout des lèvres.

Je sens Orphéa me tirer en arrière, me faire pivoter et se couler de nouveau le long de mon corps alors que je sens le carrelage froid dans mon dos. Je sens son souffle contre ma bouche, sa langue contre la mienne. Ma main s'égare le long de sa colonne, je la sens frémir. Mon corps s'échauffe alors que je tente de me coller encore plus contre elle. Je veux me noyer en elle, je recherche le maximum de contact, je suis en manque de sa peau et de son corps à chaque minute, à chaque seconde qui passe.
Et alors que ma main glisse sous l'ourlet de sa robe, je l'entend souffler contre ma bouche.

- Froid !

L'eau glacée a une capacité de refroidissement des ardeurs très impressionnante … 3 secondes !
Je grommelle dans ma barbe inexistante alors que je sens l'eau s'infiltrer dans mes vêtements et coller désagréablement le tissu à ma peau.
Vraiment … très … désagréable !

Contre moi, Orphéa rit doucement. Ses yeux pétillent lorsqu'ils se posent sur moi.
Après ces longs mois de doute et d'incertitude, je retrouve enfin ma place. Je me sens enfin prêt à faire face au monde entier.
Ma décision d'être complètement seul vacille comme une flamme sous le vent.
Tourner le dos à mes amis était presque simple … Et même si ma raison me hurle de laisser Orphéa et Cyléna dans cette maison, à l'abri, mon cœur se sent incapable de subir à nouveau cette perte. Je me sens tellement perdu lorsqu'elle n'est pas là, tellement instable. Je réalise que ma force n'est rien sans le pilier qu'elle incarne.

Alors je m'accroche désespérément à elle, dans l'espoir d'obtenir les réponses à tout, aux combats, aux morts, aux mensonges qui entourent ma vie, à ma relation avec mes amis … qui est devenue si compliquée. Nous ne parvenons plus à nous comprendre et dans le chaos que sont devenues nos vies, nous avons été complètement dépassés par nos peurs et nos sentiments, trop lourds à porter pour les adolescents que nous sommes encore.

A ce moment, serré contre le corps chaud de la femme que j'aime, je me dis que tout est possible... et je repense à Dean … à Hermione … aux mains qui se sont tendues.
Peut-être que si ils comprennent, peut-être que si ils voient les mensonges autour de nous, peut-être que si ils s'obstinent, … alors peut-être pourrons-nous nous battre côte à côte … En espérant qu'un jour, j'ai enfin la force de les protéger de tout ça, de moi et du danger que je représente !

Je recule mon visage et croise le regard d'Orphéa. Les paillettes d'or de ses pupilles brillent comme des étoiles, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Elle aussi, il faudra que je la protège. Maintenant qu'elle appartient à mon monde, et vu ce qu'elle y représente, elle est d'autant plus susceptible d'être prise pour cible. Je ne suis pas certain qu'elle accepte de rester en sécurité ici … en fait, je crains même qu'elle ignore toutes mes mises en garde.

Doucement, je sens une main remonter contre mon ventre, me faisant perdre le fil de mes pensées pour ne plus voir que la superbe brune qui, actuellement, s'amuse à me caresser l'estomac du bout des ongles.
Progressivement, je sens une douce chaleur se diffuser dans mes reins. Reprenant la bouche d' Orphéa, je lâche un grognement. J'ai faim d'elle, encore et encore, toujours faim de son corps et de de sa chaleur, de ses yeux qui me montrent son amour pour moi. Alors, je n'y tiens plus, je la soulève alors qu'elle passe ses jambes nues autour de ma taille et, sous l'eau encore froide de la douche, je la redessine avec ardeur.


- Ah, ces jeunes !
- Voyons Archibald ! Ose me dire que tu n'étais pas ainsi à leur âge !
- Hum hum ! Nous n'avions pas de douche à cette époque.
- Oh et bien, je ne doute pas que tu ais trouvé des utilités à tant d'autres objets dans cette demeure.
- Crois moi Elizabeth, tu ne veux pas savoir …
- Si cela peut te rassurer, très cher cousin, ta chère et tendre Charlotte ne tarissait pas d'éloges et de détails croustillants. A l'inverse de toi …
- Pardon ?
- Hum ? Tu vas bien Archibald ? Voyons, respire! Je sais bien que tu es mort mais cela est très mauvais pour le teint.
- Oh toi ! Laisse moi tranquille !
- Ne grogne pas ainsi Archi, c'était nos belles années après tout.
- Quelle idée ! Si c'est ainsi, débrouille toi avec ces deux-là ! Entre pervers, vous devriez bien vous entendre ! Je retourne dans la salle à manger, ça empestera certainement moins la luxure à des kilomètres à la ronde.
- Quel boudeur !
- Et n'oublie pas la lettre, « très chère cousine ! »


Je sors enfin de la salle de bain en riant, évitant en même temps la serviette de bain lancée par Orphéa.
- Dehors, espèce de grand bêta !
- Tu es siiii susceptible ma douce !
- Et toi, tu es con !
- Moui, je suppose que tu as raison …

Que voulez vous, je trouve très drôle de taquiner Orphéa sur des histoires de poids et de peau d'orange … alors qu'elle est parfaite ! J'aime la voir grogner avant de s'examiner dans la psyché.
Ah, les femmes !

- Ah Harry ! Je désespérais de vous voir sortir.
- Elizabeth ! Que voulez vous … j'use et abuse de votre arrière petite-fille !

Je vois le vieux portrait esquisser un sourire en coin avant de me répondre d'une voie mutine.

- Oui, j'ai en effet cru entendre ça mon jeune ami !
- Ce n'est pas beau d'écouter aux portes vous savez !

Je crois qu'elle devait retenir son rire depuis un moment puisqu'il aura suffît de cette remarque pour qu'elle se lance dans un grand éclat de rire.

- Je n'en ai pas eu besoin Harry !
- Et ça aussi, c'est encore ta faute !

Je me retourne vers ma chérie, qui se tient droite dans son peignoir, le regard furibond, le rouge aux joues d'avoir été entendue.

- Espèce de pervers!
- Comme si ça te dérangeait !

Je cache mon sourire derrière ma main alors que je vois la rougeur s'étendre sur le visage de ma tendre petite fée.
Puis, je me tourne de nouveau vers le portrait qui nous observe d'un œil attendri.

- Archibald n'est pas avec vous aujourd'hui ?
- Ce vieux grognon ? Il est parti ruminer dans la salle à manger !
- Vous l'avez encore taquiné sur des sujets sensibles ?
- Oh à peine !

Je lui jette un coup d'œil ironique. Depuis mon arrivée, il y a trois jours maintenant, j'ai appris à cerner le vieux couple de cousins qui hante les tableaux du manoir.

- Ne prenez pas cet air sceptique Harry !
- Que voulez vous Elizabeth, je ne crois plus les femmes seulement sur leurs sourires. Je ne suis plus sensible qu'au charme d'une seule d'entre elles !

Et Orphéa qui rajoute, la tête au fond de l'armoire :

- Mais j'espère bien !

J'échange un regard amusé avec Elizabeth en me tournant à mon tour vers la grande armoire.

- Et à part ça, vous vouliez quelque chose ?
- Ah oui ! Vous avez reçu une lettre. Votre chouette s'est installée dans votre chambre Harry.

Je ressors brutalement la tête de l'armoire. Un silence s'installe avant que je ne réponde.

- Merci Elizabeth !
- Je vous en prie ! Si vous avez encore besoin de moi, je descend en salle à manger. Je pense que je vais aller taquiner encore un peu Archibald avant l'heure du dîner.

Et elle disparaît du cadre, il ne reste plus alors qu'un vulgaire fond bleu marine immobile. Je passe un caleçon et un pantalon avant de m'avancer vers la porte menant à ma propre chambre.
Enfin … ce qui est supposé être ma chambre, étant donné que je passe toutes mes nuits dans la chambre de la maîtresse de maison.
Orphéa me suit sans bruit et s'assoit à mes côtés alors que je récupère le rouleau à la patte de Hedwige. Le sceau qui le ferme ne laisse aucun doute quant à sa provenance.

Il y a trois jours, après avoir passé la journée à embrasser et à câliner Orphéa, j'avais suivi son conseil et écrit à Dumbledore, afin de ne pas provoquer plus d'émules autour de ma disparition.
Et voilà la réponse !

Harry,

Tu t'imagines aisément mon soulagement lorsque j'ai reçu ta lettre.
Nous avons en effet été très inquiet de ta disparition après la bataille. Nous t'avons cherché des heures durant dans tout les environs.

Tu n'as pas précisé le lieu où tu résidais ni le nom de la personne qui t'avais sauvé, aussi je me permet de te le demander. Il serait bon que nous sachions où te contacter si le besoin se faisait sentir. De plus, j'aimerais grandement avoir l'occasion de rencontrer cette mystérieuse personne dont tu as l'air de faire grand cas.

Nous attendons très vite de tes nouvelles, et ne doutons pas de ton prochain retour parmi nous.

Albus Dumbledore

Je grogne dans ma barbe, toujours inexistante, en roulant le papier en boule dans le creux de ma main. Je le jette à l'autre bout de la pièce.

- Mais pour qui se prend-t-il ? Je croyais lui avoir fait comprendre que je n'avais pas besoin de lui !
- Tu te doutais bien qu'il allait te demander des comptes mon cœur.
- Oui mais j'espérais encore qu'il aurait un minimum d'esprit cette fois. Il doit bien se douter que si je ne lui ai rien dit dans la première lettre, c'est que je n'en avais aucune envie !
- Tu le connais mieux que moi. Mais après tout, pourquoi changerai-t-il aujourd'hui alors que tout à marché selon ses plans jusqu'ici ?
- Tu as raison ma belle ! Comme toujours !
- Tu as envoyé la lettre à tes amis ?

Je soupire en acquiesçant. Pour éviter que Dumbledore ne retourne la situation à son avantage, j'ai tenté de le prendre de cours. J'ai envoyé en même temps que sa lettre, une autre lettre à destination des Gryffondors. Au moins, cette histoire là ne lui sera d'aucune aide dans ses manigances. Moi loin, je ne doute pas qu'il aurait tenté d'en profiter pour arranger la situation et qu'à mon retour, je sois coincé.

Je sens Orphéa se glisser contre moi. Je passe un bras autour d'elle, me rassasiant de sa chaleur.

- Bien ! A présent que cette histoire est réglée, allons dîner ! Ensuite, nous referons une séance d'invocation.
- Encore ?
- Harry chéri, tu sais très bien comment je programme nos journées alors cesse de te plaindre ! Et puis après tout …
- Oui oui, je sais ! C'est moi qui t'ai demandé de me servir de professeur.

Je me lève malgré mon manque de motivation et suis à pas lent ma petite fée. Orphéa marche d'un bon pas devant moi, me tenant la main. J'observe cette main, si menue mais si ferme lorsqu'elle tient son épée durant les entraînements, divine guerrière qui me fait face, toujours victorieuse jusque là malgré mes efforts.

Les deux derniers jours ont permis le début d'un entraînement que je n'aurais pas imaginé aussi rude. Le matin, nous allons courir dans le parc et la forêt, cela me rappelle de bons souvenirs …bien qu'ils ne soient pas encore si loin. Puis ensuite, la matinée est réservée à l'entraînement de la magie sans baguette. Rien qu'en deux jours, j'ai certainement tenté et réussis plus de sorts qu'en plusieurs mois. Il faut dire qu'Orphéa est un professeur assidu et très imaginatif lorsqu'il s'agit de varier les techniques d'apprentissage. Il suffit que je ne parvienne pas à invoquer tel ou tel sort pour qu'en deux minutes, elle m'imagine une autre approche plus ou moins simple.

