Titre : Je dois revivre.

Auteur : Clôtho

Source : Gundam Wing.

Couple : 1x2

Genre : angst à fond, shounen ai, espoir.

Disclaimer : Je crois pas que les G-boys seraient d'accord pour m'appartenir de toute façon alors...

Petite note de l'auteur à celui ou celle qui va lire cette fic : Je l'ai écrite pour le concours de Hatchan, mais en fait... Euh, il a été annulé... Mais je me suis bien amusée à écrire cette fic alors j'ai décidé de la publier, en me disant que peut être elle plairait à quelqu'un... ! lol Bonne lecture !!

Je dois revivre

Partie 1 : Plongé dans la folie, percer la surface.

Comme tous les soirs, il rentrait de son travail, fatigué, et la lune ne reconnaissait plus sa silhouette.

Autrefois vive et droite, elle marchait courbée, les mains dans les poches, la tête basse. Le jeune homme pénétra dans son immeuble, sordide et sombre.

Avant de rentrer à l'intérieur de son appartement, il s'arrêta sur le seuil, fit tourner la clé doucement, et ouvrit soudainement la porte d'un mouvement brusque, l'aplatissant contre le mur, écrasant un éventuel voleur, se dépêchant de poser ses chaussures à l'entrée et entra.

Il semblait n'y avoir personne.

L'américain ouvrit toutes les lumières, éclairant le vaste appartement. Se déplaçant sans bruit, il en fit le tour, vérifiant qu'il n'y avait rien d'anormal. Le rideau de la salle de bain bougea et il s'approcha doucement, le cœur battant la chamade.

La peur, une peur sans nom lui tiraillait le ventre tandis qu'il s'approchait, toujours plus près. Un gouffre noir au fond du bide, la salive qu'il avalait difficilement, il pouvait sans peine reconnaître les signes de sa trouille.

Tirant d'un coup sec le tissu d'une main, tandis que de l'autre, il s'apprêtait à parer une éventuelle attaque, il ne découvrit qu'une baignoire vide, le savon posé sur le rebord, à sa place habituelle. Le jeune homme s'appuya sur le mur carrelé et prit une profonde inspiration.

Il se redressa brusquement, et se dirigea à pas vifs vers sa chambre. Il n'avait pas vérifié l'armoire. L'image mentale de la petite armoire en bois d'ébène lui revenait à l'esprit, plus présente que jamais. L'armoire qui pouvait contenir une personne humaine si on réfléchissait bien. Ouvrant les battants brusquement, il constata qu'elle ne renfermait que ses vêtements.

Le souffle court, le natté se laissa doucement glisser par terre et ferma les yeux. Un cri dans sa tête. Il hurlait de toutes ses forces maintenant, silencieusement, dans sa tête, à s'en vriller les neurones. Et le mal de tête qui le reprenait, faisant danser autour de lui chaque élément du décor. Les yeux dans le vide, le jeune homme laissa ses pensées dériver.

Deux mois. Cela faisait deux mois que tout avait commencé. Et rien n'avait changé.

Il avait toujours peur. Le jeune homme se recroquevilla sur lui-même, ne souhaitant plus rien entendre. De fines gouttes d'eau glissèrent de ses paupières pour tomber, lourdes, sur ses joues. Deux mois de désespoir, deux mois d'enfer. Deux mois de solitude. Deux mois de peur, deux mois à se cacher, deux mois à éviter toute personne vivante, deux mois pendant lesquels il était resté là, la trouille lui barrant le chemin, les entrailles nouées, dans la peur.

Et puis soudain, il vit rouge. Il sentait en lui un trop plein d'énergie, une envie de briser, de détruire quelque chose.

Il se releva, la rage au ventre. Les larmes coulant librement sur ses joues, les doigts tremblants de rage, les yeux étincelants, il fixa un point devant lui.

Ses yeux étaient noirs de colère, ses poings fermés. Les dents serrées, il attrapa une lampe de chevet et la fracassa contre le mur avec violence.

