Une toute petite histoire Hermione/Drago. La chanson est celle qui m'a inspirée pour écrire, elle n'a pas forcément grand chose à voir avec l'histoire en elle-même.

Je dédie cette fic à Virginie1 dont la review m'a fait particulièrement plaisir.

SANS BRUIT.

Elle en fera des poches Pour mieux se persuader Que sa vie n'est pas moche Qu'elle est juste encombrée Par des filles angéliques Qui regardent son mec Elle connaît la musique Mais ses yeux restent secs.

Sans bruit Il la trompera Sans bruit Puis il rentrera Lui dire Il n'y a que toi que j'aime La vie est une bohémienne Et c'est sans bruit Que les larmes viennent.

Elle posera ses valises Sur les quais des grandes lignes Pour voir comment se brisent Les illusions intimes Elle refera sa vie Mille fois dans sa tête Mais ce qu'on décide la nuit Demain sera peut-être.

Sans bruit Il la trahira Sans bruit Puis il rentrera Lui dire Il n'y a que toi que j'aime La vie peut devenir chienne Et c'est sans bruit Que tout son cœur saigne.

Elle pensera au pire En longeant des écluses Mais elle préfère souffrir Sans se trouver d'excuses Elle parlera de lui Comme s'il était mort Sur sa photographie Elle jettera des sorts.

Sans bruit Elle le trompera Sans bruit Puis elle rentrera Maudire L'appartement désert La vie est une carnassière Et c'est sans bruit Qu'on rentre en enfer...

Patrick Fiori.


- « Mademoiselle, ils vous attendent en bas », rappela un jeune homme qui passait par-là.

- « Je sais. Encore quelques minutes et je descends. »

Hermione se tenait près de la fenêtre et observait de haut les dizaines de personnes qui s'agitaient dans le jardin. Son jardin. Merlin savait à quel point elle aimait cette maison qu'elle avait décorée à son image et surtout combien elle détestait que des inconnus, toujours plus nombreux, y ait accès. Mais il avait une image à gérer et sa carrière passait avant tout. Le pire, c'est qu'elle était sure qu'il l'aimait... Tout aurait été tellement plus facile s'il n'y avait pas eu cette inexplicable passion entre eux, ce feu qui les habitait et les laissait inassouvis l'un sans l'autre.

- « Hermione, il faut que tu viennes maintenant. Ce ne sera pas long... », l'appela Blaise.

Il venait d'entrer dans la pièce et ne put s'empêcher de la déshabiller du regard. Elle portait une robe rouge qui moulait sa poitrine et sa taille avant de s'évaser pour tomber en différents morceaux sur ses genoux. Elle était l'égérie même de la femme-enfant, la tentation incarnée, le feu sous la glace. Comment pouvait-on faire autrement que de la désirer ? Pourtant pour l'instant, la nature énergique de la Gryffondor était quelque peu ternie.

- « Ne mens pas Zabini, il va y en avoir pour des heures », déclara-t-elle dans un sourire. « Surtout que j'ai accepté cette interview après... »

Son regard se perdit de nouveau dans le vague avant qu'elle ne secoue la tête comme pour chasser ses pensées.

- « J'imagine que je n'ai plus le choix... Si c'est toi qu'ils envoient, c'est que je suis très en retard ! »

Les deux sorciers échangèrent un regard complice : tout le monde savait que Blaise était le seul à savoir comment s'y prendre avec «l'ingérable » Mademoiselle Granger !

- « Au fait, demanda Zabini en glissant un bras sous le sien pour l'entraîner vers la sortie, tu sais où est Zoéline ? »

La jeune femme stoppa net le mouvement, ses yeux étincelant de fureur :

« Pourquoi ? Ne me dis pas que Zoé doit faire des photos ? »

Le hochement de tête du sorcier la fit entrer dans une colère noire. Furieuse, elle dévala l'escalier et courut à la rencontre de Drago.


Drago Malfoy était, dans son jardin, en train de choisir entre différentes photos. Il était l'image même du calme alors que la cinquantaine de personnes autour de lui bouillait d'impatience. Malfoy avait toujours été patient et puis de toute façon, il l'aurait attendue toute sa vie s'il avait fallu. Alors, à quoi bon s'énerver ? Elle était tout ce dont il avait besoin, la seule, l'unique, sans qui il ne pouvait pas vivre. Et il se foutait royalement du fait que les autres avaient aussi une vie et qu'ils auraient certainement aimé rentrer chez eux ! Il releva la tête en entendant des exclamations de soulagement. Hermione venait de faire son apparition... Il remarqua brièvement qu'elle était furieuse mais ne vit que ses pieds nus, sa robe volant autour d'elle et ses cheveux lâchés. Elle avait l'air d'une bohémienne, pensa-t-il en souriant. Une bohémienne diablement sexy. Il était sûr que s'il mettait une photo d'elle à cet instant en couverture de son prochain disque, cela suffirait à tripler les ventes !