Après une matinée bien souvent éreintante, nous mangeons tranquillement. Puis elle m'accorde une courte sieste, que je passe bien souvent dans le fauteuil à côté du lit de Cyléna. Chaque jour, je passe plusieurs heures à ses côtés, à lui parler, à lui raconter ce qui se passe et comment nous allons.
Vient l'après-midi, réservée à la pratique des moyens de défense … plus physiques. J'apprends quelques prises me permettant de désarmer mes adversaires à mains nues. Nous travaillons beaucoup sur la pratique de l'épée. J'adore ça … sentir l'acier vibrer de puissance dans mes mains, entendre le sifflement de l'air qui se fend sur la lame … et voir l'Amazone devant moi, les yeux brillants, danser dangereusement, sa lame blanche brisant le silence dans un sifflement aigu.

Voir Orphéa manier l'épée est un spectacle mortellement beau. Elle danse littéralement sur la musique de son arme, au rythme des battements de cœur affolés de son adversaire … terrible dans sa beauté … Ma Déesse !

Une fois cet entraînement là terminé, je peux prendre une longue douche et me détendre un peu. Puis après le repas, Orphéa tient à ce que je m'entraîne à ce qu'elle appelle l'Invocation. C'est en gros une séance de concentration me permettant d'apprendre à connaître mon flux magique, l'appréhender pour mieux le maîtriser.
Elle affirme que m'entraîner à cela le soir permet à ma magie et à mon esprit de se connecter encore mieux pendant mon sommeil, augmentant ainsi ma capacité à utiliser mon flux le lendemain.

Je veux bien la croire mais pour le moment, c'est difficile à voir. Deux jours d'entraînement … c'est peu pour affirmer quelque chose.

Nous entrons dans la salle à manger. J'entends distinctement deux voix, sorties visiblement des cadres qui trônent au dessus de l'une des deux cheminées.

- Roh Elizabeth ! Nom de nom mais lâche moi ! Oui oui, je te pardonne tout ce que tu veux ! Oui … et à Charlotte aussi ! OUI ! A Clarisse aussi... Clarisse qui ?

Et j'entends par dessus les grognements d'Archibald le rire clair et frais d'Elizabeth. Elle a vraiment un don pour le faire tourner en bourrique. Je pense malgré tout qu'il doit être content de l'avoir à ses côtés, surtout durant ces longues années où le manoir est resté vide.

- Vous ne devriez pas vous laisser faire, Archibald !
- Ah Harry, mon garçon ! Que je suis heureux de te voir ! Enfin un peu de soutien masculin !
- Voyons Archi ! Tu deviens vexant ! A croire que je te martyrise …
- Je suis témoin Elizabeth !
- Harry, je ne te demande pas ton avis !
- Je n'en doute pas mais je soutiens aussi que vous êtes sadique.
- Harry chéri, je crois que nos deux amis ont réussis à régler leurs différents pendant longtemps tous les deux. Je pense que ce serait une bonne idée de les laisser continuer.
- Orphéa ! Laisse donc ton ami me venir un peu en aide, tu veux ! Que je me sente moins seul dans ce monde de femmes !
- Archibald, je crains que quoique puisse dire Harry, cela ne puisse vous soulager des humeurs de votre cousine !
- Hélas !
- Archibald ! Je ne suis pas si méchante !

J'entrevois le coup d'œil malheureux que lance ce pauvre Archibald à sa cousine, puis il se dirige hors du cadre, penaud.
Elizabeth nous jette un regard éperdu.

- Vous croyez vraiment que je suis allé trop loin cette fois !
- Vous devriez aller le voir, tante Beth !
- Tu as raison ma petite. Totalement raison … Oui, je vais faire ça !

Et elle sort à son tour du tableau, se mordant anxieusement les lèvres.
A côté de moi, je sens les soubresauts que font les épaules d' Orphéa. Je la regarde, et commence à sérieusement m'inquiéter pour son équilibre mental.

- Féa ?
- Je n'y peux rien Harry ! Je suis bluffée de la manière dont il la mène par le bout du nez !
- Pardon ?

Elle me lance un regard plein de larmes de rire et d'une lueur amusée.

- Tu n'as rien vu ?
- Qu'est ce que j'aurais du voir ?
- Archi ! Il nous a fait son grand numéro de cinéma !
- Quoi ? Mais …

Je passe, un peu perdu, du cadre vide à ma petite-amie qui se bidonne toujours.

- C'est sa façon de retourner la situation en sa faveur dirons nous !
- Incroyable !
- N'est ce pas !
- Je dois reconnaître que je n'ai pas pensé un seul instant qu'il jouait la comédie !

Nous nous installons ainsi à table et mangeons tranquillement sous l'œil vigilant de Zia. La petite elfe est à l'affût de tout ce qui pourrait plaire à sa maîtresse pour laquelle elle voue un véritable culte.

Puis, nous nous retirons dans la salle d'entraînement située dans l'aile est. La pièce est immense, très claire et chaleureuse.
Des dizaines de chandeliers sont allumés le long des murs. La pièce est longue d'une vingtaine de mètres. Sur le côté gauche, d'immenses baies vitrés donnent sur le parc et le lac, à côté duquel trône la Tour de Marbre. Lorsque le soleil se couche, les rayons viennent mourir sur les pierres et donnent un bâtiment un aspect irréel. Il brille de partout.
Orphéa m'a confié qu'il agissait comme un phare pour toutes les créatures magiques qui cherchaient un abri. De tous temps, les Mages ont été les protecteurs des races considérées comme inférieures. Les rayons du soleil, magiquement amplifiés par la puissance de la Tour, se projettent à travers le monde entier comme un appel. Et aujourd'hui, l'immense parc qui s'étend sur plusieurs dizaines d'hectares autour du manoir est peuplé d'êtres plus ou moins connus, dont l'existence est, pour certain, remise en cause. Il s'agit parfois du dernier refuge de certaines races, disparues du reste du monde.
C'est entre autre pour ça que les parents d' Orphéa ont tenus à ce que ce lieu de paix ne soit pas souillé par la guerre.

L'autre mur est recouvert de miroirs sur toute la longueur. C'est d'ailleurs parfois un peu perturbant...
Au fond trône un immense arbre généalogique. En bas n'est écrit qu'un seul et unique nom : Orphéa … Les autres ramifications se sont toutes éteintes au travers des siècles. La femme que j'aime est elle aussi, la dernière de son « espèce » comme elle le dit souvent. Et cette constatation fait à la fois sa fierté … et sa tristesse !

Sur le mur à gauche de l'entrée sont entrecroisés plusieurs épées de taille et de poids différents.
Dans le fond à droite sont entassés des dizaines de coussins de toutes les couleurs. C'est là que je m'installe sans attendre Orphéa. Je m'enfonce en soupirant profondément dans la masse cotonneuse et ferme les yeux.
La première fois, Orphéa m'a accompagnée dans ma transe, afin d'être sûre qu'il n'y ait pas de problèmes disait-elle, et pour me montrer exactement la marche à suivre. Elle m'a indiqué deux ou trois détails utiles puis m'a laissé seul ensuite. Mon entraînement personnel avait visiblement porté quelques fruits puisque j'étais capable d'évoluer seul dans l'univers de ma conscience et de ma magie.

Ce moment de connexion est toujours très agréable, comme un cocon de mousse qui nous enveloppe. C'est le retour qui est plus difficile. L'enveloppe charnelle qui fait de nous des hommes a ses limites et ce genre d'exercices a tendance à épuiser très vite.

Je me plonge dans cette sphère, tout à l'intérieur de moi. La dernière chose que je sens en me déconnectant du monde extérieur, c'est la main de Féa qui plonge dans mes cheveux.
Puis, c'est le silence, un silence moelleux. Autour de moi, tout est noir, je ne vois rien. J'attends, j'aime sentir ce calme s'emparer de moi et m'envahir. Je le laisse se propager à toutes les cellules de mon corps jusqu'à ce que je sente le bout de mes mains picoter. Alors j'appelle ma magie. Une fois mon corps astral dans cet état de transe, je peux visualiser toutes mes magies.

Autour de moi se déroulent des dizaines de fils de toutes les couleurs. Le premier soir, Orphéa m'a expliqué un peu le sens de chacun. Il y a ceux dont la couleur est bien définie comme le ocre, le rouge, le bleu, le violet, le jaune, qui correspondent à des sorts « simples », respectivement ceux liés à la terre, au feu, à l'eau, à la protection, à la lumière … Il en existe de toutes les sortes. J'ai même découvert des couleurs que je ne connaissais pas d'ailleurs. Ici, la magie noire et la magie blanche n'ont pas de différence, il s'agit seulement des types de magie que l'ont a déjà acquises. La seule différence que l'ont peut vraiment faire, c'est que tous les sorts sources de souffrance et de mort sont catalogués par le noir, l'absence de couleur en fait. J'imagine difficilement ce que ça doit rendre ici mais je suppose qu'il y a un moyen de les trouver une fois qu'on les maîtrise.

Bref, à côté de cela, il y a les sorts dits hors normes. Ce sont des sorts qui associent plusieurs magies. Ils sont souvent particulièrement difficiles à maîtriser pour le commun des mortels.

Lorsqu'elle m'a expliqué ça, j'ai évoqué à Orphéa le sort « Mivreyenta » dont le professeur Jameson nous avait parlé pendant le cours de duel. Elle a acquiescé et m'a expliqué que ce sort nécessitait la maîtrise de trois magies. Tout d'abord, il faut maîtriser celle associée à l'eau, l'élément mère de toute vie, celui d'où nous venons tous et dans lequel nous passons les premiers mois de nos existences mortelles. Puis il faut nécessairement celle associée à la protection, puisqu'il s'agit là d'aspirer l'énergie de l'autre. Il faut donc créer un lien direct entre sa magie et celle de son ennemi. Il est nécessaire, pour que le sort marche correctement, que notre magie de protection soit assez importante pour ne pas risquer de se vider de sa propre énergie en même temps.
Et enfin, le plus difficile, il faut contrôler la magie associée aux flux. Il s'agit ici d'avoir la capacité d'entrapercevoir, d'atteindre et de toucher la magie de l'autre. Parfois, ce sont des mécanismes que les sorciers acquiert sans le savoir. Ils parviennent ainsi à maîtriser des sorts dont ils ne connaissent pas vraiment le fonctionnement de base. Le risque dans ce cas là, c'est la perte de contrôle pure et simple. Si la maîtrise du sorcier devient moins importante pour n'importe quelle raison, la magie employée par l'inconscient peut se retourner contre son sorcier voire le détruire.

Après ce petit cours très rassurant, ma chère petite fée a trouvé bon de rajouter dans un sourire que ce n'était jamais très beau à voir dans ces cas là !
J'ai préféré abréger la conversation pour tout dire.

Ces sorts se distinguent par l'alternance de couleur le long du fil qui les représente. Lorsque j'ai demandé à Orphéa jusqu'à combien de couleur, un être humain avait pu aller, elle a simplement souri … je n'ai jamais eu ma réponse.

A la base de tous ces fils se trouve une sphère ronde et lisse, au cœur de laquelle s'emmêlent toutes les couleurs inimaginables en un ballet splendide et lumineux.

Il s'agit de ma magie, ma magie de base … celle à partir de laquelle, grâce à l'apprentissage, tous les fils de magie se développent. C'est elle que j'apprends à connaître lors de mes invocations.

Doucement, tendrement, je tend la main et caresse la surface place. Les couleurs deviennent douces et chaudes, le ballet fou des couleurs ralenti. Je sens la chaleur comme la paume de ma main. Alors je ferme les yeux et me laisse envahir par les flux de magie diffusés par la sphère … au rythme de mes battements de cœur.

J'émerge après plusieurs heures, toujours enfoncé dans les moelleux coussins. La pièce est faiblement éclairée par les chandeliers, il règne une atmosphère confortable malgré l'ambiance de travail qui règne la majorité du temps dans l'immense pièce.

Je me redresse en me frottant les yeux. Je suis éreinté mais heureux. Chacune de ces expériences est un plaisir et j'apprends chaque jour à appréhender un peu plus ma magie, comme un animal sauvage.

La porte s'ouvre au moment où je me lève de mes coussins. Orphéa pose son regard sur moi et me sourit doucement. Chaque soir, au moment de mon invocation, elle s'éclipse pour s'occuper de Cyléna, puis elle revient toujours à mon réveil. Je n'ai jamais pu assister aux soins qu'elle prodigue à la petite fille, mais je la sens particulièrement fatiguée lorsqu'elle me rejoint.