Il regarda un moment les fragments brisés à ses pieds et entreprit de les ramasser calmement, ce passage à l'acte l'ayant calmé. Oui, il se sentait vide à présent, comme si le fait de voir cette lampe contre son mur l'avait brusquement apaisé.

Il garda chaque éclat, les ramassant tranquillement dans un mouchoir et le rangea, rempli, dans un tiroir de commode. Faire disparaître toute trace de son acte, oui, il ne voulait plus les voir, ces fragments de verre, comme sa vie. Le corps tremblant, il s'assit sur son lit, regardant fixement son reflet dans le miroir.

Des yeux améthystes brillant, le visage rougi par les larmes, sa natte à moitié défaite, ses cheveux en désordre.

Duo Maxwell.

Il était Duo Maxwell.

Et sa vie s'était arrêtée le jour où sa sécurité avait été brisée. Tout ce qu'il avait pris pour acquis c'était alors transformé en cauchemar. Sa vie était devenue si sombre qu'il se serait presque cru en temps de guerre.

Lorsque celle-ci s'était terminée, il avait tout reconstruit.

Une vie nouvelle s'ouvrait à lui, une nouvelle chance, un nouveau départ, pensait-il. Le jeune homme laissa une goutte amère tomber du coin de son œil et l'observa descendre. L'image même de sa chute. Tout doucement elle glissait contre sa joue, descendait le long de sa peau, restait un moment suspendue à ses lèvres, puis retombait. Coulant sur son menton, elle s'écrasa finalement par terre, sans un bruit.

Oui, c'était arrivé de la même manière. Ses espoirs d'une vie meilleure avaient été brisés en une soirée. C'était un ancien soldat, il avait cru pouvoir changer. Il avait peu à peu abandonné tous ses réflexes, même s'il savait qu'au fond de lui, il aurait toujours des réactions inattendues pour ceux qui n'avaient pas fait cette guerre. Mais il avait insisté, avait persisté dans son erreur. Et un jour, il avait abaissé ses barrières. Pendant un mois, ce fut le bonheur, l'insouciance. Jusqu'à...

Jusqu'à ce soir, si ordinaire, ce soir.

La lune brillait, les étoiles s'affichaient, brillantes, les rues étaient désertes, et sur les trottoirs s'alignaient des bancs publics, vides.

Lorsqu'il était entré chez lui, il avait d'abord allumé le lampadaire du salon. Un vieux lampadaire qui n'avait pas coûté très cher mais qui fonctionnait bien. Il s'était dirigé en sifflotant dans la salle de bain, avait allumé la télé tout en se brossant les dents et était entré dans sa chambre pour prendre des vêtements de rechange. Il rentrait du boulot, et était légèrement fatigué.

Comme chaque soir.

C'était là qu'il s'était rendu compte qu'il avait oublié de fermer la porte. Il s'était avancé et l'avait refermé avec insouciance.

Et puis, il était retourné dans la salle de bain, s'était rincé la bouche, comme d'habitude, crachant le dentifrice et s'était essuyé les lèvres sur la serviette sèche. Bleue, la serviette. Il n'avait pas relevé la tête. Il n'en avait jamais eu l'occasion.

Le noir l'avait envahit en même temps qu'une forte douleur sur la nuque et il avait perdu connaissance.

A partir de là... Tout avait changé. Réveillé avec un seau d'eau glacial, il était enfermé dans une vaste pièce, une cave à en juger par la taille des soupiraux. Il s'était tout de suite dit : Oz.

Mais ce n'était pas Oz.

Oz, l'organisation avait été dissoute.

Il avait été enlevé, tout bêtement pour la fortune de Quatre. Une rançon. Les kidnappeurs ne savaient même pas qu'ils étaient d'anciens pilotes de gundam. Pendant trois semaines, trois putains de semaines de négociations, trois semaines d'enfer, pendant lesquelles il n'avait été nourri qu'en fonction de la satisfaction de ses ravisseurs.