- " Bonjour », déclara-t-il doucement lorsqu'elle fut à sa hauteur.

Drago gardait toujours son calme et elle en était incapable. Il arrivait toujours à l'avoir de cette manière...

- « Je suis en retard », fit-elle remarquer.

- « Oh ! Tu es sûre ? Je ne m'en étais pas rendu compte... », répondit-il sarcastique en ne se départissant pas de ce doux sourire qu'il lui réservait.

- « Il est hors de question que Zoé soit sur ses photos... »

Elle venait seulement de se souvenir de la raison de son emportement, il avait le don de lui faire perdre toute notion du réel.

- « Et pourquoi cela ? » demanda une jolie blonde d'une voix agressive en se rapprochant d'eux.

Carla... Elle était l'agent de Drago, une jeune femme adorable et compétente qu'Hermione n'arrivait pas à supporter ! Et cela n'avait absolument rien à voir avec la jalousie ! La fusillant du regard, la sorcière se tourna vers elle :

- « Elle ne fera pas ses photos parce que je suis contre. »

Hermione adorait abuser de son pouvoir ! Mais sa bonne conscience la poussa à se justifier :

- « Elle rentre en seconde en septembre et la seule chose qu'elle veut, c'est qu'on ne la remarque pas. Je ne suis pas certaine que poser avec la rock star du moment, sacrée sex-symbol par toutes les femmes de 10 à 80 ans, soit la meilleure façon de passer inaperçue ! »

- « Pas de problème, on fera sans elle », décida Drago souverainement.

- « Mais... », tenta de protester Carla.

Un regard assassin de son patron la poussa à se taire. Elle jura intérieurement : elle aurait dû le savoir depuis le temps, on ne contrariait pas Hermione Granger si on tenait à continuer à travailler avec Drago Malfoy. La métamorphose était stupéfiante : Drago qui était arrogant, capricieux et insupportable devenait doux comme un agneau dès que la jeune femme était en jeu.

- « Merci », le remercia Hermione radieuse. « Je t'adore. »

- « Ne parle pas trop vite... »

Un pli soucieux barrait le front du jeune homme et il lui jeta un regard désolé.

- « Vas-y, je t'écoute », soupira-t-elle résignée.

- « Je pars dès que les photos sont finies. Pour une semaine. »

Il avait l'air d'un petit garçon pris en faute mais elle ne se laissa pas attendrir :

- « Ecoute-moi bien Malfoy... Je suis prête à faire beaucoup de sacrifices pour toi. J'accepte que des milliers de femmes fantasment sur ton corps, que tu te donnes à fond à ton public, que tu passes les trois quarts de ton temps dans des endroits où je ne suis pas, ... J'ai même accepté que l'on ne se marie pas parce que cela ne collerait pas à ton image de rebelle qui se fout de tout ! Mais ça, non... Je veux que tu sois là demain soir. »

Elle releva la tête et plongea ses yeux dans les siens. Elle était folle de lui, au sens premier du terme, et elle pouvait lire la même chose dans son regard... Doucement, il rapprocha leurs deux visages et posa ses lèvres sur les siennes. Tendrement, il les caressa, les mordilla jusqu'à ce que, dans un soupir, elle les entrouvre. Alors, comme si sa vie en dépendait, il l'embrassa. Ses mains, glissant sous sa jupe, se posèrent sur ses fesses la collant à lui. Un toussotement gêné les ramena à la réalité : ils n'étaient pas seuls...

- « Mia... », chuchota-t-il dans une douce supplique.

Elle se mordit nerveusement la lèvre avant d'annoncer :

- « Si tu n'es pas là demain soir, je ne serai plus là lorsque tu rentreras. »

Et cela résonnait désagréablement comme un ultimatum.


Hermione s'installa dans un canapé, ramenant ses pieds sous ses fesses dans une attitude enfantine. Anita était installée en face d'elle. Anita était une journaliste qui approchait de la cinquantaine et en qui Hermione avait toute confiance. Elle était une des rares qu'elle acceptait de recevoir.