Je glisse mon bras autour de sa taille et lui pose un baiser sur le nez.

- Et si nous allions nous coucher ? Je pense que nous l'avons tous les deux bien mérité.
- Moui ! Surtout que demain, nous retournons à Londres.

Je hoche la tête. Nous avons prévu d'aller voir nos amis et parents en fin de journée demain, histoire de rassurer tout le monde … et nous changer les idées à nous aussi pour tout dire !
Je sais bien que Orphéa a déjà écrit à ses parents et à nos amis afin de tout leur expliquer … ou presque, et pour les rassurer sur son état, pourtant je m'inquiète un peu. Tant de choses se sont passés depuis cet été … tant de choses !

- Ne te met pas martel en tête mon amour ! Ils seront fous de joie …
- Tu es aussi inquiète que moi Féa.

Elle hausse les épaules et me sourit une dernière fois en m'entraînant vers notre chambre.

Après quelques minutes, je me couche avec délice dans les draps frais et soupire en prenant ma chérie dans mes bras.
Demain est un autre jour !

- Oui bah en attendant demain, tais toi donc, satané gamin !
- Tiens donc ! Tu as fais quoi durant tout ce temps !
- Je t'ai laissé ton intimité, sale gosse !
- Moui …
- Oui bon d'accord, j'en ai profité pour faire une bonne sieste étant donné que je te savais en sécurité !
- Une bonne sieste de plus de 50h quand même !
- Hum … et alors, ça t'a dérangé peut-être ? Après avoir dormi pendant des siècles, deux ou trois jours ne font office que de petite sieste pour moi.

J'ouvre ma bouche sur un long bâillement en refermant les yeux.

- Allez, je retourne me coucher !
- 'nuit Dès !
- Bonne nuit gamin ! Et essaye de ne pas penser trop fort la prochaine fois, j'aimerais dormir moi !

Je lâche un petit rire et m'enfonce joyeusement dans les bras de Morphée. Depuis que je suis au manoir, rien ne perturbe mon sommeil, j'ignore si c'est Orphéa qui me fait cet effet là ou si il s'agit seulement d'une magie liée à l'endroit. A vrai dire, à l'heure qu'il est, je m'en contre-fiche !
Je m'endors sans craindre de me réveiller hanté par les cauchemars.


Le portoloin nous amène dans une petite rue adjacente à Little Whining. Nous avons décidé de nous rendre en priorité chez les DeBeaujoir.
Aujourd'hui, nous sommes le dimanche 22 décembre. Chronologiquement, je me suis réveillé au manoir après 6jours de repos, soit le jeudi 19.

Le soleil se couche à l'horizon alors que je prend la main d' Orphéa … elle tremble …
Je serre légèrement ses doigts et lui envoie un petit sourire qui se veut réconfortant. Mais moi-même, je garde au creux du ventre du boule d'angoisse qui ne veut pas partir.

Nous avançons tranquillement le long des maisons bien rangées et bien ordonnées de cette rue haïe et honnie durant toute ma jeunesse.
Et pourtant aujourd'hui, j'y reviens. Il y a quelques années je n'aurais jamais voulu y croire, mais Orphéa a rendu possible tellement de choses depuis qu'elle est entrée dans ma vie.

Nous arrivons devant le numéro 5. Dans le jardin normalement bien ordonné, les herbes folles ont tout envahis. La lumière filtre à travers la fenêtre du salon.
Nous nous avançons sur les dalles qui slaloment jusqu'à l'entrée. La main d'Orphéa tremble terriblement dans la mienne alors qu'elle lève le bras pour frapper deux faibles coups contre le panneau de bois.

La porte s'ouvre en coup de vent alors que Philippe DeBeaujoir apparaît derrière, les yeux brillants. Son regard se pose tout d'abord sur moi avant de glisser, plein d'espoir, sur ma compagne. Je le vois s'arrêter, comme si il tentait de réaliser qu'elle se tenait bien devant lui.

- Bonsoir Papa !

La voix d'Orphéa est rauque, elle craint la réaction de ceux qui l'ont choyée pendant toutes ces années.

- Mon Dieu ! Orphéa, mon bébé !

Il souffle ces quelques mots et se jette sur sa fille adoptive. Ses bras l'enserrent alors que j'entrevois les larmes couler sur ses joues.

- Mon bébé, ma petite fille adorée !
- Je vais bien Papa, je vais bien !

Je vois Féa retenir ses propres larmes devant ce père qui ne lui avait jamais montré que sa force. Elle ferme les paupières sur ses yeux humides avant d'enlacer M. DeBeaujoir. Elle lui frotte le dos, à la manière d'une mère sur son enfant qui vient de faire un cauchemar.

- Ta mère ! Je dois prévenir … MARIE ! Marie, viens voir !

J'entends les pas s'accélérer dans le couloir de la cuisine. Mme DeBeaujoir fixe ses yeux rouges sur le couple enlacé à mes côtés. Elle ouvre à son tour de grands yeux et appuie ses mains sur sa bouche pour étouffer le sanglot qui lui monte aux lèvres. Je m'avance vers elle lorsque, tremblante, ses jambes cèdent sous elle et qu'elle s'effondre à genoux.

- Harry ! Oh Harry ! C'est elle, n'est ce pas ? C'est bien elle !

Je lui souris en l'aidant à se relever, hochant de la tête.
Elle me lance un lumineux sourire avant de rejoindre son mari et sa fille. Celui-ci ouvre les bras pour l'accueillir, et elle se colle à Orphéa en murmurant son nom.

Après plusieurs minutes, M. DeBeaujoir retrouve sa réserve habituelle et se tourne vers moi. Sa femme, derrière, commence une inspection en règle de la santé de sa fille, lui posant mille et une question auxquelles Féa n'a même pas le temps de répondre.
Il me passe l'un de ses bras autour des épaules.

- Harry, mon garçon ! Je suis tellement heureux de te voir, toi aussi. Entrez donc tous les deux, nous avons beaucoup de choses à nous dire ! Et les voisins sont particulièrement curieux dans cette partie de Londres !

Je lui lance un sourire entendu et amusé qu'il me retourne sans hésiter.

- Marie, laisse donc ta fille respirer et entrez avec nous ! Tu poseras toutes tes questions une fois que nous serons bien installés dans le canapé.

Mme DeBeaujoir regarde son mari comme si il était fou, puis semble réaliser que tout ça n'est pas qu'un rêve. Elle approuve d'un signe de tête puis prend la main d'Orphéa et l'entraîne sans préambule vers le salon.

Une fois installés, Marie se précipite dans la cuisine, certainement afin de nous préparer du thé. Rien ne peut changer les bonnes vieilles habitudes …

Orphéa s'assied à mes côtés dans le canapé. Elle me lance un lumineux sourire, encore un peu humide des larmes versées quelques minutes plus tôt. Elle me prend la main et me la serre tendrement.

En face de nous, le père adoptif de ma tendre amie s'installe dans son fauteuil favori et nous dévisage.
Je déglutis sous le regard scrutateur, détournant timidement les yeux. Je me sens comme un enfant pris en faute ! A mes côtés, Orphéa ne semble pas être beaucoup plus à l'aise.

Cette étrange atmosphère ne fait que s'intensifier lorsque Mme DeBeaujoir revient et nous sert le thé. Elle s'installe ensuite dans l'autre fauteuil, près de son époux et pose, à son tour, son regard sur nous.
Ni moi, ni Orphéa n'osons plus bouger. C'est à peine si je me permet de respirer. Je sens le bras crispé de mon aimée près de moi …
Il n'y a vraiment rien de pire que le regard d'un parent qui attend des explications. Il me semble que ces deux regards vont me découper en morceaux si je ne donne pas les bonnes réponses !

- Bien !

L'exclamation du père d' Orphéa me fait brusquement sursauter.

- A présent que nous sommes enfin réunis … nous voudrions entendre de votre bouche tout ce qui a pu se passer durant ces longs mois.

- A ta place, petit Homme, je partirai en courant !
- Hadès ?
- Cet être humain m'inquiète. Il montre les crocs pour défendre sa portée !

Je souris derrière ma main en entendant l'image de Hadès. La représentation n'est après tout pas si mauvaise …

- Papa, est ce que vous avez reçu ma lettre il y a quelques semaines ?

Il y a un blanc avant que Philippe ne réponde, un air contrarié sur le visage.

- Oui ma puce, nous l'avons reçue. Mais comment veux tu que nous nous contentions d'une feuille de papier volante avec quelques paragraphes écrits à la va vite. Tu nous dis que tu vas bien ! Tant mieux ! Mais où ? Avec qui ? Et comment tout ça est arrivé ? Quelle assurance pouvions nous avoir que tu allais vraiment bien ? Et surtout que ça allait durer ! Et … quand aurions nous enfin la chance de te revoir ? C'est tout cela que nous aurions aimé savoir ma chérie !

- Je me doute bien Papa. Je suis désolée je ne pas avoir pu vous en dire plus. Tout ceci est un peu … compliqué !
- Essaye donc de nous expliquer ce que tu sais et que tu peux nous dire alors mon cœur.

Le sourire sur le visage de Marie DeBeaujoir alors qu'elle encourage sa fille à parler est terriblement réconfortant.
Mon amie ouvre alors la bouche et se met à raconter. Elle parle de tout ces longues journées qu'elle a passé seule dans l'immense manoir, apprenant qui est était et ce qu'elle devait faire. Elle évoque son bonheur mêlé de tristesse à l'annonce de ses origines, puis elle survole globalement l'entraînement qu'elle a du subir …

Comme moi à l'époque, je vois M. DeBeaujoir serrer les poings à s'en faire blanchir les phalanges. Ses lèvres ne forment plus qu'une ligne sur son visage fermé.
Il reprend quelques couleurs lorsque sa fille lui dit qu'elle a pris plaisir a apprendre tout ça. Orphéa passe sous silence l'épreuve finale qui lui a été si laborieuse et parle de mon arrivée au manoir, ainsi que de la petite puce qui reste endormie dans l'une des immenses chambres.

- Et bien mon petit cœur ! Que d'aventures tu as vécues en quelques mois !

Orphéa hausse les épaules. Elle pense certainement plus à ce qui nous attend qu'à ce qu'elle vient de vivre seule dans un manoir reculé de l'Écosse.

- Et toi, Harry chéri ? Je me doute que ces moments ont dus être particulièrement durs pour toi aussi. J'ai souvent pensé à toi, j'ai prié pour que tu ais la force de faire face à tout ça …

Je sens mes yeux s'embuer face à la gentillesse et à l'affection sans bornes que Mme DeBeaujoir me donne.
Je préfère lui retourner son sourire, je crains que ma voix ne trahisse mon émotion si j'ouvre la bouche.

- Voudras tu nous raconter tout cela aussi, Harry ? Nous aurions plaisir à t'entendre nous raconter ton histoire à toi aussi !

Et ainsi, je me lance à raconter ces longs mois. Je les vois tour à tour acquiescer, froncer les sourcils ou sourire. Étrangement, ils ont facilement accepté l'idée d'un monde magique. Ils nous ont juste avoué qu'ils s'en doutaient un peu, certains évènements de ces dernières années n'était pas aussi simples à expliquer que pouvait le prétendre la télévision.

Après mon monologue, les parents d' Orphéa nous ont invité à dîner. Nous avons mangé dans la bonne humeur. Cette chaleureuse ambiance m'a fait beaucoup de bien, et j'ai aimé discuter de tout et de rien avec eux. Nous sommes restés avec eux jusqu'à plus 22h30. Puis nous avons pris congé en leur promettant de revenir pour le jour de Noël et de leur envoyer très souvent des nouvelles.

Au moment de partir, alors que Marie serre longuement sa fille dans ses bras en lui faisant ses dernières recommandations, M. DeBeaujoir s'approche de moi, se plaçant à mes côtés, les yeux toujours fixés sur les deux femmes. Et comme il l'a déjà fait quelques mois auparavant, il me parle à voix basse.