La faim, il l'avait toujours en lui. A chaque fois que le regard de l'américain se portait sur un quelconque aliment, il revivait ses moments.

C'était comme si elle ne le quittait plus.

La faim.

J'ai faim.

Combien de fois avait-il dit cette phrase, sous une brusque impulsion ?

J'ai faim.

Une phrase tout simple, qui avait été banalisée.

Et pourtant...

Il aurait du y être habitué, se souvenir de son enfance, c'était pas rose, il ne mangeait pas toujours à sa faim mais il mangeait...

Alors que là...

Les forces qu'il gardait s'amenuisaient au fur et à mesure que le temps passait. Et il ne pouvait rien faire. Aucune occasion ne s'était présentée à lui pour s'échapper. Sa panoplie de couteaux ?

Mais bon dieu quand on est en paix, on a pas besoin d'armes !!!

Ca faisait longtemps qu'il les avait rangés au placard !

Oui, c'était peut être ça le pire. Il n'était pas préparé. Quand il faisait la guerre, il savait qu'il pouvait mourir à tout instant, il savait que sa vie ne tenait souvent qu'à un fil, il pouvait se défendre.

Il était sur le qui-vive. Mais quand on tente de reconstruire sa vie, quand on souhaite plus que tout une vie de paix, un coin tranquille où se reposer, profiter de sa retraite si durement acquise, on ne veut plus voir une seule arme.

Non, pour une bête histoire d'argent, il avait été kidnappé.

Et ils connaissaient très bien ses habitudes.

C'est cela qui avait le plus marqué le jeune homme. Il se croyait à l'abri de tout. Ancien terroriste, il avait distribuer tant de fois la mort, déjoué tant de pièges, comment aurait–il pu se faire enlever si bêtement ?

Se faire surveiller sans jamais rien remarquer ?

Parce qu'il avait cru au paradis sur terre tout simplement. La fin d'une guerre ne signifiait pas la fin de tous les méchants.

C'était là qu'il s'était trompé. Et dans les grandes largeurs encore. Et lui, il n'avait rien vu, rien entendu aux avertissements pourtant nombreux des informations à la télévision dans les journaux, partout. Des viols, des meurtres, des épidémies, des famines, des conflits politiques, il y en avait toujours eu.

Pourquoi se seraient –il arrêtés pour la paix ? Pourquoi n'avait-il pas refermé son âme, très vite, refermée hermétiquement pour ne pas être atteint par tout ça ?

Il avait fermé les yeux, s'était bouché les oreilles pour ne rien voir, rien entendre comme un enfant qui sait qu'il aura droit à une punition mais qui ferme très fort les yeux et tente de l'oublier, de disparaître.

Et quand tout l'avait rattrapé...

Quand tout l'avait rattrapé il n'avait plus aucun moyen de défense.

Il avait laissé tomber toutes ses barrières, il n'était pas préparé. Il les avait accueillit les bras ouvert, un sourire aux lèvres parce qu'ils ne savait plus faire que ça.

En temps de guerre, on est préparé à tout.

A mourir le lendemain pour une cause juste, à mourir d'une balle, à cause d'une inattention.

Alors, on redouble de vigilance.

Mais en temps de paix ?

En temps de paix, il y a aussi des morts, des personnes tristes. Mais on n'est pas préparé à mourir.

Duo ferma les yeux. Depuis quand avait-il cru que c'était fini, la tristesse ? Depuis quand ne prêtait-il plus attention à ceux qui l'entouraient ? Depuis quand avait-il fermé les yeux, cessé d'observer les gens qui l'entouraient ?

Non, il n'y avait plus d'ennemis. Non, ce n'était pas ça. C'était que maintenant, les ennemis étaient indéfinis, et se battaient pour des causes différentes.

Dans, ce monde, il était largué, complètement perdu.

Il se souviendrait toujours de l'enlèvement. Il était si heureux ce jour-là. Il s'était levé heureux parce qu'il avait rendez vous très tôt avec Quatre. Ce dernier voulait lui parler, c'est assez important, lui avait-il dit en riant au téléphone.