- « Théo est un stagiaire », déclara la femme en désignant le jeune homme à côté d'elle. « Cela ne vous dérange pas qu'il assiste à l'entretien ? »

La sorcière secoua la tête en signe de négation.

- « J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas très envie de faire cette interview... », déclara la journaliste sans allumer son magnétophone.

C'était pour cela qu'Hermione l'appréciait : Anita était toujours directe et elle était sûre qu'elle ne détournerait pas ses propos. Elle eut un sourire intérieur alors que ses pensées la ramenaient à Rita Skeeter.

- « En effet, vous avez bien compris », se décida-t-elle à répondre.

- « Alors, pourquoi avoir accepté ? »

- « Parce que je l'aime », répondit la jeune femme avec un sourire désarmant.

La journaliste lui renvoya son sourire avant de demander :

- « On y va ? » Devant l'acquiescement d'Hermione, elle poursuivit : « Quel âge avez-vous ? »

- « Je vais avoir 22 ans. »

- « C'est très jeune », constata Anita.

- « Oui, enfin tout dépend de quel point de vue on se place ! » rétorqua Hermione en riant.

- « Comment cela ? »

- « Zoé me trouve extrêmement vieille. Du haut de ses 15 ans, je suis l'adulte responsable. J'ai encore du mal à m'y faire. Je n'avais que 19 ans lorsque je l'ai rencontrée. J'ai eu du mal à envisager que je pouvais avoir de l'autorité sur elle. »

- « Zoé ? Vous voulez parler de Zoéline, la jeune sœur de Drago ? »

Hermione acquiesça.

- « Est-il exact que Drago et vous prenez en charge son éducation ? »

- « Oui, ça l'est. Dray l'adore, ils ont toujours été très proches et leurs parents étant indisponibles - La sorcière eut un froncement de sourcils : quel euphémisme ! Lucius était à Azkaban et Narcissa flirtait avec la folie – il lui a semblé normal de s'occuper d'elle. »

- « Et vous ? N'est-elle pas une charge ? »

- « Bien sûr que non ! » s'indigna la sorcière. « Zoé est une jeune fille adorable, nous sommes devenues inséparables. J'essaye de la protéger du mieux que je peux. »

- « La protéger ? De la célébrité de son frère ? »

- « Oui. De cela et du reste. Il n'est jamais évident de devenir adulte et je pense que la médiatisation n'y aide pas. »

Hermione savait de quoi elle parlait. Ils étaient, elle et les anciens élèves de Poudlard, la génération Potter. Ils avaient grandi avec une guerre. Ils étaient sortis prématurément de l'enfance obligés de faire face à la situation. Ils avaient été exceptionnels à cause des circonstances. Ils étaient devenus des héros malgré eux. Ils avaient tout vécu trop tôt : l'adulation des foules, la haine, la trahison, l'amour, la mort. Et quand enfin tout avait été finit, ils étaient restés seuls face à eux-mêmes. Et était venu le moment du bilan : qui suis-je en dehors de ce combat, que suis-je capable de faire et surtout, comment fait-on pour vivre une vie normale ? Ils avaient été la génération sacrifiée de cette guerre... C'est pourquoi Harry ne supportait pas l'idée de s'attacher, pourquoi Ron rentrait toujours trop tard chez lui, pourquoi Neville se tuait à la tâche, pourquoi Drago avait un tel besoin de reconnaissance et pourquoi elle, elle ne pouvait se passer de lui...

- « Hermione ? » l'appela Anita. « Tout va bien ? »

- « Oui, oui. Désolée. »

- « Bien, nous allons reprendre au début pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas. Comment avez-vous rencontré Drago ? Vous étiez à l'école ensemble ? Quelles étaient vos relations ? »

- « Et bien... Comment dire ? » fit mine de réfléchir Hermione. « Je suis désolée de casser le mythe mais nous nous détestions. Il était tout bonnement insupportable, une véritable peste, termina-t-elle dans une grimace. »

- « Vous n'avez pas l'air de trop lui en vouloir... », fit remarquer Théo d'un air sceptique.

- « Non en effet. Je me suis rendue compte durant ma dernière année que tout cela n'était qu'une façade. Il a fallu du temps pour que je le croie mais il a fait ses preuves. »

- « Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? » demandait une jeune fille abasourdie à son meilleur ami.

- « Je te répète Mione que c'est Malfoy qui a prévenu Dumbledore », insista Harry.

- « Tu veux dire qu'il est un espion ? Comme Rogue ? Mais depuis quand ? »

Elle se laissa tomber dans un fauteuil sous le choc.