- Harry, merci de lui être resté fidèle après ces longs mois. Je peux facilement imaginer ce que cette situation a du te coûter. Marie et moi ne pouvons certainement pas concevoir l'ampleur des évènements qui vont suivre mais sache que nous serons toujours là pour vous … pour vous deux !

Il appuie sa phrase par un long regard vers moi. Je me sens touché par cette marque d'affection.

- Prend soin de toi Harry ! Et d'elle aussi !
- Et prenez soin de vous Monsieur !
- Philippe !

Je souris en reformulant ma phrase. Il me tape une dernière fois sur l'épaule et rejoint sa femme. Cette dernière vient m'embrasser et me conseille vivement de ne pas tarder à donner des nouvelles cette fois-ci si je ne veux pas passer un sale quart d'heure !
Je ne retiens pas le rire qui m'échappe en la voyant me menacer, les mains sur les hanches comme sait si bien le faire Orphéa.

- Allez, filez les enfants ! Et à très bientôt !
- A bientôt Maman, Papa !

Ils restent sur le pas de la porte jusqu'à ce que nous aillons tourné au coin de la rue.
Nous restons silencieux, serrés l'un contre l'autre, savourant les dernières chaleurs de cet agréable repas en famille et de ces retrouvailles tant attendues.

A présent, nous nous dirigeons vers le Sunshine. Après en avoir longuement parlé, nous avons décidé de retourner voir nos amis. Ils avaient tant fait pour nous et s'étaient trop inquiétés pour les mettre de côté. Une chance que le Sunshine ouvre le dimanche soir, sinon nous aurions du revenir une autre fois ! Et autant se confronter à la colère de tout le monde d'un seul coup !

C'est malgré tout un peu inquiets que nous arrivons devant le bar. Nous poussons la porte et nous laissons envahir par la musique. La piste de danse est remplie de jeunes qui se déhanchent, et les tables, de ceux qui préfèrent boire !

Nous approchons du comptoir, Sam est absorbé dans la contemplation d'une superbe blonde, montée sur la plate-forme, qui danse en lui lançant des coups d'œil aguicheurs.

- Sam ! Arrête de baver ou tu vas inonder ton bar !

Je vois le barman froncer les sourcils de contrariété et se tourner vers nous, sûrement dans le but de m'envoyer voir ailleurs si il y est.
Pourtant, une fois son regard braqué sur nous, la phrase ne passe pas la barrière des lèvres. Ses yeux écarquillés lui donne la tête d'un poisson hors de l'eau. Lorsque enfin il reprend contenance, ses lèvres se dessinent en un immense sourire. Il se précipite hors de son bar, et se jette vers nous. Il prend Orphéa dans ses bras, la recule, l'observe puis la serre de nouveau comme si il n'y croyait pas. Puis il se tourne vers moi et fait de même.

- Bon dieu ! Je croyais ne jamais vous revoir tous les deux ! Si vous saviez le plaisir que j'ai de vous avoir parmi nous !

Il nous attire vers le bar et repasse derrière.

- Bon dieu de merde ! Bon allez je vous serre une verre. C'est la maison qui invite … Et d'ailleurs, je crois que je vais bien m'en prendre un petit aussi pour me remettre de toutes ces émotions !

Et ainsi, nous buvons tranquillement, racontant une histoire un peu simplifiée à notre ami. Je ne suis pas sûr qu'il nous ai cru mais je suppose que nous savoir en bonne santé lui suffit.
Finissant son verre, il jette un œil à l'horloge au dessus du comptoir et se retourne vers nous.

- Les autres ne devraient plus tarder ! Ils viennent quasiment tous les soirs vers 23h30.

Il laisse un blanc avant d'enchaîner.

- La disparition d' Orphéa et le fait que tu ne donnes plus de nouvelles les a détruits. Ils ont le moral à zéro depuis plusieurs mois. Je crois que Smilie n'a jamais accepté ta disparition ma belle. Elle a du faire trois fois le tour de la ville pour chercher des indices !

Je vois ma chérie détourner les yeux, touchée et coupable de la situation. Je lui caresse la joue en un mouvement qui se voudrait réconfortant. Je crains pourtant ne pas être mieux qu'elle.

- Bon les amoureux. Je crois que mon bar n'est pas vraiment le bon endroit pour des retrouvailles pleines de larmes alors je vous laisse aller dans la salle VIP à l'étage. Une chance qu'elle soit vide, elle a été souvent réservée ces dernières semaines.

Sam se redresse puis fait un signe au videur devant l'escalier en nous montrant du doigt.

- Je vous les envoie dès qu'ils arrivent.
- Merci Sam !
- De rien les jeunes! Mais faites moi plaisir, la prochaine fois que vous partez à l'aventure, laissez au moins un petit message …

Puis il nous fait un clin d'œil et retourne à son travail.

Nous passons devant le videur et nous engageons sur l'escalier en métal. En haut, la porte s'ouvre sur une longue pièce illuminée où passe la même musique qu'à l'étage inférieur, si ce n'est que le son est un peu moins fort. Plusieurs banquettes s'alignent autour de deux tables basses en verre. Sur un côté, de grandes baies vitrées donnent sur la salle principale. Nous observons les danseurs quelques minutes puis allons nous installer dans un des canapés, serrés l'un contre l'autre.

Je laisse errer mon regard un peu partout en imaginant les différentes manières que nos amis auront de réagir lorsqu'ils nous verront.

- Ahlala, ces humains ! Ce sont des êtres beaucoup trop sociables !
- Mmm ! Hadès, ce n'est pas parce que toi tu es littéralement associable que tout le monde doit l'être.
- Et gnagnagna et gnagnagna ! Tu te trouves drôle, gamin !
- Et toi ?
- Pff … vous me fatiguez à vous prendre la tête sur des broutilles. Après tout ce qu'ils ont fait, ce n'est pas maintenant qu'ils vont vous tourner le dos, réfléchis un peu ! Pourquoi veux tu qu'ils réagissent mal en vous voyant ?
- Tu as peut-être raison !
- Mais oui ! Bon alors maintenant laisse moi dormir parce qu'une fois que tu seras retourné à Poudlard, je n'en aurais plus le temps. Je sens ça de loin !

A peine Hadès a-t-il le temps de finir sa phrase que la porte s'ouvre en fracas et que Smilie débouche, ses superbes cheveux blonds dans tous les sens, les yeux comme des soucoupes.

- Mon dieu, mon dieu, mon dieu, mon dieu …

Et elle se précipite sur Orphéa en sanglotant.

- Mon dieu, c'est bien toi ! Dis moi que c'est bien toi ! Oh mon dieu … J'en étais sûre !

Je ne comprend pas la fin de la phrase, perdue dans les cheveux d' Orphéa alors qu'elle enfonce son visage dans son cou.

Je me retourne vers les quatre autres qui viennent de finir de monter les escaliers et fermer la porte.
J'ouvre la bouche pour parler, mais le poing qui s'abat violemment sur ma joue ne m'en laisse pas le temps.
Devant moi, le regard furieux, se dresse un Justin tout aussi échevelé que Smilie.

- Finalement, tu avais peut-être raison de t'inquiéter …

Je me masse la joue. J'aurais sûrement un beau bleu demain !

- Et bien, je suppose que je l'ai mérité !
- Tu suppose bien ! Et je sais pas ce qui me retiens de t'en mettre un deuxième !
- Je sais pas … peut-être le fait que tu as du te démonter la main la première fois que tu as tapé.

Il me regarde fixement avant de me répondre.

- Ouais ! Je pense que ça doit être une bonne raison. Mais j'en ai une deuxième …

Je hausse un sourcil curieux alors qu'il me regarde toujours sans sourire. Dans mon ventre, la boule d'angoisse ne veut toujours pas partir. Autour de nous, le silence est de mise. Même Smilie a arrêté de pleurer, bien qu'elle reste allégrement pendue au cou d' Orphéa.

Justin finit par lâcher un grand soupir et par m'attraper par les épaules avant de me serrer contre lui.

- Bordel ! Ça fait du bien de vous revoir en forme tous les deux !

Je lui rend son étreinte. La boule dans mon ventre se décide enfin à s'alléger.
Les trois autres s'approchent doucement. Une fois que Justin m'a lâché, Juliette se glisse entre mes bras. Elle ne pleure pas mes ses yeux sont humides. Ses petits bras qui m'enlacent me rappellent Cyléna. Je souris tendrement à mon amie en lui rendant son étreinte.

Puis vient le tour de Max qui se contente de me donner une grande claque sur l'épaule en riant. Son rire est tout tremblant alors que sa main sur mon épaule reste particulièrement longtemps. Lui tellement franc en temps normal, il me donne l'impression de vouloir cacher son émotion.
Je lui retourne un sourire … et une claque tout aussi forte ! Il grimace mais lâche un nouvel éclat de rire, plus naturel celui là.

Enfin, Franz s'approche. Il me serre violemment contre lui jusqu'à ce que la couleur bleue de mon visage finisse par inquiéter Max et qu'il lui demande de me lâcher. Il me repose mais garde un de ses bras autour de moi.

- Je ne sais pas ce qui me retiens de t'en mettre une moi aussi !
- Euh … Justin, je veux bien mais toi, si tu t'y mets, tu m'allonges pour la soirée !

Le rire général engendré par ma remarque a au moins l'avantage de détendre l'atmosphère un grand coup.
Smilie toujours collée à Orphéa, nous nous sommes installés sur les banquettes. Ils nous ont bombardés de questions auxquelles nous avons répondu avec franchise, puisqu'après tout, ils sont au courant pour la magie. Certaines réponses les laissent un peu sur leur faim mais il est difficile de comprendre les choses d'un monde que l'on ne connaît pas du tout.
Nous restons là, ensemble, jusqu'à la fermeture du bar. Et encore après, à marcher dans des rues complètement vides. Ce soir là, nos rires ont dus s'entendre jusqu'à l'autre bout de Londres …

Lorsque nous sommes rentrés au Manoir vers 7h du matin, nous étions épuisés mais heureux. Nous avons quitté nos amis sur de grandes embrassades et, de nouveau, des promesses de donner souvent des nouvelles.


Je resserre les bras autour de la source de chaleur qui est allongée tout contre moi. J'entends frapper, mais bien au chaud dans mes couvertures, je me persuade que ça fait parti du superbe rêve que je viens de quitter … Qu'est ce que j'y faisais d'ailleurs ? Ah oui, j'étais sur une plage avec une superbe créature … je crois d'ailleurs que c'était la même que celle qui colle actuellement son corps nu contre le mien.

Comment résister à un tel appel ?

- Harry ?
- Hum ?

Je commence à caresser le flanc de ma magnifique petite-amie, un sourire ourlant mes lèvres, alors que je la sens frissonner sous mon toucher.

- Harry !
- Moui …
- Ça frappe à la fenêtre.

J'ouvre un œil, l'observe … et repousse les couvertures en grognant contre les femmes insensibles, et contre les gens qui envoient des chouettes à n'importe quelle heure …
Et avec ça, j'entends la tentatrice qui s'étire dans le lit ricaner.

- Harry chéri, il est 11h30 !
- Rien à foutre ! Il est trop tôt à mon horloge interne !

Je repousse le lourd rideau de velours et ouvre la fenêtre brutalement pour fusiller du regard le visiteur inopportun … Coq ! Le hibou de Ron !

Surpris, je met un moment avant de réagir et de faire rentrer le petit hibou transi de froid.
Orphéa se redresse en position assise en observant le volatile. Mes yeux ne lâchent plus la petite bête qui vole dans tous les sens pour tenter de se réchauffer.

- Il a du avoir beaucoup de mal à arriver jusqu'ici !

Je décroche mon regard pour le poser, interrogateur, sur Orphéa.

- Le manoir et toutes les terres qui l'entourent sont protégées par une barrière créée il y a plusieurs milliers d'années et qui prend sa source directement dans le flux terrestre.
- Elle s'est peut-être affaiblie ?
- Impossible ! A moins que la Terre entière vienne à disparaître, la barrière ne peut s'affaiblir.

Elle me laisse assimiler l'information avant de reprendre.