Oui, il avait décidé de se marier avec Trowa. Il allait vivre toute sa vie avec Trowa. C'était une excellente nouvelle ! Il allait même être le témoin avec Wufei.

Heero avait refusé.

Il n'avait pas voulu être le témoin de Trowa. Il n'avait donné aucune raison particulière, d'après Quatre, mais il n'avait pas voulu.

Il serait présent, il était heureux pour eux, mais il ne voulait pas être le témoin.

C'est amusant tous les petits détails qui vous reviennent quand on y repense.

Oui, cette journée était restée gravée dans sa mémoire. La moindre parole, le moindre mouvement. Sauf celui de son agresseur dans son appartement bien sûr.

Le soir, après le travail.

Après...

Après, les photos. Pour prouver qu'on détient bien le prisonnier, il faut prendre des photos. Ils n'avaient pris qu'une photo mais ça avait suffi. Ils avaient écorchés ses mains, les mettant bien en évidence sur le cliché pour prouver aux autres qu'ils ne plaisantaient pas. Vraiment quelle bonne blague !

Non, ils ne plaisantaient, pas, il le savait bien lui. Il le savait bien, quand on lui avait pelé les mains avec ce rocher, quand il avait du passer sa première nuit dans cette cave, à l'humidité avec juste une chemise et un pantalon sur le dos, qu'ils ne plaisantaient pas.

Ca c'était sûr, on les avait pris au sérieux. Lui le premier.

Duo n'avait jamais su ce qui se passait durant les négociations. Peut être suivant les humeurs des gardes savait-il si ça se passait bien mais c'était tout. Est ce que Quatre acceptait de payer ? Il n'en savait rien.

Trois semaines. C'était long pour venir le chercher ! Qu'ils payent la rançon pour pouvoir partir d'ici, sortir de ce cauchemar ! Bon sang, un tour à la banque et s'était fini !

Au début, il en avait voulu à Quatre. Pourquoi ne le sortait-il pas de là ? Il payait, il sortait, c'était aussi simple que ça alors pourquoi est ce que ça faisait trois semaines qu'il croupissait ici ? Et cette faim qui le taraudait, l'empêchait de dormir...

En réfléchissant, dieu sait qu'il avait eu le temps d'y réfléchir, quand il était enfermé, il s'était rendu compte que ses agresseurs avaient pris des risques ; jamais ils n'apparaissaient devant lui masqué, et il était presque certain que si Quatre versait la rançon, ils l'auraient exécuté sur le champ.

Ils n'auraient plus eu besoin de lui. Ils l'auraient abattu.

Alors Duo avait attendu.

Il avait attendu quelque chose.

Il ne savait pas quoi mais il fallait que ça arrive. Et vite, de préférence.

Il ne voulait pas rester dans cette cave, il ne voulait pas se réveiller tous les matins et n'apercevoir que son trou, et ce petit hublot qui lui montrait combien il faisait beau dehors, comment la vie continuait bien sans lui. Très bien même. Il pouvait presque imaginer la cérémonie de mariage et Quatre riant aux éclats, un verre de vin à la main tandis que Wufei souriait, un petit four à la main... Il aurait tout donné lui, à ce moment là pour un simple petit four. Au goût pizza, pour se rappeler le bon vieux temps.

Il survivait. Jusque là, il survivait.

Et puis, tout c'était passé très vite. Des coups de feu, des bruits dans le couloir et la porte s'était ouverte. Un soldat debout, face à lui. Duo avait reculé contre le mur, et le soldat était tombé face contre terre. Derrière, Heero le regardait, l'arme au poing. Il l'avait fait sortir de là rapidement, et Duo avait reconnu dans l'équipe d'intervention Wufei et Trowa.

Une intervention coup de poing, comme dans les films. La même chose. Exactement pareil.

Sauf que Heero prenait un malin plaisir à abattre chaque ravisseur, dès qu'il en croisait un, les mains levées ou non, pleurant comme un gamin ou non.