- « Alors ça, je n'y aurai jamais cru ! » déclara Ron résumant l'avis général.

Deux heures après, dans la salle commune des préfets :

- « Malfoy ? » appela-t-elle timidement.

- « Qu'est-ce que tu me veux Granger ? » répondit-il hargneux.

- « Merci beaucoup », murmura-t-elle.

Il la regardait maintenant sans comprendre.

- « Pour Harry », précisa-t-elle.

Un demi-sourire se glissa sur ses lèvres :

- « Tu me dois un baiser maintenant... »

- « Quoi ? »

- « Tu ne te souviens pas ? L'autre jour quand tu m'as hurlé dessus, tu as dit que tu étais prête à parier n'importe quoi que je ne ferai jamais rien de bien dans ma vie... »

La jeune sorcière semblait hésiter sur le comportement à tenir :

- « Tu ne fais jamais rien gratuitement n'est-ce pas ? » l'accusa-t-elle mais il était clair que la situation l'amusait.

- « Jamais non », répondit le Serpentard en se rapprochant d'elle.

- « A la fin de vos études, vous vous êtes séparés amis... », enchaîna Anita.

- « Nous n'étions pas vraiment des amis mais nous avions vécu des choses importantes ensemble. Nos rapports étaient assez étranges en fait, mais nous étions tellement sûrs de ne jamais nous revoir. »

- « Et que s'est il passé ? Qu'est-ce qui a bouleversé vos plans ? »

- « Harry. C'est mon meilleur ami. Il n'est jamais devenu proche de Drago mais ils ont développé une espèce de respect mutuel. Il m'a offert un jour une place pour aller voir les Sorrow. A l'époque ils débutaient, le groupe n'était pas très connu. »

- « Une place de concert ? Heu..., c'est gentil Harry mais... », hésitait Hermione au téléphone.

- « Tu n'as pas lu le mot que je t'ai mis avec ? » interrogea le jeune homme.

- « Si, si. Comme quoi j'aurai une surprise... »

- « Je te promets que tu ne seras pas déçue Mione. Promets-moi que tu vas y aller... »

Le soir même, dans une petite salle de concert surpeuplée, Hermione attendait sa surprise. Et elle fut de taille. Le groupe Sorrow entra sur scène et elle découvrit que le chanteur dont on vantait à tous vents la voix et le physique n'était personne d'autre que Drago Malfoy. Etrangement il la remarqua tout de suite dans le public. D'un autre côté elle était la seule à ne pas hurler d'admiration, encore sous le choc. Elle profita de la musique un peu hébétée et à la fin du concert, après bien des hésitations, gagna les coulisses. Elle n'eut aucun mal à atteindre la loge du chanteur (Il avait donné des instructions.) et lui offrit un sourire timide lorsqu'il la fit entrer.

- « Et ? » la relança Anita.

- « Nous avons refait connaissance. Nous avons parlé pendant des heures de nous, de ce qu'étaient devenues nos vies, de notre passé, ... Il a fini par me raccompagner chez moi. »

Un sourire mutin éclairait maintenant le visage d'Hermione :

- « Arrivés sur le pas de ma porte, il m'a dit que nous en avions trop vécu pour se voiler la face de cette façon et il m'a embrassé. Nous ne nous sommes plus quittés. C'est comme cela que tout a commencé... »

- « Est-ce qu'au départ ce n'est pas sa carrière qui vous a attirée ? » demanda Théo du bout des lèvres.

La jeune femme lui adressa un gentil sourire, il avait l'air si mal à l'aise qu'il lui rappelait Ron lorsqu'il devait prendre la parole en public.

- « Je ne crois pas non... » Elle sembla réfléchir. « Ca a un côté gratifiant bien sûr mais à l'époque, le groupe n'avait pas un tel succès. Je ne me rendais pas vraiment compte. Je trouvais ça très sympa : les salles pourries, les cachets minables, les repas après les concerts, ... Il y avait une telle complicité dans ces moments, c'était bien loin des tournées mondiales qu'ils font aujourd'hui. »

- « Il y a un problème ? » demanda Clay, le bassiste, en voyant son ami grogner.

- « Un problème ? Tu veux dire une catastrophe ! Regarde-moi cet endroit. Qui voudrait jouer ici franchement, à part vous ? Il faut être un peu taré... Je ne pourrais jamais faire un éclairage digne de ce nom. Je sens que vous allez devoir vous passer de lumière », se lamenta de manière théâtrale Paul qui, du haut de sa cinquantaine, servait à la fois d'éclairagiste, d'homme à tout faire et de bonne fée aux trois artistes.