- Lorsqu'un intrus tente de passer la barrière, il est tout d'abord envoyé à un autre endroit de l'autre coté de nos terres. Puis si il essaye à nouveau de revenir, la panoplie de sorts de défense est très variée pour éviter qu'il ne parvienne jusqu'au manoir.

J'attrape Coq épuisé entre mes mains et le caresse doucement. Il hulule tranquillement, enfin calmé puis s'endort. Je détache délicatement le rouleau de sa patte et jette un œil autour de moi pour trouver un endroit où l'installer.

- Zia !
- Oui, Maîtresse ?
- Emmène donc ce petit animal dans un endroit plus adapté pour qu'il se repose. Il a bien mérité qu'on s'occupe de lui.
- Bien Maîtresse !

Et la petite elfe me tend les mains afin que je lui remette le petit volatile encore tremblant. Je lui dépose entre les doigts en rougissant. Je ne suis pas particulièrement à l'aise nu … même si c'est devant une elfe de maison et qu'elle s'en fiche. C'est quand même … dérangeant !

Je me rassois rapidement sous les draps, encore gêné de mettre présenté nu devant Zia. Orphéa rit doucement en se calant contre moi.
J'observe la lettre entre mes doigts. Je ne peux m'empêcher de croire qu'il n'y ait rien de mauvais dedans. Après tout, si mes (ex?) amis se sont donnés le mal de répondre, c'est bien pour quelque chose … non ?
Malgré toutes mes bonnes résolutions, mon cœur bat plus fort alors que je détaille le cachet de cire grossier qui ferme le rouleau.
Je fronce les sourcils alors que je remarque les petites fêlures sur les bords. Je gratte un peu.

- Qu'est ce qui t'arrive ?
- J'ai l'impression qu'il y a deux couches à ce cachet de cire...

Orphéa baisse à son tour les yeux sur le rouleau qui repose entre mes mains.

- Regarde bien … Il me semble qu'il y avait une autre épaisseur, qu'elle a été brisée une première fois et qu'on en a rajouté par dessus pour la refermer.
- Ouvre là, tu verras bien ce qu'il en est à l'intérieur. Ils avaient peut-être oublié de mettre quelque chose et l'ont rouverte au dernier moment.

Je hausse nonchalamment, donnant crédit à cette hypothèse.
Oubliant cela, je brise la couche de cire d'un geste sec et déplie le parchemin.

Harry,

Nous espérons que cette lettre te parviendra sans encombre et sans être passé par des mains inopportunes entre temps. Nous faisons tous confiance à Coq pour cela.
Nous avons été à la fois surpris et heureux d'avoir de tes nouvelles. Je ne pense pas me tromper en te disant que tout le monde était très inquiet dans la Tour. Ta disparition a suscité beaucoup d'émoi. Nous avons cru que tu avais été capturé … Les garçons se sont précipité chez Dumbledore pour organiser je-ne-sais-quel raid de sauvetage, mais ils ont été refoulé à l'entrée. Aucun d'entre nous n'est parvenu à voir le directeur.

A ce propos, je tenais à m'excuser d'avoir cru, certainement trop vite, tout ce qu'il avait pu nous dire à ton propos. Nous étions tous si perdus que nous étions près à croire n'importe quoi tant que ça nous aidait à avancer encore un peu. Et puis, c'est vrai que tu as énormément changé après la disparition d'Orphéa. Nous ne savions plus comment d'aborder ...

J'ignore si tu parviendras à nous pardonner cette terrible période mais je ne peux m'empêcher d'espérer. Avant de laisser la feuille aux autres, je tenais à te rassurer quant à la situation ici. Après la bataille à Pré-au-lard, tout le monde était très inquiet. Les journaux ont fait choux-gras sur l'histoire pensant plusieurs jours. Il y a pourtant eu très peu de morts. D'ailleurs, Rémus et le professeur Jameson n'ont rien. J'ai pensé que tu aimerais savoir...

A part ça, le professeur Dumbledore a demandé à nos parents de nous laisser à Poudlard pour les vacances afin de ne pas nous exposer au risque d'une nouvelle attaque sur le train du retour. Nous voici donc cantonnés au château pour les fêtes de fin d'année. Beaucoup d'entre nous sont très irritables …
Bref, j'espère te revoir très vite … et pouvoir discuter de tout ça avec toi.
Je t'embrasse fort.
Prend soin de toi.
Hermione

(PS : Signale de ma part à la personne qui t'a sauvé et t'héberge actuellement que si il t'arrive quoi que ce soit avant que je n'ai eu le temps de me faire pardonner et de régler nos différents, je la poursuivrais jusqu'à ce que mort s'en suive )

Salut Harry,

Je suis vraiment heureux d'avoir l'occasion de te contacter. Après la bataille de Pré-au-lard, j'ai eu très peur de ne pas avoir la chance de te revoir et de parler de toutes ces semaines. Ça a été si dur … pour nous tous. Je suis vraiment désolé de mettre conduit comme un imbécile.
Tu n'as pas non plus été très facile à vivre mais aux vues des circonstances, je suppose qu'on aurait du savoir réagir sans te jeter la pierre. Dumbledore sait être très persuasif … aujourd'hui, avec le recul, je me demande comment nous avons pu croire à certaines choses. Sur le coup, nous étions tellement perdus.
Bref, je ne voulais partir dans tout ce blabla. Je voulais juste m'excuser et te dire que je serais très heureux de te retrouver bientôt parmi nous. Même si je pense bien qu'au début, ça sera difficile …

A bientôt !
Seamus

Harry,

Tu sais que j'ai vachement plus la classe auprès des filles maintenant qu'il me manque des doigts ! J'aurais jamais imaginé que perdre des morceaux pouvait faire autant d'effet !
Dépêche toi de rentrer pour que je te raconte tout ça ! Nous avons beaucoup de choses à nous dire ! J'ai hâte de te revoir mon pote !
Dean

Rentre vite, Harry ! Tu nous manques à tous !
Neville

Je souris doucement à la lecture de la lettre et des différentes écritures qui s'alignent sur le vieux parchemin.
Je pense que je serais capable de leur pardonner … tôt ou tard. Ils devront aussi me pardonner mes accès de colère, comprendre ma position. Avant, nous aurons besoin de parler, de mettre à plat tous nos sentiments et ressentiments …

L'écriture d'Hermione est tremblante. On la sent vraiment inquiète à l'idée de m'écrire. Elle, si sûr d'elle, me semble maintenant tellement fragile au travers de ces quelques mots.
Je veux vraiment croire à la sincérité de Seamus et à sa volonté de nous réconcilier. Moi aussi, je ferais un pas vers lui … et nous verrons où est-ce que cela nous mènera. Du moins, nous irons ensemble sur ce chemin.
Neville est celui qui a certainement le moins douté de moi ces derniers mois. Il ne cherche pas à se justifier. Il est toujours celui qui reste le plus neutre. Même sous l'influence de Dumbledore, il a attendu de savoir d'où viendrait la première main sincère.
Quant à Dean … et bien, après tout ce qui s'est passé le jour où nous avons combattu dans le parc de Poudlard, nous n'avons plus rien à nous prouver l'un à l'autre, nous avons juste besoin de retrouver confiance … confiance en nous et en notre amitié !

Je ne peux empêcher un soupir de franchir mes lèvres quand je remarque que Ron m'a rien écrit. Celui que je considérais comme mon propre frère n'a pas voulu faire ce pas vers moi.
C'est dur … il est celui dont le pardon m'importait le plus, celui à qui j'aurais tout pardonné aussi, et celui aux côtés duquel j'aurais aimé me battre …

Je replis le rouleau et le dépose sur la table de nuit à côté de moi. Puis, je me lève et vais me rafraîchir un peu le visage. Je suis heureux de ce que cette lettre m'apporte. Et bien qu'il me faille être prudent pour ne pas les mettre en danger, je suis vraiment très heureux à l'idée qu'il reste quelque chose entre nous.

Lorsque je reviens dans la chambre, Orphéa s'est appuyé sur les coussins de la tête de lit et relit ma lettre. Je la vois froncer les sourcils.

- Qu'est ce qu'il y a mon cœur ? Quelque chose te dérange ?
- Hum … Tu as vu en bas, à l'arrière du parchemin ?
- Vu quoi ?
- Il y a un petit message griffonné. Je pense que tu devrais jeter un œil !

Elle me tend la feuille avec un petit sourire satisfait.
En effet, en bas, un court paragraphe a été rédigé d'une écriture maladroite et hésitante. Je reconnais pourtant sans hésitation celle de mon meilleur ami.
Mon cœur se met à battre un peu plus vite alors que je décrypte ses quelques mots.

Harry. Tu sais quand les autres ont décidé de te répondre après avoir reçu ta première lettre, j'ai tout d'abord refusé d'y écrire quoi que ce soit. J'étais persuadé que tu brûlerais ce parchemin avant même de l'avoir lu. Et puis, au final, moi non plus je ne peux pas m'empêcher d'espérer que tu y jettes un œil … parce qu'après tout ce qu'on a vécu ensemble, après tout ce que j'ai vécu avec toi … je ne peux pas faire une croix sur tout ça !
Alors j'ai proposé à Hermione de l'amener moi-même à la volière. J'ai bien senti qu'elle hésitait mais elle a fini par me le laisser. J'en ai profité pour décacheter le rouleau et t'écrire ça !
Je ne suis pas doué pour les mots, tu me connais … tu sais quel con je peux être parfois … et tu sais combien je peux m'en vouloir après. Je ne vais pas m'étaler, je voulais juste te dire : Reviens Harry ! Reviens m'en coller une … tu peux même me taper jusqu'à en avoir mal aux mains ! Mais je t'en supplie reviens … mon frère !

Mon regard est fixe sur le parchemin qui glisse entre mes doigts. Mon cœur bat la chamade entre mes côtes … Je reste là, à tenter de contenir le flot d'émotions qui manque de me submerger.
Dans ma tête, des dizaines d'images se succèdent sans queues ni têtes … je revois les rires et les pleurs, les regards et les coups que nous avons échangés, les virées et les aventures que nous avons partagées … ensemble, si proches et si lointains. Celui qui, comme un vrai frère, m'a soutenu et m'a aimé au travers de ses défauts et des miens, au travers de tous les obstacles.
Et encore aujourd'hui, il est celui qui reconnaît ses torts et revient vers moi. Il est cet homme qui me hait autant qu'il me soutient, cet ami qui me jalouse autant que je l'envie, ce frère qui me déteste pour ce que je suis pour les autres et qui m'aime pour ce que je suis pour lui …

Une main fraîche se pose sur mon avant-bras. Je me retourne, reprenant peu à peu pied dans le présent et dévisage la femme qui me sourit.

Et là, alors que je laisse mon regard errer sur les lignes régulières du visage d' Orphéa, toutes mes angoisses me reviennent à la gorge … Et je me dis que je dois brûler cette lettre pour effacer les dernières chances de cette dangereuse amitié.

Et puis … dans le brouillard de mes peurs, j'entends une voix douce m'appeler, comme pour me réveiller de mes cauchemars.
Je me plonge dans le bleu des yeux d' Orphéa avec une envie inextinguible de m'y perdre à jamais.

- Harry ! Reviens mon cœur !

Je sens sa main caresser ma joue et me laisse aller. Mes angoisses refluent peu à peu mais je les sens se tapir dans cet endroit si noir de mon âme. Cette amitié dont j'ai tellement besoin me semble aujourd'hui si terrifiante. Et je réalise qu'au même titre qu'Orphéa, je ne me sens pas capable de perdre Hermione ou Ron. Cette haine qui avait grandie au fond de mon cœur durant ces longs mois ne servait qu'à cacher ma lâcheté et ma peur. Je suis toujours convaincu de devoir me battre seul … mais aujourd'hui, je prend la mesure de cette décision.

J'entends enfin ce que me soufflait mon cœur … et je me trouve égoïste. Jusque là je me persuadais que je voulais protéger tout le monde. Maintenant je réalise que je les protège aussi pour me protéger moi … Parce qu'ils sont tout ce que j'ai dans ce monde. Eux, qui m'ont appelé leur ami et qui ont eu mal quand j'ai eu mal, ils sont ce pour quoi je veux me battre.