Duo se souvenait parfaitement que tout le temps que le japonais l'avait serré contre lui, et qu'il tentait de le faire sortir de là, il avait pu sentir le cœur du jeune homme battre. Mais il ne battait pas fortement, pas de poussée d'adrénaline. Non, il battait régulièrement. C'était ça qui était chouette avec le perfect soldier. Toujours la maîtrise de soi, hein ?

Il battait froidement, son cœur.

En fin de compte, ils étaient tous venus l'aider.

Et puis il s'était évanoui à la vue du soleil.

Quatre était allé le voir à l'hôpital. Pendant qu'on habituait son corps à manger. Pendant qu'on lui donnait une cuillère par jour d'éléments vitaux plus écœurants les uns que les autres.

Pendant que l'appétit lui revenait.

L'appétit lui revenait.

Hahaha, phrase vraiment comique quand on y repensait. Il lui revenait, non, vous êtes sûr docteur ? C'est marrant, moi je croyais pas vraiment l'avoir perdu... J'ai toujours senti l'appétit, monsieur ! L'appétit qui vous ronge qui vous fait rêver de petits fours, ceux là même qui sont à la pizza !

Alors, s'il revenait ?

Non, moi je dirais c'est la bouffe qui revenait ! Et mon corps qui s'y réhabituait.

« Je suis désolé, tout est de ma faute, excuse moi Duo. Ca a dû être très dur pour toi. On a vécu trois semaines horribles. Je sentais toute ta douleur, ta tristesse, Duo, si tu savais comme je suis désolé... »

Le petit blond avait pleuré à son chevet.

Est ce qu'il avait senti sa faim ? s'était demandé l'américain distraitement pendant que les larmes de son ami coulaient.

« Ce n'est pas ta faute, je ne t'en veux pas, Quatre, arrête, s'il te plait. Je ne t'en veux pas, d'accord ? Je vous remercie de m'avoir sauvé, je vous remercie de m'avoir sorti de là. »

« On n'avait plus le choix. Les négociations n'avançaient pas, on ne savait même pas si tu était encore en vie, on voulait te revoir. Et un jour, Heero est revenu avec l'endroit exact où tu étais. On a pas plus réfléchi. On a foncé, on a autorisé l'intervention, à condition de pouvoir y participer et voilà. »

« Maintenant que tu es là, je suis soulagé de te revoir parmi nous, lui avait-il dit par la suite. »

« On t'aime tellement ! »

Il avait pleuré. Il ne pouvait faire que cela. Il paraît que les pleurs évacuent la douleur. Que ça fait du bien. C'était faux.

On ne se sent pas bien après. C'est juste qu'on a plus d'eau a déverser. Alors on se calme, mais on a toujours envie de crier. Parce que les larmes ne servent à rien, qu'on a fait un truc complètement stupide, totalement con, d'ailleurs, on a pleuré comme si on avait cinq ans, comme si maman pouvait arranger la punition que papa avait donnée...

Vivant. Il était vivant.

Quand il était sorti de l'hôpital, Quatre était venu le chercher, avec Wufei, Trowa et Heero. Ils avaient tous souris en le voyant, tous fait un geste de bienvenue. Bonjour ! Si seulement c'était vrai... Lui, il n'avait passé que des mauvais jours depuis le début, et eux, ils recommençaient avec leur comédie du bonheur, leur bonjour écœurant.

Le lendemain, Duo était parti. Il les avait tous quitté. Il ne voulait plus qu'on le retrouve.

Il avait changé de vie, tout recommencé. Tout prévu cette fois-ci. Il faisait attention à tous ceux qui l'entouraient, n'avait lié de lien avec personne, restait seul.

Il avait ressorti ses vieilles habitudes.

Dormir avec deux couteaux sous l'oreiller, glisser un ou deux crans d'arrêt sous sa natte, cacher des lames sous son pull.

Remis du noir.

Il était redevenu Shinigami. La différence, c'était qu'il ne souriait plus, ni ne riait. Shinigami version adulte quoi.