Louis, qui jouait à la fois de la batterie et du clavier, se mêla à la conversation et attrapa Hermione, qui passait par-là, par le coude :

- « Aucun souci Paulo, tu n'as qu'à mettre notre petite Mione au milieu de la scène. Elle est tellement jolie que sa beauté rayonne... Elle éclairera cet endroit comme elle éclaire ma vie ! »

Un éclat de rire général suivit cette touchante déclaration : Louis était connu pour sa passion pour le sexe féminin et ses discours tous plus ridicules les uns que les autres !

- « Louis, si je te vois encore traîner à moins trois mètres de ma copine, je ne promets pas que tu puisses jouer ce soir », menaça faussement Drago.

- « Bon les enfants... , les rappela à l'ordre Paul, si on les faisait ces essais de sons ? »

Il y eut un concert de protestation. Finalement Clay et Louis s'installèrent, prirent une mine dépitée et entamèrent une marche funèbre alors que Malfoy entraînait Hermione dans une valse fantasmagorique. Paul secoua la tête, leva les yeux au ciel et quitta la pièce en marmonnant contre «ces jeunes qui n'en faisaient qu'à leur tête » !

- « Et aujourd'hui, vous ne retrouvez plus cette complicité entre eux ? » s'étonna Anita.

- « Oh si, bien sûr que si. Il y a entre Clay, Louis et Drago une amitié à toute épreuve. C'est juste que... Les choses ont changé, elles évoluent c'est normal. Il y a maintenant plus de deux cents personnes qui travaillent sur chacun de leur concert : l'époque de la galère est belle et bien terminée ! C'est devenu autre chose, ce n'est ni mieux, ni moins bien... : c'est juste différent. »

La sorcière paraissait songeuse, un peu nostalgique et la journaliste ne manqua pas de le remarquer. Avec toute la perspicacité qu'exigeait son métier, elle demanda :

- « Dites-moi Hermione, est-ce que vous assistez aux concerts des Sorrow ? »

- « Non je ne le fais plus, je crois que j'ai fini par me lasser. Je connais Dray en tant qu'artiste par cœur, je suis plus intéressée par l'homme. Je ne vais qu'aux premières de chaque nouveau spectacle. »

- « Une espèce de rituel entre vous ? »

- « C'est plus que ça. Drago a un côté très superstitieux. » Elle eut un rire léger : « Il va me détester pour avoir dit ça ! » Puis retrouvant son sérieux : « Il préférerait annuler le concert plutôt que de commencer sans moi. »

- « Vous plaisantez ? » s'étrangla le jeune stagiaire.

- « Absolument pas », répondit Hermione au jeune homme ébahi.

Il semblait vouer une admiration sans borne aux Sorrow et avait du mal à imaginer que des artistes tels qu'eux soient prêts à arrêter un concert parce que la petite amie de leur leader n'était pas là !

Zabini pénétra en trombe dans la grande maison en appelant à tue-tête son amie.

- « Je suis là », lui répondit une petite voix. » Mais je t'en supplie Blaise, parle moins fort... »

Le sorcier la repéra enfin : elle était allongée dans le noir sur le canapé du salon et était emmitouflée dans un tas de couvertures.

- « Cela ne vraiment pas ? » grimaça-t-il en s'approchant.

- « Si je pète la forme. Cela ne se voit pas crétin ? J'ai l'impression d'avoir un marteau piqueur dans la tête... », s'énerva Hermione avant de gémir de douleur

- « Je suis vraiment désolée Mione mais il va falloir que tu viennes avec moi. »

Une lueur d'inquiétude traversa le visage de la jeune femme :

- « Qu'est-ce qui se passe ? C'est Drago ? »

- « Rien de grave », la rassura-t-il. « Enfin si on veut. «

Il s'éloigna et se mit à faire les cent pas.

- « Tu ne vas jamais me croire... Il refuse de monter sur scène ! »

Hermione s'était difficilement relevée :

- « Quoi ? Comment cela ? »

- « Il refuse tant que tu ne seras pas là », finit par lâcher Blaise.

- « Tu plaisantes ? » s'indigna la sorcière. « J'ai une migraine terrible et Monsieur fait un caprice parce que je ne suis pas là pour jouer les groupies ! »

Zabini la dévisagea un instant :

- « Je ne pense pas que cela ait grand chose à voir avec le caprice... Il est réellement paniqué Mione. »

La jeune femme paraissait ne plus savoir quoi faire, prise au dépourvu :

- « Mais Zoéline est bien là-bas ? » demanda-t-elle d'une voix tendue.