Je sens mes épaules s'affaisser alors que je pose mon front dans le cou d'Orphéa. Ses doigts glissent entre les cheveux de ma nuque, je soupire. Je sais qu'elle sent ma détresse. Elle a cette capacité à ressentir les émotions et les flux qui caractérisent les mages.

Elle entrelace ses doigts aux miens et m'attire sur le lit. Elle s'allonge contre moi et continu son doux massage.
Je sais qu'elle s'inquiète … moi aussi !
Et à ce moment, plus qu'à aucun autre, je sens en moi monter ce besoin de devenir fort … encore plus fort ! Parce que demain, je devrais empêcher ce monde de sombrer … tous les protéger parce qu'ils sont Mon Monde !


Ma main repose près du visage pâle de Cyléna. Chaque jour, j'espère un peu plus la voir retrouver des couleurs et ouvrir les yeux.
Je passe délicatement mon doigt le long de sa joue. Son petit corps paraît si faible au milieu de ce lit immense.

Elle me manque !

Je lui dit. Et je lui souffle aussi que je l'aime.
Si Ron est ce frère que je n'ai jamais eu, Cyléna est la petite sœur à chérir que notre monde si cruel m'a offert.

Alors j'apprends à l'aimer … un peu plus chaque jour. J'apprends à lui dire pour être capable de lui avouer lorsqu'elle me regardera de nouveau avec ces yeux pleins d'amour teinté d'adoration.

J'entends la porte s'ouvrir. Orphéa entre d'un pas léger dans la chambre aux couleurs claires et chaudes. Elle s'approche de moi et, sans même me jeter un regard, pose la main sur le front de l'enfant endormie. Elle ferme les yeux un instant.
Il semble qu'elle puisse ainsi approcher le flux magique et vital de Cyléna et jauger son état. Après quelques minutes, elle se tourne vers moi et me sourit. Je sens, comme à chaque fois, un poids s'enlever de mon cœur.

Je sursaute alors qu'à présent, c'est sur mon propre front qu'elle pose sa main.
Je croise son regard inquiet.

- Tu vas mieux ?
- Ne t'en fais pas Féa ! Un petit moment d'égarement, je te l'ais dit.

Elle fait la moue avant de me répondre.

- Moui, on va dire ça. Mais tu sais, il ne faut pas que tu te prennes la tête. Prend les choses comme elles viennent Harry. Ron a fait un pas vers toi, rien ne t'oblige à faire le pas suivant dès maintenant. Je sais que tu as peur … mais nous, eux, moi, on sera là quoi qu'il arrive. Quelque part tu le sais et ça te fait peur … C'est aussi leur monde, leur famille … Tu es leur ami, tu es l'homme que j'aime et nous avons tous envie d'être à tes côtés jusqu'à la fin !

Voilà ce que j'avais si peur d'entendre !
Je l'entend rire doucement alors que je soupire.

- Je me doute bien que tu n'aimes pas m'entendre dire ça et que tu préfèrerais m'enfermer entre les quatre murs les plus épais que tu pourrais trouver en ce bas monde !

Je souris en entendant l'image. Elle n'a pas tout à fait tort …

- Tu m'exaspères à tout savoir si facilement. Tu n'es pas humaine … le commun des mortels s'arrache les cheveux à longueur d'existence dans la crainte de ce que peuvent penser les autres. Et toi, tu arrives et j'ai l'impression que tu lis en moi comme dans un livre grand ouvert. Tu m'énerves !

Elle glousse un peu et se glisse dans mon dos en passant ses bras autour de mon cou.

- Moi aussi je t'aime Harry Chéri !

Je grogne deux minutes puis me laisse aller dans sa chaude étreinte.
- Harry ?
- Mmm ?
- Tu es conscient que nous devons aller dans la salle d'entraînement au moins ?

Je choisis de ne pas répondre devant la mise en garde. Avec un peu de chance …

- Inutile de faire comme si tu t'étais endormi Harry, je sais que tu es parfaitement réveillé.

Toujours aucune réponse de ma part...
C'est alors que je sens sa main descendre sous mon tee-shirt et se glisser langoureusement le long de mon torse. Je me détend imperceptiblement avant que …

… je ne sente une légère décharge s'élancer juste à l'endroit où se pose la main d'Orphéa. Puis une seconde se diffuse brutalement dans mon organisme.
Je sursaute comme un damné et me lève dans le mouvement. Je me retourne vers ma petite-amie en massant mon ventre endolori.

- Non mais ça va pas !

Elle m'observe d'un œil goguenard tout en jouant nonchalamment avec les petits éclairs qui lui lèchent la main. Parfois … je dis bien parfois, je hais le fait que la femme que j'aime soit une Mage. Le reste du temps, j'aime bien, sauf quand elle prend mon estomac pour un paratonnerre.

- Allez jeune homme ! Hors de cette chambre ! Je te veux prêt dans 5 minutes ou je me verrais dans l'obligation de sévir.

Une tripotée d'images interdites au moins de 18 me traversent alors l'esprit. Je laisse un sourire lubrique se dessiner sur mes lèvres.
Je me glisse doucement vers Orphéa tout en écartant la main coupable. Mes doigts longent sa colonne vertébrale et s'installe au creux de ses reins alors que j'approche ma bouche de son oreille.

- Tu sais bien que je suis toujours prêt pour toi ma douce !
- HARRY !

Et je m'esquive d'un mouvement en gloussant. Le visage de ma tendre moitié se teinte d'une jolie teinte rosée. Elle n'est pourtant pas timide en temps normal mais les allusions sensuelles faites devant public ont tendance à la faire délicieusement rougir. Je me plais à penser qu'il y a plus d'envie là-dedans que de gêne …

- Tu n'as pas honte de faire ça devant une enfant ?

Je hausse les épaules et jette un dernier coup d'œil à la petite forme profondément endormie dans le lit. Puis je pousse le battant de la porte resté entrouvert et m'éclipse dans le couloir éclairé par les candélabres. Je met les mains dans mes poches, le regard fixe au travers de la fenêtre face à moi. Il doit à présent être près de 20h. Aux vues de mon petit moment d'angoisse dans la chambre ce midi, Orphéa a préféré me laisser ma journée pour récupérer. Aussi suis je resté quasiment tout le temps près de Cyléna.
Mais visiblement ma petite-amie n'a pas dans l'intention de faire sauter l'Invocation.
Je hausse de nouveau les épaules en soupirant. Après tout, elle n'a pas tord non plus …

Je sors la main de ma poche et la monte au niveau de mes yeux. Je ferme et rouvre doucement les doigts, pensifs. Il est loin le temps où mes mains servaient à essuyer mes larmes et à me protéger des coups de Dudley. Aujourd'hui, je veux les utiliser pour construire un avenir … Je veux pouvoir un jour rire en me rappelant des moments tristes.
Chaque goutte de sueurs perdue pour ce rêve est pour moi comme un pas en avant !

Je me détourne de la fenêtre et me lance d'un bon pas vers la salle d'entraînement.

Attend moi Ron ! Attend moi encore un peu ! Bientôt je serais capable de revenir vers toi avec le sourire ! Tu as avancé vers moi, maintenant c'est à moi de travailler dur pour être l'ami et l'Élu dont vous avez besoin !


Et alors que, fort de cette nouvelle résolution qui enflammait mes ardeurs, je m'éloignais de la chambre, dans la psyché posée dans l'ombre du couloir, deux yeux rouges m'observaient, moqueurs.
- Tu as mis du temps mais te voilà prêt ! Que le jeu commence !


Le vent froid fait dresser les poils sur mes bras. Pourtant, je reste là, appuyé contre la rambarde du balcon de notre chambre. Au loin, le soleil se lève à peine … la neige a recouvert le parc durant toute la nuit.
Aujourd'hui, nous sommes le 26 Décembre, et je peux enfin profiter d'un moment de calme avec la femme que j'aime.

Nous sommes retourné à Little Whining le 24 dans l'après-midi afin d'aider Marie à préparer le réveillon.
Je dois bien avouer que je me suis royalement régalé. La maman de ma petite-amie est un chef en cuisine. L'ambiance était vraiment agréable, et m'a rappelé les Noëls de Poudlard. Mes beaux-parents sont des gens charmants et très intéressants. Philippe et moi avons parlé de choses et d'autres pendant une bonne partie de la soirée, laissant aux femmes le plaisir de se retrouver et de s'éclipser pour discuter de je-ne-veux-pas-savoir-quoi-mais-je-sens-que-ça-me-concerne.

Puis ils ont finit par aller se coucher et je suis resté devant la cheminée, serré contre le corps de ma petite fée. Nous avons longtemps discuté nous aussi, à voix basse, comme des secrets d'enfants que les parents ne doivent pas entendre.

Et dans la nuit de Noël, Orphéa m'a parlé de ses craintes, celles qu'elle garde si profond dans son cœur, celles qui la ronge chaque jour un peu plus.

- Tu sais Harry, j'ai l'impression d'avoir construit une vie sur du papier à musique ... tous les moments et les gens que j'ai connus s'envolent comme autant de notes. Tout ce que j'ai connu a disparu sans un écho à un moment ou à un autre de ma vie.
Et la mélodie de ce temps perdure uniquement dans ma tête … Je suis la dernière des Mages … et bientôt je me battrai pour un monde dont j'ignorais il y a peu l'existence et qui a livré mes parents biologiques à la mort.
Tu es celui qui a redonné un peu de vie à cette musique dans ma tête, Harry ! Tu m'as redonné une nouvelle raison de vivre alors que je ne voyais que le mur au bout de mon chemin. Alors je veux croire en ce monde qui est le tien, je veux apprendre à y vivre, mais j'ai peur qu'un jour, tu ne te lasses de moi et tu ne disparaisses sans bruit. Que me restera-t-il à ce moment là ? Un papier à musique couvert de notes mais dont la mélodie n'existe plus …
Mon existence est une ébauche musicale qui ne trouve sa place nul part. Je suis née dans un monde, adoptée dans un autre et destinée à retourner dans le premier comme l'unique représentante d'une espèce en voie d'extinction, exterminée par ses propres semblables. Les gens que je rencontrerais chez les Sorciers sauront ils m'accepter ou vont ils me haïr et me craindre pour ce que je suis … vont-ils me jalouser, vouloir ma mort comme tant d'autres avant eux ?
Ici, j'avais mes parents … et bien que j'ai toujours senti la différence entre nous, ils sont ma famille et m'ont aimé comme chaque enfant rêve d'être aimé. Et aujourd'hui, ils sont en danger par ma faute, et par la faute de personnes et d'évènements dont ils n'ont même pas idée …
Et toi … toi … et bien, chaque matin, je tremble de savoir si je te trouverai à mes côtés en ouvrant les yeux. Tu es le chef d'orchestre de mon existence. Je ne peux plus imaginer devoir vivre sans toi !

Je grogne un peu alors que le vent froid tombe de nouveau sur mes épaules. Orphéa a cette capacité que je n'ai pas de trouver les mots pour exprimer ses sentiments les plus profonds. Elle me dit que je suis son chef d'orchestre mais lorsque je regarde son corps alangui sous les couvertures, lorsque je repense à son sourire, je me dis que je ne peux pas la comparer à autre chose qu'une œuvre d'art, lumineuse et envoutante. Elle est ma Symphonie, la musique qui fait accélérer mon coeur et me donne des frissons, celle qui vous ensorcelle et vous reste en tête à longueur de journée ...

( Je précise qu'à ce moment de l'écriture je suis tombé dans ma playlist sur le Nocturne de Chopin, alors veuillez excuser si la métaphore musicale ne parle pas à tout le monde ! Allez savoir ce qui m'a pris, mes doigts ont tapés tous seuls … Méssants doigts ! )

Cette conversation nous a fait du bien à tous les deux je pense. Nous avons même finis par nous endormir collés l'un à l'autre dans le canapé.
Le lendemain, j'avais quand même de sacrées crampes ! Ça m'apprendra à jouer les amoureux transis …

La journée du 25 a bien sûr été consacrée aux cadeaux. Les parents d'Orphéa ont été ravis du service à vin et du parfum que nous leur avons offerts.
Nous avons passé le reste de la journée avec eux ainsi que le diner. Nous n'avons regagné le Manoir que tard dans la soirée encore une fois. Et nous nous sommes immédiatement couché … Autant dire que je n'ai pas eu le temps de profiter comme il se doit de Noël avec mon amoureuse !