Il pleurait dès que la nuit venait, se retenant de pleurer quand le jour arrivait. Au travail, il faisait son job et repartait. Il ne parlait à personne, ne voyait personne.

Rectification : il ne voulait voir personne. Il se méfiait de tout le monde. Il s'était très vite rendu compte qu'il ne pourrait jamais oublier.

Il avait pensé au début, à l'hôpital, et il avait déchanté quand la peur était venue.

Cette même peur, cette crainte de ceux qui l'entouraient, cette frayeur au ventre, qui l'accompagnait. Le moindre frôlement de personne dans la rue l'amenait à se crisper irrémédiablement, il repérait chaque regard posé sur lui et lorsque quelqu'un venait l'aborder, il se retrouvait assez vite face à un mur qui le fusillait du regard.

Il avait repris la bonne vieille technique du soldat parfait. Heero faisait la même chose en temps de guerre. A bien y réfléchir, peut être même après, il ne savait plus. Mais c'était bien pratique, putain. Et tellement plus facile. Heero avait toujours les bonnes solutions sur lui. Ce gars là était génial, vraiment. Il devrait faire un livre. Faudrait qu'il lui en parle si jamais... Ah oui, c'est vrai, il ne savait pas où il était et il ne lui parlait plus.

De toute façon, c'était loin. Ca faisait un an qu'il les avait tous fui. Un an qu'il se détruisait peu à peu. Mais il s'en fichait. Sa vie avait basculé le jour de l'enlèvement. On est en sûreté nulle part. Ne faire confiance à personne. Comment avait-il pu croire à ce monde ?

Et pourtant, il le voulait tellement... Il voulait tellement croire en un monde meilleur.

Quand on est jeune, on est con. Nouveau principe de la journée, la même qu'il revivait chaque jour. Car c'était toujours la même journée qu'il vivait, le même boulot, les mêmes marches, les mêmes conneries.

Il avait cru qu'il pourrait changer le monde en apportant la paix, et bien, bravo, rien n'a changé ! Les colonies sont libérées mais la Terre n'est pas plus belle pour autant. Les guerres continuent de la hanter, de la parcourir, de la briser. Même les colonies s'y étaient mises.

Elles n'étaient que de pâles copies de la Terre.

Duo regarda un moment le mur qui lui faisait face. Il avait été déçu par cette vie qui ne lui apportait rien. Partout la Terre brillait par son insécurité.

Il se replia doucement sur lui-même, posant sa tête sur ses genoux. Couché sur la moquette, il ferma les yeux très fort pour ne pas entendre le bruit de la porte.

Il l'entendait toujours. Cette fichue porte qui était restée ouverte, et aussi la main du ravisseur sur sa bouche quand il avait voulu partir. Il sentait encore l'odeur. Ils étaient tous morts, morts pendant qu'ils le délivraient, morts pour le garder dans cette fichue cave.

Bien fait.

Il entendait toujours les pas, les pas qui glissaient derrière lui, qu'il aurait du entendre mais qu'il n'avait pas entendu, et la respiration. Maintenant, il l'entendait. Ces bruits le poursuivaient jusque dans ses rêves, le hantaient même éveillé.

Il avait l'impression que les mains effleuraient son visage, le touchaient, voulaient l'étouffer. Il sentait les doigts froids contre sa peau. Autant dire qu'il avait des hallucinations, se dit-il amèrement.

Les doigts tremblants, il s'arma d'une lame et alla vérifier qu'il avait bien fermé la porte d'entrée.

On ne sait jamais. Il vérifiait ça au moins une dizaine de fois avant de se coucher.

Le verrou était mis, la porte blindée fermée. La fenêtre ouverte. Duo se retourna brusquement. Il en était certain, il n'avait jamais ouvert la fenêtre. Jamais. Plus depuis l'enlèvement.

Prêt à se défendre, il parcourut la pièce du regard. Heero était debout, dans le salon, et le fixait.

A SUIVRE...

Une petite review, s'il vous plait ? Ca fait toujours plaisir...