- « Tu sais très bien qu'il ne montrera jamais aucune faiblesse devant Zoé... »

Hermione poussa un petit soupir que Blaise ne sut interpréter et il lui sembla voir perler des larmes à ses paupières quand elle quitta la pièce pour se changer.

- « Dray, c'est moi, ouvre... »

Hermione se tenait devant la loge de Malfoy et elle sentait ses jambes vaciller. La porte s'ouvrit soudainement et sans qu'elle n'ait le temps de s'en rendre compte, elle se retrouvera dans les bras du jeune homme.

- « Mia... », souffla-t-il dans ses cheveux. « Je suis désolé. Mais je n'ai pas pu... »

La jeune femme vit avec surprise qu'il retenait ses larmes et ravala toutes les remarques désobligeantes qui lui étaient venues à l'esprit durant le trajet. Elle se mit sur la pointe des pieds pour l'embraser tendrement et faillit tomber, prise de vertige.

- « Ca ne va pas ? » s'inquiéta Drago en la forçant à s'asseoir.

- « Juste un léger mal de tête. Trois fois rien... », répondit-elle dans une moue contrariée.

Evidemment Malfoy ne fut pas dupe : tout en elle criait la maladie. Remarquant qu'elle cherchait à éviter la lumière, il comprit : elle faisait une de ces horribles crises de migraine à en crever de douleur.

- « Tu es venue uniquement pour moi... », constata-t-il avec un sourire d'intense satisfaction.

- « Ce que j'aime chez toi, c'est ta sollicitude », répondit-elle sarcastique. « Je vois que tu as l'air d'aller mieux ! Malfoy, tu ne crois pas que nous avons dépassé le stade où je suis censée te rassurer sur mon amour pour toi ? » se moqua-t-elle affectueusement. « La prochaine fois, emporte une photo de moi, cela m'évitera le déplacement », ajouta-t-elle pince sans rire.

- « Il n'y aura pas de prochaine fois. J'ai besoin de toi et tu le sais. Je t'aime », murmura-t-il avant de disparaître.

Les clameurs et les applaudissements lui vrillèrent les tympans alors que le groupe entrait sur scène...

- " J'ai l'impression que la carrière de Drago ne vous impressionne plus. Vous paraissez blasée... »

Hermione dévisagea Anita longuement : elle semblait peser le pour et le contre pour savoir ce qu'elle pouvait révéler.

- « Dray a fait un parcours exceptionnel et il s'épanouit dans la musique. Je serai toujours admirative, je suis très fière de lui. Mais je sais aussi exactement quels sacrifices il..., nous avons dû faire, pour en arriver là. »

Théo, qui attendait manifestement de plus amples explications, allait poser une question lorsque Anita le coupa d'un regard. Il fallait savoir respecter certains secrets pour gagner la confiance des gens.

- « Comment ressentez-vous le fait de vivre avec un homme adulé par les foules ? » demanda-t-elle pour reprendre en main l'interview.

- « Je ne vis pas avec cet homme là. Les gens aiment Drago des Sorrow, moi pas. Je vis avec Drago Malfoy, un homme extraordinaire et ma relation avec lui n'a strictement rien à voir avec son métier. »

- « Vous n'arriverez pas à me faire croire que la relation qu'il entretient avec ses fans ne vous gêne pas... », insista la journaliste.

- « D'accord j'avoue », répondit la jeune femme en riant. « C'est quelque chose d'assez compliqué en vérité. Comment accepter que ma vie privée soit étalée dans les journaux ? Comment réagir quand des gamines se jettent sur lui dans la rue ? La réponse est encore incertaine », grimaça-t-elle. « Tout dépend de mon humeur... J'essaye de lui faire confiance aveuglément, de ne jamais douter. C'est encore ce que j'ai trouvé de mieux pour pouvoir continuer à vivre tranquillement. »

- « Vous n'avez jamais peur qu'il vous trompe ? Toutes ces femmes dehors ne vous inquiètent pas ? »

- « Non. »

Et la fermeté dans la voix d'Hermione ne laissait de place à aucun doute.

- « Vous l'avez parfaitement défini », ajouta-t-elle. « Elles sont dehors et je suis dedans... »

- « Excusez-moi, vous êtes bien la copine du chanteur des Sorrow ? » demanda une voix insolente.