Je soupire … l'air que j'expire forme un petit nuage de fumée devant mes yeux.
Dans deux semaines, je serais de retour à l'école. Bien qu'il me tarde de mettre les choses à plat avec mes amis, je crains la séparation avec Orphéa.

Brusquement, je sens deux petites mains se glisser contre mes hanches et un corps chaud se coller contre mon dos.

- Huum Ry ? Viens te coucher !

Je ris légèrement avant de prendre les mains d'Orphéa entre les miennes et de me retourner. Elle pose alors deux yeux à peine ouverts sur moi tout en baillant.
Je caresse du bout du doigts la larme de sommeil qui s'échappe de son œil. Je vois le coin de ses lèvres se retrousser dans un sourire endormi alors qu'elle appuie son corps à moitié nu contre le mien qui s'éveille à son contact.

- Ry …
- Humm ?
- Tu es un pervers !

Je souris, ravi qu'elle sorte de son état semi-comateux et remarque mon état … avancé.

- Certainement ma chérie ! Mais je crains que ce ne soit de ta faute et non de la mienne !
- Mouais … c'est quand ça t'arrange ça aussi !

Je sens son sourire s'accentuer contre mon torse.

- Ramène moi dans le lit et j'étudierai la question.

Je m'empresse de soulever mon précieux fardeau et de la déposer au creux des draps. J'entends alors son rire résonner doucement à mes oreilles...

Quelques heures plus tard, alors que le soleil est à présent bien haut dans le ciel, j'observe amoureusement le corps nu de ma petite-amie sortant de la douche.

- Harry mon cœur ! Il est temps de partir à l'entraînement.
- Mmm ?
- HARRY !
- Moui j'ai entendu !

Je reste pourtant affalé sur le lit, une serviette enroulée autour de mes reins pour seul vêtement.
Et, alors que Orphéa me tourne le dos pour se regarder dans le miroir, je tend la main et attrape un petit paquet caché dans un recoin de ma table de nuit.
Je me lève d'un mouvement et la rejoins devant le miroir. Je fixe son reflet et approche ma bouche de son oreille.

- Ferme les yeux.
- Quoi ?
- Fais moi confiance.

Elle me dévisage au travers du miroir puis finit par obéir. J'ouvre alors la boîte et attache le premier cadeau que je fais à la femme de ma vie autour de son cou fin et fragile.

Elle rouvre brusquement les yeux en sentant la caresse du métal et les pose sur le bijou.
Je souris, satisfait de mon choix. Un collier d'argent repose tranquillement sur la poitrine d'Orphéa. Sur le devant plusieurs filins d'argent s'entrelacent et entourent une gemme bleue de la taille d'une grosse bille. La pierre est brute, et brille doucement à la lumière du soleil. Les reflets qu'elle renvoie semble animés et se projettent dans tous les coins de la pièce.

Féa prend doucement le collier entre ses doigts tremblants.

- Qu'est ce que …

Elle pose un regard interrogateur sur moi alors qu'elle sent la petite présence magique au cœur du pendentif.

- Il s'agit d'un Diamant de Lune.

Je me suis un peu renseigné avant d'acheter ce genre de bijou. Je voulais quelque chose de spécial qui puisse me lier à Orphéa même après mon départ pour Poudlard. Lorsque j'ai vu cette pierre dans un des livres de la bibliothèque, j'ai tout de suite su que c'était ce que je cherchais. Par contre, j'ai eu beaucoup de chance de pouvoir en trouver une. J'avoue, il a fallu que je la fasse venir d'Égypte, mais je n'ai pas pu trouver plus près.

- J'y ai lié un peu de mon âme et de ma magie. Il agira comme un talisman protecteur et ainsi je serais toujours un peu près de toi. En plus ...

Avant que je ne puisse continuer, Orphéa se retourne d'un bloc et jette ses bras autour de mon cou.
Je l'entend faiblement me remercier plusieurs dizaines de fois, puis elle m'embrasse. Je me laisse faire … de bon cœur.
Ses yeux sont humides lorsqu'elle se détache un peu de moi. Je dépose un baiser papillon sur ses lèvres en lui soufflant un joyeux noël.

Finalement, je l'aurais eu mon Noël avec Orphéa !


- Harry ! Ta garde ! Je pourrais t'achever en un coup avec une garde aussi merdique !
- Oui et ben, c'est ce que tu es en train de faire Féa !

Je m'affale sur le parquet, dégoulinant de sueur, mon épée résonnant lorsqu'elle touche le sol à son tour.

- Ça fait quatre heures qu'on s'entraîne sans s'arrêter. Laisse moi au moins boire un coup !

Je la vois hausser les épaules en soupirant.

- Fais comme tu veux ! Mais ne compte pas sur moi pour sauver ta peau si tu te retrouves dans un combat qui dure plus de quatre heures !

Je ris en buvant avidement la moitié de la bouteille qu'elle fait apparaître près de moi.

- Féa ! Dans un vrai combat, j'aurais le droit d'utiliser ma magie aussi tu sais !
- Je te le souhaite, Harry chéri !
- Rooh commence pas à jouer l'oiseau de mauvais augure !

Et je soupire de bonheur en reposant mes bras contre le sol frais.
Je rouvre une paupière en entendant Orphéa ranger son épée dans son fourreau.

- Je vais voir Cyléna.

Je hoche la tête sans rien ajouter.
Depuis deux jours, je trouve que ma petite-amie se conduit bizarrement. Elle est constamment sur ses gardes et il lui arrive de s'arrêter au beau milieu du couloir pour scruter les alentours d'un regard inquiet.
Mais ce qui me tracasse encore plus, c'est le fait que parfois, je la trouve en train de me fixer, les sourcils froncés comme si j'avais quelque chose à lui cacher … ou comme si j'avais quelque chose au milieu du visage.

J'ai bien tenté de lui demander ce qui n'allait pas mais elle finit toujours par me sourire et par me dire qu'il n'y a rien, qu'elle s'inquiète pour rien.

J'espère que cette manie va vite lui passer parce que je vois bien que ça commence à la ronger. Et que je ne peux rien y faire tant qu'elle ne m'explique rien. J'ai vite compris que les Mages et les Sorciers ont deux manières bien différentes d'appréhender l'environnement et que, tant qu'elle ne juge pas nécessaire de m'en parler, je risque de rester dans le brouillard.

Je me relève en grimaçant. J'ignore si c'est l'inquiétude qui la rend ainsi mais elle devient de plus en plus dure pendant les entraînements. Et mes muscles ont sacrément gobés ce soir.

Je me dirige à pas lent vers notre chambre après avoir rangé mon épée à mon tour. Je me glisse avec plaisir sous le jet d'eau chaude de la douche.

Quelques heures après, après avoir profité d'un excellent repas, nous retournons sans un mot à la salle d'entraînement.
Je m'affale plus que je ne m'assoie sur les coussins et ferme les yeux sans attendre. Cette fois, Orphéa s'installe à mes côtés. J'ai à peine le temps de m'en étonner que je me sens happé par mon moi interne. Je me retrouve avec plaisir au creux de la chaleur épaisse de mon âme, illuminé par les reflets de ma magie.

Je découvre chaque jour des lueurs et des reflets différents, chaque jours j'appréhende un peu plus ma magie.
J'approche doucement la main de la sphère lumineuse qui trône devant moi. Et alors que je la frôle du bout des doigts, quelque chose de totalement inédit se passe.

Un des rubans de magie qui s'échappe de la sphère commence à réagir bizarrement. Il se met à glisser vers le sol, puis se redresse et se rapproche de ma main. Il s'enroule autour puis longe mes doigts et remonte autour de mon bras gauche.

Puis brutalement, il me lâche et se met à flotter vers l'obscurité derrière la sphère. Il s'arrête un instant puis repart aussi sec et disparaît dans le noir.

Je fronce les sourcils … j'ignore si ce genre de réaction est tout à fait normale mais franchement, j'en doute.

Au creux de mon estomac, je sens la curiosité monter ainsi qu'un sentiment d'attente. Je cède bientôt à la tentation et contourne la sphère pour suivre l'étrange ruban de magie qui a disparut dans la nuit de mon âme.

Je sens comme un appel dans mon dos alors que la sphère disparaît de mon champ de vision puis j'élance mon corps astral dans le noir.
Je cours pendant un certain temps … difficile de savoir combien dans un univers comme ça. Je ne vois toujours rien, même pas le ruban.

Puis, j'aperçois du coin de l'œil une faible lueur rouge un peu plus loin sur ma droite. Je me dirige plus lentement vers la lumière puis m'arrête. Devant moi flotte le ruban rouge, s'enroulant et se déroulant avec grâce, envoutant. Je tend la main pour l'attraper lorsqu'il disparaît purement et simplement, sans un bruit.

Je reste là, la main tendue vers du vide. Pourtant, au creux de mon ventre, le sentiment d'attente s'amplifie encore un peu, formant comme une boule noueuse et inquiétante. Un sentiment d'impatience commence à monter progressivement et à couler le long de chacun de mes muscles.

Et, alors que je pensais ne plus rien voir du tout, je commence à sentir un souffle chaud contre mon visage. Je secoue la tête … impossible !

Du vent … dans mon âme ! Impossible !
Ou alors … ou alors, je ne suis plus dans mon âme !

L'impatience naissante devient de plus en plus présente alors qu'une violente bourrasque de vent chaud vient caresser chaque parcelle de peau à nue. Je sens ma magie commencer à bouillir, je la sens partout, en moi, autour de moi, s'embraser et s'affoler …

Et puis soudain … plus rien.
Seulement un grand vide et le son de mon sang qui résonne à mes tempes …
Et une impression … une oppressante impression … celle que quelqu'un m'observe, là quelque part … et partout à la fois !

Je me retourne et fouille l'obscurité des yeux. Mes doigts se serrent compulsivement à intervalle régulier et mon souffle commence à s'accélérer.

Et je sens, au fond de moi, mon côté Gryffondor qui me pousse à avancer, à aller chercher celui qui est là, tapi dans le noir, à le sortir de sa tanière.
Alors je cède et je cours. J'avance tout droit sans rien trouver, sans même savoir où chercher.

Lorsque je finis par m'arrêter, étrangement essoufflé, je grogne :

- Bordel de merde, mais vous êtes qui ?

Un petit silence me répond puis j'entends distinctement un son rauque s'élever de l'ombre, comme un grognement, faisant vibrer l'air chaud autour de moi. Ce son résonne alors comme un rire … un rire moqueur.

Les poils se hérissent sur mes bras alors que la fureur explose dans mon ventre et que la frustration se joint à elle.

- Vous me voulez quoi ?

Une bourrasque chaude me surprend et me fait faire quelques pas en arrière.
Puis du néant, une voix s'élève à son tour.

- Je vais jouer avec toi jusqu'à brûler ton âme ! Alors cours si tu ne veux pas que je te consume !

Je marque un moment d'arrêt puis je sens doucement la température commencer à augmenter autour de moi.
Je repense en flash aux paroles que mon « hôte » a prononcé il y a quelques minutes et qui ont calmées pour un temps mes ardeurs.

Et, alors que la température ambiante augmente encore, je me mets à courir. Autour de moi, le noir commence à prendre des teintes ocres puis rouges. J'ai l'impression de voir bruler une toile et d'être à l'intérieur.

Je continue à courir, l'air brûlant me carbonise les poumons sur son passage et j'ai de plus en plus de mal à respirer. Je m'arrête pour reprendre mon souffle mais ça n'a visiblement pas l'air de plaire à mon nouvel « ami » qui fait apparaître un immense mur de flamme quelques mètres derrière moi.

Je reprend ma course alors que quelque part dans ma tête un son résonne comme un signal d'alarme, comme pour m'empêcher de continuer dans cette direction.
Je cherche à me concentrer pour comprendre d'où me vient cette impression mais la chaleur ambiante devient trop intenable pour me permettre de penser à l'endroit.

Puis, à milieu du capharnaüm de mes pensées, j'entends distinctement une voix s'élever.

- Harry ? Harry !
- Féa ?

Je m'arrête un instant, à la fois interloqué et heureux d'entendre la voix d'Orphéa dans cet endroit.

- Harry ! N'.. pas ! R..vi !
- ORPHEA ! Ou es tu ?
- Je t. … che... je … amener ..

J'entends sa voix comme hachée alors que le craquement des flammes s'amplifie à chaque minute qui passe.

Puis alors que je me remet à courir pour échapper au mur de flammes qui vient lécher mes pieds, j'aperçois une forme blanche se profiler au loin sur ma droite.
Je distingue bientôt comme un gros chien … avec des ailes … blanches en plus !

Qu'est ce que c'est que ce truc ! Il n'apparaît pas vraiment dans mon bestiaire personnel d'animaux magiques ...

- HARRY !

Je ne peux pas détourner les yeux de la forme floue qui se rapproche de plus en plus. Il semble illuminer de l'intérieur et je n'arrive pas distinguer clairement de quoi il s'agit.
Inconsciemment poussé vers cet animal, je commence à bifurquer …
Et me retrouve bloqué contre un nouveau mur de flamme, me séparant de l'étrange animal.

- Ne me dérange pas, disciple ! Ce soir, je serais celui qui amènera la Mort sur la tête de cet enfant !

Puis, j'entends comme une vague protestation et un violent coup de tonnerre. Lorsque je repose mes yeux là où était auparavant la forme lumineuse, il n'y a, à présent, plus rien.

Et de nouveau, les murs de feu reprennent leur avancée dans ma direction.
N'ayant pas d'autre solution, je reprend ma course effrénée dans l'obscurité. Et, alors que mon cœur me donne l'impression de vouloir imploser sous la douleur et la chaleur, je sens mes jambes se dérober sous moi.

Je ferme les yeux, attendant la douloureuse caresse des flammes sur mon corps … mais rien.
Je bouge un peu les doigts et sens contre ma peau un contact rugueux. Je soulève laborieusement les paupières et observe le sol sous moi.

De la cendre … une épaisse couche de cendre ...
Je me redresse et observe mon entourage … aucun mur de flammes à l'horizon … juste un immense paysage de désolation.
Sous un ciel rouge sang, je découvre une univers rongé par les flammes, les squelettes noirs et hideux des arbres sont les seules choses qui parviennent encore à tenir debout au milieu de cette plaine dévastée par le feu. Certains brasiers brûlent encore ici et là au milieu de l'étendue.

Je me lève doucement et avance de quelques pas. L'air est lourd et sec, il n'y a aucun signe de vie à perte de vue.

Je jette un œil derrière moi. Il ne reste plus rien de l'étendue d'obscurité où je courrais il y a encore quelques minutes … le même paysage de désolation à des kilomètres à la ronde.

Sans but, je me met alors à marcher, les jambes lourdes. Je me dirige vers un énorme rocher, seul vrai point de repère au milieu de ce désert.
Mais, au moment où je me prépare à le contourner pour trouver un endroit où m'assoir, je sens un mouvement sur ma gauche. Je me recule brutalement et distingue une vague masse de poils gris retomber avec un grognement là où je me tenais précédemment.

Je ne comprend strictement rien à ce qu'il m'arrive. Il y a quelques temps j'étais encore dans le cocon chaud de mon âme et me voilà perdu au milieu de nul part face au loup le plus énorme que j'ai jamais vu.

Je me stabilise rapidement sur mes deux jambes alors que le fauve devant moi se prépare à se jeter de nouveau sur moi.
Il grogne sourdement avant de bondir. Je me décale au dernier moment et évite l'attaque, attrapant au passage une branche morte. Je la brandis tant bien de mal devant moi, pas trop sûr d'avoir trouvé une arme de qualité. Mais bon … j'ai que ça sous la main …

Le loup attaque brusquement, je réagis à l'instinct et mon bras pare l'attaque. L'animal, frustré, revient immédiatement à l'attaque. Je l'évite une nouvelle fois mais l'assaut suivant fait mouche et je sens la bête enfoncer ses crocs aiguisés dans les chaires de ma cuisse droite. Il serre violemment avant que je ne parvienne à lui faire lâcher prise.
Je trébuche sous la douleur et me rattrape au rocher, à présent dans mon dos. Le loup s'élance vers moi alors que mon sang macule ses babines retroussées.

Je lève le bras et assène un violent coup sur le côté de mon adversaire qui couine légèrement avant de reculer.
Nous restons là quelques minutes à nous observer avant qu'un bruit ne parvienne à mes oreilles … et à celle de mon adversaire qui à visiblement l'air de savoir plus que moi d'où il provient.

Je le vois rabattre les oreilles vers l'arrière alors qu'il s'élance de l'autre côté du rocher. Étonné qu'il abandonne ainsi le combat qu'il a lui-même engagé, je jette à mon tour un œil derrière la masse rocheuse.

Là, massés au pattes de mon adversaire à fourrure, je distingue deux petites boules de poils, de minuscules louveteaux de quelques semaines à peine certainement.
La louve ne m'a donc attaqué que dans le but de protéger ses petits. Je souris en m'appuyant un peu plus sur la paroi rocheuse.

Puis je remarque ce qui a attiré l'animal alors qu'il se préparait à m'attaquer de nouveau. L'un de ses petits, installé dans un recoin de l'abri, s'est trouvé coincé par le feu.
Je vois la louve s'approcher le la barrière de flamme puis reculer brusquement. Une odeur de poils brûlés me monte au nez. J'entends les jappements de peur de l'animal coincé et ceux désespérés de sa mère.

Je sais que si je ne fais rien je m'en voudrais toute ma vie … quelque soit l'endroit où je me trouve !

Je m'avance en boitillant. Je me poste près de l'énorme louve qui se retourne d'un bond vers moi et retrousse méchamment les babines.
Je lui jette un simple coup d'œil avant de m'avancer vers les flammes qui ont enflées au point de faire à présent plus de ma taille. Impossible de passer par dessus ...
Je m'accroupis et tente de distinguer où s'est tapis le louveteau.

Il paraît que les Gryffondors sont de vraies têtes brûlées. On va vérifier ça tout de suite !

Je ricane un peu avant d'avancer brutalement le bras au travers des flammes. La douleur me mord immédiatement les chaires et je sens une atroce odeur de cochon brûlés envahir mes narines. Je tente de me concentrer sur le louveteau apeuré derrière les flammes. Ma main cherche désespérément le contact avec le poil de l'animal.
Pendant ce temps, le feu ronge doucement mais sûrement la peau et les muscles de mon bras. La brûlure devient insoutenable, et je ne sens plus rien d'autre. Elle envahit tout mon être jusqu'à ce que je ne sois plus que douleur.

Puis, tout à coup, je sens la fourrure rêche du petit animal contre mes doigts. Au moment où je referme ma main sur lui, je perçois dans le brouillard de ma douleur la sensation de ses petits crocs dans mon poignet.

Je retire brutalement mon bras puis jette un œil au louveteau qui tient dans le creux de ma main. Je le sens trembler alors qu'il geint misérablement. Il n'a visiblement pas souffert du passage dans les flammes. Je force ma main à lâcher l'animal et assiste avec plaisir aux retrouvailles avec la mère.
Celle ci se met alors à le lécher de fond en comble vérifiant visiblement que tout va bien.

Et moi, je n'ose pas baisser les yeux sur l'état de mon bras. A présent que je l'ai retiré des flammes, je ne sens absolument plus rien … seulement une lancinante sensation de douleur, minime par rapport à celle ressentie juste avant.

La louve finit par lever ses yeux dorés vers moi. Elle s'approche légèrement, nettement moins agressive que quelques minutes avant. Puis je la vois ouvrir de grands yeux et bondir en arrière tout en protégeant ses petits.

Ses yeux restent fixés sur bras alors qu'elle se remet à grogner. Je baisse à mon tour le regard, un peu à contre cœur.
Mes chaires sont complètement carbonisées et je distingue le blanc de l'os à l'endroit où le feu était le plus fort. Je manque de défaillir à cette vue.
La seule chose qui fait que je reste éveillé, c'est que sous mes yeux mon bras commence à prendre de nouveau feu. Quelques flammèches s'élèvent depuis le bout de mes doigts et prennent rapidement de l'ampleur.

Je tente tant bien que mal de l'éteindre mais rien n'y fait. Et bientôt, j'assiste impuissant à la montée lente des flammes le long de mon bras. Elles arrivent doucement à mon épaule et là, je sens la douleur revenir en flèche.

Je me met à hurler alors que le feu s'empare de tout mon corps. Je distingue la caresse des flammes sur mes pieds, le long de mes jambes, sur mon ventre, venant couler sur mon visage tordu par la douleur.

Alors je cris … je cris encore jusqu'à me briser les cordes vocales. Je n'aurais jamais imaginé qu'une telle douleur puisse exister. Rien … absolument rien … même le Doloris ne m'avait préparé à subir une douleur si intense et violente.

Puis, au moment au je me sens partir, j'entends cette voix rauque et moqueuse s'élever en moi :

- Je t'avais dis que je brûlerai ton âme ce soir !

Et là, au milieu de cet univers de douleur, je me rappelle de mon Monde … ce monde que je veux tellement protéger, que je ne peux pas abandonner.
J'ai choisi de me battre et aujourd'hui, je suis prêt à laisser tomber. Je sens une larme couler le long de ma joue consumée par les flammes.

Je ferme la bouche pour tenter d'arrêter de crier. Je serre les poings alors que chaque mouvement est une torture de plus.

Je ne peux pas abandonner maintenant. Je dois au moins me battre jusqu'au bout … même si je dois mourir ce soir, je veux me battre jusqu'au bout et attraper la moindre étincelle d'espoir.

Alors je serre les dents, je serre les poings, et j'ouvre les yeux. Je bande toute ma volonté, toute ma magie. Je ne cherche plus à savoir comment faire … je sais juste que je vais mourir et que je veux emmener celui qui me fait ça avec moi … je ne veux pas prendre le risque qu'il devienne un danger pour mon monde.

Au travers de la danse lugubre des flammes, je distingue une ombre énorme et massive un peu plus loin devant moi, les babines retroussées, les crocs dessinant un sombre sourire. Je croise ses yeux rouges fixés sur moi, attentifs à chaque minute de mon agonie.

Je met alors toute ma volonté dans cet unique mouvement, je met toute ma magie dans cet unique sort.
Et lorsque le projectile créé par ma volonté et ma magie prend son envol, je distingue la forme que mon inconscient lui a donné … un Phénix ! Ironique pour quelqu'un qui est en train de mourir par le feu …
Je le vois s'élancer vers son ennemi et lorsqu'il atteint son but, j'entends un énorme hurlement qui résonne alors dans chaque cellule de mon corps.

Je ricane alors que je me sens partir. Mon esprit échappe totalement à mon emprise et je ne parviens plus à tenir.
Et alors que je sens mon corps disparaître, je souhaiterai pouvoir verser encore une larme... parce que je l'aime. Son nom s'échappe dans un dernier souffle de mes lèvres.

- Féa ...

Et je me laisse glisser dans le noir, toujours accompagné par la douleur. Je vais mourir sans avoir pu tenir mes promesses … je vais mourir en laissant ceux qui comptaient sur moi … je vais mourir seul...


…... Oui, je sais …...
…...C'est sadique comme fin !

…...J'adore ça !

Que voulez vous je ne suis pas comme le bon vin … les années ne m'ont pas bonifiées !

Bref, en attendant, mon chapitre vous a-t-il plu … révolté … révulsé … passionné …
J'attends avec une impatience terrible tous les avis que vous voudrez bien me donner !

A très bientôt au chapitre 15 !
Eternity … qui vous adore !