Hermione se retourna en soupirant. Premièrement elle avait horreur d'être interpellée dans la rue... Deuxièmement, elle détestait être vue comme la copine de... Autant dire que la jeune femme qui lui faisait face n'avait pas gagné d'emblée sa sympathie.

- « Oui c'est bien moi », répondit-elle quand même.

- « Et bien profites-en bien parce que cela ne va pas durer ! Je suis sa plus grande fan et nous sommes des centaines prêtes à nous battre pour lui », lui lança la fille d'un air réjoui.

La sorcière ouvrit de grands yeux effarés : elle n'en revenait pas du culot de son interlocutrice !

- « Mais vous ne le connaissez même pas ! » ne put-elle s'empêcher de faire remarquer.

- « Bien sûr que si. Qu'est-ce que tu crois ? J'ai lu tout ce qui le concernait. »

Hermione fronça les sourcils devant le tutoiement puis éclata de rire à la fin de la phrase, ce qui déplut à la groupie.

- « Vous avez tout lu ? Bien. Félicitations. Et que savez-vous donc sur Drago ? »

Elle était de plus en plus perplexe devant la bêtise humaine.

- « Tout je te dis. Sa date de naissance, le fait qu'il s'occupe de sa sœur, toute sa carrière, son film préféré et même qu'il adore les femmes habillées en rouge. »

Pour confirmer ses dires, elle montra à Hermione son haut rouge. Elle paraissait très fière d'elle. Mione, elle, était ébahie et calmant sa colère, siffla méprisante :

- « Oh ! Et c'est avec ça que tu comptes prendre ma place ? Tu ne sais rien de lui, tu n'as aucune idée de qui est Drago. Tu ne vois de lui que ce qu'il accepte de montrer aux gamines ignorantes dans ton genre ! Connais-tu ses forces et ses faiblesses ? Sais-tu ce qui peut le faire pleurer ou rire ? Non ! Ces moments-là sont uniquement à moi : les sourires aux réveils, les confidences le soir, ses peurs avant les concerts, les mots doux dans l'extase, ... »

Alors qu'elle tournait les talons, elle ajouta, uniquement pour le plaisir de voir pâlir son interlocutrice :

- « Il aime le rouge parce que je portais une robe rouge le premier soir où nous sommes sortis ensemble. Et il ne l'aime que sur moi. Il trouve ça vulgaire sur les autres femmes... »

Elle rentra chez elle plus confiante qu'elle ne l'avait été depuis longtemps. Ce que Drago ne manqua pas de remarquer...

- « Tu sens le parfum », nota-t-elle alors qu'il l'embrassait.

Et comme il se lançait dans des excuses mêlées d'explications, elle l'arrêta :

- « Je ne veux rien savoir. Que toutes tes fans profitent des quelques instants que tu leur accordes pour te prendre dans leurs bras, qu'elles en profitent bien... »

- « Tu es sûre que tout va bien ? » interrogea Malfoy devant son comportement inhabituel.

- « Certaine puisqu'une fois de plus, c'est avec moi que tu dormiras ce soir. »

Le sorcier se contenta de hausser les épaules : elle était heureuse, là était l'important, il se fichait du reste.

- « J'aimerai aborder un dernier sujet Hermione. Vos relations semblent toujours être au beau fixe, est-ce vraiment le cas ? Vous nous avez dits que le public ne vous effrayait pas, qu'est-ce qui, alors, serait capable de menacer votre couple ? »

- « D'abord, pour répondre à votre première question, bien sûr que non, tout ne va pas toujours bien. Nous vivons dans le monde réel avec ses difficultés quotidiennes et nous avons tous les deux un caractère bien trempés... Il faudrait être naïf pour croire que tout est toujours rose ! Mais nos disputes sont très courtes... Rarement plus de dix minutes... »

La sorcière nota le questionnement dans le regard de Théo et précisa, amusée :

- « Drago ne fait jamais la tête. Je suis beaucoup plus impulsive et j'ai une tendance naturelle à bouder. Mais je suis incapable de lui résister et il sait parfaitement utiliser tous mes points faibles ! »

Elle retrouva un visage sérieux pour parler de leur couple :

- « Je ne crains ni la foule ni le métier de Dray parce que je ne pense pas qu'un élément extérieur puisse nous séparer. Notre passé et nos déchirures me font bien plus peur. Nous avons besoin l'un de l'autre à un tel point que cela en devient effrayant... Notre relation est basée sur la passion et un jour ou l'autre, il faudra bien que cela s'assagisse. Que l'amour et la confiance soient plus forts que le désir et le besoin. Le temps me fait peur. Il est à la fois notre meilleur allié et notre pire ennemi. »

Un sourire incertain accompagna cette dernière déclaration : elle allait savoir très vite si leur relation avait un avenir ou pas.

Anita la remercia chaleureusement et se dirigea, avec son stagiaire, vers la sortie. Mais au dernier moment, Théo s'arrêta et revint vers Hermione. Il lui jeta un regard perçant :

- « Vous l'aimez n'est-ce pas ? »

- « Plus que personne ne pourra jamais l'aimer », acquiesça la sorcière.

- « Il a de la chance de vous avoir... Dites-le lui bien. Et n'ayez pas peur. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais vous n'avez aucune raison de vous inquiéter. Il vous aime et il ne vit que pour cet amour. »

- « Mais, comment ... », demanda la jeune femme devant cet étrange discours.

- « Je suis ce qu'on appelle un véritable fan », expliqua Théo avec un grand sourire. « Je vais à tous leurs concerts sans exception. Et j'ai remarqué quelque chose de bizarre avec le temps... Grâce à vous, j'ai enfin l'explication. »

- « De quoi parlez-vous ? » demanda Hermione se prenant au jeu.

- « Vous avez tort de ne plus aller les voir en concert...A chacun d'entre eux, il vous dédit une chanson. Une chanson magnifique si vous vous voulez mon avis. A tous les concerts, sans exception. Excepté au premier de chaque nouveau spectacle... »

Et il partit, laissant la jeune femme interloquée et pleine d'une joie nouvelle.

Cela faisait environ une heure et demie que le concert était commencé lorsque les lumières se tamisaient laissant place à une atmosphère plus douce. Généralement, c'était Clay qui prenait la parole en premier :

- « La chanson qui va suivre est dédiée à quelqu'un qui nous tient particulièrement à cœur à tous les trois. Une jeune femme exceptionnelle à mon avis ... »

- « Oui splendide, de toutes les façons dont on puisse l'être ! » renchérissait Louis en mimant des courbes féminines imaginaires.

- « Ils ne savant pas de quoi ils parlent », interrompait Drago. « Ce sont encore des célibataires endurcis, ils ne savent pas ce qu'ils loupent ! »

Le plus souvent, des sifflets complices se mêlaient à quelques huées.

- « Je dédie cette chanson à la femme que j'aime. Une femme sans laquelle je ne serais pas là, une femme sans laquelle je ne suis plus rien. Qu'elle sache que je l'aime plus que je ne m'en serais jamais cru capable. A toi pour qui je serais prêt à tout... », terminait Drago alors que la salle était plongée dans le soir et que les premières notes de la musique retentissaient.


Zoéline descendit en courant les marches du perron pour rejoindre Hermione qui rentrait à l'instant. La jeune fille attrapa vivement le bras de la sorcière :

- « Alors Mione, qu'est-ce qu'il a dit ? Est-ce que c'est oui ? »

La jeune femme n'eut même pas besoin de répondre : son sourire la trahissait. Zoé se mit à sauter partout en criant de bonheur :

- « C'est oui, je le savais, j'en étais sûre ! Si tu savais comme je suis contente... »

Se calmant, elle posa une main tremblante sur le ventre de son amie :

- « Je vais avoir un neveu », murmura-t-elle époustouflée par la nouvelle.

- « Je suis enceinte de six semaines », répondit Hermione en écho sur le même ton.

Devant le plaisir évident de Zoéline, elle eut un pincement au cœur : elle ressemblait tellement à Drago que cela en était douloureux. Si seulement il pouvait avoir une réaction aussi spontanée... La jeune fille surprit le regard triste de l'ancienne Gryffondor et l'embrassa tendrement sur la joue :

- « Ne t'affole pas pour rien Mia. Drago rentrera ce soir, je te le promets. Il tient bien à trop à toi pour te laisser partir. Et tu vas lui offrir le plus beau cadeau du monde... »

Son ton confiant rassura quelque peu la sorcière. Zoé la regarda s'éloigner en souriant : bien sûr que son frère allait rentrer, elle irait le chercher elle-même s'il le fallait ! Ils avaient enfin le droit à une nouvelle vie et elle ne le laisserait pas gâcher cette chance...

FI N

Merci à : Sasha Krum, Hermylove, Faby.fan, Ithilwyn, Lyna Lup, Stefie, Draco-tu-es-à-moi, Hermignonne-1133, Virginie1, ania14 et Miss Slytherin pour leur reviews.